Tout le monde se prépare à accueillir (et participer) aux Jeux olympiques, y compris des institutions qui n’ont rien à voir avec le sport. C’est le cas du musée du Louvre, qui inaugure une exposition consacrée à l'olympisme ou organise des visites sportives, avec le danseur Mehdi Kerkouche. La présidente et directrice du Louvre parle même d’une “évidence”.
Le Louvre “est au cœur de Paris, qui vont accueillir les Jeux”, rappelle Laurence Des Cars. “On accueillera la flamme le 14 juillet, la cérémonie d'ouverture passera sous les fenêtres du Louvre. Les Tuileries, qui dépendent du Louvre, vont évidemment servir aussi” aux compétitions, souligne-t-elle encore. Et puis “tout simplement, on s'est plongé dans l'histoire du Louvre, on est remontés à la source de l'olympisme moderne et donc aux sources des collections du Louvre”.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
Le Louvre “est au cœur de Paris, qui vont accueillir les Jeux”, rappelle Laurence Des Cars. “On accueillera la flamme le 14 juillet, la cérémonie d'ouverture passera sous les fenêtres du Louvre. Les Tuileries, qui dépendent du Louvre, vont évidemment servir aussi” aux compétitions, souligne-t-elle encore. Et puis “tout simplement, on s'est plongé dans l'histoire du Louvre, on est remontés à la source de l'olympisme moderne et donc aux sources des collections du Louvre”.
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00:00Et dans le grand entretien de France Inter, ce matin, notre invité justement est passé
00:05du musée d'Orsay au Musée Monde, au plus grand musée du monde, le Louvre, et il va
00:11y avoir du sport et de l'art ce matin sur Inter, au moment où la flamme olympique est
00:16en route vers la France, il y a partout, vous le savez, à Paris, des institutions qui se
00:22préparent à participer aux Jeux Olympiques, et même là où on ne l'attend pas, le sport
00:28par exemple, qui s'invite au sein du Louvre avec l'inauguration d'une exposition consacrée
00:34à l'olympisme, une invention moderne, un héritage antique, on va en parler, et le
00:39musée qui accueillera également des visites sportives avec Mehdi Kerkouche dans les salles
00:45du musée, ça a commencé cette semaine, bonjour Laurence Descartes, et bienvenue,
00:50c'est assez surprenant malgré tout de voir dans un espace comme celui du Louvre une participation
00:56aux Jeux Olympiques, qu'est-ce qui vous a poussé à vouloir vous investir, investir
01:01l'institution dans cette plus grande compétition sportive au monde ?
01:06L'évidence, tout simplement, le Louvre est au cœur de Paris, qui vont accueillir les
01:12Jeux Olympiques, on accueillera la flamme le 14 juillet, la cérémonie d'ouverture
01:16passera sous les fenêtres du Louvre, vous le savez, trois stades sont installés, place
01:20de la Concorde, et les tuileries qui dépendent du Louvre vont évidemment servir aussi à
01:26ces stades, et puis tout simplement on s'est plongé dans l'histoire du Louvre, et on
01:30a compris, les trois commissaires de l'exposition consacrée à l'Olympisme m'ont proposé
01:36il y a deux ans cette histoire très originale, qui est au fond remontée à la source de
01:39l'Olympisme moderne, et donc remontée aux sources des collections du Louvre, puisque
01:43autour de Pierre de Coubertin, on s'est posé la question de la réinvention, au fond, moderne
01:49des Jeux Olympiques.
01:50Parce que c'est une invention moderne, même si elle s'inspire de l'Antique, on va en
01:54parler dans un instant, vous allez nous guider dans cette exposition.
01:56Malgré tout, quoi de commun, Laurence Descartes, entre le sport et les arts ? Un musée, c'est
02:02un lieu où on se déplace en général lentement, où l'on chuchote, à part les élèves en
02:07visite scolaire qui se font rappeler à l'ordre, c'est un anti-stade, c'est un lieu normalement
02:11où il faut le silence et le calme, le musée, le sport, c'est autre chose.
