• il y a 7 mois
Avec Patrick Mahé, journaliste, ancien directeur général de Paris Match

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##SUD_RADIO_MEDIA-2024-05-23##

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Transcription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Exper, Gilles Gansman.
00:05 Bonjour à toutes et à tous et bonjour Gilles Gansman.
00:08 Bonjour mes experts.
00:10 Jeudi 23 mai, bienvenue aux auditeurs du service public qui nous rejoignent, puisque le service public est en grève.
00:18 Mais on est ravis de vous accueillir et tout à l'heure on sera avec Patrick Maé, grand monsieur de l'édition,
00:24 qui sera avec nous pour parler de la légende de Paris Match qui paraît chez Plon.
00:30 C'est une somme incroyable d'histoires, d'anecdotes, mais plus que d'anecdotes.
00:39 Il raconte l'ADN de ce qu'est Paris Match. On va en reparler avec lui dans un instant.
00:45 Et Gilles, on va commencer avec le zapping.
00:52 À l'occasion de notre invité, j'ai fait un zapping Paris Match, évidemment.
00:56 Alors Valérie, si Paris Match c'est le poids des mots et le choc des photos,
01:00 il faudrait aujourd'hui changer pour le choc des vidéos,
01:03 comme celle qu'on a pu voir de Greenfield où une tornade, je ne sais pas si vous avez vu ça dans les journaux,
01:09 a ravagé la ville. En ce moment, il y a beaucoup de tornades aux Etats-Unis.
01:12 C'était dans le 20h de France 2 qu'a relaté cette catastrophe.
01:15 Les dégâts du passage de la tornade sont encore plus visibles dans la petite ville de Greenfield.
01:21 Ici, les maisons ont été réduites à des tas de bois, les voitures projetées en l'air.
01:26 Les habitants choqués découvrent les ruines de leurs habitations.
01:30 Il ne reste plus rien. On peut seulement deviner qu'il y avait une maison ici.
01:36 Notre maison a aussi complètement disparu.
01:39 On ne peut même plus dire où en habiter. C'est juste fou.
01:45 Évidemment, Paris Match a souvent des pages sur les catastrophes, qu'elles soient les crashs aériens ou la météo.
01:52 Vous avez vu le Singapore Airlines ?
01:54 Oui, je ne vous l'ai pas mis, mais vous savez que j'ai très peur en avion.
01:58 Et ça ne vous inquiète pas ?
02:00 Non, parce que c'est un avion sur des milliards d'avions qui circulent.
02:04 Mais elle a raconté ça en famille en disant "C'est pas de bol, c'est tombé sur vous".
02:08 Non, non, mais ce n'est pas ça qui m'empêchera de prendre l'avion, c'est tout.
02:11 Oui, mais vous avez vu que jusqu'en 2050, il y aura de plus en plus de perturbations à cause du changement climatique.
02:17 Est-ce que vous, qui prenez plus souvent que moi l'avion, vous trouvez que ça bouge beaucoup plus qu'avant ?
02:22 Non, honnêtement non. Pas du tout.
02:26 Et en fait, la plupart des gens qui ont été blessés n'étaient pas attachés.
02:30 Et moi, j'ai toujours des doutes sur les ceintures de sécurité.
02:33 Ça, ça va changer. C'est-à-dire que je vais vraiment rester attachée pendant les vols.
02:37 Ça vous intéresse, c'est ma vie.
02:40 C'est donc LVMH, on pourra en parler avec Patrick Mailly, qui va récupérer le grand bébé de 75 ans.
02:46 On en parlera avec notre invité.
02:49 LVMH, écoutez bien l'information qui va suivre.
02:53 A privatisé la flamme olympique.
02:56 Et oui, sur le site de Soudoz, il y a une petite vidéo explicative de comment LVMH a privatisé la flamme.
03:05 Écoutez.
03:06 Privatiser la flamme olympique, c'est possible.
03:08 C'est ce que va faire LVMH, le groupe du milliardaire Bernard Arnault.
03:12 Mais vous allez voir, ça coûte une certaine somme.
03:14 Le 23 mai, entre 13h05 et 13h20, la flamme va s'écarter de la foule.
03:18 Et pendant un quart d'heure, elle ira dans une propriété privée.
03:21 Le château Cheval Blanc à Saint-Emilion, pour passer devant quelques invités triés sur le volet.
03:26 Et pourquoi ? Car le propriétaire de Cheval Blanc n'est autre que LVMH,
03:30 également sponsor premium des Jeux olympiques de Paris 2024.
03:34 Le groupe de Bernard Arnault a déboursé 150 millions d'euros pour associer son nom à l'événement.
03:38 Un partenariat validé au mois de juillet 2023, suite à, paraît-il, l'insistance d'Emmanuel Macron
03:44 pour que le groupe rejoigne l'aventure olympique.
03:47 Incroyable.
03:48 Elle va se retrouver dans une propriété privée que pour 15 minutes.
03:53 Mais voilà un des privilèges d'LVMH d'être sponsor premium.
03:58 C'est des sponsors, c'est quelque part eux.
04:00 Ils mettent beaucoup, beaucoup d'argent.
04:02 Ils vont fabriquer les costumes.
04:04 Ils feront la même chose quand elle sera à Paris, au musée de LVMH,
04:08 également où à un moment la flamme va s'écarter du chemin pour quelques invités.
04:14 Que serait Paris Match sans ces paparazzades et ces paparazzis ?
04:18 On pourra aussi en parler avec notre invité tout à l'heure.
04:21 L'un d'eux vient d'être de nouveau à la une sans fait d'armes,
04:25 à voir frapper Gérard Depardieu.
04:28 Mais pas que, vous allez voir.
04:29 Mais c'est pas un journaliste de Paris Match.
04:31 C'est pas un paparazzi.
04:32 Oui, oui, mais comme notre invité n'est pas là.
04:35 J'ai dit que serait Paris Match sans les paparazzis.
04:38 Il faut écouter.
04:40 A été frappé par Depardieu, mais pas que.
04:42 Il faut dire que Rino Barigliari, c'est son nom,
04:45 avec les stars, sa mise au point,
04:47 elle est plus souvent dans la gueule de la star que dans l'appareil photo.
04:50 Écoutez.
04:51 Il sillonne les rues de la capitale.
04:53 Toutes les générations de Romains l'ont connu.
04:56 La vie du paparazzo peut être assez rude et violente.
05:01 Dans sa longue carrière, il a été déjà 200 fois hospitalisé aux urgences
05:06 pour des bagarres.
