• il y a 8 mois
Découvrez le Cyclisme sur piste avec Mathilde Gros. Au programme, explication de la discipline et interview de Mathilde Gros qui a un seul objectif cette année : être championne olympique à Paris cet été !

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Sport
Transcription
00:00 1, 2, 1, 2, 1, 2, 1, 2, 3.
00:02 (musique)
00:03 - Bonjour, Majamah Mukonjo. - Bonjour, Vanessa.
00:05 - Ça va ? - Benji.
00:07 - Ah, Benji. Oui, c'est lui.
00:09 (rires)
00:10 Y a Pipo Jeunin qui est en train de faire ses essais
00:12 et qu'on entend en plateau, c'est très drôle.
00:14 Génération 2024, aujourd'hui consacrée au cyclisme sur piste,
00:18 avant de parler de la rencontre entre Naples et Ice Rom,
00:21 et Philippe Jeunin, donc, qui nous attend en cabine,
00:23 actuellement et en longtemps.
00:25 Les épreuves se tiendront du 5 au 11 août
00:28 au Vélodrome national de 50 ans en Nivelle-Unie.
00:31 Parmi les chances de médaille, y a Mathilde Gros.
00:33 Si elle n'est pas qualifiée en vitesse par équipe,
00:36 la Provençale peut espérer briller en individuelle.
00:39 Elle a signé une belle performance en s'imposant il y a 15 jours
00:42 lors de la dernière étape de la Coupe des Nations
00:45 à Milton, au Canada, en piste.
00:47 C'est un reportage signé Alex Carré, Mehdi Vieville
00:50 et Steven Le Diagore.
00:51 (musique)
00:54 - Je m'appelle Mathilde Gros, j'ai 24 ans
00:57 et je pratique le cyclisme sur piste.
00:59 Ma discipline, c'est donc le sprint.
01:03 Vivre des Jeux olympiques, déjà, c'est rare.
01:06 Vivre des Jeux olympiques à la maison,
01:09 c'est incroyable, la chance que j'ai.
01:11 Moi aussi, je veux être championne olympique, quoi.
01:16 (musique)
01:25 - 5, 4, 3, 2, 1...
01:29 Hop ! Allez, allez, allez !
01:31 (musique)
01:39 - Ses premiers coups de pédale dans un vélodrome,
01:42 Mathilde Gros les a donnés il y a 10 ans, à l'adolescence,
01:45 car avant, c'est sur les parquets qu'elle préférait jouer.
01:48 (sifflement)
01:50 - J'ai commencé à l'âge de 3 ans le basket,
01:53 dans un petit club qui s'appelle PSB 13,
01:56 à Saint-Mont-de-Provence, car j'étais très grande pour mon âge
01:59 et mon père voulait qu'on fasse un sport individuel et collectif.
02:03 Donc il m'avait mis à la danse et au basket.
02:06 Et j'ai complètement adoré dès le début
02:10 et j'en ai fait jusqu'à mes 14 ans.
02:12 - Plutôt douée avec le ballon orange,
02:14 elle intègre à l'âge de 12 ans le Pôle espoir basket d'Aix-en-Provence,
02:18 avant que son destin ne bascule.
02:20 (musique)
02:22 - Lors de ma 2e année, l'entraîneur de basket m'a fait essayer un "wet bike",
02:27 histoire de changer l'entraînement et de faire des choses différentes.
02:32 Et il se trouve que j'ai fait des données impressionnantes pour mon âge
02:36 et du fait que je ne faisais absolument pas de vélo.
02:38 - Des aptitudes très vite repérées
02:41 par l'entraîneur du Pôle France BMX présent ce jour-là.
02:45 L'occasion est trop belle. Informée,
02:47 la Fédération française de cyclisme voit en Mathilde un énorme potentiel
02:51 et propose un essai au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.