02:16Le sport c'est autre chose, alors ce que propose Médicare Couche c'est aussi autre
02:19chose, ce sont des visites sportives, mais aussi accompagnées par des coachs et des
02:23chorégraphes, Médicare Couche est un grand chorégraphe, immense chorégraphe, et qui
02:28a le sens du public, et qu'on est allé voir justement parce qu'à partir des collections
02:33du Louvre et aussi de l'ambiance de certaines salles du Louvre, il a imaginé des chorégraphies
02:39qui permettaient de se saisir aussi d'une question très importante dans un musée qui
02:42rejoint le sport, qui est la question du corps, tout simplement.
02:45La question du corps, et d'ailleurs j'invite nos auditeurs à partager leur passion pour
02:49l'art et pour le sport en vous appelant Laurence Descartes au 01 45 24 7000 ou en
02:56écrivant sur l'application de France Inter.
02:59Et Ali le disait, il n'y a pas de lien évident entre l'Olympisme et le Louvre, entre le
03:05sport et le musée, et pourtant il y a donc cette exposition, l'Olympisme, une invention
03:09moderne, un héritage antique, où vous présentez de nombreuses pièces qui parfois d'ailleurs
03:12ne sont pas venues en France, comme une coupe, une récompense, qui est là pour la première
03:18fois la coupe Bréal, et justement ce lien entre les deux, entre le Louvre et l'Olympisme,
03:22il se fait par le biais de deux hommes, Émile Gillieron et Michel Bréal.
03:26Alors expliquez-nous, qui sont ces deux hommes qui sont au cœur de l'exposition ?
03:29En fait, rappelez peut-être à nos auditeurs que nous sommes un petit peu au début des
03:34années 1890, et Pierre de Coubertin qui se pose la question de la réinvention moderne
03:39des Jeux n'est pas seul en fait, il est entouré notamment d'Émile Gillieron, de Michel Bréal.
03:45D'ailleurs il aurait été seul, peut-être que ça n'aurait pas eu lieu.
03:47Tout à fait, absolument.
03:48Ils ont été fondamentaux, et il y a tout un lien, et il faut le saluer, le lien entre
03:52Paris et Athènes à ce moment-là, entre des chercheurs, des passionnés d'histoire
03:58grecque, d'art grecque, c'est aussi une des grandes passions de la fin du XIXe siècle,
04:02et qui se mettent à rêver de la réinvention moderne des Jeux.
04:06Alors évidemment on est loin des Jeux antiques, parce que les Jeux antiques c'était des
04:09cérémonies religieuses, donc là on bascule évidemment dans autre chose à la fin du
04:14XIXe siècle.
04:15Ce qui est très amusant c'est de voir tous ces professeurs d'histoire, ces philologues,
04:20professeurs à la Sorbonne, vieux monsieur barbu, pas follement a priori sportif quand
04:24on voit leur silhouette.
04:25On voit un tableau.
04:26Oui, Michel Bréal penché sur son grimoire entouré de livres.
04:30Inventeur du marathon.
04:31Inventeur du marathon, et c'est cet homme qui invente le marathon moderne.
04:35Évidemment l'épreuve, je le rappelle, n'existe pas dans la Grèce antique, puisque
04:38la bataille de marathon c'est autre chose, mais se base sur le récit d'Hérodote et
04:42de Thucydide, pour imaginer cette course d'un peu plus de 40 kilomètres, et d'ailleurs
04:46les premiers essais ont été catastrophiques, il faut le dire, il y a eu un mort, une crise
04:51cardiaque, parce que tout simplement Michel Bréal avait un peu perdu, je pense, le climat
04:55grec à l'esprit, et la topographie aussi, et donc il y a eu un pauvre coureur qui a
05:01eu du mal, qui n'est pas arrivé à tenir la longueur du marathon.
05:05C'est une exposition où l'on découvre par exemple d'où viennent les anneaux olympiques.
05:09Est-ce que vous pouvez nous le raconter ?
05:11Dès l'entrée de l'exposition, ces anneaux que nous avons tous en tête, ils viennent
05:15tout simplement de ces récompenses qui étaient ces couronnes de lauriers que l'on posait
05:20sur la tête des vainqueurs des épreuves, et c'est bien ce cercle-là qui a été retrouvé
05:26dans l'invention moderne du drapeau olympique, et ça l'exposition le montre et l'explique
05:30très bien.