05:07 Il a eu 11 côtes fracturées.
05:10 Et ses blessures, Barigliari s'en ventrait presque.
05:12 Il raconte fièrement ses 82 appareils photos cassés depuis le début de sa carrière.
05:17 La gifle reçue par l'astronaute américain Buzz Aldrin
05:20 ou le sodo glacé lancé par le coiffeur de Claudia Schiffer.
05:24 Son fait d'arme, c'est d'être frappé par les stars,
05:27 quand même plus que les photos.
05:30 Et ensuite, il y avait justement un célèbre paparazzi que vous connaissez,
05:34 qui était Rostin, qui disait, un paparazzi,
05:37 lui, il ne le considère pas comme un paparazzi,
05:40 parce qu'un paparazzi, c'est quelqu'un qui est caché, qu'on ne voit pas.
05:43 Il raconte dans le livre Patrick Mahé, d'ailleurs.
05:45 Il est planqué.
05:46 Et lui, son fait d'arme, c'est plutôt à chaque fois,
05:50 il va devant la star, il la prend en photo,
05:53 il la guette, il la traque, mais il ne se cache pas.
05:56 Pourquoi ? Vous savez pourquoi ?
05:57 Parce que ça donne plus de valeur à la photo.
05:59 - Ah bah oui, il y a une histoire autour.
06:02 - Tout le monde veut la photo de Depardieu,
06:04 parce que Depardieu l'a frappé.
06:05 Donc ces photos se vendent plus cher,
06:07 parce que c'est la photo qu'il a prise avant d'être frappé.
06:10 Donc il va chercher un peu la castagne.
06:13 Voilà pourquoi je parlais de mise au point avec un G, "poing".
06:17 Coutumier du fait, plus belle, non, ça sera après.
06:22 Alors, non, je vais faire ça.
06:25 Coutumier du fait, plus belle, la vie continue sa tradition
06:28 de réagir en moins de 24 heures à l'actualité.
06:31 Ah bah ça se passe à Marseille.
06:33 Alors Valérie, comment pouvait-il passer à côté
06:35 de la mort de Jean-Claude Gaudin ?
06:37 - Bien sûr.
06:38 J'ai appris pour le décès de Jean-Claude Gaudin,
06:40 je me rends compte que je ne connaissais pas cet homme, vraiment.
06:44 - Il a été député, sénateur, ministre,
06:47 président du conseil régional et maire de Marseille pendant 25 ans.
06:50 - Bien sûr.
06:52 Une vie passée au service des autres.
06:54 - Alors il était beaucoup aimé, mais beaucoup critiqué aussi.
06:57 Enfin, ça reste une référence incontournable de Marseille.
06:59 - Je comprends mieux l'émotion suscitée par son départ.
07:02 - Et vous l'aviez rencontré ?
07:04 - Non, non, non.
07:05 Mais il a laissé une telle empreinte sur l'histoire de cette ville
07:08 que ça ne m'aurait plus.
07:10 - Incroyable.
07:11 C'est vraiment un tour de force.
07:13 Il faisait la même chose quand c'était sur France 3.
07:15 - Et d'adapter à l'actualité.
07:17 - Des fans qui ont aimé la tradition, oui, absolument.
07:19 Ce France Télévision, vous en avez parlé ce matin,
07:22 est donc en grève, dans un décor minimum,
07:25 car le personnel du service public s'oppose au plan de Rachida Dati,
07:29 qui est là pour protester contre la fusion.
07:32 Le plan de Rachida Dati et de refaire l'ORTF, indirectement.
07:37 C'est-à-dire que France Télévision et France 3,
07:41 enfin toutes les chaînes de Radio France seraient...
07:44 - Sous une même direction, avec une sorte de grande holding.
07:48 - Exactement.
07:49 - Imaginons que Delphine Ernotte rassemble tout ce qui est radio, télévision.
07:53 - Tout ce qui est radio, télévision du service public.
07:55 - Ce qui est le cas à la BBC.
07:56 La BBC, c'est BBC One, BBC Two, les radios et les télévisions.
08:00 - Pourquoi ça dérange ?
08:01 - Parce que forcément, quand vous faites une fusion comme ça,
08:04 il y a des doubles emplois, voire des triples emplois.
08:07 - Parce que eux argumentent...
08:09 - La peur, c'est ça.
08:10 - Leur argument, c'est l'indépendance,
08:12 mais je ne vois pas en quoi l'indépendance serait menacée.
08:15 - Parce que si vous faites une seule rédaction qui alimente à la fois les radios et la télévision,
08:20 vous faites des coups.
08:22 Vous faites...
08:23 La TF1, c'est le cas.
08:25 Il y a une rédaction LCI, une rédaction...
08:27 Mais tout a été réuni quand même.
08:29 - Bah non, il y a une rédaction LCI et une rédaction TF1.
08:32 - Oui, mais dans les reportages, dans tout ça, il y a quand même...
08:36 - Il y a des passerelles.
08:37 - Exactement, on récupère des images et tout ça.
08:39 - Bien sûr, mais il y a une indépendance de la rédaction de LCI.
08:43 - En tout cas, du coup, ce matin, les premières images...
08:47 Et puis évidemment, la grève aujourd'hui n'est pas un hasard,
08:50 car ce soir, vous savez qu'il y a le grand débat.
08:52 - Il y a un débat Gabriel Attal-Jordan-Bardella.
08:54 - Et donc évidemment, ça avait pu être annulé,
08:57 mais France Télévisions a confirmé que les débats auraient bien lieu ce soir, malgré la grève.
09:03 - Avec des moyens privés.
09:05 Ce qui met en rage les syndicats qui estiment que c'est une provocation.
09:10 - Ah bah oui, du coup, ils ont fait appel à des prestataires
09:13 plutôt que de le faire en interne,
09:15 ce qui leur permet de diffuser le débat et de faire le débat,
09:18 alors que ça devait être produit par les équipes de France Télévisions.
09:22 En attendant, Thomas Soto, il était dans un tout petit studio ce matin,
09:26 avec des petits moyens, et voilà comment il a démarré Télématins.
09:29 - Bonjour à tous, bienvenue dans Télématins,
09:32 réveil un tout petit peu plus tardif que d'habitude,
09:34 mais on est très heureux de vous retrouver en direct.
09:36 Vous le voyez, le décor est un peu différent de votre décor habituel.
09:39 C'est en raison de la grève d'une partie des personnels de France Télévisions.
