L'armée israélienne continue ses bombardement sur la ville de Rafah et accentue la pression sur le Hamas alors que de nouveaux pourparlers au Caire doivent être discutés pour tenter d'infléchir un accord de trêve auquel le mouvement islamiste a donné son feu vert. Pour en parler, David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'Iris et spécialiste du Proche-Orient.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 07 mai 2024
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00:00 RTL midi. Agnès Bonfillon, Eric Brunet.
00:03 Je le dis au leader du monde entier, aucune pression, aucune décision d'une instance internationale n'empêchera Israël de se défendre.
00:13 En tant que Premier ministre d'Israël, je promets aujourd'hui, à Jérusalem, en ce jour de commémoration de l'Holocauste, que si Israël doit rester seul, Israël restera seul.
00:27 Toujours aussi inflexible Benyamin Netanyahou, c'était ce week-end, mais il le dit depuis les attaques du 7 octobre, le Premier ministre israélien en claire, rien ni personne n'arrêtera l'État hébreu dans sa lutte contre le Hamas.
00:42 Alors qu'une opération d'ampleur est en cours dans la ville de Rafah, nous en parlions dans le journal, que peut-on espérer des pourparlers attendus dans les prochaines heures au Caire ?
00:51 Nous sommes avec David Rigoulet-Rose, bonjour.
00:54 Bonjour.
00:55 Vous êtes chercheur associé à l'IRIS, spécialiste du Proche-Orient.
00:59 Peut-on parler d'une attitude jusqu'auboutiste de Benyamin Netanyahou ? On a l'impression que rien ni personne, effectivement, ne peut l'arrêter.
01:08 Oui, sans doute, mais c'est aussi lié à l'impasse actée du week-end dernier, concernant des négociations qui avaient été assez largement finalisées et finalement qui ont échoppé sur un point central.
01:21 C'était la question du cessez-le-feu qui était attendue et il n'y avait pas la même lecture des conditions du côté du Hamas et du côté du gouvernement.
01:33 Du côté du Hamas, le prérequis c'était un cessez-le-feu a priori définitif et complet, alors que du côté d'Israël, ça ne pouvait être qu'un cessez-le-feu suspensif dans une première phase, éventuellement prolongeable dans une seconde.
01:46 Mais là, on voit bien que le langage n'était pas le même des deux côtés.
01:50 Pour parler sur l'accord de Trèves auquel le mouvement islamiste a donné son feu vert, il faut qu'on en parle, alors que le gouvernement israélien, lui, le juge loin de ses exigences, c'est la formule qui a été lâchée hier soir.
02:02 Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'on peut y croire ? On a le sentiment quand même que les Israéliens sont très sceptiques.
02:08 Oui, ils sont très sceptiques. Et d'ailleurs, ce qui montre leur scepticisme, c'est la décision dite à l'unanimité du cabinet de guerre dont fait partie Benny Gantz,
02:18 qui est un opposant déclaré au premier ministre israélien, mais qui a validé le principe du lancement de l'opération sur Rafah.
02:25 Donc, ça montre à quel point les Israéliens considèrent que l'impasse actée ce week-end ne pouvait que, mécaniquement, conduire à ce qui se passe aujourd'hui,
02:38 c'est-à-dire au lancement de l'opération qui avait été annoncée de longue date, mais qui avait été différée dans le cadre du processus de négociation qui était à l'œuvre.
02:45 On a entendu Benjamin Netanyahou dire ce week-end qu'aucune instance, aucun pays n'empêcherait Israël de se défendre,
02:51 autrement dit d'aller jusqu'au bout dans sa lutte contre le Hamas.
02:55 Que peut-il se passer aujourd'hui au niveau international ? On voit Joe Biden qui dit surtout n'attaquer pas Rafah.
03:01 On voit que les chars israéliens sont dans Rafah actuellement.
03:05 Oui, alors la position américaine, c'était justement dans le cadre du processus de négociation d'essayer de parvenir à obtenir ce cessez-le-feu suspensif
03:13 pour pouvoir initier une perspective par la suite pour éventuellement prolonger un cessez-le-feu et donc se laisser une marge de manœuvre
03:21 qui manifestement n'a pas été validée par le Hamas.
03:24 Et ça explique d'ailleurs la formulation du secrétaire américain qui disait que c'était une proposition d'accord extraordinairement favorable
03:34 et il incombait selon lui au Hamas d'accepter effectivement cet accord.
03:40 Et faute de quoi évidemment les choses seraient revues sous un autre angle.
03:44 Et on peut penser que si les américains sont défavorables a priori effectivement à l'opération sur Rafah,
03:49 ils imposeront un certain nombre de limites.
03:51 Ça explique peut-être la déclaration d'ailleurs des autorités israéliennes en disant que pour l'instant c'était une opération à caractère limité
03:58 mais que le principe effectivement a été établi.
04:02 Une question sur la société israélienne, la rue israélienne.
04:05 On a tendance nous à présenter souvent Netanyahou comme un chef d'état qui est jusque-boutiste
04:11 et qui prend en otage la société israélienne.
04:14 Mais vous venez de le dire par exemple Benny Gantz qui est un homme politique israélien
04:18 plutôt de gauche, qui vient de la gauche, mais qui est dans le cabinet de guerre de Netanyahou aujourd'hui
04:23 est favorable à la poursuite de la guerre.
04:25 Et donc c'est pas si simple que ça quand même non ?
04:28 Non la situation est très compliquée en interne.
04:31 C'est là-dessus qu'a parié en partie le Hamas concernant son obstruction sur une finalisation d'un accord.
04:40 La société israélienne est très divisée, de toute façon il y a une défiance avérée à l'endroit de la personne du Premier ministre
04:46 mais il se trouve qu'on est en situation de guerre.
04:48 Donc c'est très difficile d'organiser des élections qu'il perdrait certainement si elles étaient organisées aujourd'hui.
04:54 Mais ce que je voulais vous faire dire c'est sur la question de la guerre
04:57 on a l'impression qu'il n'y a pas que les électeurs de Netanyahou potentiels qui sont pour la poursuite de l'opération.
05:03 Non, il y a sans doute un consensus, et là qui se heurte évidemment aux familles des otages
05:08 parce qu'elles sont concernées au premier chef par rapport à la guerre qui est en cours et à ses conséquences.
05:15 Mais sur le fond, il y a probablement effectivement, c'est le résultat du 7 octobre,
05:20 il y a un consensus sur la nécessité de cette opération militaire.
05:24 Après les modalités c'est autre chose, il y a des désaccords de fond entre Benny Gantz et le Premier ministre.
05:30 Merci David Rigoulet-Rose, chercheur associé à l'IRIS, spécialiste du Proche-Orient. Merci beaucoup.
05:35 Dans un instant tout autre sujet, nous partons dans les Pyrénées à la Mongie où attendent brouillard et neige.
05:42 Tout près du Tourmalet.
05:45 Jusqu'à 13h, RTL Midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet.