• il y a 7 mois
A un mois des élections européennes, Bernard Guetta, député européen et numéro deux sur la liste de la majorité, nous dit quels en sont les enjeux. Et comment l'Europe doit peser face au géant chinois et à la Russie de Vladimir Poutine.
Regardez L'invité de RTL avec Yves Calvi du 09 mai 2024

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00:00Il est 7h43, bonjour Bernard Guetta, vous êtes député européen Renews et le groupe
00:08macroniste au Parlement européen je le rappelle, et en deuxième position sur cette même liste
00:12conduite par Valérie Ayé aux élections européennes du 9 juin.
00:15Les deux tiers du gouvernement sont sur le terrain pour booster cette campagne, dans
00:18tous les sondages vous êtes distancé par le Rassemblement National et talonné de près
00:22maintenant par la liste PS Place Publique de Raphaël Glucksmann.
00:25Bernard Guetta, pourquoi est-ce aussi laborieux cette campagne pour vous ?
00:30Pour une raison simple, les macronistes sont au pouvoir en France depuis combien d'années,
00:36des mois, déjà un petit paquet, et donc toutes les rancœurs normales d'un pays,
00:43de telle ou telle catégorie sociale, toutes les rancœurs tournées contre les gens qui
00:49sont au gouvernement, se payent dans ces sondages.
00:53Simplement c'est une erreur.
00:54Mais là vous êtes en train de me dire le problème c'est Emmanuel Macron.
00:57Non, vous dire c'est la stratégie ou la stratégie qui pose problème, en l'occurrence madame Ayé.
01:01Non, non, c'est pas ça.
01:02Le problème, le problème, le problème c'est qu'il y a une majorité gouvernementale en
01:06France qui est au pouvoir, qui prend des décisions parfois populaires, plus souvent impopulaires
01:12évidemment parce qu'il y a des décisions difficiles à prendre, et ça se paye dans
01:16les sondages.
01:17Dans les sondages pour les élections européennes.
01:20Et toute l'erreur, tragique, c'est qu'on ne vote pas pour ou contre Emmanuel Macron,
01:28on ne vote pas pour ou contre le premier ministre, le gouvernement, la réforme des retraites,
01:33etc.
01:34Non, on vote pour élire des députés européens dans un moment international véritablement
01:40très grave.
01:41Parce que je rappelle très très vite, l'agression russe à l'Est, les chaos montant, mais montant,
01:47montant, montant, sur les autres rives de la Méditerranée, et les États-Unis qui
01:51nous tournent le dos dans un moment aussi difficile, tout simplement pour la sécurité
01:57de l'Europe.
01:58Dans une période comme celle-là, les Européens doivent serrer les rangs.
02:02Mais donc, si je comprends bien ce que vous êtes en train de m'expliquer, la stratégie
02:05c'est de nous dire à quoi servent ces élections européennes, vous venez de le faire très
02:09clairement, et bien visiblement les Français ne vous suivent pas là-dedans, ils continuent
02:12de répondre à une question qu'on ne leur pose pas en vous disant « on ne veut plus
02:15Macron, en tout cas on a des comptes à régler avec lui ».
02:17Écoutez, l'un, M. Bardella, dit « c'est des élections de mi-mandat », ben non M.
02:22Bardella, ce n'est pas du tout des élections de mi-mandat, c'est des élections pour
02:27décider des politiques que vont mener ensemble les 27 pays de l'Union Européenne.
02:33L'autre, M.
02:34Glucksmann, dit « ah ben voilà, il est temps de reconstruire la gauche », ah oui ça
02:37c'est bien vrai, il serait temps de reconstruire la gauche, simplement ce n'est pas l'objet
02:41de ces élections.
02:42On s'attaque beaucoup à Mme Valérie Ayé, votre tête de liste, ça me semble un peu
02:45facile pour vous dire les choses très simplement, en fait les Français sont en train de régler
02:48des comptes, comme vous nous l'avez dit, avec 7 ans de macronisme.
02:52Écoutez, avec 7 ans ou telle ou telle décision d'Emmanuel Macron, telle ou telle décision
02:58qui était probablement à mesure en tout cas obligée, bien sûr que oui, c'est ça
03:03la situation.
03:04D'un autre côté, il reste un mois jusqu'aux élections, pendant trois mois, six mois avant
03:09les élections, ben oui, on règle les comptes, on rêve de reconstruire la gauche, etc.
