Le président de la République a annoncé ce jeudi soir l'envoi d'avions Mirage-2000-5 à l'Ukraine ainsi que la formation de pilotes. Il a affirmé qu'il n'y voyait pas de "facteur d'escalade" dans le conflit entre Kiev et Moscou.
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00:00Alors je voudrais que l'on revoie tout d'abord l'image, cette image qui sera suivie en fait de l'ovation reçue par le président ukrainien à Omaha Beach lors de la cérémonie internationale hier, lors du 80e anniversaire du 6 juin, soutien donc sans faille.
00:14Tiens, juste j'ai une question à poser à Patrick. Le président Zelensky, quels que soient les circonstances, il est en tenue de guerre et je me dis que pour des cérémonies comme ça, il pourrait mettre au moins une chemise ou une veste, enfin non...
00:26Il pourrait, c'est vrai, mais oui oui c'est vrai, après c'est son uniforme et il le montre, il est en guerre, c'est totalement de la com', malheureusement la terre et le monde est porté par des conflits depuis des années et c'est pas pour autant qu'on voyait des chefs d'Etat et de gouvernement en tenue de guerre lorsqu'il s'agissait d'arriver là, mais c'est son uniforme, voilà, il l'a choisi, c'est comme ça.
00:48Le président ukrainien sera donc reçu tout à l'heure à l'Elysée, il repartira à Kiev avec des avions et de la formation, c'est ce que le président de la République a annoncé hier soir.
00:56Demain nous allons lancer une nouvelle coopération et annoncer la cession de Mirage 2000-5 qui sont des avions de combat français qui permettront à l'Ukraine de protéger son sol, son espace aérien et donc dès demain nous allons lancer un programme de formation des pilotes et puis de cession de ces avions qui permettra d'ici à la fin de l'année, alors la France va s'exprimer pour elle-même demain mais surtout nous sommes en train de bâtir une coalition.
01:26Avec d'autres partenaires, donc je ne serai pas définitif ce soir sur le nombre, mais l'objectif c'est que comme nos partenaires le font sur le F-16, qu'on puisse le faire, ce qui est le facteur dimensionnant c'est le temps de formation des pilotes et donc on va proposer au président Zelensky que les pilotes puissent être formés dès cet été, il faut normalement 5 à 6 mois.
01:46Avant le facteur dimensionnant, parce qu'on manque quand même d'avions pour nous, on est bien d'accord Patrick.
01:52On est en train d'en changer et ça va être un peu comme les autres matériels, vous connaissez le Rafale, plus ça va, plus on enlève des Mirage 2000 pour les remplacer par des Rafales, on en a 40 mais effectivement vu le prix au catalogue.
02:04C'est sur ce quota qu'on va prélever les avions que l'on va donner à l'Ukraine.
02:08Le principe comme les autres matériels c'est qu'on enlève, on ne déshabille pas l'armée française pour habiller l'armée ukrainienne.
02:14Donc on va garder nos 40 Mirage 2000 ?
02:16Non, on va les remplacer par des Rafales au fur et à mesure, mais on n'enlève pas, c'est le facteur dimensionnant si vous voulez, il n'y a pas de facteur dimensionnant changeant pour l'armée française.
02:26C'est pas du vieux matériel les Mirage 2000, on va pouvoir en parler, c'est vraiment un très bon avion, c'est un avion qui a largement servi, qui est je dirais l'objet parfait pour l'armée française.
02:38C'est-à-dire que ça a commencé il y a très longtemps le premier Mirage 2000 et on a essayé d'avoir énormément d'options innovantes.
02:46Le premier Mirage 2000-5, il volait encore au-dessus du Sahel lorsqu'il y avait Barkhane, nous lorsqu'on était en train de patrouiller dans le désert avec l'armée française, on avait toujours un Mirage 2000-5 au-dessus de nous, prêt à faire de la patrouille du ciel.
02:58Il y a encore quelques semaines, vous aviez des Mirage 2000-5 au-dessus de l'Estonie qui faisaient là aussi de la patrouille du ciel, prêts à en découdre avec des MiGs russes.
03:08Mais ils ne vont pas découvrir du jour au lendemain le Mirage 2000, l'épisode ukrainien, ça nécessite un peu de formation quand même, non ?
03:14Oui, avec en plus un problème, non pas d'avion mais de pilote. J'ai été totalement effaré par une discussion avec un très haut diplomate français la semaine dernière.
