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Elections européennes : en Espagne, une bataille traditionnelle droite-gauche

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00:00 (Générique)
00:07 Bienvenue dans les informer de l'Europe sur France Info, la radio et le canal 27 de la TNT, le rendez-vous où nous décryptons chaque semaine
00:13 l'actualité européenne et évidemment cette campagne européenne. On est à deux semaines du vote, on le rappelle.
00:18 Les élections européennes en France, ce sera le 9 juin prochain et on est comme toutes les semaines avec vous, François Bodonnet. Bonjour François.
00:26 Bonjour Jean-Rémi, bonjour à tous.
00:27 Rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions, éditorialiste international chaque matin sur France Info TV.
00:33 Et à deux semaines, nous avons deux invités cette semaine, deux informés pour parler de l'Espagne.
00:40 Oui, nous sommes avec Audrey Vuettas qui est autrice du podcast sur l'Europe intitulé "Traits d'union" et également journaliste à Public Sénat.
00:48 Et avec Marc Bassett, correspondant en France du journal espagnol El País.
00:53 L'Espagne où on va parler pendant les 15 prochaines minutes. Mais d'abord, j'aimerais vous poser à tous les trois une question.
01:01 On est à deux semaines du scrutin et beaucoup s'interrogent à quoi ça sert ces élections européennes ?
01:05 À quoi sert finalement tout ça ? En 30 secondes peut-être Audrey, une idée ?
01:10 Alors il y en a beaucoup. Moi, je choisirais le pacte vert. Vous savez, cet ensemble de textes qui était censé nous rendre leader en matière d'écologie.
01:17 Ce pacte vert, actuellement, il a du plomb dans l'aile. Donc la question finalement de ces élections, c'est de savoir est-ce qu'on continue ?
01:22 On s'est mis des contraintes ? Est-ce qu'on se donne les moyens d'accompagner les ménages, de financer, d'aider les entreprises, les usines ?
01:28 Ou alors est-ce qu'on arrête les frais au risque de se faire dépasser peut-être par la Chine ou les Etats-Unis sur ce côté écologique ?
01:34 Donc stop ou encore notamment pour le pacte vert selon Audrey. Marc, quel est votre regard sur ces élections ?
01:39 Je pense qu'il y a un enjeu très objectif. Qui va en fait gouverner en Europe ?
01:44 Est-ce qu'il y aura toujours cette grande coalition sociodémocrate, démocratique qui ont construit l'Europe et en fait de facto gouverner l'Europe ?
01:51 Ou est-ce qu'avec la montée des partis nationalistes, populistes, d'extrême droite, la polarisation qu'on vit dans nos démocraties va débarquer à Bruxelles ?
02:00 Il y aura à Bruxelles une démocratie avec une gauche droite très polarisée comme partout maintenant.
02:05 Donc une question de gouvernance se joue aussi le 9 juin prochain. Et puis vous François, votre regard sur cette élection ?
02:10 Ils sont bien nos deux informés de l'Europe parce qu'ils ont fait 30 secondes chacun. Donc ils mettent une forte pression sur moi.
02:15 Alors moi, effectivement, les enjeux, je crois que les enjeux de ces élections européennes n'ont jamais été aussi importants.
02:20 Parce que je crois que pour la première fois, notre continent est attaqué simultanément de l'extérieur et de l'intérieur.
02:27 L'extérieur, évidemment, on le voit avec la Russie sur l'Ukraine, l'Ukraine qui est un pays européen, même si ça ne fait pas partie de l'Union européenne.
02:34 Et puis de l'intérieur, à la fois avec les ingérences étrangères et en particulier les ingérences russes, mais également à l'intérieur de nos démocraties.
02:43 On voit qu'il y a des tentations de venir ou de revenir à des régimes illibéraux, voire même carrément autoritaires.
02:50 Et donc j'ai un sentiment que ce sont vraiment nos valeurs démocratiques qui sont attaquées.
