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00:00Elle ne portera pas la flamme mais elle participera peut-être au relais des Jeux Olympiques, c'est Ayodele Hikwesang, bonsoir.
00:08Vous nous faites l'honneur ce soir d'être sur le plateau de France 24, vous êtes une athlète française, vice-championne d'Europe du relais 4x100m,
00:15finaliste européenne au 100m, vous avez déjà participé aux Jeux de Pékin en 2008 et aux Jeux de Londres en 2012.
00:22Votre particularité c'est qu'après avoir raccroché les pointes pendant plusieurs années, en 2018 précisément, vous avez décidé de reprendre du service après 5 ans d'arrêt.
00:33Vous avez 38 ans, vous avez donné naissance à deux enfants et vous vous êtes donc lancé ce pari très audacieux, on peut le dire, de participer aux Jeux de Paris 2024.
00:42Comment a réagi votre entourage lorsque vous leur avez annoncé cette ambition ?
00:48Au début ils étaient un peu surpris, parce que c'est vrai que quand on sort de maternité et après aussi une longue carrière, on peut aussi se dire que j'en ai fait déjà assez.
00:59Mais je leur avais dit que je ne voulais pas arrêter après mes maternités, donc j'avais essayé à plusieurs reprises de reprendre.
01:08Donc je n'avais pas repris un haut niveau, mais j'avais continué une activité sportive.
01:12Et dans mon entourage, ils savent que je suis quand même assez déterminée, donc ils m'ont plutôt encouragée dans ce challenge.
01:19Et en tout cas, ils sont avec moi dans cette belle aventure.
01:22Et on imagine que le fait que les Jeux se tiennent à Paris, c'était une motivation supplémentaire ?
01:27Oui, une motivation supplémentaire de pouvoir courir à domicile devant mes proches.
01:31Moi je suis en plus parisienne, donc c'est vraiment à domicile.
01:35Donc ça motive d'autant plus que retrouver des intensités de haut niveau à l'entraînement, ce n'est pas quelque chose de simple.
01:43C'est une motivation nécessaire qui m'a en tout cas portée et aidée à reprendre progressivement ce chemin vers le haut niveau.
01:51Alors comment vous y êtes prise justement pour organiser cette reprise de l'entraînement, des compétitions, ça s'est passé comment ?
01:57Alors en fait, j'ai commencé déjà l'an passé où j'ai repris la compétition.
02:01Je savais que je n'étais pas prête, mais que j'avais besoin de me confronter aussi à la réalité, de savoir où j'en étais, le chemin encore à parcourir.
02:09Donc ça a été de m'entourer aussi d'entraîneurs pour reprendre progressivement avec un rythme de vie qui était un peu différent aussi de ce que je pouvais avoir à l'époque.
02:18Et de monter progressivement dans les intensités.
02:21Ça a été aussi de s'entourer d'un nutritionniste dès le mois d'août pour commencer la perte de poids.
02:26Ça a été aussi d'être entourée par un psy, un psychologue pour travailler sur le volet mental.
02:31Et donc c'est une équipe que j'ai constituée au tout début pour me lancer dans cette aventure que j'ai pu étoffer aussi au fur et à mesure
02:38pour progressivement retrouver des intensités que j'ai pu connaître par le passé.
02:43Un rythme de vie vous dites différent de celui que vous aviez avant, c'est parce que maintenant vous travaillez, vous avez des enfants ?
02:50Je travaillais déjà à l'époque, donc je raconte aussi qu'à l'époque même quand je suis vice-championne d'Europe et finaliste européenne, je travaille à temps plein à côté.
02:58Mais c'est parce qu'aujourd'hui, en plus de travailler, je suis aussi maman, j'ai des engagements à la commission des athlètes du comité olympique, j'ai des engagements aussi en tant qu'élue locale.
03:08Donc ça fait aussi beaucoup de choses, beaucoup de casquettes à gérer.
03:11Mais je travaille avec le psychologue pour aussi trouver un équilibre dans toutes ces activités.
03:18On imagine que ce choix représente beaucoup de sacrifices, lesquels exactement ?
03:22Beaucoup de sacrifices, déjà financièrement, j'ai lancé une cagnotte parce que financièrement, se lancer sur une saison comme celle-ci, c'est beaucoup de frais.
03:31A la fois sur le matériel, les déplacements, les stages, c'est beaucoup d'effets.
03:37Vous n'avez aucune aide ?
