La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon sera à Nancy mercredi pour le traditionnel défilé du 1er mai. Elle réclame une loi pour encadrer les écarts salariaux dans les entreprises. Elle assume également de ne pas s'être associée aux préavis de grève de la CGT pour les JO 2024. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-01-mai-2024-1364524
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00:00 Mathieu Noël, 45 minutes pour réécrire une nouvelle chronique et nous faire marrer
00:05 avec la mort de Paul Auster.
00:07 Un défi que vous allez relever ?
00:08 Absolument pas Nicolas, je préfère vous le dire d'emblée.
00:12 Même avant d'apprendre il y a une heure la mort de Paul Auster, j'avais déjà renoncé
00:15 à me creuser la tête sur ce qui devait être le thème du 7h50, le blocage des facs.
00:19 Parce que je ne sais pas si vous avez vu, mais on est le 1er mai.
00:21 Et moi ma devise le 1er mai c'est « ta simple présence au travail est un cadeau inestimable
00:25 que tu fais à ton employeur ». Le 1er mai c'est pas que c'est férié, c'est méga
00:29 férié.
00:30 Même la cantine est fermée.
00:31 C'est vraiment le jour où tu peux savoir lequel de tes collègues est encarté CGT.
00:34 Bon bah Nico, Sonia, Yael, Demi, évidemment, vous êtes plutôt CFDT.
00:38 Une chose est sûre, c'est pas un 1er mai alors qu'en lieu et place des 2 millions
00:42 habituels, 37 personnes nous écoutent, peut-être même 36 depuis l'édito d'Yael sur la trajectoire
00:47 des finances publiques, que même Bruno Le Maire a trouvé chiant, que j'allais me claquer
00:51 un neurone pour trouver je ne sais quel artifice humoristique nous permettant de rire des blocus
00:54 universitaires, artifice qui aurait impliqué fatalement l'évocation de la jeunesse estudiantine
00:58 de Dominique Seux, quand, durant les émanements de 68, alors que la plupart de ses camarades
01:03 bloquaient la Sorbonne, lui, s'était rangé aux côtés des CRS pour la débloquer, car
01:07 au slogan "il est interdit d'interdire", il opposait celui plus pragmatique de "il
01:11 ne faut pas que ça soit la foire à la saucisse".
01:14 Mais non, comme je le disais, c'est le 1er mai, j'allais pas bosser toute la nuit pour
01:18 une chronique qui de toute façon vous aurait pas fait autant marrer que mon personnage
01:21 de Ryan Grosstring.
01:22 D'ailleurs, c'est important pour moi aujourd'hui de rappeler, après cette incursion furtivière
01:26 sur le terrain du gag visuel et du potage, que je reste un chroniqueur satirique télérama
01:30 compatible.
01:31 Et je le prouve immédiatement, en vous rappelant que contrairement à la plupart des comiques
01:34 qui travaillent avec des auteurs issus du stand-up, moi je travaille avec un seul auteur,
01:38 occasionnel, issu de la physique quantique, le prix Nobel Alain Aspect.
01:41 Oui, vous le savez, de temps à autre, Alain m'envoie un petit SMS avec une info, et là
01:45 c'est intéressant car ça rejoint la conviction de Dominique selon laquelle il est temps de
01:48 faire le ménage dans l'enseignement supérieur.
01:50 Car on parle beaucoup des blocus pour Gaza, mais beaucoup moins de cette polémique autour
01:53 d'un master en sciences de l'éducation proposé à l'université de Montpellier,
01:56 master donc validé par les instances universitaires, qui se base, je cite, sur la pédagogie quantique.
02:01 Nous y voilà pour développer son leadership vibratoire et ainsi former des chief happiness
02:07 officers.
02:08 C'est complètement fou.
02:09 Alors Alain Aspect va plus loin, Nicolas, en disant que c'est même complètement con.
02:11 Alain, qui après avoir vu le mot « quantique » dévoyé dans l'industrie cosmétique
02:15 avec la fameuse crème quantique de Guerlin, a halluciné de découvrir qu'il était
02:19 aussi dévoyé dans le milieu universitaire avec ce cursus quantique qui propose carrément
02:22 des retraites socratiques dans un monastère bouddhiste de l'héros, orienté, je cite,
02:26 vers le chamanisme et le tantrisme ésotérique.