02:54 Or, le Parlement européen, c'est l'institution européenne la plus démocratique, puisque les députés européens sont élus au suffrage universel direct.
03:00 Et donc je crois que ces élections sont absolument essentielles pour la démocratie européenne.
03:05 Les valeurs, la gouvernance et l'écologie, voilà trois raisons d'aller probablement voter le 9 juin prochain.
03:10 Allez, vamonos, nous prenons la direction de l'Espagne où les élections sont un peu éclipsées, François, par d'autres scrutins.
03:16 Oui, en particulier par les élections en Catalogne qui se sont tenues il y a 15 jours et qui, pour la première fois depuis plus de 10 ans,
03:22 ont vu bien les indépendantistes catalans perdre la majorité absolue.
03:26 Une campagne électorale perturbée également par la presque démission du Premier ministre Pedro Sánchez.
03:32 C'était fin avril. Il a dit "je vais peut-être démissionner".
03:35 Et puis finalement, cinq jours après, il a dit "finalement, je reste".
03:38 Le 9 juin en Espagne, ce sera une bataille assez traditionnelle entre la gauche, donc au pouvoir, et l'opposition droite,
03:44 avec assez loin derrière l'extrême droite espagnole avec le parti Vox.
03:49 Le parti Vox qui s'est fait remarquer très récemment sur la scène européenne.
03:53 À Barcelone, nous retrouvons notre correspondante Élise Gazangel.
03:57 Ces élections européennes sont vues ici comme un deuxième tour des élections générales qui ont eu lieu en juillet dernier.
04:04 Un nouvel affrontement donc entre la droite du PP, El Partido Popular, et des socialistes du PSOE qui gouvernent le pays.
04:12 La droite veut sa revanche et demande à ses électeurs de sanctionner le chef de l'exécutif, Pedro Sánchez, dans les urnes ce 9 juin.
04:21 Quant aux socialistes, eux, ils brandissent une nouvelle fois la peur d'une alliance entre la droite et l'extrême droite de Vox.
04:29 Vox, pour sa part, souhaite consolider dans ce scrutin sa position de troisième force politique du pays.
04:37 Alors que le parti est en pleine perte de vitesse ici, il cherche un nouvel élan.
04:43 Preuve en est ce grand meeting international des extrêmes droites organisé dimanche dernier, auquel a participé notamment Marine Le Pen.
04:52 Alors pour bien comprendre pourquoi l'Espagne est importante lors de ces européennes,
04:56 aujourd'hui l'Espagne c'est 59 députés européens, demain après les élections ce sera 61, deux de plus.
05:02 L'Espagne, 48 millions d'habitants, est le quatrième pays qui a le plus de députés européens, derrière l'Allemagne, la France et l'Italie.
05:09 Actuellement, l'Espagne a trois députés européens du parti d'extrême droite, du parti Vox.
05:15 Alors Marc, j'aimerais qu'on s'arrête un instant sur la question justement de ce parti d'extrême droite, Vox.
05:20 À une époque, il a eu une croissance fulgurante et puis là, il a l'air en difficulté pour ces européennes. Pourquoi ?
05:26 Pourquoi ? Vox, on avait pensé, comme partout, que le parti d'extrême droite dépasserait la droite traditionnelle.
05:32 Mais comme vous dites, cette montée s'est arrêtée.
05:36 Je pense que le Parti Populaire, donc ça serait en Espagne l'équivalent des Républicains en France,
05:42 ont réussi à contenir cette montée en se droitisant.
05:50 Peut-être qu'on pourrait faire un parallèle. Comme Nicolas Sarkozy a fait fin des années 2000,
05:54 il a évité que Marine Le Pen arrive au deuxième tour en faisant une politique plus de droite.
06:00 Et après, on a vu en Espagne, Vox est entrée avec le Parti Populaire dans des gouvernements régionaux,
06:05 dans les communautés autonomes, et ils n'ont pas été vraiment brillants en gouvernance.
06:10 C'est un parti Vox, encore, qui, je dirais, ne veut pas se normaliser.
