Jacques Pessis reçoit Laurent Gounelle : ses romans sur le développement personnel connaissent un succès international. Son nouveau livre, « Un monde presque parfait », est un évènement (Éditions Mazarine).
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-05-09##
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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 En jouant la carte d'un développement personnel plutôt que celle d'une société qui vous employait,
00:10 vous avez touché le cœur d'un public qui justement avait à cœur de changer de vie.
00:15 Un atout qui ne vous a pas seulement permis de gagner à être connu, voire reconnu.
00:19 Bonjour Laurent Gounel.
00:20 Bonjour Jacques.
00:21 Alors vous publiez ce livre "Un monde presque parfait" chez Mazarine qui est un événement,
00:26 un roman de plus qui est promis à un succès international.
00:29 Vous avez un parcours totalement atypique et avant de parler de ce livre "Un monde presque parfait",
00:35 on va justement évoquer votre parcours depuis le début.
00:38 Ok.
00:39 Alors on commence par un truc de fin mais qui est étonnant.
00:42 Le 21 mars 2011, vous recevez un prix littéraire inattendu lié à une chanson.
00:48 "Afin d'augmenter leur standing, un jour la société a fait construire près du building..."
00:55 Société Anonyme d'Eddie Mitchell qui est une chanson qui dénonce l'univers déshumanisant des multinationales.
01:01 A l'époque, elles étaient pourtant peu nombreuses.
01:03 Et vous recevez ce jour-là le prix littéraire du roman d'entreprise pour un de vos livres
01:08 alors que vous avez quitté l'entreprise.
01:10 Oui, c'est exact, c'est vrai.
01:11 C'est paradoxal.
01:12 Oui, ça peut sembler paradoxal, c'est vrai.
01:15 C'est un prix qui récompense un livre dont l'action se déroule principalement dans un cadre professionnel
01:21 qui raconte le vécu d'individus au travail.
01:24 Et ça, vous connaissiez le sujet.
01:25 Oui, tout à fait.
01:26 C'était "Les dieux voyagent toujours incognito", mon deuxième roman
01:30 qui se passait en effet dans un grand cabinet de recrutement anglo-saxon
01:34 ce qui me permettait de planter le décor de toute une histoire, une vaste histoire
01:40 l'histoire d'un personnage qui apprend à dominer ses peurs et à avancer dans la vie malgré ses nombreuses peurs.
01:47 En effet, ça se passait dans ce contexte de l'entreprise.
01:49 Et effectivement, c'est un rapport avec votre expérience professionnelle.
01:53 Vous avez été chargé d'études financières dans une grande entreprise pendant quelques années.
01:57 Oui, tout à fait. C'était mon premier job.
02:00 En fait, je venais d'être diplômé en sciences économiques et financières à Dauphine
02:06 et puis mon Bac +5 en poche, je me suis retrouvé dans cette entreprise.
02:09 C'est drôle pour la petite histoire, c'était les nouvelles messageries de la presse parisienne
02:13 qui était à l'époque, ça a été rebaptisé Prestalis par la suite
02:17 et c'était à l'époque une filiale du groupe Hachette.
02:19 Oui, exactement.
02:20 On entrait dans la vie active, on était dans le groupe Hachette
02:22 et vous voyez, je suis encore dans le groupe Hachette après de nombreuses péripéties 30 ans plus tard.
02:27 Voilà, alors les péripéties, ça a commencé avec cette entreprise où c'était un cauchemar à chaque instant.
02:34 Oui, oui, oui. Et le cauchemar, en fait, je ne venais pas trop de l'entreprise.
02:37 Avec le recul que de mon choix, en fait, je m'étais trompé d'orientation.
02:41 J'avais choisi le monde de l'économie et des finances où j'avais à peu près aimé mes études.
02:47 Mais arrivé là, projeté dans le monde de l'entreprise, je réalisais que non, je n'étais pas à ma place.
02:51 En fait, je n'étais pas heureux, je n'aimais pas ce que je faisais.
02:54 Et du coup, je n'étais pas très performant parce que je n'ai jamais réussi à me forcer à faire ce que je n'aime pas dans la vie.
02:59 Oui, mais en même temps, ce qui est étonnant quand on passe devant ces buildings
03:02 où il y a la même fenêtre, le même bureau, la même lumière.
03:05 Vous avez vécu ça ?
03:07 Oui, oui, oui, j'ai vécu ça.
03:08 C'est terrible finalement pour le moral à certains moments.
03:12 Mais oui, complètement.
03:13 Et donc j'ai vécu une espèce de crise professionnelle qui est devenue une crise existentielle à tout jeune.
03:19 J'avais 23 ans.
03:21 Je me suis dit "mais qu'est-ce que je vais faire de ma vie ? Je ne peux pas rester 40 ans comme ça dans ce genre de poste."
03:26 Et vous êtes né, Laurent Gounel, dans un univers beaucoup plus calme à L'Elle-et-Rose près de Paris.
03:31 Oui, tout à fait, en banlieue sud.
03:33 C'est une ville qui au départ s'appelait L'Elle-et-Rose.
03:35 Mais il se trouve qu'il y a une roseraie créée par Jules Gravreau, je ne sais pas si vous le savez,
03:39 qui était un ami de Raymond Poincaré, qui en hommage à lui, Raymond Poincaré, président de la République, en a fait L'Elle-et-Rose.
03:46 Ah, écoutez, vous m'apprenez quelque chose sur ma ville de naissance.
03:49 En même temps, vous n'êtes pas du tout originaire de cette ville par votre famille.
03:53 Il y a à la fois des origines des Cévennes, de l'Ardèche, de Venise, de l'Aisne, de la Hollande et de la Belgique.
03:59 Oui, c'est exact.
04:00 Et puis même au-delà, puisque je me suis amusé il y a quelques années à faire un test génétique
04:05 proposé par une boîte américaine qui révèle vos origines ethniques.
04:10 Et en fait, je me suis découvert des origines essentiellement en Angleterre.
04:13 Apparemment, 42% de mes jeunes sont anglais, c'était une surprise pour moi.
04:16 En Italie, ça je le savais, les autres pays vous les avez cités, il y a aussi la Lituanie, la Grèce, c'est assez étonnant.
04:23 C'est un mélange de générations.
04:25 Je suis un pur produit européen.
04:27 Et en plus, vous avez des origines de Cochinchine parce que votre famille a vécu en Cochinchine, Laurent Gounel.
04:33 Alors oui, mes grands-parents maternels sont partis vivre un quart de siècle en ce qui s'appelait à l'époque la Cochinchine
04:41 qui est devenue le Vietnam aujourd'hui.
04:43 Et ma mère est née là-bas.
04:44 Et il se trouve qu'en même temps, c'est là, dans ce Vietnam Sud, qu'on a commencé à faire des manifestations,
04:49 à vouloir l'indépendance et c'est comme ça qu'est née la guerre natochine.
04:52 Oui, tout à fait.
04:54 Et puis il y a eu aussi la seconde guerre mondiale avec les japonais qui ont débarqué là-bas.
04:58 Mon grand-père s'est retrouvé prisonnier des japonais, c'était très dur d'ailleurs.
05:01 Il est resté un an dans une cage.
05:03 C'était très... Quand ma mère m'en parle, on sent qu'il y a du lourd derrière.
05:08 Et même l'influence asiatique dans vos jeunes années, c'était la cuisine, je crois.
05:13 Oui, tout à fait.
05:14 Ma mère avait rapporté ça de Vietnam.
05:17 On fait un goût pour la cuisine asiatique.
05:20 On mangeait beaucoup de curry à la maison, de riz, de toutes sortes de plats assez épicés que j'aime toujours encore aujourd'hui.
05:26 Ce qui était moins épicé, Laurent Gounel, c'est votre éducation car entre une mère catholique et un père protestant, il y avait un côté strict à la maison.
05:33 Oui, un peu.
05:35 Et en même temps, avec le recul, je me dis que c'est quand même utile d'offrir aux enfants un cadre.
05:40 Je crois que les enfants ont besoin d'un cadre.
05:42 C'est vrai qu'on l'a vécu en suite des années assez permissive et je crois qu'on est nombreux à en revenir aujourd'hui.
05:49 Oui, je crois de plus en plus.
05:51 Et vous aviez un père qui était chercheur en physiologie.
05:53 C'est très sérieux, ça.
05:55 Oui, tout à fait. Là, on était dans les sciences dures.
05:58 En effet, à l'université de la faculté de pharmacie, il était professeur écologique de physiologie et dirigeait un laboratoire de recherche dans ce domaine.
06:05 Oui, il faisait très attention aussi au quotidien, à son travail. Il avait des idées très précises.
06:09 Oui, tout à fait. C'était quelqu'un de rigoureux, de très très sérieux, très rigoureux, qui nous reprenait volontiers si on employait un mot à la place d'un autre.
06:18 Alors, sur le moment, je vivais assez mal. Il m'énervait.
06:22 Et en même temps, aujourd'hui, avec le recul, je lui sais gré d'avoir une certaine exigence dans l'emploi des mots.
06:29 Donc, ça me sert beaucoup aujourd'hui.
06:31 Et dans votre enfance, vous étiez timide et je crois qu'il y avait deux choses qui vous permettaient d'être heureux, Laurent Gounel, c'était la lecture et l'observation.
06:38 Oui, tout à fait. Et puis, on peut ajouter la rêverie aussi.
06:41 Quand je n'étais pas satisfait de mon présent, je m'imaginais des futurs prometteurs, fantasmés.
06:48 Je partais en rêverie.
06:50 Et vous lisiez beaucoup ?
06:51 Alors, j'ai lu énormément jusqu'à peu près l'entrée en sixième ou un peu avant.
06:56 Je ne sais plus. Et un jour, mon père, encore lui, m'a dit "écoute, maintenant, il faut que tu arrêtes de lire Les Clubs des Cinq, Les Clans des Sept et autres.
07:03 Six Compagnons, ce n'est pas sérieux. Il faut passer aux classiques."
