• il y a 7 mois
Le critique cinéma et journaliste au service culture du "Nouvel Obs" Nicolas Schaller est un de nos envoyés spéciaux à Cannes cette année. Comment couvre-t-il ce Festival ? Comment organise-t-il ses journées, entre interviews, projections, écriture des critiques et soirées mondaines ? Plongée dans les coulisses du Festival et de la fabrique de l'information avec cette vidéo extraite de notre revue de presse hebdomadaire en live, chaque jeudi, de 13h30 à 14 heures, sur notre site et nos comptes Instagram et TikTok.

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Transcription
00:00 Comment se déroule une journée type ici à Cannes ?
00:02 Le principe c'est d'aller voir des films déjà.
00:04 Le gros de la journée c'est de voir des films parce qu'il y a énormément de films.
00:08 Il y a plus d'une centaine de films si on additionne toutes les sections du festival.
00:12 C'est d'aller voir à peu près en moyenne entre les petites journées
00:15 où on a beaucoup d'interviews, entre 2 à 4 films par jour à peu près.
00:18 En tout cas pour moi.
00:19 C'est énorme ça.
00:20 J'essaie de ne pas dépasser, plutôt dans les 3-4.
00:22 Il faut donc écrire des papiers, soit des critiques de ces films vus
00:26 ou banquer des interviews pour l'année à venir
00:29 parce que l'intérêt de Cannes c'est d'avoir en général
00:33 la plupart des grands films à venir dans l'année ou dans les 2 ans à venir.
00:39 Donc c'est en profiter de la présence des artistes qui sont là pour les avoir.
00:44 3-4 films par jour, c'est quand même assez énorme
00:48 de voir autant de films dans une journée, non ?
00:50 J'ai toujours dit ça, Cannes c'est le meilleur endroit et le pire endroit pour voir les films.
00:54 C'est à la fois les meilleures conditions,
00:55 à la fois parce qu'ils n'ont jamais été montrés ailleurs,
00:59 donc on les voit vraiment en première, mondiale.
01:03 On les voit dans des salles en général,
01:05 en tout cas la salle de Grand Théâtre Lumière et la salle de Bussy
01:08 où il y a les grandes projections de presse.
01:10 C'est des salles dans des conditions techniques idéales,
01:13 avec de superbes écrans.
01:14 Après c'est aussi dans des conditions de fatigue,
01:16 et on va dire en tout cas d'hyperactivité
01:19 qui parfois ne laisse pas le temps de laisser mûrir les œuvres.
01:22 Et parfois on redécouvre des films après en les revoyant.
01:25 Et toi, comment ça se déroule une projection cannoise ?
01:29 Tu prends des notes pendant le film, comment on y accède ?
01:32 Est-ce qu'il faut s'inscrire ? Comment ça se passe en fait ?
01:35 Il y a plein de manières différentes de voir les films.
01:37 Nous, pour les journalistes professionnels, on a une accréditation.
01:41 Il y a différents grades d'accréditation
01:42 qui permettent d'avoir un accès plus ou moins privilégié aux séances et aux films.
01:47 Moi j'ai la chance d'en avoir une bonne
01:50 parce que je suis sur un média, comme on dit, prescripteur important.
01:56 Le Nouvelle Obs, non pas pardon.
01:59 Et que j'en suis le représentant cinéma.
02:02 Alors on a posé en amont un appel aux questions des internautes.
02:07 Il y en a une qui est revenue deux fois.
02:10 Comment écrit-on une critique de film ?
02:12 Et en combien de temps ? Comment ça se passe Nicolas ?
02:14 Comment tu fais ?
02:15 Il n'y a pas de méthode.
02:17 Vous demandiez si on prend des notes.
02:19 Oui, moi je prends souvent des notes
02:22 pendant les films que je n'arrive pas à relire après bien sûr
02:24 parce qu'écrire dans le noir en restant concentré, c'est compliqué.
02:26 Donc ça a l'utilité que ça peut avoir.
02:29 Ça dépend des films en fait.
02:30 Il y a des films, ça vient tout seul.
02:31 Puis ça dépend aussi pourquoi on écrit et pour qui.
02:34 Si c'est sur un format limité pour le magazine.
02:37 On n'écrit pas de la même manière que quand c'est pour Internet
02:38 où on peut laisser couler les choses parce qu'il n'y a pas de limitation de place.
02:42 Il y a des films qui ont besoin de mûrir et d'autres qui appellent une critique immédiate.
02:46 À Cannes, le truc c'est qu'on doit quand même souvent écrire le plus vite possible
02:50 parce que c'est le principe, c'est un peu l'exclusivité.
02:53 En tout cas, le premier qui arrive, qui sort la critique.
02:58 Il y a une sorte de course à la critique que moi je n'aime pas trop
02:59 et que je n'aime pas trop courir après ça.
03:02 Mais sur certains gros événements, on est un peu contraints.
03:05 Moi, je trouve parfois qu'on privilégie un peu trop les avis
03:07 et pas assez les argumentations et en tout cas la remise en perspective parfois de films
03:15 que la plupart des gens, quand ils lisent la critique, n'ont pas la possibilité de voir.
03:19 Donc autant leur donner peut-être envie en remettant dans le contexte un peu le film,
03:25 pourquoi il a été fait, d'où il vient, qui l'a fait et tout ça,
03:28 plutôt que de donner un avis péremptoire.
03:30 Vous nous avez posé la question aussi à Cannes.
03:32 Qu'est-ce qui est le plus difficile selon toi ?
03:34 Le plus difficile, c'est la fatigue parce qu'il faut avouer...
03:38 On travaille beaucoup.
03:38 Voilà, il y a du travail et puis il y a aussi des fêtes et tout un côté un peu...
03:43 On en parlera un peu.
03:44 Comment dire ?
03:45 Oui, mondanité, même si je ne suis pas très fan de ça, mais il y a quand même...
03:49 Voilà, c'est là aussi où on profite pour voir les gens de la profession,
03:52 pour discuter un peu avec eux et voilà.
03:54 Et après, le plus difficile aujourd'hui, je pense que c'est vraiment l'accès aux artistes.
03:59 Il y a vraiment une accumulation de gens qui font que les artistes et célébrités
04:04 n'ont plus le temps de donner des choses à tout le monde
04:08 et surtout, eux-mêmes n'ont plus du tout envie de jouer le jeu
04:11 et donc on a de moins en moins accès aux gens.
04:12 Le plus réjouissant dans ce festival ?
04:14 On a fait le pire, c'est quoi le meilleur ?
04:18 Le plus réjouissant, c'est quand on voit un beau film.
04:23 C'est aussi bête que ça, quand on voit un film formidable,
04:25 qu'on a réussi à voir bien et sans piquer du nez
04:31 ou sans les relents de la soirée de la veille.
04:36 Honnêtement, c'est de voir un beau film, c'est un peu lambda de dire ça,
04:40 mais on est là pour ça.
04:42 Et puis de faire, ce qui est de moins en moins le cas, de faire de belles rencontres.
04:45 Les deux sont des choses assez rares,
04:47 de voir des vraiment très très beaux films et de faire des très belles rencontres,
04:50 mais quand ça arrive, c'est ce qui nous donne encore toujours le goût de ce métier.

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