• il y a 7 mois
Qu’est-ce que le fascisme ? Est-il un mouvement réactionnaire, conservateur ou révolutionnaire ? Se situait-il à gauche ou à droite ? Dans son livre publié en 2018, Frédéric Le Moal s’intéresse au fascisme. Et selon l’historien, c’est «une idéologie totalitaire parce qu’elle est révolutionnaire».

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Transcription
00:00 C'est vrai qu'il est difficile de donner une définition exacte,
00:02 parce qu'il n'y a pas eu de corps de doctrine clair à la différence du marxisme-léninisme.
00:07 Alors moi je dirais que le fascisme c'est d'abord une idéologie totalitaire parce qu'elle est révolutionnaire.
00:12 Révolutionnaire parce qu'elle vise à faire une double révolution,
00:15 une révolution institutionnelle, c'est-à-dire abolir le système parlementaire,
00:19 hérité du libéralisme, au profit d'une sorte de démocratie totalitaire,
00:24 c'est-à-dire qui fait référence à la souveraineté populaire,
00:27 mais cette souveraineté populaire elle est incarnée par le parti et par le chef,
00:32 le Duce en l'occurrence, et puis une révolution anthropologique,
00:37 c'est-à-dire qu'il vise à créer un homme nouveau, un italien nouveau, un peuple nouveau,
00:41 qui serait une sorte de peuple guerrier,
00:44 car au cœur du fascisme il y a l'exaltation de la violence, l'exaltation de la conquête guerrière,
00:51 et on a également dans le fascisme en fait une union,
00:55 c'est-à-dire la réunion je dirais entre le socialisme et le nationalisme,
01:00 que le marxisme avait dissocié, mais qui était né au moment de la Révolution française.
01:05 C'est-à-dire qu'à mes yeux le fascisme n'est pas un mouvement anti-lumière, pas du tout,
01:09 il plonge ses racines dans une partie de la philosophie des Lumières,
01:12 notamment dans les théories de Rousseau et dans le contrat social,
01:14 qui est en fait la meilleure description de ce que seront les régimes totalitaires au XXe siècle,
01:19 et une idéologie qui plonge également ses racines dans l'expérience jacobine de la Révolution française,
01:25 parce qu'il a hérité de la Révolution française, cette tentation diémurgique,
01:29 cette tentation de l'homme nouveau, cette sacralisation de la nation,
01:36 les fêtes révolutionnaires, la volonté de par exemple changer le calendrier, comme l'a fait le fascisme,
01:42 la volonté de changer la langue italienne en abolissant le vouvoiement,
01:47 comme l'avait fait la Révolution française.
01:49 Donc c'est un nationalisme parce qu'il fait de la nation une idole, une idole païenne,
01:54 et c'est un socialisme parce que c'est un étatisme,
01:56 parce que c'est l'État qui doit engendrer la nation, qui doit engendrer le nouveau peuple.
02:02 Mussolini l'avait très bien dit avec cette formule très connue,
02:05 tout dans l'État, rien en dehors de l'État et rien contre l'État.
02:10 [Musique]
02:14 [SILENCE]

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