07:06 Bon, j'ai suivi l'injonction parentale. J'ai acheté Les Choux-Hornes, Belsac.
07:10 En mauvaise pure, je me dis "Allez vous, ce n'est quand même pas le meilleur."
07:13 Et ça m'a un peu dégoûté de la lecture.
07:15 Et donc, j'ai sérieusement levé le pied, malheureusement, pendant plusieurs années.
07:18 Et ensuite, votre métier de rêve au départ, c'était la psychiatrie.
07:23 Oui, oui, tout à fait. J'étais très attiré, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, par tout l'univers de la psychologie et de la psychothérapie.
07:31 Et j'envisageais en effet de faire médecine pour m'orienter vers la psychiatrie.
07:36 Ce sont de longues études quand même.
07:37 Ce sont de longues études, oui. Et j'en ai bizarrement été dissuadé par le médecin de famille à l'époque qui m'a dit "Non, non, mais ça va être complètement réformé."
07:45 C'est le moment en fait où Mitterrand venait de prendre le pouvoir.
07:48 Il y a aussi beaucoup de fantasmes par rapport à ça.
07:51 Donc lui m'a dit "Non, non, il va fonctionnaliser tout ça. Un médecin ne pourra même pas choisir ce qu'il peut prescrire. Fais surtout pas médecine."
07:58 Il a réussi à me faire peur et du coup il m'a détourné de cette vocation première.
08:02 Et il s'est trompé parce qu'en 2022, il y avait 15 516 psychiatres en activité, 2000 de plus que cinq ans plus tôt.
08:10 Ah, intéressant.
08:12 C'est un métier, d'ailleurs je pense que le confinement a aussi créé beaucoup de psychiatres.
08:16 C'est certain.
08:17 Après le bac, ce sont des sciences économiques finalement ?
08:20 Voilà, je me suis tourné vers les sciences économiques et financières.
08:23 Oui, et ça vous intéressait ou pas ?
08:25 J'ai aimé les études, c'était stimulant intellectuellement.
08:28 J'ai bien aimé mes études, j'ai beaucoup moins aimé leur mise en pratique par la suite.
08:32 Il y a quand même eu l'université Paris-Dauphine, un troisième cycle à la Sorbonne, c'était bien parti.
08:37 Oui, tout à fait. Une fois de plus, j'ai apprécié mes études.
08:40 Alors, il y a eu effectivement cet échec dans l'entreprise et vous avez fait vraiment une crise existentielle ?
08:47 Ah oui, tout à fait. D'abord, je me suis retrouvé au chômage, j'ai changé l'entreprise d'abord.
08:52 La seconde entreprise a fini par me licencier. C'était mérité, j'étais pas à ma place tout simplement.
08:57 On l'a reconnu, on a comme un accord.
09:00 Bon, toujours c'est dit que je me suis retrouvé au chômage, c'est jamais drôle.
09:04 Je ne savais pas quoi faire de ma vie, je ne voulais plus retourner dans les finances.
09:06 Je me suis essayé un peu au commercial, ça n'a pas marché non plus.
09:09 J'ai essayé de créer une entreprise, ça n'a pas marché.
09:12 Donc, en fait, à cette époque-là, il y a une petite trentaine d'années, je cumulais les échecs.
09:17 Donc, j'en ai presque fait une dépression. Enfin, vous voyez, ça ne s'allait pas du tout.
09:20 Et en même temps, c'est peut-être, avec le recul aujourd'hui,
09:25 c'est peut-être l'une des meilleures choses qui me soient arrivées dans la vie.
09:27 Oui, c'est en même temps le burn-out à l'époque.
09:30 D'abord, on n'en parlait pas, on parlait de déprime.
09:32 Oui, tout à fait.
09:33 Mais le burn-out, personne n'en faisait dans les entreprises.
09:35 Non, tout à fait. Ce n'était pas vraiment un burn-out, ce n'était pas lié à une suractivité.
09:40 Non, c'était vraiment une crise existentielle.
09:41 Je me disais, mais qu'est-ce que je vais faire de ma vie ?
09:43 Qu'est-ce que je vais faire ? J'avais un sentiment d'être en échec partout.
09:45 Ce n'était pas qu'un sentiment, d'ailleurs.
09:47 Et en fait, il a fallu que je touche le fond du gouffre, vous voyez, pour pouvoir me relever.
09:52 Et notamment parce que j'ai réalisé que finalement, les gens qui m'entouraient étaient toujours là.
09:59 Je n'avais pas perdu ma famille, je n'avais pas perdu mes amis.
10:02 Et ce jour-là, j'ai compris que finalement, les gens n'intéressaient peu à mes réussites ou mes échecs.
10:06 Ils me mêlaient pour qui j'étais, point barre.
10:09 Et en fait, ça m'a conféré une certaine liberté.
10:10 C'est quand j'ai pris conscience de ça, je me suis dit, finalement, je peux tout faire.
10:14 Alors qu'avant, je pense que je m'obligeais à exercer un métier qui soit reconnu socialement,
10:20 qui soit valorisé tant par mes parents, selon des critères intellectuels,
10:24 que par rapport au reste de la société ou des amis.
10:27 Puis finalement, j'ai réalisé que non, tout le monde s'en fichait,
10:30 que il suffisait que j'écoute mon cœur.
10:32 Et comme par hasard, c'est à ce moment-là que j'ai su ce qui m'attirait vraiment et ce que je voulais faire.
10:36 - Voilà. Mais en même temps, vous aviez un autre défaut, si on peut appeler ça un défaut.
10:39 Laurent Gounel, vous aviez une peur bleue des gens. Vous étiez très timide.
10:43 - Oui, j'avais peur de tout.
10:45 J'avais peur des araignées, des microbes, de tout ce que vous pouvez imaginer.
10:48 Et des gens, mais les gens, c'était ma grande peur.
10:50 Donc en effet, je faisais tout pour me cacher des gens.
10:53 Et c'est sans doute d'ailleurs la raison pour laquelle je me suis orienté à l'origine vers ces études économiques.
10:58 Je pensais que je serais derrière un bureau, un ordinateur. Et c'était vrai d'ailleurs.
11:02 Et je ne verrais pas grand monde, sauf que je ne savais pas que se libérer de ça, enfin se libérer non,
11:07 au contraire, obéir à ces peurs, était la solution dans la vie.
11:11 - Il y en a eu d'autres quand même. Et on va évoquer votre parcours à travers une autre date, le 14 février 2008.
11:17 A tout de suite sur Sud Radio avec Laurent Gounel.
11:19 - Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:23 - Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Laurent Gounel.
11:26 Best-seller avec différents livres qu'on va évoquer au cours de l'émission.
11:31 Le nouveau "C'est un monde presque parfait" chez Mazarine, on en parle tout à l'heure.
11:34 On en revient à votre parcours après des échecs dans l'entreprise.
11:39 Il y a une date importante, le 14 février 2008.
11:42 C'est le jour où sort "L'homme qui voulait être heureux".
11:45 - Exact, oui.
11:47 - Alors ça, c'est la Saint-Valentin qui vous a porté bonheur.
11:50 - Oui, je n'avais pas fait le lien.
11:52 - C'est vrai, en quatre semaines, je crois que vous vendez 80 000 exemplaires.
11:54 - Oh, pas en quatre semaines, non. Le démarrage a été lent puisque j'étais un parfait inconnu
11:59 qui débarquait dans le petit monde de l'édition que je ne connaissais pas du tout d'ailleurs.
12:02 Le démarrage a été un peu lent.
12:04 Mais après, à un moment donné, le livre a pris son envol, il a touché ses lecteurs
12:08 et il y a eu un gros bouche-à-oreille.
12:10 - Parce qu'il y a un journal télévisé quelques semaines plus tard,
12:13 votre premier JT, je ne sais pas si vous le savez, dans une dédicace.
12:16 Vous êtes là et on dit qu'effectivement ça s'est très bien vendu.
12:20 Et il y a une dame qui a été interviewée qui dit "j'en ai déjà acheté 50 exemplaires".
12:24 Vous vous en souvenez de cette télé ?
12:26 - Je me souviens, c'est dans une petite librairie du 18e arrondissement, en effet.
12:30 - Alors, vous êtes quand même surpris par ce succès ?
12:33 - Écoutez, j'ai envie de dire non et ce n'était pas du tout de la présomption de ma part.
12:40 Mais en fait, c'était plutôt de la naïveté.
12:42 Moi, je ne connaissais pas le monde de l'édition.
12:44 Et pour moi, dans la mesure où j'étais totalement sincère dans mon écriture,
12:47 c'est-à-dire que j'écrivais pour les gens, je me disais "j'écris des choses qui vont être utiles pour les gens".
12:51 En fait, ça me semblait naturel que le livre trouve ses lecteurs puisque j'écrivais pour les lecteurs.
12:55 C'était très naïf, vous l'avouerez.
12:57 Et en même temps, c'est peut-être justement parce que j'y ai cru que ça "fonctionnait".
13:02 - Mais ça a mis un certain temps par le bouche à oreille.
13:04 Parce qu'il y a très peu de télé, très peu de reportages à l'époque.
13:07 - À l'époque, il n'y avait rien du tout.
13:08 Une fois de plus, j'étais un inconnu.
13:09 Et puis j'ai appris aussi que ce livre était un livre parmi 65 000 qui étaient publiés cette année-là.
13:14 Enfin, vous voyez, c'était quasiment impossible d'émerger.
13:17 Et puis en effet, j'ai été invité sur une première radio.
13:21 Et à partir de là, forcément, ça a généré mécaniquement, je dirais, quelques ventes.
13:26 Et tout de suite, il y a eu un bouche à oreille extrêmement fort.
13:28 Donc les gens sont passés le mot, les gens ont offert le livre.
13:31 Et ça a été très vite ensuite.
13:33 - Oui, mais je crois, Laurent Gounel, que ça correspond aussi à un moment où vous êtes arrivé,
13:36 où il fallait arriver.
13:38 Il y avait un développement, il y avait un engouement des Français pour le développement personnel.
13:42 - Ah, c'était le tout début, oui, oui.
