Ana Navarro Pedro, Birgit Holzer, Eva Morletto et Jon Henley refont la France. Au programme:
- L'Europe est-elle mortelle?
- Et si la politique migratoire de l'Europe basculait?
- Palestine: occupe ta fac?!
- Le Moulin Rouge perd ses ailes ..
Regardez Ils refont la France avec Anaïs Bouton du 26 avril 2024
- L'Europe est-elle mortelle?
- Et si la politique migratoire de l'Europe basculait?
- Palestine: occupe ta fac?!
- Le Moulin Rouge perd ses ailes ..
Regardez Ils refont la France avec Anaïs Bouton du 26 avril 2024
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00:00Bonsoir à toutes et à tous, bienvenue dans Il refond la France, c'est tous les vendredis
00:10soir et c'est l'actuelle idée française vue par les correspondants de la presse étrangère,
00:14un peu notre Erasmus à nous avec ce soir.
00:16Bonsoir, merci à tous les quatre d'être là pour refaire la France, alors au programme
00:33ce soir, on va aller à Sciences Po, l'effervescence, la tension chez les étudiants en France,
00:39enfin certains, on va se demander si l'Europe est mortelle et puis on va se parler du moulin
00:45rouge qui a perdu ses ailes.
00:47Jusqu'à 20h, Il refond la France sur RTL.
00:52Alors mercredi dernier, une trentaine d'étudiants ont installé des tentes dans les jardins
00:56du campus de l'institut d'études politiques de Paris qu'on appelle Sciences Po, bien sûr
01:00vous le savez, ils avaient été délogés à une heure du matin et puis là, 50 à
01:0470 étudiants ont décidé d'occuper dans la nuit le bâtiment historique de l'institut
01:08de Sciences Po, rue Saint-Guillaume, ils réclament notamment la condamnation claire des agissements
01:13d'Israël par l'école, le préfet, vous l'avez entendu dans le journal avec Vincent
01:18de Rosi, Anesse Bonfillon, a demandé l'évacuation, une évacuation qui est en cours, la situation
01:25est très tendue, Célestin Gougère.
01:28Oui, exactement, il y a toujours un barrage de CRS des deux côtés de la rue Saint-Guillaume,
01:34elle bloque les quelques centaines de manifestants qui sont encore positionnés dans la rue étroite
01:40et ils se sont évacués tout de même au pont bout de 5-6, escortés vers des rues voisines
01:46par les CRS qui n'ont pas utilisé la force pour l'instant, tout se passe dans le calme
01:49jusqu'ici, même si d'autres petits attroupements se sont formés dans les rues adjacentes devant
01:54d'autres barrages de CRS et puis devant les portes de Sciences Po, il y a encore beaucoup
01:59d'étudiants, des drapeaux palestiniens, beaucoup de slogans en faveur des Palestiniens
02:04et beaucoup refusent encore de quitter les lieux en ce moment.
02:08Mais Célestin, est-ce qu'il y a deux groupes, c'est-à-dire des étudiants pour la Palestine
02:11et d'autres pour Israël ? Est-ce que ça risque de Castanier ?
02:15Alors, il y avait des pro-israéliens dans l'après-midi, ils sont maintenant partis,
02:21il ne reste plus que le groupe pro-palestinien, il y a eu quelques échauffourées dans l'après-midi,
02:26rien de bien grave à signaler, même si bon, ça a un peu chauffé effectivement.
02:29D'accord, merci beaucoup Célestin Gougère, vous êtes en direct pour RTL, rue Saint-Guillaume.
02:34Alors les amis, qu'est-ce que ça veut dire cette occupation de Sciences Po par certains étudiants ?
02:41Ce n'est pas la majorité, bien qu'ils tollent ça.
02:45Ce n'est pas la première fois qu'on voit aussi le conflit au Proche-Orient s'importer ici,
02:56et je pense que depuis le 7 octobre, on a souvent dit que ça s'importe plus peut-être
03:02en France qu'ailleurs, dans d'autres pays européens, d'ailleurs dans les universités allemandes,
03:06on ne voit pas trop ce genre de mouvements, non, c'est très très minoritaire, donc c'est quand même quelque chose...
03:12Là, c'est quand même, on le voit à Sciences Po, et c'est une minorité des étudiants de Sciences Po,
03:20en France, je ne crois pas qu'on puisse dire que, alors à moins que le mouvement fasse tâche d'huile,
03:25mais pour l'instant c'est très minoritaire aussi, il faut le dire.
03:28Absolument, je pense aussi que c'est très minoritaire, et ça devient aussi de plus en plus radical,
03:33dans le sens où, ce qu'on vient d'entendre, ce qu'on a eu cette semaine, donc des CRS qui rentrent quand même dans l'université,
03:41donc effectivement, on a l'impression d'assister à quelque chose qui pourrait, à une situation qui pourrait déborder,
03:49qui pourrait même échapper, même à la direction de l'université.