03:13Au moment où on s'approche réellement du scrutin, on commence à se poser les vraies
03:20questions.
03:21Et à ce moment-là, j'en ai le ferme espoir, j'en ai même la ferme conviction.
03:25À ce moment-là, on va voir la liste qui parle réellement de l'enjeu de ces élections
03:32monter.
03:33Comment expliquez-vous qu'une partie de la jeunesse française se tourne aujourd'hui
03:36vers le Rassemblement National ? Je suis sûr que c'est une question que vous vous posez
03:39et qui vous perturbe.
03:40Comment qu'elle me perturbe ? Mais, d'un autre côté, quand on est jeune, on veut
03:48balayer le vieux monde, c'est assez logique.
03:51Or, le vieux monde, aujourd'hui, non seulement en France, mais dans l'ensemble du monde,
03:56ce sont des forces politiques qui sont réellement fatiguées.
03:59Pourquoi est-ce qu'Emmanuel Macron a eu un tel succès il y a sept ans ? Et pourquoi
04:03est-ce qu'il a été réélu ? Ne l'oublions pas, c'est parce qu'il incarnait le vieux
04:09constat du vieillissement de ses forces politiques traditionnelles.
04:12Aujourd'hui, forcément, après sept ans de pouvoir, Emmanuel Macron est devenu un
04:18peu impopulaire, parfois très impopulaire.
04:20Et bien, la jeunesse se tourne vers ce qui lui apparaît, bien à tort, comme une nouvelle
04:27force politique.
04:28Ce n'est pas du tout une nouvelle force politique.
04:30C'est la plus vieille des forces politiques et la plus détestable des forces politiques.
04:34Alors, il se trouve que votre vrai concurrent en ce moment, ce n'est pas l'ORN qui semble
04:37irattrapable, c'est le socialiste Raphaël Glucksmann.
04:40Pourquoi selon vous ? Et que faut-il faire ?
04:42Mais écoutez, pourquoi ? Je viens de vous le dire, parce que l'électorat de gauche
04:47en France, qui représente entre 40 et 52% du pays, traditionnellement, fondamentalement.
04:54Cet électorat de gauche, il est en quête de la reconstruction d'un grand parti social-démocrate.
05:02Et bien, Raphaël Glucksmann incarne aujourd'hui, aux yeux de ses électeurs de gauche, cette
05:13aspiration, mais bien à tort, bien à tort, parce que, pourquoi bien à tort ? Parce que
05:19ce n'est pas en un scrutin, qui plus est européen, qu'on reconstruit la social-démocratie
05:24française.
05:25C'est bizarre Bernard Guetta, parce que ce candidat socialiste modéré, cultivé, jeune,
05:28on se dit qu'il devrait être votre candidat.
05:30Vous, vous êtes vous-même un social-démocrate modéré, on peut dire les choses comme ça ?
05:34Oui, tout à fait, oui.
05:35Bon, vous n'allez pas voter pour lui, quand même ?
05:36Non, je vais voter pour ma liste.
05:38Non, mais je voulais bien être sûr.
05:39Ça doit quand même être délicat de...
05:41Mais vous savez, je retournerai votre question.
05:45Ah, très bien.
05:46Mais pourquoi est-ce que Raphaël Glucksmann n'est pas avec nous ? Moi, je me le demande,
05:50parce qu'on l'a rappelé, au Parlement européen, 9 fois sur 10, ils votent les mêmes textes
05:56que nous.
05:57Donc, quand on a dit ça, il s'est fâché tout rouge, comment, etc., bah oui, parce
06:01que ça l'embarrassait.
06:02Mais évidemment qu'ils votent 9 fois sur 10 comme nous.
06:06Alors, comment faire pour qu'on vous entende et que l'engagement européen du Président
06:09Macron, dont personne ne doute, soit représenté à cette élection, au moment où nous parlons ?
06:13On est dans un creux de vagues, c'est clair.
06:16Écoutez, nous faisons campagne, nous nous mobilisons, nous nous sur-mobilisons, on va
06:20y arriver, je l'espère.
06:21C'est votre passion depuis toujours, parlons de l'actualité internationale, le président
06:25chinois vient de quitter la France après avoir découvert les charmes de la mongie
06:28dans les Hauts-de-Pyrénées, Poutine, lui, continue sa guerre, notamment grâce aux matériels
06:32chinois.