13:44 C'était le tout début.
13:45 Je ne sais pas si c'était à ce moment-là ou si ça a suivi.
13:47 Mais c'est vrai qu'après, ça a été une vague assez forte qui a aussi contribué à porter le livre.
13:52 - Alors, l'histoire du livre, c'est un Occidental à Bali qui rencontre un vieux guérisseur.
13:56 - Tout à fait.
13:58 - Et là, ça démarre et vous arrivez à faire passer vos idées dans cette histoire.
14:01 - Voilà, mon but, c'était avec ce livre, d'amener les gens à en prendre conscience du fait
14:06 qu'ils ont forcément des rêves inassouvis, des projets qui leur tiennent à cœur
14:13 et qu'ils n'osent pas mettre en œuvre parce qu'ils se freinent.
14:16 Ils se freinent parce qu'ils ne s'en croient pas capables,
14:18 ou ils ne pensent pas en avoir les moyens.
14:20 Et donc, l'idée, c'était de libérer de toutes ces croyances limitantes,
14:22 pour reprendre le jargon du métier, pour oser se jeter à l'eau et réaliser leurs rêves.
14:29 - Et ce rêve et ce livre sont nés, Laurent Gounel,
14:32 parce que vous avez vous-même sacrifié au développement personnel.
14:36 Vous avez commencé à faire des études là-dessus.
14:38 - Oui, c'est-à-dire en fait, moi, suite à ma crise existentielle d'ailleurs,
14:42 j'ai eu besoin de travailler sur moi parce que je ne me connaissais pas du tout.
14:45 Je ne savais pas ce que je voulais dans la vie.
14:47 Et donc, j'ai entamé en effet une sorte de démarche de développement personnel,
14:50 de connaissance de soi, d'abord par des lectures, beaucoup de lectures,
14:53 ensuite par des formations, par la suite par une thérapie avec un messie,
15:00 et puis un coach.
15:01 Tout ça m'a énormément apporté.
15:03 Et en fait, ça a duré presque 15 ans, pas 15 ans de lecture et de thérapie,
15:08 mais après, je me cherchais des mentors.
15:10 Donc, je voyageais énormément de par le monde.
15:12 J'ai rencontré des sages, j'ai rencontré des enseignants
15:14 assez précieux qui m'ont apporté beaucoup de choses.
15:17 Et au bout de 15 ans, j'avais tellement reçu des choses tellement précieuses
15:20 que je me suis dit, je ne peux pas garder ça pour moi.
15:23 Moi, j'ai eu la chance d'en bénéficier.
15:24 Ce n'est pas le cas de tout le monde.
15:25 Il faut partager, il faut diffuser l'information
15:27 et c'est ce qui m'a motivé à prendre la plume.
15:29 - Oui, et vous avez écrit ce livre en trois mois, je crois.
15:31 - Oui, c'est exact, oui.
15:32 - Mais alors que vous n'aviez jamais écrit un livre.
15:34 - Non, je n'avais jamais écrit de livre.
15:35 J'ignorais même que j'en étais capable.
15:39 Mais voilà, c'est parti comme ça.
15:41 Puis, c'est venu très facilement.
15:43 - Mais à l'époque, en plus, on confondait un petit peu
15:45 parce qu'on ne connaissait pas le livre en personnel.
15:47 Personne n'en parlait.
15:48 - Non, non.
15:48 - Vous avez entendu parler comme ça, vous aussi ?
15:51 - Oui, un peu par la force des choses.
15:53 C'est une fois de plus, chez moi, la souffrance qui était à l'origine
15:56 de ma motivation à me connaître et de comprendre la psyché humaine.
16:00 Puis aussi parce que les gens me faisaient peur, comme je le disais.
16:02 Et donc, j'ai eu le besoin de comprendre les gens,
16:04 comprendre comment ils fonctionnaient, entre guillemets,
16:07 comment marchait leur psyché.
16:09 Et c'est parti de là.
16:10 - Oui, et vous êtes parti aussi aux États-Unis.
16:13 - Oui, parce qu'à l'époque, en France, la psychologie en fac
16:17 se cantonnait à la psychanalyse, dont on a montré depuis
16:20 que ce plan thérapeutique n'était pas super efficace.
16:23 C'est intéressant intellectuellement, mais pas efficace.
16:26 Et moi, j'étais intéressé par les sciences cognitives
16:28 et cognitivo-comportementalistes.
16:29 Et là, c'était uniquement aux États-Unis, au Caute-Ouest.
16:32 Donc, je suis allé à l'Université de Californie, à Santa Cruz,
16:35 qui est le berceau d'un certain nombre d'écoles de pensée dans ce domaine.
16:38 - Oui, et d'ailleurs, c'est en Californie qu'est né le développement personnel.
16:41 - Mais oui.
16:41 - Dans les années 60, à Esalen.
16:43 Et il avait pour spécificité au départ d'appréhender l'être humain
16:47 dans sa globalité, avec ses dimensions corporelles,
16:50 psychologiques et spirituelles.
16:52 Et les bases ont été jetées par un certain Abraham Maslow.
16:55 - Oui, tout à fait.
16:57 C'est un philosophe, Abraham Maslow, qui est connu pour sa pyramide des besoins,
17:00 puisqu'il a hiérarchisé les besoins humains, notamment.
17:02 - Ils ont confondé en plus les chercheurs, les chamanes,
17:05 ont confondé tout ça.
17:06 L'exemple de Dalida partant dans un ashram avec Arnaud Desjardins
17:13 était resté dans la mémoire.
17:14 Pour eux, c'était ça le développement personnel.
17:16 - Oui, c'est vrai qu'à une certaine époque, c'était la tendance,
17:18 de partir en Inde, dans un ashram.
17:20 - Alors, vous devenez ensuite consultant en relations humaines.
17:23 Vous avez créé votre entreprise.
17:25 - Oui, ça, c'était 15 ans avant d'écrire le livre.
17:27 Ça a été mon métier pendant 15 ans, suite à ma crise professionnelle
17:30 et à ma formation, ma bifurcation.
17:33 Et oui, c'est un métier que j'exerçais avec passion, en effet,
17:35 où j'avais fait ce qui était un ancien point de faiblesse.
17:39 Les relations humaines, où vraiment j'étais handicapé dans ce domaine.
17:43 Mais j'en ai fait une force, à force de travailler sur moi et de comprendre.
17:46 Et c'est devenu mon métier.
17:48 - Et il n'y avait pas beaucoup d'entreprises qui faisaient ça à l'époque ?
17:50 - Assez peu, finalement, assez peu.
17:53 Donc j'intervenais dans plein d'entreprises en France,
17:55 un peu à l'étranger aussi, sur à chaque fois des problématiques
17:58 de relations humaines et de formation autour de ça.
18:00 - Et avant justement d'écrire votre livre,
18:03 il y avait quelqu'un d'autre qui avait eu beaucoup de succès sur ce thème.
18:06 - C'est vraiment quelque chose que même les tardés sont étonnés.
18:12 - Paolo Coelho, l'alchimiste.
18:14 - L'alchimiste, oui.
18:14 - Et c'est vrai que vous avez connu ce livre avant d'écrire le vôtre.
18:17 - Bien sûr, tout à fait, bien sûr. Tout le monde a lu "L'alchimiste".
18:20 - Oui, il a eu un succès mondial.
18:21 Et d'ailleurs, il a sauvé la maison d'édition d'Anne Carrière
18:26 qui ne parvenait pas à décoller, grâce à ce livre dont personne ne voulait.
18:29 Elle l'a pris vraiment un peu par hasard.
18:31 Et c'est vrai que tout naturellement, vous êtes allé chez Anne Carrière.
18:34 - Tout à fait, pour cette raison et pour la petite histoire.
18:37 L'homme qui voulait être heureux,
18:38 ce livre a sauvé une seconde fois la maison d'Anne Carrière
18:42 qui avait déposé le bilan et qui a permis au tribunal de lui accorder un plan de continuation.
18:48 - Et ça a marché.
18:49 Il se trouve que Paolo Coelho, je ne sais pas si vous le savez,
18:51 il a vendu plus de 350 millions de livres
18:54 et il est l'un des rares écrivains à être l'objet de fan clubs officiels
18:58 au Brésil, en Italie, en Espagne, en Pologne, en Portugal, en Grèce
19:01 et en France.
19:02 C'est fou, hein ?
19:03 - C'est énorme, oui.
19:03 - Et il a été le pionnier dans le genre, finalement.
19:05 - Oui, quelque part, oui.
19:06 - Alors, finalement, vous avez aussi écrit une histoire,
19:10 c'est-à-dire que raconter quelque chose, c'est bien,
19:12 mais un roman, c'est différent.
19:14 - Oui, alors pourquoi j'écris sous la forme de roman ?
19:16 Parce que j'aime quand les idées s'incarnent.
19:17 J'aurais pu écrire des essais ou des guides,
19:20 mais mon expérience personnelle était que
19:22 quand je lisais un guide ou un essai,
19:25 souvent, même quand j'adhérais aux idées exposées,
19:28 finalement, je n'en faisais pas grand-chose après.
19:31 J'oubliais, un peu comme on oublie nos bonnes résolutions
19:33 au début d'année.
19:34 Moi, je voulais que les idées s'incarnent
19:36 dans la vie de personnage auquel on peut s'identifier,
19:38 parce que c'était une façon d'amener les idées
19:40 dans la vie du lecteur.
19:42 - Bien sûr, mais en même temps, ce n'est pas facile,
19:43 quand on n'est pas romancier, de construire une histoire.
19:46 - Tout à fait, et encore aujourd'hui,
19:48 15 ans après mon premier livre,
19:49 c'est toujours le plus gros du travail pour moi.
19:51 C'est-à-dire que j'ai un thème,
19:53 j'ai les idées que je souhaite partager,
19:54 donc là, c'est facile pour moi.
19:57 Mais le gros du boulot, c'est de trouver une histoire
19:59 qui va porter ce thème,
20:01 qui va permettre de partager ces idées.