02:55 - Mes parents ont été appelés 2 mois après,
02:58 en pensant que c'était un canular au début,
03:00 mais après, je leur ai dit que j'avais essayé un vélo,
03:04 mais bon, j'y crois pas trop, mais bon, voilà.
03:07 Et du coup, ils m'ont fait venir une semaine ici
03:10 pour me faire découvrir le cyclisme sur piste,
03:13 me faire essayer la piste, donc j'ai essayé.
03:15 (musique)
03:17 (bruit de moteur)
03:20 Premier jour que je suis arrivée à l'INSEP,
03:22 c'était le 1er septembre, je suis tombée,
03:25 premier entraînement, la honte, il y avait toute l'équipe de France.
03:28 Et je suis tombée, j'ai fini à l'hôpital,
03:30 mon père venait de me déposer avec ma mère la veille,
03:33 il repartait dans le sud, l'entraîneur l'appelle,
03:35 "Bonsoir", il était 22h, "on est à l'hôpital, tout va bien,
03:38 "mais est-ce que vous donnez l'accord pour une opération ?"
03:41 Je me disais, "mais ils vont se dire, mais qu'est-ce qu'on a fait ?"
03:44 Et ils se sont dit, "mais où est-ce qu'on l'a laissée ?"
03:47 C'est peut-être trop gros, tout ça.
03:49 Donc ça, première compétition parisienne à l'INSEP,
03:52 1er janvier, je me casse la figure en 2 minutes de chute,
03:56 en 2 minutes, c'était du jamais vu.
03:57 J'ai dit, "mais j'abandonne, c'est nul, ce sport,
04:00 "on est tout le temps par terre, ça fait mal."
04:02 Je préfère le parquet du basket, c'est plus tranquille,
04:05 et plus sécure, enfin, voilà, beaucoup plus sécure.
04:08 Mes parents ont vécu énormément de choses,
04:10 et c'était pas facile.
04:12 -Mais c'est dans la difficulté que Mathilde va se construire,
04:16 car elle peut compter sur le soutien de sa famille,
04:18 et plus particulièrement de son papa,
04:20 un pilier déterminant pour la suite de sa carrière.
04:23 -C'est vrai qu'avec mon père,
04:27 quand j'étais au basket, quand j'étais plus jeune,
04:30 la relation était beaucoup plus...
04:32 complexe, dans le sens, on s'engueulait tout le temps.
04:37 On se prenait tout le temps la tête, parce que lui, il me disait,
04:39 "tu peux y arriver." Moi, je lui disais, "mais non, c'est bon."
04:44 En fait, je me rabaissais tout le temps, je me sous-estimais tout le temps,
04:46 et lui, il était tout le temps à vouloir me pousser plus,
04:47 et moi, je lui disais, "mais arrête !"
04:49 Je me blessais énormément, j'étais pas sélectionnée
04:51 là où je voulais être, en équipe de France et tout,
04:53 et je lui disais, "regarde, pourquoi elle est sélectionnée
04:55 alors qu'elle travaille moins que moi ?"
04:57 À partir du moment où j'ai dit oui pour switcher du basket au vélo,
05:00 il m'a pas lâchée,
05:03 et tous les jours, il me disait, "non, mais travaille, travaille,
05:06 travaille, travaille, travaille."
05:07 Parce que même si t'as, il me disait,
05:08 même si t'as peut-être 1 % de talent qui t'ont sélectionné,
05:12 c'est pas ça qui va faire que tu seras championne olympique.
05:13 L'ambition olympique naît chez Mathilde un soir de 2012
05:17 avec la médaille d'argent des braqueuses à Londres.
05:19 C'est son premier grand souvenir des Jeux.
05:21 Elle n'a que 13 ans, mais s'y voit déjà.
05:23 À chaque fois, sur les trois semaines, c'était, on se lève,
05:26 on met la télé et on regarde quel sport,
05:27 est-ce qu'il y a des Français, est-ce qu'il y a des Françaises ?
