• il y a 7 mois
Quand j'étais petit, la websérie de Sophie Loridon, des enfants de 6 à 10 ans interrogent des Anciens de plus de 80 ans sur leur passé. De belles émotions ! L'objectif est double, familiariser les enfants avec la pratique de la vidéo et provoquer des rencontres enrichissantes des deux côtés.

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Transcription
00:00...
00:22Comment tu t'appelles, jeune fille ?
00:24Je m'appelle Claire.
00:26Claire ?
00:27...
00:56...
01:04Bonjour.
01:05Bonjour, monsieur.
01:07Est-ce que ça va bien ?
01:08Oui, ça va.
01:10Vous êtes née en quelle année,
01:12et quel jour, et quel mois ?
01:14Et où, aussi ?
01:16Moi, je suis née à Corato, en Italie du Sud,
01:20le 12 avril 1924.
01:22D'accord.
01:23...
01:42Boris, scène 1, Matthias.
01:45...
01:46On attend, on attend.
01:48Comment ils étaient, vos parents, avant ?
01:51Est-ce qu'ils étaient gentils ou un peu stricts ?
01:53Mes parents, c'étaient des personnes très gentilles.
01:58Du fait, déjà, que...
02:02Lorsque j'ai eu 5 ans,
02:05j'ai perdu ma maman.
02:07Ah.
02:08Voilà.
02:09Pour une branche huit, mal tournée,
02:13ma maman est décédée à 30 ans.
02:15Mon papa, il avait besoin,
02:16tant qu'on était loin de la famille,
02:19de se remarier tout de suite.
02:21Il s'est marié avec cette jeune fille
02:23qui venait de finir les études d'enseignant de l'école.
02:28En 2030, elle avait 19 ans.
02:31Voilà.
02:32C'est elle qui a pris la responsabilité
02:36de former une nouvelle famille.
02:38Personnellement, je peux dire,
02:40elle a fait les essais, elle nous a adorés.
02:43Elle nous aimait beaucoup.
02:45Elle nous faisait beaucoup de douceur,
02:50beaucoup de travail.
02:52Tu comprends, Marcelle ?
02:54Oui.
02:55Une jeune fille de 19 ans
02:57qui commence tout de suite à avoir 3 enfants,
03:00plus son mari.
03:01...
03:18Mais on était deux familles
03:21qui ont habité pendant 20 ans.
03:2419 ans, exactement.
03:26On était deux familles nombreuses.
03:28Et quand on fêtait les fêtes de Noël,
03:31les Pâques ou les anniversaires,
03:34les deux familles se révissaient.
03:36En définitive, on était 9 enfants dans la maison.
03:41...
03:50Ma nouvelle maman faisait le pain toutes les semaines.
03:545-6 kilos de pain par semaine.
03:56La lessive, tout à la main.
03:59Les dîners, le midi, le soir,
04:03c'était tout à préparer.
04:06Une femme, à l'époque, avait vraiment du travail.
04:09Et nous, les enfants, il fallait connaître notre maman.
04:13Voilà.
04:14D'accord.
04:15Il y a autre chose que je voulais te dire.
04:17J'ai eu un gros chien, un Danois,
04:21et un petit chien pour aller à la chasse aussi.
04:25D'accord.
04:26Et après notre pain,
04:28on faisait du pain de son pour les chiens.
04:32Il était tellement bon, ce pain de son.
04:37On enlevait toujours les croûtes.
04:40On en mangeait parce que c'était bon à manger,
04:43avec des olives, avec les choses, voilà.
04:47On était vraiment primitifs encore, tu comprends ?
04:51Oui.
04:52...
05:14Qu'est-ce que vous mangez le plus ?
05:17Qu'est-ce qu'on mangeait le plus ?
05:19Oui, c'est une bonne question.
05:22Alors, mon papa, il touchait le salaire tous les fins de mois.
05:26Oui.
05:27Et chaque fois, il faisait les provisions au moins pour le mois.
05:31Parce qu'on était loin de la ville,
05:33on était quand même à 12 kilomètres de la ville,
05:36du village de la ville où on allait faire les commissions.