20:03 Ça, c'est vraiment le gros du travail.
20:04 - Oui, et même, il y a des techniques
20:05 pour richer une histoire,
20:06 vous ne les avez même pas apprises,
20:07 vous avez fait ça instinctivement.
20:09 - Non, non, non, je ne me suis jamais formé,
20:11 et puis je n'aime pas non plus l'idée de technique
20:14 qu'on applique, vous voyez, je n'aime pas ça.
20:16 Je préfère écouter mon inspiration,
20:18 ou mon intuition, appelez ça comme vous voulez.
20:19 - Et finalement, ce livre auquel
20:22 vous ne pensiez pas croire au départ,
20:24 il a été traduit en 25 ans.
20:26 - Ou même plus, je crois qu'on en est à 34 aujourd'hui.
20:29 - C'est extraordinaire, vous recevez les livres
20:30 dans des langues que vous ne connaissez pas ?
20:32 - Oui, oui, tout à fait, ma femme râle un peu,
20:33 parce qu'on a les cartons plein la cave,
20:35 on ne sait plus où les mettre.
20:36 - Mais c'était inimaginable,
20:37 ça veut dire que vous avez ouvert
20:39 une boîte de Pandore ?
20:40 - Je ne sais pas si j'ai ouvert une boîte de Pandore,
20:43 mais en tout cas, c'est vrai que moi,
20:45 j'étais surpris en effet de succès à l'international.
20:47 Bon, sachant que ce n'est pas un best-seller
20:49 dans tous les pays, on va dire,
20:50 mes livres sont des best-sellers
20:52 dans quoi, sur sept ou huit pays.
20:53 - C'est déjà pas mal.
20:55 - Les ventes sont gentilles dans d'autres pays,
20:58 mais elles ne sont pas énormes.
20:59 - En tout cas, ce qui est extraordinaire,
21:01 c'est que vous auriez pu avoir la grosse tête
21:02 avec ce succès et vous avez veillé
21:04 à ce que ce ne soit pas le cas.
21:06 - Oui, parce que la chance que j'ai eue,
21:07 c'est de connaître le succès littéraire
21:10 à 40 ans passés,
21:12 et notamment après avoir travaillé ici au mois
21:14 et connaître le piège de l'ego.
21:16 Donc je savais, je savais à l'avance,
21:18 avant que ça n'arrive,
21:19 qu'il y avait un vrai danger par rapport à ça.
21:22 On peut se perdre dans le succès
21:23 en s'identifiant au succès,
21:24 et après, comme beaucoup de gens célèbres,
21:26 d'ailleurs, vivre dans la peur,
21:27 la peur que ça s'arrête.
21:28 Donc moi, j'ai toujours gardé une grande distance
21:30 entre le succès de mes livres et moi-même,
21:32 à tel point d'ailleurs,
21:33 que je me suis tellement protégé de ça,
21:36 que j'ai presque pas ressenti le plaisir,
21:38 la joie du succès,
21:39 alors qu'il n'y a pas de mal à cela non plus.
21:41 Tellement j'avais peur de tomber dedans,
21:42 vous voyez, du coup,
21:43 j'ai gardé une grande distance.
21:44 - Et d'ailleurs, vous avez aussi gardé
21:46 une distance avec Paris.
21:48 On va l'évoquer à travers une autre date,
21:49 le 4 juin 2018.
21:51 A tout de suite sur Sud Radio, avec Laurent Gounel.
21:53 - Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:57 - Sud Radio, les clés d'une vie.
21:59 Mon invité, Laurent Gounel,
22:00 un dessin exceptionnel.
22:01 Vous êtes passé du monde des notes
22:04 à celui des lettres avec vos livres.
22:06 Un monde presque parfait,
22:08 c'est le nouveau chez Mazarine,
22:09 on va en reparler tout à l'heure.
22:10 Mais on en revient à votre parcours,
22:11 qui a donc débuté avec le succès d'un premier roman
22:14 sur le délivrement personnel.
22:15 Et là, le 4 juin 2018,
22:18 vous êtes l'invité de cette émission de télévision.
22:20 [Musique]
22:24 Midi en France, Havan avec Vincent Fergniaud.
22:27 Et pourquoi je parle de cela ?
22:29 Parce que vous êtes le régional de l'étape,
22:31 car vous vous êtes installé à Havan.
22:32 - Voilà, c'est ça. J'ai quitté Paris
22:34 avec ma famille il y a 8 ans.
22:36 Et nous vivons maintenant en effet
22:37 dans cette petite ville du Morbihan,
22:39 au sud de la Bretagne.
22:40 - Une ville d'ailleurs qui a accueilli
22:42 le Tour de France à 12 reprises.
22:43 Je ne sais pas si vous le savez.
22:44 - Pas du tout.
22:45 - Et c'est là que Louis Zimbabwe un jour
22:46 a repéré la région et plus tard
22:48 a créé à côté à Port-Cresti
22:51 un institut de thalassothérapie.
22:52 - Oui, c'est exact.
22:54 - Alors, pourquoi Havan ?
22:56 - Parce que d'abord il y avait la volonté
22:57 de quitter la grande ville,
22:58 la très grande ville, Paris,
23:00 pour être plus proche de la nature
23:02 et aussi dans un lieu où les relations humaines
23:05 sont plus détendues.
23:08 Moi, j'ai souvent constaté en fait,
23:10 par mes voyages notamment,
23:11 que plus une ville est grande,
23:14 plus il y a de monde,
23:16 plus il y a la foule
23:16 et plus cela génère
23:17 des comportements individualistes.
23:19 Ce qui est normal d'ailleurs,
23:20 c'est que les gens cherchent à se protéger
23:21 à un moment donné,
23:22 quand il y a trop de monde.
23:23 Donc ça pousse à des comportements individualistes,
23:26 alors qu'à l'inverse,
23:26 dans les petites villes
23:28 ou même à la campagne,
23:29 les relations sont beaucoup plus sereines
23:32 et les gens sont beaucoup plus tournés vers les autres.
23:34 C'est quelque chose que je valorise beaucoup.
23:35 - Oui, d'ailleurs vous aviez toujours pensé
23:37 qu'un jour ou l'autre,
23:38 vous partiriez de Paris.
23:39 - Mais oui, bizarrement,
23:40 même enfant je le savais.
23:42 Je le savais au fond de moi.
23:43 - Et la Bretagne finalement,
23:44 c'est des souvenirs de vacances.
23:46 Je crois qu'il y avait le camping à la ferme
23:48 à Treberden, sur la côte de Granit-Droz.
23:49 - Vous êtes très bien renseigné Jacques.
23:51 Oui, tout à fait.
23:52 On faisait du camping à la ferme
23:53 avec mes parents quand j'étais gamin.
23:55 - Et c'est une station balnéaire
23:57 dont la devise était
23:58 "la mer est mon plaisir et sa tâche qui m'aborde".
24:01 Vous le saviez ?
24:02 - Je ne le savais pas.
24:02 - Ça correspond finalement à votre caractère.
24:05 Et puis il y a aussi des étés passés à Morga.
24:08 - Morga, tout à fait,
24:10 sur la presqu'île de Crozon, Finistère Sud.
24:12 - Et un écrivain d'ailleurs a beaucoup parlé de Morga
24:15 dans ses romans, c'est Gustave Flaubert.
24:17 - Ah bon ?
24:17 - Oui, il allait là-bas tout le temps.
24:19 Donc vous avez découvert une douceur de vivre
24:21 qui correspondait à ce que vous cherchiez
24:23 pour écrire, pour travailler, pour vivre.
24:24 - Oui, tout à fait.
24:25 Et puis aussi pour éduquer nos enfants
24:27 avec mon épouse.
24:28 - Et vous avez été accueilli,
24:31 non pas comme un Parisien
24:32 mais comme quelqu'un de la famille presque.
24:34 - Oui, alors moi je me souviens en fait
24:37 quand nous sommes arrivés à Havane,
24:38 on a déjeuné dans un petit resto du coin
24:41 et j'ai demandé au serveur qui était breton,
24:44 j'ai demandé un conseil.
24:45 Je lui ai dit "qu'est-ce que vous nous donnez
24:46 comme conseil pour nous adapter
24:48 à la culture bretonne qu'on connaît peu finalement ?"
24:51 Et il m'a dit "en fait nous les bretons
24:54 on n'aime pas quand des gens débarquent
24:56 en terrain conquis, trop sûrs d'eux,
24:58 trop affirmés et donc il faut être humble".
25:01 Alors ça m'allait très bien
25:02 parce que ça correspond un peu à ma personnalité,
25:04 à ma nature.
25:05 Donc on s'est comportés ainsi.
25:07 Je pense que c'est grâce à ça
25:09 qu'on a été bien acceptés par les bretons.
25:10 Aujourd'hui on a plein d'amis bretons.
25:12 - Voilà, et c'est un peu le cas partout.
25:13 Moi je me souviens au Québec,
25:14 certaines vedettes de la télévision
25:16 sont arrivées d'un air conquérant
25:18 en disant "on est les meilleurs".
25:19 Elles se sont fait jeter tout de suite par les cousins
25:21 parce que là-bas il faut être humble
25:23 et pas arriver en star.
25:24 - Tout à fait.
25:25 - Alors finalement vous avez continué à travailler
25:28 avec l'idée d'aimer les gens,
25:30 ce qui n'est pas toujours une caractéristique française,
25:32 Laurent Gounel.
25:34 - Oui, c'est peut-être parce que moi
25:35 j'ai appris à aimer les gens.
25:36 C'est-à-dire quand j'étais petit,
25:38 j'avais tellement peur des autres
25:39 que j'étais presque misanthrope.
25:41 Comme j'avais peur des autres,
25:43 j'avais tendance à rejeter les autres.
25:45 Et puis après avoir appris à me connaître
25:47 et à comprendre les autres,
25:49 j'ai appris à les aimer.
25:51 Et aujourd'hui c'est vrai que...
