• il y a 7 mois

Aujourd'hui dans Punchline, Laurence Ferrari reçoit Botton, un ancien détenu, qui alerte sur la situation des prisons en France.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 [Musique]
00:03 Punchline, 18h-19h,
00:05 Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:08 [Musique]
00:12 18h38, on se retrouve en direct sur CNews et sur Europe 1.
00:14 On est toujours avec Driss Ghali, avec Vincent Herweth et Geoffroy Lejeune.
00:18 On accueille Pierre Botton, bonsoir.
00:19 Vous êtes un homme d'affaires, ancien détenu.
00:21 Vous avez passé 602 jours en prison.
00:24 Vous allez nous raconter cela dans sept maisons d'art différentes.
00:27 On va évoquer votre expérience à la lumière de ce qui s'est passé
00:30 pour ces agents de la pénitentiaire qui ont été abattus dans l'heure hier
00:33 pour l'évasion d'un détenu qui était dangereux,
00:36 qui avait un très long pédigré judiciaire.
00:39 J'aimerais juste qu'on revienne sur l'opération
00:42 qui a été menée dans les prisons aujourd'hui,
00:43 prison morte évidemment, menée par les agents de la pénitentiaire.
00:47 On fait le point avec Tancrede Guillotel et je vous passe la parole ensuite.
00:50 Tête baissée, devant un drapeau en berne,
00:55 ce matin, les agents pénitentiaires ont respecté une minute de silence
00:59 pour rendre hommage à leurs deux collègues
01:00 décédés hier dans l'attaque d'un fourgon au PH d'un Carville dans l'heure.
01:04 Au centre pénitentiaire de Caen,
01:06 à la prison de la Santé à Paris ou encore à Gradignan en Gironde,
01:09 plusieurs centaines de surveillants pénitentiaires
01:11 ont même bloqué leurs établissements pour une journée prison morte.
01:15 Bruno Brassm du syndicat Une FAP, Une Sa Justice à Caen,
01:18 témoigne de leur mal-être.
01:20 Les mois sont présents pour tout le monde.
01:22 On part du surveillant jusqu'au chef d'établissement.
01:26 Tout le monde est en émoi.
01:27 De la tristesse, mais également de la colère pour le personnel pénitentiaire
01:31 qui alerte sur la dangerosité du métier.
01:34 La profession demande notamment des solutions face à la surpopulation carcérale,
01:38 mais aussi la réduction des extractions judiciaires.
01:40 L'intersyndicale a été reçu cet après-midi par Éric Dupont-Moretti.
01:44 Emmanuel Bodin du syndicat FO pénitentiaire assure qu'elle a été entendue.
01:49 Il y a des annonces importantes et rapides qui vont pouvoir être mises en place
01:51 au niveau de l'armement, des équipements, véhicules,
01:54 des choses qu'on avait demandées, on a été entendu sur ce sujet.
01:57 On va avoir, vous savez, développer, réduire les extractions judiciaires
02:01 et pouvoir augmenter les visios, déplacer les magistrats.
02:05 Là aussi, le sujet est lancé.
02:07 L'intersyndicale a annoncé maintenir les mouvements sociaux
02:09 sur les établissements pénitentiaires,
02:11 dans l'attente des décisions prises par le ministère de la Justice.
02:15 Elle devrait leur être transmise demain matin.
02:17 Voilà pour ce qui s'est passé dans les prisons aujourd'hui.
02:19 Pierre Botton, je vous ai entendu très ému ce matin chez Pascal Praud.
02:23 Oui, je suis très ému parce que j'ai beaucoup de respect pour les surveillants.
02:26 Il faut dire qu'il y en a un qui m'a sauvé la vie.
02:28 - Littéralement ? - Oui, tout à fait.
02:30 J'étais pas bien, comme ça peut arriver en prison.
02:33 Et contre tous les règlements, il a ouvert la porte de la prison le soir
02:37 et il m'a permis de parler et tout ça.