05:40Alors il faisait les commissions pour le mois entier.
05:45Alors il prenait beaucoup de lentilles,
05:49d'haricots, des pois chiches,
05:52tous les légumes déjà déshydratés
05:57qu'on mélangeait avec les pâtes,
06:04des petites pâtes selon l'Arctique, selon ce que c'était.
06:08Il y avait un type de pâte à mélanger avec.
06:12Bien saisonnée, il faisait une sauce de tomate et tout,
06:16bien saisonnée.
06:18Et ça, c'était le plat principal.
06:21Sans compter que nous, là-bas où on était,
06:25il y avait une grande ferme de presque 200 moutons et tout.
06:29On avait toujours du fromage.
06:31Alors on râpait beaucoup de fromage.
06:33D'accord.
06:34Et on le mettait sur les pâtes.
06:36Il y avait des tomates qu'on faisait nous-mêmes à notre jardin.
06:40On avait un jardin immense.
06:42Là-bas, il y a du soleil toute l'année.
06:45Il ne manque pas de soleil.
07:00On avait un four à pain.
07:02Un four à pain qui devait faire un peu plus grand que cette table.
07:07Ah ben, ça fait grand.
07:10Et donc, on chauffait.
07:12Quand ma maman faisait le pain,
07:14il fallait se lever à bonne heure.
07:16Au moins à 5 heures du matin.
07:19Parce que le pain,
07:21tu sais bien qu'on ne le met pas tout de suite au four.
07:25On fait chauffer l'eau.
07:27On fait macérer le pain.
07:30Et après, il faut qu'il monte.
07:33Et donc,
07:35on le mettait au four.
07:37Et puis alors, maman nous faisait toujours une fugace.
07:40Quelque chose.
07:42Quand ils faisaient le pain,
07:45c'était un peu une petite fête pour nous, pour les enfants.
07:48Ils nous faisaient toujours quelque chose.
07:54Vas-y, Mathias.
07:56Est-ce qu'avant, c'était important, l'agriculture ?
08:00Je peux te parler de l'agriculture de notre région.
08:03Là-bas, c'était
08:05des arbres d'amandes,
08:07des oliviers,
08:09des amandiers, des oliviers
08:11et des vignes.
08:14Et c'était tout laboré à la main.
08:17Et en plus,
08:19toute fête de récolte,
08:21les personnes de la campagne,
08:25taillaient les arbres.
08:28Un arbre taillé,
08:30il fallait qu'il ressemble un peu à un bouquet.
08:33Et on approvisionnait
08:35les fagots
08:37de ces arbres,
08:40surtout d'amandiers,
08:42pour chauffer le four,
08:44pour se chauffer l'hiver,
08:46parce qu'il n'y avait même pas de chauffage avant.
08:48On avait une espèce de brassier
08:51avec un petit récipient
08:53en cuivre.
08:55On mettait la braise dedans
08:57et on se mettait autour.
08:59Et notre maman,
09:02elle nous faisait de la lecture,
09:04elle nous faisait des comptes.
09:06Comment on se chauffait avant ?
09:09Mais tout était laboré à la main.
09:11J'ai jamais vu,
09:13à mon époque,
09:15quand j'étais au moins jusqu'à 15 ans,
09:18j'ai jamais vu
09:20un outil de laboration.
09:28Mathias,
09:30tu m'as demandé
09:32de l'agriculture et de moi-même.
09:35Et tes parents, qu'est-ce qu'ils font ?
09:37Ils sont agriculteurs.
09:39Vous avez des bêtes aussi ?
09:41Oui, on a des vaches.
09:43Combien ?
09:45Je ne sais pas.
09:48Je crois que j'en ai dans les 60 ou 70.
09:50Tant que ça ?
09:52Ce n'est pas beaucoup.
09:54Maintenant, ce n'est pas beaucoup.
09:56Les pauvres,
09:59ils ont du travail.
10:01Tu les suis dans leur boulot ?
