Jusque-là, on connaissait le nom de Safran ou de Thales, des fabricants de matériel militaire français accusés par des ONG de continuer de faire du commerce avec la Russie. Nicolas Burnens révèle le nom d'une autre entreprise française qui continue de fournir du matériel à l'armée russe malgré les sanctions européennes. Elle est bien plus petite se se nomme Nicomatic et est basée à Bons-en-Chablais en Haute-Savoie, au pied des montagnes. Elle est spécialisée dans la fabrication de composants électroniques, vendus dans le monde entier.
Regardez RTL Evènement avec Nicolas Burnens du 03 mai 2024
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00:00 *RTL événement*
00:02 Et l'événement ce matin sur RTL, c'est donc notre enquête sur ces sociétés françaises qui continuent de fournir du matériel à l'armée russe, et ce, malgré les sanctions européennes.
00:12 Bonjour Nicolas Burnan.
00:13 Bonjour Amandine, bonjour à tous.
00:14 C'est vous qui avez mené cette enquête pour RTL. Jusque là on connaissait les noms de Safran ou encore de Thalès, des fabricants de matériel militaire français, accusés par certaines ONG de continuer de faire du commerce avec la Russie.
00:26 Ce matin vous nous révélez un nouveau nom, le nom d'une autre entreprise bien plus petite, Nikomatic.
00:33 Oui, c'est une multinationale française basée à Bon Chablais, au pied des montagnes, spécialisée dans la fabrication de composants électroniques vendus dans le monde entier, comme le montre ce clip promotionnel.
00:45 Les employés de Nikomatic effectuent des contrôles à chaque étape de la production. Ayez l'esprit tranquille, nous apportons une attention unique à chacune de vos commandes.
00:55 Ces produits destinés à l'électroménage et à l'industrie, à l'aérospatiale, mais surtout au secteur de l'armement, ont été retrouvés sur des équipements russes déployés en Ukraine, selon des informations confidentielles consultées par RTL.
01:11 C'est ce qu'a découvert un groupe d'experts internationaux, d'en fait partie Olena Bilousova.
01:16 Nous avons analysé près de 3000 composants retrouvés sur des armes russes, des missiles, des drones, des véhicules blindés, de transports de troupes, et nous avons retrouvé à l'intérieur des composants appartenant à Nikomatic.
01:29 C'est la seule société française qui a doublé ses exportations vers la Russie depuis le début de la guerre.
01:35 Par exemple, des connecteurs installés dans le Corsair, un aéronef russe sans pilote, appartiennent à Nikomatic. Ce petit avion est utilisé par l'armée pour des missions de reconnaissance et de frappe.
01:47 Malgré les sanctions, l'entreprise a continué de vendre ses produits en Russie.
01:51 La société ne fait pas du commerce directement avec la Russie, mais de manière indirecte, c'est-à-dire que certaines de ses filiales et distributeurs à l'étranger s'en chargent, principalement en Chine, à Hong Kong, aux Émirats Arabes Unis.
02:04 Grâce parfois à cinq intermédiaires différents, ils achètent ces produits pour ensuite les vendre en Russie.
02:10 Au final, cinq entreprises basées en Russie sont suspectées d'avoir acheté du matériel auprès de Nikomatic au moins jusqu'à la fin de l'année dernière.
02:20 Certaines d'entre elles sont proches du domaine de la défense ou travaillent directement avec l'armée russe.
02:26 Et alors que répond Nikomatic à ces accusations, Nicolas ?
02:29 Eh bien, l'entreprise affirme qu'elle était au courant de ces problèmes depuis le début de la guerre et qu'elle a mené une enquête interne.
02:36 Elle répète qu'elle ne fait plus de commerce directement avec la Russie depuis février 2022, respecte les sanctions et les réglementations internationales.
02:46 Olivier Nicolin est le PDG de Nikomatic.
02:49 Je ne pense pas que ce soit un manque de contrôle, c'est un manque de vigilance.
02:52 On essaie de travailler avec le client final qui va utiliser nos pièces et pas des clients qui vont acheter des pièces et les revendre à droite à gauche.
03:00 Et si jamais on a un doute là-dessus, on préfère ne pas vendre.
03:03 J'ai pleinement cette responsabilité d'être sûr que mes composants soient utilisés dans les meilleures intentions.
03:09 En France, la violation, le contournement de ces sanctions est passible d'au moins 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
03:17 Autre information que vous nous révélez ce matin Nicolas, c'est que Nikomatic est loin d'être un cas isolé.
03:22 Oui, au moins une dizaine d'entreprises françaises continueraient de vendre du matériel en Russie.
03:27 Il y a Linred dont ces capteurs infrarouges ont été retrouvés sur des drones et des avions russes.
03:33 Mais également Safran et Thalès, deux fabricants de matériel militaire.
03:37 L'État en est le principal actionnaire.
03:39 Des modèles de caméras thermiques, des systèmes de radars, des composants de moteurs, équipes des tanks ou des hélicoptères.
03:46 Tony Fortin est chercheur à l'Observatoire des Armements, un centre d'expertise indépendant basé à Lyon.
03:52 Toute la difficulté c'est que ces échanges portent sur des biens à double usage, à la fois civils et militaires.
03:59 Or chacun sait que quand ils disent qu'on travaille uniquement sur des hélicoptères civils,
04:04 on s'aperçoit qu'il y a une gamme qui ressemble et est destinée aux forces armées.
04:09 Donc cette séparation-là, elle n'existe pas, elle est factice.
04:12 Mais ils jouent là-dessus pour pouvoir poursuivre leur commerce.
04:16 Aujourd'hui, des ONG demandent au gouvernement français de mieux contrôler les exportations de ces entreprises
04:22 et préserver ainsi la vie des civils bombardés quotidiennement par l'armée russe en Ukraine.
04:28 Enquête signée Nicolas Burnan.
04:30 Et il y a donc, et c'est ce qu'on vous apprend ce matin sur RTL, des entreprises françaises qui continuent de fournir du matériel russe à l'armée russe.
04:39 Et ce malgré les sanctions européennes.