03:55Personnellement, je pense que les étudiants là, qui sont là en train de manifester,
04:03ils ont tout le droit d'être solidaires avec ce qui se passe au Gaza,
04:07mais je suis quand même touchée de voir que, dans une université, où on devrait apprendre,
04:14ou déjà savoir, d'analyser un conflit aussi compliqué, complexe, de ne pas du tout, d'être aussi radicale.
04:24De vouloir arrêter la coopération avec les universités israéliennes, de peut-être, comme c'est reproché,
04:32vouloir faire en sorte qu'une étudiante israélienne puisse pas rentrer, ça me choque,
04:40dans le sens où une université, c'est aussi un endroit d'échange, et je sais pas si là, l'échange est encore possible.
04:47Alors, il y a quelques jours, le Premier ministre, Gabriel Attal, avait été particulièrement sévère avec son ancienne école,
04:54On assiste, et je le déplore, à une forme de lente dérive liée à une minorité agissante
05:00qui veut imposer une forme de pensée dominante au sein de cette institution.
05:04Je suis en SPO, et je suis bien placé pour le savoir, j'ai fréquenté ses bancs,
05:07ça a toujours été le lieu du débat, y compris le lieu de mobilisation, sur des sujets nationaux ou internationaux.
05:12Il ne s'agit pas de le remettre en cause, mais ça ne peut pas être un lieu où on accepte que les principes républicains soient foulés au pied.
05:19Qu'est-ce que vous pensez de ce que vient de dire le Premier ministre John Elly ?
05:21Est-ce que c'est une importation de la façon dont le conflit est perçu et vécu aux Etats-Unis,
05:28et peut-être en Grande-Bretagne, ou pas du tout en Grande-Bretagne ?
05:30Beaucoup moins en Grande-Bretagne, il n'y a pour l'instant qu'une seule université à Londres,
05:37l'University College London, où il y a une salle de cette faculté qui est occupée maintenant depuis 34 jours.
05:45Donc là, ça a commencé très tôt, mais ça n'a pas fait hache d'ouïr dans l'Angleterre.
05:50Aux Etats-Unis, par contre, je crois que c'est maintenant une quarantaine d'universités,
05:56avec une répression particulièrement violente par la police dans quelques Etats.
06:04Écoutez, je pense qu'il y a, ça pourrait très bien s'embraser, ça pourrait devenir un peu le Vietnam de cette époque.
06:16C'est ce que disait Jean Raraud, l'ancien annonceur français, là au micro de Vincent Brosier.
06:20Pour reprendre ce qu'a dit Birgitte, on vit dans un âge binaire, il faut prendre son côté,
06:31il n'y a pas de nuance, pas vraiment de compromis possible.
06:35On comprend très bien la frustration de ce qu'on appelle la génération Gaza
06:43par rapport à l'inaction des gouvernements européens par rapport à ce qu'il s'est passé.
06:52Intéressant, un point intéressant.
06:53On en va reparler tout de suite avec vous et vers Morleto.
06:56Une petite pause et on revient tout de suite sur RTL.
07:02Jusqu'à 20h, ils refont la France sur RTL.
07:07Anaïs Bouton.
07:08Et avec moi, Anna Navarro-Pedro, Birgit Hölzer, Eva Morleto et John Henley.
07:12On est en train de parler de ce qui se passe à Paris, rue Saint-Guillaume,
07:15c'est-à-dire de ces étudiants qui bloquent l'entrée de la fac de Sciences Po en phase 2 des CRS casqués en ligne.
07:23Et puis, Célestin Gougère qui est l'envoyé spécial là-bas, rue Saint-Guillaume,
07:28qui nous expliquait qu'ils étaient exfiltrés par petits groupes et que pour l'instant, on sent une tension.
07:33Mais voilà, pour l'instant, c'est une tension palpable, mais les choses se passent tranquillement.
07:42Eva Morleto, on vient d'entendre le Premier ministre Gabriel Attal qui disait que Sciences Po, quand même,
07:49dérivait, avait une certaine dérive wokiste, c'est-à-dire l'importation des thèses qui viennent des États-Unis.
07:58Et il avait dit d'ailleurs le poisson pourri par la tête en parlant de la formation des élites françaises.
08:04Est-ce que c'est la même chose en Italie ?
08:07Alors, ce n'est pas la même chose en Italie, il y a quand même des mouvements dans certaines universités,
08:12historiquement, les ailes plus à gauche des étudiants qui sont historiquement pro-palestiniens,
08:18mais il n'y a pas encore ces mouvements comme à Sciences Po.