10:03Oui, des fois,
10:05à faire des parts,
10:07ou à les réparer,
10:09ou à changer des vaches de place.
10:12Bravo, c'est bien.
10:14Il faut les encourager, les aider.
10:16Oui, c'est ce que je fais.
10:18Vous êtes combien ?
10:20Frères, soeurs, maman, papa ?
10:23Moi,
10:25si je ne compte pas,
10:27ça fait 6 si je ne compte pas.
10:297, voilà.
10:31C'est une belle famille déjà, les pauvres.
10:34Tu peux être encouragé
10:36à continuer ce que tu veux.
10:38Parce qu'on est dans un site
10:40qui est magnifique, ici.
10:42Est-ce qu'avant,
10:45il y avait une télé ?
10:47Est-ce que les télés existaient ?
10:49Les télés ?
10:51Il n'y avait même pas de radio.
10:53Ah.
10:56Il n'y avait même pas de radio.
10:59Je commençais à aller à l'école,
11:01en primaire,
11:03à 5 ans et demi,
11:055 ans et 4 mois, 5 mois.
11:07La vie a continué.
11:10J'ai fait les primaires.
11:12En 5e,
11:14j'allais en vélo,
11:16avec un vieux vélo
11:18de mon papa,
11:21avec la jambe dedans, comme ça.
11:23Tu sais comment on fait ?
11:25Et je faisais
11:276 kilomètres
11:29avec une belle montée.
11:31J'ai même montré
11:34à Sophie une photo
11:36que j'avais présentée
11:38aux examens d'admission.
11:40Il y a encore les dates et tout dessus.
11:42Je l'ai montrée à Sophie.
11:50Et puis le problème,
11:52ça a été après.
11:54Il fallait qu'on me met à la grande ville,
11:56à Paris,
11:58qui est à 50 kilomètres.
12:00Je ne pouvais pas rentrer tous les jours.
12:03On m'avait loué un studio.
12:05Et donc,
12:07j'ai fait jusqu'au 3e industriel
12:09à l'école.
12:11C'est une école.
12:14On était déjà
12:16bien formés.
12:18Lorsqu'on nous donnait quelque chose dans les mains,
12:20on savait de quoi s'agissait.
12:22Si c'était de l'éton,
12:24si c'était du bronze,
12:27si c'était du fer,
12:29si c'était toutes les matières possibles.
12:31Et comment on commençait
12:33à l'employer
12:35pour le travailler.
12:45Claire.
12:47Maurice 1, Maurice 2,
12:503, Claire.
12:52Bravo.
12:54On voit un acteur.
12:56Bonjour.
12:58Bonjour.
13:00Est-ce que vous aviez connu la guerre
13:03quand vous étiez petit ?
13:05Oui. J'en ai connu même plusieurs.
13:07Mais celle qui m'a marqué le plus,
13:09c'était la guerre de 44.
13:11Ils ne nous ont pas demandé
13:14si on voulait.
13:16Ils nous appelaient d'office.
13:18Ils nous envoyaient.
13:20Ils nous appelaient.
13:22On était à la caserne.
13:24Il y a un lieutenant
13:27de religion
13:29qui a commencé
13:31à nous faire des discours.
13:33Il y a 18 ans,
13:35on a quand même tous les sens.
13:38Déjà, on vit dans le biscuit.
13:40On peut se poser des questions.
13:42Alors le curé, il a dit
13:44que c'est nous qu'on va gagner.
13:46C'est nous qu'on a raison.
13:49J'ai levé le doigt.
13:51J'ai dit, qu'est-ce que tu veux, toi ?
13:53J'ai dit, si, de l'autre côté,
13:55il y a une autre personne comme vous
13:57qui l'a dit autant,
13:59ça ne tient pas debout.
14:02Ce que vous nous dites, ça ne tient pas debout.
14:04Parce que les deux parties,
14:06ils font une guerre, pour quoi faire ?
14:08À ta place. Ils m'ont renvoyé
14:10tout de suite en arrière.
14:13...
14:15...
14:17...