05:31Et donc on crée une espèce de marketing des JO, une imagerie en quelque sorte ?
05:34Exactement, on invente l'iconographie, l'image moderne, l'imagerie moderne des JO, elle
05:39est inventée à partir de 1896, des timbres, des affiches, des trophées.
05:44Et une archéologie du geste, c'est-à-dire qu'on va chercher dans la statuaire antique
05:50comment les sportifs vont se comporter ?
05:51Absolument, c'est là que le lien avec les collections du Louvre est extrêmement direct
05:54parce que tous ces connaisseurs de la Grâce antique regardent les vases grecs, les sculptures,
06:01et on décompose le geste, et on est à l'époque de la chronophotographie, pensez à Jules
06:05Marais, notamment, Jules-Étienne Marais, on montre quelques images de Marais dans l'exposition,
06:10et on essaye de retrouver le pose du lancé de disques, du lancé de javelots.
06:14Ce n'est pas les plus efficaces en fait ?
06:16Ce n'est pas les plus efficaces parce qu'on s'aperçoit quelques fois que les poses,
06:18en fait, on ne tient pas la pose, donc on corrige, on ne sait pas comment commencer
06:22une course.
06:23Il y a une photo très amusante où on voit que les coureurs ne savent pas comment se
06:28positionner sur la piste, et c'est le coureur américain qui est le plus proche du point
06:33de départ actuel de la course olympique, donc on tâtonne, on tâtonne littéralement.
06:37Et il y a une forme d'archéologie du geste dont vous racontez l'histoire, et ça c'est
06:43absolument passionnant.
06:44Il y a véritablement l'invention d'une tradition, c'est-à-dire qu'on a l'impression
06:48que les Jeux Olympiques c'est continu depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, mais c'est
06:53aussi une histoire de récits politiques.
06:55Vous insistez sur la date, 1936, ces Jeux, à Berlin, pourquoi ?
06:59Oui, parce qu'on s'arrête en 1924 aux Jeux de Paris, et on ne fait qu'esquisser,
07:05parce que l'histoire des Jeux au XXe siècle c'est un sujet en soi, mais oui, très très
07:09vite il y a, vous le savez, une récupération politique des Jeux Olympiques, avec évidemment
07:15les Jeux de Berlin qui sont restés dans l'histoire, pour un premier face-à-face dans les conditions
07:22que l'on connaît.
07:23Et oui, on aborde cette face plus sombre des Jeux Olympiques, on aborde aussi la place
07:28des femmes, qui ne faisaient pas partie de l'histoire au départ, et qui n'en faisaient
07:32pas vraiment partie non plus dans l'Antiquité, elles avaient leurs Jeux à part, c'était
07:37Hera qui était célébrée, évidemment, et ça je pense que c'est important, on essaye
07:42de montrer que ça n'est pas un récit parfait, loin de là, dès le départ il y a évidemment
07:49des failles, et des failles qui se révéleront au cours du XXe siècle.
07:53Vous montrez même que Pierre de Coubertin, en excluant d'emblée les femmes de l'Olympisme,
07:58s'est trompé, il n'a pas respecté l'esprit antique, il y avait des femmes qui comprenaient.
08:01Il y avait des femmes, il y avait des Jeux différents, des Jeux des Hommes, mais il
08:04y avait des Jeux féminins.
08:05Elles faisaient du sport.
08:06Absolument, elles faisaient du sport, et on montre d'ailleurs deux petites sculptures
08:10qui montrent des petites coureuses antiques, avec une ravissante tenue, une petite jupette
08:18qui permettait de courir, mais c'est quand même fascinant de voir que les femmes pratiquaient
08:23le sport de l'antique.
08:24Il y a quelque chose de drôle, c'est que dans le catalogue de l'exposition, on trouve
08:27la Vénus de Milo.
08:28Alors, je ne sais pas ce que la Vénus de Milo vient faire au milieu de ces…
08:32Oui, alors elle est moins sportive la Vénus de Milo, mais la Vénus de Milo, elle est
08:37très importante dans l'imaginaire collectif et dans ce lien entre la Grèce et la France
08:41au XIXe siècle.