25:53 C'est marrant que vous en parliez,
25:54 parce que tout à l'heure j'étais en train,
25:56 je regardais les gens autour de moi,
25:57 ça me semblait bizarre de dire ça,
25:58 mais je me disais "en fait je les aime bien".
26:01 C'est les inconnus, je les connais pas,
26:02 mais je les aime bien.
26:03 J'arrive à ressentir en effet
26:05 un élan du cœur pour des inconnus.
26:07 - Mais c'est pas toujours réciproque ?
26:09 - Non forcément, mais peu importe.
26:11 J'ai envie de dire,
26:13 il faut pas qu'il y ait un calcul
26:14 derrière nos sentiments.
26:16 - Après le premier roman,
26:18 les succès se sont enchaînés,
26:19 ce qui n'était pas évident,
26:20 mais vous avez trouvé un thème
26:21 et vous êtes allé plus loin
26:23 dans ce thème Laurent Gounel.
26:25 - En fait c'est pas que j'ai trouvé un thème,
26:26 c'est-à-dire que ce roman,
26:29 je l'ai écrit pour partager
26:30 en effet des idées autour d'un thème,
26:32 mais évidemment je continue d'avancer,
26:34 je continue d'évoluer en tant qu'être humain,
26:36 je continue de me nourrir intellectuellement,
26:38 culturellement, spirituellement,
26:40 donc je continue d'apprendre.
26:41 Heureusement d'ailleurs,
26:43 pour moi quand on cesse d'apprendre
26:45 et qu'on cesse d'évoluer,
26:46 c'est un peu comme
26:48 c'est le moment de mourir.
26:49 Je pense qu'on apprend jusqu'au dernier jour.
26:50 - On dit toujours que les jours
26:52 où on n'apprend rien sont de mauvais jours.
26:53 - Oui, je suis complètement d'accord.
26:55 Donc comme j'évolue,
26:56 je découvre de nouvelles choses
26:57 que j'ai envie de partager
26:58 et qui sont des thèmes qui vont m'habiter
27:00 et qui vont être l'objet d'un nouveau livre.
27:02 - Oui, et puis à chaque fois
27:03 il y a un thème commun récurrent,
27:05 c'est la remise en cause de notre société.
27:09 - Oui, ça revient régulièrement,
27:10 ce que je m'intéresse aussi bien,
27:11 je m'intéresse à la personne, à l'individu,
27:14 mais l'individu, on ne peut pas l'extraire du groupe,
27:16 on ne peut pas l'extraire des autres,
27:17 ne serait-ce que parce que l'être humain
27:18 est un être de lien,
27:19 nous sommes tous reliés,
27:20 on ne peut pas vivre seul,
27:22 indépendamment des autres.
27:23 Donc la société est quelque chose
27:24 qui m'intéresse énormément.
27:26 Qu'est-ce qui constitue la société ?
27:27 Quelles sont les valeurs de la société ?
27:29 Les croyances qui sont véhiculées,
27:32 qui font qu'on a une certaine vision
27:33 de la vie et du monde
27:34 et qui nous font avancer.
27:36 - Pour la suivre, c'est une société,
27:38 il faut s'informer,
27:39 alors qu'on est à vannes
27:40 devant son ordinateur,
27:41 ce n'est pas simple.
27:42 - Oui, mais j'ai eu la chance
27:44 de beaucoup voyager à l'étranger,
27:45 même de s'y joindre assez longuement,
27:46 à l'étranger,
27:47 et c'est quelque chose qui aide
27:48 à prendre conscience
27:50 de son propre modèle du monde,
27:51 sa propre vision du monde.
27:52 Quand vous côtoyez des gens,
27:53 que vous partagez la vie
27:54 avec des gens qui ont
27:55 une vision du monde différente,
27:56 une culture différente,
27:57 c'est à ce moment-là
27:58 que vous comprenez la vôtre.
27:59 - Et vous la transmettez
28:00 à travers vos livres.
28:01 - Et à ce moment-là,
28:02 j'aime inviter le lecteur
28:03 à comprendre sa propre
28:05 vision du monde,
28:06 la société,
28:07 puis à l'ouvrir
28:07 sur d'autres visions riches.
28:09 - Vous avez été tellement loin,
28:11 Laurent Gounel,
28:12 qu'un jour,
28:12 vous avez évoqué dans un livre
28:14 "La société des indiens d'Amazonie".
28:16 - Oui, oui, oui.
28:17 C'était un livre
28:19 qui offrait une sorte de satire
28:21 de la société occidentale moderne,
28:23 pour mettre en scène,
28:24 de façon un peu humoristique,
28:25 tous nos travers.
28:27 - C'est fou,
28:28 mais vous savez que les tribus d'Amazonie,
28:29 il y en a qui n'ont jamais vu
28:31 quelque chose en dehors de leur tribu.
28:33 - Exactement.
28:33 - En 2014,
28:34 il y a une tribu qui a pris,
28:36 pour la première fois,
28:37 a pris contact
28:38 avec le monde extérieur.
28:39 On les a appelés
28:40 les "Indiens non contactés".
28:42 Et sept d'entre eux
28:43 sont repartis
28:44 avec la grippe chez eux,
28:45 dès qu'ils sont entrés
28:46 dans la société d'aujourd'hui.
28:47 - Oui, tout à fait,
28:48 ben oui,
28:49 parce que ne cotoyant pas
28:51 le reste du monde,
28:52 ils n'ont pas développé
28:52 un système immunitaire
28:53 capable de résister
28:54 à des virus
28:55 qui nous ne font quasiment rien.
28:56 - Des virus, d'ailleurs,
28:57 que vous évoquez
28:57 dans votre nouveau livre.
28:58 - Oui.
29:00 - Alors, vous évoquez aussi
29:01 l'écologie
29:02 avant que tout le monde en parle,
29:03 parce que dans vos livres,
29:04 il y a toujours un parfum d'écologie.
29:05 - Oui, parce que,
29:07 je vous le disais,
29:07 il y a une minute
29:08 que l'être humain
29:09 ne peut pas s'exclure du groupe,
29:10 des autres êtres humains,
29:13 mais il ne peut pas non plus
29:13 s'exclure de la nature.
29:15 C'est-à-dire l'être humain
29:16 est un élément de la biosphère.
29:17 Et même s'il tend
29:20 à s'en extraire,
29:21 notamment quand il vit
29:22 dans les grandes villes
29:22 où il est un peu coupé
29:23 de la nature,
29:24 en fait, on gagne,
29:25 au moins il retourne régulièrement,
29:27 si ce n'est vivre en permanence.
29:29 Et quand on se reconnecte
29:30 à la nature,
29:30 il se passe des phénomènes
29:31 assez intéressants,
29:32 comme par exemple,
29:33 on tend à se libérer de notre égo.
29:34 Notre égo, c'est cette partie de nous
29:36 qui veut croire
29:38 qu'on est différent des autres,
29:40 qu'on est meilleur que tout le monde.
29:41 Et en fait,
29:42 quand on est dans la nature,
29:43 on n'a pas ce genre de considération.
29:44 On revient à notre place,
29:45 qui est finalement très humble,
29:46 qui est celle d'une poussière d'étoiles,
29:48 puisque comme disait Hubert Reeves,
29:49 nous sommes constitués
29:50 vraiment de poussières d'étoiles
29:53 à la base.
29:54 Et donc, on redevient un peu
29:55 cette petite poussière
29:56 au milieu d'un grand tout
29:57 auquel on est relié.
29:59 Et finalement, et paradoxalement,
30:00 on se sent bien, en fait,
30:02 quand on abandonne notre égo,
30:04 quand on lâche prise
30:04 sur ce besoin d'exister à tout prix
30:06 et qu'on revient à notre place.
30:08 - Et ce que vous transmettez aussi
30:09 en filigrane, Laurent Gounel,
30:11 dans vos livres,
30:12 c'est l'interrogation
30:13 de notre présence sur Terre,
30:14 savoir pourquoi on vit,
30:16 quelle mission on a.
30:17 - Oui, donc là,
30:18 on touche à une sphère plus spirituelle.
30:19 En effet,
30:20 moi, ce sont des préoccupations
30:23 qui sont venues naturellement en moi
30:25 à partir du moment où
30:26 j'ai suffisamment travaillé sur moi
30:28 à un niveau psychologique
30:29 pour résoudre peut-être pas
30:30 tous mes problèmes,
30:31 mais en tout cas, la plupart de mes problèmes.
30:32 Et c'est un phénomène naturel.
30:34 Je pense qu'à partir du moment
30:35 où on apprend à devenir
30:36 globalement bien dans ses baskets,
30:38 on s'intéresse moins à sa personne.
30:40 C'est un peu ce que j'évoquais
30:41 à l'instant par rapport
30:42 à la marche dans la nature.
30:43 On s'intéresse moins à sa personne
30:44 et du coup, on s'intéresse
30:45 non seulement aux autres,
30:46 mais aussi à ce qui nous dépasse.
30:48 Et la question du sens de la vie,
30:50 le pourquoi sommes-nous sur Terre,
30:51 est une question qui apparaît
30:52 à ce moment-là.
30:53 - Oui, en même temps,
30:54 vous vous posez des questions
30:56 que se posent aussi vos lecteurs.
30:57 C'est peut-être pour ça aussi
30:58 que vous avez tellement de lecteurs.
30:59 - Oui, sans doute, bien sûr,
31:01 parce que je suis relié à eux,
31:02 parce que nous sommes tous reliés.
31:04 - C'est-à-dire que dans les séances de dédicaces,
31:06 vous passez plus de temps
31:08 à parler avec eux qu'à signer les livres.
31:09 - Oui, ça c'est exact.
31:10 - Les gens viennent vous parler ?
31:12 - Oui, oui, tout à fait.
31:13 Ils viennent me parler,
31:14 ils me confient des éléments
31:15 de leur existence, de leur vie.
31:18 - Et pourquoi ?
31:19 - On a le loisir d'échanger.
31:20 Parce que mes livres invitent à ça.
31:22 Mes livres invitent à se poser des questions
31:24 sur soi, sur la façon dont on vit,
31:26 sur comment s'épanouir dans l'existence.
