• il y a 7 mois
50 pompiers de Drôme et d'Ardèche seront à Paris pour manifester aujourd'hui, à deux mois des Jeux Olympiques
Ils demandent de la reconnaissance au gouvernement, notamment sous forme financière, protestent aussi contre la réforme des retraites et réclament un meilleur suivi de leur santé.

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Transcription
00:00 8h moins le quart, tous les syndicats de pompiers appellent à faire grève aujourd'hui.
00:04 Mobilisation inédite nationale, on en parle avec un représentant de Romois ce matin, Emmanuel Champal.
00:09 Bonjour Frédéric Greff, bonjour.
00:11 Secrétaire départemental sud pour les pompiers de la Drôme, qu'est-ce qui coince aujourd'hui ?
00:15 Pourquoi vous vous mettez en grève comme ça ?
00:17 Alors c'est pas comme ça, donc déjà que les neuf organisations syndicales nationales
00:22 unitairement ont appelé à ce mouvement, donc c'est un mouvement inédit.
00:27 Donc c'est plusieurs thématiques et c'est surtout une reconnaissance générale de notre profession
00:34 où on voit on n'est pas reconnu sur différentes thématiques, que ce soit au travers des JO,
00:40 au travers de la santé, sécurité, au travail, parce qu'on a des problématiques chez nous,
00:45 c'est les grandes thématiques.
00:47 Et bien sur les retraites, même si on a l'impression que c'est, on pourrait dire, un vieux sujet qui revient,
00:52 mais il y a certaines problématiques chez nous par rapport à notre profession.
00:55 Alors on va les reprendre un par un, ces problèmes, les Jeux Olympiques de Paris d'abord, qu'est-ce qui ne va pas ?
01:00 C'est la reconnaissance, on voit que tous les autres services, que ce soit la RTP, les forces de l'ordre,
01:06 dans leur mobilisation vont avoir une reconnaissance.
01:08 Nous ce n'est pas le cas.
01:11 Alors certes aujourd'hui en Drôme, pour l'instant notre direction garantit par exemple nos congés,
01:16 néanmoins on a une certaine inquiétude, puisque aujourd'hui les sapeurs-pompiers de Drôme
01:22 devraient être mobilisés sur Paris, si un Allemand devrait être envoyé aussi sur Paris,
01:28 sur Lyon, pour les JO qui vont se dérouler sur Lyon,
01:32 mais en même temps on a la saison Feu de Forêt,
01:34 donc tout ça cumulé, on a une inquiétude sur la garantie des potentiels opérationnels journaliers,
01:40 et qui pourrait avoir potentiellement un impact sur nos congés aussi.
01:44 - Et ce que vous voulez c'est quoi ? Pour parler clair, c'est des primes ?
01:47 - Si on doit reculer nos congés, qu'on ait une reconnaissance, un minimum,
01:52 une anonymisation, comme il se passe pour les policiers nationaux, pour les RATP, etc.
01:56 C'est une reconnaissance.
01:58 Aujourd'hui la difficulté qu'on a c'est les sapeurs-pompiers en France,
02:03 c'est national, on est à deux têtes, on dépend du ministère de l'Intérieur,
02:08 qui décide, qui est là, mais les financeurs et les payeurs sont les départements, les communes.
02:13 Donc c'est un peu la difficulté.
02:17 Face à cette difficulté, on traîne des difficultés de reconnaissance, notamment sur ce point-là.
02:22 - À l'approche des JO, en tout cas, vous vous sentez oublié ?
02:24 - Tout à fait.
02:25 - Pour parler clair. Frédéric Greff, autre problème, vous l'avez évoqué, votre santé.
02:30 Aujourd'hui, parmi les revendications, il y a la demande d'un suivi médical plus important
02:35 concernant votre profession, par rapport à ce qu'on a appelé les PIFAS,
02:40 ces fameux polluants éternels qui sont potentiellement cancérigènes.
02:44 Qu'est-ce qui se passe là ?
02:46 - En fait, ça fait à peu près 20 ans, il y aurait dû y avoir une étude épidémiologique
02:50 sur la filière sapeurs-pompiers par rapport à ces problématiques de toxicité des fumées,
02:55 puisqu'on retrouve tous ces éléments, notamment sur les incendies.
03:00 Rien n'a été fait.
03:02 Aujourd'hui, ce qu'il faut savoir en France, pour les sapeurs-pompiers,
03:06 il n'y a qu'un seul cancer qui est reconnu, c'est le carcinome du nasopharynx.
03:12 Alors qu'aux Etats-Unis, il y en a 30.
03:15 Au Canada, 19. Et en Australie, 12 types de cancers qui sont reconnus.