08:21Il faut dire que Sciences Po, c'est une des facs qui ont le plus été sensibles au mouvement wok des États-Unis.
08:29Et on a déjà vu certaines dérives, déjà dans les mois passés, sur d'autres sujets de société.
08:34Et quand j'ai dit mouvement wok, ce n'est pas forcément péjoratif, c'est dire voir le monde selon les prismes des dominants et dominées.
08:40Et on avait déjà vu lors du mouvement de Black Lives Matter qu'ils avaient fait signer une charte à certains étudiants juifs,
08:47je parle des États-Unis là, pour dire qu'ils n'étaient pas sionistes.
08:50Donc cette cause palestinienne est déjà au centre du mouvement wok, déjà depuis un moment.
08:55Donc ce n'est pas étonnant qu'aujourd'hui ce soit devenu vraiment quelque chose.
08:58Et d'ailleurs, l'Union des étudiants juifs de France, que j'étais en VUE plusieurs fois,
09:03ils ont dénoncé tous les actes antisémites, le fait d'apostropher des personnes en faisant des blagues
09:12qui n'étaient pas trop permis il y a quelques temps, et qui apparemment depuis le 7 octobre ont s'est lâchés.
09:17Et il faut dire aussi une autre chose, parallèlement si je peux me permettre,
09:21c'est l'efficacité aussi de la communication utilisée par Hamas, qui a eu une double communication.
09:27D'une partie, les jours immédiatement successifs au 7 octobre, ils ont mis sur Telegram tous les horreurs qu'ils avaient fait lors de l'attaque du 7 octobre.
09:36On a vu tout et n'importe quoi.
09:38Et ça c'était pour que les gars soient oui, ou d'autres, qui exaltent par rapport au fait qu'Israël avait été écrasé ces jours-là.
09:49Mais parallèlement, il y a eu un autre discours, que c'était le discours des droits de l'homme,
09:53que c'était le discours du colonialisme, que c'était le discours de l'apartheid.
09:57Et c'est ce discours-là fait par les chefs d'Hamas qui a convaincu et, disons, fait naître ces mouvements.
10:04Parce que la cause, entre guillemets, est bonne, c'est-à-dire la libération d'un peuple.
10:09Mais dans quels termes s'est mis ce débat, lorsqu'il dérive dans le radicalisme ?
10:13Anna Navarro-Pedro, vous, vous avez une expérience à Sciences Po, vous-même, vous l'avez vécue dans votre chaire.
10:19Petite expérience.
10:21Racontez-nous rapidement.
10:22Très rapidement, il y avait une conférence organisée par une association de Sciences Po, les Jeunes Européens, sur les élections européennes.
10:29Un sujet moins passionnant, ça c'est sûr.
10:32C'était organisé depuis très longtemps, pour lundi soir.
10:35Et puis, tout d'un coup, on apprend que, jeudi, Jean-Luc Mélenchon, donc chef de la France Insoumise,
10:41avait été refoulé à Lille et, dans la foulée, il avait été invité à Sciences Po.
10:47Et donc, lundi soir, à l'heure de ma conférence, moi et d'autres personnes qui m'ont participé à ce débat,
10:53il y avait une pagaille monstrueuse à Sciences Po, il y avait une foule extraordinaire pour écouter Jean-Luc Mélenchon,
10:59c'était difficile d'entrer et, finalement, nous nous sommes trouvés dans la salle avec 10 personnes,
11:02alors qu'en bas, on entendait une foudre d'applaudissements.
11:06Les élections européennes ne peuvent pas tenir face à la Palestine, ça c'est sûr.
11:11Au Portugal, il y a des mouvements comme ça ?
11:12Non, il n'y a pas autant de mouvements qu'ici.
11:14Il y a certaines petites, je ne dirais pas tensions, de débats, si vous voulez,
11:19mais ça n'a pas la même dimension qu'ici, à Sciences Po.
11:23Remarquez, vous savez comment c'est en France, bien avant Sciences Po,
11:26ça n'a pas fait la Une, ça n'a pas eu une grande ampleur,
11:29mais il y en a eu à Lyon 2, à Bordeaux, à Toulouse, à Montpellier, à Paris 8.
11:36Donc, ça couvre, le feu couvre depuis...
11:39Ah, vous croyez que c'est un feu qui couvre et qui peut...
11:42Oui, comme disait John Hanley tout à l'heure, qui disait que c'est quelque chose qui a maintenant...
11:46qui, comme on dit en français, qui a maintenant...
11:50c'est étendu à d'autres, à une quarantaine d'universités aux Etats-Unis,
11:55oui, ça peut aussi ici avoir une répercussion plus grande, sans l'ombre d'un doute.
12:00Après, effectivement, ça dépend aussi de la réponse politique à ces mouvements,
12:05parce que la répression, curieusement, est assez violente aux Etats-Unis.