02:39 Et donc, il s'appelle Charles Roche, je peux le nommer.
02:43 Et j'ai beaucoup de respect pour cette profession
02:44 qui est complètement lâchée par sa hiérarchie.
02:47 Quand je dis que c'est de la chair à canon, c'est exactement ça.
02:50 C'est-à-dire qu'ils sont envoyés au front
02:53 avec une population pénale qui est de plus en plus difficile,
02:56 - mais très, très difficile. - Plus violente ?
02:59 - De plus en plus violente ? - Mais moi, ce que j'ai vu
03:01 et ce que j'ai raconté dans le livre,
03:05 c'est juste hallucinant, madame Ferreri.
03:07 Et malheureusement, évidemment, comme j'ai un passé judiciaire,
03:10 on m'écoute pas forcément.
03:12 Parce que vous êtes ancien détenu ?
03:13 Oui, je suis ancien détenu, parce qu'on dit...
03:15 Mais ce que je dis souvent, je suis pas en train de vous expliquer
03:18 comment vous allez remplir votre déclaration d'impôt.
03:20 Je suis en train de vous expliquer ce que j'ai vécu, madame Ferreri.
03:24 Ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu pendant des jours et des jours.
03:28 - C'est-à-dire ? - La drogue de partout.
03:30 - La drogue de partout ? - De partout.
03:31 Les téléphones, j'ai vu M. le garde des Sceaux
03:35 dire qu'il avait fait une opération cellules nettes.
03:38 Il a dit "on a récupéré 117 téléphones".
03:42 Vous savez combien ils en ont retirés l'année dernière ?
03:44 L'administration pénitentiaire, 40 000.
03:46 - Juste l'année dernière. - 40 000.
03:48 Il y en a de partout. La violence de partout.
03:50 La corruption, madame.
03:52 Vous savez ce à quoi sont soumis ces surveillants ?
03:55 Vous savez ce que c'est de se faire cracher dessus 3, 4, 5 fois ?
03:57 - Par jour ? - Oui.
03:59 Et puis, il y a une organisation au sein de la...
04:01 Une organisation... Je vous raconte une petite...
04:03 Parallèle, une organisation parallèle.
04:05 Mais il y a une organisation... Tous les détenus se connaissent.
04:08 Donc, s'ils voulaient, s'ils prennent un surveillant en chasse,
04:12 s'ils le suivent de bâtiment en bâtiment,
04:14 et le gars, il peut pas résister.
04:16 Je vais raconter des scènes que j'ai vécues, madame.
04:18 - Je les ai vécues. - Pierre Botton.
04:20 Quand on se promène, on a une carte.
04:23 Le gars n'avait pas sa carte.
04:24 Donc, le surveillant lui dit "votre carte, elle est où ?"
04:28 En cellule. "Vous pouvez aller la chercher ?"
04:29 "Non."
04:30 "Vous pouvez aller chercher votre carte, s'il vous plaît ?"
04:33 "Non."
04:34 "Tu m'ouvres ou ta bagnole elle crame ce soir ?"
04:37 Et le pire, c'est que la bagnole elle crame le soir.
04:39 - Donc, ils connaissent tout. - "Qu'est-ce que vous faites le 2e soir ?"
04:41 Mais madame, je vais vous poser une question.
04:43 Vous êtes capable de trouver 5 personnes pour vous accompagner,
04:46 pour vous sortir de tôle avec des mitraillettes ?
04:50 Ils ont été élevés avec ça.
04:52 Tout a changé.
04:53 On parle des extractions judiciaires.
04:56 Moi, je veux bien.
04:57 Et la drogue, en prison, on en parle.
04:58 Pourquoi on met pas les chiens ?
05:00 Pourquoi on met pas des chiens renifleurs qui viennent dans les pédos ?
05:02 Parce qu'on veut pas trouver la drogue ?
05:03 - Non. - Mais parce qu'on ne veut pas la trouver, madame.
05:05 On est d'accord, c'est ce que je vous dis.
