• il y a 7 mois
C'est une proposition de loi d'une sénatrice Les Républicains : faut-il interdire le changement de sexe des mineurs ? Son objectif : interdire les traitements hormonaux et les actes de chirurgie au moins de 18 ans. Pour en parler, Isabelle Saporta, éditrice, Pascal Perrineau, politologue, et Laurent Alexandre, médecin, entrepreneur et spécialiste de l'IA.

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Transcription
00:00 RTL, bonsoir ! Julien Célier et Cyprien Signe.
00:04 Allez les grands débats jusqu'à 20h dans RTL, bonsoir avec l'éditrice Isabelle Saporta,
00:09 le politologue Pascal Perrineau, le médecin et entrepreneur Laurent Alexandre autour de la table.
00:13 Nouvelle question ce soir qui est au cœur des débats en ce moment au Sénat,
00:16 faut-il interdire, en tout cas restreindre le changement de sexe des mineurs ?
00:21 C'est une proposition de loi d'une sénatrice, Léa Républicain.
00:24 Son objectif, interdire ou restreindre les traitements hormonaux et les actes de chirurgie au moins de 18 ans.
00:29 Et quant aux bloqueurs de puberté qui servent à suspendre l'évolution de la poitrine, de la pilosité, du changement de voile,
00:35 la sénatrice souhaite les limiter avec un délai de deux ans entre la première consultation et la prescription.
00:40 Le gouvernement s'oppose au texte, texte qui fait bondir certains pédiatres.
00:44 Quant aux associations de défense des droits des personnes transgenres, elle dénonce un texte transphobe.
00:49 Écoutez Béatrice Denins de Trans Santé France.
00:53 C'est une honte, ça nous ramène à des pays où on légifère contre les transidentités.
01:00 En France, il n'y a jamais eu de problème particulier avec le suivi des enfants trans.
01:06 Ce n'est pas parce qu'on va avoir un médecin qu'on a aussitôt des bloqueurs de puberté, un traitement hormonal ou autre.
01:11 Ceux qui sont derrière cette loi, donc les sénateurs LR, mais surtout très influencés par des associations très réactionnaires,
01:18 elles essaient de faire peur à la population qui n'y connaît strictement rien dans le domaine des transidentités.
01:24 Il y a des actes transphobes qui se multiplient en ce moment.
01:27 Et surtout le fait en effet de lancer ce type de proposition de loi,
01:31 ça va encore donner cette impression qu'on est des malades mentaux.
01:35 On essaie simplement de vivre notre vie sans déranger qui que ce soit.
01:38 Laissez nous vivre.
01:40 Propos recueillis par Agathe Landais pour RTL.
01:42 Laurent Alex, à votre regard, deux médecins et puis deux citoyens sur cette proposition.
01:47 Alors c'est d'abord un regard de citoyen.
01:50 Moi je suis ultra libéral en matière de mœurs.
01:53 Je suis pour le mariage gay, je l'ai toujours été.
01:56 Je suis favorable à la PMA pour tout, je suis favorable à la GPA.
01:59 Donc je ne suis pas un conservateur, je suis un bioprogressiste.
02:03 Mais sur le problème de la transformation des enfants et les problèmes de genre, je pense qu'il faut faire très attention.
02:10 On commence à avoir beaucoup d'accidents.
02:12 Beaucoup de gamins mineurs dans certains pays à qui on a coupé la verge, pour les garçons par exemple,
02:19 et qu'on a transformé en jeune fille et qui regrettent quelques années après profondément.
02:24 Or c'est irréversible.
02:25 Une fois qu'on a coupé la verge, on ne va pas la faire repousser.
02:28 On ne sait pas faire ça.
02:29 Donc il faut bien réfléchir sur les problèmes de hormonaux,
02:34 mais surtout sur la possibilité de transformer le sexe des enfants chirurgicalement.
02:39 Parce que là, il y a une irréversibilité.
02:42 Or le gamin de 12 ans ou de 14 ans ou de 15 ans qui demande à ce qu'on change son sexe,
02:48 il va vivre avec ça toute sa vie.
