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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00Et c'est un festival de Cannes sous tension,
00:03avec pas mal de rumeurs qui ont été
00:06partout. Ça a commencé le 5 mai dans le Figaro avec cet article
00:09« Me Too avant le festival de Cannes, le milieu du cinéma a des sueurs froides, le Cannes a renchaîné »,
00:14et sur internet une liste de noms
00:18présumés à fuiter, des gens qui seraient coupables
00:22de violences sexistes et sexuelles, et ton nom a figuré sur cette liste. Comment est-ce que toi t'as réagi ?
00:30Au début, ça provoque un sentiment
00:33d'injustice et d'impuissance comme moi, et là je précise bien, en préambule, je parle en mon nom propre, d'accord ?
00:40Je ne veux pas avoir vocation à être porte-parole de quoi que ce soit, si ce n'est de moi-même.
00:46Mais il y a un sentiment d'impuissance et de colère qui est généré par le fait d'être associé
00:52à quelque chose dont on ne sait pas de quoi il retourne, qui n'est étayé par aucun fait,
00:59aucune accusation de quelques valeurs que ce soit, et d'ailleurs,
01:05j'ai entendu une phrase que je me permets de te répéter, Mouloud, « la rumeur meurt
01:10lorsqu'elle finit dans les oreilles de quelqu'un d'intelligent », d'accord ? Parce que le fait même de la rumeur,
01:16c'est que je trouve qu'elle est initiée par des personnes qui sont
01:23habitées par une énergie noire, des personnes maléfiques, malveillantes, profondément malveillantes,
01:27qui initient des choses, et le fait, le constat qu'on est obligé de faire, c'est qu'elle prolifère
01:34du fait d'un conscient qui répète des « il paraît que ». Et le « il paraît que » qui est conditionnel,
01:42l'étape d'après, ça devient une affirmation, et l'étape encore d'après, ça devient une accusation. Donc, c'est une mécanique infernale
01:47qui vient tout troubler, causer du remous, etc., alors que tout ça n'est que du vent,
01:52et que comme toute aléa météorologique,
01:57on en parle quand on n'a rien d'intéressant à dire, d'accord ? Et tout ça est le fruit d'un certain goût du sang qui anime les gens.
02:04Aussi, le fait qu'il y ait une impunité à ce niveau-là, parce que la diffamation, elle peut se faire, et la calomnie,
02:12sans qu'il y ait de
02:15répercussions et de condamnations qui soient dignes de ce nom, parce que ce que ça coûte aux gens, dans leur quotidien
02:21et dans leur vie, c'est infiniment de fois supérieur
02:25aux condamnations dérisoires sur lesquelles ça débouche, donc il y a ça. Après, il y a quelque chose que je trouve quand même,
02:32c'est que cette rumeur,
02:35elle provient d'une préoccupation qui est celle
02:40du combat contre toute forme de violence, mais majoritairement
02:44faite aux femmes, dans le milieu, et donc, quand ça, tu vois, il faut relativiser aussi, il y a des gens qui vivent des situations
02:51infiniment de fois plus tragiques que nous, d'accord ?
02:53Donc, en ça, il y a quand même un effet positif qui est de rappeler qu'on doit tous être
02:59intransigeants vis-à-vis de ces sujets-là, qu'on doit tous s'en emparer, qu'ils sont le fait de tout le monde, et qu'on est tous là
03:06à s'évertuer, à devoir créer un cadre
03:11qui sécurise l'industrie et qui permette de pratiquer cet art
03:17qui est merveilleux et qui est porteur de joie dans les conditions les plus
03:22confortables et les plus assainies, et donc, en ça, c'est juste, c'est bien qu'il y ait ce truc-là, parce qu'il rappelle ce truc-là,
03:31cette préoccupation-là, et ça permet, tu vois, et ça accélère la mise en place de plein de mécanismes, comme le fait que,
03:38par exemple, nous, on a
03:40produit un film avec la société Lipsum, qui s'appelle Olivia, et donc, il y avait une scène
03:46d'intimité qui devait se jouer dernièrement, et bien, le fait qu'il y ait une coordonnatrice d'intimité qui vienne encadrer tout ça,
03:53qui vienne encadrer un baiser, qui vienne dire, OK, la bouche, si on la met là, ça ne te dérange pas, donc, si la langue
03:59sort, OK,
04:01la fille avec qui je faisais ça, Nix Le Courbansion, à qui on passe une belle salutation,
04:06on se disait, OK, si je mets les mains là, ça ne te dérange pas, et tout ça, et ça a permis de créer un climat
04:13qui était rassurant pour tout le monde. Donc, la racine
04:17de ce virus-là qui est la rumeur, la racine sur laquelle on doit s'apesantir, cette racine-là, elle est
04:26primordiale et cruciale, et donc, c'est important que
04:28ces sujets-là, ils soient mis sur la table, tu vois.