12:09Ici en France aussi, le père préfet qui...
12:11C'est pas violent en France.
12:12C'est pas violent pour l'instant, mais on demande que la police intervienne.
12:17Ah, aux Etats-Unis, oui.
12:18Je le disais bien, aux Etats-Unis.
12:20Mais ensuite, ici en France aussi, l'intervention immédiatement de la police pour évacuer les étudiants.
12:26Tout cela, vous savez, dans la jeunesse, tout ça provoque un sentiment de victimisation
12:31et en même temps de lutte immédiate.
12:33Donc, on verra.
12:35Oui, on vous voulait dire qu'on n'est pas sortis de l'auberge.
12:37Allez, et d'ailleurs, ça va aussi probablement avoir des impacts sur ces élections européennes
12:45et sur les élections aux Etats-Unis.
12:46On en parle tout de suite après la pause.
12:48A tout de suite.
12:49RTL, ils refont la France avec Anaïs Bouton.
12:56Jusqu'à 20h, ils refont la France avec Anaïs Bouton.
13:03L'attaque contre les démocraties libérales, contre nos valeurs, la liberté, la justice,
13:09le savoir, se joue maintenant.
13:11Simplement, cela dépend de nous.
13:13Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe, aujourd'hui, est mortelle.
13:22Eh oui, merci à Boris qui a fait ce petit montage, un brin solennel.
13:28Jeudi 25 avril, le président de la République a prononcé un gros discours sur l'Europe
13:33à la Sorbonne.
13:34Il a donc parlé de l'Europe mortelle.
13:36Déjà, Birgit Hölzer, John Henley, Ana Navarro-Pedro et Eva Morleto, qui a écouté
13:43le discours jusqu'au bout.
13:46Est-ce qu'il était mortel, ce discours ?
13:49Je pense qu'on a l'habitude, Emmanuel Macron, ce n'est pas tout neuf.
13:53C'était quand même difficile.
13:55Vous l'avez arrêté à quel moment, vous ?
13:58J'ai commencé à dériver au moment où Emmanuel Macron a dit que c'était un peu long.
14:03Lui-même.
14:05C'était à la fin.
14:07Vous avez tenu bon.
14:09Devoir oblige.
14:11Oui, c'est vrai.
14:14Comment vous l'avez trouvé, ce discours, Eva Morleto ?
14:17Alors, ça a été dit, solennel.
14:20En effet.
14:22Alors, oui, il y avait cette volonté.
14:24Les élections européennes, en fait, n'intéressent pas, n'arrivent pas à captiver comme on voudrait
14:29l'attention des citoyens.
14:31Et donc, là, il remet, disons, le paquet sur le fait que l'Europe, c'était un peu
14:36au centre de sa campagne depuis 2017.
14:38C'est toujours le président pour l'Europe.
14:40Souvenez-vous, quand il a la cérémonie d'investiture d'Emmanuel Macron au Louvre,
14:49c'était en 2017, c'était sur l'île de la Joie de Beethoven, c'était pas sur la Marseillaise.
14:55D'ailleurs, ça avait fait un scandale ici, enfin, chez quelques-uns, Eva.
15:00Tout à fait, tout à fait.
15:02Donc, voilà, il remet le paquet là-dessus, surtout parce qu'il a en face des partis d'extrême-droite
15:07qui ont quand même des pourcentages très hauts dans les sondages et qui, eux, ne sont
15:10pas trop pour l'Europe, même s'il leur a fait un petit croche-pied.
15:14Oui, alors ça, on va en reparler, mais juste son diagnostic sur l'Europe, est-ce que vous
15:19le partagez, Birgit Holzer ? Parce qu'il a repris des propositions allemandes.
15:25Et d'ailleurs, le chancelier Olaf Scholz a dit qu'il avait été très touché.
15:28Oui, contrairement à son discours de la Sorbonne en 2017, il n'y avait aucune réponse de la
15:33chancelière à Merkel.
15:34Effectivement, Scholz a réagi, il a applaudi, il a dit que c'étaient de très bonnes impulsions.
15:39Oui, parce qu'il reprend des propositions de l'Allemagne, notamment sur la défense,
15:45non ?
15:46Sur la défense, oui, pour partager, en fait, des achats communs, mais ça, ce n'est pas
15:52quelque chose de nouveau.
15:53Et le bouclier aussi, le bouclier qui pourrait être, comme Israël d'ailleurs, le bouclier
16:01d'un domme de fer européen.
16:04Un bouclier européen qui est, du coup, ce bouclier-là, de technologie américaine et
16:09israélienne.
16:10Effectivement, ce qui a été critiqué par la France.
16:11Donc, effectivement, c'était un des nombreux aspects de son discours.
