• il y a 7 mois
L'évènement, ce sont ces euthanasie clandestines : très concrètement, quand un médecin ou un proche donne volontairement la mort à une personne malade, à sa demande.
Des pratiques aujourd'hui illégale en France mais pratiquée dans l'ombre... Entre 2.000 et 4.000 chaque année selon la dernière étude qui date de 2012. Alors que les débats sur la fin de vie débutent aujourd'hui à l'Assemblée Nationale, avec en question notamment l'encadrement de l'euthanasie, Hermine Le Clech a enquêté sur ces médecins et ces familles qui ont déjà eu recours à une euthanasie en France.
Regardez RTL Evènement avec Hermine Le Clech du 27 mai 2024

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Transcription
00:00 RTL ÉVÉNEMENT
00:02 Et l'événement ce matin sur RTL c'est donc cette enquête sur ces euthanasies clandestines.
00:07 Des malades qui demandent à un médecin ou à un de leurs proches de leur donner la mort.
00:11 La pratique est illégale en France, mais chaque année il serait entre 2000 et 4000
00:15 il y a y avoir recours les derniers chiffres dont on dispose.
00:18 Dates de 2012. Bonjour Hermine Leclech.
00:21 Bonjour, bonjour à tous.
00:22 Le projet de loi sur la fin de vie arrive aujourd'hui à l'Assemblée Nationale
00:26 et vous avez rencontré des médecins mais aussi donc des familles
00:28 qui reconnaissent avoir eu recours à une euthanasie en France.
00:31 Oui, je rencontre d'abord Mehdi chez lui.
00:33 En Essonne, il m'accueille un cadre à la main, une photo de lui et de sa maman Catherine
00:38 atteinte de la maladie de Charcot, une maladie incurable.
00:41 Elle est décédée au mois de janvier et dès son diagnostic, elle s'est tournée vers l'euthanasie.
00:45 Elle nous a réunis, nous a annoncés qu'elle avait fait les démarches pour être euthanasiée en Belgique.
00:49 Je l'ai mal pris. Moi je lui dis "Mais qu'est-ce que tu es en train de me faire là maman, tu baisses les bras".
00:53 Elle me dit "Non mon fils, c'est que je sais comment je veux finir.
00:56 J'ai mis des règles, à partir du moment où elle ne sera plus capable de parler et de s'alimenter toute seule, elle voudra partir".
01:00 Mais voilà, la maladie progresse vite et impossible de faire le trajet jusqu'en Belgique.
01:04 Mehdi se tourne alors vers son médecin de famille qui refuse de pratiquer une euthanasie.
01:09 Il est conseillé par d'autres professionnels mais c'est à lui et à ses frères et sœurs de faire le geste final en toute illégalité.
01:16 On a d'abord encadré maman avec des anthalgiques.
01:18 Lorsqu'on a vu qu'elle était vraiment quasi endormie, j'ai arrêté la machine avec laquelle elle respirait.
01:25 J'aurais préféré ne pas le faire, que ce soit un geste fait par quelqu'un d'autre.
01:29 La fraction de seconde avant, tu te dis "Ça peut mal se passer, elle peut étouffer".
01:34 Et là ça aurait été un moment très désagréable pour nous.
01:37 C'était essentiel, maman était dans un état où elle ne pouvait plus continuer à vivre comme ça.
01:42 Et vous n'avez pas peur d'être poursuivi en justice pour ça ?
01:44 Je n'y ai pas pensé. Je pense que ce que je fais est juste.
01:46 Je suis prêt à prendre mes responsabilités s'ils osent venir.
01:50 Pour le moment, Mehdi ne fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire, contrairement à des médecins qui, eux, sont aujourd'hui devant les tribunaux.
01:57 Ces médecins qui, pour certains, ont pratiqué des euthanasies clandestines et que vous avez rencontrés, Ermin, ils sont aujourd'hui poursuivis en justice ?
02:04 Totalement. Pour incitation au suicide, meurtre parfois.
02:07 Dans ce cas-là, ils risquent jusqu'à 30 ans de prison.
02:10 Ils risquent aussi d'être radiés par l'ordre des médecins.
02:13 J'ai pu m'entretenir avec Bernard Senet, médecin généraliste retraité dans le Vaucluse, en 25 ans de carrière.
02:18 Il a pratiqué des euthanasies, deux à trois par an.
02:21 La première fois, c'était une jeune fille qui avait une maladie grave.
02:24 Elle avait 12 ans quand on l'a diagnostiquée, qui s'est battue pendant deux ans.
02:27 Elle ne voulait pas aller plus loin.
02:29 Elle a fêté son anniversaire avec ses copines.
02:31 Avec l'accord de ses parents, on l'a aidé à partir.
02:33 Pour cela, il s'est fourni en médicament depuis l'étranger, grâce à ses collègues suisses, belges, ou a fait commander des produits sur Internet,
02:41 ce qui lui vaut aujourd'hui une mise en examen pour incitation au suicide.
02:44 À partir du moment où j'étais en accord avec ma conscience, en accord avec la demande de patients qui sont conscients,
02:50 autant quelqu'un qui me dit "je veux mourir de manière naturelle", je vais l'accompagner jusqu'au bout.
02:55 Et quelqu'un qui va me demander à être aidé, je vais l'aider.
02:57 Finalement, je pense que la justice va nous donner une tribune.
03:01 Chaque fois que la loi a évolué, c'est parce qu'il y a eu une affaire très médiatisée.
03:05 Bernard Senet en cours jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
03:09 Son procès doit se tenir à l'année prochaine.
03:11 Hermine, malgré les risques, certains médecins continuent de pratiquer ces euthanasies.
03:14 Oui, mais tous témoignent hors micro.
03:16 Ces professionnels pratiquent des euthanasies dans le secret le plus total, à la maison, dans les hôpitaux.
03:21 Ils n'en parlent parfois même pas à leur propre famille.
03:24 C'est une débrouille permanente, me confie l'un d'entre eux, qui se procure des médicaments en cachette.
03:28 Via des confrères en Belgique, où l'euthanasie est légale,
03:31 d'autres choisissent de surdoser des produits déjà autorisés en France,
03:35 ceux qu'on utilise pour endormir profondément les malades à l'hôpital.
03:39 J'ai peur à chaque fois que je le fais, mais je préfère ça plutôt que de laisser agoniser mes patients
03:44 lors d'une sédation profonde et continue, m'a justifié l'un des médecins généralistes que j'ai eu au téléphone.
03:50 Tous espèrent voir la pratique mieux encadrée, comptent sur cette loi pour sortir de la clandestinité.
03:56 Rtl, événement signé Hermine Leclech, début des débats aujourd'hui à l'Assemblée autour de ce projet de loi de la présidence.

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