08:42On va parler évidemment du Louvre Musée Monde, vous avez dirigé le Louvre Abu Dhabi, vous
08:49êtes quelqu'un qui a énormément apporté de modernité dans ces musées, dans ces espaces
08:55quasi sacrés, vous êtes là, et on ne peut pas, puisque vous êtes la gardienne du chef-d'œuvre
09:01le plus célèbre au monde, ne pas vous interroger sur la Joconde, la Joconde qui revient dans
09:07l'actualité, la Joconde qui, encore une fois, c'est l'éternel retour de la même
09:12question.
09:13Encore une fois, mérite-t-elle d'avoir une salle à elle, Laurence Descartes ?
09:19Alors, en ce qui me concerne, c'est oui, je pense que c'est oui pour beaucoup de gens,
09:23et nous y réfléchissons, et la presse en effet l'écho ces derniers jours, je crois
09:28que oui, il faut poser la question de la présentation de la Joconde, nous n'accueillons pas bien
09:34aujourd'hui, en tout cas pas dans des conditions optimales, les visiteurs qui veulent voir
09:38la Joconde, mais c'est la moins pire des solutions pour l'instant, dans l'état
09:42actuel.
09:43Combien de visiteurs par an pour aller voir la Joconde, c'est fascinant ?
09:45C'est fascinant parce que c'est 80% des visiteurs du Louvre, alors si vous êtes dans les chiffres
09:50de l'année dernière, c'est 80% de pratiquement 9 millions de visiteurs, donc vous voyez que
09:55c'est plus de 20 000 visiteurs qui voient tous les jours la Joconde.
09:59Mais alors pourquoi, enfin ils voient surtout une forêt de selfies et de téléphones portables,
10:04mais pourquoi est-ce qu'on se dit que c'est une expérience déceptive ?
10:08C'est paradoxal !
10:09Ça, il faut le demander aux visiteurs, mais c'est une question intéressante.
10:11Alors après, c'est une icône et par définition, quand vous êtes face à une sorte de fantasme
10:17collectif, il peut y avoir toujours un effet déceptif, donc ça, je ne rentrerai pas dans
10:21la psychologie du fantasme, mais en revanche, je crois vraiment qu'il faut réfléchir
10:26aux conditions de présentation de la Joconde, à l'accueil en général des visiteurs au
10:30Louvre.
10:31Nous sommes un musée extrêmement visité et nous nous en réjouissons, c'est un musée
10:34mondiaque.
10:35C'est le premier musée au monde !
10:36C'est pour moi le premier musée visité au monde et c'est une chance pour la France
10:39et pour Paris, mais je souhaite, et je le place au cœur de ma mission de président
10:45de directrice, mieux accueillir le public, parce que nous avons une mission, c'est
10:49de transmettre ces œuvres merveilleuses, d'en raconter l'histoire, par exemple
10:53ce lien avec les Jeux Olympiques, très inattendu mais réel évidemment.
10:57Il y a des centaines de récits différents au Louvre à raconter aux visiteurs pour toutes
11:04les générations, quelles que soient les origines sociales, nous sommes un musée
11:08ouvert une fois de plus sur le monde.
11:09Et c'est toujours frustrant quand on n'est pas tout à fait à la hauteur des conditions
11:13d'accueil et c'est un peu le cas pour la Joconde, donc nous réfléchissons, en lien
11:19avec le ministère de la Culture, à cette amélioration qui me paraît nécessaire aujourd'hui.
11:24La Joconde, elle est vraiment au cœur de l'actualité, Laurence Descartes, parce
11:27que cette semaine, il y a une association qui dit représenter des descendants de Léonard
11:31de Vinci qui a saisi le Conseil d'État pour demander que le tableau soit restitué
11:35à l'Italie.
11:36Alors, ce n'est pas vraiment une première, ça revient assez régulièrement.
11:39Mais comment vous la recevez cette demande ? C'est légitime vraiment ?
