• il y a 8 mois
Gérard Depardieu est en garde à vue. Une décoratrice et une assistante de tournage l'accusent, toutes deux décrivent des comportements graveleux, des mots salaces et des agressions sexuelles brutales. Pour en parler, Emmanuelle Dancourt, présidente de Metoo Media, association qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 29 avril 2024

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Transcription
00:00 RTL, bonsoir.
00:02 Julien Célier, Cyprien Cyny, Gaël Giordana.
00:05 Allez, 18h20 RTL, bonsoir.
00:07 On accueille maintenant notre invitée face à l'événement
00:10 alors que Gérard Depardieu est en garde à vue.
00:12 Une décoratrice et une assistante de tournage l'accusent.
00:15 Toutes deux décrivent des comportements graveleux,
00:18 des mots salaces et des agressions sexuelles brutales.
00:21 Bonsoir Emmanuelle Dancourt.
00:22 Bonjour.
00:23 Vous êtes la présidente de MeToo Media,
00:24 association qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
00:27 Une vingtaine de femmes déjà ont accusé Gérard Depardieu
00:30 dans la presse ou devant la justice.
00:31 Là, ce soir, il est entendu dans deux affaires précises
00:34 parce que deux femmes sont allées porter plainte
00:36 ces toutes dernières semaines pour des faits qui datent de 3 et 10 ans.
00:39 Qu'est-ce que vous avez envie de dire à ces femmes, ce soir,
00:42 qui ont osé porter plainte des années plus tard ?
00:45 J'ai envie de leur dire, évidemment, qu'on les croit.
00:49 Ça, c'est vraiment le crédo de nos associations.
00:52 On vous croit.
00:53 On vous croit pas juste sur le principe de vous croire.
00:55 On vous croit aussi parce que les chiffres prouvent
00:57 qu'il y a de très très très peu de victimes qui ne disent pas la vérité.
01:02 Donc, on les croit aussi basé sur des chiffres.
01:04 On les croit aussi parce qu'elles ont tout à perdre, à porter plainte.
01:07 Et d'ailleurs, c'est particulièrement vrai
01:10 dans les histoires qui concernent le cinéma.
01:13 C'est des femmes, aujourd'hui, qui n'arrivent plus à travailler.
01:16 Moi, je fais partie de l'affaire PPDH.
01:18 Je suis plaignante dans l'affaire PPDH.
01:19 Et on a beaucoup beaucoup de plaignantes dans cette affaire
01:21 qui n'arrivent plus à travailler non plus
01:22 parce qu'on dévoile nos identités, on dévoile nos visages,
01:25 parce qu'on attaque des gens puissants.
01:26 PPDH, dans un cas, ici, Gérard Depardieu.
01:29 Et on sait que pour elle, ça va être très très compliqué
01:33 de revenir sur le marché du travail.
01:36 Elles sont blacklistées par ce milieu du cinéma.
01:39 Et ce n'est pas possible que ce milieu du cinéma
01:42 n'enclenche pas enfin son "me too".
01:44 C'est fou, en fait.
01:45 - Juste, on vous sait aussi proche de Charlotte Arnoux,
01:48 cette actrice qui a porté plainte pour viol et agression sexuelle contre Gérard Depardieu.
01:51 Il est d'ailleurs mis en examen depuis 2020.
01:54 Est-ce que vous avez pu vous entretenir avec elle aujourd'hui ?
01:56 Est-ce qu'il y a chez elle et chez d'autres victimes présumées
01:59 cette sensation que la justice avance enfin ?
02:02 - Alors, tout est dans ce mot-là.
02:04 "Enfin". C'est effectivement ça.
02:07 Ça a été très long parce que Charlotte,
02:09 elle a quand même porté plainte pour deux viols en 2018.
02:12 Il est mis en examen en 2020 dans le cadre de son affaire.
02:14 Là, de nouveau mis en examen pour des nouvelles plaintes.
02:18 Et en même temps, l'association... - Garde à vue, là.
02:21 - Pardon ? - Garde à vue, là.
02:22 - Garde à vue, pardon.
02:23 J'anticipe un peu, pardon.
02:25 Et après, voilà, on sait que ça va être encore très très long pour Charlotte.
02:30 Ça, c'est... Charlotte Arnoux, c'est certain.
02:32 Là, on est parti quand même pour quelques années
02:34 puisque ces procès-là, c'est toujours très long.
02:35 Dans le cadre des deux personnes ici,
02:37 si procès il y a...
02:38 En fait, il peut se passer trois choses, là, maintenant.