14:20Et voilà qu'après,
14:22il y a un lieutenant qui est venu
14:24et il commence...
14:27Il a un titre d'étude, un pas en avant.
14:29Alors moi,
14:31j'avais le 3e industriel.
14:33Je me suis avancé en avant.
14:35Il a un permis de conduire.
14:38J'avais pris le permis de conduire, moi, à 17 ans.
14:40Je l'avais, j'avais 18 ans.
14:42Un pas en avant.
14:44Et voilà, quelqu'un est venu
14:46et me met caporal.
14:48Qu'est-ce que c'est que ça ?
14:51Il m'a dit, c'est votre grade
14:53de l'armée
14:55et vous allez avoir,
14:57on appelait ça une batterie,
14:59c'est-à-dire une quantité d'hommes
15:02qui allaient me suivre.
15:04Et c'est moi qui allais les commander.
15:06Je n'avais jamais fait d'exercice.
15:08On ne connaissait même pas ce que c'était que les musquées.
15:10Voilà.
15:13...
15:15...
15:17Au bout de quelques temps,
15:20on nous a envoyés
15:22pour que tout le monde aille à manger et tout.
15:24Et je me suis dit, ça, ça m'en vait, là.
15:26J'ai dit, c'est peut-être qu'on va partir tout de suite.
15:28Et c'est la chose
15:31qu'il ne fallait pas faire.
15:33Parce que toute ma compagnie,
15:35ma batterie plutôt,
15:37parce que c'était l'artillerie à motorisateur,
15:39l'artillerie motorisée,
15:42c'était la batterie,
15:44c'était la batterie,
15:46c'était la batterie.
15:48Euh...
15:50Alors, le soir, après souper,
15:52moi, j'ai pas soupé,
15:55je suis parti,
15:57comme ça,
15:59pour aller dire au revoir
16:01à une personne que j'aimais bien.
16:03Voilà, en rentrant le matin,
16:06tout le monde était parti.
16:08Tous les copains et tout,
16:10la batterie, tout le monde était parti.
16:12La caserne était vide.
16:14Mais ce qui se passe, c'est qu'ils les ont envoyés
16:16moitié en Russie,
16:19moitié aux îles des Gets,
16:21vers la Grèce.
16:23Et ils ont tous été tués.
16:25Et voilà que malgré
16:27la punition que j'ai méritée,
16:30que j'aurais pas dû partir,
16:32je suis encore vivant.
16:45Je me souviens d'une chose,
16:47c'est que mon papa et ma maman,
16:50bien souvent, de 40 kilomètres plus loin,
16:53ils nous amenaient de quoi manger
16:55pour les 15 personnes.
16:57Et on tirait la nourriture
16:59par derrière la caserne avec les draps.
17:02Vous voyez ?
17:04Parce que personne ne s'occupait de nous,
17:06que c'était vraiment l'occasion
17:08de manger.
17:10C'était l'occasion de manger.
17:12C'était vraiment local.
17:15On te disait de faire ça
17:17et puis on t'oubliait.
17:19Il n'y avait pas une suite
17:21dans les opérations.
17:23Est-ce que les Américains ont apporté
17:26de nouvelles choses à manger ?
17:28Oui, du chocolat, du sugar.
17:30Et puis il y avait une espèce de petite boîte,
17:32je sais pas ce qu'on appelait,
17:34mais on aimait bien.
17:37Peut-être, j'ai pas le souvenir
17:39de l'an, mais c'était assez agréable.
17:41Je me souviens même
17:44qu'il y avait un Américain
17:46qui me disait, quand tu viens le matin,
17:48tu m'achètes un paquet de cigarettes
17:50et je t'en donne une.
17:52Il aimait les...
17:55Parce qu'il fumait les camels.
17:57Il aimait cette marque italienne.
17:59J'allais au bureau d'attelage,
18:01je lui prenais son paquet,
18:03j'en prenais une.
18:06Il me dit, t'es gonflé, toi ?
18:08T'as déjà pris ta pension ?
18:10Je lui dis, qu'est-ce que vous allez faire ?