11:42Alors, le Conseil d'État est souverain dans sa décision, donc nous attendons la
11:46décision du Conseil d'État, mais nous l'attendons avec sérénité, parce que je
11:49rappelle un tout petit peu pour nos auditeurs l'histoire de la Joconde, l'arrivée de
11:54Léonard de Vinci qui vient auprès de François 1er, et François 1er qui achète l'étoile
12:01que Léonard avait amenée en France, et qui en prend définitivement possession pour
12:06la France, pour les collections royales, donc pour la France, en 1519, à la mort de Léonard
12:11de Vinci.
12:12Mais il lui a offert la Joconde ?
12:13Non, non, non, il y a eu un achat, il y a eu une vraie transaction pour l'ensemble
12:20des tableaux de Léonard qui étaient avec lui en France, et donc le tableau entre dans
12:26les collections royales, et au moment de la Révolution, vous le savez, les collections
12:29royales deviennent propriété de la nation et de l'ensemble des citoyens français.
12:34Le tableau arrive en 1797 au Louvre, qui est musée depuis 1793, il arrive de Versailles.
12:41Sous la Révolution, c'est l'invention du musée.
12:43C'est l'invention du musée, et il est présenté dans la Grande Galerie à partir de 1801.
12:48Alors il aura des points de présentation différents au fil du temps, et son absolue
12:53célébrité contemporaine tient à son vol en 1911, à partir d'un Italien, Vincenzo
13:00Perugia, qui était un peu déséquilibré, l'avait volé, et je tiens à le rappeler
13:05aussi, lorsque le tableau est retrouvé en décembre 1913, l'Italie, l'Etat italien
13:11rend le tableau à la France, c'est bien la preuve qu'il n'y a aucune contestation
13:15de propriété.
13:16Vous dites que vous n'êtes pas inquiète, mais le Louvre sans la Joconde, ça serait
13:19quoi ?
13:20Il n'y a pas mille autres Jocondes, mais on est évidemment extrêmement fiers de pouvoir
13:24le présenter.
13:25C'est un très grand chef-d'oeuvre, il faut le rappeler, parce qu'on finit par l'oublier,
13:28et le Louvre a l'immense chance de présenter dans ses collections cinq tableaux de Léonard
13:34XXVI.
13:35C'est unique au monde.
13:36C'est la plus belle collection.
13:37Il n'en a pas treize.
13:38C'est un trésor pour la France, et c'est un trésor universel.
13:43Nous sommes sereins face à la décision, et nous nous en remettons au Conseil d'État.
13:49Vous êtes la gardienne de ce chef-d'oeuvre.
13:52Quelle est votre oeuvre préférée au Louvre ?
13:54C'est une question impossible, je ne peux déjà pas répondre à l'enseignement, parce
13:57que je me fâche après avec la moitié des départements du Louvre.
14:01Mais vous savez, on peut avoir des oeuvres à différents moments de la journée.
14:05J'aime bien penser qu'on peut changer d'humeur, changer de siècle, changer de style, d'expression.
14:14C'est ça la beauté du Louvre.
14:15Malgré tout, vous, c'est le XIXe siècle sur lequel vous avez le plus travaillé.
14:19Vous avez quitté le Musée d'Orsay pour aller au Musée du Louvre.
14:24Il y a encore beaucoup de questions d'auditeurs sur la question de l'athlétisme et de l'olympisme.
14:30Il faut combien de temps pour visiter le Louvre ?
14:32Juste d'un mot, parce que là, pour le coup, ça pourrait être une épreuve olympique
14:35digne du marathon.
14:36Le temps moyen de visite du Louvre est pratiquement de deux heures quarante-cinq, ce qui est très
14:40long.
14:41Sans tout voir.
14:42Voilà, sans tout voir.
14:43Si vous voulez tout voir, c'est effectivement sans doute plusieurs jours et c'est surtout
14:48plusieurs visites.
14:49Je me permets de signaler à vos auditeurs que nous réinstaurons une seconde ouverture
14:54tardive à partir du 29 mai, parce que je crois beaucoup à ces ouvertures qui permettent
15:00de fréquenter le musée à des pics un peu moins importants de réfluence.