16:16Je pense que la phrase « l'Europe peut être mortelle », moi, ça m'a fait penser à
16:24déjà d'autres discours d'Emmanuel Macron, où il a dit « c'est la fin de l'abondance ».
16:28Donc, je pense qu'il s'est mis un peu dans le rôle de celui qui alerte, qui dit
16:32« attention, des choses, y compris l'Union Européenne telle qu'on la connaît, ne
16:38sont pas acquises ».
16:39Je pense qu'il n'a pas tort, effectivement, de dire, par exemple, comme il l'a dit,
16:44la guerre en Russie, que la Russie mène en Ukraine, menace directement notre stabilité,
16:54notre sécurité.
16:55Je pense qu'il a raison et le fait depuis quelques mois.
16:58Mais globalement, ce qui me dérange, je pense que c'est important d'incarner l'Europe
17:03et de vouloir aller de l'avance, comme il fait dans ses discours.
17:07Mais on ne veut pas que des discours, et c'est quelque chose qu'on a souvent avec Emmanuel
17:11Macron.
17:12On a des visions, on a des propositions, mais il est aussi, il est là, c'est lui qui,
17:17en France, fait aussi monter l'extrême droite qu'il critique.
17:22Oh là là, vous croyez qu'elle va nous voler le bordel ?
17:27Regardez l'Europe, Birgitte, regardez l'Europe.
17:29Tous les partis populistes et les partis d'extrême droite, et il n'y a pas Emmanuel Macron dans
17:34le reste de l'Europe, ils sont en tête dans huit ou neuf pays d'Europe et deuxième, deuxième
17:39sinon, dans huit pays d'Europe.
17:42C'est vrai, c'est une vraie tendance.
17:43En tout cas, il n'arrive pas à avoir les réponses pour les contrer, en tout cas.
17:48Je pense simplement qu'il doit aussi montrer qu'il peut y avoir de l'action, parce que
17:55dans toutes ses propositions, forcément, il ne peut pas le faire tout seul, mais ça
17:58on sait.
17:59Et je pense que, simplement, avec ces discours-là, il y a une telle attente, après, qu'il va
18:06forcément...
18:07Mais c'est ce que vous reprochez souvent, je le constate, quand on écoute des discours
18:11soit d'Emmanuel Macron, soit de Gabriel Attal, d'ailleurs, vous notez toujours qu'il y a
18:17des tas de propositions qui sont plutôt, parfois, intelligents, etc.
18:21Mais que vous attendez, c'est comme un coït interrompu, quoi.
18:25John Lennon, etc.
18:26Quelle image !
18:27Non, je ne sais pas ce qui m'amuse.
18:31Non, mais je suis complètement d'accord.
18:33Je pense que, comme toujours avec Emmanuel Macron, c'était structuré, c'était intelligent.
18:41On peut vraiment penser ce qu'on veut d'Emmanuel Macron, mais c'est à peu près le seul
18:48leader en Europe qui a véritablement une vision de ce que devrait être l'Europe dans
18:56le monde d'aujourd'hui.
18:57Et, quand il a parlé, il y a 7 ans, de l'Europe souveraine, de l'autonomie stratégique, de
19:07l'Europe de la défense, etc.
19:08Tout ça, il y a 7 ans, c'était assez nouveau, et c'est maintenant, vraiment, monnaie courant
19:14à Bruxelles.
19:15C'est plus ou moins accepté.
19:18Le problème, c'est comment est-ce qu'on va y arriver ? Et le problème, effectivement,
19:25c'est qu'on est dans une Europe, comme vous l'avez très bien dit, qui est en train de
19:31changer.
19:32Alors, on va parler.
19:33On va parler des changements dans quelques instants.
19:35On se retrouve.
19:36A tout de suite.
19:45Et qui refait la France avec moi ? Anna Navarro-Pedro, Birgitte Alzer, Eva Morleto et John Henley.
19:52On parle de ce discours, le discours de la Sorbonne, le second, oui, le second, parce
19:57que peut-être, remarquez, je peux dire le deuxième, parce qu'il y en aura peut-être
20:00un troisième.
20:01On ne sait pas.
20:02Que le président de la République, Emmanuel Macron, a prononcé et où il a parlé, donc,
20:06de l'Europe mortelle.
20:08Anna Navarro-Pedro, pour vous, il joue les cassandres, Emmanuel Macron, ou c'est un
20:15diagnostic qui vous semble pertinent ? Est-ce qu'on est passé finalement d'une Europe
20:20qui était un marché où tout le monde achetait des tombes chinoises, etc.
20:25Et tout d'un coup, le contexte géopolitique change la donne et il faut se percevoir peut-être
20:32comme une entité militaire, par exemple.
