• il y a 6 mois
L'hymne national spécialement écrit pour une Coupe du Monde, un Mondial boycotté, le Maroc a une histoire particulière avec la Coupe du Monde de football. Demi-finaliste au Qatar, la sélection des Lions de l'Atlas avait écrit une des plus belles pages de son historie.

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Transcription
00:00 - Déjà je vois la coupe du monde comme étant notre façon à nous d'exister dans le monde en tant que marocains.
00:04 Il faut quand même... peut-être les gens le savent...
00:06 - Et les coupes du monde pour ça sont toujours les opportunités pour des pays de raconter son histoire et de se raconter d'autres histoires.
00:13 - Quand on était à la canne, on avait... - Et de se regarder dans les yeux de l'autre aussi.
00:15 - Réda, on a reçu un supporter ivoirien, il nous avait dit "le foot c'est le seul moyen pour la Côte d'Ivoire de montrer qu'elle peut être plus forte que les Etats-Unis".
00:21 - Bien sûr. Et c'est même le seul sport qui offre ça. Tu sais que l'hymne marocain a été écrit pour la coupe du monde 70.
00:27 - Ah bon ? - Il n'y avait pas de paroles. Je parle des paroles.
00:30 Parce que ce qu'on chante aujourd'hui, ça a été écrit parce que le roi de l'époque, Hassan II, avait conscience de la vitrine que ça offrait au Maroc.
00:37 Et il voulait qu'il y ait des paroles. Est-ce que tu sais par exemple...
00:40 Donc le Maroc... Peu de gens savent que l'Afrique a boycotté la coupe du monde 66.
00:44 Parce qu'en 62, le Maroc est sorti des poules africaines, unique représentant de l'Afrique.
00:50 Il y avait un barrage contre l'Espagne qu'ils perdent. On parle de l'Espagne de 62, c'est le réal de l'époque.
00:54 Ils ont gagné plus de ligues des champions qu'il y en a en jeu.
00:57 Et en vérité, pour protester contre cette demi-place, ils boycottent 66.
01:02 Et en 70, ils ont une place. L'Afrique a une place. Que prend le Maroc ?
01:05 Le Maroc est aussi le pays qui va demander plus de coupe du monde que de Cannes.
01:09 Ça veut dire quelque chose. Regarde par exemple par rapport à l'Egypte, qui a une véritable tradition africaine,
01:13 qui a plein d'étoiles sur son maillot de Coupe d'Afrique des Nations,
01:16 qui a, dès le début, mis le paquet sur les Coupes d'Afrique, abrité le siège de l'ACAF,
01:20 et qui a une tradition de foot africain qui se voit sur son maillot.
01:23 Nous, c'est la Coupe du Monde. On a demandé plein de Coupes du Monde.
01:26 On en a refusé plein. Et celle-là qui se présentait très bien, je suis très content.
01:29 Et ce moment, Yamer pouvait embrasser la tête de Pépé qu'en Coupe du Monde.
01:34 Ali ?
01:37 Alors là où je rejoins complètement Reda, c'est qu'il y a un plat de fond de verre qui a été brisé.
01:43 C'est-à-dire que ce n'est plus pour les autres uniquement.
01:46 Et on ne parle pas d'une demi-finale de Coupe du Monde.
01:48 Non, on parle d'une organisation de Coupe du Monde.
01:50 Et on peut faire des liens avec ce que vit le Maroc plus généralement, dans sa vraie dynamique.
01:55 Il y a une vision royale pour beaucoup de secteurs.
01:57 Aujourd'hui, on fabrique des avions.
01:59 On aurait pu dire aux Marocains il y a 40 ans, vous allez fabriquer 80% d'un Airbus ou d'un Boeing.
02:03 On vous aurait rayonné.
02:04 Sauf que l'État, depuis 15 ans, a mis le cadre législatif, fiscal, formé les gens, etc.
02:09 Pour ça, on y arrive.
02:10 Donc en fait, il y a beaucoup de choses qui ne sont plus aujourd'hui l'apanage des autres uniquement.
02:14 Et donc, on brise.
02:15 Donc si on arrive à le faire dans le foot, dans les avions, dans l'automobile, dans tout ce que vous pouvez imaginer,
02:22 et chercher des premières places mondiales, c'est des verrous psychologiques qui sautent.
02:26 Et tout le leadership du Maroc, encore une fois, et là encore, c'est aussi beaucoup une vision royale,
02:31 c'est de dire aux Africains aussi, on va tous faire le voyage ensemble.
02:35 Et dans le foot comme dans le reste.
02:37 Ça colle avec la stratégie de la FED, les liens sud-sud.
02:40 On reçoit les autres pays africains, s'il y a besoin d'infrastructures, de formation, de cadres.
02:44 D'ailleurs, au centre technique, je crois qu'il y a plein de sélections qui viennent pour préparer des matchs.
02:49 Il y a un vrai cadre.
02:50 Il y a onze équipes qui jouent pendant cette Rêve internationale, mais c'est le cas depuis plusieurs années.
02:56 Moi, à titre personnel, je couvre l'équipe du Maroc, mais plusieurs sélections africaines qui jouent à Oujda, Moët-Média, El Jadida, etc.
03:04 Je voulais revenir sur la Coupe du Monde, parce que c'est comme ça qu'on s'est rencontrés.
03:08 Le Maroc se qualifie, je viens plusieurs fois sur RMC, je passe dans plusieurs médias français.
03:15 Et je me rappelle que je prenais un malin plaisir à mettre ma tenue du Maroc pour aller voir d'autres matchs.