05:06 On ne veut pas la trouver.
05:08 Et qu'est-ce qui rentre avec la drogue ?
05:10 L'argent.
05:11 L'argent.
05:12 Et je vous assure, je suis triste pour cette famille de surveillants
05:16 comme vous avez pas idée.
05:17 C'est tellement horrible.
05:19 C'est tellement horrible.
05:20 Ils ne méritent pas ça, les surveillants.
05:22 Ils ne méritent pas ça.
05:23 Mais ils sont totalement lâchés par leur hiérarchie.
05:25 Qui s'en fout ?
05:26 Surtout pas de vague.
05:27 Et dès qu'il y a une vague...
05:28 Vous savez, très souvent, j'emploie cette expression,
05:30 je dis que la pénitentiaire, c'est l'école avant l'arrivée d'Atalme.
05:36 Alors, le vent, il est reparti, Belloubert est revenu.
05:38 J'ai peur qu'on ait les mêmes résultats que quand on était à la justice.
05:41 Mais c'est exactement ça.
05:44 Et donc, c'est surtout pas de vague.
05:45 Et dès qu'il y a une vague, on coupe la tête de celui...
05:47 Je vais raconter une autre anecdote.
05:49 Pierre Botton, allez-y.
05:50 Je suis mis en danger par des gens qui n'aiment pas
05:57 que je conteste l'appel à la prière le matin.
06:00 OK.
06:01 Dans la prison.
06:02 Vous êtes détenu.
06:03 Oui, dans la prison.
06:04 À 5h du matin.
06:05 Je trouve que c'est pas normal et tout ça.
06:06 Je suis appelé par la direction qui me dit "Monsieur Botton, qu'est-ce que vous...
06:10 D'abord, vous révélez dans un de vos courriers l'appel à la prière."
06:14 Pas du tout ça, un courrier, parce qu'on lisait mon courrier.
06:16 Et on me dit "Mais vous...
06:19 Vous révélez ça, est-ce que vous pouvez me dire dans quelle cellule c'est ?"
06:23 Je dis "Vous plaisantez."
06:24 "Non, mais vous plaisantez, le gars, il a des baves comme ça,
06:26 toute la prison l'entend, vous savez pas,
06:28 et en plus, vous allez, moi, me transformer à..."
06:29 Je dis "Mais certainement pas."
06:30 "Et qu'est-ce que vous envisagez ?"
06:32 Vous voyez ce que je veux dire ?
06:34 "Qu'est-ce que vous envisagez ?"
06:35 Je suis détenu, madame.
06:36 - Vous êtes détenu à l'école. - Je suis détenu,
06:37 on me pose la question "Qu'est-ce que vous envisagez ?"
06:39 Et je lui expliquez, moi, "Est-ce que vous allez demander votre transfert ?"
06:42 C'est-à-dire, c'est exactement comme dans l'école.
06:44 - On préfère vous transférer. - Voilà.
06:46 Il faut surtout rien dire.
06:47 Il faut surtout ne rien dire.
06:49 Et c'est exactement ce qui se passe.
06:51 Et les surveillants sont confrontés à ça, madame.
06:53 Ils sont confrontés à...
06:55 Et je le dis, dans mon livre, malheureusement,
06:58 je dis, enfin, est-ce qu'on voit ce qui se passe ?
07:01 La République est attaquée, mais quand c'est une gamine
07:04 qui est dans sa chambre d'école et qui, suite à un règlement de compte,
07:07 elle est descendue, la République, elle n'est pas attaquée, là.
07:10 - À Marseille. - Elle n'est pas attaquée, là.
07:12 Quand c'est un gamin de 11 ans sur un parking à Nîmes,
07:14 elle n'est pas attaquée.
07:15 Mais où on est ?
07:16 Là, aujourd'hui, un gars dans le 20e, c'est tout le temps.
07:20 Et j'écris dans mon livre, je leur dis,
07:22 "Attention, ça va toucher dans toutes les toutes petites villes."