09:43 Du coup, tout à l'heure avec Marie,
09:45 on va attaquer les Jeux Olympiques de Télématins,
09:47 puisque je lui passerai le relais à 8h15,
09:49 et c'est elle qui poursuivra l'émission avec vous.
09:51 - Et donc voilà, on verra comment ce soir,
09:55 on n'est pas à l'abri, parce que ça passe quand même...
09:57 à un moment l'émission passe par la régie finale,
10:00 donc on n'est pas à l'abri d'avoir des perturbations
10:02 ou des gens, je pense qu'ils mettront ce qu'on appelle un "time delay",
10:06 c'est-à-dire un délai entre le direct,
10:08 c'est ce que fait The Voice,
10:10 entre le direct et...
10:12 - Pour prévenir des incidents qui pourraient intervenir.
10:14 - Si les techniciens arrivent avec la grève ou autre,
10:17 ça peut être compliqué.
10:19 On va voir comment ça sera géré à l'antenne.
10:22 Pour finir, hier, sur tous les médias,
10:25 on ne pouvait pas échapper à ça, vraiment,
10:27 tout le monde, les radios, les télévisions, la presse,
10:30 ont célébré les 100 ans qu'aurait eu Charles Aznavour.
10:33 Je ne sais pas si vous l'avez vu,
10:35 c'est partout, partout.
10:37 - Le président de la République lui a rendu hommage.
10:40 - Absolument.
10:41 De l'Arménie à Paris, il y aura de nombreuses célébrations,
10:44 un grand concert au Grand Rex ce samedi,
10:48 c'est un endroit à Paris.
10:50 Il y aura un intégral de son oeuvre de 100 CD,
10:53 je vous l'offrirai, Valérie,
10:55 et même un timbre à son effigie,
10:58 qui sort le 5 juin.
11:00 Et puis il y a le fameux biopic réalisé par Grand Corps Malade,
11:04 où le grand Charles sera joué par Tahar Harim.
11:07 Tout ça pour vous dire qu'on va avoir plein de plaisir,
11:10 pas forcément des modets.
11:11 - Ça, ça me plaît.
11:20 - Écoutons un peu les plaisirs des modets.
11:22 - Allez, on va recevoir dans un instant Patrick Maé,
11:25 grand patron de presse,
11:27 qui sera avec nous pour nous parler de la légende de Paris Match,
11:30 formidable livre à offrir pour la fête des mères.
11:33 - Pour la fête des mères et la fête des pères,
11:35 ça marche pour tout le monde.
11:36 75 ans de passion française,
11:38 plein d'histoires, plein d'anecdotes.
11:40 Ce qu'est Paris Match, ce qu'a été Paris Match, à tout de suite.
11:43 - L'invité du jour, c'est Patrick Maé.
11:57 Bonjour Patrick Maé, merci d'être avec nous ce matin.
12:01 Vous êtes grand patron de presse,
12:03 vous avez été à la tête de télé 7 jours,
12:05 et puis directeur général de la rédaction de Paris Match,
12:08 formé par Roger Théron.
12:10 Vous avez été un pilier de la rédaction de Paris Match,
12:13 vous êtes en charge des albums spéciaux,
12:18 des hors-série.
12:19 - Les Albums français, les Fêtes d'hiver, les hors-série.
12:21 - Vous étiez venu nous en parler.
12:23 Et là, ce matin, on va parler de la légende de Paris Match,
12:27 qui paraît chez Plon.
12:29 - Pardon, c'est une somme.
12:31 - 500 pages.
12:32 - 500 pages, alors ça se lit, ça aurait pu s'appeler
12:34 "Dictionnaire amoureux de Paris Match".
12:36 - Non, parce que ça aurait pu s'appeler
12:38 "Dictionnaire ultra amoureux de Paris Match".
12:40 - Ah, passionné !
12:42 - Passionné.
12:43 - Non mais c'est vrai que c'est passionné,
12:45 c'est passionné et passionnant,
12:47 parce que ça se dévore,
12:49 on ouvre à une page,
12:51 et on tombe sur...
12:53 Il y a combien d'entrées en tout ?
12:55 - 126.
12:56 - 126 entrées.
12:57 - Aileen Monroe, ça va à Salut.
13:01 - Brigitte Bardot.
13:02 - Brigitte Bardot, Paparazzi, Roger Théron.
13:05 Très très jolie préface de Roger Théron,
13:08 qui hélas a disparu,
13:10 mais a été le grand patron de Paris Match.
13:15 - On le surnommait "L'œil",
13:17 parce que forcément, c'était un surnom
13:19 qui lui allait comme un...
13:20 Vraiment, qui était extraordinaire.
13:22 Il avait une manière de monter le journal
13:24 presque comme un réalisateur de cinéma.
13:27 Il le montait séquence par séquence,
13:30 avec le punch, l'entrée, l'angle,
13:33 la manière de rebondir dans une séquence photo,
13:36 et ça c'était fantastique.
13:38 - Vous dites que Paris Match n'était pas gagné au départ,
13:40 vous avez appris ça dans le livre,
13:42 en fait ça marchait moyen,
13:44 et puis il y a eu un événement qui a fait que...
13:47 - La première année ça a été difficile,
13:49 parce que la formule n'existait pas d'abord.
13:51 Donc cette formule n'existait pas,
13:52 le public était à conquérir.
13:54 Et ça a duré un an.
13:56 Jean Prouvaud, qui l'avait créée en 1949
13:58 avec son associé Béguin,
14:00 s'est trouvé confronté au fait
14:02 que Béguin voulait retirer ses billes,
14:04 parce que le journal ne marchait pas tellement,
14:06 n'avait pas trouvé son public.
14:07 Et puis soudain est arrivé ce que Valérie connaît,
14:10 c'est-à-dire l'ascension de l'Anna Purna,
14:13 en 1950,
14:15 dans des conditions incroyables,
14:17 parce que les photos de cet exploit
14:19 ne sont arrivées qu'en été,
14:21 donc au cœur de la rédaction, il y a eu un débat,
14:23 mais on ne va quand même pas publier des photos
14:25 d'hommes enneigés, quasiment surgelés,
14:27 au sommet à 8000 mètres, en plein été,
14:29 alors que les gens sont sur les plages à Saint-Tropez
14:31 ou à La Bôle.
14:32 Eh bien si, a dit le rédacteur en chef,
14:34 on va quand même le faire,
14:35 parce qu'on n'a jamais vu ces photos.
14:37 Et le fait qu'on ne les avait pas vues,
14:39 le public n'avait suivi l'exploit
14:40 que par la presse quotidienne,
14:42 eh bien du coup ça a été l'événement
14:44 qui a propulsé Paris Match en tête des ventes.