31:30 Et du coup, ça pousse à la confidence.
31:32 - Et puis, il y a un autre thème
31:33 récurrent dans vos livres,
31:35 évoqué par un sketch de Fernand Reynaud.
31:36 - Heureux !
31:38 (Rires)
31:42 Je suis le cantonnier.
31:44 - Un sketch qu'on a oublié aujourd'hui,
31:45 on a oublié Fernand Reynaud,
31:47 où il est le cantonnier
31:48 le plus heureux du village.
31:50 Et c'est vrai que c'est de moins en moins
31:52 facile d'être heureux.
31:53 Et vos livres contribuent à ce bonheur,
31:56 Laurent Jaunet.
31:57 - En fait, moi, ça me rend triste
31:59 de voir les gens malheureux.
32:01 Ça peut sembler un peu bêbête de dire ça.
32:03 Mais je pense que tout le monde
32:05 a en soi les moyens d'être heureux.
32:07 Je dis en soi, parce qu'en fait,
32:08 le bonheur, c'est avant tout
32:09 une démarche intrinsèque,
32:11 enfin, intra-personnelle, je dirais.
32:13 Parce que souvent, on peut penser
32:15 que si on n'est pas parfaitement heureux,
32:17 ça vient de l'extérieur.
32:18 Alors parfois, en effet, il faut le dire,
32:19 il y a des personnes dont les conditions
32:21 de vie extérieure à elles-mêmes
32:23 sont compliquées.
32:24 Il y a des personnes qui sont en souffrance,
32:27 qui ont des grosses difficultés matérielles,
32:29 et ça complique sérieusement les choses,
32:30 on le sait bien.
32:31 Mais au-delà de ça, le bonheur
32:33 est une démarche qui se trouve
32:34 à l'intérieur de soi.
32:35 C'est plus en changeant notre relation
32:37 à la vie qu'en changeant
32:39 ce qui est autour de nous
32:40 qu'on trouve le bonheur.
32:41 - Et puis, il y a une chose très importante,
32:43 vous dites souvent,
32:44 quand on est gentil, on est bête,
32:46 ce qui est une erreur.
32:47 - En France, ça c'est très français.
32:48 Oui, oui, oui, en France,
32:49 c'est assez mal vu d'être gentil,
32:50 on passe pour l'idiot du village.
32:51 Donc moi, je revendique
32:53 le droit à la gentillesse.
32:55 - Et puis, il y a un autre livre important,
32:57 parce qu'il parle d'un sujet aussi
32:58 qui vous tient à cœur,
32:59 c'est "Intuitio", parce que
33:00 l'intuition, ça vous y croyez beaucoup.
33:02 D'ailleurs, vous en parlez
33:02 dans votre dernier livre,
33:04 Laurent Gounet.
33:04 - Oui, oui, oui, moi j'ai découvert ça
33:05 il y a huit ans
33:07 par une expérience, en fait.
33:09 J'ai été approché par un spécialiste
33:11 de l'intuition, Alexis Champion,
33:12 qui m'a initié en effet
33:14 à une méthode qui permet
33:15 d'entrer en contact
33:16 avec son intuition
33:17 et donc d'accéder
33:19 à une information
33:20 qui n'est pas directement accessible
33:22 par nos sens.
33:23 En fait, on a tous cette capacité,
33:24 on l'ignore parce qu'on ne l'apprend
33:25 pas à l'école,
33:26 mais le corps est quelque part
33:27 un miroir de la réalité extérieure.
33:29 Donc, quand on est suffisamment
33:31 à l'écoute de son corps
33:31 et notamment de nos ressentis,
33:33 en fait, on peut capter
33:35 un certain nombre de choses
33:36 sur une réalité extérieure.
33:38 - Ça, on connaît les expériences
33:40 de sortir de son corps,
33:40 mais celle-là, on la connaît
33:41 beaucoup moins.
33:42 - On la connaît beaucoup moins
33:43 et c'est assez fascinant,
33:44 parce qu'en effet, on peut savoir,
33:47 on peut accéder à des informations.
33:48 C'est très utile, notamment
33:49 pour la prise de décision.
33:50 Vous savez, on va en parler
33:51 dans quelques minutes,
33:52 mon prochain livre,
33:54 "Un monde presque parfait",
33:55 très tourné sur la prise de décision,
33:56 parce que c'est quelque chose
33:57 d'important dans la vie.
33:57 On dira pourquoi
33:58 dans quelques instants.
33:59 Et l'intuition est un bon moyen
34:02 de prendre sa décision.
34:03 Moi, je suis du culture scientifique,
34:04 j'ai étudié les sciences économiques,
34:06 les sciences humaines,
34:06 j'ai eu tendance jusque-là
34:08 à être rationnel,
34:10 à être cartésien de mes prises de décision.
34:12 J'allais lister des critères,
34:13 les pondérer, etc.
34:14 Et en fait, j'ai découvert
34:15 que ce n'était pas une bonne manière
34:16 de prendre des décisions.
34:17 La meilleure manière,
34:18 c'est de s'interroger,
34:19 se dire "mais comment je le sens ?"
34:20 finalement, et être à l'écoute
34:21 de nos intuitions
34:22 par rapport à la décision à prendre.
34:24 - Mais comment on apprend
34:25 cette technique pour justement
34:26 mettre en valeur son intuition ?
34:28 - Alors, on peut s'y former,
34:29 ou on peut, seul chez soi,
34:32 on peut apprendre déjà
34:33 à rentrer en contact avec son corps,
34:34 parce que c'est la clé, en fait.
34:36 Et pour rentrer en contact
34:36 avec son corps,
34:37 un petit conseil,
34:38 c'est d'éteindre un peu
34:39 toutes nos belles machines,
34:40 nos écrans, nos téléphones,
34:42 qui sont très pratiques, par ailleurs,
34:44 mais tendent à nous couper,
34:46 en fait, de nous et de notre corps.
34:47 Donc c'est intéressant
34:48 de considérer les moments
34:50 où on reste en silence,
34:51 sans ces machines,
34:52 où on a tout débranché,
34:53 et où on est à l'écoute de notre corps
34:55 pour bien revenir dans notre corps,
34:56 puisque c'est là que ça se passe.
34:57 - Voilà. Et moi, j'ai une intuition,
34:58 c'est que dans quelques instants,
35:00 on va évoquer la date
35:01 du 2 mai 2024
35:02 avec votre nouveau livre.
35:03 Rendez-vous dans quelques instants
35:05 avec Laurent Gounel sur Sud Radio.
35:06 - Sud Radio, les clés d'une vie.
35:09 Jacques Pessus.
35:10 - Sud Radio, les clés d'une vie.
35:11 Mon invité Laurent Gounel,
35:12 on en sait plus maintenant
35:13 sur votre parcours
35:15 qui vous a conduit
35:16 de la finance à l'écriture.
35:18 Et donc, le 2 mai 2024 sort
35:21 et est sorti
35:21 "Un monde presque parfait"
35:23 chez Mazarin,
35:24 qui est un roman
35:24 où vous demeurez fidèle
35:26 à votre quête du développement personnel,
35:28 mais en évoquant
35:29 la liberté de prendre une décision
35:31 avec le haut risque que cela comporte.
35:32 C'est la clé du livre.
35:33 - Oui, tout à fait,
35:34 parce que je me suis rendu compte
35:35 qu'on avait tendance
35:36 à le moins en moins décider
35:37 dans nos vies.
35:38 Il y a une forme d'abandon
35:39 de la décision,
35:40 alors d'abord au profit
35:42 de toutes ces applications
35:43 qui, certes, nous facilitent un peu la vie.
35:45 Maintenant, on ne va pas forcément
35:47 décider de son itinéraire,
35:48 ça va être le GPS
35:49 qui va choisir pour nous,
35:50 on ne va pas forcément
35:51 choisir son restaurant,
35:52 ça va être un triple advisor quelconque, etc.
35:55 Et puis, parallèlement,
35:57 il y a aussi l'État,
35:58 je dirais, qui décide
35:59 de plus en plus à notre place.
36:00 - Vous avez remarqué ?
36:01 - J'ai remarqué,
36:02 on nous met des normes partout,
36:03 l'État décide
36:04 de notre geste professionnel,
36:06 finalement.
36:07 Il y a des normes ISO, machin,
36:08 dans toutes les entreprises.
36:09 J'entendais sur vos ondes, d'ailleurs,
36:12 il y a quelques semaines
36:13 qu'un agriculteur
36:14 n'a même pas le droit de décider
36:16 du moment de faire ses semis.
36:17 C'est incroyable, c'est fou.
36:19 C'est lui qui est sur son terroir,
36:21 qui connaît la météo,
36:22 c'est lui de savoir,
36:23 ça se transmet de génération en génération.
36:25 Eh bien non,
36:25 c'est je ne sais quelle directive européenne
36:27 ou nationale
36:28 qui va choisir pour lui.
36:29 Même la hauteur de son tas de fumiers
36:31 est décidée par une directive,
36:34 enfin, ça ne doit pas dépasser 2,50 m.
36:36 Enfin, tout est...
36:37 On décide de notre place
36:39 de plus en plus.
36:40 Or, or, moi, j'affirme
36:42 que décider est quelque chose
36:43 qui est au cœur de notre humanité,
36:45 qui est essentiel.
36:46 Parce que décider,
36:47 c'est d'abord ce qui nous fait évoluer.
36:48 C'est-à-dire qu'on prend des décisions
36:50 dans la vie,
36:50 ça nous emmène sur un certain chemin.
36:52 Parfois, ça nous conduit à l'échec.
36:53 Je l'ai vécu, on en parlait tout à l'heure.
36:55 Et c'est précieux,
36:56 parce que l'échec nous permet
36:57 à un moment donné
36:58 de nous interroger sur nous,
37:00 de nous connaître
37:01 et aussi de nous réinventer.
37:02 C'est ce que permet l'échec.
37:03 Donc décider, in fine,
37:04 permet de nous réinventer.
37:05 Et au-delà de ça,
37:07 décider permet d'exercer notre liberté.
