C'est l’histoire d’une frénésie. Une frénésie hautement symptomatique, qui s’est formée autour d’une certaine Colombe qui a fini par atterrir, avant-hier, dans le 20 heures de TF1
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 Voici l'édito média, Bruno Donnet ce matin, anatomie d'un emballement médiatique.
00:05 Oui, c'est l'histoire, Simon, d'une frénésie.
00:07 Une frénésie hautement symptomatique qui s'est formée autour d'une certaine Colombe
00:11 qui a fini par atterrir avant-hier dans le 20h de TF1.
00:14 Elle se prénomme Colombe, elle est bénévole au Resto du Coeur depuis plus de 30 ans.
00:19 Mais c'est pas tout.
00:20 Colombe était également l'héroïne de la chronique de Ruth Elkrief ce dimanche dans
00:23 les colonnes du Parisien.
00:24 De nombreux politiques l'ont allègrement récupérée, voilà pourquoi ils fûtent encore
00:28 question d'elle ce lundi, à l'heure à laquelle Apolline de Malherbe interviewait
00:32 Marine Le Pen sur BFM TV.
00:34 Qu'est-ce que vous dites à Colombe ? Je lui dis de tenir bon, on arrive.
00:38 Voilà ce que je dis à Colombe et à toutes les Colombes de France.
00:41 Bien, mais je sens qu'à ce moment très précis, une grande question vous tarabuste.
00:46 Qui est donc cette Colombe ?
00:48 Eh bien, Colombe Léa est une électrice du Rassemblement National que le journaliste
00:52 qui alimente les réseaux sociaux de TF1, Paul Larouterou, a croisé la semaine dernière
00:57 alors qu'il couvrait un meeting de Marine Le Pen à Perpignan.
01:00 Quel est votre prénom ? Quel âge avez-vous ?
01:02 Colombe et j'ai 60 ans.
01:04 Colombe lui a expliqué pourquoi elle votait le Rassemblement National et c'est ainsi
01:09 qu'elle s'est retrouvée embarquée dans la grande lessiveuse médiatique.
01:12 Et pour quelle raison selon vous Bruno, cette Colombe a-t-elle à ce point fasciné les médias ?
01:18 Eh bien parce que Colombe est ce qu'on appelle un fantasme journalistique absolu.
01:23 Car Colombe coche toutes les cases.
01:25 Pourquoi ? D'abord parce qu'elle a le visage de l'émotion.
01:28 « Vous pouvez enlever vos lunettes ? Ah oui, vous pleurez ? »
01:31 Colombe ne hurle pas, elle pleure.
01:34 Ensuite, parce que si Colombe vote pour le Rassemblement National, ce n'est pas parce
01:37 qu'elle rejette les étrangers, non, c'est uniquement parce qu'elle est confrontée
01:41 à d'abyssales difficultés sociales.
01:43 « Regardez, moi je suis un RSA et on a du mal à vivre. »
01:47 Du reste, Colombe ne rejette pas les autres, bien au contraire.
01:49 En dépit de ses grandes difficultés personnelles, elle trouve le moyen d'aider ceux qui sont
01:54 plus démunis qu'elle.
01:55 « Je suis conseillère en insertion professionnelle et au jour d'aujourd'hui, je ne trouve
02:00 pas de travail, mais je suis bénévole au resto du cœur et j'aide les gens de la rue. »
02:04 Bref, au moment où le Rassemblement National caracole en tête des intentions de vote,
02:09 Colombe incarne donc l'illustration absolument magistrale d'une projection journalistique,
02:14 celle de ces électeurs populaires qui auraient basculé vers l'extrême droite uniquement
02:19 parce que les autres partis ont cessé de s'occuper de Leuic.
02:22 Car il y en a un, c'est que renseignement pris par Paul Larouturou lui-même hier matin,
02:27 la prétendue bascule de Colombe n'a, c'est pas de bol, strictement rien de neuf.
02:31 « Il est incapable de dire à quel moment elle a basculé, d'abord pour Jean-Marie
02:35 Le Pen, puis pour sa fille. »
02:36 Eh oui, Colombe votait déjà pour Jean-Marie Le Pen, il y a plus de 20 ans, à l'époque
02:41 où elle n'était donc ni au chômage, ni au RSA, démonstration Simon, que dans les
02:45 médias aussi, il arrive que les fantasmes se dégonflent.
02:49 Bruno Donnet