05:30 Et en fait, cette émotion que j'ai vécue à travers la télé,
05:34 j'ai dit à mon père, "mais papa, moi aussi, je veux faire les Jeux,
05:36 dans n'importe quel sport, je m'en fous,
05:38 mais moi aussi, je veux être championne olympique."
05:40 C'est donc sur un vélo que Mathilde Gros va se donner les moyens
05:43 de ses ambitions et c'est à toute vitesse qu'elle va franchir les étapes.
05:47 Chez les juniors, entre 2015 et 2017, elle rafle tout.
05:51 Cette spécialiste du sprint devient championne de France,
05:55 d'Europe et du monde dans trois disciplines,
05:57 le 500 m, le kérin et la vitesse.
06:01 (...)
06:15 Elle confirme les années suivantes avec des podiums chez les seniors,
06:19 dont deux titres européens sur l'épreuve de kérin.
06:22 En 2021, à Tokyo, elle va vivre ses premiers Jeux.
06:25 Son rêve se concrétise.
06:26 Elle est une vraie chance de médaille pour la France,
06:29 mais cette première expérience olympique vire au cauchemar.
06:32 "Et en fait, j'ai complètement coulé dès la première épreuve.
06:36 Mais moi, je me suis pas reconnue, c'est ce que je disais.
06:39 Je me voyais, en fait.
06:41 C'est-à-dire que vraiment, j'étais pas dans mon corps
06:43 au moment du quart de finale de kérin.
06:46 J'étais complètement détachée, je subissais la pression,
06:48 c'était horrible.
06:49 Et du coup, le lendemain, il restait que la vitesse individuelle
06:52 et j'ai vécu une grosse désillusion.
06:53 Voilà, j'avais pas assez travaillé la vitesse, la tactique, etc.
06:57 Et la confiance en soi aussi, tout simplement.
06:59 Et en fait, je me fais sortir en repêchage du huitième.
07:02 Donc grosse, grosse, grosse, grosse désillusion.
07:05 La plus dure, je pense, de ma carrière et je pense de ma vie entière.
07:08 Et j'ai été marquée au fer rouge.
07:10 Je suis morte, quoi. Après Tokyo, j'étais morte.
07:14 Enfin, j'avais plus rien dans mon...
07:16 Plus d'âme, plus d'envie, plus de trucs, quoi.
07:18 Je voulais plus du tout entendre parler de cyclisme, de sport,
07:21 de plus rien.
07:22 Donc je suis partie en vacances avec mes parents.
07:24 J'ai dit, on n'en parle pas.
07:26 Je veux que personne n'en parle.
07:27 On fait comme si ça s'était rien passé.
07:29 On m'a remise en selle assez rapidement
07:32 parce qu'il y avait les championnats du monde à la maison à Roubaix
07:34 deux mois après.
07:36 Je voulais pas les faire.
07:37 Je...
07:38 En fait, limite, je m'étais dit,
07:41 mais le fait qu'il se passe un truc que je fasse pas...
07:44 Je participe pas, quoi, parce que c'est pas possible.
07:47 Bien sûr, je me fais éliminer.
07:49 Ça se passe pas du tout comme prévu.
07:50 J'ai dit, j'arrête le vélo, j'arrête.
07:52 C'est pas pour moi.
07:54 C'est parce que j'ai pas commencé pour ça, en fait, de base.
07:57 Donc non, c'est pas possible.
07:59 2022 sera l'année de la renaissance pour la jeune Pistarde.
08:03 Après s'être passée à l'US Créteil en région parisienne,
08:06 elle décide de changer de club et de se rapprocher de sa famille
08:10 en signant à Salon de Provence,
08:11 bien décidée à relever la tête et se remettre en piste.
08:14 J'ai pris une préparatrice mentale, un psychologue.
08:20 On a eu un nouvel entraîneur.
08:22 Je suis arrivée avec ce que je voulais, ce que je voulais plus.
08:26 Et j'ai dit, OK, maintenant, c'est mon projet.