02:40 Il peut se passer que l'affaire soit classée sans suite.
02:44 Ça, on n'y croit pas parce qu'il y a beaucoup de preuves.
02:46 Pourquoi il n'est pas en audition libre et pourquoi il est en garde à vue ?
02:48 C'est parce qu'il y a beaucoup de preuves.
02:49 Et c'est une affaire de par-dieu où il y a beaucoup de preuves.
02:52 Parce qu'il a toujours fait ça devant les caméras, déjà,
02:54 devant tout un tas de monde.
02:55 Donc, il y a beaucoup de témoignages, beaucoup de preuves.
02:57 Donc, soit il est classé sans suite.
02:59 J'avoue que moi, à titre personnel, je n'y crois pas trop.
03:01 Soit, ce qu'on espère, il est renvoyé en instruction,
03:04 donc, devant un tribunal correctionnel.
03:06 Et ça, ce serait bien.
03:07 Ça veut dire que ça irait très vite pour les victimes,
03:09 là, d'aujourd'hui, si cette affaire passe en correctionnel.
03:14 Soit, éventuellement, il peut y avoir une jonction avec le dossier de Charles Tarnot.
03:17 Gérard Depardieu nie les faits en garde à vue.
03:20 Faire du mal à une femme, ce serait comme donner des coups de pied dans le ventre de ma propre mère.
03:25 Voilà ce qu'il avait déclaré dans les pages du Figaro il y a quelques mois.
03:28 Est-ce que cette défense vous choque ?
03:31 Ben, lui, c'est...
03:33 Enfin, nous, c'est "me too" et lui, c'est "knee too".
03:35 Ça me choque.
03:38 Oui, ça me choque, mais ça ne me surprend pas.
03:40 Il nie toujours, en fait.
03:41 C'est rare, quelqu'un qui reconnaisse les faits.
03:44 Alors, est-ce qu'ils sont dans le déni ?
03:47 Est-ce qu'ils sont dans le mensonge ?
03:49 Après, ça ne résistera pas aux preuves et ça ne résistera pas aux faits.
03:54 Enfin, Charles Tarnot, ça a été carrément filmé par les caméras de surveillance.
03:58 Voilà, donc, il nie, ben, il nie.
04:01 Parce qu'il n'a pas compris, j'ai l'impression.
04:04 Tout le monde l'a tellement laissé faire.
04:05 Il y a eu une telle omerta.
04:07 Et vous qui êtes au plus près des victimes dans le milieu des médias et du cinéma notamment,
04:11 est-ce que vous avez l'impression qu'en France, avec quelques années de retard par rapport aux États-Unis,
04:16 on est en train de prendre conscience de la réalité des comportements dans ces milieux de pouvoir ?
04:20 Les médias, le cinéma...
04:22 Ça arrive ou pas ?
04:24 En France, c'est comme si on était à part.
04:27 C'est quand même fou, quand même.
04:28 Mais bien sûr, on a un "me too" de l'aller-retour.
04:31 Ça n'arrête pas de faire des allers-retours.
04:33 Charlotte Dénon.
04:34 50 comédiens et réalisateurs appellent à ne pas effacer Gérard Depardieu
04:37 quand Emmanuel Macron dit qu'il rend fière la France.
04:40 Pour vous, la prise de conscience, elle n'est pas encore enclenchée ?
04:43 J'ai l'impression qu'elle est un peu plus enclenchée dans le grand public
04:46 qu'elle ne l'est dans ces milieux d'argent et de pouvoir.
04:49 Quand Emmanuel Macron, trois jours après la mise en examen de PPDA,
04:53 on n'a pas eu le temps de souffler, Emmanuel Macron soutient sur France 5 Gérard Depardieu
04:56 parce qu'effectivement, comme vous le dites, il fait la fierté de la France.
04:59 On a écrit à "Me Too Media" une lettre ouverte au président de la République dans le journal "Le Monde".
05:02 7200 signatures alors qu'on n'avait même pas ouvert un signature.
05:05 Ça veut bien dire que les gens se rendent compte.
05:07 Et il y avait tous les âges, ça allait de 16 ans à 103 ans, tous les métiers.
05:09 Mais dans ces milieux-là, on se protège, c'est de l'entre-soi,
05:13 c'est une grande famille, c'est incestueux.
05:15 Donc on n'y est pas encore en fait.
05:17 Judith Gaudrech a été venue nous voir dans ce studio.
05:21 Sa parole a bousculé là aussi le cinéma.
05:24 Elle nous disait qu'elle ne recevait que peu de soutien de son milieu.