14:46 - Qui a inventé le slocon, le poids des mots,
14:48 le choc des photos, j'en parlais tout à l'heure.
14:50 - Elle a vous raconté l'histoire.
14:52 - C'est un mini collectif.
14:54 En fait, ça se passe en 1976,
14:56 donc c'est dans la deuxième génération du magazine.
14:59 Le magazine est né en 1949,
15:01 et à l'époque, la formule est amusante,
15:04 parce que le patron de l'époque,
15:06 l'un des rédacteurs en chef de l'époque,
15:08 Gaston Bonheur et Raymond Castan,
15:11 ont trouvé une formule qui est intéressante,
15:13 mais qui n'est pas moderne,
15:15 mais qui dit "Paris Match, le journal
15:18 que l'on n'oublie pas dans les trains".
15:20 Ce qui voulait dire beaucoup de choses.
15:22 - C'est génial, je ne connaissais pas comme slogan.
15:24 - Ça voulait dire beaucoup de choses,
15:26 c'est-à-dire que les familles le gardaient,
15:28 le passaient, le transmettaient.
15:30 Mais évidemment, quand en 1976,
15:32 Daniel Filippacchi a racheté,
15:34 a acheté en fait le journal,
15:36 où il avait été photographe dès 1949,
15:38 et qu'il a rappelé au Roger Théron
15:40 qui était à Paris Match en 1949,
15:42 mais qui était parti quelque temps à l'Express,
15:44 penser à rénover, à faire de la modernité.
15:46 Il y a eu un petit brainstorming,
15:48 comme disent nos amis anglo-saxons,
15:50 et de ce brainstorming est sorti
15:52 le poids des mots pour l'écriture
15:54 et le choc des photos.
15:56 Mais le choc des photos, si vous le permettez,
15:58 a une petite anecdote.
16:00 Simplement, le poids des mots, c'était gagné.
16:02 C'était clair, c'était gagné.
16:04 Et puis un jour, un directeur artistique,
16:06 un peu fâché par le fait qu'un de ses maquettistes
16:08 partent trop tôt dans la nuit du bouclage,
16:10 avait roulé les maquettes en boule,
16:12 il allait les jeter comme ça à la figure.
16:14 Tu te dis "Ah bah, mais pourquoi ?"
16:16 Et Roger Théron, ouvrant la porte à 3h du matin,
16:18 à cet instant, l'a dit
16:20 "Oh mais Guy, mais ça c'est le choc des photos !"
16:22 Et c'est ainsi qu'est né
16:24 le poids des mots, le choc des photos.
16:26 - Est-ce qu'aujourd'hui la photo n'a pas été remplacée
16:28 par les vidéos,
16:30 à la fois par Instagram, par TikTok ?
16:32 - Oui, il y a forcément eu des vidéos.
16:34 - Est-ce qu'aujourd'hui,
16:36 la photo a encore une force ?
16:38 Tout à l'heure je parlais, souvent vous avez mis des crashs
16:40 ou des cataclysmes, tout à l'heure je parlais
16:42 de ce qui se passe en ce moment aux Etats-Unis,
16:44 avec les tornades. Est-ce qu'une vidéo
16:46 des tornades n'est pas plus impressionnante qu'une photo
16:48 de tornade ? - Écoutez,
16:50 on a beaucoup pensé
16:52 que la télévision allait tuer
16:54 la radio par exemple. Eh bien la télévision
16:56 n'a pas tué la radio, et même au contraire.
16:58 On a même plaisir à écouter la radio.
17:00 On a beaucoup pensé que la télévision
17:02 allait tuer les magazines de photos.
17:04 Mais pas du tout, la photo a continué.
17:06 La différence entre l'événement
17:08 que vous évoquez et
17:10 le traitement dans un magazine tel que
17:12 Paris Match ou Naguère Life aux Etats-Unis,
17:14 c'est que, au lieu
17:16 de raconter, de saisir un instantané
17:18 qui va créer un choc émotionnel,
17:20 eh bien le magazine
17:22 va raconter une histoire.
17:24 Il va la mettre en scène, la raconter
17:26 avec un A et avec un Z.
17:28 Et de ce point de vue là, le lecteur
17:30 trouve autre chose que l'instantanéité.
17:32 - Alors il y a un article,
17:34 une entrée qui s'appelle "Coiffeur".
17:36 Alors ça m'a beaucoup
17:38 amusé, parce que
17:40 c'est marrant parce qu'il y a une auditrice qui me dit
17:42 "Moi je lis pas Paris Match".
17:44 Donc personne ne lit Paris Match, mais
17:46 le journal se vendait en moyenne à 1 million
17:48 de 100 000 exemplaires.
17:50 Donc c'était
17:52 Irène Frein, c'est ça qui avait dit
17:54 "Voyons, il y aurait donc
17:56 1 million de salons de coiffure en France, diantre,
17:58 voilà que les Français sont bien coiffés".
18:00 - Oui, parce qu'en France il y en a 100 000.
18:02 Il faut quand même savoir qu'il y a 100 000 salons de coiffure en France
18:04 approximativement, et que
18:06 tous les gens qui disent "Moi je lis pas Paris Match,
18:08 je lis chez le coiffeur", bah effectivement
18:10 Irène Frein a eu raison de souligner
18:12 que dans ces cas-là, il aurait fallu qu'il y ait autant
18:14 de salons de coiffure. - Et puis ce formidable
18:16 extrait de Paul Morand,
18:18 dans "La Parisienne",
18:20 qui citait Paris Match,
18:22 racontait cette...
18:24 Alors il dit
18:26 "Le snob royal n'est pas mort,
18:28 il est plus vivant que jamais, il achète Match
18:30 et Jour de France, il vient s'écraser le nez
18:32 sur leurs photos en couleur comme l'affamé
18:34 à la devanture des grands restaurants",
18:36 et il critiquait d'une certaine manière l'intérêt
18:38 qu'on peut avoir pour les familles royales.
18:40 - C'est exact, mais il faut se souvenir qu'à l'époque
18:42 il y avait autre chose, c'est que les gens
18:44 étaient en fil
18:46 et faisaient la queue devant les magasins
18:48 qui vendaient des téléviseurs.
18:50 Et ils n'avaient pas de son, ils avaient une image en noir et blanc
18:52 à travers la vitre du marchand des téléviseurs.
18:54 C'est encore autre chose.
18:56 Là il s'écrasait vraiment le nez sur la vitre.