02:50 Et on commence à avoir des dépressions dans certains pays où les indications ont été très larges.
02:54 On voit des gamins très malheureux parce qu'en réalité, ils se rendent compte que le nouveau sexe qu'ils ont pris n'est pas celui qu'ils souhaitaient vraiment.
03:02 Et c'est irréversible.
03:04 Donc moi, je pense qu'il faut être très prudent.
03:06 Le sujet est très passionnel.
03:08 Il est très compliqué.
03:10 Il ne me paraît pas déraisonnable que les changements de sexe soient validés par des équipes très sérieuses, multidisciplinaires,
03:18 avec chirurgien, psychiatre, pédiatre.
03:21 Oui, oui, mais de façon assez centralisée, de manière à ce qu'on ait des équipes.
03:26 C'est marrant, pour un libertaire, vous vouliez un truc centralisé.
03:28 Oui, centralisé, parce qu'il faut une très bonne expertise des médecins sur des sujets de cette nature-là.
03:32 On ne peut pas décentraliser et permettre à n'importe quelle équipe de transformer le sexe d'un enfant.
03:39 Il faut une vraie réflexion de fond.
03:41 Moi, j'appelle à la prudence.
03:43 J'ai peur que dans 20, dans 30 ans, on ait une catastrophe avec plein de gens qui soient déprimés et qui regrettent ce qu'ils ont fait à l'adolescence.
03:49 À l'inverse, la défenseur des droits dit "je crains aussi, moi, une catastrophe sur le plan mental si on empêche les personnes adolescentes de pouvoir entrer dans ce processus".
03:59 On peut même s'interroger, cette épidémie de demande de changement de sexe, elle est récente.
04:03 Si, on voit une augmentation très forte de la demande.
04:06 Donc, il faut être certain, compte tenu du fait que c'est irréversible, il faut être certain que ce n'est pas un effet de mode, à cause des réseaux sociaux,
04:14 et que cette demande, elle est fondée sur une opération aussi grave et aussi irréversible.
04:20 Moi, j'appelle à la prudence.
04:21 Isabelle Savartin.
04:22 Écoutez, moi, j'adorerais penser que derrière cette proposition de loi, il y a autre chose que des arrières-pensées politiques.
04:28 Il se trouve que je pense qu'il n'y a que des arrières-pensées politiques.
04:30 Si vous avez entendu, aujourd'hui, Marion Maréchal-Le Pen s'engouffrer sur ces questions-là, et s'emparer du discours transphobe, et faire en sorte d'en faire et d'en refaire.
04:44 Moi, je suis très gênée par ça.
04:45 C'est-à-dire que je pense que c'est une question, et effectivement, vous aviez raison, Julien, de souligner ça, qui est suffisamment grave, avec des enfants qui sont suffisamment en détresse.
04:55 Julien Denormandie.
04:56 C'est la défenseur des droits.
04:57 Moi, je ne souligne rien.
04:58 Isabelle Savartin.
04:59 En tout cas, de citer le défenseur des droits, pour se dire que ce débat-là mérite autre chose.
05:05 Et quand vous disiez, Laurent-Alexandre, justement, qu'il fallait des équipes très formées, et que les choses ne soient pas faites à la légère,
05:12 c'est vraiment avoir pour moi... Vous êtes médecin, vous savez bien que les médecins ne font pas les choses à la légère, ne sont pas des militants.
05:18 Donc, c'est une des choses... Vous parlez d'opérations, les opérations, elles sont très largement faites après 18 ans.
05:25 Il y a très, très peu d'opérations.
05:27 Donc, ce n'est pas ça, la question.
05:29 La question, c'est effectivement, est-ce qu'on fait confiance à la médecine, ou est-ce que non ?
05:33 Et est-ce que derrière, en fait, ce projet de loi, il n'y a pas une volonté d'instrumentaliser quelque chose qui est assez épiphénoménale,
05:39 et qui, par contre, étant aujourd'hui... Vous avez vu, il y a eu un bouquin qui est sorti, qui s'appelle "Transmania", que j'ai refusé d'ailleurs, j'en suis très fière.