02:29 Rappelons-le avec force, la pédagogie quantique, c'est comme l'astrologie cartésienne ou
02:34 la neurologie pâtissière.
02:35 Ça n'existe pas.
02:37 Rien n'existe sauf le hasard, disait d'ailleurs Paul Auster.
02:40 Que j'ai réussi oui à recaser comme ça à la USAR, in extremis, à 7h54, sauvant
02:45 tant bien que mal mes trois T dans Télérama.
02:46 Je vous laisse, faut que j'aille exercer mon leadership vibratoire dans Zoom Zoom Zen,
02:50 car oui, je suis aussi en direct cet après-midi.
02:52 C'est plus que du service, c'est du dévouement.
02:55 Oui, espérons que l'ADRH d'Inter fasse partie de nos 36 auditeurs.
02:58 Merci Mathieu Noël.
02:59 Et avec Yael Gauze, nous recevons ce matin la secrétaire nationale de la CFDT dans le
03:06 Grand Entretien.
03:07 Questions, réactions, 01 45 24 7000 et sur l'application d'Inter.
03:12 Marie-Lise Léon, bonjour.
03:14 Bonjour.
03:15 Et bienvenue à ce micro, avant d'en venir aux dossiers comme l'assurance chômage, le
03:19 dialogue social, les salaires, quelques mots pour commencer sur l'état du pays, sur le
03:25 climat général à 40 jours des élections européennes.
03:29 Vous êtes à la tête d'une organisation de plus de 600 000 adhérents.
03:34 Quelle remontée avez-vous du terrain ? Quel vous semble être le climat du pays, tendu,
03:39 abattu, résigné, résilient ? Quels mots employez-vous ce matin ?
03:44 Alors, moi je ne fais pas un déplacement sans qu'on me parle du pouvoir d'achat.
03:48 Ça reste le sujet prioritaire pour les travailleurs, qu'ils soient d'ailleurs dans le secteur
03:53 privé comme dans les fonctions publiques.
03:55 Et puis la question du travail qui a émergé fortement au moment de la mobilisation contre
04:01 la réforme des retraites, elle demeure.
04:03 Donc je pense qu'on est à un moment un peu clé où on vit une crise du travail.
04:11 On a beaucoup parlé de la question de la crise démocratique il y a quelques mois.
04:15 Cette crise n'est pas résolue et on est aussi dans le monde du travail.
04:20 Face à une crise du travail, on nous parle beaucoup du sens au travail, de la question
04:25 de la dignité, du respect, de vivre dignement de son travail.
04:30 Et le mot que j'entends le plus c'est « comment je peux bien faire mon travail ».
04:33 Et donc ça c'est autant de défis qui sont posés à mon organisation syndicale qui est
04:38 une organisation de transformation sociale.
04:40 Comment on part du réel, comment on construit du progrès, comment on protège les travailleurs.
04:45 Ça c'est un défi.
04:46 Et puis il y a toutes les évolutions du monde du travail avec la transition écologique
04:51 juste, la transition numérique.
04:53 Et donc c'est un bouleversement total.
04:56 Là où j'entends beaucoup d'inquiétude et d'attente de la part des travailleurs,
05:02 c'est un être écouté et deux avoir des employeurs qui soient à la hauteur du moment
05:07 qu'on traverse.
05:08 On va revenir à la question des salaires évidemment dans quelques instants.
05:12 Et dans le climat actuel, Marie-Lise Léon, il y a aussi ces manifestations étudiantes
05:16 pro-palestinienne qu'on a vues à Sciences Po Paris, à la Sorbonne, mais aussi à Rennes,
05:20 Menton, Lyon, Saint-Etienne.
05:22 Quel regard vous portez sur le thème et sur les formes de cette mobilisation ? Est-ce
05:27 que c'est pour vous un classique de la jeunesse étudiante ou est-ce qu'on a basculé dans
05:31 autre chose ?
