• il y a 8 mois
L'acteur, humoriste et réalisateur Artus est l'invité de Léa Salamé pour son film "Un p'tit truc en plus" en salle le 1er mai. Artus sera à partir du 26 septembre au Théâtre Édouard VII avec son nouveau spectacle « One man show » et en tournée dans toute la France à partir de janvier 2025.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Artus, merci d'être avec nous ce matin. Si vous étiez un champion sportif, un personnage de roman et un défaut, vous seriez qui, vous seriez quoi ?
00:10Alors je serais Teddy Riner parce que j'aime bien ce côté puissance mais avec une gentillesse et une douceur folles.
00:18Et puis un petit palmarès aussi qui n'est pas trop dégueulasse.
00:21Un petit palmarès c'est le plus grand champion français. D'ailleurs je précise que vous allez être parrain des Jeux Paralympiques.
00:26Je suis relais de la flamme. Il va falloir courir 200 mètres avec la flamme. J'espère que je ne vais pas me péter la gueule.
00:31Je vais faire en sorte que la flamme arrive à Paris mais je suis relais de la flamme. C'est un honneur, je suis ravi.
00:36Et puis surtout pour les Jeux Paralympiques aussi que j'ai envie de mettre un peu en avant.
00:39On va en parler. Si vous étiez un personnage de roman ?
00:41Moi je suis de la génération Harry Potter donc pour moi Harry Potter, moi j'ai rêvé de m'inscrire à Bouddhla.
00:46J'ai regardé s'il n'y avait pas des sites un peu dans le Darknet qui proposaient les inscriptions.
00:51Et un défaut ?
00:52Un défaut ? L'impatience. Clairement ça me rend fou.
00:56Les gens en retard et tout ça, je ne peux pas attendre, ça me saoule.
00:59Je suis parti des fois très énervé alors que la personne avait trois minutes de retard.
01:02En l'insultant ils disaient « Tu te rends compte machin ? »
01:04C'était trois minutes, ouais mais voilà. Ça me fait autant chier qu'une heure de retard.
01:08« Si tu diffères de moi, si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis. »
01:14C'est ce qu'écrit Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince.
01:17Et évidemment vous êtes d'accord avec lui.
01:19Oui, je suis d'accord parce que je pense que c'est des choses qui...
01:23Oui, tout est une force. C'est la façon dont on le tourne.
01:28Mais je pense que tout peut devenir une force.
01:31On peut se servir de tout pour s'enrichir et pour justement le prendre en...
01:36Les critiques, les galères, tout ça, ça peut devenir des forces.
01:40Il faut que ça devienne des forces.
01:41Artus, vous êtes comédien. On vous a vu notamment dans un rôle marquant et à contre-emploi dans le Bureau des Légendes.
01:46Vous êtes une des stars de l'humour aujourd'hui.
01:48Plus de 100 000 spectateurs à votre dernier spectacle.
01:51Plus d'un million de fans sur Instagram.
01:54Et là, vous sortez votre premier film comme réalisateur.
01:58Ça s'appelle Un Petit Truc en Plus.
01:59Ça sort mercredi prochain.
02:01Et cette petite différence dont parle Antoine de Saint-Exupéry,
02:04eh bien ils l'ont tous les héros de votre film qui parle du handicap mental
02:08avec tendresse, légèreté, bienveillance et surtout beaucoup d'humour.
02:12À l'affiche, Clovis Cornillac et Alice Belaydi.
02:15Et puis 11 comédiens, tous porteurs d'un handicap.
02:18Il y en a un qui est autiste, il y en a un qui est trisomique,
02:20qui a le syndrome Gilles de la Tourette.
02:22Et ils sont formidables.
02:24Vous dites, j'ai voulu faire un film avec des personnes handicapées,
02:28pas sur des personnes handicapées.
02:30Et il y a une vraie différence.
02:31Oui, ce n'est pas le sujet du film.
02:33Le sujet du film, ce n'est pas le handicap.
02:34Je ne voulais pas traiter...
02:36On ne parle pas du tout de la partie négative qui accompagne certaines pathologies
02:40parce qu'il y a aussi un quotidien qui n'est pas facile avec pas mal de ces pathologies-là.
02:44Non, là, je voulais un film solaire, joyeux, lumineux,
02:48avec des acteurs en situation de handicap,
02:50avec des acteurs qui ont un petit truc en plus.
02:52Parce que vraiment, quand je dis un petit truc en plus,
02:54c'est ce qu'ils apportent chacun.
02:55C'est leur personnalité dans le film.
02:56Je n'ai rien écrit.
02:58Je ne leur ai pas rajouté des choses.
03:00C'est vraiment eux.