18:58 - Paris Match
19:00 est un journal qui est très facile,
19:02 les hommes politiques en intimité ou les présidents,
19:04 moi je me suis demandé, c'est vrai que
19:06 par rapport au Nouvelle Hopse ou au Point
19:08 ou d'autres journaux, est-ce que Paris Match
19:10 avait une tendance de gauche ou de droite ?
19:12 On ne peut pas définir une tendance chez Paris Match.
19:14 - Non pas du tout, justement, c'est ça qui est intéressant.
19:16 D'ailleurs j'ai fait une entrée particulière
19:18 à l'être P sur politique,
19:20 pour expliquer justement que
19:22 ce journal n'a pas d'orientation politique
19:24 définie.
19:26 Il est toujours dans l'air du temps
19:28 et il s'accroche à tout ce qui peut
19:30 intéresser les lecteurs dans leur globalité.
19:32 Parce que c'est un journal qui est rassembleur,
19:34 qui est fédérateur.
19:36 Et donc évidemment les hommes politiques
19:38 ou les femmes politiques sont
19:40 traités avec un angle plus
19:42 intime, plus intimiste.
19:44 Mais ça c'est aussi l'école américaine.
19:46 - C'est quoi qui dit avec les enfants ?
19:48 - Mais la France n'était pas en retard.
19:50 Parce que
19:52 je pense à Walter Caron par exemple,
19:54 qui est un très grand photographe de Paris Match,
19:56 il avait fait
19:58 en photo
20:00 les enfants d'un président de la République
20:02 en 1948.
20:04 Les petits-enfants
20:06 qui disputaient
20:08 un faux match de boxe contre Marcel Serdan.
20:10 Déjà on entrait dans cette
20:12 sorte de pipolisation.
20:14 Donc la rédaction en plus de matchs a cet
20:16 avantage par rapport à beaucoup d'autres
20:18 dans le recrutement, c'était très disparate.
20:20 En fait on retrouvait un peu
20:22 toutes les tendances. Et tout ça, comme on aurait dit
20:24 Maurice Chevalier, ça peut être excellent.
20:26 Non pas français, mais Paris Match.
20:28 - Mais quand Edouard Philippe, qui est discret,
20:30 qui pose avec sa femme,
20:32 ses enfants, c'est à but électorat,
20:34 qu'est-ce qui fait qu'ils acceptent
20:36 d'être dans Paris Match ? - On pense à Ségolène Royal
20:38 et à son accouchement.
20:40 On pense à NKM
20:42 en inf
20:44 allongée. - Ah oui c'est vrai ça aussi !
20:46 - Il y avait eu des photos quand même avec des mises en scène
20:48 assez incroyables. - Oui c'est vrai, mais
20:50 justement je pense que
20:52 on ne va pas se mettre à la place d'Edouard Philippe ou des autres.
20:54 Mais pour eux,
20:56 apparaître dans Paris Match d'une manière plus détendue
20:58 et plus intime
21:00 que dans un discours officiel,
21:02 une rencontre officielle, ça a un intérêt
21:04 parce que les gens peuvent s'identifier
21:06 à leur propre vie.
21:08 Par exemple
21:10 Baladur, je me souviens de Baladur,
21:12 avec ses magnifiques chaussettes
21:14 cardinales,
21:16 et Laurent Fabius revenant
21:18 avec ses croissants dans la rue et ses chaussons.
21:20 Bon ben d'un seul coup, le
21:22 Kidam de base, qui voit comme ça
21:24 passer ses photos, se dit "Ah bah tiens moi aussi,
21:26 quand je change mes croissants, je suis aussi en pantoufles."
21:28 - Il y a une entrée à poubelle.
21:30 - Oui, ça c'est une entrée
21:32 à poubelle, mais c'est parce que en fait
21:34 c'est l'histoire, c'est l'oeuvre, on peut dire l'oeuvre
21:36 de deux paparazzi,
21:38 Pascal Rostin et Bruno Mouron,
21:40 archi connus du monde des paparazzi,
21:42 qui sur une...
21:44 sur une...
21:46 pas une idée vraiment, mais
21:48 en sortant de chez Gainsbourg un soir,
21:50 rue de Verneuil,
21:52 avaient découvert une poubelle qui était un peu
21:54 renversée, et en fouillant dedans par
21:56 terre ce qui traînait, ça leur a donné une idée.
21:58 - Oui parce qu'ils disaient "Il n'y a rien
22:00 dans la poubelle pour Paris Match", puis d'un seul coup
22:02 en étalant tout par terre, ils se disent
22:04 "Mais c'est une formidable nature morte", et ils en ont fait
22:06 une oeuvre d'art. - Et Daniel Philippe Aki,
22:08 qui est un très très grand patron de presse,
22:10 leur dit "Mais les gars, vous vous rendez pas compte,
22:12 vous touchez là un sujet méconnu,
22:14 mais qui peut faire un tabac."
22:16 Et c'est ainsi qu'ils sont partis
22:18 où ? A Hollywood, et ils ont fait
22:20 les poubelles des stars d'Hollywood.
22:22 - Qui a fait le plus souvent la couverture
22:24 de match ? - Johnny Hallyday.
22:26 - Ah ouais ? - C'est Johnny Hallyday qui,
22:28 depuis 1962, sa première couverture,
22:30 et elle est très drôle cette couverture, parce que c'est son
22:32 premier Olympia, et alors qu'on peut
22:34 s'attendre à le voir en bouson de cuir à la Vince Taylor,
22:36 pas du tout, il a une petite
22:38 chemise à boutons, et une cravate
22:40 Hermès, c'est quand même extraordinaire.
22:42 - Donc Johnny Hallyday... - 85 couvertures.
22:44 - Et après, la famille de Monaco ?
22:46 - La famille de Monaco, pas mal, la famille
22:48 d'Angleterre, la famille d'Angleterre encore plus.
22:50 Diana,
22:52 naturellement, il y a un petit scoop dans le livre
22:54 d'ailleurs d'Irene Frein qui nous a confié,
22:56 elle avait jamais
22:58 écrit sur sa première impression de
23:00 Diana, lors du dîner à l'Elysée
23:02 quand elle était venue, où
23:04 elle avait perçu, elle était juste en face d'elle,
23:06 toutes ses fragilités.
23:08 Elle s'était aperçue des fragilités psychologiques
23:10 qu'elle nous avait racontées
23:12 au retour de ce dîner,
23:14 mais qu'on n'avait pas traité à l'époque, c'était trop tendre,
23:16 et puis là, maintenant, pour le livre, elle me l'a offert.