04:31C'est important d'avoir une pensée avant tout aux victimes, parce que c'est exactement la base de ce truc-là, c'est qu'il y a des vrais gens
04:36qui sont victimes de vraies choses, et que ceux qui se rendent coupables d'horreur à leur endroit,
04:43ils doivent nécessairement être
04:45condamnés et mis hors d'état de nuire, en fait. Il n'y a même pas l'ombre d'un doute à ce sujet-là, tu vois.
04:49Mais quand on a 33 ans
04:51qu'on sort de ce qu'on a appelé l'année connard dans le cinéma,
04:54et qu'on voit son nom, comment on réagit, comment les proches se comportent, déjà, comment est-ce que toi, tu dors, comment est-ce que
05:01moi, déjà, je dors comme un loir sur mes deux oreilles, parce que mon esprit est au clair, et il est tranquille à ce niveau-là.
05:08Mais c'est vrai que c'est d'un niveau de perniciosité
05:14qui est
05:16cataclysmique, et qui crée des conditions
05:20de travail et de vie, et encore une fois, je relativise.
05:23Il y a des gens dans le monde qui parsèment cette terre, qui sont victimes de situations infiniment de fois plus tragiques, d'accord ?
05:31Je ne suis pas là en train de me présenter comme une victime, tu vois. Et d'ailleurs, il faut plus, je pense, dans la vie,
05:38avoir à l'esprit de se présenter comme un champion que comme une victime, tu vois. C'est la première des préoccupations.
05:44Mais je trouve quand même que plutôt que de faire,
05:47de s'attarder à vouloir faire tomber tous les hommes et à les mettre dans le même sac et tout, il vaut mieux s'attarder
05:52à faire monter des femmes, tu vois ce que je veux dire ? Parce que c'est nécessaire, et parce qu'en fait,
05:57moi, je pense que la racine de ce truc-là, je te le dis comme je le pense, Mouloun,
06:02c'est la fainéantise, c'est genre l'absence de travail
06:06qui fait qu'il y a des gens qui se retrouvent dans une situation où,
06:09malheureusement, ils n'arrivent pas à accomplir certaines choses. Et si, toi, en regard, et aussi c'est alimenté par le fait de ces expositions un peu
06:20omniprésentes et permanentes et tout, mais si tu arrives à accomplir des choses dont eux rêvent,
06:25pour leur cerveau, pour leur conscience,
06:29il est plus confortable
06:31de l'attribuer, la réussite, à des additifs, à la cocaïne, à des pratiques obscures, ils boivent du sang d'enfant,
06:39ils brûlent des cercueils de nourrissons, je ne sais quelle excentricité
06:44impensable, que de se remettre en question et de se dire, ok, là, la première dénécessité, la valeur suprême
06:51dont je dois à nouveau me laisser
06:55embarquer, c'est la besogne et la nécessité de travailler avec application, parce qu'il y a zéro secret.
07:04Et je sais que ce milieu-là,
07:06il est
07:09entaché par une image d'ultra,
07:15négativité vis-à-vis des drogues, du sexe, etc. Mais c'est
07:20moi, je n'y vois que des travailleurs, tu vois, dans les gens que je rencontre au quotidien, l'immense majorité des gens qui composent ce
07:26milieu, tu vois, quand je vois Jonathan Cohen, par exemple, c'est des gens qui travaillent jusqu'à deux heures du matin d'arrache-pieds,
07:32ils doivent en être d'eux-mêmes, de Pierre Ninet, de Gilles Leloup, c'est des gens qui sont
07:37obsédés par le travail, obsédés par la pratique de leur art, et qui
07:41s'y consacrent corps et âme, donc il ne faut pas gâcher ce trésor, après, encore une fois,
07:47s'il y a des actes qui sont commis, que c'est avéré, que c'est motivé, que c'est étayé,
07:52il doit y avoir une forme d'intransigeance à ce sujet.
