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Delphine et Carole, insoumuses est un film documentaire français réalisé par Callisto McNulty et sorti en 2021. Le film retrace l'histoire de Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos, deux figures majeures du féminisme français des années 1970 et 1980.

Seyrig, actrice renommée, et Roussopoulos, militante féministe, se sont associées pour créer des vidéos militantes qui contestaient les représentations dominantes des femmes dans les médias et la société. Leur travail pionnier a contribué à donner une voix aux femmes et à faire avancer la cause féministe.

Le documentaire utilise des extraits d'archives rares, des entretiens et des reconstitutions pour raconter l'histoire de Seyrig et Roussopoulos. Il explore leurs contributions au féminisme vidéo, leur activisme politique et leur amitié profonde.

Delphine et Carole, insoumuses est un film important qui met en lumière le travail de deux femmes remarquables qui ont eu un impact profond sur le mouvement féministe.** C'est un film inspirant qui plaira à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du féminisme, à l'activisme politique et au pouvoir du cinéma.

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Transcription
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00:02:18 Alors Delphine, pour arrondir les fins de mois, je faisais des stages vidéo le vendredi soir, samedi, dimanche,
00:02:28 pour 200 francs, je me rappelle de l'époque, 200 francs français, pour 6 femmes.
00:02:34 Et un jour on avait un petit local déjà dans le 14ème, Rue Paulite-Main-de-Ronde,
00:02:39 il y a deux femmes qui ont frappé à la porte pour demander si elles pouvaient s'inscrire au stage.
00:02:44 Je leur ai dit très bien, j'aurais demandé leur nom, elles m'ont demandé si je voulais une avance ou pas,
00:02:50 j'aurais dit non, c'est pas la peine, vous paierez en venant.
00:02:53 Et donc elles ont participé au stage le week-end suivant.
00:02:58 Et moi j'avais vu le nom de Delphine Sarig, mais inculte comme j'étais, je ne sais absolument pas qui c'était.
00:03:05 Et c'est pendant le stage, une des stagiaires complètement choquée me dit
00:03:12 "Mais tu sais pas qui est parmi nous ?" Je lui dis "Ben non."
00:03:16 Elle me dit "Delphine Sarig ?" Je lui dis "Ben oui."
00:03:18 Elle me dit "Mais tu sais pas qui c'est ?" Je lui dis "Non."
00:03:21 Mais effectivement je pense que de ne pas l'avoir connue ou reconnue,
00:03:34 je pense que ça a été un élément positif dans notre rencontre.
00:03:39 Parce que les femmes étaient tétanisées par Delphine, Delphine, Delphine...
00:03:43 Eh bien allons-y carrément. Soyons exigeantes. Demandez-lui une robe plus brillante, moins commune.
00:03:53 Une robe couleur de lune, nous verrons bien. Allez-y sur le champ.
00:03:59 [Musique]
00:04:09 [Applaudissements]
00:04:13 [Musique]
00:04:30 [Bruits de pas]
00:04:39 [Parle en allemand]
00:04:44 Féminin. Féminine. Qui est propre à la femme. Organisme féminin.
00:04:52 Grâce féminine. Charme féminin. Voir féminité. L'intelligence féminine. L'internel féminin.
00:05:05 L'éternel féminin. Passe à masculin.
00:05:08 Masculin. Qui est propre à l'homme. Elle est assez belle mais trop masculine. Courage masculin.
00:05:18 Très vite Delphine avait compris l'utilisation de la vidéo, l'utilisation subversive de la vidéo.
00:05:27 Et voilà, on est resté... on est devenu copine après ce stage.
00:05:33 Et on a commencé avec Johanna et quelques autres à travailler ensemble.
00:05:38 On a chacune nos raisons de faire la vidéo.
00:05:42 Moi je crois principalement parce que je suis une actrice et que j'interprète toujours les choses des autres.
00:05:48 Et que j'aime bien de temps en temps avoir une expression à moi et dire ce que moi je pense de certaines choses.
00:05:55 Ou de traiter des sujets qui moi m'intéressent.
00:05:58 - Sous mon corps un peu. - Attends mais j'ai pas le même cadre dans la...
00:06:03 Voilà.
00:06:04 Un tout petit peu le poing.
00:06:11 Quelqu'un dans la lumière.
00:06:13 - Désouvre un peu Delphine parce que tu lui coupes le menton. - Oui oui mais...
00:06:17 Voilà.
00:06:19 Delphine Sery vous mêlez dans votre carrière théâtre et cinéma.
00:06:23 Théâtre avec Tchekhov, Tourgueniev, Beckett, Pinter ou Arabal.
00:06:26 Cinéma avec Buñuel, Truffaut mais aussi des femmes comme Marguerite Duras, Chantal Ackerman ou Liliane de Kermadec.
00:06:32 Elle vous a fait une réputation d'intellectuelle, c'est peut-être pour ça.
00:06:36 Parce que vous avez joué des auteurs difficiles, des registres d'avant-garde.
00:06:39 Quand on dit intellectuelle on prononce ce mot à tort et à travers.
00:06:41 Moi je ne suis pas une intellectuelle, je n'ai pas de certificat d'études, je n'ai pas de bachot.
00:06:45 - J'ai lu les trois Monsteau. - C'est pas une règle.
00:06:47 - J'ai beaucoup lu dans ma jeunesse. - C'est tout.
00:06:49 Je ne suis pas une personne dont la vie est de lire et dont la vie est d'écrire, de lire, de se renseigner sur les choses de l'esprit.
00:06:58 Moi je suis une actrice et c'est bien nouveau que les acteurs puissent passer pour des intellectuels.
00:07:05 Comment avez-vous pu vous intégrer dans la vie d'une actrice ?
00:07:10 Moi j'étais tout sauf une cinéphile.
00:07:14 Et d'une certaine manière je pense que c'est ce qui m'a aidée à ne pas être complexée par des très beaux auteurs, etc.
00:07:22 Ou peut-être qui auraient pu me bloquer.
00:07:24 Et donc je n'avais absolument pas l'intention de faire du cinéma ou la vidéo, je n'en avais jamais entendu parler.
00:07:30 Et donc je travaillais pendant trois ans dans un journal très sophistiqué, vogue.
00:07:38 Où j'ai quand même appris la beauté des tirages photos, de la pression, du papier, etc.
00:07:48 Une certaine rigueur.
00:07:50 Au bout de trois ans j'ai été virée pour une raison très injuste.
00:07:54 Et le jour où je suis partie en larmes, donc à 24 ans, en ayant juste ce qu'on appelle la maturité, le bac, pas de diplôme, rien dans les mains, rien dans les poches.
00:08:05 Par coïncidence j'ai été retrouvée, Paul Roussempoulos et Jean Genet qui déjeunaient ensemble.
00:08:13 Et Genet m'a tout de suite demandé si j'avais un chèque de licenciement.
00:08:19 Et il m'a pris mon chèque en me disant « dorénavant vous serez une femme libre, vous n'aurez plus de patron ».
00:08:25 Ça m'a paru un rêve inabordable.
00:08:29 Il m'a dit « il y a une machine révolutionnaire qui vient de sortir ».
00:08:33 Et on est partis tous les trois au numéro 1 du boulevard Sébastopol.
00:08:38 Et en fait on a acheté le deuxième portable vendu en France.
00:08:42 Jean-Luc Godard avait en acheté le premier 15 jours avant.
00:08:46 [Musique]
00:08:54 Tout le monde trouvait qu'effectivement cette machine était miraculeuse.
00:08:59 Et moi je disais à l'époque que M. et Mme Sonni avaient fait une machine pour donner la parole aux gens directement concernés.
00:09:06 [Musique]
00:09:16 Ce qui m'a paru flagrant c'est que les gens directement concernés n'avaient jamais la parole.
00:09:20 C'était toujours des gens qui parlaient à la place des autres.
00:09:23 Des spécialistes qui parlaient à la place des autres, des syndicalistes, des responsables, peu importe.
00:09:27 Les gens, et en l'occurrence les femmes encore plus que les hommes, alors là n'étaient jamais présentes.
