L'écrivain Raphaël Enthoven était l'invité de BFMTV ce dimanche soir.
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00:00Je ne doute pas que les premiers à se peindre les mains en rouge ne connaissaient pas cette référence.
00:05D'abord, ils n'étaient pas nés en 2001, en général, donc je ne doute pas qu'eux ignorent cette référence.
00:11En revanche, il n'est pas douteux non plus que ceux qui leur glisse l'idée de se peindre les mains en rouge
00:15pour dire stop au carnage à Gaza sachent très bien ce qu'ils font et sachent très bien l'image qu'ils renvoient aux tueurs,
00:23aux antisémites avérés, aux fous furieux.
00:25C'est une image qui a deux entrées.
00:27L'antisémitisme raffole de ce double standard.
00:30On se présente l'air de dire stop au carnage à Gaza et en réalité, ce qu'on montre, c'est des paumes rougies comme à Ramallah en 2000.
00:37C'est-à-dire qu'on montre une image qui signifie tuons des juifs.
00:39Mais alors, ce qui est intéressant dans cette histoire, ce sont les étudiants qui, de bonne foi,
00:45se sont peints les mains en rouge au début pour dire stop au carnage à Gaza
00:48et qu'on a renseigné sur le sens de cette image, sur le sens possible de cette image
00:54et qui, sachant cela, ont persisté à se peindre les mains en rouge.
00:59Et c'est ça...
00:59Je ne crois pas que... Enfin, peut-être que les images me corrigeront,
01:02mais je ne crois pas avoir revu ce type de mobilisation.
01:05On l'a retrouvé.
01:06Là où vous avez raison, c'est que quand on leur demandait s'ils allaient continuer,
01:08ils ne disaient pas non, non, on arrête.
01:10Il y a ça et puis on a retrouvé les mêmes à la Sorbonne.
01:12On a retrouvé, quelques jours plus tard, les mêmes à la Sorbonne.
01:14Moi, ce qui m'intéresse, ce sont les gens qui le font en connaissance de cause.
01:18Ce sont les gens qui savent que cette image signifie aussi tuons des Juifs
01:23et viscérons des Juifs et qui continuent, malgré ça, de produire cette image.
01:28Et c'est ça qui me fascine parce que ça, c'est l'équivalent d'une conversion.
01:31C'est-à-dire qu'on est accompagné dans son chemin de conversion
01:35par quantité de bons sentiments, par quantité d'analogies, par quantité de références.
01:39Oui, ça veut dire autre chose, etc.
01:41On est accompagné dans un chemin qui est un chemin vers une conversion qui est une prière.
01:45Raphaël Antoven, je pense aussi à ceux qui nous regardent
01:47et qui, peut-être, ont de la compassion sincère.
01:49Ça veut dire que dans aucune des mobilisations,
01:52vous n'avez vu quelque chose de sain, de normal, de légitime.
01:57On est forcément tout de suite ramené à des slogans, pour le moins tendancieux,
02:02ou à ce type de scène-là.
02:03Il n'y a pas d'entre-deux possible.
02:05Mais il y a un entre-deux possible.
02:07Il y a un entre-deux possible.
02:08C'est l'entre-deux de tous les gens qui ont lutté pour la cause palestinienne
02:10pendant des années, pacifiquement, au nom d'une injustice.
02:15Qui ont combattu, qui ont manifesté, comme moi, contre les colonies,
02:18contre les implantations, qui ont manifesté contre le gouvernement de Netanyahou.
02:22Il y a quantité de choses à dire, ce gouvernement.
02:24Et d'ailleurs, dans votre journal Front Tireur, il y a des éditos extrêmement sévères.
02:27Sur Netanyahou, on a fait un dossier.
02:29On était les premiers à sortir le dossier sur la réforme de la justice
02:31qui a été abandonnée, Dieu merci, maintenant.
02:33On est les premiers à taper sur Netanyahou.
02:35Mais il y a une chose, et de critiquer Netanyahou,
02:42de démontrer le rôle délétère qu'il joue là-dedans,
02:45et de voir à quel point lui-même a intérêt à ce que la guerre continue,
02:49tout ça est très utile.
02:51Mais en revanche, indexer le 7 octobre sur la politique de Netanyahou,
02:58c'est monstrueux.
03:00On n'explique pas l'éventrement de femmes enceintes
03:05par une décision désastreuse d'un gouvernement d'extrême droite.
03:08Les deux univers ne sont pas commensurables.