03:38Aucune aide, du coup j'ai dû aller chercher des aides en dehors, des sponsors pour financer tout ça, financer la récupération.
03:49C'est beaucoup de sacrifices parce qu'on a parlé un peu de nutrition.
03:52Quand j'ai accouché, j'accompagnais mes enfants et on passait de temps en temps à la boulangerie, donc il faut faire attention à ce qu'on mange.
03:58C'est beaucoup de sacrifices aussi parce que le rythme de vie n'est pas le même.
04:02Les séances d'entraînement sont assez intenses, donc ça veut dire qu'en fin de journée ou le week-end, la récupération est importante.
04:09En tout cas, il faut y consacrer beaucoup de temps.
04:12Et puis, c'est du temps que l'on passe moins en famille, moins avec ses proches aussi.
04:18Ils en souffrent vos enfants ? Vous les sentez mobilisés derrière vous ?
04:21Ah non, je les sens complètement mobilisés parce que je leur raconte aussi ce que je fais.
04:26Je pense qu'ils voient aussi que leur maman a des rêves et que leur maman se bat pour atteindre ses objectifs.
04:32Et donc, ils sont plutôt très mobilisés et j'essaye du mieux possible aussi de leur partager cette aventure.
04:38Là, on est à moins de trois mois des Jeux maintenant, vous en êtes où de votre préparation ?
04:42Quand est-ce que ça va commencer ? Quand est-ce que vous allez savoir si vous êtes qualifiés ou pas ?
04:46Nous, la saison d'athlétisme, en tout cas estivale, elle commence maintenant.
04:50Donc, je vais commencer les compétitions dès la semaine prochaine.
04:53Et on a jusqu'au 30 juin pour faire nos mini-MA.
04:57Et donc, ça va être des compétitions quasiment tous les week-ends avec les championnats de France fin juin
05:03pour obtenir le fameux sésame qui me permettra d'être aux Jeux Olympiques cet été.
05:08Concrètement, les mini-MA, c'est combien ?
05:10C'est 11,07.
05:11Et vous, vous en êtes à quel point ?
05:13Du coup, je vais le savoir dès la semaine prochaine.
05:17Mais ce que je sais déjà, c'est que par rapport à la saison hivernale, on a bien avancé.
05:23Je suis rentrée à nouveau dans la liste large des Jeux après cinq ans sans compétition.
05:29Donc, je suis plutôt dans une bonne dynamique.
05:32Je retrouve des repères que j'ai pu avoir lorsque j'étais finaliste européenne.
05:38Et donc, maintenant, le juge de paix, ça va être aussi les compétitions.
05:42Donc, je vais commencer les compétitions et c'est là qu'on saura où je me situe par rapport aux mini-MA.
05:47Vous visez à la fois une participation sur le 100 mètres et aussi en relais ?
05:52Exactement, le 100 mètres et le relais.
05:54Quel est le message que, finalement, vous souhaitez faire passer en montrant qu'à 38 ans,
05:58on peut tenter une qualification pour les Jeux, être maman, être élue locale
06:03puisque, effectivement, vous êtes investie dans la mairie du 18e à Paris ?
06:07Il y a un message derrière tout ça ?
06:08Oui, il y a un message.
06:09C'est déjà de se dire qu'il faut arrêter sa carrière quand on le décide
06:13et il ne faut pas l'arrêter parce qu'on vous incite à le faire
06:17et que c'est important de s'écouter soi.
06:19Moi, avant de reprendre cette saison, je me suis quand même posé des questions
06:23pour savoir si, mentalement, j'étais disponible pour me lancer dans cette aventure-là,
06:26si, physiquement, le corps répondait.
06:28Et aujourd'hui, je suis quand même agréablement surprise de pouvoir retrouver des max en musculation
06:33que je n'avais pas soulevés depuis 10-15 ans.
06:36Donc, ça veut aussi dire que, parfois, on peut aussi se censurer soi-même
06:40parce qu'on se dit que, à l'âge avançant, on n'est plus capable de faire certaines choses.
06:44Et, en fait, moi, dans cette aventure, je redécouvre qu'en fait,
06:47je suis aussi encore capable de faire beaucoup de choses.
06:49Et je trouve que c'est important aussi de s'écouter soi,
06:52même si, parfois, le pari peut paraître complètement fou au départ.
06:56On vous souhaite que ce pari fou réussisse.
06:58Merci beaucoup. C'était un plaisir à Yodélé Hikouessan pour recevoir sur le plateau de France 24.