00:09:33 Et mon expérience m'avait déjà montré très jeune que les femmes, lorsqu'on leur donnait une chance de parler,
00:09:39 que ce soit sur tous les sujets, à propos de n'importe quoi,
00:09:43 elles avaient des choses passionnantes à dire et qu'elles n'avaient pas besoin de quelqu'un pour les dire à leur place.
00:09:48 [Chant]
00:10:02 Nous ne nous reproduisons pas. Par conséquent nous ne perpétuons pas les biens de la bourgeoisie.
00:10:07 L'héritage avec nous, c'est foutu, il n'y en a plus.
00:10:10 Bon, de toute façon ce que nous reprochent surtout les hétéro-flics, c'est évidemment que ce soit eux qui nous ont faits.
00:10:17 Et qui nous feront encore. Et qui nous feront des petits. Etc.
00:10:21 Cette morale ne nous convient pas. La structure de base de la société et de la famille ne nous convient pas.
00:10:28 La société donc ne nous convient pas non plus. Par conséquent, la seule position politique possible est une position révolutionnaire.
00:10:38 [Bruits de pas]
00:11:04 Je crois que les histoires de vampires, il me semble que c'est des histoires qu'on devait raconter aux jeunes filles,
00:11:11 pour pas qu'elles sortent se promener la nuit toutes seules, pour leur faire horriblement peur.
00:11:15 Bon, cette façon de terroriser les gens, quelquefois se retourne contre les gens qui les racontent,
00:11:22 à savoir que ça finit par avoir une certaine séduction.
00:11:25 On se met à se demander, mais au fond, si je me promenais le soir toute seule, qu'est-ce qui m'arriverait ?
00:11:30 Est-ce que je rencontrerais un de ces êtres dont on m'a dit qu'ils sont monstrueux ?
00:11:34 Et pour moi, les vampes, c'est la même chose. On disait aux hommes, méfiez-vous de ces femmes qui vont vous perdre,
00:11:40 qui vont vous ruiner, qui vont vous conduire, qui vont briser vos foyers, etc. C'était des menaces.
00:11:48 Un genre de ghoul, de vampire.
00:11:51 Oh non, mon amour, je suis juste une personne en mode, rien d'autre.
00:11:57 Vous savez, un beau étranger, un peu triste, un peu mystérieux.
00:12:02 J'ai envie maintenant de faire des choses qui se rapprochent plus de la réalité.
00:12:12 D'abord, comme je suis une femme, j'ai maintenant envie de faire des choses qui m'importent énormément.
00:12:23 J'admire beaucoup les mouvements de femmes actuelles qui cherchent à sortir de la situation dans laquelle elles sont,
00:12:32 à tout point de vue, aussi bien au point de vue de leur travail, de leur salaire,
00:12:37 et en même temps d'une autre forme d'oppression, qui est l'image qu'on veut d'avoir d'elles, qu'elles se sentent obligées d'avoir d'elles-mêmes.
00:12:46 Donc ça, c'est des sujets qui m'intéressent beaucoup.
00:12:49 Je pense qu'il est important au cinéma, maintenant, que les femmes commencent à parler d'elles.
00:12:54 Et à présent, on a toujours vu les femmes, finalement, telles que les hommes les ont peintes.
00:13:00 Et je pense qu'il est très important, maintenant, que les femmes commencent à se montrer elles-mêmes.
00:13:05 [Musique]
00:13:25 Une des actions que je trouve la plus géniale, c'est la gerbe, la femme du soldat inconnu.
00:13:31 Ça, c'est vrai que dans l'humour, la justesse de cette action, tout le mouvement est là.
00:13:38 Oh, elles étaient tellement drôles, Cathy Bernheim, Catherine Dedon, Christiane Rochefort, elles étaient extrêmement drôles.
00:13:46 Parce que ça a changé ma vie, parce que, voilà, parce que le mouvement de libération des femmes a changé la vie de toutes les femmes qui ont participé.
00:13:58 Point à la ligne.
00:13:59 [Musique]
00:14:04 C'est vrai que c'est peut-être difficile à comprendre aujourd'hui, mais ça n'était que des moments de plaisir qu'on partageait, ces réunions.
00:14:11 Ce n'était pas des réunions où on allait en se disant « Merde, il faut aller à une réunion », etc.
00:14:16 On allait retrouver des amis, on allait danser, manger au resto, rigoler, inventer, créer des paroles.
00:14:27 Ce n'était pas moi.
00:14:29 Des chansons détournées.
00:14:31 C'était une période d'une créativité intense.
00:14:36 La première fois qu'on a eu des rapports, ça s'est passé comme avec mon mari, je n'ai rien eu.
00:14:41 Sexuellement très puissant, il a recommencé trois, quatre, cinq fois.
00:14:44 Au bout de la sixième fois, il est arrivé une chose que moi, pendant cinq ans, j'ai cherché, je n'ai jamais trouvé.
00:14:49 J'ai joui, j'ai pleuré.
00:14:51 Il m'a regardée comme ça, en me disant « Mais qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'il y a ? »
00:14:57 Il avait vingt ans, il ne savait pas.
00:14:59 Alors, je lui ai dit « Je crois que je viens de jouir la première fois de ma vie. »
00:15:02 « Mais tu ne savais pas que les femmes pouvaient jouir ? »
00:15:04 [Rires]
00:15:06 Il avait vingt ans, il ne savait pas.
00:15:08 « Mais ce n'est pas vrai Marie-Thérèse, je ne savais pas. »
00:15:10 Et alors, à partir de ce moment-là, c'est pour ça que je l'aime lui personnellement,
00:15:15 et que je ne peux pas lui en vouloir maintenant.
00:15:18 Il y a eu un gars qui, au début, restait trois heures sur moi jusqu'à ce que moi je jouisse.
00:15:22 Ma câlinée, ma caressée, a été câline toute la journée, est venue m'embrasser sans arrêt,
00:15:27 et est restée pratiquement trois heures à avoir un rapport avec moi,
00:15:30 en se retenant, en s'arrêtant, jusqu'à ce que je jouisse.
00:15:33 - Oh mon dieu !
00:15:35 - Non mais c'est vrai, jusqu'à ce que je jouisse.
00:15:37 Bon, maintenant, il me faut trois quarts d'heure, ou parfois il me faut une demi-heure.
00:15:40 Il n'y a pas beaucoup de gars qui attendent une demi-heure.
00:15:43 Je vous propose un contrat.
00:15:48 Un vrai contrat, équitable pour tous les deux.
00:15:53 Puisque nous aimons tous les deux ce qui est exceptionnel.
00:15:57 Voilà. Je viens là, près de vous.
00:16:02 Maintenant, nous restons ensemble pendant quelques heures.
00:16:09 Et ensuite, quoi qu'il arrive, nous ne nous revoyons plus jamais.
00:16:14 D'accord ?
00:16:16 - Oui.
00:16:18 - Oui, oui.
00:16:20 - Vous m'avez demandé pourquoi j'étais féministe.
00:16:23 Eh bien moi, je voudrais vous demander aussi à chacune d'entre vous, en somme,
00:16:26 quelles sont les origines de votre féminisme.
00:16:28 Pour vous Delphine.
00:16:30 - En 69, j'avais lu des textes de femmes américaines qui avaient déjà, s'étaient regroupées.
00:16:37 Et je me suis aperçue qu'il existait des groupes de femmes à Paris.
00:16:41 Et j'ai été les écouter et me mélanger à elles.
00:16:46 Et je me suis aperçue, en allant dans ces groupes de femmes,
00:16:50 et en ressentant cette émotion extraordinaire d'entendre tous les sujets abordés,
00:16:55 des sujets dont on parlait avant d'une manière un peu souterraine, un peu honteuse.
00:17:02 Tout à coup, c'était des sujets nobles.
00:17:04 Tous les sujets que nous avions envie d'aborder étaient des sujets nobles.
00:17:07 Et non pas minables, secondaires, honteux.
00:17:10 Et à ce moment-là, je me suis rendue compte que ce qui était sorti pour moi de 68,
00:17:16 c'était pas du tout ce que j'imaginais qui sortirait.
00:17:19 C'était ni la forme théâtrale, ni la forme cinématographique.