37:10 C'est un sujet,
37:10 vous le savez, qui me tient à cœur.
37:11 Je pense qu'on va en parler.
37:12 - Oui, alors justement,
37:14 ce roman se déroule entre deux mondes.
37:16 Celui d'hier
37:16 et celui de demain ou d'après-demain.
37:18 Il y a les réguliers et les exiliers.
37:20 Les exilés.
37:21 - Voilà, donc j'imagine
37:22 c'est un peu un roman de l'anticipation,
37:24 mais ce n'est pas de la science-fiction.
37:25 Ça pourrait se passer,
37:26 c'est notre société,
37:27 dans cinq ou dix ans maximum.
37:28 - Oui, peut-être pas un peu plus, non ?
37:31 - J'espère.
37:32 - Oui.
37:32 - Donc en effet,
37:34 une société hyper développée,
37:36 très, très connectée,
37:37 où finalement,
37:38 il y a plein de choses
37:38 pour nous aider dans notre quotidien
37:40 et où les gens
37:41 prennent de moins en moins de décisions.
37:43 Et cette société,
37:43 donc on appelle les gens les réguliers.
37:46 Et il y a une frange de la population
37:48 qui a fait sécession.
37:49 Ils sont partis s'approprier une île
37:51 qui était déserte jusque là,
37:52 qui était une réserve naturelle.
37:53 On les appelle les exilés.
37:54 Et ces gens-là se sont dit,
37:56 nous, on a envie de revenir en contact
37:58 avec notre nature et avec la nature.
38:00 D'ailleurs, ils vivent beaucoup plus dans la nature.
38:01 Donc on va trier, sélectionner
38:04 la technologie qu'on accepte sur l'île.
38:06 Et donc ces peuples vivent séparés.
38:09 Il y a eu sécession.
38:09 - Alors, sauf que votre personnage principal,
38:12 qui est un jeune chercheur ambitieux,
38:14 va se retrouver sur cette île,
38:16 chez ses exilés,
38:17 pour une raison précise, Laurent Gonnel.
38:19 - Voilà, il doit délivrer un avis de décès
38:22 à l'héritière d'un sociologue
38:23 qui vient de mourir.
38:25 Et cet héritier se trouve être un exilé.
38:27 Lui, il était un régulier.
38:29 Et donc il doit,
38:30 voilà, il lui apporte l'avis de décès.
38:33 Et à peine il a fait ça,
38:34 qu'il est contacté par les services secrets
38:36 de la société régulière,
38:37 on lui demande d'entretenir une relation
38:39 avec cette personne pour la convaincre
38:41 de venir vivre en territoire régulier.
38:43 Pourquoi ?
38:43 Parce que comme c'est l'héritière du sociologue,
38:45 eh bien en fait,
38:46 elle va hériter de ces dernières recherches
38:48 qui sont délicates,
38:50 puisque en fait,
38:51 il y a apparemment un certain rapport
38:52 qui pourrait mettre en péril
38:54 toute la société des réguliers.
38:55 Et donc l'État veut mettre la main sur ce rapport.
38:58 Et pour ça, il faut que la jeune femme
38:59 vive en territoire régulier
39:00 pour qu'il puisse le confisquer.
39:02 - Et d'ailleurs, il y a un autre problème
39:04 qui est soulevé.
39:05 C'est un ordinateur quantique
39:07 qui est plus important encore
39:09 que des bombes atomiques.
39:11 Et là aussi, il faut le mettre au point
39:13 pour les réguliers.
39:14 Et c'est votre héros qui est chargé
39:15 de le mettre au point.
39:16 - Tout à fait, voilà.
39:16 Il est informaticien
39:19 et il travaille sur ce projet.
39:20 Alors ça, c'est un problème qui est réel
39:23 dès aujourd'hui.
39:24 L'ordinateur quantique existe,
39:26 mais il n'est pas stabilisé.
39:27 Mais le jour où il sera stabilisé,
39:28 on a tous du souci à se faire.
39:30 Puisqu'en fait, il sera tellement plus puissant
39:31 que n'importe quel ordinateur existant
39:33 aujourd'hui qui sera capable de casser
39:35 tous les codes secrets de n'importe quoi.
39:37 Donc aussi bien de votre compte en banque
39:38 que du code nucléaire du président.
39:42 Enfin voilà.
39:43 Et donc, on a vraiment du souci à se faire.
39:45 Et aujourd'hui, il y a des gens qui travaillent
39:46 déjà sur des solutions de cryptographie
39:50 post-quantique pour se protéger
39:52 par rapport à ce risque.
39:53 - Vous avez fait des recherches
39:54 pour découvrir tout ça ?
39:55 - Oui, forcément.
39:57 - Il faut se plonger dans des manuels.
39:59 Vous avez rencontré des scientifiques ?
40:01 - Oui, j'ai fait.
40:02 En fait, chacun de mes livres
40:03 me pousse à faire des recherches
40:06 parce que j'aime que tout soit sourcé.
40:07 Je ne veux pas citer des choses
40:09 juste parce que ça a été évoqué
40:10 dans un organe de presse.
40:12 Je recherche toujours,
40:13 soit à me procurer les études scientifiques
40:15 ou soit je vais à la source,
40:17 à l'origine de l'information.
40:18 - Alors, dans ce monde dérégulier,
40:20 il y a un certain nombre de règles,
40:21 justement, que vous évoquez,
40:23 qui font peur.
40:24 Par exemple, il y a un revenu universel.
40:26 Les gens ne travaillent plus.
40:27 - Les gens ne travaillent plus
40:29 parce que l'intelligence artificielle
40:31 a confisqué trois quarts des boulots.
40:33 Ce qui va nous arriver
40:35 assez simplement sous peu d'ailleurs.
40:37 Donc, les gens restent chez eux
40:38 avec un revenu universel.
40:39 Ils passent la journée
40:41 à faire des jeux vidéo,
40:42 à regarder la télé.
40:43 - Ça peut nous arriver, ça ?
40:44 - Ça va nous arriver, je pense.
40:46 - Restons au village gaulois
40:48 qui résiste à l'envahisseur.
40:49 Alors, quand on a un bureau dans la société,
40:52 ce qui est étonnant,
40:52 et ça c'est courant aujourd'hui,
40:54 on gagne un étage quand on est promu.
40:56 - Oui, tout à fait.
40:59 - Là aussi, c'est devenu classique,
41:01 ce genre de choses ?
41:02 - Oui, c'est classique.
41:03 Je me souviens d'une société,
41:04 une grande banque
41:05 dans laquelle j'intervenais
41:06 quand j'étais consultant.
41:07 Je me souviens que le directeur de la formation,
41:11 qui était mon interlocuteur,
41:12 était installé dans un étage plus élevé
41:15 que le directeur général.
41:16 Et pourtant, à chaque fois
41:16 que le directeur général l'appelait
41:18 et lui demandait de venir,
41:19 il répondait "je monte".
41:21 Alors qu'en fait, c'est lui
41:22 qui était un étage au-dessus.
41:23 - Ça fait peur tout ça, non, Laurent Gounel ?
41:25 - Je ne sais pas si ça fait peur.
41:27 - Quand on aime bien l'artisanat,
41:29 ça fait un peu peur.
41:30 Dans ce monde des exilés,
41:33 il y a la nièce du savant qui s'appelle Eve
41:36 et il y a une raison à ce prénom.
41:37 Le Don Giovanni de Mozart,
41:44 d'ailleurs, l'ouverture a été écrite
41:47 la veille de la première.
41:48 Il n'avait pas fini Mozart.
41:49 Il y avait des soirées en l'air.
41:50 Et dans la nuit, il s'est réveillé
41:51 à 5 heures du matin
41:52 et il a écrit l'ouverture.
41:53 Et c'est vrai qu'il y a une ligne dans ce livre,
41:55 Don Giovanni, liée à Eve, à ce prénom.
41:59 - Oui, et surtout au prénom d'un autre personnage
42:01 qui s'appelle Mio Tesoro,
42:03 ce qui en italien signifie "mon trésor".
42:05 Et c'est en effet un nom qui apparaît
42:09 dans l'acte 2, je crois, de Don Giovanni.
42:13 - Vous connaissez bien l'opéra ?
42:14 - Oui, j'aime bien cet opéra.
42:15 - Alors, il se trouve que cette jeune femme
42:17 est professeure de danse primitive.
42:19 Qu'est-ce que ça veut dire ?
42:20 C'est le twist, le rock, les danses primitives ?
42:22 - Oh non, c'est bien plus ancien que ça.
42:25 C'est une danse, comme son nom l'indique,
42:27 qui n'a pas une chorégraphie particulière.
42:29 Où chacun, finalement, chaque danseur,
42:33 en fait, parce qu'il est en contact avec son corps,
42:35 va se mouvoir,
42:36 simplement en écoutant les vibrations
42:39 produites par la musique.
42:40 Souvent c'est un djembé,
42:41 donc une sorte de tambour, une percussion.
42:43 Et souvent les yeux fermés,
42:45 donc le danseur va se laisser mouvoir
42:49 au rythme de la musique.
42:51 - Donc pour faire passer toutes ces idées,
42:53 ce comportement et cette liberté,
42:55 elle se retrouve dans le monde des réguliers,
42:57 où là elle va découvrir des choses incroyables.
42:58 C'est-à-dire que le monde des réguliers,
43:01 l'important c'est l'algorithme.
43:03 - Oui, parce que l'algorithme est à la base de tout,
43:06 et notamment de toutes les décisions.
43:08 Puisque finalement les décisions sont prises
43:10 par ces machines qui sont,
43:12 et d'ores et déjà,
43:12 plus performantes que nous dans bien des domaines.
43:14 C'est pour ça d'ailleurs qu'on s'en remet à elles.
43:17 On sait qu'un GPS va peut-être plus performant que nous
43:19 pour calculer un itinéraire.
43:20 Et donc il y a un algorithme derrière.
43:23 Dans le GPS, il y a un algorithme qui va calculer l'itinéraire.