03:22Il m'a dit que des pilotes ukrainiens étaient en ce moment en formation en Allemagne. Vous savez quel âge a l'un des pilotes ? 70 ans. 70 ans !
03:31Et la moyenne des pilotes en ce moment qui arrivent en Allemagne, on est aux alentours de 45 ans. Certains ne passaient pas le test d'éjection.
03:39Ils tombaient dans les pommes, pour être vulgaire. Et on est à ce niveau-là de manque de main-d'oeuvre.
03:45Des pilotes qui avaient connu les avions avec des aiguilles, là il n'y a plus d'aiguilles dans les avions.
03:50Oui, le Mirage 2000, ça reste quand même un avion assez moderne désormais. Les F-16, c'est pareil. Et on passe vraiment d'un vieux Sukhoi ou d'un vieux MiG à quelque chose.
04:00Et surtout pas qu'un avion mais tout un microcosme autour.
04:03Allons au bout, ça veut dire que vous dites qu'ils ne seront pas nécessairement opérationnels ces pilotes ukrainiens d'ici la fin de l'année, comme le laisse entendre le président de la République ?
04:10C'est pour ça que certains s'en étonnaient. Mais il va falloir bien 6-7 mois. Mais normalement pour faire un bon pilote français, c'est 3-4 ans.
04:17Donc c'est déjà un exploit. Et donc au lieu d'avoir un pilote de 25 ans français qu'on essaye de transformer vraiment en Top Gun au bout de 3-4 ans,
04:27on prend des pilotes qui ont 40-45 ans certains. Et en 6-7 mois, on essaye de les mettre dans des avions très modernes pour peut-être faire du combat aérien contre les Russes.
04:36C'est une sacrée mission.
04:38Alors la question est posée évidemment au président de la République au cours de cet entretien, Roselyne.
04:42Est-ce que à la fois cette livraison de Mirage et cette formation de 4500 militaires en forme d'une brigade en Ukraine entrent-ils dans la spirale de la surenchère ?
04:54Et il dit non. Et à Moscou, Paul, on dit quoi ?
04:57À Moscou, on dit oui, mais on dit oui déjà depuis longtemps.
05:00La question, d'ailleurs Emmanuel Macron a visiblement voulu rassurer, je ne sais pas quel effet ça peut avoir, sur le fait que l'objectif n'était pas de tuer des civils en Russie.
05:11Sauf que la situation, ce n'est pas celle-ci en ce moment dans la région de Belgorod en Russie, par exemple.
05:15Il y a des morts civiles très régulièrement parce que le système d'interception des missiles russes généralement retombe sur la population.
05:23Et ce même genre de situation se pose, arrive très régulièrement côté ukrainien aussi.
05:29En fait, les Russes vont tirer un missile.
05:31La défense antiaérienne ukrainienne va atteindre ce missile et les débris vont tomber sur des civils.
05:37L'immeuble peut prendre feu.
05:38Ça peut faire beaucoup de morts civiles à chaque fois.
05:40La question ne se pose pas vraiment à partir du moment où des tirs seront autorisés sur le territoire russe.
05:44Il y aura des morts civiles sur le territoire russe.
05:47C'est quelque chose forcément qui excite totalement la propagande russe.
05:52On l'a bien compris ces derniers jours, particulièrement excité parce qu'on a tous ces événements.
05:57On a l'arrestation d'un Français hier à Moscou.
06:00On comprend que la Russie tente de nous faire passer des messages.
06:03Notamment l'arrestation d'un Français peut certainement avoir plusieurs significations.
06:09Au moins le fait que les Russes en ont marre de ce débat.
06:13On en a marre de la position que la France est en train de prendre.
06:16Cette volonté d'Emmanuel Macron d'essayer de réunir les Européens,
06:19que ce soit sur le débat pour envoyer des hommes en Ukraine
06:22ou le débat sur les questions de pouvoir tirer des missiles sur le territoire russe.
06:26En Russie, on en a vraiment marre et on tente de nous le signifier de plein de façons différentes.
06:31Il faut s'attendre à une réaction.
06:32On parlait beaucoup des ingérences étrangères, des opérations de déstabilisation en France.
06:36Ça va continuer ? S'amplifier ?
06:38C'est ce qui est compliqué avec les Russes.
06:39On peut aussi considérer que toutes ces actions qu'on a vues ces derniers temps,
06:42ce sont des lignes rouges que la Russie essaie d'imposer.
06:44Or les lignes rouges, ça fait deux ans et demi qu'on voit la Russie sans cesse repousser ces lignes rouges.
06:50On ne sait pas jusqu'où ça peut aller.
