• il y a 8 mois
L’ancienne animatrice des Maternelles et du Grand Journal lance son média numérique, « Mesdames », pour changer le récit social sur les femmes de plus de 45 ans. Elle publie en parallèle « La femme invisible » aux éditions Grasset

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Transcription
00:00 Et votre invitée média Céline Baydarcourt a présenté le grand journal sur Canal ou
00:04 encore les maternelles sur France 5.
00:06 Elle lance maintenant son média sur internet.
00:08 Ça s'appelle "Mesdames" et met en avant les femmes de plus de 45 ans.
00:12 Bonjour Maïté Nabi-Rabin.
00:13 Bonjour.
00:14 "Mesdames" verra le jour jeudi.
00:16 C'est un média que vous avez fondé avec Alexandra Kruk.
00:18 Au-delà de l'âge, ça parle des femmes qui approchent de la ménopause ou qui ont
00:22 passé cette étape.
00:23 Car vous partez du postulat que la société jugerait inutile les femmes qui ne peuvent
00:27 plus avoir d'enfants.
00:28 Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
00:29 Je regarde autour de vous.
00:31 J'adorerais que ce soit comme mon point de vue.
00:33 Franchement, je l'assumerais si c'était mon point de vue.
00:35 Mais c'est une réalité.
00:37 Une femme à partir de 45-50 ans sort du marché du travail.
00:40 Elle est considérée comme senior.
00:41 Charlotte Pomposa le racontait d'ailleurs dans un bouquin.
00:44 Dans les médias, elle disparaît moins rapidement qu'avant.
00:48 Mais elle disparaît toujours.
00:50 Dans la vie de tous les jours, il n'y a pas de femme référente au-delà de cet âge-là.
00:54 On ne donne pas d'exemple.
00:56 On ne fait pas le récit de ces femmes-là.
00:59 On n'en parle pas.
01:00 On ne leur donne pas la parole.
01:01 On ne les voit pas.
01:02 Elles sont totalement invisibilisées.
01:04 Alors qu'elles sont 9 millions ! 9 millions meufs !
01:08 Vous dites que le marketing ne s'adresse pas à ces femmes, que la politique ne les
01:13 pense pas et même que les magazines féminins les réduisent à leur santé et à leur beauté.
01:17 Absolument.
01:18 Quand on nous parle, c'est pour nous demander de rester le plus longtemps possible jolie.
01:22 Donc avec des crèmes.
01:23 Voilà. Alors que franchement, ce qui compte aujourd'hui, je vous le dis, c'est mes articulations.
01:27 C'est vraiment pas le rhum.
01:29 Même si j'ai envie d'être jolie, c'est mon problème.
01:32 Et si je considère que d'avoir des rides, ça ne me rend pas moche, c'est aussi une
01:35 possibilité.
01:36 Je ne dis pas que j'assigne personne à rien.
01:37 Et je trouve ça super la chirurgie esthétique.
01:39 Mais si on choisit, si on a le récit de nous-mêmes, de ces femmes-là, de cette tranche d'âge
01:45 qui est aussi positif.
01:46 Le récit, il est uniquement privatif.
01:49 C'est un âge où on perd la séduction.
01:52 On sort du marché de la séduction.
01:53 Bon.
01:54 - Mais là, vous voyez tout en noir.
01:55 - Non, non, je ne vois pas tout en noir.
01:56 C'est le récit qui nous est fait.
01:58 Ce n'est pas moi qui le fais.
01:59 Je ne serais pas là s'il n'y avait pas besoin de raconter ce qui est positif, l'espèce
02:03 d'énergie incroyable.
02:04 Quand on voit que l'aiguille de l'horloge, elle ne tourne plus sur la droite, mais elle
02:08 tourne vers la gauche.
02:09 Il y a une espèce de gouache incroyable où on se dit tiens, on a fait ce qu'on devait
02:11 faire.
02:12 On a fait nos enfants, on a fait nos carrières, on a fait nos mariages, on a fait ceci, on
02:14 a fait cela.
02:15 On faisait un peu ce qu'on avait envie de faire nous, qui n'a pas été dans nos listes
02:20 prioritaires jusque-là.
02:21 En tout cas, certainement pas dans la génération qui est la mienne.
02:24 - Mais vous qui avez franchi le cap des 50 ans, vous avez eu le sentiment d'être bonne
02:30 à rien et jugée inutile dans le boulot par exemple ?