23:18 - Elle vous l'a raconté. - Quel est le
23:20 scoop ou le secret qui n'a jamais été révélé
23:22 par Paris Match ?
23:24 Vous vous avez dit
23:26 "on publie pas".
23:28 C'est formidable, mais on publie pas.
23:30 - Par exemple,
23:32 un faux scoop, en fait, on peut dire un faux,
23:34 un montage, sur lequel on a eu les plus
23:36 grands doutes, heureusement d'ailleurs,
23:38 attribué à Albert Spagiarri,
23:40 qui s'est grimé,
23:42 se serait grimé, au Brésil,
23:44 en faux Dr Mengele,
23:46 par exemple, et sur un doute pareil,
23:48 la responsabilité de publier
23:50 est flagrante, et on dit "non, stop, ça c'est trop,
23:52 ça c'est too much". Mais en revanche,
23:54 il y a d'autres photos qui restaient un petit peu
23:56 à l'écart,
23:58 et qui pouvaient sortir plus tard,
24:00 par exemple, dans l'histoire de Mazarine Pinjot,
24:02 et la révélation de son existence. Les photos étaient là
24:04 depuis, déjà, très en amont,
24:06 par rapport à la publication.
24:08 - On va marquer une pause, c'est passionnant,
24:10 75 ans de
24:12 passion française, c'est Paris Match,
24:14 la légende de Paris Match, qui paraît chez Plon,
24:16 Patrick Mahé, merci d'être avec nous,
24:18 et je rappelle qu'il y a un salon du livre à Vannes,
24:20 que vous organisez ce week-end,
24:22 si vous êtes dans la région, en Bretagne,
24:24 allez-y, on se retrouve dans un instant.
24:26 (Générique)
24:28 - Le 10h30,
24:30 Sud Radio Média,
24:32 Valérie Expert, Gilles Gansman,
24:34 Sud Radio,
24:36 le supplément média. - Le supplément
24:38 média avec notre invité aujourd'hui,
24:40 Patrick Mahé, directeur-ex-directeur
24:42 général de la rédaction de
24:44 Paris Match, vous y êtes resté
24:46 20 ans ? - Plus que ça, encore.
24:48 - Et ça vous manque pas ?
24:50 - Je pense à Match tous les matins,
24:52 et je m'endors tous les soirs en pensant à Paris Match,
24:54 évidemment, c'est une deuxième
24:56 famille, comme on le dit.
24:58 - Vous publiez la légende de Paris Match
25:00 aux éditions Plon, je rappelle que si vous
25:02 cherchez des idées de cadeaux de fête des mères et des pères,
25:04 c'est une excellente idée, parce que
25:06 ça plaît à tout le monde, vraiment,
25:08 Match, ça fait partie de notre ADN, d'ailleurs, il y a une
25:10 entrée ADN dans le livre,
25:12 ça fait partie de notre ADN, de notre vie,
25:14 75 ans, on a tous
25:16 connu Paris Match,
25:18 et c'est une multitude d'histoires,
25:20 d'histoires de vie,
25:22 c'est ce que j'ai trouvé assez intéressant,
25:24 c'est plus que des anecdotes, parce que ça raconte
25:26 la France, ça raconte une époque aussi
25:28 du journalisme, des grands noms
25:30 du journalisme, des photographes
25:32 aussi,
25:34 juste une parenthèse pour dire que vous habitez
25:36 Havan désormais, et que vous organisez un salon
25:38 du livre ce week-end, c'est important de parler des livres
25:40 et des auteurs, il y aura Tatiana Dronem,
25:42 Marc Lévy,
25:44 Grosjean Thau ?
25:46 - Dominique Grosjean Thau, oui.
25:48 - Dominique Grosjean Thau a écrit un livre très sympa
25:50 qui s'appelle "Foot sentimental",
25:52 ça lui va bien, d'ailleurs. - Ah c'est joli, comme titre.
25:54 - Ça lui va bien, et donc
25:56 notre invité, il est très intéressant,
25:58 moi je l'ai vu, je l'ai connu, il y a très longtemps,
26:00 je l'ai connu à ses débuts, Dominique Grosjean Thau.
26:02 - Quelle légende ! - Moi j'étais
26:04 à Glasgow, quand il y a eu les Verts,
26:06 quand on était battus à Glasgow, j'étais à Liverpool, tout ça,
26:08 avec lui je le connais par cœur, et en plus comme il a cette passion
26:10 pour la musique,
26:12 il adore une éthique, c'est un garçon qui a une éthique,
26:14 et en plus il a une passion pour la musique, ça peut donner une table
26:16 ronde, une rencontre très intéressante, et très variée.
26:18 - Super, donc il faut aller
26:20 à Vannes, j'avais une question
26:22 sur les
26:24 paparazzis justement,
26:26 c'est-à-dire, est-ce qu'il y a des paparazzades, c'est-à-dire,
26:28 est-ce qu'il y a eu des faux sujets montés
26:30 à votre connaissance ?
26:32 - Ben disons que les paparazzis vont pas
26:34 nous l'avouer, mais
26:36 quand ils apportent un sujet et qu'ils viennent le
26:38 proposer, en général
26:40 c'est d'abord des vrais planques,
26:42 des vrais, de vrais, de vrais, mais
26:44 il peut arriver qu'il y ait des accords parfois avec des gens
26:46 qui se prêtent à ce qu'on appelle une fausse planque,
26:48 ça peut aussi arriver.
26:50 En revanche, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a même
26:52 des planques accidentelles,
26:54 l'histoire de Mazarine est une histoire
26:56 accidentelle, les paparazzis
26:58 sont pas du tout sur la piste de
27:00 Mazarine-Pinjot, ils sont sur la piste
27:02 d'Isabella Gianni qui est en chagrin d'amour,
27:04 et c'est une commerçante du quartier
27:06 par son fils, qui va les mettre sur la
27:08 piste de Mazarine-Pinjot,
27:10 c'est donc le scoop accidentel qui devient
27:12 un événement considérable.
27:14 - Donc les photos n'étaient pas connues depuis si longtemps
27:16 que ça ? L'histoire était connue ou pas ?
27:18 - L'histoire était connue,
27:20 c'était d'ailleurs de bons tons de se la raconter
27:22 dans les dîners en ville,
27:24 Françoise Giroux aux éditions Mazarine
27:26 en avait fait d'ailleurs une histoire,
27:28 qui a débouché sur un film,
27:30 et donc c'était quand même de bons tons de se raconter ça.