03:01C'est-à-dire que vous avez fait, pour expliquer,
03:02vous avez fait un casting.
03:04Vous avez mis une petite annonce sur Instagram.
03:05Tout à fait.
03:06Vous avez fait passer le casting.
03:07Et en fonction des comédiens que vous avez choisis,
03:09vous avez adapté le scénario à leur handicap.
03:12J'ai écrit pour eux, surtout parce que je ne voulais pas des acteurs.
03:14Donc, même s'ils n'avaient pas eu un petit truc en plus,
03:16comme ce n'était pas des acteurs, il fallait que j'écrive pour eux,
03:18parce que ce n'est pas leur métier de jouer.
03:20Et c'était aussi une façon de me protéger.
03:23C'est qu'aujourd'hui, dans le film,
03:24si on me dit « Tu ne trouves pas qu'un trisomique est fan de Dalida ? »
03:26C'est beaucoup, non ?
03:27Je dis « Allez dire ça à Arnaud, parce qu'il est vraiment trisomique
03:29et il est vraiment fan de Dalida. »
03:31Il a Dalida qui est tatouée sur son bras.
03:33Vraiment tatouée sur son bras.
03:35Il est vraiment fan de Dalida.
03:38Vous avez été très marqué par le huitième jour
03:40avec Daniel Otteuil,
03:42qui avait remporté le prix d'interprétation
03:45avec la personne handicapée
03:47qui jouait à l'époque avec lui.
03:49Mais vous dites que c'était il y a 28 ans.
03:51Oui, en fait, je trouve ça fou.
03:53Parce qu'à l'époque, ce film, quand il est sorti,
03:55je me suis dit « Ah, c'est cool, peut-être qu'on va les voir un peu plus. »
03:57Et puis vraiment, ça a été ovationné.
03:59Ce n'est pas passé inaperçu.
04:01Donc voilà, on se dit « Ah, il y a peut-être une porte qui s'ouvre. »
04:03Et en fait, très vite, il y a un mec qui shoot dans la porte
04:05et qui dit « Non, on la rouvrira peut-être dans 30 ans. »
04:07Mais c'est ce que vous faites.
04:09Vous la rouvrez 30 ans après.
04:11Alors, il y a eu hors normes quand même.
04:13Il y a eu hors normes, il y a eu presque.
04:15Il y a eu pas mal de films.
04:17Après,
04:19moins sous le prisme de la comédie.
04:21Moi, je trouve que
04:23pour le coup, il manquait des projets comme ça
04:25où on puisse rire aussi.
04:27Parce que c'est des sujets qui sont tristes, qui sont durs.
04:29Mais je trouve ça beau quand on arrive quand même à y mettre
04:31un peu de poésie.
04:33Pour moi, « La vie est belle », par exemple, sur les camps,
04:35qui est un sujet, les camps,
04:37c'est dramatique, évidemment, il y a ce truc-là.
04:39Mais je trouve que « La vie est belle » a réussi à mettre un peu de poésie
04:41dans ce truc qui n'est pas toujours le « tous les jours ».
04:43D'ailleurs, une des personnes
04:45handicapées est juive.
04:47Elle porte tout le temps la kippa.
04:49Vous avez cette phrase assez drôle.
04:51Je dis « Putain, il croit en Dieu, il n'est pas rancunier. »
04:53Parce que c'est sûr
04:55que quand il y a un petit truc en plus...
04:57Et d'ailleurs, il y a beaucoup de personnes
04:59en situation de handicap chez les croyants.
05:01Il n'y a pas l'avortement, il n'y a pas tout ça.
05:03On voit plus de personnes en situation
05:05de handicap.
05:07Le film connaît déjà un succès dingue avant même sa sortie en salle.
05:09C'est-à-dire que vous avez fait des avant-premières
05:11et je crois que vous avez atteint les 30 000
05:13spectateurs en avant-première.
05:15Oui, on a fait...
05:17Il faut vraiment le dire, c'est du jamais vu.
05:19C'est plus que les avant-premières de Trois Mousquetaires.
05:21C'est énorme. Comment vous expliquez ?
05:23Je ne sais pas. Et ça fait peur parce que
05:25le film sort la semaine prochaine et que là, on se dit
05:27« Oui, c'est cool, il y a un truc qui se passe autour du film. »
05:29Je ne sais pas, mais
05:31peut-être justement une envie de voir
05:33un film différent.
05:35J'espère que ça va faire prendre conscience à pas mal
05:37de gens qui m'ont dit « Non, on ne financera
05:39pas ton film parce que personne n'a envie de voir 10 handicapés
05:41au cinéma. » Peut-être qu'ils diront
05:43« Ah, en fait, si. »
05:45C'est fou. Combien vous avez galéré
05:47pour financer ce film alors que vous avez
05:49une carte
05:51populaire immense.
