"On ira tous au Paradis : le spectacle de Guy Carlier

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Transcript

00:00 mais comme hier, Guy ne va pas faire une chronique classique car il met la dernière main au spectacle

00:05 "On ira tous au paradis"

00:07 le spectacle musical dont il a écrit le texte, hein Laurie ?

00:11 - Et oui, pour convaincre les derniers indécis de nous rejoindre à l'Européen, ce soir Guy a décidé

00:16 de nous interpréter un extrait de ce spectacle ce matin. Bonjour Guy !

00:20 - Bonjour Guy !

00:21 - Bonjour Laurie, bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:24 Allez venez, je vous emmène au bal.

00:27 Plus précisément au bal du 14 juillet 1982, sur la place d'un village du Haut-Var.

00:35 Il y a des guirlandes de lampes de couleur accrochées aux platanes,

00:38 des enfants qui chahutent entre les tables des terrasses et des filles bronzées

00:42 qui rient trop fort pour se faire remarquer par les garçons attablés devant des moresques,

00:47 des monaco, des tango, enfin une de ces boissons au nom pittoresque

00:51 qu'on ne boit qu'en vacances dans le sud de la France.

00:54 Sur un des côtés de la place, on a monté une estrade sur laquelle un de ces orchestres

00:59 qu'on voit l'été dans les fêtes des vacances, enchaînent les tubes de cette année-là.

01:03 Soudain, on tamise les lumières des projecteurs et un cri de joie s'élève de la foule

01:09 car c'est la promesse annoncée de la série de slow.

01:12 Et dans les bals, quand arrivent les slow, les garçons abandonnent leur tango.

01:17 Oui, je suis assez fier de cette figure de rhétorique.

01:21 Par une étrange sélection naturelle, les garçons les plus ringards invitent à danser

01:25 les cagoles les plus communes, les surpoitrinés, les surmaquillés,

01:30 les inondés d'eau de toilette retiens la nuit de Johnny Hallyday.

01:33 Les filles vêtues de mini-shorts à paillettes acceptent de danser avec des garçons

01:38 qui ont la même exigence de classe et d'élégance, c'est-à-dire qu'ils portent des t-shirts

01:43 sur lesquels ils ont floqué la tête d'Omer Simpson.

01:46 La série de slow a rempli la piste de danse.

01:49 Il ne sont plus que deux à rester en terrasse.

01:51 Un garçon qui regarde en silence la seule fille restée à la table.

01:56 Elle est jolie, pourtant on ne l'a pas invitée.

01:58 Est-ce que parce que sa robe légère en lin l'a rendue invisible aux yeux des garçons

02:03 qui depuis le début de la soirée ont les yeux scotchés sur les mini-shorts à paillettes

02:08 des Beverly, Cindy et autres Kimberley ?

02:11 Est-ce parce qu'elle a la beauté, pas les mélancoliques des héroïnes des films

02:15 des frères Darden ? Nul ne pourrait le dire.

02:17 Ces deux-là se regardent longuement en silence et finissent par éclater de rire devant l'incongruité

02:23 de la situation.

02:24 Et cet éclat de rire déchire leur pudeur comme on brise un cristal.

02:27 Alors, il lui tend la main et quand elle lui abandonne la sienne, les deux tremblent au

02:32 contact de leur peau en avançant vers le centre de la piste.

02:35 Et les voilà soudés l'un à l'autre.

02:38 Ils restent silencieux.

02:39 Ils ont peur de briser la magie de l'instant.

02:42 Alors, après avoir longtemps cherché un sujet de conversation sans risque, il finit

02:47 par lui demander d'où elle vient.

02:49 C'est ce qu'elle craignait.

02:51 Elle savait que ce moment allait arriver, qu'elle n'aurait pas le courage de lui

02:54 dire qu'elle vient du Nord, de lui parler des Térils, de la fosse 27 où travaillait

02:59 son père, dans un bal au pays du soleil et des cigales.

03:02 Mais à cet instant, un miracle s'est produit quand le chanteur a prononcé les premiers

03:08 mots du premier slow qui disait "au Nord, y'avait les corons".

03:13 Alors, elle s'est serrée plus fort contre lui et elle a murmuré "les corons, c'est

03:19 de là que je viens".

03:20 Il y a quelques jours, la télé diffusait un match sur Racine Club de Lens et quand

03:23 le public, dans un rituel immuable, s'est mis à chanter "les corons", la caméra

03:28 a isolé un couple de quincagénaires qui se souriaient en serrant leurs mains très

03:32 forts en voyant apparaître leur visage sur l'écran géant du stade.

03:36 Ce couple, c'était les deux du bal du 14 juillet 82 et c'était comme si le stade

03:42 entier nous chantait leur histoire.

03:45 Merci Guy Carlier.

04:00 Alors voilà, c'est un petit extrait évidemment.

04:02 Très bel extrait.

04:03 Émouvant, mais il y a beaucoup de choses évidemment dans ce spectacle.

04:08 Alors, si vous voulez aller le voir, c'est ce soir au Théâtre de l'Européen, c'est

04:11 à Paris, il faut être en région parisienne.

04:13 Après, il ira tourner un petit peu partout en France.

04:16 Tiens, si vous voulez y aller, vous nous appelez 0 826 300 300 et vous accompagnerez Laurie

04:21 pour aller le voir et applaudir Guy Carlier ce soir.

04:25 Mon cher Guy, c'est à 20h.

04:26 On vous retrouve ce soir, bien sûr, Guy.

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