20:35Je pense que cette opinion, ou cet avertissement émis par Emmanuel Macron est partagé par
20:41d'autres personnalités en Europe, par d'autres analystes, par des journalistes, par des universitaires.
20:47Il y a un problème, alors, après, est-ce que c'est pour les mêmes raisons ? Ça reste
20:53à voir.
20:54Est-ce que pas tout le monde partage la même opinion comme Birgitte et Macron sur un danger
20:59imminent de la Russie sur le reste de l'Europe occidentale, au moins sur l'Europe des 27,
21:04mais ça reste à voir.
21:05C'est un débat qui peut avoir lieu, un débat qui doit avoir lieu dans le calme, mais qui
21:09peut avoir lieu.
21:10Mais cette idée-là existe, surtout parce qu'en fait, on construit l'Europe sans jamais
21:16oser dire quelle est notre vision de l'Europe.
21:18On va où ? On va vers une Europe fédéraliste, on va essayer d'inventer une confédération
21:24qui n'a jamais marché dans le monde.
21:27La Suisse est une fédération aussi, ce n'est pas une confédération, contrairement
21:31au nom officiel du pays.
21:32Il y a une confédération aux Etats-Unis, au début des Etats-Unis, c'est tombé à
21:37l'eau parce que ça ne marchait pas, mais bref.
21:39Mais est-ce que si on veut une Europe fédéraliste, on doit le dire, au peuple européen, parce
21:43que beaucoup n'en veulent pas, et donc c'est aussi dans ce fait-là, par exemple, que l'Europe
21:49peut aussi être en danger.
21:50Deuxièmement, effectivement, la question de la défense qui est tellement difficile d'organiser
21:55en Europe, comment peut-on avoir une défense ? Qui va commander ? Sous quelle structure
22:02militaire va-t-on pouvoir s'organiser ? C'est pour ça que l'idée d'une force spéciale
22:06qui peut inclure des éléments bien entraînés de plusieurs pays pour intervenir ponctuellement,
22:11c'est une très bonne idée.
22:12L'idée d'une académie militaire, déjà là, je ne vois pas très bien comment ça
22:16peut fonctionner, mais c'est possible, une académie militaire européenne, qui va être
22:20président ?
22:21C'est ce qui a été Napoléon, ça tombera toujours chez lui !
22:24C'est l'ancêtre !
22:25Non, ne rêvez pas trop !
22:28Donc effectivement, cette phrase qui a été ciselée pour être retenue, « l'Europe
22:34est mortelle et elle peut mourir », effectivement, elle a servi d'avertissement, sauf qu'effectivement,
22:40pour revenir à ce que vous disiez tout à l'heure et très rapidement, c'est vrai,
22:43Emmanuel Macron a eu très bonnes idées, souvent, sur l'Europe, il est un européiste
22:46convaincu, mais il n'a jamais lancé ses troupes diplomatiques, ses conseillers, vers
22:54les autres capitales, vers les organismes, mais je peux vous l'assurer, si vous avez
22:58le temps de parler avec des diplomates, les diverses légations, les divers organismes
23:03internationaux, européens, eh bien, on va vous le dire, mais il n'y a rien eu derrière,
23:08et ça, il faut le travailler, le travailler au corps, et travailler l'enfant.
23:12Convaincre, convaincre.
23:13Ça n'a pas été fait.
23:14Une question pour vous, Eva Morletho, écoutez comment Jordan Bardella, le président, la
23:21tête de liste pour les élections européennes du Rassemblement national, parlait de ce discours
23:26du président Macron.
23:27Après le long discours de présentation du programme de Valérie Ayé par son porte-parole
23:33Emmanuel Macron.
23:34Alors, ça, c'est du caviar, non ? C'est-à-dire qu'en fait, est-ce que aussi, ce n'est pas
23:38une façon, on finit cette partie sur l'Europe, d'entrer en compagne et de soutenir cette
23:44liste qui ne décolle pas et qui se prend même dix points dans la figure par rapport
23:48à Jordan Bardella ?
23:49Oui, tout à fait.
23:50C'est une manière de soutenir la liste, surtout qu'en ce moment, le personnage principal
23:55de Valérie Ayé est totalement un peu effacé, Gabriel Attal aussi n'est pas très présent
24:00dans cette campagne européenne, donc on a une image un peu fade, disons, du parti présidentiel.
24:07Et puis, je voulais revenir un moment sur le discours d'Emmanuel Macron.
24:12En fait, je suis plutôt d'accord avec ce qu'a dit Anna sur le fait de… Emmanuel
24:18Macron a toujours été un très bon communicant et cette idée d'Europe est condivisible
24:22absolument.