06:33Quel doit être le rôle de l'Europe dans tout ça ?
06:35Écoutez, le rôle de l'Europe, c'est aujourd'hui de s'affirmer comme un acteur de la scène
06:41internationale.
06:42Autrement, nous allons disparaître et nous allons disparaître, je le répète, pris
06:47en tenaille entre les chaos du Sud, l'agression à l'Est et les États-Unis qui font défaut
06:53à l'Europe, qui font défaut à l'Europe.
06:56Monsieur Trump veut se retirer complètement du vieux continent, du vieux monde.
07:02S'il est élu, il le fera très rapidement, très brutalement, sauvagement, en tentant
07:08de s'entendre avec Poutine sur le dos, non seulement des Ukrainiens, mais de l'ensemble
07:15des Européens.
07:16Si c'est Biden ou un autre démocrate qui est élu, les États-Unis se retireront tout
07:21autant d'Europe, plus poliment, plus courtoisement, en négociant, en donnant un petit peu de
07:28temps.
07:29Mais fondamentalement, les États-Unis du XXIe siècle ne sont plus les États-Unis
07:35de la seconde moitié du XXe siècle.
07:37Qu'est-ce qu'on doit entrer ?
07:38Oui, mais que doit-on ?
07:39Et bien, c'est très simple.
07:40Et bien, c'est très simple et c'est tout l'enjeu de ces élections européennes.
07:44C'est affirmer l'Union européenne en acteur de la scène internationale, c'est-à-dire
07:49nous donner une défense, on a commencé à le faire.
07:51On a commencé à le faire.
07:52Écoutez, je vous vois.
07:53On a commencé à le faire.
07:54Non, non, je le crois.
07:55Vraiment, on a commencé à le faire.
07:57Resserrer les rangs en politique étrangère, on l'a fait largement.
08:02Il y a unanimité aujourd'hui dans l'Union européenne sur la question ukrainienne et
08:06contrairement à ce que l'on pense aussi sur la question Israël-Palestine et Proche-Orient
08:12d'une manière générale, puisque tous les pays de l'Union européenne défendent la
08:16solution à deux États.
08:17Je vous emmène ailleurs.
08:18Avant de nous séparer, Bernard Guetta, l'avenir de l'Europe se joue-t-il d'une quelconque
08:21façon en ce moment en Ukraine ?
08:23Mais complètement.
08:24Mais complètement.
08:25Parce que si par malheur, je n'y crois pas, mais si par malheur, Vladimir Poutine gagnait
08:30en Ukraine, qu'est-ce qu'il ferait ensuite ? Il irait chatouiller les Pays-Bas, il irait
08:34chatouiller la Finlande pour tester les réactions à la fois des grandes puissances européennes
08:39et des États-Unis.
08:40Et nous serions dans un grand désarroi, nous les Européens, parce que les États-Unis nous
08:45lâchent.
08:46Donc, il faut véritablement, véritablement mettre les bouchées doubles sur la défense
08:52européenne, mettre les bouchées doubles, pardonnez-moi de me répéter, mais c'est
08:55l'enjeu de cette élection, sur l'affirmation de l'Union comme un acteur politique autonome.
09:02J'allais vous dire, ce n'est pas facile facile d'être des démocrates de progrès
09:05entre le président chinois et Vladimir Poutine, et en fait vous le dites, et en plus maintenant
09:08les Américains ne sont plus à nos côtés.
09:10Vous le savez bien, vous le savez bien, ils le disent.
09:13J'entends bien, mais je force le trait.
09:14Mais justement, justement Yves Calvi, il serait temps pour la France et pour tous
09:19les Européens de voir cette réalité, l'enjeu de ces élections européennes, nom de Dieu,
09:26pardonnez-moi, c'est la quatrième fois que je vous le dis, mais évidemment, c'est
09:30de serrer les rangs et de nous défendre, de nous défendre, non seulement contre Poutine
09:36et les chaos du Sud, et les menaces chinoises, mais de nous défendre aussi, je dirais, contre
09:42des États-Unis qui nous tournent le dos.
09:44Merci beaucoup Bernard Guetta d'avoir pris la parole ce matin sur RTL.

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