06:52Peut-être que jusqu'aux Jeux Olympiques, on aura juste des opérations un peu maladroites
06:57avec des gens payés pour aller faire des actions symboliques dans le centre de Paris.
07:01Peut-être que ça montrera en force que cet homme qu'on a trouvé avec des explosifs
07:06n'était que l'annonce de nouvelles actions.
07:08C'est compliqué à savoir pour le moment.
07:09Mais Paul, est-ce que les instructeurs, par exemple, en Ukraine,
07:11puisqu'on a bien compris que le président disait que la formation se ferait en Ukraine,
07:14ça peut être la ligne rouge ?
07:17C'est une ligne rouge que la Russie essaie de formuler depuis deux ans et demi.
07:21On ne veut personne sur le territoire.
07:23D'ailleurs, Emmanuel Macron a précisé hier soir que si ces hommes étaient côté ouest de l'Ukraine,
07:28en gros, ça ne compte pas.
07:30C'est surréaliste, non ?
07:31Pour les Russes, ce n'est pas un discours qu'on entend en Russie.
07:34En Russie, c'est clair.
07:35Quelqu'un met le pied en Ukraine, ça devient de cible.
07:38C'est ce que les Russes nous répètent et ont répété encore récemment.
07:40Après, pardon, mais c'est une grosse blague.
07:42Les Russes savent que dans les États-majors, à Kiev, voire un peu plus à l'est,
07:46il y a depuis très longtemps des officiers occidentaux.
07:48Tout le monde le sait.
07:49Les Russes aussi.
07:50Mais c'est vraiment le jeu.
07:52Mais laissez-le officiel.
07:53Si vous voulez, mais c'est déjà quasiment officiel.
07:56On n'essaye de repousser le seuil de la patience russe au maximum
08:03et on prend un risque, oui ou non ?
08:05Oui, on prend un risque.
08:06Mais encore une fois, qui parle de chaque côté ?
08:10Deux puissances nucléaires qui connaissent parfaitement leur grammaire.
08:14On est dans l'escalatoire, si vous voulez,
08:16mais chacun connaît le moment où il faut avancer un petit peu,
08:20où il ne faut pas reculer non plus.
08:21Parce que vous pouvez dire aussi dans l'autre sens, qu'est-ce qu'il y a ?
08:23On a peur ? On a peur des Russes ?
08:25Donc on n'en voit pas.
08:26On est une petite armée, donc on n'en voit pas des instructeurs,
08:29des gens qui ne sont pas des troupes combattantes.
08:31Ça pourrait être ça aussi le message.
08:33Politiquement, Bruno, quand même, c'est compliqué.
08:35Politiquement, c'est compliqué parce que d'abord,
08:37on voit bien que depuis le début de la campagne,
08:40ça n'a pas eu beaucoup sur l'opinion.
08:42L'opinion est très sceptique par rapport au discours martial du président de la République.
08:48On peut même dire que ça a été un peu contre-productif pour son camp
08:51depuis le début de campagne.
08:52Ça n'a pas du tout remporté l'adhésion large des Français.
08:56Et ses opposants multiples font feu de tout bois ce matin
08:59pour dénoncer le va-t'en guérisse.
09:01Je ne sais pas si vous pouvez dire ça.
09:03Mais justement, Patrick, est-ce qu'il y a un risque ?
09:05On a vu hier que ce front occidental se fissure sur cette question.
09:11Parce que les avions, c'est ce que disait Bruno Jeudy ce matin,
09:13les F-16, les Américains ne vont pas en envoyer de F-16.
09:17Ils ne vont pas en envoyer, mais en fait, ce sont des avions américains.
09:20C'est-à-dire que ce n'est pas comme une autre marchandise.
09:22C'est-à-dire que, par exemple, quand la France vend des Rafales aux Émirats arabes unis,
09:26il y a toujours un petit mot à dire.
09:28Parce que c'est du matériel militaire français de départ.
09:31Il y a des licences d'exportation.
09:32Donc les Américains n'envoient pas des F-16 américains.
09:35Mais ils disent aux Néerlandais, par exemple, aux Danois,
09:38vous pouvez envoyer des F-16.
09:39Donc quelque part, ils laissent faire.
09:41Je comprends toute l'ambiguïté.
09:43C'est pour ça, d'ailleurs, que dans le débat démocratique,
09:45les électeurs n'y voient pas.
09:46Parce qu'il y a très peu de monde, finalement, qui maîtrise, là encore, cette grammaire.