07:25 Parce que c'est...
07:26 Excusez-moi, je les appelle comme ça,
07:28 même si je vais choquer ces gamins.
07:30 C'est des gamins.
07:31 - Ces tueurs-là, c'est des gamins, vous croyez, Pierre Botton ?
07:34 - C'est des gamins, oui, bien sûr.
07:35 C'est des gamins élevés dans la violence depuis le début.
07:37 Moi, j'ai été avec eux...
07:38 - Des tueurs...
07:39 - Non, non, mais, Madame Ferry, j'ai été avec eux.
07:43 Ces gars-là, moi, j'arrivais à faire en sorte qu'ils me respectent.
07:49 Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pas eu d'image de père.
07:52 Leur seule image qu'ils ont eue, c'est la violence.
07:54 Ils ont été élevés avec des couteaux,
07:55 on leur offre des couteaux à 14 ans,
07:56 avec des kalachnikovs, avec ça.
07:58 Ils ont été élevés avec ça.
08:00 Donc, je vous dis, ils ont la vie oubliée.
08:03 Et moi, ils me disaient,
08:04 "Pierre, si je me fais arrêter, ils ne m'arrêteront pas."
08:08 - Pourquoi ?
08:09 - Kalachnikovs.
08:10 Ils vont répondre à la kalache.
08:12 C'est exactement ce qui se passe.
08:13 - C'est ce qui s'est passé.
08:14 - Et c'est exactement ce qui se passe.
08:15 Et ça va être de plus en plus...
08:17 Vous pensez quoi ?
08:18 Vous pensez que vous allez enfermer un mec pendant 30 ans,
08:20 on dit qu'il faut mettre les peines.
08:21 Vous allez l'enfermer pendant 30 ans
08:22 et qu'il va se laisser enfermer pendant 30 ans ?
08:24 - C'est-à-dire qu'il tentera tout ?
08:25 - Mais bien sûr.
08:26 Mais vous avez des...
08:27 Vous voyez, ce qui me surprend,
08:30 c'est que j'ai l'impression que je dis des choses
08:32 et que les gens découvrent.
08:34 Enfin, le gars qui est parti en hélicoptère,
08:36 il est parti en hélicoptère.
08:38 - Mais vous le dites depuis longtemps, ça, Pierre Bonnet.
08:40 - Mais oui, je le dis.
08:41 - Mais personne ne l'entend.
08:42 Personne ne l'entend parler des prisons dans notre pays.
08:44 - Je ne sais pas pourquoi.
08:45 C'est sans doute lié à ma personnalité,
08:46 à la façon de le faire, je ne sais pas.
08:48 On est tous responsables de quelque chose.
08:50 Donc, si vous voulez,
08:51 c'est sans doute lié à la façon dans laquelle je le fais.
08:53 Mais je dis aux gens, je vous en supplie,
08:55 prenez-en conscience.
08:57 Et je dis vraiment aux surveillants.
08:59 Vous savez qu'ils ne pouvaient pas recruter.
09:02 Parce que qui, pour 2 000 euros,
09:04 veut se faire descendre ?
09:05 Alors là, c'est fini.
09:06 Avec ce qui vient de se passer, c'est fini.
09:08 Plus personne n'ira dans la pénitentiaire.
09:10 Donc, on ne s'attaque encore une part.
09:12 On ne parle pas du vrai problème.
09:14 - Il y a un autre sujet que vous abordez
09:16 et qui va rejoindre une des préoccupations de Driss Ghali.
09:18 Ce que vous dites, il y a un autre vrai problème en prison,
09:21 c'est la radicalisation,
09:23 qui transforme des petits délinquants en terroristes.
09:25 Vous l'avez vu à l'oeuvre dans les prisons françaises.
09:27 - Oui.
09:28 Je ne veux pas qu'on...
09:30 Parfois, je m'exprime mal.
09:32 Il ne faut pas confondre
09:34 la délinquance
09:36 et l'islam.