27:32 Mais le public, le grand public, ignorait
27:34 cette histoire-là.
27:36 Les photos ont été prises en été,
27:38 elles n'ont été publiées qu'à la Toussaint,
27:40 il y a eu une espèce de laps de temps,
27:42 de temps de négocier un petit peu un accord
27:44 tacite avec François Mitterrand,
27:46 qui en fait a donné un feu vert sans le donner,
27:48 mais tout en le donnant, en disant
27:50 "la presse sait ce qu'elle a à faire",
27:52 et dès lors ça validait
27:54 le désir ou le besoin qu'il avait lui-même
27:56 de pouvoir présenter Mazarine,
27:58 qui sortait de l'ombre, de l'obscurité,
28:00 de la protection exagérée,
28:02 à la lumière. - Alors imaginez, Patrick,
28:04 vous êtes à Vannes, vous êtes avec votre maîtresse
28:06 dans un transat, vous êtes en train
28:08 de l'embrasser langoureusement,
28:10 et le lendemain, les photos sont dans la presse,
28:12 Patrick Mahé, sa maîtresse
28:14 sur le transat en plan, en Bretagne.
28:16 - C'est vraiment sympa pour ma femme
28:18 qui écoute l'émission en ce moment.
28:20 Je vous remercie beaucoup.
28:22 - Est-ce que vous... - Si tu nous entends, franchement...
28:24 - C'est une dystopie.
28:26 - Comment vous le vivriez ?
28:28 Est-ce que vous comprenez
28:30 la haine qu'on peut avoir contre les paparazzis
28:32 quand on est connu ?
28:34 - Mais il y a paparazzade et paparazzade.
28:36 C'est évidemment que la loi,
28:38 d'ailleurs, protège la vie privée.
28:40 C'est l'article 9 du code pénal.
28:42 Ça s'appelle "intimité de la vie privée".
28:44 Donc si vous entrez
28:46 exagérément par effraction,
28:48 ce que vous comptez comme histoire,
28:50 c'est une effraction. - Oui, vous savez que les journaux ont une cagnotte.
28:52 Alors peut-être pas par image, mais voici...
28:54 - Il y a des limites à la cagnotte quand même.
28:56 Parce que d'abord, en plus, si vous faites ça
28:58 une fois, ça peut peut-être passer,
29:00 trois fois, bonjour les gars.
29:02 Et après, vos relations avec le reste du monde,
29:04 elles sont altérées.
29:06 Donc c'est un jeu trop dangereux et on s'y prête pas.
29:08 - Donc les paparazzis,
29:10 c'est pas la cam de...
29:12 - Les paparazzis font un travail.
29:14 Ça dépend ce qu'ils font.
29:16 Par exemple, une histoire que je trouve
29:18 très très bonne, c'est Sojenecine.
29:20 Quand tout le monde court après Sojenecine,
29:22 l'archipel du Goulag,
29:24 et que même les paparazzis américains
29:26 n'osent même pas pénétrer
29:28 dans l'univers où il est un peu...
29:30 non pas reclus, mais il vit au fin fond
29:32 d'une forêt, Pascal Rostin
29:34 que c'est Valéry, il voit une belle
29:36 pancarte "No trespassing", interdit de passer.
29:38 Qu'est-ce qu'il fait ? Il passe.
29:40 Il dit "je parle pas anglais". Il ramène les photos.
29:42 Ça, c'est une paparazzade intéressante
29:44 parce que d'abord, ça montre quelqu'un
29:46 que tout le monde veut voir
29:48 à cet instant-là, l'instant T,
29:50 auquel personne n'a accès
29:52 et on le voit dans sa grande
29:54 solitude dans cette forêt nord-américaine.
29:56 C'est une paparazzade intéressante.
29:58 - Et les photos de Mitterrand mort sur son lit ?
30:00 C'était vous ou pas ? - Ça, c'est une autre histoire
30:02 - Vous étiez pas trop, à ce moment-là ?
30:04 - dont le secret n'est pas percé.
30:06 - Vous, vous le savez.
30:08 - Ce que j'aime beaucoup, c'est que
30:10 il y a d'abord très peu de gens qui sont au courant
30:12 mais la dernière fois que quelqu'un
30:14 en a parlé vraiment, c'est Roger Théron
30:16 lui-même, au micro de
30:18 Guillaume Durand à la télévision.
30:20 Guillaume Durand lui a posé la question
30:22 "Roger Théron, vous savez
30:24 qui a fait la photo de Mitterrand
30:26 sur son lit de mort ? Oui !
30:28 Vous pouvez nous le dire ?"
30:30 Non ! - Fallait la publier ?
30:32 - Absolument, c'est une photo
30:34 d'abord, c'est une très belle photo
30:36 quand on la regarde, c'est un gisant
30:38 comme tous les grands gisants d'histoire
30:40 les grands gisants d'histoire
30:42 Victor Hugo, par exemple
30:44 moi j'ai un tirage d'une photo
30:46 historique de Victor Hugo
30:48 - Mais c'est pas un viol de la vie intime ?
30:50 - C'est un viol de la famille.
30:52 Tous les papes, Pidouze et les autres
30:54 on les voit porter avec une
30:56 foule en... extatique ?
30:58 - Oui mais ils ont été...
31:00 c'est pas sur un moment intime, ils ont été préparés
31:02 - Oui mais là
31:04 la photo ne posait pas
31:06 de problème visuel
31:08 désagréable
31:10 il n'y avait pas de choses moches
31:12 elle était même
31:14 on peut le dire dans sa dignité
31:16 elle était très esthétique
31:18 et en fait ça le fait aussi entrer dans l'histoire de cette manière là
31:20 ça le rend quelque part immortel
31:22 - Paris Match vient d'être racheté par
31:24 LVMH, ça a été annoncé
31:26 hier, la transaction va se
31:28 faire, c'est une page
31:30 qui se tourne pour Paris Match
31:32 peut-être une question difficile
31:34 pour vous, parce que vous parlez
31:36 d'Arnaud Lagardère
31:38 quand vous voyez ce qu'est devenu l'Empire Lagardère
31:40 qu'est-ce que ça vous inspire
31:42 avec cet homme
31:44 Jean-Luc Lagardère qui avait créé
31:46 un empire de presse qui aujourd'hui est
31:48 totalement démantelé, est-ce que ça vous fait
31:50 de la peine ? Est-ce que vous vous dites
31:52 c'est la vie ?