05:32 Non, il y a toujours eu des mobilisations de cette nature sur des grands sujets.
05:36 Et je pense que des jeunes aujourd'hui qui se mobilisent face à la situation catastrophique
05:41 à Gaza, ça me semble normal.
05:43 Ce qui me paraît aujourd'hui inacceptable, c'est qu'il puisse y avoir dans ces mobilisations
05:48 des propos antisémites.
05:49 C'est inacceptable, ils doivent être condamnés.
05:52 Et je trouve inacceptable la récupération politique qu'il puisse y avoir de ce type
05:58 de mobilisation.
06:00 Je trouve que c'est normal, mais que notamment les partis politiques et les mouvements politiques
06:09 doivent rester à bonne distance de ce type de mobilisation.
06:12 Et pourtant, depuis 48 heures, il y a des politiques qui posent la question du financement
06:15 public de Sciences Po.
06:17 On a vu Valérie Pécresse suspendre les enveloppes de la région.
06:20 Manuel Valls préconiser une mise sous tutelle si l'établissement ne se ressaisit pas.
06:24 En mars, Gabriel Attal était venu à Sciences Po au conseil d'administration pour dire que
06:28 le poisson pourrissait par la tête.
06:30 Y voyez-vous là, vaut une atteinte au principe de liberté académique ?
06:34 Je pense qu'il y a beaucoup de bruit politique pour instrumentaliser justement cette situation.
06:43 Le directeur de Sciences Po a mené une enquête.
06:46 Il y a eu des sanctions.
06:48 Je pense que l'heure est à l'apaisement et certainement pas à la récupération politique
06:53 pour faire uniquement de la communication.
06:55 Et donc, vous ne voyez pas ce mouvement s'étendre ?
06:58 Pour vous, il est très localisé ?
07:00 Il est localisé pour le moment.
07:01 Les jeunes sédétistes sont des travailleurs.
07:06 Principalement, je ne considère pas que ce soit à nous, organisation syndicale, de se
07:14 mêler de ce type de mouvement.
07:17 Je le redis, je comprends qu'il y ait cette indignation face à la situation à Gaza.
07:24 Je ne supporte pas qu'il puisse y avoir dans ces mobilisations des propos, des slogans
07:30 antisémites et donc c'est par établissement qu'il doit y avoir cette régulation et du
07:36 débat.
07:37 Il faut pouvoir poser les choses de façon apaisée.
07:39 Encore un mot du climat politique.
07:40 Nous sommes à 40 jours des élections européennes et Jordane Bardella reste largement en tête
07:46 des intentions de vote.
07:47 Le total de l'extrême droite pourrait avoisiner les 40%.
07:50 Comment expliquez-vous cette dynamique du RN ?
07:52 Je pense que c'est une...
07:55 Il y a une énorme...
07:56 J'évoquais la question de la crise démocratique.
07:58 Je pense qu'on a des politiques qui considèrent que l'exercice de la démocratie c'est uniquement
08:03 le vote et l'élection et qu'il ne se passe pas grand chose entre deux élections à part
08:08 "on a été élu, on décide tout seul".
08:10 Donc je pense qu'il y a une fatigue, une lassitude démocratique.
08:15 Moi je l'entends dans les entreprises, sur les lieux de travail bien entendu qu'on parle
08:19 de politique.
08:20 Il y a beaucoup de salariés, de travailleurs qui nous disent "il parle des vrais sujets,
08:24 il parle du travail, il parle du pouvoir d'achat, il parle de... on se sent écouté et considéré
08:31 par eux".
08:32 Il, c'est le RN ?
08:33 Ce sont les représentants.
08:34 Alors ils n'ont pas l'exclusivité mais je pense que ça contribue de cette dynamique.
08:39 Et puis ce que j'entends beaucoup c'est "ce sont les seuls qui n'ont jamais été en exercice
08:44 du pouvoir et donc on n'a qu'à essayer".
08:48 Donc c'est l'occasion pour la CFDT sur ces lieux de travail que les militants aillent
08:55 à la rencontre de ces électeurs du RN ou de l'extrême droite en général pour dire
08:59 "mais c'est une impasse".