05:53Vous avez galéré et effectivement
05:55vous disiez « Non, ils existent
05:57mais on ne veut pas les voir à l'antenne. » Vraiment, il y en a
05:59qui vous ont dit ça ?
06:01Je trouve ça fou à quel point on l'a dit
06:03frontalement. C'est-à-dire qu'en fait, il n'y a même
06:05pas de...
06:07Des fois, quand c'est sur certaines religions
06:09ou certaines choses, les gens sont
06:11un peu mal à l'aise.
06:13Personne ne veut voir
06:1510 handicapés sur un grand écran.
06:17D'accord, au moins c'est honnête,
06:19c'est frontal.
06:21Je trouve ça fou.
06:23J'aimerais vraiment que le film marche
06:25pour ça, pour eux et pour montrer
06:27que t'es un vieux con
06:29et reste dans ta boîte de prod.
06:31Et ils vous disent quoi, justement, les gens
06:33qui vont aux avant-premières ?
06:35Ils disent
06:37qu'ils sont contents de voir...
06:39En fait, on oublie...
06:41Le but, c'est que quand on sort du film,
06:43on oublie qu'on a vu un film avec 10 personnes en situation
06:45de handicap mais qu'on se dit juste « Putain, j'ai envie d'être avec eux.
06:47J'aurais bien aimé être là. J'aurais bien aimé
06:49vivre ce tournage. J'aurais bien aimé... »
06:51Au début, on a fait des projections test.
06:53Donc les gens ne savent pas ce qu'ils viennent voir.
06:55Ils viennent voir un film, mais ils ne savent pas ce qu'ils viennent voir.
06:57C'est un panel. Et après, ils disent pourquoi ils ont aimé, pourquoi ils n'ont pas aimé.
06:59Ah, ils ne disent pas pourquoi je suis là ?
07:01Non, ils ne savent pas quel film ils vont voir.
07:03Et il y a un monsieur qui m'a dit
07:05« Honnêtement, si j'avais su que c'était un film avec des gens en situation de handicap,
07:07je ne serais pas venu. » Je le dis honnêtement.
07:09Et là, je suis content parce que merci, ça m'a fait changer.
07:11Et moi, le film, je veux qu'il plaise
07:13évidemment aux gens qui ont un petit truc en plus,
07:15aux gens qui les accompagnent, évidemment.
07:17Mais il faut aussi aller choper ceux-là.
07:19Comme Clovis. Clovis, il ne s'en cache pas.
07:21Clovis, il le dit. Il le dit. Moi, j'ai toujours eu un rapport.
07:23Je ne sais pas comment aller.
07:25Clovis Cornillac, il le dit lui-même.
07:27Avant ce film, je ne savais pas comment aller.
07:29Et les trois quarts des gens, c'est ça.
07:31Il y a un malaise de « je ne sais pas comment aller vers la personne handicapée. »
07:33Et notamment la personne handicapée mentale.
07:35Oui, il y a un rapport de comment je lui parle.
07:37Est-ce que ça va ? Est-ce que je lui parle comme un chiot ?
07:39Non, ce n'est pas un labrador.
07:41Tu peux y aller, tu peux lui parler.
07:43Il y a un film qui va passer ou pas.
07:45C'est des gens comme tout le monde.
07:47Mais il n'y a pas de façon de le faire.
07:49Et d'ailleurs, il dit Clovis Cornillac que le film l'a vraiment profondément changé.
07:51Oui, mais je pense que toute l'équipe.
07:53Honnêtement, je pense que sur ce tournage, il y a eu un truc de...
07:57Il y a la moitié du HMC.
07:59L'HMC, c'est l'équipe maquillage-coiffure.
08:01Ils se sont tous tatoués un petit plus sain.
08:03C'est quand même rare qu'une équipe...
08:05Si on fait tous un tatou sur chaque tournage qu'on fait,
08:07on termine avec beaucoup de tatous.
08:09Donc il y a un truc qui s'est passé
08:11de particulier sur tournage.
08:13Une vraie aventure.
08:15Je pense que même s'il n'y avait pas eu les caméras,
08:17on aurait été content de vivre cette aventure.
08:19Et vous, qu'est-ce qui vous a attiré dans cette différence-là ?
08:21Vous dites, j'ai toujours été attiré par la différence.
08:23Ça remonte à loin.
08:25Ça remonte notamment à un de vos copains au collège,
08:27Victor.
08:29Qu'est-ce qui s'est passé avec lui ?
08:31Victor était autiste et passionné par les locomotives.
08:33Je me souviens...
08:35D'ailleurs, c'est un personnage de film dingue.