00:17:22 C'était le féminisme.
00:17:24 Et à partir de ce moment-là, j'ai suivi le mouvement.
00:17:28 Je peux carrément dire que j'ai suivi le mouvement.
00:17:31 Et ça a été une grande révélation pour moi
00:17:37 de pouvoir ouvertement parler et comprendre cette rébellion
00:17:44 que j'avais toujours sentie en tant qu'adolescente.
00:17:46 Et en tant qu'actrice, ça a été inestimable pour moi,
00:17:49 puisque j'ai compris ce qui m'empêchait d'adhérer à certaines choses au cinéma et au théâtre.
00:17:54 Et à la fois, ça m'a permis de déblayer, de voir clair, d'avoir mes propres jugements,
00:18:00 de ne plus me laisser impressionner par les jugements de mes patrons,
00:18:07 qui étaient des hommes, que ce soit des metteurs en scène ou des producteurs.
00:18:11 Tout ça, ça a influencé ma vie énormément et ça m'a donné de la force.
00:18:18 Et ici, toutes, on a participé à ces moments magnifiques, ces moments très forts,
00:18:24 qui ont débuté donc avec le manifeste des 343.
00:18:27 343 femmes déclarent avoir avorté.
00:18:30 Nous étions passibles de poursuites judiciaires pour avoir déclaré à 343,
00:18:36 dont des femmes célèbres qui ont bien voulu signer aussi, il faut le noter,
00:18:40 avoir déclaré que nous avions avorté.
00:18:42 Alors, ce manifeste a été une bombe en France et à l'étranger.
00:18:46 On peut dire que ça a été la bombe de redémarrage du féminisme officiellement.
00:18:54 C'est la première grande manifestation féministe qui se tient à Paris depuis 1936.
00:19:00 Environ 2000 femmes, souvent jeunes, quelques fois plus âgées,
00:19:03 défilent de la République à la Nation à l'appel du MLF, le Mouvement de Libération de la Femme.
00:19:09 Ah non, monsieur, le Mouvement de Libération des Femmes.
00:19:13 Qu'est-ce que vous en pensez, madame ?
00:19:16 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:19:17 Moi, je pense qu'elles ont raison.
00:19:18 Elles ont raison ?
00:19:19 Oui.
00:19:20 Et pourquoi vous n'allez pas marcher avec elles ?
00:19:22 Parce que je ne sais pas, c'est l'âge.
00:19:23 Non, un petit moment.
00:19:25 Elle est en train de me prendre en photo.
00:19:27 Qu'est-ce que c'est ?
00:19:36 Pour l'avortement, libre et gratuit.
00:19:38 Et une information pour la contraception.
00:19:41 Ils ont qu'à pas baiser.
00:19:43 Vous n'allez pas baiser, vous ?
00:19:45 Si, mais en fait, attention.
00:19:46 Toc.
00:19:47 Comment ?
00:19:48 On me dit, je vais pas vous la prendre, non.
00:19:51 C'est une blague.
00:19:53 Non.
00:19:54 Ça n'a qu'à pas être si feignante.
00:19:56 Quand c'est fini, hop, se lever.
00:19:58 C'est d'accord.
00:19:59 C'est pas vrai, ça ?
00:20:01 Mais regardez, hein.
00:20:03 Vous n'allez pas me filmer, ça.
00:20:05 On fait savoir que Delphine Séric veut intervenir
00:20:07 parce qu'elle a suivi, comme c'est la règle du jeu, le débat.
00:20:10 Alors, pour une courte intervention,
00:20:12 le témoin surprise de ce soir qui est Delphine Séric.
00:20:14 Oui, moi, je sens que je ne vais pas beaucoup avoir l'occasion de parler
00:20:17 parce qu'évidemment, je suis là dans un studio à part.
00:20:21 Donc, je vais dire simplement ce que j'ai à dire maintenant
00:20:24 parce que je sens que je n'arriverai plus à placer un mot.
00:20:27 On a de nouveau parlé de traumatisme.
00:20:29 Je dis qu'il est plus traumatisant, et toutes les femmes le savent,
00:20:32 d'élever des enfants que d'avorter.
00:20:34 Chaque femme doit se faire avorter dans les conditions qu'elle souhaite.
00:20:37 Bon, on a parlé de sexualité vagabonde.
00:20:40 Je crois que c'est monsieur le ministre qui a parlé de sexualité vagabonde.
00:20:43 Moi, je trouve ça absolument méprisant.
00:20:46 Je trouve ça odieux.
00:20:48 La sexualité des femmes n'est pas plus vagabonde que la sexualité des hommes.
00:20:52 Et il ne s'agit pas de distinguer entre les jeunes filles
00:20:55 qui ont une sexualité vagabonde ou pas.
00:20:57 Ça, c'est une chose que je trouve parfaitement écœurante.
00:21:00 Un terme qu'on ne devrait pas entendre.
00:21:02 On a parlé de donner la liberté. Est-il raisonnable de donner la liberté ?
00:21:05 Vous êtes tous des hommes, là.
00:21:07 Il y a des millions de femmes en France, et on est en train de discuter,
00:21:09 de savoir si on doit leur donner la liberté,
00:21:11 si elles sont capables de prendre leurs responsabilités.
00:21:13 Nous sommes des petites personnes inintelligentes,
00:21:18 comme des petits chiens qu'on doit promener de telle heure à telle heure,
00:21:21 et on ne nous donne pas notre autonomie, l'autonomie de notre corps.
00:21:24 Marie va se lever un peu la tête.
00:21:26 - Attends, je vais changer un peu de caméra. - Mets ton éclairage par là.
00:21:31 - C'est drôle, dis donc. - Tu le vois bien ?
00:21:34 - C'est drôle, hein ? - Ça fait un petit...
00:21:36 - Il est bien ouvert, là. - Comme ça, tu vois bien ?
00:21:38 Elle voit très bien, comme ça.
00:21:40 - C'est le col de l'utérus, tu vois, normalement. - Oui.
00:21:44 Quand il n'est pas enceinte, le col est plus long, plus mince et plus dur.
00:21:48 Il doit être plus ferme et surtout plus fermé, en général.
00:21:51 Tu vois, le sang qui arrive déjà, le sang, il le passe à toi.
00:21:56 - Il arrive dans la canine. - Il arrive dans la canine, là.
00:21:58 - Ça y est. - Attention, je...
00:22:00 - Je ne suis pas là. - Déjà, le fait de bien expliquer la chose,
00:22:04 c'est vachement intéressant.
00:22:06 Alors, je décolle gentiment, mais c'est bon.
00:22:10 Ce qui nous permettra d'aspirer des bouts plus gros.
00:22:14 - On la laisse sentir. - Oui, là, je suis entreprise.
00:22:20 C'est parce qu'elle a accroché, sans doute, une partie de...
00:22:23 Oui, et ce qui va se produire, même,
00:22:25 c'est que ça va déclencher des petites contractions utérines, tu vois.
00:22:29 Alors, j'ai dit "militante". Est-ce que c'est exact ?
00:22:33 Est-ce que vous êtes une militante ?
00:22:35 Non, j'aime pas qu'on me dise ça.
00:22:37 On me dit toujours "Est-ce que vous êtes toujours aussi militante ?"
00:22:40 Les militants, je crois, ce sont des gens qui abandonnent
00:22:44 la façon de vivre qu'ils avaient, même leur gagne-pain,
00:22:48 et qui se donnent entièrement à l'évolution d'une cause,
00:22:55 d'un mouvement de libération, tout ça.
00:22:57 C'est pas mon cas du tout. Je suis comédienne.
00:23:00 Mais c'est vrai que le féminisme est une chose que je respire
00:23:05 et qui, donc, fait partie de ma vie,
00:23:07 et que j'en ai très besoin, ce féminisme.
00:23:12 Alors, est-ce que vous l'avez toujours été, féminisme ?
00:23:14 J'ai lu quelque part que vous disiez que, quand vous étiez très jeune,
00:23:19 vous aviez pas du tout cette conception de la femme,
00:23:21 que vous pensiez que la femme devait plaire avant tout,
00:23:23 et que vous cherchiez à plaire.