06:14 Alors qu'Il y a une France qui a été forte depuis des années de Marine Le Pen,
06:17 d'être un parti acceptable, normal, tous avec la cravate à l'Assemblée Nationale,
06:21 Vox, c'est encore un parti qui veut être radical et ça ne marche pas totalement.
06:26 Un parti radical qui, de fait, peut-être peine à rassembler.
06:28 Mais ce qui est intéressant, André, c'est qu'on l'a vu la semaine dernière,
06:31 il y a eu ce grand rassemblement des extrêmes droites européennes.
06:35 Vox, évidemment, était l'organisateur. Et puis, il y avait, par exemple, Marine Le Pen,
06:39 alors qu'on le dit, le RN et Vox, en fait, sur le fond,
06:42 ils ne sont pas dans le même groupe au Parlement européen.
06:44 C'est un peu étonnant que tout le monde se retrouve, non ?
06:46 Oui, en effet, c'est très étonnant. Pour rappeler rapidement,
06:48 Vox appartiennent au parti des conservateurs réformistes et eux, ils soutiennent plutôt…
06:52 L'ECR, qui est un parti dont on entend parler.
06:54 L'ECR, qui est mené par Georgia Meloni, et eux, ils sont plutôt pro-OTAN, pro-Ukraine, plutôt libéraux.
06:59 Et Marine Le Pen, le parti de Marine Le Pen, le RN, appartient plutôt à identité et démocratie,
07:03 idées, et eux, ils sont plutôt, pour une intervention de l'État, plutôt pro-Poutine,
07:07 plutôt proche de la Russie. Donc, vous voyez, on n'est pas vraiment sur les mêmes idées.
07:11 Mais là, il y avait une grande réunion de famille des extrêmes droites européennes
07:14 pour recevoir Javier Meleï, le président argentin, et c'est un peu comme quand les cousins ne s'entendent pas,
07:19 mais bon, il y a la réunion de famille, on fait plaisir à la grand-mère,
07:21 donc tout le monde s'est mis autour de la table.
07:23 Et il y a eu une intervention de Marine Le Pen qui était très intéressante.
07:25 Elle a appelé à une union des souverainistes européens.
07:29 Ce n'est pas si bête, en fait, parce que ces deux partis,
07:33 ils sont un peu marginalisés actuellement au Parlement européen.
07:35 S'ils se mettaient ensemble, s'ils y arrivent en tout cas,
07:37 ça pourrait leur permettre de peser au moins par le nombre.
07:40 Alors, on rappelle, et pour schématiser, ECR, c'est là où irait par exemple des eurodéputés d'Éric Zemmour,
07:46 et le groupe ID, c'est là où vont les députés du Rassemblement national.
07:50 On rappelle quand même que ça fait quelques années que Marine Le Pen a laissé de plaider
07:54 pour un rassemblement des extrêmes droites au niveau européen,
07:56 et que pour l'instant, eh bien, c'est un échec.
07:58 Est-ce que vous croyez, vous, François, à une potentielle alliance entre ces deux groupes ?
08:02 Non, je n'y crois pas du tout, parce que ces deux groupes, en fait, sont extrêmement différents.
08:07 Alors, on l'a dit sur leur positionnement politique, et en particulier vis-à-vis de la Russie.
08:11 Ensuite, dans le groupe ECR, ce sont plutôt des partis qui sont au pouvoir,
08:16 et donc qui sont au Parlement européen, entre guillemets, plus fréquentables,
08:19 alors que dans le groupe ID, ce sont des partis qui sont beaucoup moins fréquentables.
08:24 Et puis, il y a un autre aspect qu'on n'a pas évoqué, qui est important,
08:26 en fait, c'est qu'ils se détestent entre eux.
08:28 Et Marine Le Pen et Giorgia Meloni ne sont pas du tout amies.
08:32 Marine Le Pen, elle est proche de Matteo Salvini, par exemple, de la Ligue,
08:35 mais pas du tout proche de Giorgia Meloni.