03:19 Donc aujourd'hui, ce qu'on veut, c'est une reconnaissance des effets
03:25 de l'ensemble de ces polluants éternels ou rotateurs de flammes
03:29 qu'on retrouve dans notre quotidien, dans notre mobilier, dans les objets du quotidien.
03:32 - C'est ce que j'allais vous dire, ces PIFAS, ces fameux PIFAS, ces fameux polluants éternels,
03:35 on les retrouve où ? Vous êtes au contact comment, quotidiennement, avec eux ?
03:38 - En fait, c'est dans tous les mobiliers du quotidien.
03:40 C'est par exemple pour retarder les départs de feu.
03:43 Donc vous l'avez, les industriels les utilisent dans tout.
03:47 Ce qui fait que dès qu'on a un incendie, ces polluants éternels
03:51 et ces rotateurs de flammes se dégagent dans les fumées.
03:55 Et donc du coup, on est confronté à ces éléments-là.
03:59 Et nos tenues d'intervention ne sont pas étanches à 100%.
04:02 Donc ça traverse et du coup, on contacte de la peau, etc.
04:07 - Les imperméabilisants aussi de votre tenue contiennent ces molécules-là ?
04:11 - Oui. - Aussi ?
04:13 - Ce qui fait qu'aujourd'hui, on va lancer une action pendant la manifestation parisienne
04:19 où on va avoir des prélèvements capillaires sur des collègues
04:23 afin de faire évaluer les taux que certains ont absorbés le long de leur carrière.
04:32 - Voilà pour les deux principales revendications.
04:34 Donc une éventuelle prime pour les JO en tout cas.
04:37 Vous voulez y voir plus clair. Votre santé aussi.
04:39 Et puis derrière tout ça, il y a aussi cette réforme des retraites
04:43 qui n'a toujours pas été digérée.
04:45 - Tout à fait. Profession un peu particulière.
04:48 On a pris deux ans comme tout le monde.
04:52 On a une bonification qui nous permet de partir un peu plus tôt
04:55 mais c'est les sapeurs-pompiers qui se la financent eux-mêmes.
04:58 Les collectivités ne la financent pas. C'est nous-mêmes qui nous la finançons.
05:02 Nous sommes classés ce qu'on appelle en catégorie "active".
05:06 Et aujourd'hui, on voudrait que cet autofinancement par les sapeurs-pompiers soit supprimé.
05:14 Et ce qu'il faut savoir, c'est que les sapeurs-pompiers,
05:17 majoritairement en France, travaillent en régime de garde de 24 heures.
05:20 Ce qui fait à peu près 2000 heures de travail par an, reconnues que 1600.
05:25 Avec différents taux de reconnaissance en fonction des départements.
05:29 Ça aussi c'est un peu particulier. Dans un même pays,
05:32 en Drôme, on est reconnu 17h,3 pour 24 heures.
05:36 Récemment, on a eu une évolution.
05:38 Dans d'autres départements, c'est 16 heures. Dans d'autres, c'est 18.
05:41 Même sur le territoire national, il n'y a pas une reconnaissance identique.
05:44 Donc c'est un peu compliqué.
05:46 J'ai fait le calcul sur ma carrière, j'ai l'équivalent de 14 ans qui ne sont pas reconnus.
05:53 14 ans de travail qui ne sont pas reconnus.
05:55 À un moment donné, c'est pour ça qu'on veut, dans la réforme des retraites,
05:59 que notre spécificité de travailler en 24/3 soit reconnue.
06:03 - Vous vous dites que ce n'est pas perdu, même si la réforme est passée, même si la loi est passée ?
06:08 - Est-ce qu'un combat est perdu d'avance ?
06:10 Non, nous on est de maxime.
06:12 Celui qui se bat peut perdre, celui qui ne se bat pas a déjà tout perdu.
06:15 Il y a des luttes qu'il faut continuer.
06:18 - Lutte que vous allez mener en vous mobilisant au travers de cette grève nationale,
06:22 de cette mobilisation inédite, manifestation à Paris.
06:27 Dans les départements, des choses sont prévues ?
06:30 - Non, on a principalement mobilisé nos adhérents et nos sympathisants à monter sur la région parisienne.
06:37 - Combien de pompiers de Romoie aujourd'hui à Paris ?
06:39 - On aura à peu près une quarantaine de pompiers de Romoie de l'ensemble des organisations syndicales de la Drôme.
06:46 Et on a des collègues Ardècheois qui profitent pour monter avec les Drômois,
06:51 puisqu'on s'entend très bien entre Drôme et Ardèche.
06:53 - Et c'est tant mieux. Merci à vous Frédéric Greff, secrétaire départemental du syndicat Sud pour les pompiers de la Drôme.
06:58 Passez une bonne journée.
06:59 - Merci, vous aussi.
07:00 - Une interview que vous retrouverez dans quelques instants sur l'application ICI par France Bleu et France 3.

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