09:38 L'islam n'a rien à voir avec la délinquance.
09:40 Je veux vraiment être clair avec ça.
09:42 Et vraiment, c'est super, super important.
09:44 Maintenant, j'ai vu...
09:46 Vous savez, on est perdu.
09:48 Quand vous êtes en prison, on est perdu.
09:50 Je veux juste parler de mon cas personnel.
09:52 Moi, madame, je suis devenu très, très croyant en prison.
09:55 Alors que j'ai vécu un drame horrible.
09:57 Je suis devenu très, très croyant en prison.
10:00 Sous l'égide de quelqu'un qui m'a guidé.
10:02 Mais heureusement,
10:04 cette personne-là ne m'a pas dit d'aller tuer des gens.
10:06 Je ne l'aurais pas fait.
10:08 Vous voyez ?
10:10 Il faut comprendre ce qui se passe.
10:12 Il faut comprendre ce qu'est la prison.
10:14 Évidemment, il tombe sur des mauvaises personnes.
10:16 Je vais vous donner juste deux choses.
10:18 Quand ils arrivent...
10:20 Moi, j'étais incarcéré au QB4,
10:22 ce qu'on appelle "cartier VIP", sous les arrivants.
10:24 Il y a les deux premières questions d'un détenu qui arrive,
10:26 c'est celle-ci.
10:28 "Allô ? Il y a quelqu'un du 9-3 ?"
10:30 "Il y a quelqu'un du 9-4 ?"
10:32 "Ouais, je suis du 9-4."
10:34 "Alors, une cité, n'importe laquelle."
10:36 "Ah ouais, tu connais machin ?"
10:38 "Ouais, je le connais." OK. Première question.
10:40 Donc, immédiatement, il se retrouve.
10:42 Deuxième question.
10:44 Où est-ce qu'il faut que je me tourne pour faire la prière ?
10:48 Voilà. - C'est ça, les deux questions
10:50 qu'ont pris Pierre Botton.
10:52 - Voilà, c'est ça.
10:54 Et donc, si vous tombez sur la mauvaise personne,
10:56 eh bien, vous pratiquez une mauvaise religion.
10:58 - Vous en même, le racisme et le terrorisme.
11:00 Driss Ghali, peut-être une réaction à ce qu'on vient d'entendre
11:02 de la part de Pierre Botton. - Bah, écoutez, c'est très frappant.
11:04 Puis vous avez la légitimité du terrain.
11:06 Ce n'est pas votre personne
11:08 qui est le problème.
11:10 Ce sont les écouteurs, les gens à qui vous adressez,
11:12 les responsables politiques, qui ne veulent pas écouter.
11:14 C'est ce que j'appelle la monstruosité
11:16 des bien-pensants.
11:18 Ils alimentent.
11:20 Ils alimentent tout ça. Ils ont les mains
11:22 sales du sang
11:24 au péage d'un Carville. Parce qu'ils ont permis ça,
11:26 vous le dites très bien, avec toutes les lâchetés
11:28 que vous avez décrites en prison. Ils ne veulent pas
11:30 sortir de leur rêve éveillé qui leur permet
11:32 de nous gouverner et de nous traiter
11:34 d'extrême droite dès que nous
11:36 disons la vérité. Sur l'islam,
11:38 en tant que musulman pratiquant qui fait sa prière,
11:40 je ne peux pas en vouloir à un délinquant
11:42 qui se convertit à l'islam. Pourquoi pas ?
11:44 Qu'il soit musulman d'origine
11:46 ou français d'origine. Moi, ce qui m'interpelle
11:48 quand même, c'est que
11:50 le silence abyssal, absurde des
11:52 autorités musulmanes en France
11:54 par rapport à la
11:56 cohabitation entre le deal
11:58 et l'islam. Il n'y a pas plus
12:00 anti-islamique que le deal
12:02 ou que le rodéo urbain
12:04 ou que les agressions.