02:32 - Non, non, je n'ai jamais eu ce sentiment-là.
02:36 Par contre, c'est un truc de société.
02:38 Ce n'est pas une adresse personnelle.
02:40 Je ne l'ai pas vécu moi personnelle.
02:42 En l'occurrence, il se trouve qu'à 50 ans, j'ai été virée.
02:46 Et après, j'ai retrouvé du boulot.
02:49 Donc ça ne marche pas.
02:50 Mais j'ai ouvert une boîte à 50 ans.
02:53 Beaucoup de femmes font des choses disruptives à cet âge-là, justement parce qu'elles
02:58 ont la gouache et l'énergie de le faire et qu'elles ont la possibilité, le temps
03:01 et elles prennent la liberté.
03:03 C'est un âge de grande liberté.
03:04 Et c'est un âge qui n'est pas raconté comme ça.
03:06 C'est un âge qui est raconté uniquement par le privatif.
03:08 Tu es plus jolie, tu es vieille, tu ne peux plus avoir d'enfant, tu ne sers à rien,
03:12 rentre chez toi et va mourir dans le long tunnel qui t'amène en silence jusqu'à
03:16 la mort.
03:17 Non.
03:18 Justement, l'idée de votre média, mesdames, c'est de parler des femmes de 45 ans et plus,
03:22 que ce soit elles qui se racontent, plutôt qu'on les raconte à leur place sans savoir
03:26 vraiment ce qu'elles ressentent.
03:27 Absolument.
03:28 On est des filles de télé avec Alexandra, mon associée chez Mesdames Productions.
03:33 Et donc, nous, on fait de la vidéo.
03:34 Et donc, on va trouver des grandes interviews où je rencontre des femmes avec qui j'ai
03:39 envie de parler.
03:40 Il y a un format qui s'appelle "Des Cliques" où il y a des filles qui, à 50 ans, ont
03:44 changé quelque chose dans leur vie parce qu'elles avaient 50 ans.
03:47 Donc, à 50 ans, on peut arrêter d'être journaliste et ouvrir un restaurant au Portugal.
03:53 Vous adressez à moi ?
03:54 Allez-y, essayez.
03:55 On a une amie commune qui a fait ça et qui est très heureuse.
03:58 À 50 ans, je pense à Aline Le Guluche qui a été illettrée toute sa vie.
04:03 À 50 ans, elle a dit "ça suffit.
04:04 J'apprends à lire".
04:05 Aujourd'hui, elle est ambassatrice contre l'illettrisme chez Lancôme.
04:08 À 50 ans, on peut être très mal à l'aise dans son corps et tout d'un coup rencontrer
04:12 quelqu'un et se dire "j'ai envie de dépasser ça" et tout d'un coup devenir championne
04:16 d'haltérophilie européenne.
04:18 Muriel Hermine, elle a gagné un titre auquel elle tenait énormément, un titre mondial,
04:25 à 50 ans.
04:26 Parce qu'elle avait 50 ans.
04:27 C'est un âge de possible.
04:28 On a l'impression en vous écoutant que tout est possible à 50 ans.
04:32 C'est un très beau discours mais on est plus fatigué qu'à 25 ans.
04:36 Il y a aussi des inconvénients à avoir cet âge-là.
04:38 Bien sûr.
04:39 Moi, je ne dis pas que j'ai 25 ans.
04:41 D'ailleurs, je ne prétends pas être jeune.
04:43 Je dis juste que je ne suis pas encore très vieille et que je ne peux pas rester vieille
04:46 pendant 40 ans jusqu'à ma mort.
04:47 C'est 88,5, l'âge moyen de la mort des femmes.
04:51 Et encore, ça c'est un âge moyen.
04:52 Donc on va vivre jusqu'à 90-100 ans.
04:54 Je ne peux pas rester vieille 50 ans, les mecs.
04:56 Ce n'est pas raisonnable.
04:57 Il y a un âge entre deux.
04:59 Il y a ce moment-là.
05:00 Forestier en parle.
05:01 Elle dit que c'est l'adolescence avec la carte bleue.
05:04 Moi, je pense que c'est l'adolescence avec un cerveau.
05:06 Et oui, on a moins la patate qu'à 25 ans.
05:08 Mais d'abord, il en reste de la patate.
05:10 On n'en a pas 90.
05:11 Et ensuite, on sait mesurer notre énergie.