09:01 Ce qu'ils proposent ce sont plutôt que des propositions, ce sont des boucs émissaires
09:06 qu'ils pointent et que les travailleurs votent pour l'extrême droite, c'est voter contre
09:10 les droits sociaux et donc c'est totalement antinomique avec ce que l'on porte.
09:14 - Élise Léon dans un texte signé récemment, c'était la préface de la réédition des
09:19 "Jours heureux", le programme du Conseil National de la Résistance.
09:24 Sophie Binet, votre homologue de la CGT écrivait "il est minuit moins le quart, l'extrême
09:30 droite ne cesse de gagner du terrain, une à une les digues politiques et morales sautent".
09:35 Est-ce que vous êtes d'accord avec elle ?
09:38 Il est minuit moins le quart ?
09:39 - Il est urgent effectivement que l'ensemble des acteurs démocratiques se mobilisent,
09:46 c'est ce que l'on a fait d'ailleurs avec une initiative commune avec l'organisation
09:50 UNESA, CGT, CFDT pour donner à voir les idées d'extrême droite lorsqu'elles sont
09:57 mises en œuvre concrètement, en quoi ça ne va pas avec, ça n'est pas compatible
10:01 avec les droits sociaux.
10:03 Ce sont des partis, c'est un mouvement qui considère, qui base leur doctrine sur l'inégalité
10:11 de droit entre les travailleurs.
10:13 On a récemment eu d'ailleurs un exemple, une députée RN a déposé un amendement
10:19 à l'occasion d'un débat sur une loi plein emploi, l'Orla Valette, pour dire
10:23 "dans l'entreprise, les salariés étrangers ne peuvent plus participer aux élections
10:29 professionnelles".
10:30 C'est à l'inverse de ce que l'on porte nous en termes de collectif de travail, de
10:36 démocratie, d'émancipation.
10:37 Et je pense que tout un chacun peut bien comprendre que lorsque l'on est dans un collectif de
10:42 travail, un atelier où on partage le quotidien, ça n'a aucun intérêt si ce n'est de
10:52 diviser les salariés et les travailleurs que de porter ce type de proposition.
10:57 Les étrangers restent les boucs émissaires, le problème à tous les maux en France et
11:04 c'est une totale impasse.
11:06 Une question précise, après cet entretien, vous partez pour Nancy débattre de l'Europe,
11:10 la CFDT se dit pro-européenne, c'est clairement le message du 1er mai.
11:14 Et le 23 mai, vous allez organiser votre propre grand oral des têtes de liste avec tout le
11:19 monde ?
11:20 On va inviter toutes les têtes de liste qui ont un projet européen et qui partagent
11:27 nos valeurs.
11:28 Donc il n'y aura pas les deux représentants des parties d'extrême droite.
11:32 C'est-à-dire Reconquête et le RN ? Est-ce que c'est le meilleur moyen de combattre
11:37 le RN que de les ostraciser ?
11:38 Je vous l'ai dit, on ne débat pas avec les responsables du RN, on les combat.
11:42 Ça c'est le slogan de la CFDT.
11:44 Par contre, sur les lieux de travail, notre boulot de militant c'est d'aller à la rencontre
11:49 des électeurs du RN pour leur expliquer notre vision des choses et qu'ils fassent leur
11:53 propre opinion et qu'ils soient convaincus que ça ne peut être qu'une impasse.
11:58 Marie-Lise Léon, venons-en au cortège du 1er mai.
12:01 Il y a un an, les syndicats, les huit principaux, avaient défilé ensemble.
12:05 C'était du jamais vu depuis près de 15 ans.
12:08 Le contexte était alors celui de la lutte contre la réforme des retraites.
12:12 Un an après, il n'y a plus d'union sacrée.
12:15 Pourquoi avoir abandonné ce modèle d'unité ?
12:18 Alors, je ne suis pas du tout d'accord.
12:21 Il y aura un cortège en Ile-de-France avec un ensemble d'organisations syndicales,
12:25 dont la CFDT, la CGT, l'UNSA.
