Albert Corrieri, centenaire et ancien déporté, portera la flamme olympique à Marseille. Il est le doyen des porteurs de la torche pour les Jeux de Paris.
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00:00 Justement, Cap sur Marseille à présent à trois mois de l'ouverture des Jeux de Paris 2024.
00:05 Le Bélème, magnifique trois mâts, a largué les Amars ce matin dans le port grec du Pyrée
00:10 avec à son bord la flamme olympique attendue triomphalement le 8 mai dans la cité phocéenne.
00:16 Le nageur Florent Manoudou quadruple médaillé olympique sera le premier relayeur de la flamme sur le sol français.
00:22 Et le lendemain, le 9 mai, débutera le relais olympique dans Marseille.
00:27 L'un des porteurs nous accorde ce soir une interview, que dis-je, le doyen des porteurs.
00:33 Bonsoir Albert Corriéry, merci infiniment d'être avec nous.
00:38 Dans douze jours, vous porterez donc la flamme olympique à Marseille où vous êtes né le 28 mai 1922,
00:47 il y a donc bientôt 102 ans.
00:50 Quand vous pensez à ce moment, quand vous l'imaginez, que ressentez-vous ?
00:54 C'est un bonheur énorme pour moi, ça vous vous rendez compte ?
00:58 Sachant que c'est une grande surprise, parce que je ne le savais pas, je n'étais au courant de rien.
01:03 Comment ça va se passer ?
01:06 Ben non, je ne vois pas du tout, c'est la première fois que je vais le faire.
01:12 Je ne l'ai jamais vu, je vous dirai la franche vérité, c'est la première fois que je vais voir comment ça va se passer.
01:21 Et j'en suis très fier.
01:23 C'est un peu un cadeau d'anniversaire en avance, quand les JO débuteront, vous aurez 102 ans.
01:29 Eh bien voilà, j'avais tout dit, c'est exact.
01:32 J'aurai 102 ans, oui monsieur.
01:35 Ça représente quoi pour vous les Jeux olympiques ?
01:39 Ah ben écoutez, c'est énorme ça, que la France, enfin la France, que Marseille,
01:47 reçoivent la coupe de la flamme olympique à Marseille, c'est très beau.
01:53 C'est très beau, c'est une chose qu'on n'oubliera jamais.
01:56 Les Marseillais, je pense qu'ils le garderont longtemps en mémoire, ça.
02:00 Parce que la voie en Marseille, et surtout, porter la flamme olympique,
02:06 c'est une chose que je n'imaginais jamais.
02:09 On me l'aurait dit, je n'aurais pas cru, mais voyez, c'est arrivé, comme tout arrive dans la vie.
02:14 On pense aussi, Albert, on pense aussi bien sûr à ce que cela doit représenter
02:20 au regard de votre histoire personnelle.
02:22 Est-ce que vous pouvez expliquer aux téléspectateurs de BFMTV
02:26 ce que vous avez vécu à l'âge de 20 ans ?
02:29 Oh là là, écoutez, ça serait trop long de vous l'expliquer,
02:33 mais j'aimerais bien me faire un reportage de ça.
02:36 Parce qu'à l'âge de 21 ans, c'était ma plus belle...
02:40 Enfin, c'est le plus beau moment de ma jeunesse, ça.
02:44 À 20 ans, 21 ans, jusqu'à 25 ans, c'est une belle jeunesse que l'on passe.
02:49 Mais moi, elle a été détruite, ma jeunesse.
02:52 Elle a été détruite par le départ en Allemagne,
02:55 où j'ai été obligé de faire 25 mois de travail obligatoire.
02:59 J'aimerais bien en parler de ça, justement, puisque vous m'en parlez.
03:03 Moi, j'aimerais bien en développer tout ce que j'ai passé.
03:07 Vous êtes un rescapé de la rafle du Vieux-Port,
03:11 cet endroit où, 81 ans plus tard, la flamme olympique va arriver en provenance d'Athènes.