18:12Je lui dis, je vais te la donner.
18:14Je l'ai pris.
18:17J'avais droit à une cigarette tous les matins.
18:27La première personne que je trouve en France,
18:29c'est une famille avec deux enfants,
18:31que...
18:33Il était...
18:36J'ai passé...
18:38Ouvrir en France,
18:40j'ai eu la chance de pouvoir passer
18:42par dessous la galerie du train.
18:44À Ouamoudane,
18:46il y a un tunnel qui passe le train
18:49et en principe, on devait passer par la montagne.
18:51Et donc,
18:53je suis passé
18:55dessous le tunnel du train
18:57accompagné
19:00d'autres personnes qui venaient de faire les travaux,
19:02mais pas en compagnie.
19:04Ils étaient devant
19:06et nous, on les a suivis derrière.
19:08Avec une petite famille que j'ai trouvée là-bas,
19:10la première famille française,
19:13avec deux enfants, une fille et un garçon comme toi.
19:15Et c'étaient des bons gens.
19:17Je ne les connaissais pas.
19:19Ils nous ont amenés en bas, chez eux.
19:21C'était un patron
19:24d'un café-restaurant.
19:26On lui a fait donner le bras à sa fille.
19:28Il dit, toi, tu descends.
19:30Et moi, avec le garçon,
19:32il...
19:34J'avais un copain aussi qui venait avec moi.
19:37Il dit, vous descendez
19:39comme si vous jouiez.
19:41Et ils ont dévié la police
19:43et ils étaient directement sur le restaurant.
19:45Ils nous ont pédouchés,
19:48nous lavés et tout,
19:50et nous ont indiqué comment arriver à Grenoble.
19:52Voilà.
19:54Ces personnes,
19:56je ne les connaissais pas, moi.
19:59Oui, ils ont tombé du ciel.
20:01Vraiment.
20:03Parce que des personnes comme ça...
20:05Quand tu étais jeune, à 20 ans,
20:07pourquoi tu as quitté l'Italie ?
20:09J'avais 22 ans.
20:12Dans la vie,
20:14il faut toujours espérer de faire mieux.
20:16Chez nous, là-bas,
20:18comme je te l'ai dit,
20:20c'est très agricole.
20:23Il n'y avait pas
20:25vraiment un grand avenir d'industrie.
20:27Il n'y avait rien.
20:29Alors pour commencer,
20:31je gagnais bien mon pain,
20:33j'ai travaillé,
20:36mais pour qu'on puisse
20:38toujours améliorer,
20:40j'aimais la France.
21:01...
21:15J'ouvre une fiche,
21:18une affiche grande comme cette fenêtre.
21:20Cherche-mécanicien-boutilleur.
21:22Alors avec les valises dans la main,
21:24je suis rentré dedans.
21:26C'était M. Bertholditui, le patron.
21:29Je rentre avec les valises dedans.
21:31Le patron me dit
21:33« Non, non, monsieur, on n'a besoin de rien,
21:35on a tout ce qu'il faut. »
21:37Je lui ai dit « C'est moi qui ai besoin de vous.
21:39Vous avez mis une affiche là.
21:42Alors il s'est levé,
21:44il m'a fait le tour autour de moi.
21:46Il me dit « Vous êtes mécanicien ? »
21:48Je lui ai dit « Oui ».
21:50Alors il m'a posé une question
21:53bien appropriée, évidemment,
21:55pour lui.
21:57Il dit « Est-ce que vous faites la politique ?
21:59»
22:01Je lui ai dit « Oui, j'en fais une.
22:03Plus vous m'en donnez, plus vous me donnez des sous,
22:06plus je vous en fais. »
22:08Il s'est mis à rire.
22:10C'était une plaisanterie que je lui disais.
22:12On ne donne pas de l'argent
22:14pour faire plus de travail.
22:22Il y a quelque chose que je voulais te dire.
22:24C'est très important.
22:26Il paraît que toutes les personnes
22:28que nous rencontrons dans notre vie,
22:30ce ne sont pas des personnes inconnues.