12:28 Il y aura plusieurs syndicats présents.
12:31 Il n'y a pas d'appel national, interprofessionnel, parce que nous souhaitions que ce soit l'Europe.
12:37 Ce n'était pas forcément le choix d'autres organisations syndicales.
12:41 Donc je vais à Nancy pour un moment festif, puisque c'est la fête du travail.
12:46 On aura un ensemble d'animations pour parler d'Europe et d'Europe sociale.
12:52 Et en quoi le scrutin du 9 juin est crucial pour l'avenir de l'Europe et le Parlement.
12:57 Il y a des initiatives qui sont en commun ou pas.
13:01 L'intersyndicale de 2023 était une intersyndicale sur les retraites.
13:06 On était tous d'accord pour dire non aux 64 ans.
13:08 Depuis, on a appris à se connaître.
13:10 On a appris aussi à comprendre ce qui nous rassemblait, ce sur quoi on n'était pas d'accord.
13:18 Cela ne nous empêche pas de nous voir régulièrement et d'avoir des initiatives communes.
13:22 Comme je l'ai évoqué encore il y a 15 jours avec la CGT et l'UNSA.
13:28 L'un des dossiers chauds de ce printemps, c'est l'assurance chômage, la réforme.
13:31 Le gouvernement a repris la main deux semaines après l'échec des négociations entre partenaires sociaux.
13:36 Y avait-il une autre issue à cette fin du paritarisme ?
13:39 Est-ce que vous ne devriez pas aussi balayer devant votre porte ?
13:42 Parce que c'est votre échec à vous, partenaires sociaux, si vous ne vous êtes pas entendus.
13:45 Moi, je veux bien prendre ma part de responsabilité.
13:47 Mon organisation s'est engagée dans un accord partiel à la fin de l'année 2023.
13:53 Le principe du dialogue social, c'est qu'il faut être deux.
13:55 Quand on parle tout seul, ça a quand même un intérêt assez limité.
13:58 Donc, les vrais objectifs du gouvernement,
14:02 est-ce que c'est avoir des règles les plus justes possibles en termes d'assurance chômage ?
14:07 Ou est-ce que c'est un ajustement budgétaire ?
14:11 Je pense que, enfin moi je suis convaincue que c'est la deuxième réponse qui est la bonne.
14:15 Donc, le gouvernement se cache derrière son objectif de plein emploi en expliquant
14:20 pour atteindre le plein emploi, on va réduire les droits des chômeurs.
14:23 C'est ça la vérité, c'est ça leur véritable objectif.
14:27 Et quand on est à un moment, j'évoquais la période aussi extraordinaire qu'on est en train de vivre,
14:34 de transformation, transition, et je vous parle de la transition écologique juste,
14:37 aujourd'hui, enfin cette semaine, l'entreprise Unexity a annoncé un plan de sauvegarde de l'emploi
14:44 avec 502 salariés qui sont concernés.
14:49 Et je pense qu'à un moment comme aujourd'hui où on a des défis majeurs,
14:52 un gouvernement qui nous dit "il faut baisser le droit des chômeurs" plutôt que de dire
14:56 "on va devoir faire face à des mutations et des reconversions massives",
15:02 je pense que les salariés ont plutôt envie qu'on leur parle de l'accompagnement
15:06 et la façon dont ils veulent continuer de se projeter dans l'emploi.
15:09 La réforme durcirait les règles et pourrait mobiliser trois leviers.
15:14 Durée d'indemnisation, conditions d'affiliation, c'est-à-dire le temps qu'il faut avoir travaillé
15:20 pour être indemnisé, et niveau d'indemnisation.
15:23 Ce sont trois lignes rouges pour vous, ou y a-t-il l'un de ces leviers qui a votre préférence ?
15:31 Il n'y a pas de préférence parce que la question est mal posée.
15:35 Je reviens sur l'objectif de cette réforme.
15:37 Le gouvernement vous le dit, c'est plein emploi.
15:39 C'est plein emploi, mais je lui demande quelles sont les études scientifiques qui nous prouvent
15:45 que la modification des règles d'assurance chômage va créer de l'emploi.