05:46 Donc, si vous voulez, autant vous dire qu'aujourd'hui, on voit bien que ça permet, par exemple, à Mme Marion-Marie-Charles Le Pen,
05:52 de faire son discours bien transphobe, de nous replonger dans la manif pour tous, et de nous faire un papa et une maman, avec tout ce qu'il y a de plus démagogique sur Terre.
06:00 Pascal Perriédo, votre regard de politologue, est-ce qu'il y a des arrières-pensées politiques derrière ce texte ?
06:05 Certainement, il y a des arrières-pensées politiques derrière, en particulier les prises de position de Marion-Marie-Charles,
06:12 qui sont d'un classicisme, quand on les reprend sur le long terme, évident. Mais on parle en effet des transphobes, il faudrait parler aussi des transphiles,
06:21 parce qu'il y a un peu aussi de l'autre côté transphilie. C'est les débats à la française, quoi.
06:26 "Quand contre quand", "le jour contre la nuit", selon qu'on est d'un côté ou de l'autre, et ça, c'est un peu exaspérant.
06:32 Je ne crois pas, en revanche, que dans la proposition de loi déposée par cette sénatrice Ehler, il y a un souci d'instrumentaliser le débat.
06:40 Ça a été fait après de nombreuses consultations, ce sont des gens qui ont travaillé, et quand vous regardez...
06:46 Corrigé en commission.
06:47 Voilà, corrigé en commission. Quand vous regardez la proposition de loi, ça cherche tout simplement à encadrer davantage,
06:53 le changement de sexe, ça ne l'interdit absolument pas, à l'encadrer davantage, et surtout à considérer que, voilà,
07:05 l'enfance et l'adolescence, c'est une période d'incertitude identitaire, on le sait tous.
07:11 Il faut permettre donc les allers et retours, et il ne faut pas intervenir de manière maladroite par transphilie trop tôt.
07:21 Vous pensez que les médecins sont transphiles ?
07:24 Afin de permettre un retour, oui, il y en a qui le sont, on le voit dans le débat, vous avez des tribunes, comme il y a des transphobes,
07:31 je vous l'accorde, il y a des transphiles, parce qu'en effet, ils prennent en compte le fait que les demandes ont explosé,
07:38 parce qu'en 7 ans, ça a été multiplié par 10, les demandes. Donc il y a bien un phénomène d'explosion, alors qu'il est lié à quoi ?
07:47 C'est pas le fait qu'il y ait... - Chacun voit la vague dans son sens, c'est 1 200 consultations de mineurs en 10 ans,
07:52 avec certes une augmentation sur les dernières. - Voilà, l'IGAS, ce sont des chiffres de l'IGAS,
07:55 ce ne sont pas des chiffres de Pascal Perrineau, etc. Ce sont des chiffres de l'IGAS qui ont constaté en effet qu'il y avait une explosion.
08:01 Et on voit bien que ce thème, en particulier sur les réseaux, est devenu... Il y a des gens qui jouent des stratégies d'influence,
08:08 du côté de la transphobie, comme du côté de la transphilie. Et c'est, à mon avis, de la responsabilité du législateur
08:15 d'encadrer davantage cette affaire. - Pascal Perrineau, Laurent-Alexandre, Isabelle Savorta, vous restez avec nous,
08:20 les grands débats de RTL Bonsoir continuent. On va parler de nos enfants, mais d'une autre manière maintenant,
08:25 comment les éduquer, avec la psychologue Caroline Goleman, qui va nous rejoindre, qui a notamment pointé ces derniers mois
08:31 les accueils de l'éducation positive, et qui a donc été très médiatisée avec ses prises de position.
08:35 Elle revient avec un livre assez passionnant pour les 8-11 ans, pour leur donner les clés, pour les mettre en garde,
08:39 les préparer face aux écrans, face à la pornographie, mais sur tout un tas de questions de société. Ne bougez pas !

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