00:23:24 Oui, mais ça, c'était déjà très lucide.
00:23:27 Il y a une forme de lucidité chez les femmes,
00:23:30 quand elles savent qu'il faut qu'elles plaisent,
00:23:32 parce que c'est la vérité.
00:23:34 Elles ne peuvent se déplacer dans le monde qu'en plaisant.
00:23:38 Donc, j'étais très lucide en pensant ça,
00:23:40 et je crois qu'en même temps, il y avait en moi une grande révolte
00:23:43 qui faisait qu'il y avait quelque chose, quand même, en moi,
00:23:46 toujours, qui s'entrechoquait avec ce désir de plaire.
00:23:50 Ça donnait quelque chose, et ça donne toujours quelque chose
00:23:53 de pas très harmonieux, mais bon, je crois que le fait de savoir
00:23:59 qu'il faut plaire pour une femme, c'est très important.
00:24:01 Si on veut se sortir de ça, si on veut pouvoir se libérer
00:24:05 de cette image, de cette obligation, il faut d'abord bien la connaître.
00:24:11 [Musique]
00:24:14 Et l'actrice n'a jamais peur de cette avancée, de cet oeil ?
00:24:29 Tout le temps.
00:24:31 Mais le plaisir est dans le dépassement, apprivoiser cet oeil-là.
00:24:38 C'est souvent le contraire, c'est s'apprivoiser à cet oeil.
00:24:42 C'est pas toujours agréable, c'est très angoissant,
00:24:46 et je crois que les actrices, même si elles aiment beaucoup
00:24:52 être photographiées, souffrent de l'être en même temps.
00:24:56 Marie Dubois.
00:25:02 [Musique]
00:25:05 Delia Samedi.
00:25:10 Le travail que je viens de terminer, c'est un travail très ambitieux
00:25:15 que j'avais entrepris il y a deux ans et demi, ça s'appelle
00:25:17 "Sois belle et tais-toi".
00:25:19 Et c'est un montage d'interviews que j'ai faites moi-même
00:25:24 d'autres actrices à qui j'ai posé des questions que je me posais
00:25:28 à moi-même en tant qu'actrice.
00:25:31 "Sois belle et tais-toi".
00:25:33 Je n'oublierai jamais le premier jour où j'étais à Warner Brothers
00:25:45 pour faire un... l'essai de maquillage.
00:25:52 C'était la première fois où j'étais devant la caméra.
00:25:55 Bon, alors ils m'ont travaillé là le visage.
00:26:00 Et puis ils m'ont redressée et je me suis regardée dans la glace
00:26:03 et je ne savais plus qui j'étais.
00:26:05 J'étais comme quelqu'un sur une chaîne, quoi, qui sortait.
00:26:08 Et puis le dernier... Oh oui, ils voulaient que je fasse casser le mâchoire,
00:26:13 briser le mâchoire par une dentiste pour...
00:26:17 - Creuser les joues.
00:26:19 - Creuser les joues. J'avais des belles joues d'adolescence, un peu.
00:26:23 Et un jour, avec le nez que tu as, tu ne vas jamais pouvoir jouer la tragédie
00:26:29 parce qu'on ne peut pas le prendre au sérieux, ce nez-là.
00:26:32 Et puis dernièrement, le mot est venu de l'en haut,
00:26:37 que Jack Warner, le chef du studio, voulait que je mette des faux seins.
00:26:41 Il n'aimait pas des femmes avec des petits seins.
00:26:46 Alors c'était très clair, j'étais un produit du marché
00:26:50 et il fallait bien que je m'arrange pour me rendre commerciale
00:26:56 parce qu'on allait investir de l'argent sur mon dos.
00:27:00 C'était un voyage formidable de partir à Hollywood
00:27:12 avec des films qui étaient super sympas dans le quotidien, faciles.
00:27:17 On avait pris 5 kilos chacune, parce que ce qu'on aimait...
00:27:24 On adorait les hamburgers.
00:27:26 On s'arrêtait dans les drive-ins pour encore manger
00:27:29 deux cheeseburgers, double cheese, roasted.
00:27:32 Moi, je voulais faire un peu des images, bouger un peu, faire des trucs.
00:27:48 Et Delphine, tout le temps, voulait que la caméra soit sur pied.
00:27:53 Et que je filme les femmes, peut-être avec trois câbles ou deux câbles, mais sans bouger.
00:28:00 Au bout du cinquième tournage, je me rappelle, c'était à Malibu, Los Angeles.
00:28:07 J'ai craqué et j'ai dit "Mais Delphine, pourquoi tu n'as pas pris un pied au lieu de me prendre ?
00:28:13 Tu prends un pied, tu appuies sur le bouton, tu sais le faire,
00:28:16 ce n'était pas la peine de me faire venir."
00:28:18 Et je suis partie en pleurant.
00:28:22 Sur la plage, Delphine me courait derrière,
00:28:24 en me disant "Pars pas dans cette direction, tu vas te noyer.
00:28:27 Si tu veux vraiment partir, pars pas."
00:28:29 Bref, on s'est évidemment expliquées.
00:28:32 Et je n'ai jamais oublié ce qu'elle m'a dit à l'époque.
00:28:35 Elle m'a dit "Écoute, Carole, réfléchis bien.
00:28:37 Quand on filme le président de la République, il n'y avait pas de président potentiel à l'époque.
00:28:43 Ils ont réfléchi à comment le filmer, à choisir quelqu'un,
00:28:49 pour qu'il soit le plus efficace que son message passe,
00:28:53 d'une manière la plus convaincante possible.
00:28:56 Eh bien voilà.
00:28:57 Moi, je pense qu'on ne peut pas écouter, etc.,
00:29:02 si la caméra va de tous les côtés, etc.
00:29:05 Moi, ce que je veux, c'est qu'on écoute ces femmes
00:29:09 à qui, pour la première fois, on pose ce type de questions.
00:29:13 J'ai joué une épouse juive et acariate,
00:29:17 une épouse pionnière qui couche toute seule,
00:29:20 une épouse acariate du Sud.
00:29:23 J'ai joué l'épouse stérile d'un fermier.
00:29:27 C'est tout ce qu'il y a avec un rôle,
00:29:31 à part deux ou trois trucs, mieux, qui sont réservés aux deux ou trois grandes stars.
00:29:36 Étant une femme noire, au début, j'ai joué beaucoup, beaucoup de bonnes.
00:29:42 Et il n'y avait rien d'autre pour mes soeurs noires.
00:29:46 À moins d'être très noire, alors on pouvait jouer des esclaves.
00:29:51 Mais j'en ai fait peu, parce que mon teint n'était pas assez foncé.
00:29:57 Je serais partie avec des bagages sur mon dos, je me serais tirée.
00:30:02 C'est toujours ce que j'ai pensé, j'ai toujours, quand j'étais petite,
00:30:05 regretté d'être un garçon, si tu veux, dans ce sens-là.
00:30:09 Parce que, justement, ce que je cherchais à travers le cinéma,
00:30:13 c'est quelque chose, un alibi pour vivre.
00:30:16 Une des raisons qui me permet de jouer aussi bien que je le fais,
00:30:21 c'est parce que je suis une femme.
00:30:23 C'est parce que les femmes sont entraînées à séduire.
00:30:28 Et je ne sais pas si je jouerais aussi bien si j'étais un garçon,
00:30:33 comme en cas une femme de 40 ou 50 ou 60 ans.
00:30:36 Elle n'a pas de place dans le fantasme masculin.
00:30:39 Alors, "L'Inémine", c'est un show pour les hommes, par les hommes.
00:30:43 Alors, adieu, Berth.
00:30:45 Les producteurs sont des hommes, les techniciens sont des hommes,
00:30:48 les metteurs en scène sont pour la plupart des hommes.
00:30:52 La presse, c'est partager la presse, mais c'est quand même des hommes.
00:30:57 Les agences, c'est des hommes qui dirigent,
00:31:00 qui te donnent un script, qui te conseillent,
00:31:04 qui t'orientent, ce sont des hommes.
00:31:09 Et j'ai l'impression qu'ils ont des sujets pour les hommes.