15:50 Moi je les ai cherchées, je ne les ai pas trouvées.
15:52 Donc quels sont les véritables objectifs ?
15:55 Et on est sur une problématique qui est purement budgétaire.
15:59 Et quand je dis que le syndicalisme CFDT, c'est de la transformation sociale, partir du réel.
16:04 La réalité c'est que les chômeurs ne le font pas par choix, ne sont pas dans cette
16:08 situation parce qu'ils le décident, parce qu'il s'est souvent subi et qu'ils ont
16:13 besoin d'accompagnement.
16:14 Le vrai sujet du moment aujourd'hui en 2024, c'est mettre le paquet sur la formation professionnelle,
16:20 sur les reconversions et sur l'accompagnement des personnes qui ne sont pas en emploi aujourd'hui.
16:24 Là on se dirige tout droit vers un décret au 1er juillet.
16:27 D'ici là vous ferez la chaise vide avec le gouvernement ?
16:29 Alors non, vous connaissez la CFDT.
16:31 Donc on occupera toutes les chaises possibles et imaginables pour pouvoir faire valoir notre
16:36 point de vue et continuer de porter cette question de justice sociale.
16:41 Et ce que fera le gouvernement à un moment, il faudra aussi qu'il soit en capacité
16:47 d'expliquer pourquoi il fait cette réforme.
16:51 On a mené cette bagarre au moment de la réforme des retraites, il a été quand même bien
16:56 en difficulté de nous expliquer que c'était une réforme de justice sociale.
16:59 Délai de carence, le gouvernement envisagerait d'allonger le délai de carence après un
17:02 licenciement ou une rupture conventionnelle pour éviter qu'il y ait un cumul d'indemnités
17:06 de licenciement et d'allocations chômage.
17:08 Délai aujourd'hui plafonné à 6 mois.
17:11 L'une des pistes du gouvernement serait de l'allonger.
17:13 Est-ce que là aussi vous vous y opposez ? Changement des règles du délai de carence ?
17:17 Je redis, la bonne question n'est pas posée, donc tout ce qui peut être mis sur la table
17:22 ne peuvent être que des mauvaises réponses.
17:24 En plus c'est la double peine sur cette question de l'indemnisation et du décalage
17:30 du relais de l'assurance chômage.
17:33 Ça n'a aucun sens et c'est profondément injuste.
17:37 Est-ce que vous allez au blocage ?
17:38 Non, on va faire valoir nos arguments et on va essayer de peser sur les mesures que le
17:45 gouvernement veut prendre.
17:46 Oxfam a publié hier un rapport intitulé « Cash 40, trop de millions pour quelques
17:52 hommes ».
17:53 Les rémunérations stratosphériques et des écarts indécents chez les patrons du
17:58 cash 40 qui ont gagné en moyenne 130 fois plus que le salaire moyen dans leurs entreprises
18:03 en 2022.
18:04 Est-ce que cet encadrement des rémunérations fait partie des revendications urgentes de
18:08 la CFDT ?
18:09 Oui, c'est une revendication qu'on porte depuis plusieurs années.
18:12 On est les fervents défenseurs de la négociation collective.
18:15 Or, on ne peut qu'en constater que ces écarts salariaux ne font que s'accroître au fil
18:22 des années.
18:23 Quels sont les écarts raisonnables ?
18:24 Je pense qu'il faut une loi qui encadre les écarts salariaux et qui dise qu'il
18:29 faut que dans les entreprises, il y ait par la négociation justement que ces écarts
18:34 soient discutés dans les entreprises.
18:36 Parce qu'il y a des réalités extrêmement différentes.
18:38 Dans ce même rapport Oxfam, on voit qu'il y a une entreprise comme Téléperformance
18:43 où il y a un écart de 1453 entre le plus petit salaire et le plus élevé, ce qui paraît
18:51 complètement délirant.
18:52 On voit que chez Stellantis, c'est un écart encore différent.
18:56 Donc, je pense que c'est par la négociation que ça doit pouvoir être discuté.
19:00 Vous n'avez pas une règle générale ?
19:02 Non, on n'a pas de règle générale.