08:38 Donc, pour toutes ces raisons, je pense que ça ne marchera pas.
08:40 Et d'ailleurs, il va y avoir, je pense, après les élections, une vaste recomposition.
08:43 Je ne sais même pas si le groupe ID et le groupe ECR vont continuer à exister.
08:46 On a vu que cette semaine, par exemple, eh bien, l'AFD,
08:49 qui est l'alternative sur Deutschland, qui est le parti d'extrême droite allemande,
08:52 a été exclu du groupe ID, qui est mené, justement, par le Rassemblement national.
08:57 Exclu parce qu'il y a eu des positions.
08:59 On rappelle un des leaders qui a dit, je crois le citer de mémoire,
09:02 que finalement, être un nazi ne faisait pas forcément de quelqu'un, quelqu'un de…
09:05 – Un criminel.
09:06 – Voilà, un criminel, tout simplement.
09:08 Marc, on va revenir, on va se reparler.
09:11 Dans un instant, je voudrais qu'on parle d'une éventuelle alliance
09:13 entre le Parti populaire et Vox, mais on se reparle dans un instant,
09:16 juste après le Fil info de Diane Fershity.
09:18 Il est 9h50 sur France 5.
09:19 – Deuxième match de Kylian Mbappé avec Paris.
09:22 Hier soir s'achève sur une victoire en finale de Coupe de France.
09:25 L'OMG a battu l'OL 2-1, une victoire ternie par des affrontements
09:29 entre supporters avant la rencontre sur l'autoroute A1.
09:32 30 personnes ainsi que 8 policiers ont été blessés.
09:35 Réduction de la durée d'indemnisation des chômeurs,
09:38 obligation de travailler plus longtemps sur une période plus courte
09:41 pour être indemnisé.
09:42 Dans la tribune dimanche, le Premier ministre Gabriel Attal
09:45 confirme les pistes du gouvernement pour réformer une nouvelle fois
09:48 l'assurance chômage sur France Info.
09:50 Le président de la CFE CGC, François Ombril,
09:53 estime lui que Gabriel Attal méconnaît la réalité.
09:56 Plus de 90% des gens indemnisés, selon lui, recherchent activement un emploi.
10:01 En Nouvelle-Calédonie, pas de réouverture prévue de l'aéroport de Nouméa
10:05 avant le 2 juin prochain.
10:07 C'est ce qu'annonce ce matin l'exploitant du site.
10:09 L'aéroport est fermé depuis le début des violences sur l'île, il y a deux semaines.
10:13 La palme d'or attribuée au réalisateur américain Sean Baker
10:17 pour son film "Hanora".
10:19 Hier soir, fin du festival de cinéma de Cannes.
10:21 Déception pour l'Iranien Mohamed Rasouloff,
10:24 récompensé par un prix spécial du jury pour "Les graines du figuier sauvage".
10:28 Il était né favori pour "La palme d'or".
10:30 Et les quatre actrices d'Emilia Pérez de Jacques Audière
10:34 décrochent elles le prix d'interprétation féminine.
10:49 Retour sur le plateau des informés de l'Europe.
10:51 On est en train de faire un point à deux semaines des élections sur...
10:53 On continue notre tour d'Europe et on est en Espagne ce matin
10:56 à voir comment se déroule cette campagne.
10:58 Et ça me donne l'occasion, Marc Bassett,
11:01 je rappelle que vous êtes correspondant en France du journal El País,
11:04 on parlait de la composition des droites et des extrêmes-droites au niveau espagnol.
11:08 En Espagne, il y a donc le Parti populaire, le PP,
11:12 qu'on pourrait rattacher au LR en France.
11:16 Il a des alliances avec Vox, qui est un parti d'extrême-droite.
11:19 Est-ce qu'il y a la tentation de faire la même chose au niveau européen ?
11:22 Il faut dire d'abord que les alliances que le PP a avec Vox en Espagne,
11:27 ce n'est pas vraiment par plaisir, c'est parce qu'ils en ont besoin.