00:31:15 Nous étions juste deux à filmer, Carole, qu'on a vu dans le petit film, et moi-même.
00:31:19 Et il y avait une grande intimité.
00:31:21 Le fait que nous exercions le même métier,
00:31:23 c'était encore plus intime que quand c'est une journaliste,
00:31:27 parce qu'on savait toutes les deux ce dont on parlait.
00:31:31 Oui, ce n'est pas un film du tout.
00:31:33 Et ça a été pour moi complètement passionnant.
00:31:37 Et c'est une bande que j'aime profondément.
00:31:40 On a pu s'apercevoir, par exemple,
00:31:42 qu'on nous faisait jouer des scènes entre femmes, très rarement amicales.
00:31:47 Est-ce que tu as déjà joué des rôles où tu avais des scènes chaleureuses,
00:31:54 avec d'autres femmes ?
00:31:57 Non, je n'ai jamais fait ça.
00:32:01 Non, jamais.
00:32:04 Jamais ?
00:32:07 Jamais !
00:32:08 Non.
00:32:09 Je crois qu'il y a eu du changement depuis quelques années.
00:32:15 C'est grâce au mouvement des femmes.
00:32:20 Et les écrivains deviennent gênés d'utiliser les femmes dans les rôles stéréotypés d'avant.
00:32:30 Si les femmes se mettaient à écrire, je crois que ça changerait beaucoup,
00:32:33 parce que j'ai parlé avec Truffaut, j'ai parlé avec des gens comme ça,
00:32:37 et qui disent, on comprend, les femmes finissent par nous faire peur,
00:32:41 on finit par ne plus comprendre.
00:32:43 Avec tous les mouvements de femmes, on ne finit pas de plus savoir comment écrire pour elles.
00:32:49 Je crois qu'il y a une chose qu'il faut dire, c'est que si on est féministe et qu'on est actrice,
00:32:54 on cesse pratiquement de jouer,
00:32:58 si on ne veut accepter que des choses qui donnent de la femme une image féministe.
00:33:06 On cesse d'être actrice, parce que ça n'existe pas.
00:33:09 Bon.
00:33:10 Il faut qu'on prenne nous-mêmes en charge les rôles que nous imaginons,
00:33:15 les choses que nous savons.
00:33:17 Il faut qu'il y ait des femmes qui se mettent à écrire plus, et que ça vienne de nous.
00:33:21 Je ne savais pas que vous existiez.
00:33:34 Calcutta est devenu pour moi une forme de l'espoir.
00:33:43 (Musique)
00:34:12 (Musique)
00:34:20 Vous pensez que c'est votre devoir de comédienne d'aider les femmes à faire ce métier ?
00:34:27 Je n'ai pas beaucoup le sens du devoir.
00:34:30 Simplement, ça m'intéresse de travailler avec des femmes.
00:34:34 C'est la première fois, à part le film que j'avais tourné avec Marguerite,
00:34:38 qui a 10 ans, qui était son premier film et où elle avait un co-metteur en scène,
00:34:42 où donc je n'avais pas l'impression de vraiment travailler avec une femme.
00:34:46 Je n'ai tourné qu'avec des hommes.
00:34:48 Et c'est cette année seulement, l'année dernière, que j'ai tourné tout à coup avec trois femmes.
00:34:52 Ça n'a pas été un choix, je les ai acceptés tous les trois,
00:34:55 parce que les trois scénarios m'intéressaient, les trois femmes m'intéressaient.
00:34:59 Ça a été extraordinaire, au bout de 15 ans, tout à coup, de tourner avec trois femmes.
00:35:03 Donc c'est très nouveau.
00:35:04 J'ai même tourné avec des femmes, je n'en ai pas eu l'occasion très souvent.
00:35:08 Il y a des réalisateurs comme Bergman qui ont passé leur vie à faire des films sur les femmes.
00:35:29 Quand les femmes vont parler d'elles-mêmes, je crois que ça va être complètement différent.
00:35:33 Je crois qu'à partir du moment où, par exemple, ces mêmes sujets vont être abordés par des femmes,
00:35:38 comme la prostitution, par exemple, je pense que ça sera sous un angle qu'on n'aura pas encore vu.
00:35:45 C'est ça.
00:35:46 C'est ça.
00:35:47 C'est ça.
00:35:49 C'est ça.
00:35:51 C'est ça.
00:35:52 Je vais y aller.
00:36:17 Je vais y aller.
00:36:18 Marguerite Duras, Chantal Ackerman, Liliane De Kermadec,
00:36:39 elles ont un point en commun, toutes ces trois réalisatrices, c'est qu'elles ont fait tourner Delphine Sérig.
00:36:44 Est-ce que vous pouvez nous dire, Delphine, s'il y a une spécificité des femmes réalisatrices par rapport aux hommes réalisateurs ?
00:36:51 Je veux dire, les trois films, le film de Liliane, le film de Chantal et le film de Marguerite,
00:36:56 sont complètement, complètement différents les uns des autres.
00:36:59 Mais moi qui suis actrice, quand je parle d'un personnage de femme avec un réalisateur homme ou avec une réalisatrice,
00:37:07 c'est forcément très différent parce que quand je parle avec une femme, on parle d'une, pas d'une même personne,
00:37:17 mais d'une personne du même sexe.
00:37:19 De même que j'imagine que pour les acteurs, ça doit être, ils sont toujours avec des réalisateurs hommes,
00:37:26 donc quand ils parlent de leur personnage avec un autre homme, ils doivent savoir ce que c'est.
00:37:31 Je veux dire, c'est… Et pour les femmes, c'est très rare.
00:37:33 Pour les actrices, c'est très rare de parler avec une autre femme.
00:37:36 Je pense que le cinéma des femmes fait partie du cinéma différent.
00:37:39 Le cinéma différent est par définition un cinéma politique.
00:37:44 Ça c'est vrai.
00:37:45 Il n'y a aucune comparaison entre un film tourné par M. Verneuil et un film tourné par Liliane de Karmadenk.
00:37:53 Ni même discrètement ?
00:37:54 Quant aux moyens financiers.
00:37:55 Ou ni même discrètement ?
00:37:56 Les moyens financiers, à partir du chiffre de l'argent dont on dispose, le film est un film politique.
00:38:04 Le film politique, c'est un film politique qui est un film politique qui est un film politique.
00:38:11 C'est un film politique qui est un film politique.
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00:43:12 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:14 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:16 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:18 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:20 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:22 C'est un film politique qui est un film politique.
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00:43:40 C'est un film politique qui est un film politique.
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00:43:44 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:46 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:48 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:50 C'est un film politique qui est un film politique.
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00:43:54 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:56 C'est un film politique qui est un film politique.
00:43:58 C'est un film politique qui est un film politique.
00:44:00 C'est un film politique qui est un film politique.
00:44:02 C'est un film politique qui est un film politique.
00:44:04 C'est un film politique qui est un film politique.
00:44:06 C'est un film politique qui est un film politique.
00:44:08 C'était en fait, ils étaient insécurisés devant la caméra,
00:44:12 nous on était insécurisés derrière.
00:44:14 On pouvait échanger et discuter tout de suite.
00:44:17 Les femmes ont très vite compris que la vidéo allait être
00:44:20 un des moyens pour raconter leur histoire.
00:44:22 C'est ce que j'appelle tous ces anonymes qui font l'histoire.
00:44:27 Elles deviennent des pionnières des causes qu'elles défendent.
00:44:30 Et comme elles les défendent bien,
00:44:32 je dirais très modestement, elles deviennent des héroïnes.
00:44:37 Je vais te raconter un petit peu ce qui se passe chez Lippe
00:44:40 à propos des femmes.
00:44:42 Mais je vais remplacer à chaque fois le mot "homme" par le mot "blanc"
00:44:49 et le mot "femme" par le mot "arabe".
00:44:51 Alors à chaque fois que je dirais "des arabes", ça veut dire "des femmes".
00:44:55 Alors donc, chez Lippe, il y a la moitié de blancs et la moitié d'arabes.
00:45:00 Naturellement, les grands chefs sont des blancs.
00:45:03 Il n'y a pas de grands chefs arabes.
