• il y a 7 mois
Après avoir donné naissance à son premier enfant de manière naturelle, Kenza a été confrontée à la peur de "l'horloge biologique". Pour préserver ses chances de maternité future, elle a décidé de congeler ses ovocytes dès que cette procédure a été légalisée en France en 2021. Elle partage son parcours.

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Transcription
00:00 Je me mets tellement pas la pression, je suis pas dans un truc où je me dis "oh là là, attends, mais est-ce que potentiellement ce mec là,
00:04 je serai avec lui encore dans deux ans, est-ce que je devrais pas penser à un enfant déme... ?"
00:08 Non. Chill.
00:10 La conservation des ovocies, c'est tout simplement le fait de mettre de côté ces ovules, les congeler plus précisément,
00:18 et les utiliser quand bon nous semble. On peut les utiliser, on peut les donner, on peut les détruire.
00:23 C'est surtout le moyen de se rassurer en tant que femme, sachant qu'on sait qu'on a une relâche biologique, une deadline très concrètement.
00:29 On peut procéder à cette pratique en France entre 29 et 37 ans. C'est une loi qui est passée il y a quelques années seulement,
00:36 et que pas grand monde n'est au courant. C'est accessible à toutes, et c'est gratuit, c'est remboursé par la Sécu.
00:42 La conservation ovocitaire, moi je l'ai découverte il y a très longtemps, donc il y a une dizaine d'années,
00:46 c'est ma mère qui m'en parlait à l'époque, j'avais 27 ans. J'étais en coupe pourtant depuis longtemps,
00:50 je savais que logiquement tôt ou tard j'aurais un bébé avec la personne avec qui je suis.
00:54 Ma mère m'encourageait à le faire déjà à l'époque, elle me disait "va en Espagne, va le faire".
00:58 Je savais que j'avais cette option, mais qui n'était pas encore légalisée en France.
01:01 Je suis tombée enceinte quelques années après, et c'est lorsque je me suis séparée du papa de ma fille,
01:06 il y a maintenant deux ans, que j'ai eu le déclic et je me suis dit "ah ben c'est peut-être le moment de le faire".
01:10 Je suis maman célibataire, je ne sais pas de quoi il fait demain, peut-être que je rencontrerai quelqu'un,
01:14 peut-être que j'aurai plus de difficultés à faire un bébé, donc go, c'est parti, on le fait.
01:19 Comment ça marche ? En fait il y a plusieurs étapes. On démarre avec un ton chez le gynéco,
01:23 qui exprime sa volonté de vouloir conserver ses ovocytes. De là, on va pouvoir aller faire des examens,
01:29 donc une échographie, on va regarder ce qui se passe dans votre corps, le nombre d'ovocytes que vous avez.
01:34 Ensuite, on va vous prescrire un traînement hormonal, qui va durer un temps donné, selon votre corps,
01:40 ça dépend vraiment d'une femme à l'autre. Moi ça a duré 15 jours, c'était 15 jours avec beaucoup d'injections.
01:44 J'avais au démarrage deux injections par jour, ensuite trois, donc beaucoup beaucoup d'hormones.
01:50 Et de là, on va refaire un contrôle au bout de ces 15 jours pour voir ce qu'il en est.
01:54 Donc soit on vous redonne une petite dose de traitement hormonal, on vous demande de continuer un peu,
01:59 soit c'est bon, vous allez au bloc, vous faites ce que vous avez à faire, et vous avez vos ovules qui sont au frigo.
02:04 Alors moi on m'a fait deux ponctions. La première ponction, on n'a prélevé que trois ou quatre ovules,
02:09 ce qui n'était vraiment rien. Donc on m'a dit "bon, la moyenne, pour que ce soit bien, pour que tu en aies de côté,
02:14 c'est une dizaine". Donc j'en ai refait une ensuite. Du coup là en tout j'en ai onze de côté.
02:18 Lorsque j'ai entendu que cette conservation était accessible, légale et gratuite, je ne me suis même pas posé la question.
02:25 J'ai pris mon rendez-vous, je l'ai fait.
02:27 Dire "t'as le choix, et ce choix en tant que femme, il faut que tu puisses l'obtenir parce que c'est dans ton droit".
02:32 En revanche, et ça je tiens à le préciser, moi j'ai payé pour conserver mes ovocytes,
02:36 tout simplement parce qu'il y avait une liste d'attente qui était très très très très importante,
02:39 et que si je m'étais mis sur cette liste d'attente, j'aurais probablement raté le coche.
02:43 Je suis passée donc par la voie privée. J'ai eu la chance d'avoir pu avoir les moyens de payer pour le faire rapidement.
02:50 J'ai payé approximativement 4000 euros pour une ponction. Voilà, je vous laisse faire le calcul pour deux.
02:55 Si j'avais pu être remboursée évidemment, je l'aurais fait.
02:57 J'encourage n'importe quelle personne, dès 29 ans, à le faire, et pas attendre de se réveiller comme moi.
03:03 Mais le fait d'avoir pu mettre ces ovocytes de côté, moi déjà c'est une charge mentale en moi.
03:07 Aujourd'hui je suis en couple, je suis avec quelqu'un qui est plus jeune que moi.
03:10 Moi je sais que potentiellement je ne pourrai plus avoir d'enfant d'ici peu.
03:15 Je ne me mets tellement pas la pression, je ne suis pas dans un truc où je me dis "oh là là, attends,
03:18 mais est-ce que potentiellement ce mec-là, je serai avec lui encore dans deux ans,
03:21 est-ce que je ne devrais pas penser à un enfant demain ?". Non. Chill.
03:25 Et ce qui est fou c'est que personne ne m'en a parlé à part ma mère ou mes proches.
03:29 Je n'ai pas un professionnel de santé qui m'en a parlé. Pas un gynéco, pas un médecin généraliste.
03:35 Je ne connais personne mais je ne comprends pas que cette parole ne soit pas plus libérée
03:39 dans le monde de la médecine. Je m'en suis rendue compte notamment quand j'ai posté une photo sur Insta
03:44 où je racontais un petit peu mon parcours et que j'ai lu les commentaires.
03:47 Je me suis dit "mais il y a vraiment des femmes aujourd'hui en France qui ne sont pas au courant
03:50 que c'est accessible mais surtout gratuit". J'encouragerais les femmes à en parler d'elles-mêmes
03:53 aux gynécos ou aux obstétriciens qui les suivent.
03:56 Si la parole n'est pas bien accueillie, peut-être effectivement aller voir ailleurs
03:59 parce que c'est véritablement un droit. Je ne sais pas pourquoi on en fait un tabou.
04:03 On devrait pouvoir en parler comme j'en parle devant cette caméra.
04:06 Donc voilà, "go with the flow" comme on dit.
04:09 *BIP*

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