• il y a 7 mois
Il est 5 h du matin sur le quai de l’Institut National de Plongée Professionnelle. Le soleil est encore couché et la mer d’huile annonce une journée parfaite pour ce jour si particulier. Géraldine Parodi grimpe sur la barge, qui, dans quelques heures, la fera rentrer une nouvelle fois dans l’histoire. Il y a quelques années déjà, elle devenait la quatrième femme scaphandrier en France. Aujourd’hui, elle s’apprête à devenir la première d’entre elles à passer le fameux « 3A », qui correspond au plus haut niveau de formation de plongée professionnelle en saturation au monde.

Au loin, deux lamaneurs et un remorqueur viennent arrimer la barge, afin de la conduire au large, derrière l’île du Riou, où se trouve un point de plongée à 80 mètres de profondeur. Géraldine fera équipe avec Martin, un instructeur néo-zélandais lui aussi venu décrocher le Graal des scaphandriers.

Il faudra une heure de navigation ou plutôt de tractage pour atteindre la zone de plongée. C’est à ce moment que tout se précipite. Les tenues de plongée sont enfilées, la check-list est vérifiée et Géraldine se faufile dans la petite cloche qui lui permettra de descendre et effectuer ses plongées à plusieurs paliers, « c’est la journée que j’attendais, c’est dans la continuité de ma vie de scaph mais c’est sûr que c’est une journée importante », confie-t-elle sans laisser entrevoir la moindre anxiété avant le grand moment.

À l’intérieur de la salle de contrôle, Romain Orlandini, un ancien plongeur démineur devenu l’un des spécialistes de la saturation les plus reconnus au monde, pilote tel un chef d’orchestre les différentes vannes qui permettront à Géraldine de respirer le mélange de gaz nécessaire au bon fonctionnement de son corps dans cette descente hors du commun.

Après deux plongées à 25 et 55 mètres, l’heure est venue pour la reine des fonds marins d’entrer définitivement dans l’histoire. La trappe s’ouvre et la plongeuse sort pour la première fois à 80 mètres de profondeur. Au final, elle effectuera quelques pas, à 84 mètres très précisément, pendant une dizaine de minutes, avant d’amorcer sa remontée et rejoindre le caisson hyperbare.

L’opération aura duré au total deux fois à peine plus d’une heure, et pourrait presque s’apparenter à de la routine, tant tout semble maîtrisé par l’équipe, comme par Géraldine. Mais il ne faut pas s’y tromper, en atteignant cette profondeur en saturation, les risques sont réels. La moindre erreur pourrait coûter la vie à ces plongeurs.

À l’issue de cet exploit, il faudra un peu plus de 42 heures au binôme enfermé dans un caisson hyperbare à bord de la barge pour enfin pouvoir retrouver un équilibre de gaz normal dans leur sang et retrouver l’air libre.

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Transcription
00:00 Oui je serai la première française au monde, on sera à 4 en tout.
00:03 En fait c'est pour moi un moyen de dire que voilà la femme ça y est, elle met un pied dans la plongée à saturation.
00:07 Une journée historique pour la plongée.
00:10 Géraldine Parodi s'apprête à devenir la première femme scaphandrier de France
00:14 à passer la plus haute certification de plongée, le 3A.
00:19 Une descente à 80 mètres de profondeur dans une cloche de saturation,
00:23 un exploit qui lui imposera de rester trois jours enfermée dans un caisson
00:27 afin de permettre à son corps de s'acclimater peu à peu à la pression sur terre.
00:32 Moi je me sens très très bien, là c'est la journée qu'on attend tous.
00:35 On a fait beaucoup beaucoup d'exercices, on a quand même,
00:38 à l'INPP on a quand même l'expertise mondiale puisque c'est l'école qui forme le monde entier
00:43 au niveau de la plongée à saturation, c'est l'école principale en tout cas.
00:46 Et on a des maîtres système qui nous ont préparés pour pouvoir faire ça sereinement.
00:50 Je ne m'en rends pas compte d'un côté parce que moi c'est dans la continuité de mon travail.
00:55 Par contre le fait de réaliser après que je serai la première française au monde,
01:00 on sera à 4 en tout, de femmes dans le monde entier,
01:04 en fait c'est pour moi un moyen de dire que voilà la femme ça y est,
01:07 elle met un pied dans la plongée à saturation.
01:09 À la fin, tu connectes, tu transfères le 2B et tu reprends le même endroit.
01:15 Oui.
01:16 Ok ?
01:18 Heureuse ?
01:19 Oui, très heureuse.
01:21 À bord, après plus d'une heure de navigation assurée par un rômeur cœur,
01:24 tout se précipite.
01:25 En quelques minutes, Géraldine se prépare, entre dans la cloche et amorce sa première plongée.
01:31 Elle en enchaînera 6 en tout.
01:33 Une fierté pour l'Institut National de Plongée
01:35 qui est l'une des seules institutions au monde à proposer cette formation.
01:39 Donc là elle est à 80 mètres ?
01:40 80 mètres.
01:42 [Bruit de plongée]
01:52 3, c'est le niveau le plus élevé de la plongée professionnelle.
01:57 Ça permet de pouvoir travailler dans le monde entier
01:59 et puis d'être aussi reconnue par ses pairs.
02:01 Oui, je pense que c'est un aboutissement,
02:02 ça fait quand même une dizaine d'années ou une quinzaine d'années qu'elle est plongeur.
02:06 Elle a travaillé dans des entreprises françaises,
02:08 donc oui je pense que c'est un aboutissement comme pour tous les plongeurs professionnels.
02:11 Déjà on est les seuls au monde quasiment à faire cette formation
02:15 et maintenant on est la seule femme au monde à travailler à l'INPP classe 3.
02:20 Géraldine est donc entrée dans l'histoire ce dimanche.
02:22 Une fois sortie du caisson,
02:24 elle est entrée dans un cercle très fermé
02:26 et devient la quatrième femme sur la planète
02:28 à pouvoir pratiquer la plongée en saturation.

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