08:28 C'est moi qui suis sur la piste, c'est moi qui décide.
08:29 À la fin, à Tokyo, y avait que moi.
08:31 J'étais toute seule pour pleurer.
08:32 Et du coup, je suis arrivée avec mon projet, tout en main.
08:35 1er janvier 2022, Grégory Bauger a été nommé entraîneur.
08:38 Donc, en fait, ça a concordé avec un peu tout.
08:40 Nouveau livre, nouvelle page, nouvelle vie.
08:43 Et c'est parti.
08:44 La jeune femme retrouve le sourire avant de connaître la consécration.
08:49 Octobre 2022, dans le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines,
08:52 Mathilde devient championne du monde de vitesse devant son public.
08:56 23 ans que la France n'avait plus remporté ce titre chez les femmes.
09:00 Je pense que, de toute façon, même quand je le raconte,
09:02 pour moi, les mots, ils résonnent, puissance 10 000 dans ma tête.
09:05 Maintenant, c'était juste une journée...
09:07 incroyable, magnifique, énormissime.
09:11 Tout ce que vous voulez, tous les adjectifs,
09:12 mais qui restera, je pense, la plus belle journée de ma vie,
09:16 en fait, et de ma carrière, ça, c'est sûr.
09:19 Je revois encore même, là, ma famille dans les tribunes
09:21 quand je crie, quand je hurle à la fin, en fait,
09:25 parce que je me dis, purée, mais...
09:27 il y a six mois en arrière, t'étais au placard, quoi.
09:30 C'est super, ouais, c'est vraiment un moment,
09:35 quand j'y repense, un moment unique,
09:37 de souhaiter pour mes athlètes.
09:40 Deux, on s'est devenus championnes du monde,
09:43 championnes du monde.
09:44 Ouais, c'est super, bon.
09:46 Dans le vélodrome des Jeux olympiques,
09:49 que du bonheur, vraiment que du bonheur.
09:50 C'est un moment inoubliable et j'espère qu'en tout cas,
09:53 on va se nourrir de ça pour pouvoir être la meilleure en 2024.
09:57 Dans trois mois, c'est dans ce même vélodrome
10:00 que la Française aimerait revivre ses émotions.
10:03 Disputer les Jeux olympiques à la maison
10:05 est forcément un avantage.
10:07 Vu qu'on connaît la piste, c'est la même odeur,
10:14 c'est tout est pareil,
10:15 on se sent en sécurité.
10:16 On connaît les couloirs, on connaît les vestiaires,
10:19 on connaît la lumière, la luminosité,
10:21 donc on sera chez nous.
10:22 Et ça, c'est pour moi quelque chose de plus que positif
10:25 pour les Jeux.
10:26 Ce qui m'intéresse beaucoup dans la performance,
10:34 bien sûr, il y a le côté technique,
10:36 entraînement, préparation,
10:37 mais c'est le côté humain, finalement.
10:40 La performance sur une finale, le jour des Jeux,
10:44 elle se joue là-dessus.
10:45 La relation entraîneur-entraîné,
10:47 les Jeux, parfois, représentent plus qu'un championnat du monde.
10:50 C'est une personne qui a faim,
11:00 qui sait ce qu'elle veut.
11:02 Elle a les moyens de devenir, en tout cas, la meilleure
11:05 sur l'objectif qu'est les Jeux olympiques.
11:07 Donc nous, on prépare les équipes,
11:10 donc les athlètes, mais aussi les staffs,
11:12 à être très, très bons ce jour-là.
11:41 Ah ben là, mais même un quart de ce qu'elle a,
11:44 moi, c'est sûr que je prends.
11:45 Franchement, c'est une très, très grande championne,
11:48 avec...
11:50 Elle est super humble,
11:51 et j'ai de la chance de l'avoir aussi à mes côtés
11:55 pour aller chercher ce sacre olympique.
11:57 *musique*

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