C'est d'abord la République des Lettres qui pleure Bernard Pivot depuis hier - elle a perdu un formidable passeur de littérature. Mais on aurait tort d'oublier que le gratin du cinéma français et international est lui aussi passé sur les plateaux d'"Apostrophes" et "Bouillon de Culture".
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00:00de l'édito-culture, Laurent Delmas. Vous nous rappelez que le plateau d'apostrophes
00:04pouvait ressembler à un casting de film. Oui, c'est d'abord La République des Lettres
00:10qui pleure Bernard Pivot depuis hier, c'est d'abord elle qui a perdu un formidable passeur
00:13de littérature. Mais on aurait tort d'oublier que le gratin du cinéma français et international
00:18est lui aussi passé sur les plateaux d'apostrophes avec Brunon de Culture. Pivot aimait les livres,
00:23oui, mais il aimait également les films, et plus encore peut-être celles et ceux qui
00:27les font devant et derrière la caméra. Tout simplement parce qu'il savait que chaque
00:30émission devait être un spectacle, on l'a dit, avec ses bons mots, ses moments forts,
00:34ses rires et ses coups de gueule, comme un bon scénario. Et quand il avait un Jean-Pierre
00:38Mariel face à lui, comme ici en 1994, dans Brunon de Culture, on pouvait être certain
00:43que l'acteur serait conforme à sa réputation. Je suis un traînard, un peu. Un traînard ?
00:48Oui, un mec qui traîne. Qui se balade, qui traîne, qui regarde comme ça. C'est ce
00:53que j'aime le plus dans la vie, traîner. Parce que le traînard dans l'armée napoléonienne
00:59ou le traînard aujourd'hui dans la compétition économique, il est foutu, il est mort. Vous,
01:03vous êtes resplendissant. Bah oui, moi j'aime bien quand les gens, on ne s'y attend pas
01:08tout d'un coup, se débrouillent un peu dans la vie. Moi, j'ai toujours adoré les cancres.
01:12Ce même soir, Marie Tratignan était également l'invité de Pivot. Tout comme le furent entre
01:161975 et 2001 Truffaut, Huppert, Godard, Kassovitz, Belmondo, Michel Morgan, Luchini et tant d'autres.
01:22Avec quelques moments de pure vérité, comme cette apostrophe de 87 au cours de laquelle
01:26Jean Marais évoque sa correspondance et sa relation amoureuse avec Cocteau, du jamais
01:31vu ni entendu à la télé de l'époque. Mais Pivot invite également des stars internationales
01:35comme Kirk Douglas et on y croise ainsi Woody Allen, caustique comme il se doit.
01:40La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ?
01:44Bonne question. J'aimerais peut-être être réincarné en éponge. L'éponge n'a pas d'ennemis.
02:01Mais pourquoi pas ? Les stars du cinéma s'y côtoient comme cette fois où Truffaut venu
02:09parler de son livre d'entretien avec Hitchcock face à Roman Polanski. Et le plus souvent,
02:13ces stars dialoguent et badinent ensemble. Soleil Ravie le Pivot qui le relance juste
02:17ce qu'il faut avec notamment quelques questions tirées du fameux questionnaire de Proust.
02:21Et pour y répondre, chacun à son tour. Ce soir-là, Fanny Ardant et Marcello Mastroianni, tout simplement.
02:26Hommes ou femmes pour illustrer un nouveau billet de banque ? La fée Carabosse. Moi,
02:33je voudrais mettre mon père, je ne veux pas être sentimental. Dans sa vie, il n'a pas vu
02:38passer beaucoup de billets. Et nous, on a payé tout ça. Alors, je voudrais le voir là.
02:43C'est pas mal, c'est très joli ça. Ou peut-être l'autre côté, ma mère.
02:46Ah oui, ce serait bien. Preuve de la fascination et de l'intérêt de Pivot pour les stars du 7e art,
02:53il y eut même quelques émissions spéciales avec invités uniques. On a déjà tout dit sur la
02:58capacité de Bernard Pivot à mettre en confiance, s'extasier, jouer les vrais faux naïfs comme
03:02aux chats et à la souris, se fusquer pour de faux et relancer sans cesse avec un art consommé de
03:07celui à qui on ne l'a fait pas. Parmi ces invités uniques, Alain Delon, évidemment, à qui Pivot pose
03:12l'ultime question du fameux questionnaire. Et Delon, ce soir-là, de dire sa vérité comme jamais,
03:17celle d'un petit garçon définitivement malheureux. Et si Dieu existe, qu'aimeriez-vous, après votre
03:22mort, l'entendre vous dire à vous, Alain Delon ? Alors, je vais vous le dire. Puisque tel est ton
03:29plus grand et ton plus profond regret, je le sais. Viens, je te mène à ton père et ta mère,
03:35afin que pour la première fois, enfin, tu les vois ensemble.