24:23Mais comment on fait à la faire partager quand on a, dans les 27, si on prend par exemple
24:29la loi qu'on a faite sur la migration, le pacte migration, comment on peut mettre en
24:34place cette solidarité européenne de cohésion avec des pays qui n'acceptent pas du tout
24:40les migrants, comme ça peut être la Pologne, comme ça peut être l'Angleterre ?
24:42Et des pays qui vont être très tentés par ce qui s'est passé chez vous.
24:45D'externaliser les frontières.
24:46D'externaliser les frontières, puisque en Grande-Bretagne, alors heureusement ou pas
24:51heureusement, d'ailleurs vous ne faites plus partie de l'Europe, pardon, pas heureusement
24:55pour vous John, vous le regrettez, mais Ritchie Sounack, il s'est félicité cette semaine.
25:02Donc en fait les migrants, vous avez fait un deal avec le Rwanda pour envoyer des avions
25:09avec vos migrants dedans et ils peuvent faire leur demande au Rwanda, leur demande pour
25:17migrer.
25:18Il faut vraiment souligner une grande différence entre ces programmes, parce qu'il y a plusieurs
25:24propositions dans les pays du 27 pour justement traiter des demandes d'asile à l'étranger
25:34comme la grande différence c'est que si en tant que réfugié en Angleterre ou en Grande-Bretagne
25:43vous êtes envoyé au Rwanda, vous faites votre demande là-bas et vous restez là-bas.
25:49En fait vous demandez l'asile au Rwanda, pas en Grande-Bretagne.
25:53Et ce n'est pas le cas avec l'Italie et l'Albanie par exemple.
25:56Non, alors ça pour l'instant dans les 27, mais enfin il y a déjà Louis Alliot, on avait
26:01un son de Louis Alliot qui dit, ben dites donc c'est une bonne idée ça de Ritchie Sounack,
26:05c'est ça dont vous avez peur ?
26:06Tout à fait, tout à fait, il y a des thématiques qui sont trop, je veux dire, contrastées
26:11par les lois nationales, cette loi migration, en fait il y aura une adaptation des lois
26:15nationales d'ici deux ans, avant de pratiquement les mettre en compte, il y a déjà des pays
26:19comme la Grèce, les Métzinc, donc la Grèce, Chypre, Malte, Espagne qui sont contre parce
26:24qu'ils considèrent que ce n'est pas suffisamment porté, voilà, que ce n'est pas suffisamment
26:29avantageux pour eux.
26:30Il y a aussi le fait quand ils parlent de production autonome, de matériel, etc.
26:38Après ça c'est de la communication, parce qu'on voit en France, et c'est bien Manon
26:41Aubry qui le disait, les deux dernières usines photovoltaïques vont fermer, alors qu'on
26:46est en pointe.
26:47Un discours d'un côté, et la pratique d'un autre.
26:50Ah bah dis donc, il a bien pris le président Macron ce soir ! Les amis, on va prendre
26:58un peu de hauteur, on va parler d'un mythe, d'un mythe français, un mythe français dans
27:06le monde entier, une petite page, une petite pause, et puis le Moulin Rouge évidemment.
27:13Jusqu'à 20h, ils refont la France sur RTL.
27:17Jusqu'à 20h, ils refont la France sur RTL.
27:20Anaïs Boutang.
27:28Et qui refait la France avec moi cette année ? Anna Baropet, Pierre Guiteau, Eva Morleto,
27:34et John Henley.
27:36Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui s'est passé cette semaine ? Les ailes
27:41du célèbre cabaret du Moulin Rouge se sont effondrées dans la nuit du 24 au 25.
27:47Alors, aucun blessé n'est à déplorer, mais la presse internationale, les amis, s'émeut
27:53de cet accident qui a endommagé un des plus fameux temples des Nuits parisiennes, Pierre
28:01Guiteau.
28:02Alors, est-ce que ça fait du ramdam à Berlin ?
28:05Quand même, un petit peu de ramdam, oui, un petit peu de ramdam.
28:10C'est vrai que le Moulin Rouge fait partie vraiment de ces machines à rêve, presque,
28:16pour les étrangers, en tout cas pour les Allemands.
28:18C'est la nuit parisienne, les dames un peu frivoles, puis il a ouvert en même année
28:24que la Tour Eiffel a été construite, et je pense que ça fait vraiment partie de ces
28:28symboles de cette nuit.
28:30Quand j'ai dit en Allemagne que je vis en France, ils me demandent, mais où ? Mais
28:33à Paris, ça fait des yeux qui brillent.
28:35Et je pense que le Moulin Rouge fait partie, et je crois d'ailleurs qu'il y a beaucoup
28:41de visiteurs étrangers qui viennent, ça fait partie de ce rêve, la ville lumière.