00:45:06 Les grands chefs blancs pensent, réfléchissent et parlent.
00:45:11 Nous, les arabes, on pense.
00:45:15 Moi, je sais puisque je suis un arabe.
00:45:17 On réfléchit.
00:45:18 Mais les grands chefs blancs, ils ne peuvent pas le savoir qu'on réfléchit
00:45:21 puisqu'on n'a jamais le droit de dire à quoi on a réfléchi.
00:45:24 En ce qui concerne les problèmes d'arabes,
00:45:27 c'est vrai, les arabes, on a des problèmes d'arabes.
00:45:30 Puis les blancs, ils ne peuvent pas comprendre.
00:45:32 Tu vois, ça les dérange.
00:45:34 Par exemple, on n'a pas les mêmes maladies qu'eux.
00:45:36 C'est des arabes, ça a un ventre compliqué.
00:45:39 Les grands chefs blancs, ou tous les blancs d'ailleurs,
00:45:43 quand ils ont des maladies, c'est des maladies nobles,
00:45:46 c'est des choses vraies, des problèmes sérieux.
00:45:50 Ce n'est pas comme ces arabes qui se plaignent pour tout et pour rien
00:45:53 et qui dérangent.
00:45:55 À Lippe, très rapidement, il y a eu un groupe femme qui s'est créée,
00:46:00 en dehors des syndicats.
00:46:02 Elles ont tellement vite compris que si tu veux,
00:46:05 quand justement les syndicalistes, les hommes ne leur laissaient pas la parole,
00:46:09 dès qu'elles étaient dans une boîte,
00:46:14 dans ce pouvoir de la télévision,
00:46:16 les gens se taisaient et les écoutaient.
00:46:18 Ils ne pouvaient pas leur couper le micro.
00:46:20 Donc elles ont commencé à apprendre à filmer.
00:46:22 Moi, je leur ai appris à filmer, etc.
00:46:24 Elles montaient à Paris, on avait un petit atelier à l'époque,
00:46:28 dans le 14e.
00:46:30 On montait, on faisait des petits montages avec elles.
00:46:32 Et il y avait ce qui était extraordinaire,
00:46:34 les 6 heures de Lippe,
00:46:36 où les ouvriers se baladaient dans toute la France
00:46:39 pour aller parler de leur lutte, etc.
00:46:42 et montrer des bandes vidéo.
00:46:44 Dans tous les groupes vidéo,
00:46:50 les femmes ont eu une place très importante.
00:46:54 Moi, mon analyse, c'est que comme il n'y avait pas d'école,
00:46:57 et pas de passé, et pas d'histoire,
00:47:00 les hommes ne s'en étaient pas emparés.
00:47:02 C'était un média vierge, finalement,
00:47:06 sur lequel les hommes n'avaient pas mis leurs pattes et leurs pouvoirs.
00:47:09 [Musique]
00:47:15 Trois pas en avant, trois pas en arrière,
00:47:19 trois pas de ce côté, trois pas de l'autre côté.
00:47:23 Les hommes ne savent plus quoi faire, pour nous remettre en place.
00:47:27 Quand la vie nous libère, ils ne nous manquent plus que ça.
00:47:30 Quand nous nous donnons les corans, ils nous préparent et nous y répondent.
00:47:35 Trois pas en avant, trois pas en arrière,
00:47:39 trois pas de ce côté, trois pas de l'autre côté.
00:47:42 [Musique]
00:47:47 Faire une nuit, une nuit d'amour,
00:47:52 si tu es à nous, tu nous laisses.
00:47:57 Oui, plutôt, seulement un jour,
00:48:02 une nuit d'amour.
00:48:07 Je veux faire remarquer une chose tout à fait singulière,
00:48:10 c'est que cette année, la Femme, aucun prix Nobel n'a été décerné aux femmes,
00:48:14 aucun grand prix littéraire français n'a été décerné aux femmes.
00:48:17 Eh bien, je trouve ça excellent.
00:48:19 Vous trouvez ça très bien ?
00:48:20 Je trouve ça très bien.
00:48:21 On en parle des femmes, mieux ça vous.
00:48:22 Mais pas du tout, mais la littérature, il y a très très très longtemps
00:48:24 que les femmes ont fait la preuve qu'elles peuvent s'illustrer dans la littérature.
00:48:27 C'est une émission qui est passée en décembre 1975,
00:48:31 et ça s'appelait "Ouf, l'année de la femme, c'est fini".
00:48:34 Et c'est Pivot qui faisait cette émission, qui avait invité Françoise Giroux,
00:48:37 qui était à l'époque ministre de la Condition Féminine.
00:48:41 Alors, on a enregistré cette émission,
00:48:43 et on a décidé d'y répondre en intervenant à l'intérieur par le montage.
00:48:49 Interviewée par Anne Sinclair,
00:48:51 vous allez donc voir ces trois fiefées misogynes de la radio et la télévision,
00:48:55 le président Marcel Julien, Pierre Belmar et Jacques Martin.
00:48:58 Par exemple, il n'y a jamais de femmes dans votre équipe, pourquoi ?
00:49:01 Ah si, il y a des femmes.
00:49:02 Pas sur le devant de la scène ?
00:49:04 Non, parce qu'il est très difficile de trouver une femme animatrice.
00:49:08 Vous en êtes un bel exemple, Jérémie, mais c'est difficile.
00:49:11 Et vous n'avez pas peur qu'elles vous prennent la vedette ?
00:49:16 Ça n'a rien à voir avec ça ?
00:49:17 Ah non.
00:49:18 On a remarqué que lorsqu'on voit les entrées de cinéma,
00:49:22 en général c'est quand même la vedette masculine qui fait les entrées,
00:49:25 davantage que la vedette féminine, sauf cas d'exception comme à Lombardo à une certaine époque.
00:49:30 Mais finalement, la carrière masculine est plus longue.
00:49:34 Quel conseil pratique, je ne sais pas, vous vouliez donner aux femmes qui sont mariées avec des misogynes ?
00:49:42 Ah mais je crois qu'elles aiment ça.
00:49:44 Parce que quand même, au moment où on marie, on choisit.
00:49:48 Alors ça se voit tout de suite, un misogyne.
00:49:50 Alors il y a peut-être des femmes qui aiment les misogynes.
00:49:52 Mais tout à fait, elle est rote, vous savez, il faut laisser les gens bien libres de mener leur vie comme ils veulent.
00:49:56 On dit que les misogynes sont les meilleurs amants, est-ce que c'est vrai ?
00:49:59 N'ayant jamais fréquenté le juge incapable de vous répondre.
00:50:02 On a répondu avec humour quand même, mais enfin on était très en colère.
00:50:17 Donc notre seule façon de répondre, et je crois que tout le monde rêve de ça,
00:50:21 tout le monde rêve de répondre à la télévision, de pouvoir faire son commentaire publiquement et de le montrer aux autres.
00:50:27 Vous vous rendez compte tout ce que des tas de gens peuvent faire en ce moment en interrompant Delphine Sérig,
00:50:32 en lui faisant dire autre chose, en lui faisant répondre, pour que tout le monde puisse répondre.
00:50:37 Louis Ferrault, de la haute couture.
00:50:39 Ah ça c'est inattendu. Vous allez le voir.
00:50:40 Je croyais qu'il était le seul au contraire, si j'ose dire.
00:50:42 Ah ça c'est inattendu. Vous allez le voir.
00:50:43 Je croyais qu'il était le seul au contraire, si j'ose dire.
00:50:45 Chut.
00:50:46 Louis Ferrault, est-ce que c'est difficile de travailler constamment avec des femmes ?
00:50:50 Je crois que oui. Je crois que oui.
00:50:53 Ce qui explique que dans mon métier, il n'y a pas tellement de gars qui aiment les femmes.
00:50:57 En dehors de... de moi.
00:51:01 Elles sont soigneuses quand il ne faut pas être soignée.
00:51:06 Elles sont débraillées quand il faudrait être très habillée.
00:51:10 Elles sont inconsistentes quand il faudrait être consist... et vice versa.