19:03 Nous déjà, c'est acté.
19:05 Il faut acter le principe que si on ne régule pas et qu'on ne dit pas que la loi impose
19:11 un écart maximal, les écarts ne feront que s'accroître.
19:15 Donc, ça doit être discuté entreprise par entreprise.
19:18 En plus, la question des salaires, des rémunérations sont composées de façon extrêmement différente
19:23 d'une entreprise à l'autre.
19:24 Le périmètre, est-ce que vous parlez du groupe, de l'entreprise, de l'établissement ?
19:28 Tout ça, ça doit être regardé entreprise par entreprise.
19:30 Allez, on passe au Standard Inter.
19:32 Bonjour Frédéric.
19:33 Bonjour Inter.
19:34 Bonjour à tous.
19:35 Marie-Lise Léon, bonjour.
19:36 Bonjour.
19:37 Je voudrais savoir, d'après vous, quel est le poids actuel des syndicats dans le triptyque
19:42 syndicat patronat-gouvernement et cet équilibre permet-il un dialogue social de qualité et
19:50 efficace ?
19:51 Merci Frédéric.
19:52 Marie-Lise Léon vous répond.
19:54 Alors, ce poids, il est… les organisations syndicales sont ressorties du mouvement des
20:01 retraites renforcées.
20:03 Nous avons, nous, CFDT, gagné de nombreux adhérents et adhérentes puisque nous sommes
20:09 un syndicat majoritairement d'adhérentes.
20:11 Alors, je dirais que ça dépend des sujets sur lesquels…
20:15 Il y a toujours des adhésions là ?
20:17 Oui, bien sûr, bien sûr.
20:19 Ça continue à monter ?
20:20 Ça continue de monter.
20:21 Je ne vous cache pas qu'il y a des gens qui partent également, notamment pour des
20:24 départs en retrait, des personnes qui ne poursuivent pas leur adhésion syndicale.
20:27 Donc, on est renforcés.
20:29 Vous savez à combien vous êtes aujourd'hui ?
20:30 Alors, on va l'être… je vous propose de revenir dans quelques jours puisqu'on
20:34 va être… on certifie notre nombre d'adhérents puisqu'il fait toujours l'objet de beaucoup
20:38 de soupçons sur la façon dont on calcule.
20:40 Donc, on a une certification par des commissaires aux comptes qui sera publiée dans quelques
20:45 jours.
20:46 Nous étions à un peu plus de 620 000 adhérents et adhérentes en 2022.
20:50 Pour 2023, on sera au moins à 2,5-3% de plus.
20:55 Il y a le plein emploi, mais il y a aussi les finances publiques.
20:58 On rappelle que le déficit de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB l'an dernier
21:03 et que l'endettement français s'élève à 110% du PIB.
21:07 En plus, redresser les comptes publics, est-ce que c'est aussi une priorité de la CFDT ?
21:10 Oui, bien sûr que c'est important.
21:12 La question c'est comment on le fait ?
21:14 Donc, en termes de méthode, j'ai entendu Bruno Le Maire qui parlait de co-construction
21:18 hier au Parlement.
21:19 Nous avons fait, nous, il y a un mois, une proposition de conférence des finances publiques
21:23 qui n'a fait l'objet d'aucune réponse.
21:26 Donc, je réitère cette proposition.
21:28 Rentrons dans les détails.
21:29 Quelles sont vos suggestions à faire à Bruno Le Maire sur les 10 milliards d'euros qu'il
21:32 faut trouver encore avant l'été ?
21:33 Alors, l'intérêt d'une conférence, non pas des dépenses publiques, mais des finances
21:38 publiques, c'est de regarder la question des recettes.
21:40 Et vous dites impôts ?
21:41 Parce que la question de cet équilibre, c'est qu'on est soucieux de l'équilibre à condition
21:48 que les efforts soient partagés et que les richesses également soient partagées.
21:52 Alors, ce n'est pas forcément des impôts.
21:54 Regardons l'ensemble des aides aux entreprises.
21:56 Quelle est la condition ? Pourquoi ? Quel est l'objectif d'aide aux entreprises ?
