Des violences ont éclaté en Nouvelle-Calédonie depuis lundi 13 mai en lien avec une réforme constitutionnelle sur le corps électoral contestée par les indépendantistes, finalement votée par l’Assemblée nationale le 14 mai. Carole, Pierre et Romane, habitants de Nouméa, ont accepté de raconter au HuffPost leur quotidien bouleversé depuis trois jours.
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00:00En fait, ça me fait un peu bizarre parce que j'ai l'impression qu'une semaine est passée alors que c'était hier.
00:04Je ne m'étais jamais si trouvé dans une situation de vivre au jour le jour.
00:08Même à l'heure par heure, on entend des tirs, on entend des coups de feu.
00:12Puis au bout de deux heures et demie, trois heures, tout d'un coup, le calme réapparaît.
00:16Donc on se dit, tiens, une grève, ça y est, et tout d'un coup, ça repart, voilà.
00:30C'est arrivé très brutalement.
00:44Vraiment, je ne m'attendais pas du tout à ce que les situations s'escaladent comme ça.
00:47Et on ne s'attendait pas à un tel déferlement de violence.
00:51Et que ça dure, en fait, puisque là, on est au troisième jour, on va affamer la troisième nuit.
00:56Et on ne sait pas comment va se passer la troisième nuit.
00:58Donc les gens sont sûrs sur l'expectative.
01:01On s'est carrément organisé avec la rue complète.
01:06On a mis des barrages aux accès de la rue et il va y avoir des rondes toute la nuit.
01:11On a fait un groupe WhatsApp et on s'organise.
01:14Dès que quelqu'un rentre dans la zone, on se prévient.
01:17En une journée, je suis passée de l'incompréhension, de l'appréhension surtout,
01:23à un peu, pas de la résignation, mais disons que là, tout de suite,
01:28si l'appartement brûle,
01:34disons que c'est une éventualité à laquelle je suis prête.
01:36J'ai préparé un sac tout à l'heure.
01:39Ce n'est pas forcément un sac dans lequel j'ai mis tous les objets les plus précieux de l'appartement,
01:44mais plutôt mon passeport, mes papiers d'identité, quelques affaires,
01:48vêtements, affaires de toilette, etc.
01:50pour pouvoir vivre quelques jours ailleurs éventuellement s'il le faut.
02:05En tant que vendeuse en boulangerie, j'ai fermé la boulangerie lundi soir,
02:09plutôt prévue, par précaution aussi et sur conseil de mon patron.
02:14Moi, je travaille à distance, donc je peux faire encore mon travail.
02:17Il n'y a eu que deux coupures de courant.
02:19En Nouvelle-Calédonie, on est quand même un peu rodé aux périodes cycloniques,
02:23des choses comme ça, donc on a vraiment l'habitude généralement
02:28de faire des réserves d'eau, d'avoir des bougies dans le placard.
02:31Hier, quand je suis allé faire les courses dans Le Géant,
02:34à côté de chez moi, il n'y avait déjà pas grand-chose qui restait.
02:38Ils ont fermé à midi et ils n'ont pas réouvert aujourd'hui.
02:40Et moi, ce qui me questionne, c'est demain.
02:45C'est quand ça va s'apaiser, quand on va revenir à une sorte de normalité,
02:50on va être obligé de retourner au travail, dans quel état va être la ville ?
02:54Comment on va pouvoir se relever de ça ?
02:56Oui, il y a une forte incertitude sur la suite.
02:58Mais je pense qu'actuellement, en tout cas les résidents,
03:02les gens sont plutôt concentrés sur leur bonne santé,
03:07le fait de rester bien à l'abri, de se serrer les coudes.
03:11L'heure est plutôt à la solidarité,
03:13et pas forcément tout de suite à la reconstruction derrière et à l'après.