00:51:16 Elles sont... elles sont tembres quand il leur faudrait être... être... être dures et dures, quand il leur faudrait être malignes.
00:51:24 Elles sont... elles sont incompréhensibles.
00:51:26 Je suis l'homme qui veut mieux des femmes et ce que je leur reproche, c'est finalement de ne pas les comprendre.
00:51:31 Mais c'est pas du tout un langage de misogyne, ça.
00:51:40 Ah non ?
00:51:41 Ah non, c'est un langage d'homme qui aime les femmes.
00:51:43 Je trouve que c'est un langage d'homme qui aime les femmes.
00:51:45 Oui. Bon, alors donc ça tout va bien.
00:51:46 Alors, je trouve que c'est un langage d'homme qui aime les femmes.
00:51:49 Oui. Bon, alors donc ça tout va bien.
00:51:50 Tout va très bien, Madame le Ministre. Tout va très bien, tout va très bien.
00:51:55 Alors, bon, bon, bon.
00:51:56 Tout va très bien, Madame le Ministre. Tout va très bien, tout va très bien.
00:52:01 [Musique]
00:52:04 [Musique]
00:52:07 [Musique]
00:52:10 [Musique]
00:52:14 [Musique]
00:52:17 [Musique]
00:52:23 [Musique]
00:52:29 [Musique]
00:52:42 Donc, on a montré le film pendant un mois à peu près.
00:52:45 C'est la première fois qu'il y a eu une belle projection vidéo à Paris dans une salle de cinéma.
00:52:50 Paul avait fait un calcul.
00:52:52 On avait enlevé neuf sièges, on avait loué neuf téléviseurs à la FNAC.
00:52:57 Tu vois le bordel du câblage par en bas.
00:53:00 Enfin bon, tout ça bricolé.
00:53:02 Je me rappelle que les hommes avaient été assez efficaces.
00:53:06 Toute la salle était équipée, la salle du bas de l'entrepôt.
00:53:09 C'était extraordinaire.
00:53:11 On avait un article dans le Observataire, un grand article dans l'Ibé.
00:53:16 Et François Giroux nous avait envoyé son directeur de cabinet
00:53:20 pour nous demander à quelles conditions on retirait le film.
00:53:24 Et là, c'était mal nous connaître.
00:53:27 [Bruit de moteur]
00:53:40 [Bruit de moteur]
00:53:43 [Bruit de moteur]
00:53:46 [Bruit de moteur]
00:53:49 Ce que Delphine m'a appris, c'est l'irrévérence.
00:53:53 C'est-à-dire que Delphine, plus la personne était importante,
00:53:57 plus elle avait envie de rentrer dans le show.
00:54:00 [Bruit de moteur]
00:54:03 [Bruit de téléphone]
00:54:06 [Bruit de téléphone]
00:54:10 L'édition de ce texte est épuisée aussi bien en anglais que dans sa traduction française.
00:54:16 C'est pourquoi nous avons éprouvé le besoin d'en reproduire un extrait.
00:54:21 Paris, août 1976, Delphine et Carole.
00:54:27 Scum Manifesto de Valérie Solanas, 1967.
00:54:42 [Bruit de téléphone]
00:54:45 [Bruit de téléphone]
00:54:48 [Bruit de téléphone]
00:54:51 La vie dans cette société est tant au mieux d'un ennui total.
00:55:02 Et aucun aspect de cette société ne concernant les femmes, virgule.
00:55:10 Il ne reste plus aux femmes à l'esprit civique, virgule.
00:55:16 Aux femmes responsables, virgule.
00:55:20 Aux femmes aventureuses.
00:55:25 Car renverser le gouvernement, virgule.
00:55:31 Éliminer le système monétaire, virgule.
00:55:36 Instituer l'automation totale.
00:55:45 Et détruire le sexe mâle, point.
00:55:51 Quand j'écoute ça, je me dis mais comment on a osé faire un truc pareil ?
00:55:55 Bon, on voulait que ce livre soit réédité, on s'est dit comment faire.
00:55:59 Et plutôt que Delphine, il y avait deux solutions.
00:56:02 Delphine pouvait lire le texte à l'image.
00:56:05 Et elle ne voulait pas ça parce que je pense que ça aurait donné une idée un peu de la star.
00:56:11 Je ne me rappelle plus d'ailleurs comment on a eu l'idée.
00:56:15 Je sais qu'on s'est retrouvé un dimanche chez Delphine, place des Vosges.
00:56:19 On a pris une table, on s'est dit que le truc de la machine à écrire,
00:56:22 ça allait permettre d'aller plus lentement et de mieux articuler les phrases.
00:56:27 Et de donner un rythme, etc.
00:56:30 Et puis, ce qui est étonnant, mais je pense qu'on aurait fait un autre jour,
00:56:34 ça aurait été la même chose, c'est que c'est les hacks, les nouvelles du jour.
00:56:38 Qui sont terrifiantes, mais qui en fait sont terrifiantes aujourd'hui,
00:56:41 étaient déjà terrifiantes à l'époque, etc.
00:56:44 Et c'est vrai que ce parallèle du commentaire télé par rapport au livre, c'est très fort, c'est sûr.
00:56:55 Si Américains dans la zone démilitarisée entre les deux Corées,
00:56:58 c'est en tout cas ce que croit savoir ce matin l'hebdomadaire britannique Sainte-Déthailles.
00:57:03 Ralbole la guerre, plus de 20 000 femmes et enfants ont défilé hier à Belfast
00:57:08 pour réclamer la paix en Irlande du Nord.
00:57:11 C'est la plus importante manifestation pour la paix jamais organisée à Belfast.
00:57:15 Femmes catholiques et protestantes ont marché côte à côte
00:57:19 en demandant aux hommes de cesser leurs affrontements mortels.
00:57:22 L'armée clandestine irlandaise, l'IRA, a été très embarrassée.
00:57:26 Elle a tout de même qualifié de collaboratrices et d'opportunistes écœurantes, je cite,
00:57:31 les 20 000 manifestantes catholiques et protestantes qui ont défilé sans incident.
00:57:35 Étant une femme incomplète, l'homme dépense sa vie à tenter de se compléter, de devenir une femme.
00:57:42 Il tente cela en pourchassant constamment, en fraternisant avec,
00:57:48 en essayant de vivre à travers, en fusionnant avec la femme
00:57:53 et en proclamant mâle toutes les caractéristiques féminines,
00:57:58 la force émotionnelle et l'indépendance, la puissance, le dynamisme,
00:58:03 l'esprit de décision, la détente, l'objectivité, l'assurance, le courage,
00:58:08 l'intégrité, la vitalité, l'intensité, la profondeur de caractère, tout ce qui est chouette.
00:58:16 Et en projetant sur les femmes tous les traits masculins,
00:58:20 la vanité, la frivolité, la médiocrité, le baisage, la faiblesse.
00:58:28 Il faut dire pourtant qu'il est un domaine où l'homme possède sur les femmes une supériorité éclaboussante,
00:58:35 celui des relations publiques.
00:58:37 Il a réussi un brillant tour de force en convainquant des millions de femmes
00:58:42 que les hommes sont des femmes et que les femmes sont des hommes.
00:58:46 C'est un texte à mon avis tout à fait superbe à lire et tout à fait provoquant bien sûr.
00:59:00 Et le passage à l'acte est impossible, mais la réflexion que ça provoque, je trouve très importante.
00:59:07 Ma chère enfant, ce serait une grande faute que d'épouser votre père.
00:59:16 C'est très simple, il faut le décourager sans le contredire.
00:59:19 Mais je l'aime.
00:59:21 Je sais que vous l'aimez, mais je vous l'ai déjà dit, vous confondez les amours.
00:59:27 Il me presse et je dois lui rendre réponse demain.
00:59:31 La situation mérite attention.
00:59:37 Mon enfant, on n'épouse jamais ses parents.
00:59:42 Vous aimez votre père, je comprends.
00:59:45 Quelles que soient vos raisons, quels que soient pour lui vos sentiments.
00:59:50 Mon enfant, on n'épouse pas plus sa maman.
00:59:55 On dit que traditionnellement, des questions de culture et de législature décidèrent dans leur temps qu'on ne mariait pas les filles avec leur papa.