03:20 Brésil-Corée du Sud, Portugal-Ghana.
03:23 Et les supporters se prenaient en photo parce que je portais la tenue du Maroc.
03:29 Mais ça dépasse le foot comme corps.
03:32 Il y a un élan de sympathie mondiale.
03:33 En fait, quand on regarde le foot des nations, on perd peut-être un peu de temps.
03:37 Le foot des nations, on perd peut-être en qualité, on est tous d'accord.
03:40 Mais par contre, on gagne en passion.
03:42 Et l'expression populaire collective qu'on peut avoir dans le foot des nations,
03:46 peut-être qu'on ne l'a pas sur le terrain parce que les équipes finissent par se ressembler.
03:48 En fait, on les a dans les tribunes, dans les réseaux sociaux.
03:50 C'est les Marocains qui jouent au foot, qui commentent le foot, qui sont dans les tribunes, les mamans qui dansent.
03:55 Pour nous, le khata a été un moment de délire collectif.
03:58 A part faire descendre des chevaux et faire une fantasia, on ne pouvait rien faire depuis que de faire des bisous sur la tête et de faire danser les mamans.
04:05 Ça, c'est nous, vraiment, on sait que c'est nous.
04:07 Peut-être que le monde ne sait pas qu'on est comme ça, on a l'impression.
04:09 Mais faire descendre des mamans, on sait le faire.
04:11 Juste une chose aussi, sur la puissance un peu symbolique du foot, tu as évoqué rapidement l'histoire.
04:16 Oui, l'histoire du Maroc, c'est l'histoire d'une confrontation entre le nord et le sud,
04:21 entre des puissances chrétiennes, en particulier ibériques, qui poussent, qui prennent les côtes,
04:25 qui se font repousser, qui arrivent, qui reviennent.
04:27 L'Andalousie, on connaît tout ça.
04:28 Et qui finit en 1912 par le protectorat.
04:31 Donc, en vérité, battre l'Espagne et le Portugal et s'incliner en demi-final contre la France,
04:35 ça ressemble à l'histoire du Maroc.
04:37 Voilà.
04:38 Et dans le même temps, juste pour continuer sur cette portée du foot et le thermomètre que ça peut être en Afrique,
04:48 pour vous donner un peu peut-être l'origine de cette ferveur-là,
04:51 c'est qu'il ne faut pas entendre le foot comme il peut se vivre dans d'autres pays ou dans d'autres continents plus intégrés,
04:57 où on peut facilement prendre un train de Lyon, d'aller à Turin, regarder son match contre la Juve et revenir à Lyon.
05:03 Ça ne se passe pas comme ça.
05:04 Ici, le foot, en Afrique, fait sauter des verrous, crée des tourismes improbables.
05:10 On s'est retrouvé à 400 marocains à San Pedro.
05:13 C'était extraordinaire.
05:14 Quelle autre chose que le foot nous aurait emmené là-bas ?
05:17 Et en fait, chaque expédition, on appelle ça des expéditions, ce n'est pas des petites virées, c'est des expéditions.
05:22 Et en fait, à chaque fois, dans toute l'Afrique, et de manière croisée, on voit des Tunisiens circuler à Kaza,
05:29 on voit des Algériens circuler au Caire, on voit des Marocains en Afrique du Sud, en Namibie.
05:33 Et en fait, ce foot-là, on s'y accroche parce que ça nous permet de nous connaître avec les Africains,
05:40 là où le travail conventionnel n'est pas encore abouti.
05:44 Et cette ferveur vient de là aussi.
05:47 Et il y a une soif de connaître.
05:49 Il fallait voir l'accueil qu'on nous a réservé à l'Ivoirie, on ne l'oubliera jamais.
05:52 Il y a des souvenirs incroyables.
05:54 Alors, beaucoup d'influenceurs marocains ont bien exporté ça, ont rendu compte de ce niveau d'échange.
06:00 Mais voilà ce que permet le foot.
06:02 Encore une fois, je l'insiste, ce n'est pas comme prendre sa voiture et passer une journée en Allemagne,
06:06 et partir de Mulhouse et de revenir.
06:07 Ça n'a rien à voir.
06:08 Si ça peut améliorer les liens entre le Maghreb et le reste de l'Afrique et inversement.
06:11 Complètement.
06:12 Moi, pour avoir vécu plein de cas, le racisme entre l'Afrique subsaharienne et le Maghreb inversé, il existe.
06:18 Ou il a existé en tout cas.
06:20 Je l'ai constaté.
06:21 On peut voir les choses de deux façons.
06:22 Effectivement, il va y avoir des tensions.
06:24 Malheureusement, moi je suis musicien, donc je fais des concerts dans le continent.
06:28 Effectivement, malheureusement, tu te rends compte que souvent, les seuls contacts qu'on a avec le reste de notre continent,
06:32 ce sont des contacts qui sont naturellement d'opposition, vu qu'il y a quelqu'un qui va prendre trois points et l'un qui va les perdre.
06:39 Mais en réalité, malgré ça, ça a quand même été un trait d'union, y compris dans des situations politiques difficiles,
06:44 entre tous les pays d'Afrique.
06:46 Et finalement, c'est ce que je retiens, c'est-à-dire qu'on va se rencontrer.
06:48 Peut-être que ça ne va pas bien se passer, mais il se pouvait même qu'on ne se voit jamais.
06:53 Donc regardons les choses comme ça aussi.
06:55 Disons-nous qu'on a quelque chose à partager.
06:58 Merci.
07:00 [SILENCE]

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