43:26 Et donc la société des réguliers
43:28 est une société qu'on pourrait qualifier d'algorithmique,
43:30 en effet, où toutes les décisions sont prises par des machines.
43:32 - Mais c'est le cas aujourd'hui, par exemple,
43:34 vous allez chez...
43:35 Vous commandez un livre,
43:36 ou on vous envoie sur internet une proposition de livre,
43:39 c'est lié à un algorithme
43:40 par rapport à ce que vous avez déjà lu.
43:41 - Oui, tout à fait.
43:43 C'est un algorithme qui va vous suggérer des lectures,
43:45 c'est un algorithme qui va vous suggérer des musiques
43:48 en analysant ce que vous avez déjà écouté
43:50 pour calculer, en fait,
43:52 les musiques que vous êtes susceptibles d'aimer.
43:54 - Et ce qui est étonnant,
43:55 c'est que les implants émotions n'existent pas
43:57 dans le monde des réguliers.
44:00 - Oui, oui, oui.
44:01 C'est dans l'histoire, en effet.
44:04 Il y a des implants qui permettent de réguler ces émotions.
44:07 Donc on n'a pas encore ça dans notre société.
44:09 On a des antidépresseurs,
44:11 ce qui revient un petit peu au même.
44:12 Mais on n'a pas encore les implants,
44:14 mais ce ne sont retardés.
44:15 - C'est encore très inquiétant.
44:17 Et puis il y a les oreillettes qui diffusent de la musique
44:19 quand on marche en ville.
44:20 La musique est partout,
44:21 avec des oreillettes vraiment connectées.
44:24 - Oui, en fait, c'est une société
44:26 qui veut que l'individu se sente bien,
44:29 à l'attache de l'importance au bien-être des individus.
44:32 Et puis, comme les gens ne peuvent plus se réaliser
44:33 dans leur travail puisqu'il n'y a plus de travail,
44:35 donc finalement, ce qu'il faut, c'est qu'ils se sentent bien.
44:37 Donc on fait tout pour qu'ils se sentent bien.
44:38 Donc, en effet, si il y a un moment de tristesse
44:42 ou de mélancolie ou de dépression,
44:43 hop, on va distiller dans le corps.
44:45 L'implant va pousser le cerveau
44:48 pour qu'il libère de la sérotonine,
44:52 qui est l'hormone du bonheur, entre guillemets.
44:54 C'est son surnom.
44:55 Et en fait, on fait en sorte que les gens se sentent bien.
44:59 Et c'est vrai que la diffusion d'une musique
45:00 est calculée sur mesure, là aussi, par des algorithmes
45:03 pour correspondre à votre état interne
45:05 ou le modifier si celui-ci est négatif.
45:07 - Voilà.
45:08 - C'est la partie du décor.
45:08 - Les oreillettes, on les voit dans le métro
45:10 avec les gens qui écoutent de la musique.
45:12 Mais ce que j'ai découvert,
45:12 c'est que les premières oreillettes, finalement,
45:14 c'est en 1919
45:16 qu'un certain Nathaniel Baldwin
45:18 a développé dans sa cuisine
45:20 ce qui a été le point de départ des oreillettes
45:24 et l'armée navale américaine les a achetées immédiatement.
45:27 - Ah, excellent.
45:28 - Et c'est né comme ça.
45:29 Alors, il y a aussi les repas.
45:30 Aujourd'hui, on va sur Internet,
45:32 là, carrément, un ordinateur vous dit ce qu'il faut manger
45:35 dans le monde que vous décrivez.
45:37 - Oui, il calcule vos besoins nutritionnels
45:39 en fonction de vos précédents repas.
45:41 Et donc, il vous dit, en effet,
45:43 qu'est-ce qui serait souhaitable de manger.
45:45 - Donc, il décide à votre place.
45:46 - Alors que dans le monde des exilés,
45:48 il y a encore de la nourriture,
45:50 il y a encore des plantes et des jardins.
45:52 Là, il n'y en a plus du tout dans le monde des réguliers.
45:54 - Non, il n'y en a plus.
45:56 Et en fait, dans le monde exilé,
45:58 les gens sont à l'écoute de leur corps.
46:00 J'ai discuté avec une navigatrice bretonne
46:02 il y a quelque temps, Anne Kemmerer,
46:03 qui me disait, quand je suis au milieu de l'océan Atlantique,
46:05 tu vois, Laurent, je sais exactement ce dont mon corps a besoin
46:08 parce que mes envies correspondent à mes besoins.
46:11 Voilà, ça, c'est l'exemple d'une personne
46:12 qui est connectée à son corps.
46:14 - Mais le corps, finalement, est de nous-mêmes,
46:16 c'est presque plus important que la machine.
46:17 On est assez grand pour ne pas avoir besoin de machine.
46:19 - Je pense tout à fait, Jacques.
46:21 - Et c'est un danger encore une fois, non ?
46:23 - Bah oui, bien sûr, ça nous déshumanise.
46:25 - Alors, il y a aussi les voitures
46:26 parce que là, pour éviter les embouteillages,
46:28 et Dieu sait si on les connaît,
46:29 merci madame Hidalgo,
46:31 il y a une heure de départ presque obligatoire et recommandée.
46:35 - Oui, parce qu'il y a un algorithme qui calcule les bouchons
46:38 et en fonction de sa connaissance des bouchons,
46:41 en fonction de l'heure et du jour de la semaine,
46:43 finalement, il va calculer exactement
46:44 à quel moment il faut partir pour optimiser le déplacement.
46:46 - Et vous imaginez les applications
46:48 qui, à mon avis, feraient plaisir à beaucoup de gens aujourd'hui
46:50 pour trouver la femme idéale sur les réseaux sociaux
46:54 et aller dans un lieu.
46:55 - Voilà, par exemple.
46:56 - C'est étonnant, ça peut exister ce genre de choses un jour ?
46:58 - Bien sûr, oui.
47:00 - Alors, il y a aussi les avatars.
47:02 Les avatars, il y en a partout aujourd'hui,
47:04 on en parle beaucoup avec les films,
47:06 mais vous évoquez les avatars dans la société
47:08 à travers votre roman.
47:09 - Oui, parce qu'en fait, c'est une invention sud-coréenne,
47:12 si je ne dis pas de bêtises.
47:13 Ça existe aujourd'hui.
47:14 En fait, il y a des chercheurs
47:18 qui ont mis à disposition d'une famille
47:19 qui faisait de père de leur petite fille
47:21 l'avatar de celle-ci.
47:23 Donc, en fait, ils ont analysé des tas d'enregistrements vidéo,
47:26 des photos, des enregistrements sonores
47:28 de la petite fille en question
47:29 pour comprendre comment elle fonctionnait,
47:31 comment elle raisonnait aussi,
47:32 comment elle se comportait.
47:34 Et puis, ils ont créé cet avatar
47:35 où on peut voir visuellement une image de la petite fille.
47:41 On peut lui poser des questions,
47:42 on peut interagir avec elle.
47:44 Enfin, la famille a pu interagir avec elle,
47:45 puis elle parle avec la voix de la vraie petite fille.
47:49 Elle répond comme la vraie petite fille aurait répondu.
47:52 Voilà, moi, je trouve ça assez affligeant
47:56 parce que, évidemment, ça empêche déjà de faire le deuil.
48:00 Le deuil, c'est quelque chose d'incontournable.
48:02 Donc, je trouve ça assez glauque
48:03 de pouvoir continuer de correspondre,
48:05 de discuter avec une personne qui n'est plus de ce monde.
48:08 - Ça me paraît assez juste.
48:09 Et puis, grâce à un scientifique, un réanimateur,
48:13 vous avez analysé et raconté
48:15 comment on sort d'un coma artificiel.
48:17 Et ça, ça concerne beaucoup de gens
48:18 puisque beaucoup de gens ont été placés
48:20 ces derniers temps en coma artificiel.
48:22 - Oui, parce qu'il y a une scène, en effet,
48:23 qui se passe à l'hôpital
48:25 où une personne plongée en coma artificiel
48:27 va devoir en sortir.
48:28 Et donc, en effet, j'ai rencontré un anesthésiste
48:30 qui m'a expliqué comment tout ça fonctionnait.
48:32 - Et ça, ce sont des moments très forts de ce livre.
48:34 Ce livre est à la fois un roman,
48:36 ce monde presque parfait.
48:38 Est-ce que vous en rêvez
48:40 ou est-ce qu'il faudrait peut-être s'en éloigner, Laurent Gounel ?
48:42 - De ce monde ?
48:42 - De ce monde presque parfait.
48:44 - En tout cas, je pense,
48:45 comme j'attache l'importance une fois de plus
48:46 à la prise de décision,
48:47 et c'est la vocation de ce livre,
48:48 d'inviter chacun à se réapproprier son pouvoir de décision
48:51 qui, pour moi, est essentiel.
48:52 - Vous l'évoquez d'ailleurs à la fin du livre.
48:53 - Voilà, je l'évoque à la fin du livre.
48:55 Donc, en fait, mon espoir,
48:56 c'est que chacun soit conscient de la société
48:58 vers laquelle on va
48:59 pour ensuite pouvoir décider
49:01 est-ce que c'est ce qu'il veut ou pas,
49:03 et à partir de là, redevenir maître de son existence.
49:06 - En tout cas, vous êtes maître de vos romans
49:08 et vous êtes un maître aujourd'hui
49:09 pour vos lectrices et vos lecteurs.
49:11 Ça s'appelle "Un monde presque parfait" chez Mazarin.
49:13 Je le recommande à toutes celles et ceux qui vous connaissent déjà
49:16 et vous allez continuer dans ce sens
49:17 avec d'autres livres, j'en suis sûr.
49:19 - Écoutez, tant que j'ai des choses à partager
49:21 et que j'y prends plaisir, oui, bien sûr.
49:24 - Eh bien, continuez ainsi.
49:25 Merci, Laurent Gounel.
49:26 - Merci, Jacques.
49:27 - Les Clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:29 On se retrouve bientôt.
49:30 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.