01:00:09 Delphine Sérig, vous avez dit, je crois, dans une interview de "Gouffreur d'un tronc" qu'on croirait François, que le cinéma français avait peur de vous.
01:00:16 C'était le titre.
01:00:17 En général, on a peur des femmes qui parlent, qui disent ce qu'elles pensent.
01:00:22 Toutes les femmes pensent, mais il y en a peu qui ont l'occasion de dire ce qu'elles pensent.
01:00:26 Et quand elles ont l'occasion de dire ce qu'elles pensent, elles font très peur parce que c'est un son de cloche qu'on n'a pas l'habitude d'entendre,
01:00:32 parce qu'on se dit "Oh, elle manque de féminité, c'est pas une vraie femme".
01:00:36 Et au fond, tout ça cache de la peur.
01:00:38 C'est tout.
01:00:39 Je crois qu'on a très peur des femmes qui se montrent, disons, fortes.
01:00:44 Il y a énormément de femmes dont la carrière a été bousillée.
01:00:48 Ce qu'il faut remettre, c'est incompréhensible aujourd'hui,
01:00:50 mais il faut remettre tout ça dans le contexte des années 70.
01:00:56 Il y a énormément de femmes qui ont bousillé leur carrière en prenant des positions ouvertement féministes, bien sûr.
01:01:05 Delphine, elle est producteur.
01:01:06 Toscan du Plantier, pour ne pas le nommer, devait avoir un rôle très important, un film qui avait été écrit pour elle.
01:01:15 Et Toscan a dit "Je ne montre pas la production si c'est Delphine qui a le rôle".
01:01:20 Des choses comme ça, d'une violence extrême.
01:01:24 Et Montand a refusé de tourner avec elle dans un film.
01:01:30 [Musique]
01:01:45 [Musique]
01:02:06 [Musique]
01:02:18 Je vous ai proposé dans cette émission de nous dresser un peu votre panthéon personnel,
01:02:23 les grands hommes ou les grandes femmes que vous admiriez.
01:02:27 Et vous m'avez dit "J'ai horreur de ça".
01:02:29 Vous m'aviez dit "En revanche, je voudrais rendre hommage à un groupe de femmes qui ont été les suffragettes anglaises du début du siècle".
01:02:38 C'est vrai qu'il y a peu d'histoire sur le mouvement des femmes, mais en tout cas c'est quelque chose qu'on n'apprend pas du tout à l'école.
01:02:44 La lutte pour les droits élémentaires.
01:02:46 On ne l'apprend qu'en une phrase en disant qu'elles étaient ridicules.
01:02:49 Regardez, c'est pas ridicule ? Je trouve que c'est magnifique.
01:02:51 Excité, hystérique.
01:02:54 Comme si leur discours n'avait pas de sens, comme si elles n'étaient entendues à l'époque par personne.
01:02:59 Elles étaient des milliers à défiler dans les rues et elles se sont battues d'une façon...
01:03:05 Enfin nous paraissons très timides à côté de tout ce qu'elles ont fait.
01:03:08 Elles ont été mises en prison, elles ont fait la grève de la faim, on les a gavées de force.
01:03:15 C'était des luttes très violentes et tragiques.
01:03:20 Il y en a qui sont mortes dans ces luttes.
01:03:23 Je trouve que c'est important de savoir que nous avons ça dans notre passé.
01:03:30 Beaucoup de femmes ignorent qu'elles ont une histoire.
01:03:34 On a fondé il y a trois ans un centre, le centre audiovisuel Simone de Beauvoir,
01:03:44 qui est un centre qui a voulu justement conserver la mémoire de toutes ces luttes de femmes
01:03:50 qui avaient été filmées par des femmes à l'époque.
01:03:53 Tous ces documents sont conservés maintenant au centre audiovisuel Simone de Beauvoir
01:03:57 qui veut créer une mémoire, qu'on n'oublie pas ces choses-là,
01:04:01 et que les femmes puissent aller aussi se reconnaître dans des modèles de femmes non conformistes.
01:04:07 On a deux activités.
01:04:09 La première c'est de rassembler tous les documents qui ont été faits par des hommes ou par des femmes
01:04:13 concernant les femmes ou par des femmes concernant toutes les problématiques sur bande vidéo.
01:04:19 Donc on fonctionne comme une vidéothèque.
01:04:21 On a des documents 35 mm, 16 mm, bande vidéo, des photos aussi.
01:04:26 On a donné une priorité à tous les documents vidéo faits dans les années 70,
01:04:31 au début des années 70 et qui étaient en train de s'effacer.
01:04:34 Donc pour l'instant on a sauvé toute cette première génération de documents vidéo
01:04:38 et puis en fonction de nos possibilités de temps, etc., on va remonter vers les documents plus anciens.
01:04:43 Parce que ces cassettes, ces bandes vidéo des années, du début de la vidéo, se désagrègent, partent en poussière.
01:04:52 Et là, elles collent les têtes.
01:04:55 Et là c'est une restauration.
01:04:57 Moi j'ai jeté tous mes rushs, etc., parce que c'est inhumain comme travail pour les restaurer.
01:05:06 Donc tout ce qui n'a pas été monté en IVC, quant à moi, est perdu.
01:05:11 Tout ce qu'on sait sur les problèmes de restauration,
01:05:15 qui vous appellent à beaucoup de modestie en vidéo, puisque tout s'efface.
01:05:22 Mais alors il y avait les vrais radicals qui sont arrivés, qui avaient des banderoles absolument extraordinaires.
01:05:35 J'ai tout filmé d'ailleurs, j'ai filmé toutes leurs banderoles.
01:05:39 Ah oui ?
01:05:40 Mais alors là, ils manquent des copines en attendant.
01:05:43 Comment je vais faire pour mettre le chat sur le...
01:05:46 Comment je vais faire pour mettre le chat sur le...
01:05:48 On peut les voir ?
01:05:49 Voilà, oui.
01:05:50 Ce qui est dommage, c'est que je ne l'ai pas filmé avec de la couleur.
01:05:54 Elles avaient des banderoles en nylon rose, avec de la teinture violette dessus, des bombes, tu sais, des petites petites à la peinture.
01:06:04 C'est un peu bizarre.
01:06:05 La reprise commence par un petit chaucette avec un...
01:06:13 Se mettre à lutter, se mettre à lutter !
01:06:15 Il n'y aura plus d'absilège, ni coups de patron !
01:06:19 Pour nous résister, pour nous résister !
01:06:23 On se retrouve au chômage, complètement isolés !
01:06:27 À partir du dernier jour, quand tu vas les pointer !
01:06:32 En prison, à moi, comment faire pour payer ?
01:06:35 L'heure et la boucle de gaz et l'électricité !
01:06:39 Quand les fameux, quand les fameux vont !
01:06:42 Le film, elle avait toujours des idées d'action, de film, etc.
01:06:50 Mais des idées de...
01:06:52 Voilà, d'action.
01:06:54 Et ça, moi, c'est ce qui m'a beaucoup manqué, et c'est ce qui me manquera toujours depuis qu'elle n'est plus là.
01:06:59 Parce que ce côté désinhibé, rapide, on ne réfléchissait pas pendant des heures,
01:07:05 s'il fallait le faire ou pas le faire, si c'était bien politiquement ou pas.
01:07:09 On avait envie de faire une chose, on le faisait, point à la ligne.
01:07:13 Voilà.
01:07:14 Et ça, c'est précieux.
01:07:16 Et alors votre féminisme, au fond, consiste en quoi ?
01:07:27 Consiste d'abord à ma communication avec d'autres femmes.
01:07:33 Je crois que c'est ça la première chose, c'est d'écouter d'autres femmes parler,
01:07:37 et puis de leur parler de soi aussi.
01:07:39 Moi, j'ai un grand besoin de ça, je ne pourrais pas vivre si je n'avais pas ça,
01:07:43 si je ne pouvais pas parler avec d'autres femmes de moi, d'elles, et de toutes les autres.
01:07:49 L'expérience de la féminisme a été une expérience de la féminisme.
01:07:53 Elle a été une expérience de la féminisme.
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