22:32Ce sont même
22:35des siècles avant,
22:37ils ont eu
22:39des familles, des amis,
22:41des personnes qui nous ont accompagnés.
22:43Je ne sais pas si tu comprends bien.
22:46C'est dans les religions, ça.
22:53Quand on dit qu'on connaît tout,
22:55on ne connaît rien.
22:57C'est tout à découvrir encore.
22:59Quand on se rend compte
23:01qu'on croit connaître tout,
23:04c'est parce qu'on ne connaît rien.
23:06C'est tout à découvrir.
23:15Ta rencontre avec ta femme,
23:17ça s'est passé comment ?
23:19Voilà.
23:22Je suis arrivé en 1946,
23:24c'est-à-dire
23:26dans une promenade
23:28à Place Grenette.
23:30En montant dans le tramway,
23:32ma femme était avec une copine
23:35qui était la soeur d'un copain à moi.
23:37Il s'appelait Maurice.
23:39Il s'appelait Moreau, comme moi.
23:41Et en montant sur le tramway,
23:43il appelle son frère qui était en bas.
23:46« Maurice ! »
23:48Je crois que c'est ce qu'il allait dire.
23:50Alors je me tourne.
23:52« Tu m'as appelé ? »
23:54Il était son passager en conduisant au tramway.
23:56« Non, non, c'est ma copine. »
23:59Je regarde ma femme
24:01et l'estime et le visage,
24:03le physique et tout.
24:05J'ai dit « voilà ma femme ».
24:10Elle avait 15 ans et demi.
24:25On s'est mariés sept ans après.
24:29Sept ans qu'on s'est fréquentés
24:31par écrit et tout.
24:34Puisque j'étais reparti à l'Italie,
24:36c'était un peu vaste pour trois ans.
24:38Mais j'avais 15 ans et demi ma femme
24:40quand je l'ai vue sa première fois.
24:42« Vous avez su tout de suite que c'était votre femme ? »
24:45Ah oui, oui.
24:47Ça c'est ma femme.
24:49Tout de suite.
24:51Elle avait une silhouette
24:53de pognon
24:55que j'aimais bien.
25:24« As-tu un mot à dire à Lulu ? »
25:26Ah oui, oui.
25:29J'aurais pensé
25:31que si notre caméraman
25:33me donnait le temps,
25:35je lui aurais chanté une petite chanson.
25:37« C'est une chanson pour qui ? »
25:40Alors, je vais
25:42du fait que ma femme
25:44est handicapée en ce moment.
25:46Ça fait un peu l'histoire
25:48depuis qu'on s'est connus
25:51et qu'elle connaît bien
25:53et elle sait bien que je l'aime bien.
25:55Je vais la chanter pour elle.
25:57Lulu, je vais te chanter
25:59quelques petits retournels
26:01de cette chanson que tu connais bien.
26:04Mais malgré tout,
26:06je vais essayer de la chanter si j'arrive.
26:08Parce que cet événement d'aujourd'hui,
26:10que je ne m'attendais jamais
26:12de ma vie,
26:15j'ai donné le mérite
26:17à Sophie et tout le personnel
26:19qui l'a suivi.
26:21Alors, ouvre bien les oreilles.
26:51Et d'un jour,
26:53tu m'as caressé
26:55Et d'un jour,
26:58tu m'as caressé
27:00Et d'un jour,
27:02tu m'as caressé
27:04Et d'un jour,
27:06tu m'as caressé
27:09Et d'un jour,
27:11tu m'as caressé
27:13Et d'un jour,
27:15tu m'as caressé
27:17Et d'un jour,
27:20je vous aime
27:22Je t'aime
27:24Et je vous souhaite d'arriver à mon âge
27:47Vous auriez préféré être enfant maintenant
27:49Les jeunes maintenant,
27:51ils ont un travail vraiment
27:53beaucoup plus sophistiqué
27:55C'est tout de tête
27:57C'est pas facile non plus
28:00Mais c'est mieux quand même
28:02Une fatalité, ce téléphone
28:04Tout le monde a le téléphone
28:06Je me demande pourquoi on envoie les gosses à l'école
28:08Ils n'ont plus que de demander au téléphone
28:11et ils ont tout à portée du jour
28:13Tu sais t'en servir, toi, du téléphone
28:15Voilà, tu vois
28:20Le dessin
28:24Déjà, je voulais savoir
28:26ce que c'était, ce dessin
28:28T'as compris le sens de cette photo ?