12:06 Malheureusement, il y a une ligue
12:08 du déni, je dirais, chez les élites
12:10 françaises et il y a une ligue de l'hypocrisie
12:12 chez nos responsables musulmans. Je ne les mets pas tous dans le même sac,
12:14 je ne les connais pas très bien, mais je n'ai jamais
12:16 vu quelqu'un dire aux jeunes de
12:18 banlieue "la drogue, ce n'est pas islamique".
12:20 Je n'ai jamais entendu ça. J'entends la baïa,
12:22 j'entends le voile, j'entends "laissez-nous faire
12:24 le ramadan", mais je n'entends pas dire "la cocaïne,
12:26 ce n'est pas islamique".
12:28 Pierre Botton, donc, il y a
12:30 tous ces problèmes mélangés dans les prisons
12:32 qui sont surpeuplés aussi.
12:34 Ce sont des enfers.
12:36 Madame Ferrari, on est devant un truc
12:38 incroyable. On dit qu'il faut construire des prisons.
12:40 Moi, j'entends ça depuis 15 ans. Il faut construire
12:42 des prisons, il faut construire des prisons. Il faut 20 ans pour
12:44 construire une prison, 10 ans, 15 ans, peu importe.
12:46 Il ment à tout le monde, y compris au président de la République, d'ailleurs.
12:48 - Mais qui ment, Pierre Botton ?
12:50 - L'administration pénitentiaire.
12:52 L'administration pénitentiaire. Vous savez,
12:54 il y a des gens qui sont très, très puissants.
12:56 La TIGIP, qui s'occupe du travail.
12:58 Il y a
13:00 une institution qui s'occupe
13:02 des prisons, peu importe.
13:04 Madame, on a été capable, pour les Jeux olympiques,
13:06 de supprimer toutes
13:08 les procédures, tous les recours administratifs
13:10 pour construire des stades olympiques. On n'est pas capable
13:12 de le faire pour les prisons. On me dit
13:14 "Oui, mais alors pour les familles, pour aller
13:16 loin, ça va être loin et tout ça. Et festime."
13:18 Mais moi, je préfère
13:20 parler 10 fois à mes enfants par festime
13:22 plutôt qu'elles viennent me voir
13:24 en prison. - Parce que le parcours était
13:26 épouvantable. - Et vous
13:28 pensez quoi, Madame ? Vous ne pensez pas qu'il y a
13:30 des
13:32 territoires totalement isolés
13:34 qui seraient contents d'accueillir des prisons ?
13:36 Et puis l'autre chose, Madame, où je rejoins
13:38 les surveillants. Il ne faut pas
13:40 faire des prisons pour tout le monde. Il ne faut pas oublier une chose.
13:42 Quand on voit ça, évidemment, c'est horrible.
13:44 Et c'est vraiment horrible.
13:46 Mais il y a 90 % des détenus,
13:48 vous laissez la porte ouverte, ils ne sortent pas.
13:50 - Ils ne sortent pas ? - Mais non. - Pourquoi ?
13:52 - Parce qu'ils n'ont pas envie de sortir. Ils veulent finir
13:54 leur peine et puis ciao, au revoir.
13:56 Je vous assure que c'est vrai. - Donc ceux qui veulent
13:58 s'évader, c'est une partie ? - Non, ceux qui sont
14:00 dangereux... Mais attention,
14:02 10 % sur 77 000, ça fait
14:04 beaucoup, hein ? Avec
14:06 des moyens très importants et avec une
14:08 violence inégalée. Il ne faut pas
14:10 confondre le gars qui se bagarre en cours de promenade
14:12 avec le gars qui est capable de prendre des calages
14:14 que ce qu'ils sont en train de faire.
14:16 Mais Madame, on peut faire des prisons
14:18 très légères, on peut les construire en 18 mois.