11:30 Dans un système parlementaire, ils ont besoin, dans les communautés autonomes...
11:32 De créer des coalitions.
11:33 De créer des coalitions pour avoir des majorités et pouvoir gouverner.
11:36 Le Parti populaire n'a pas d'autres options de coalitions
11:39 si ce n'est pas Vox, qui en plus est une scission originairement
11:42 de l'aile droite du Parti populaire.
11:45 Ça peut arriver en Europe. Ça peut être un modèle en Europe.
11:48 Je pense simplement que le Parti populaire espagnol,
11:51 et dans ce cas-là, il est en ligne avec Ursula von der Leyen,
11:55 la présidente de la Commission européenne, qui appartient au même groupe,
11:58 pense qu'on peut faire des accords, des pactes ponctuels
12:01 avec certains de l'extrême-droite, pas tous.
12:05 Meloni est le modèle. C'est le modèle Meloni.
12:07 Il pense qu'avec Meloni, on peut parler. Pourquoi ?
12:09 Il y a une espèce de preuve définitive.
12:12 C'est la position sur la Russie et l'Ukraine, la position sur l'OTAN.
12:16 Il pense, cette droite européenne, droite modérée,
12:19 que si quelqu'un qui provient de l'extrême-droite est pour l'Ukraine,
12:24 pour défendre l'Ukraine et pour l'OTAN, on peut parler et pactiser avec eux.
12:29 Je pense que c'est la ligne aussi du Parti populaire espagnol en ce moment.
12:32 C'est intéressant ce que vous dites, Marc.
12:33 Et peut-être ça viendra tordre votre pronostic, François,
12:38 sur un éventuel rapprochement entre ECR et IB,
12:41 parce que peut-être que ce ne sera pas par plaisir,
12:43 mais peut-être tout simplement par nécessité politique pour essayer de peser.
12:47 Audrey, vous disiez au début de cette émission que l'enjeu principal de ces élections européennes,
12:51 c'est aussi l'avenir du combat pour l'écologie, le Green Deal,
12:54 dont on a beaucoup parlé ces derniers mois.
12:55 Et c'est vrai, c'est une question qui se pose beaucoup en Espagne.
12:58 Oui, on a pu l'observer dans différents pays, en Espagne notamment,
13:01 avec finalement deux camps, le camp plutôt rural,
13:03 qui se fait appeler un peu le camp d'en bas et qui est plutôt soutenu par les droites.
13:07 Et eux, ils estiment qu'on leur impose trop de choses depuis Bruxelles,
13:10 qu'on les asphyxie et qu'on leur demande peut-être de respecter des normes
13:14 qui ne sont pas les mêmes que celles des produits qu'on peut importer.
13:17 De l'autre côté, on a plutôt l'exécutif socialiste,
13:19 qui est plutôt aligné avec les positions de la Commission.
13:22 D'ailleurs, la ministre de la Transition écologique,
13:26 elle est pressentie pour appartenir à la prochaine Commission européenne.
13:29 Et elle estime que finalement, ce pacte vert, il est intéressant pour aider les agriculteurs,
13:34 aider financièrement les agriculteurs à faire leur transition.
13:37 Et un autre point qui est important en Espagne aussi,
13:39 je parle sous votre contrôle, c'est le stress hydrique.
13:42 On manque d'eau en Espagne et la question se pose de réduire le nombre d'exploitations
13:46 porcine, d'exploitation maraîchère.
13:48 Mais ça, ça me fait penser à ce qui s'est passé aux Pays-Bas.
13:50 On a voulu réduire ce nombre d'exploitations parce qu'il y avait une grosse pollution à l'azote.
13:54 On a fait des expropriations et ça a créé un grand mouvement de contestation
13:57 qui s'est ressenti dans les urnes avec la création d'un parti qui a fait mainmise au Sénat,
14:02 une espèce de parti issu d'une sorte de gilet jaune agricole.
14:04 Donc voilà, il faut faire attention à mon avis.