07:55Mais on ne doit pas se laisser contaminer, et on doit en ressortir
07:59plus fort,
08:01c'est un vent, c'est peut-être que le ragoût, il est consubstantiel de l'activité d'artiste,
08:08et il est propre au fait même d'être exposé, donc
08:13essayez de prendre du recul à ce niveau-là, et de ne pas
08:16sombrer dans une forme de colère noire, et convertir justement cette énergie noire,
08:22qui encore une fois, elle mérite
08:24d'avoir pour initiateur des préoccupations qui sont nécessaires, d'accord, parce que le harcèlement,
08:30les toutes formes de violences, c'est des choses qui sont des sujets sérieux, qui doivent être traités avec la plus grande rigueur,
08:38rigueur dont ne font pas preuve des twittos, d'accord,
08:41ne serait-ce que s'informer sur twitter, pour moi, c'est déjà exprimer le désir inconscient de faire de son cerveau une marmite de merde,
08:50ok, c'est pas genre le bon endroit, et d'ailleurs cette rumeur n'a été reprise par aucun journal digne de ce nom,
08:56avec des journalistes, parce qu'il ne faut pas tout mettre dans le même sac, qui sont sérieux, minutieux, qui sont animés par
09:02une déontologie, un sens de l'éthique, et qui présentent par respect pour leur
09:07auditoire et leur audience des faits avérés et vérifiés, d'accord, c'est le travail de l'investigation, il doit être fait avec sérieux, et
09:14combattre le harcèlement, c'est courageux, c'est nécessaire,
09:18mais ça ne doit pas avoir pour effet d'en initier d'autres, des harcèlements, parce que les gens qui sont l'objet de la rumeur, au final,
09:25ils sont victimes d'une forme de harcèlement, d'accord, ça veut dire dix personnes par jour qui t'appellent,
09:31des amis qui te convoquent, et qui disent, t'es sûr,
09:34t'es sûr que t'as rien fait,
09:36tu vois, ça veut dire ces choses-là, ça veut dire des gens qui parlent à ta famille, ça veut dire des
09:41contrats qui sont entachés, des gens avec qui on travaille, qui
09:45en viennent à être contaminés par une espèce de suspicion
09:49malsaine et malencontreuse, et qui après font machine arrière en s'excusant et en
09:54regrettant de t'avoir suspecté
10:01un instant, donc il y a tout ça qui est mélangé.
10:06Ok, il n'y a pas de souci, c'est pas grave, on en ressortira plus fort, il faut convertir cette énergie noire en une puissance lumineuse,
10:12parce que c'est ça, nous, on fait le métier d'artiste, c'est pour être bien, pour être des gars bien, c'est pas pour...
10:18Moi, je fais pas ça, je t'ai dit, je m'en tape un rein des à-côtés,
10:22d'aller sur un tapis rouge sourire, ça ne me remplit pas de joie, moi, mon trésor, c'est
10:27d'aimer le jeu et de vouloir pratiquer cet art avec la ferveur que j'y consacre, j'ai tout sacrifié,
10:33d'accord, j'ai tout sacrifié, mon entourage en soit témoin,
10:37j'ai fait plus de 40 courts-métrages,
10:39j'ai fait des petits rôles à attire l'arrigo, d'accord, jusqu'à ce qu'on
10:44me fasse le cadeau, et c'est pour ça que je remercie des gens comme Quentin Dupieux, comme Jérémy Rosan,
10:48comme Jean-Baptiste Durand, comme tous ces gens qui m'ont confié des rôles d'importance au sein de leurs oeuvres,
10:54mais j'ai tout sacrifié, c'est pas pour, au début, t'arrives, on te parle de ton accent, qui
11:00peut
11:02en étonner interloquer certains, après on te dit que t'as de la chance, c'est arrivé vite, alors que toi ça fait dix ans
11:07que tu travailles d'arrache-pied et que tu es dans une démarche qui est
11:13tournée vers
11:15vers
11:16une forme de pureté et vers une forme de
11:19pratique quasiment religieuse, parce que c'est presque entrer en religion, en vérité, la pratique de ce métier,
11:23et après, encore une fois, après on te dit que t'as essayé d'aller trop vite, t'as de la chance, et maintenant on te dit genre
11:28t'es associé à une liste de potentiels malfaiteurs dont on ne sait rien, dont on ne dit rien
11:34les concernant, mais voilà, on te met, on te jette en pâture, non, c'est pas normal,
11:38il y a un endroit où il faut redescendre sur terre, ça c'est du vent,
11:42comme j'ai dit c'est de la météo, c'est les gens qui n'ont rien à dire qui s'en emparent, le reste c'est terminé.