14:20 Où est la volonté politique ? Où est
14:22 la volonté politique ? Si on
14:24 veut, on peut... Et le très bon
14:26 exemple que je donne, c'est ça. C'est
14:28 demain, s'il garde des sauveux, il dit
14:30 "Ok, on prend trois chiens, on les met
14:32 à la prison de freine et on va trouver le truc". Et hop,
14:34 on recommence le lendemain, on recommence le lendemain.
14:36 Ils ne veulent pas ça, ils
14:38 laissent ça parce que ça les arrange.
14:40 Mais ça ne va pas arranger les Français, Madame.
14:42 Ça ne va pas arranger les Français parce qu'on le
14:44 voit aujourd'hui, et malheureusement je l'ai écrit,
14:46 on le voit aujourd'hui, la délinquance
14:48 violente arrive. Faudra-t-il
14:50 qu'elle arrive dans le 16e arrondissement, dans
14:52 le 8e arrondissement et dans le 7e arrondissement
14:54 pour qu'on comprenne
14:56 ce que je suis en train de dire.
14:58 Quand on tue une étudiante qui est dans sa
15:00 chambre à Marseille, dans un quartier
15:02 pauvre, on s'en fout. Je suis désolé,
15:04 on s'en fout. Quand ça va être l'étudiant
15:06 de quelqu'un
15:08 qui habite le 8e et qui va être...
15:10 Parce que eux aussi ils dealent.
15:12 Eux aussi ils dealent.
15:14 Eux aussi ils consomment de la drogue.
15:16 Il ne faut pas croire que la consommation
15:18 de drogue, c'est devenu
15:20 un fléau, Madame. - Tous les milieux, évidemment,
15:22 sont concernés. Geoffroy Lejeune, une question, peut-être ?
15:24 Pierre Botton. - J'ai une question, votre témoignage,
15:26 il est à la fois édifiant et il me met très en colère
15:28 parce qu'en effet on a le sentiment que
15:30 rien n'est tenté.
15:32 Par rapport à ce que vous disiez au début
15:34 de votre intervention sur le
15:36 rapport de force complètement inversé entre
15:38 l'administration pénitentiaire et les détenus,
15:40 qu'est-ce que vous qui connaissez bien le sujet de l'intérieur
15:42 vous feriez pour que l'ordre règne en prison,
15:44 tout simplement ? - Déjà, vous venez de le dire,
15:46 Monsieur, excusez-moi.
15:48 Vous êtes, excusez-moi, mais
15:50 c'est juste du bon sens. Vous êtes dans un local
15:52 fermé, dans lequel normalement,
15:54 un établissement fermé, dans lequel normalement
15:56 on doit faire respecter la loi.
15:58 La loi n'est
16:00 respectée nulle part.
16:02 Vous trouvez ça normal ?
16:04 C'est difficile. Mais attendez,
16:06 si c'est difficile à faire respecter dans une prison,
16:08 je veux pas prendre mon cas
16:10 personnel. Moi, pour moi, quand j'étais
16:12 incarcéré, on l'a fait respecter.
16:14 Un oreiller de plus, j'avais pas le droit.
16:16 Une couverture de plus, j'avais pas le droit.
16:18 J'étais fouillé, ma cellule fouillée, toutes les semaines.
16:20 Moi, fouille à corps, toutes les semaines.
16:22 Donc quand on veut, on peut. Je le reproche pas,
16:24 c'est le règlement. - Mais c'est pas le cas pour tout le monde ?
16:26 - Non, bien sûr que non.
16:28 D'ailleurs, les surveillants étaient très gênés. C'est pour ça que
16:30 j'ai beaucoup, beaucoup de respect pour les surveillants.
16:32 Les surveillants étaient très gênés. Ils me disaient "Monsieur Botton,
16:34 je suis désolé, c'est encore vous. Excusez-moi,
16:36 je sais que je vais rien trouver." - Vous êtes le seul
16:38 au slogan "t'en vois rien".