03:17 Quel symbole, tout de même ?
03:19 Un symbole, exactement. Vous vous rendez compte, un peu ?
03:23 Ça fait 80 ans, ça.
03:25 Et bien voilà, il y a eu du malheur,
03:27 et maintenant, on nous prouve un peu de bonheur avec la flamme.
03:30 81 ans plus tard, porter la flamme olympique, c'est un symbole fort, évidemment,
03:36 de transmission aussi des valeurs auxquelles vous croyez,
03:40 des valeurs olympiques, d'ailleurs.
03:42 Bien sûr, monsieur. Bien sûr, les valeurs olympiques, c'est beau, ça.
03:48 Bon, moi, je n'ai pas été un grand sportif.
03:51 Moi, je ne suis qu'un joueur de boule.
03:53 Et puis, j'ai été dans la boxe, depuis l'âge de 17 ans, je suis dans la boxe.
03:59 Je fréquente toutes les salles.
04:02 J'ai fait un peu de la salle en étant jeune.
04:06 Et là, maintenant, je me réserve pour aller voir les matchs de boxe.
04:12 Je suis très passionné pour ça.
04:14 Qu'est-ce qui, aujourd'hui, vous permet de garder la forme ?
04:17 Vous qui avez 101 ans, bientôt 102.
04:19 Écoutez, je ne sais pas, je ne peux pas vous dire,
04:23 parce que garder la forme à 101 ans, c'est une donne de Dieu, ça.
04:27 Voilà, j'en profite au maximum.
04:31 Voilà, mais voilà.
04:33 J'ai mes enfants autour de moi.
04:35 Ils m'appellent, je ne suis pas le délaissé.
04:37 Bon, j'ai perdu mon épouse il y a un an et demi.
04:41 Donc, je reste tout seul, maintenant.
04:43 Mais enfin, avec le soutien de mes enfants, je continue ma vie.
04:49 J'imagine à quel point vous penserez à votre épouse le 9 mai.
04:56 Mais bien sûr que j'y pense.
04:58 Mais je n'ai pas besoin d'attendre le 9 mai pour y penser, croyez-moi.
05:02 C'est ce jour-là même qu'on y pense, à ça, malheureusement.
05:06 J'ai la photo derrière moi, et j'ai tenu à ce qu'on la voit, justement.
05:10 Voilà, parce que quand on a aimé une femme,
05:14 on est toujours avec le souci de toujours garder la mémoire
05:19 des bonnes années qu'on a passées ensemble.
05:22 J'ai 70 ans de vie commune avec ma femme.
05:26 - Franchement, c'est une belle déclaration d'amour que vous lui faites ce soir.
05:30 Quelles épreuves, Albert, vous intéressent le plus pendant ces Jeux olympiques en France ?
05:36 - Écoutez, moi, comme j'aime le sport, tout m'intéresse, finalement.
05:40 Je vais être attentionné à tout ce qui va se passer.
05:44 - Vous allez venir à Paris pour voir des épreuves ou pas ?
05:50 - Si je vais à Paris, si vous me payez le voyage, je vais voulontiers.
05:54 - Vous n'avez pas eu de place.
05:56 - Ma voix ! Comment ?
05:59 - Vous n'avez pas eu de place ou acheté de place pour des épreuves ?
06:03 - Ah non, non, non, non, non, non, non.
06:05 Malheureusement, je dis la vérité, je n'ai pas les moyens d'aller à Paris
06:09 pour aller regarder le sport, malheureusement.
06:12 Si on m'y avait invité, je serais allé volontiers.
06:15 - Merci infiniment, Albert Corrieri, d'avoir été avec nous.
06:19 Bien sûr, on suivra votre périple festif le 9 mai à Marseille.
06:24 Merci encore.
06:26 - Je vous remercie, monsieur.