31:54 - Moi je ne percevais pas quand j'étais
31:56 à Paris Match rédacteur en chef
31:58 l'idée d'être au sein d'un empire
32:00 j'étais à Paris Match
32:02 et à Paris Match c'était
32:04 ma petite patrie
32:06 et de ce point de vue là je suis toujours resté
32:08 dans le même état d'esprit
32:10 Arnaud Lagardère m'a fait l'honneur de me confier
32:12 les clés de Paris Match
32:14 en tant que directeur général de rédaction pendant
32:16 les deux dernières années que j'ai passées
32:18 donc je l'en remercie vivement
32:20 d'ailleurs dès le début du livre
32:22 - C'est pour ça que je vous dis que c'est une question peut-être compliquée
32:24 - Et donc je reste
32:26 moi attaché à
32:28 cette petite patrie que j'évoquais
32:30 et ce livre que je viens de faire
32:32 cette légende de Paris Match pour moi
32:34 si Edith Piaf était là ce serait un hymne à l'amour
32:36 - Oui oui c'est ça
32:38 - C'est exactement ça, qui alors tout à l'heure
32:40 j'ai demandé le slogan, vous m'avez raconté le secret du slogan
32:42 mais qui a eu l'idée d'appeler ça
32:44 Paris Match et pourquoi le mot Paris
32:46 qui pouvait être excluant pour la province
32:48 je trouve
32:50 - Alors curieusement non
32:52 puisque 80% des acheteurs
32:54 et des lecteurs de match sont des gens
32:56 qui vivent dans nos pays, dans nos territoires
32:58 dans nos terroirs, dans nos provinces
33:00 alors le mot match
33:02 existait avant-guerre, ce journal
33:04 d'avant-guerre était un supplément sportif
33:06 d'un quotidien, le quotidien
33:08 l'intransigeant, que Jean Prouveau
33:10 grand industriel du nord
33:12 avait acheté en 1936
33:14 de mémoire
33:16 et la guerre a interrompu
33:18 le parcours de match qui déjà
33:20 vendait énormément de copies
33:22 à l'époque - Mais qui était comme l'équipe
33:24 - Au début c'était comme l'équipe
33:26 un supplément de sport
33:28 mais Jean Prouveau en l'ayant racheté
33:30 a fait de match un journal d'information
33:32 déjà axé sur la photo
33:34 toujours dans l'exemple américain de Life
33:36 il avait ça en tête, et puis la guerre
33:38 est arrivée, les affaires se sont
33:40 bien entendu arrêtées
33:42 et c'est seulement en 49
33:44 que Jean Prouveau a recréé
33:46 son journal disparu
33:48 et qu'il a appelé Paris Match pour le distinguer
33:50 dans cette
33:52 renaissance éditoriale
33:54 - Puis Paris venait d'être libéré peut-être aussi
33:56 - On vous rendait hommage aussi
33:58 aux dessinateurs
34:00 qui ont jalonné la vie de Paris Match
34:02 Sanpé en particulier, qui jusqu'à la fin de sa vie
34:04 - Oui parce que quand Sanpé
34:06 Sanpé était le plus
34:08 ancien d'entre nous, en fin de compte
34:10 jusqu'à la fin de sa vie
34:12 il était aussi un très grand dessinateur de New Yorker
34:14 aux Etats-Unis
34:16 mais très curieusement, quand il est
34:18 parti, on a beaucoup plus parlé de New Yorker que de
34:20 Paris Match, alors qu'il était un fidèle
34:22 pilier de Paris Match, et au niveau des
34:24 dessinateurs, une petite anecdote quand même que j'aime bien
34:26 de temps en temps citer
34:28 vous savez que dans les bijoux de la Castafior
34:30 de Hergé, Tintin
34:32 il y a un héros qui est un journaliste
34:34 qui s'appelle Walter Risotto
34:36 c'est le nom qu'on lui a donné
34:38 et en fait c'est un nom qu'a inventé Hergé
34:40 à travers Walter Caron
34:42 le photographe Walter Caron et
34:44 Willy Rizzo, autre photographe de Paris Match
34:46 il a fait Walter Risotto
34:48 - Ah, formidable, donc il y a les photographes, il y a les dessinateurs
34:50 il y a les enquêteurs parce que c'est aussi
34:52 les grandes histoires
34:54 l'affaire Grégory, c'est... - Oh là, Jean Quaire
34:56 - Jean Quaire, absolument - Phénoménal Jean Quaire
34:58 - Il y a énormément de... - Jean-Michel
35:00 Karadex, Terrain aussi
35:02 et puis les grands noms comme
35:04 Philippe Labraud, comme
35:06 Jean Cot, Jean Cot en est présent bien sûr
35:08 dans le livre - Il y a tellement de choses
35:10 à dire, à raconter - Irène Fon, dont vous avez parlé
35:12 - Tellement de choses, oui, de grandes
35:14 signatures - Et quelques bretons comme Olivier Lecoeur-Sauzon
35:16 Yann Quelfelec, Irène Fon - Oui, j'ai vu ça
35:18 j'ai vu passer, je me suis dit tiens
35:20 - Et puis, alors nous on l'a reçu ici, j'ai eu un coup de coeur
35:22 pour elle, j'ai oublié son prénom
35:24 donc je veux dire Picottzi
35:26 - Il a les cités, mais moi aussi
35:28 - Oui, il est Picottzi, spécialiste du pape
35:30 et je conseille le livre
35:32 de Dany Jucot
35:34 J'avais une maison à Lecente, je ne sais pas
35:36 si vous l'avez lu, c'est
35:38 formidable, c'est chez Stock, c'est un livre
35:40 - Et Agathe Godard aussi, toussoirs
35:42 - On va faire
35:44 une chaîne Paris Match
35:46 Merci d'avoir été avec nous
35:48 Patrick Maé ce matin, je rappelle donc
35:50 La légende de Paris Match, 500 pages
35:52 mais ça se dévorce, c'est une sorte
35:54 de dictionnaire très très amoureux
35:56 de ce qu'est, de ce qu'a été
35:58 mais de ce qui est toujours Match, qui reste
36:00 le journal des enquêtes, des photos
36:02 qui reste fidèle
36:04 à son ADN
36:06 et puis allez à Vannes ce week-end pour le salon du livre
36:08 Tatiana Dronet, Marc Lévy, Laurent Gounel
36:10 Rocheteau, vous nous l'avez dit
36:12 et bien d'autres auteurs
36:14 Merci Patrick Maé, nous on se retrouve dans un instant
36:16 pour commenter l'actualité

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