16:40 - Pourquoi ça ? Parce que si vous voulez, si jamais
16:42 ils contrôlent un gars
16:44 qui a quelques moyens à l'extérieur et qui
16:46 les fait suivre, ça va pas se passer tout à fait
16:48 de la même façon. Mais vous savez, j'ai entendu
16:50 tellement de choses que je me
16:52 limite à certaines choses. Parce que si je disais
16:54 la réalité de ce que j'ai entendu
16:56 et dont je vois, je visualise
16:58 tous les jours, tous les jours,
17:00 les effets et la réalité.
17:02 Il y a des choses que je ne croyais pas quand j'étais
17:04 incarcéré. Il y a des choses que des détenus m'ont
17:06 dit que je ne croyais pas quand j'étais incarcéré.
17:08 Je vous l'avoue, Laurent, je pensais
17:10 que ces gens-là étaient des
17:12 gens qui racontaient des histoires.
17:14 Mais tous les jours, je vois
17:16 que c'est la réalité. Il y a un magistrat qui dit
17:18 que c'est la corruption envahie.
17:20 Et Mme Ferrari,
17:22 la corruption, elle n'envahit pas que les surveillants.
17:24 Elle n'envahit pas que les surveillants.
17:26 - C'est-à-dire ? Qu'est-ce que vous dites ?
17:28 Qu'est-ce que vous entendez ? Elle envahit les magistrats ?
17:30 - Je sais pas. Moi, je regarde l'actualité
17:32 comme tout le monde. Il y a un magistrat
17:34 qui a été en Corse, il y a un maire,
17:36 à Vallon, je crois,
17:38 qui a été en prison. Il y a un directeur
17:40 de prison qui a été pris
17:42 pour corruption.
17:44 Voilà. Donc je ne fais
17:46 que lire l'actualité. Moi, vous savez,
17:48 je ne parle que de ce que je vois.
17:50 Et tout ce que je vous raconte, je l'ai vu.
17:52 Je vais vous raconter une petite anecdote.
17:54 - La dernière. - La dernière.
17:56 Je suis un jour au service médical,
17:58 il y a un surveillant qui est là, il me fait...
18:00 "Vous savez, M. Botton, je vous ai connu
18:02 il y a 25 ans, les choses ont beaucoup changé."
18:04 "Ah bon ?"
18:06 "Oui, maintenant, c'est les détenus
18:08 qui protègent les surveillants."
18:10 Je dis, c'est rigolo. "Vous avez fait
18:12 une erreur, vous avez inversé."
18:14 Elle me dit "Non, non, j'ai pas inversé, M. Botton.
18:16 Aujourd'hui, c'est les détenus qui protègent les surveillants."
18:18 Voilà où on en est.
18:20 Il faut agir vite, parce que ça,
18:22 ça va remonter dans tous les territoires,
18:24 Madame. Vous allez faire Marseille,
18:26 ça va remonter dans les campagnes, dans nos campagnes.
18:28 Et nos enfants.
18:30 Témoignage édifiant de Pierre Botton.
18:32 Merci beaucoup d'être revenu ce soir dans Punchline,
18:34 sur CNews et sur Europe 1. Merci Geoffroy Lejeune, Vincent Hervouet,
18:36 Edrisse Galli. Dans un instant,
18:38 sur Europe 1, c'est Pierre De Villeneuve qui vous attend.
18:40 Bonsoir, Pierre. Vous allez revenir sur la situation
18:42 en Nouvelle-Calédonie, c'est cela ? - Exactement.
18:44 Une urgence qui va être décrétée dans une heure.
18:46 Et puis, nous recevrons également l'avocat
18:48 Arnaud de Sénil qui publie "Le monde tel qu'il est"
18:50 et qui s'en prend
18:52 notamment au climato-sceptique.
18:54 Merci Pierre De Villeneuve. 19h21,
18:56 sur Europe 1. Demain, à 8h10,
18:58 sur Europe 1 et CNews, mon invité sera Michel Onfray.
19:00 Et tout de suite sur CNews, vous avez rendez-vous
19:02 avec Christine Kelly pour Face Info. Bonne soirée à vous.
19:04 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

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