05:28 Est-ce que ça vous surprend ? Est-ce que ça vous choque ?
05:30 Ça me choque, ça ne me surprend pas une fois de plus.
05:33 Vous vous souvenez du Festival de Cannes l'année dernière ?
05:36 Quand Thierry Frémaud nous dit qu'il n'était même pas au courant des accusations contre Johnny Depp
05:40 du procès qui venait d'avoir lieu sur les violences conjugales.
05:43 Et qu'il redisait encore "mais nous les violences sexistes et sexuelles, ça n'a rien à voir avec le Festival de Cannes".
05:48 Si, ça a tout à voir en fait.
05:49 En plus au Festival de Cannes, il se passe beaucoup de choses en termes de violences sexistes et sexuelles.
05:54 Et on va certainement entendre parler parce que vous les journalistes, vous faites votre travail d'information.
05:58 Je précise qu'à l'instant, la garde à vue de Gérard Depardieu est terminée
06:02 puisque son avocat vient de sortir des locaux du commissariat du 14ème arrondissement de Paris.
06:07 Emmanuel Dancourt...
06:08 Alors attendez, il sort avec Depardieu ou sans Depardieu ?
06:10 Visiblement, sans Gérard Depardieu.
06:12 Donc on passe à 48 heures de garde à vue alors.
06:14 Emmanuel Dancourt, dans l'affaire PPDA maintenant, vous êtes plaignante.
06:18 Votre plainte, comme une vingtaine d'autres, a été classée sans suite.
06:22 Les juges vont enquêter sur trois accusations.
06:24 Trois accusations, des faits qui ne sont pas prescrits, puisque vous avez évoqué cette affaire.
06:28 On se demande si on verra un jour un procès Patrick Poivre d'Arvan.
06:30 J'imagine que vous vous posez aussi cette question et que vous craignez que ce procès n'ait pas lieu ?
06:35 On se pose la question.
06:37 Évidemment, on est plus de 50 à aller voir la police.
06:41 La moitié de plaintes, 12 plaintes pour viol, un viol sur mineur, enfin...
06:46 Non, 14 plaintes pour viol maintenant.
06:48 Oui, on se pose des questions parce que quand on est 50 et que ça a mis 3 ans pour le mettre en examen,
06:53 c'était le 19 décembre dernier,
06:55 oui, ça pose question.
06:57 En fait, ce qui nous pose question aussi, c'est pourquoi on n'enclenche pas dans le droit français sur la prescription glissante,
07:02 qui existe déjà chez les mineurs,
07:04 qui fait que la dernière victime non prescrite pourrait "déprescrire" celles qui sont prescrites.
07:11 On aimerait, on travaille pour ça actuellement dans la loi française,
07:16 pour mettre le consentement dans la loi française,
07:18 pour que les prescriptions glissantes, en fait, on demande une loi intégrale.
07:20 À la suédoise, vous parliez des Etats-Unis tout à l'heure.
07:22 Mais nous, nos modèles sur les lois, c'est surtout le Canada et la Suède qui ont des lois intégrales
07:26 et qui fait qu'aujourd'hui en Suède, par exemple, on condamne 75% des personnes mises en cause,
07:32 quand en France, on en condamne très très peu,
07:36 puisque 94% sont remises en liberté pour faute de preuve.
07:39 Ça, c'est notre droit français.
07:41 Merci beaucoup Emmanuelle Dancourt d'avoir été ce soir notre invitée dans RTL.
07:44 Bonsoir à vous, la présidente de l'association MeTooMedia,
07:46 après le placement en garde à vue de Gérard Depardieu.
07:49 Est-ce que sa garde à vue est terminée ou non ?
07:52 C'est visiblement ce que souligne son avocat.
07:54 On aura la confirmation dans les minutes qui viennent à la sortie du commissariat du 14ème arrondissement de Paris.
07:58 Ce qui est certain, c'est que les auditions d'aujourd'hui sont terminées.
08:01 RTL, bonsoir, votre émission continue.
08:04 Dans un instant, tout autre chose, ce sera vos RTL Inside.
08:06 On va vous présenter le TGV du futur.
08:08 On va embarquer et puis la visoconférence.
08:10 Alex, le programme ?
08:12 Un point J.O. parce que j'aime bien moi, ça me fait rire quand même.
08:15 C'est une source inégalable d'inspiration pour vous, on l'a compris, les Jeux Olympiques et leurs ministres.
08:21 A tout de suite.
08:22 ♪ ♪ ♪
08:23 Julien Célier, Gayle Giordana et Cyprien Séni.

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