28:30Oui
28:33Là, c'est quand la personne
28:35sur le dessin, elle est jeune
28:37Et là, quand elle est plus âgée
28:39Voilà
28:41Tu sais pourquoi on a fait cette silhouette ?
28:44Non
28:46Parce qu'il y a bien souvent les gens
28:48ne tiennent pas compte
28:50de l'âge qu'on a
28:52...
28:54...
28:57...
28:59Comme elle est jeune
29:01j'y étais
29:03Et en vieillissant
29:05comme je suis
29:08Toi, tu seras sur le sweat
29:10que tu auras 100 ans aussi
29:12Mais comment ?
29:14Est-ce que t'as bien compris la photo ?
29:16Oui, j'ai l'impression
29:18Il y a une chose que je voulais te dire, mon petit
29:21Et tiens-toi bien pour dire
29:23à une personne âgée comme moi
29:25il faut éviter de dire
29:27quand tu la fais à la raconte
29:29ou quand tu lui dis quelque chose
29:32« Mais non, papy, t'as pas compris ! »
29:34Faut pas le dire, ça
29:36Tu l'amènes tout à toi, tu dis « Non
29:38papy, je me suis peut-être mal exprimé
29:40je me suis peut-être mal expliqué
29:43et donc je vais renouveler
29:45mon dialogue
29:47C'était comme ça, voilà
29:49Alors ce dessin
29:51je l'ai demandé à ma petite-fille
29:53Elle est là, ma petite-fille
29:56Mais c'est une petite-fille qu'elle est grande
29:58Voilà
30:00...
30:02...
30:04...
30:07...
30:09...
30:11...
30:13...
30:15...
30:17...
30:20...
30:22...
30:24...
30:26...
30:28Personnellement, avec ma femme
30:31on a toujours eu un bon cœur
30:33toujours du côté des plus faibles
30:35du côté des plus nécessités
30:37c'était le bon cœur, voilà
30:39...
30:41...
30:44...
30:46...
30:48...
30:50...
30:52...
30:55...
30:57...
30:59...
31:01...
31:03...
31:06...
31:08...
31:10...
31:12...
31:14...
31:17...
31:19Et puis il y a autre chose aussi
31:21Il ne faut jamais
31:23être fixé
31:25et pondérant sur tes idées à toi
31:28Admettons que tu te trouves
31:30avec des copains
31:32il y en a un qui aime
31:34tel sport
31:36l'autre il l'aime pas
31:38j'ai tapé le poing sur la table, j'ai dit non, c'est pas comme ça, tu te tais, tu attends, tu le laisses parler,
31:44si on te demande ton point de vue, tu le donnes, sinon tu te tais.
31:48Réligion, sport et politique, voilà.
31:52Ne t'emmerde pas, parce que de toute façon, tout suit son cours.
31:56Oui, ça c'est aussi très important.
32:06Lorsqu'il y a un problème, il faut vite trouver la solution.
32:10Parce que si c'est un problème sans solution, il n'y a pas de problème.
32:15La vie elle-même, c'est un piège.
32:22Lorsqu'on vient au monde, c'est-à-dire, la vie c'est un problème,
32:27de résoudre tous les problèmes de la suite.
32:31Ne crois pas qu'on vient au monde, on est petit, on n'a pas de problème.
32:34Tu vas avoir des problèmes de petit, après tu auras des problèmes d'école,
32:38tu auras des problèmes sur ton travail.
32:41Mais il faut toujours essayer vite de trouver la solution, voilà.
32:51Que souhaiterais-tu voir changer pour que les humains vivent mieux ensemble ?
33:07Oh ben là là, mon petit.