22:01 Moi, je suis très sceptique sur l'efficacité, par exemple, du crédit d'impôt recherche.
22:07 Aujourd'hui, ce sont des milliards d'euros distribués par an aux entreprises pour la
22:12 recherche.
22:13 On a encore eu cette semaine, il y a 10 jours, une annonce de Sanofi qui annonce le cinquième
22:19 plan social sur la recherche, l'abandon de la recherche en oncologie, par exemple, qui
22:24 bénéficie largement de ce crédit d'impôt recherche et qui continue de licencier.
22:29 Je pense qu'on a un problème.
22:31 On a un problème puisque si ces aides aux entreprises ne sont pas conditionnées à
22:35 des objectifs clairs, c'est quoi la cible ? A quoi ça sert ? Et à l'emploi ? Je
22:40 pense que c'est arroser le sable.
22:43 Question de Marius sur l'application France Inter.
22:46 La CFDT n'est-elle pas un peu responsable de la montée du RN en négociant des accords
22:52 à la PIRUS qui ne permettent pas de bénéficier équitablement du fruit de son travail ?
22:57 Je ne sais pas à quel accord à la PIRUS l'auditeur a pu faire référence.
23:05 Je pense qu'à l'inverse, et je pense que le syndicalisme est un rempart à la montée
23:10 de l'extrême droite.
23:11 Quand on fait collectif, quand on est dans un espace où chacun trouve sa place, quand
23:18 on a défilé pendant les retraites, le mot que j'entendais le plus c'est la question
23:23 du respect, de la dignité au travail.
23:26 Comment je trouve ma place au travail ? Comment je peux m'exprimer sur mon travail ? En
23:30 gros, en quoi je compte au travail et on me considère ? Et donc c'est dans les sections
23:36 syndicales, dans les entreprises, la CFDT est là pour animer ce débat démocratique.
23:42 Et donc je pense qu'à l'inverse, lorsqu'il y a la possibilité d'avoir accès à un
23:49 syndicat, c'est un espace d'expression qui est extrêmement utile.
23:53 Le reproche qu'on pourrait nous faire, et je le prends volontiers, c'est qu'on
23:57 est insuffisamment implanté sur les lieux de travail.
24:00 Les Jeux Olympiques approchent, Marie-Elise Léon, le 15 avril.
24:03 Emmanuel Macron disait compter sur l'esprit de responsabilité des syndicats pour une
24:07 trêve olympique en matière sociale.
24:10 Serez-vous, êtes-vous responsable ?
24:12 Nous sommes responsables, j'ai déjà eu l'occasion de dire, on ne le sera pas pour
24:15 deux ou pour trois.
24:16 On a une préparation des Jeux Olympiques avec une charte sociale qui est inédite et
24:23 qui a été extrêmement intéressante et constructive.
24:26 Je dirais que les JO ont très bien démarré.
24:28 C'est un peu comme un marathon.
24:29 Là, on est dans les derniers kilomètres.
24:32 C'est souvent le plus dur, c'est le « money time », c'est là où il y a beaucoup
24:35 de choses qui se dénouent autour de l'organisation concrète des JO.
24:39 Il y a des réunions qui sont organisées.
24:42 Vous partagez les prix à vie de grève déposés sur quatre mois par la CFDT ?
24:45 La CFDT ne l'a pas fait.
24:46 La CFDT ne l'a pas fait parce que c'est le temps du dialogue.
24:49 Voilà, moi je ne lance pas un carton rouge avant le début du match.
24:52 Il y a des discussions qui sont déjà en cours.
24:56 Tout n'est pas bouclé.
24:57 Et donc, on a posé un certain nombre d'alertes, ça a eu une certaine efficacité.
25:01 Maintenant, il faut des résultats concrets.
25:03 Et il y a un prochain point qui est prévu le 6 juin.
25:05 Et je reviendrai vous parler des JO si vous le souhaitez à ce moment-là.
25:09 Avec plaisir.
25:10 Merci Marie-Lise Léon d'avoir été au micro d'Inter.
25:13 Secrétaire nationale de la CFDT.