28:49Une fois, j'ai interviewé une danseuse allemande, j'ai relu mon article, il disait, c'est
28:56vrai qu'on ne porte quasiment rien, mais on est habillé par la lumière et les perles.
29:01Alors, un petit souvenir qui remonte comme ça, quand je suis arrivée à Paris, un journaliste
29:07allemand, on était dans une conférence de presse, et puis il se présente parce que
29:15j'étais toute jeune et toute nouvelle, et il me dit, mais vous êtes nommée correspondante
29:20à la presse d'un journal portugais ici à Paris ? Dans le Gay Paris ? Une femme ?
29:28C'était un monsieur très âgé, et j'ai trouvé ça absolument charmant, mais oui,
29:33mais les ailes du Moulin Rouge, c'est les ailes du rire, et c'est les ailes de la joie
29:37de vivre, et les ailes de la frivolité, et de ce côté superficiel dont on a tant besoin
29:41dans la vie, c'est ça qui tombe.
29:44Attendez, attendez, on va les reclouer.
29:46Non, on va les retrouver, mais le symbole, il est là quand même.
29:49Ah oui ? Ah oui, le symbole, il est là.
29:51Pour vous, c'est un symbole, Eva ?
29:52Mais tout à fait, mais pour le monde entier, dans le sens que c'est curieux, une ville
29:55comme Paris est comme symbole des monuments très imposants comme la Tour Eiffel, Versailles,
29:59le Louvre, et puis il y a un local comme le Moulin Rouge, en fait, et qui rentre dans
30:04le rang d'un monument.
30:05En fait, il est perçu par tout le monde comme un monument.
30:08Je voulais raconter une petite anecdote, parce que ça a été, donc ce fait a été évoqué
30:12un peu dans le monde entier, mais c'était évoqué surtout, Anaïs, par un micro-village
30:16à côté du mien en Italie, en Piémont, c'est là d'où il vient la famille Clerico.
30:21Tout à fait, ça s'appelle Campiglia Soana.
30:23Ah, il était chez Julien Sénier et Isabelle.
30:26Ce village, Campiglia Soana, il a, je crois, une vingtaine d'habitants.
30:29Et il célèbre, pour eux, la famille Clerico, c'est absolument mythique, parce que ça
30:35fait partie, vous savez, dans les années 30, 50, beaucoup d'Italiens de ces vallées
30:39pauvres ont émigré en France pour trouver la fortune, et eux, c'est un symbole de
30:43cette fortune.
30:44Et donc, quand Jacques Clerico est revenu dans ce village, c'est là qu'il a été
30:49enterré, et il y avait la vallée entière.
30:52C'est dingue, ça ! C'est dingue !
30:54Génial !
30:55John ?
30:56Ah bah oui, écoutez, c'est le berceau du French can-can !
31:00Oui, on l'a entendu, là !
31:01J'ai connu mondialement, et surtout pour les Anglais, c'est tout ce qui a fait la
31:07réputation du Paris de fin de siècle, un peu osé, un peu oulala, un peu sexy, c'est
31:15ça.
31:16Ça fait l'image de la France.
31:17Alors, c'est drôle, parce que vous savez que je lis chaque semaine Corée Internationale
31:23qui sélectionne et qui traduit toutes les pépites de la presse internationale, et qui
31:27parle énormément, parce que ça a un grand retentissement dans la presse étrangère,
31:32et ils nous disent, par exemple, que sans les ailes du Moulin Rouge, le Moulin Rouge
31:36est-il encore le Moulin Rouge ? S'interroge le Washington Post !
31:40John, ça rigole pas du tout avec le Moulin Rouge !
31:45Et alors, le Moulin Rouge, ça a inspiré Baz Luhrmann pour son film, et il en a, alors
31:51la musique du film, c'est Lady Marmolade, on va en écouter quelques notes de Lady
31:57Marmolade, Boris, si tu veux bien, quelques notes de Lady Marmolade.
32:03Alors ça, c'est vraiment très américain, c'est très, comment dirais-je, les Américains
32:15qui regardent Paris et le Moulin Rouge.
32:18Et puis l'autre version, c'est Juliette Gréco, et Juliette Gréco, quand elle parle
32:23du Moulin Rouge, ça donne autre chose, si vous voulez bien l'écouter.
32:34C'est beau ça, ça vous plaît, Juliette Gréco ?
32:40C'était pour vous, c'était pour vous quatre, Juliette Gréco, ils refont la France, c'est
32:47fini, mais on revient vendredi prochain, même heure, 19h10-15, vous pouvez retrouver l'émission
32:53sur RTL.fr et sur l'appli Dans un instant, RTL Foot avec Éric Silvestreau, mais avant,
32:58l'essentiel de l'actualité avec Julia Von Helst.
33:01Bon week-end les amis, bon week-end à tous les auditeurs d'RTL.