05:13 On sait où la placer exactement.
05:15 L'expérience.
05:16 L'expérience.
05:17 Ce média parle des femmes de 45 ans et plus.
05:19 Mais est-ce qu'il s'adresse uniquement à elles ? Je n'ai pas l'impression.
05:22 Au début, on pensait s'adresser uniquement à ces 9 millions de femmes.
05:25 Et chemin faisant, ça fait un an, un an et demi qu'on travaille avec Alex.
05:27 Et chemin faisant, on s'est rendu compte que les filles de 35-40, elles avaient très
05:31 envie de savoir ce qu'allait se passer.
05:32 Cette fameuse ménopause, cette périménopause, les bouffées de chaleur et tout ce qui reste
05:36 après.
05:37 Et du coup, on parle de ces femmes-là, mais à tout le monde.
05:40 Et aux hommes aussi, peut-être ?
05:42 Mais en fait, c'est exactement…
05:44 Moi, c'est un bijou pour moi parce qu'il y a 20 ans, un peu plus de 20 ans, je faisais
05:48 les maternelles et je désassignais les femmes au bonheur BA d'avoir enfanté.
05:54 Non, ça n'est pas vrai pour tout le monde.
05:55 C'est fait, c'est dit.
05:57 Et maintenant, je veux désassigner les femmes à la mort sociale prématurée parce qu'elles
06:01 n'ont plus leurs règles.
06:02 Ça suffit de nous considérer uniquement autour de nos utérus et de nos ovaires.
06:06 Je vous assure qu'au-dessus, moi, il y a un cerveau et en dessous, il y a des jambes.
06:10 Ça va, on peut parler d'autres choses.
06:12 Ça coûte cher, Maïtena, de lancer Oméa ?
06:14 Ça coûte beaucoup d'argent, mais c'est nous qui l'avons.
06:16 On le finance en fonds propres parce qu'on est des meufs complètement cinglées.
06:20 Mais on s'en fout, on est des punks avec Alex.
06:24 Est-ce que vous auriez pu le faire sans les 3,5 millions d'euros que vous a versé Canal
06:28 parce qu'il vous a licenciée sans cause réelle et sérieuse, comme l'a jugé la Cour de Cassation ?
06:33 Alors, oui, parce que je n'ai pas mis...
06:36 D'abord, ces 3,5 millions, c'était du salaire.
06:39 Donc, ça n'est pas ce que j'ai touché loin de là, même si j'ai touché beaucoup d'argent.
06:43 Et j'en suis absolument ravie.
06:44 J'ai pu acheter une maison.
06:45 Elle est très belle, je vous remercie.
06:47 Et ça n'a rien à voir avec mon travail.
06:48 Vous n'avez pas lancé ce média grâce à ça ?
06:50 Non, on a mis de l'argent dans notre société, Alex et moi.
06:53 Oui, alors certainement, la mise de fonds dans notre société, elle est...
06:57 Mais je l'aurais eue sans les prud'hommes.
06:59 Non, je n'ai besoin de personne pour monter une boîte, merci.
07:02 Et est-ce que ce conflit vous a fermé les portes de la télé ?
07:04 Ah non, je ne crois pas.
07:06 Ah non.
07:07 Elle vous étonne, ma question ?
07:08 Non, non, non, elle m'a fermé les portes de Canal+.
07:11 Vous pourriez revenir à la tête...
07:13 Vous êtes revenue chez LCP, mais est-ce que vous pourriez revenir à la tête d'une émission,
07:17 d'un talk show ?
07:18 Est-ce qu'il est possiblement acceptable que je n'en ai pas envie ?
07:22 C'est possible.
07:23 C'est pour ça que je vous pose la question de manière ouverte.
07:24 Je n'en ai pas envie.
07:25 Vraiment pas.
07:26 J'ai ouvert une boîte, on fait de la fiction.
07:29 Là, le 20 mai, le 2 mai, on lance un média digital.
07:32 Le 20 mai, on commence une série de fiction sur la mort qui va être diffusée sur OCS.
07:36 On fait plein de choses passionnantes et réjouissantes et heureuses.
07:41 On se réjouit pour vous.
07:42 Merci d'être venue, Maïtena Béhavent.
07:44 Merci.
07:45 Le Média Numérique "Mesdames" de Maïtena Béhavent sera donc lancé jeudi.
07:48 Merci à toutes les deux.

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