33:11Les guerres c'est un problème de personnes qui n'ont pas de sens des choses.
33:18Tu vois ma maison ici.
33:21Si un jour, un lendemain, ils ont décidé de faire une route ou un aéroport ou n'importe quoi,
33:26ils ne vont même pas me demander.
33:29Ils vont dire voilà monsieur, on veut t'entendre, il faudrait que vous délogez.
33:33On va faire pour dire qu'il n'y a rien qui nous appartient
33:36que le profit de bien-être pendant qu'on est vivant.
33:43Mais il n'y a rien qui nous appartient.
33:47Comment tu t'appelles ?
34:04Eliott.
34:05Eliott.
34:06Ah Eliott.
34:07Qu'est-ce que tu voulais me demander ?
34:10Comment vous faites pour encore marcher ?
34:12Parce qu'il y a des gens de 100 ans, la plupart des gens de 100 ans,
34:16ils n'arrivent plus à marcher, ils ne peuvent plus rien faire.
34:20Tout ce que je te souhaite, c'est de bien travailler,
34:25de ne pas te saouler, de ne pas te nourrir normalement,
34:32de ne pas faire de bêtises.
34:34Et je te souhaite que tu arriveras à mon âge.
34:37Mais je ne sais pas, dans l'ensemble, j'ai jamais, personnellement,
34:41je ne sais pas ce que c'est de me saouler une fois
34:44ou de me bourrer en mangeant, je n'aime pas.
34:48J'ai toujours l'estime de m'arrêter au moment juste.
34:53Je ne peux pas remercier qui que ce soit,
34:56que le bon Dieu occupe pour lui.
34:58Voilà.
35:00Tu comprends Camilla ?
35:02Oui.
35:03Je ne sais pas, je ne suis pour rien.
35:05Tout ce que je te souhaite, c'est d'être sage.
35:08D'accord ?
35:09Alors je te souhaite 100 ans toi aussi.
35:11D'accord ?
35:12Oui.
35:13Et toi, avec toute ta famille.
35:15Oui.
35:16Voilà.
35:21Pourquoi je chante cette chanson ?
35:24Voilà.
35:25Et donc, en définitif, mon fils s'est marié.
35:30Ma belle-fille, depuis le premier jour, elle m'appelait papa.
35:34Donc j'ai un fils et une fille.
35:37Maintenant elle m'appelle papi.
35:40C'est toujours été ma fille, vraiment.
35:43Elle était émouvante, voyez, comme ma chère.
35:55Et donc je voulais vous chanter cette chanson
35:59que ça vous concerne vous aussi.
36:02Sophie, merci pour cette cérémonie d'aujourd'hui.
36:06D'abord je ne m'attendais pas.
36:08Je n'espérais jamais de la faire.
36:11Et donc j'ai essayé de vous chanter si j'arrive,
36:14parce que je suis assez émouvant.
36:17Vous voyez, facilement, voilà.
36:22Voilà, pour tout le monde.
36:24D'abord pour mes enfants, pour mes petits-enfants, et pour vous.
36:28Voilà.
36:29Toujours en italien, hein ?
36:30Oui.
36:32Il y a dans le ciel des millions d'étoiles
36:38Dans la ville il y a cent mille lanternes
36:43Mais avec toute la lumière qu'il y a
36:48Vous êtes l'univers pour moi
36:52Aujourd'hui c'est vous qui m'emportez le plus
36:56Il y a des millions de diamants
37:00Avec des regards rapides et rapides
37:05Mais avec tout l'amour qu'il y a
37:09C'est vous qui êtes l'univers pour moi
37:13L'univers pour moi
37:18Voilà.
37:19Je vous remercie.
37:21Comment vous vous appelez ?
37:23Sacré Papy.
37:25C'est vrai.
37:30Merci.
37:51Je vous dis à demain ?
37:52Oui.
37:53Ou un autre jour si on se voit.
37:54Oui, ok.
37:55C'est obligé.
37:56Ça marche bien là-bas ?
37:57Oui.
37:58Merci beaucoup.
38:28Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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