15:05Il y a une ambiance différente dans ces ouvertures tardives, plus calme, c'est des vraies rencontres
15:12avec les œuvres.
15:13A partir du 29 mai, mercredi et vendredi, venez en début de soirée au Louvre, vous
15:17y serez merveilleusement accueillis.
15:19On parlait de la magie, je suis désolée de revenir aux choses plus terre à terre,
15:23mais vous êtes aussi patronne d'un musée, le Louvre, qui vient de voir son budget ravauté
15:27de 3 millions d'euros dans le cadre des économies recherchées par le gouvernement.
15:31Comment est-ce que vous pouvez faire face ? Il faut renoncer à certaines activités,
15:35il faut diminuer les effectifs, les horaires, a priori ça n'est pas dans vos projets,
15:38les horaires ?
15:39Non, l'idée, et nous y travaillons bien sûr, et c'est tout à fait normal que le
15:43Louvre participe de cet effort budgétaire, c'est un établissement public, c'est absolument
15:49normal, il n'y a pas de problème avec ça.
15:50C'est à nous de travailler et de répartir l'effort le plus intelligemment possible
15:55pour que jamais l'offre culturelle, l'accueil du public ne soit dégradé.
16:00Donc voilà, nous sommes en train de travailler sur ces questions pour rationaliser, mutualiser
16:07et faire en sorte que cette coupe soit la plus douce possible et surtout qu'elle ne
16:09se sente pas pour le public.
16:11Pour l'instant, pas de pistes concrètes pour le moment, si j'entends bien ?
16:15Si, il y en a, mais je ne veux pas vous embêter.
16:16Sur la question du billet d'entrée quand même, parce qu'il avait augmenté de 30%
16:20en janvier, ça a fait un peu parler, à 22 euros, est-ce qu'il pourrait devenir encore
16:25plus cher ?
16:26Non, ça n'est absolument pas sur la table, j'ai pris en responsabilité la décision
16:29de cette augmentation qui était proportionnellement importante, effectivement, parce que je ne
16:34souhaitais pas peser sur tout simplement les finances publiques et les contribuables
16:39français.
16:40Vous savez, ouvrir le Louvre tous les jours, masse salariale compris, c'est 630 000 euros
16:43pour ouvrir les portes.
16:44Donc c'est un budget de fonctionnement conséquent.
16:47Nous sommes touchés par l'inflation, bien entendu, très fortement.
16:51Et voilà, c'était une décision en responsabilité.
16:53Je rappelle que 60% des Français qui viennent au Louvre rentrent gratuitement, plus de 50%
16:58de nos visiteurs globalement.
16:59Le Louvre est gratuit pour les moins de 26 ans, non seulement les Français, mais pour
17:04tous les ressortissants européens de moins de 26 ans.
17:06Donc on peut venir en famille à un prix très raisonnable au Louvre.
17:10Et puis, il suffit que Beyoncé revienne au Louvre pour tourner un clip et s'y installer.
17:15Elle est la bienvenue quand elle veut.
17:16Elle est la bienvenue et vous réglerez vos problèmes de trésorerie.
17:19Bonjour Michel.
17:20Oui, bonjour.
17:21Bienvenue sur Inter.
17:22Bonjour madame.
17:23Merci.
17:24Eh bien, écoutez, voilà, je grogne contre tous les gens qui viennent visiter un musée
17:32et qui passent leur temps à se photographier devant.
17:35Ce qui fait que lorsqu'on veut aller voir une œuvre intéressante, on est obligé de
17:40se frayer un chemin à travers une forêt de téléphones portables.
17:45C'est une expérience, oui, que beaucoup, beaucoup ont fait et pas seulement au Louvre.
17:49Laurence Descartes.
17:50Oui, bien sûr.
17:51Non, je comprends très bien.
17:52Bonjour madame.
17:53Merci pour votre remarque.
17:54Elle est très juste.
17:55Mais alors, c'est l'époque et voilà, les téléphones et les téléphones portables
18:00ne sont évidemment pas question d'interdire la photographie, ce serait évidemment aller
18:06contre son temps.
18:07Je crois que c'est une façon de s'approprier les collections, il faut le voir de façon
18:10positive.