14:06 La question que ça m'inspire, Marc, c'est est-ce que l'Union européenne,
14:10 typiquement sur les questions écologiques, est vue comme un ensemble technocratique
14:14 qui n'écoute pas la réalité du terrain ?
14:16 Peut-être par une partie, une petite partie de la population,
14:20 parce qu'il ne faut pas oublier que les agriculteurs, c'est une petite partie de la population
14:23 qui est très soutenue dernièrement, précisément par Vox.
14:27 Mais je ne pense pas qu'en Espagne, on voit le récepticisme qu'on a vu partout ailleurs.
14:33 Vous voyez une différence, par exemple, avec la France ?
14:35 Oui, sans doute. Je pense que malgré tout, et le malgré tout inclut la crise financière de 2008
14:41 où l'Espagne s'est sentie abandonnée et maltraitée par Bruxelles, par la Banque Centrale Européenne, etc.
14:45 Malgré tout, l'Espagne continue à être un pays très européen, très pro-européen, très européiste.
14:52 La France est l'un des pays les plus eurosceptiques d'Europe.
14:55 Et le pays latin, si on peut le classer parmi les pays latins, le plus eurosceptique d'Europe, c'est clair.
15:02 Et ça, comment est-ce qu'on l'explique, à votre avis, cet euroscepticisme français ?
15:07 Alors là, il faudrait qu'on y passe...
15:09 Ce sera peut-être le thème d'une émission.
15:10 Oui, il faudrait qu'on y passe un peu plus de temps.
15:11 Mais le sentiment peut-être que les partis au pouvoir n'ont pas réussi à régler les problèmes
15:15 et que certains ont envie d'essayer autre chose.
15:18 On va juste faire une... Il nous reste très, très peu de temps.
15:21 François, un mot. On va rester dans la péninsule ibérique, mais du côté du Portugal.
15:25 Lors des législatives en mars dernier, il y a un parti d'extrême droite qui,
15:28 pour la première fois après la révolution des œillets, a fait un très bon score.
15:32 Est-ce que, pareil, le Portugal pourrait éventuellement se tourner vers l'extrême droite pour les Européennes ?
15:37 Alors, ce parti, effectivement, il s'appelle Chega.
15:39 Chega, en portugais, ça veut dire "assez", "ça suffit".
15:42 C'est un parti tout jeune qui vient de fêter ses cinq ans d'existence.
15:45 Parti ultranationaliste anti-immigration. Son slogan, c'est "Dieu, patrie, famille et travail".
15:51 Alors, chez nous, en France, ça nous rappelle évidemment quelque chose.
15:53 Mais ça fait référence à la dictature de Salazar.
15:55 À sa tête, il y a André Ventura, qui est un ancien journaliste sportif.
15:59 Il se dit anti-système. Il pourrait peut-être obtenir un quart des sièges au portugais au Parlement européen.
16:06 Alors, un quart, c'est beaucoup. Mais en fait, ça fait quand même assez peu, parce que c'est un petit pays.
16:09 Donc, ça serait simplement quatre ou cinq sièges.
16:11 En tout cas, cette forte percée de Chega marque la fin de l'exception portugaise,
16:16 où jusqu'à présent, depuis 50 ans, et la fin de la dictature de Salazar, l'extrême droite n'existait là-bas quasiment pas.
16:22 Merci beaucoup, François Baudonnet, rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions,
16:25 qui m'accompagne chaque semaine pour ces Informer de l'Europe.
16:27 Et merci à nos deux informés du jour, Audrey Vétaz, Audrey Otris, du podcast "Traits d'union", que je vous recommande.
16:34 Vous êtes aussi journaliste à Public Sénat.
16:36 Et puis, merci beaucoup, Marc Bassett, correspondant en France du journal El País,
16:40 de nous avoir aidés à comprendre cette campagne européenne, aussi au niveau espagnol.
16:46 Les Informer de l'Europe revient la semaine prochaine.
16:48 [Musique]

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