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00:00 Vous vous demandez cette pièce, on évoque beaucoup le patriarcat ou en tout cas la domination masculine sur les femmes qui le vivent.
00:06 Vous le racontez très très bien avec Laura Lone sur la scène du Théâtre Antoine.
00:09 Vous-même vous avez, comment dirais-je, vécu des Pygmalions dans votre carrière ?
00:14 Ah bah que ça ! En fait j'ai l'impression d'être née avec moi.
00:17 Donc à commencer effectivement par un père, même si c'était pas un bon Pygmalion, c'en était un.
00:22 Et puis ça s'est poursuivi parce qu'on répète les schémas.
00:26 Et que ça s'est poursuivi dès que je suis rentrée dans le métier.
00:30 Que ça soit les Delon, les Besson, ou même Olivier Dassault au tout début qui était le producteur de Hôtel de la Plage.
00:39 Mais là aussi, aujourd'hui avec le recul, je sais qu'il y a une co-responsabilité.
00:44 C'est-à-dire que j'étais à la recherche de ça aussi.
00:47 Et ils l'ont senti et ils se sont engouffrés dedans.
00:50 Après...
00:51 Vous le regrettez pas ?
00:52 Non, le problème c'est que...
00:55 On souhaite que ces gens quand ils s'engouffrent dans vos entrailles,
01:00 c'est pour qu'ils construisent quelque chose de beau.
01:03 C'est pas toujours le cas.
01:05 Et donc effectivement là on devient avec les itinéraires de Pygmalions pervers ou pervertis.
01:10 Et là on rentre dans des témoignages que vous entendez aujourd'hui, vous les abusez.
01:16 Mais c'est vrai que oui, moi j'ai été des Pygmalions jusqu'à mon livre en fait.
01:22 Et c'est le livre qui m'a vraiment autorisée à me dire que je pouvais être mon propre Pygmalion.
01:28 Et essayer de suivre mon instinct et ce que je chantais, plus que l'instinct des autres en fait.
01:38 Et qui était surtout en plus pas forcément toujours bien orienté.
01:41 Et donc petit à petit, pas à pas, je me dirige vers une reconstruction de regard que je porte sur moi-même.
01:50 Quel regard portez-vous sur Alain Delon actuellement ?
01:53 Triste.
01:55 Triste parce que je trouve que...
01:59 C'est surréaliste en fait.
02:01 Le fait de comparer, enfin c'est même pas comparer, c'est le fait de réaliser, de conscientiser ce qu'a été cette personne sur notre planète.
02:14 Parce que c'était quand même mondial.
02:16 Et de relativiser en disant "ben oui mais ça change rien au problème en fait".
02:20 C'est à dire qu'à un moment donné il y a une fin de vie.
02:22 Et que quand cette fin de vie intervient de cette façon là, quelle tristesse, quel dommage.
02:29 Et on se dit que tout cet itinéraire c'était pour arriver là.
02:33 Et là ça, ça me...
02:35 Ça, ça...
02:37 C'est douloureux.
02:39 C'est douloureux.
02:41 [SILENCE]