18:11C'est une façon d'emporter quelque chose avec soi et de l'avoir matériellement dans
18:15son propre téléphone.
18:16Alors oui, mais venez madame, venez en fin de journée, c'est plus calme, avec des gens
18:21qui se prennent peut-être un peu moins de selfies et vous serez la bienvenue pour redécouvrir
18:25les collections du Louvre.
18:26On vous connaît Laurence Descartes parce que vous avez beaucoup travaillé à démocratiser
18:30l'accès à l'art à Orsay, au Louvre maintenant.
18:33Quand vous voyez par exemple des grands amateurs d'art par le passé comme Jean Clerc dire
18:40que c'est une erreur d'avoir ouvert l'accès aux chefs-d'oeuvre, au surtourisme et au trop
18:48grand nombre de personnes qui viennent les voir, qu'est-ce que vous en pensez ?
18:51Il faudrait…
18:52Non, je crois qu'il faut se poser la question dans le bon sens.
18:55Le problème n'est pas d'accueillir 9 millions de visiteurs au Louvre ou 10 millions
18:58de visiteurs au Louvre, c'est de mal les accueillir.
19:00C'est à nous de trouver les solutions pour que le public soit le mieux accueilli possible.
19:05Nous y travaillons en ce moment.
19:07C'est un des…
19:08Parce qu'il y a beaucoup de questions là-dessus sur l'application.
19:10Bien sûr, mais je comprends et la question du surtourisme est une question.
19:15Vous savez que j'ai instauré une jauge de 30 000 visiteurs par jour maximum au Louvre
19:20pour précisément garantir un accès de qualité, une visite si possible de qualité
19:25au Louvre, pour préserver le bâtiment.
19:27Alors là, je rejoins effectivement cette remarque.
19:29C'est un bâtiment patrimonial exceptionnel, le Louvre, avec une architecture, des décors
19:34merveilleux que nous resterons bientôt dévoilés, l'Arc du Carousel, les appartements d'été
19:40d'Âne d'Autriche, les appartements de Napoléon III, tout ça réouvre pour les
19:44JO.
19:45Mais donc, il faut le préserver aussi et donc, il faut trouver le bon équilibre.
19:49Je voulais entre répondre à cette demande et cette envie du Louvre et puis préserver
19:53ce patrimoine, le transmettre avec une vraie réflexion sur l'adaptation climatique aussi
19:57de tous ces bâtiments auxquels on va beaucoup travailler dans les années qui viennent.
20:01La résilience climatique, c'est aussi pour les monuments historiques et c'est aussi
20:05pour le Louvre.
20:06Londres avait fait l'expérience au moment des JO, on pensait que beaucoup viendraient
20:10voir les compétitions sportives et iraient au musée et finalement, ça ne s'est pas
20:14produit.
20:15Vous ne vous redoutez pas ?
20:16Ça s'est produit avec un effet décalé, c'est-à-dire peu de monde pendant les compétitions
20:19mais énormément de monde dans l'automne qui a suivi.
20:21Nous ouvrons la billetterie pour cet été, donc juillet-août et début septembre-mi-mai.
20:27Je rappelle que la visite cet été au Louvre, le Louvre sera ouvert pendant les JO, donc
20:32ça c'est une première information et qu'il faudra absolument passer par la pré-réservation.
20:38Il n'y aura pas d'entrée directe, tout simplement pour garantir là aussi des bonnes
20:42conditions d'accueil dans les conditions, vous le savez, un peu particulières de sécurité
20:46qui vont entourer les JO à Paris.
20:48Vive le Louvre ! Merci infiniment Laurence Descartes d'avoir été l'invité de France
20:53Inter et pour cette exposition qui est consacrée à l'olympisme et puis cette possibilité
20:59de danser, de courir, de faire ce qu'on n'a pas trop le droit de faire en général
21:04dans les musées.
21:05C'est donc sur internet qu'on peut s'y inscrire assez facilement et puis j'indique
21:10que dans le grand face-à-face tout à l'heure à midi, Thomas Négaroff lui aussi reviendra
21:15sur les racines du sport et de l'olympisme.
21:17Excellente journée Laurence Descartes, merci !