08:37Il avait vraiment ce côté.
08:39Il avait sa casquette de chef de gare.
08:41Et moi, je l'aimais bien parce qu'on arrivait quand même
08:43à parler d'autres choses aussi de temps en temps.
08:45Et je l'avais invité à mon anniversaire.
08:47Et je me souviens que sa mère avait appelé ma mère
08:49en disant, je peux parler à votre fils ?
08:51Et elle m'avait dit, pourquoi tu l'invites à ton anniversaire ?
08:53Parce que je l'aime bien.
08:55Elle me dit, non, c'est pour te moquer de lui, c'est ça ?
08:57Et vraiment, à ce moment-là, ça m'a brisé le cœur.
08:59Parce que je me suis dit, mais pas du tout.
09:01Mais en fait, c'est fou.
09:03Parce que si elle pense ça, évidemment,
09:05c'est que soit elle l'a déjà vécu,
09:07soit il y a des gens qui font ça pour ça.
09:09Et d'ailleurs,
09:11elle m'avait remercié.
09:13J'avais 12 ans, c'était absurde.
09:15Je trouvais ça fou de me faire remercier par une mère
09:17parce que j'invite un gars à mon anniversaire.
09:19En plus, c'était au mois d'août, il n'y a jamais personne à mon anniversaire.
09:21On le sait,
09:23tous les lions, ils le savent.
09:25Vous dites que vous êtes particulièrement touché
09:27par la capacité des personnes handicapées
09:29à dire les choses là où les valides
09:31sont empêchés, empêtrés,
09:33muselés par les codes sociaux,
09:35sont hypocrites, tout simplement.
09:37Les personnes handicapées disent « je t'aime,
09:39je suis content d'être avec toi » ou au contraire
09:41« je suis fatiguée, je n'ai pas envie d'être là, je n'ai pas envie d'être avec toi ».
09:43Ils disent les choses très simplement.
09:45Oui, ça fait du bien, en fait.
09:47Cette simplicité, mais dans le bon sens du terme.
09:49Nous, on s'est mis tellement de barrières.
09:51Vous imaginez,
09:53si je marche dans la rue en souriant aux gens,
09:55les 90% des gens que je vais croiser
09:57vont se dire « qu'est-ce qu'il a, lui, il a un souci, pourquoi il me sourit ?
09:59Il y a un problème, il y a un truc ? »
10:01Non, je te souris parce que je suis de bonne humeur,
10:03que je te trouve belle, que je te trouve beau,
10:05que je te trouve habillée.
10:07Tu vois, j'aurais pas porté ça.
10:09C'est fou que maintenant,
10:11on ne sache plus comment se serrer la main,
10:13comment se dire bonjour, comment se parler,
10:15comment se regarder. Est-ce que j'ai le droit de regarder ?
10:17Merde, j'ai regardé de son épaule, il va croire que...
10:19Non, venez, c'est simple.
10:21On arrête de se mettre des barrières.
10:23Et eux, il n'y a pas ça.
10:25Quand ils font des câlins, il y a un truc
10:27dont on se donne de l'amour et qui fait du bien.
10:29Franchement, qui fait du bien.
10:31L'histoire, c'est un père et son fils,
10:33dans une bijouterie et qui, pour échapper à la police,
10:35se retrouvent dans une colonie de vacances
10:37pour personnes handicapées dans le Vercors.
10:39Et vous, vous êtes le fils,
10:41et vous devez faire semblant d'être handicapé
10:43pour rentrer dans cette colonie et pouvoir vous faire choper.
10:45Et vous êtes accompagné
10:47de votre pseudo-éducateur qui est votre père,
10:49c'est-à-dire Clovis Corniac.
10:51Sauf que très vite, les handicapés vous grillent.
10:53Vous n'êtes pas un des leurs et ils le savent.
10:55Et notamment dans la scène de la douche,
10:57on écoute.
10:59Qu'est-ce que tu fous là, toi ?
11:01Tu n'es pas handicapé ?
11:03Si, si, je ne suis pas handicapé.
11:05Moi, j'ai toujours été handicapé, depuis tout petit.
11:07Euh...
11:09Bah, on ne voudrait pas, non ?
11:11Bah, si, moi, je crois.
11:13Ça se verra tout de suite.
11:15T'as raison, je ne suis pas handicapé.
11:17Je suis de la police.
11:19En fait, j'enquête sur un mec dans la région...
11:21Tu n'es pas policier ?
11:23Non, non, je ne suis pas policier non plus.
11:25Moi, j'ai eu...
11:27J'ai fait des petites bêtises.
11:29Là, un petit moment, quoi.
11:31Là, au moins, tu me dis
11:33la vérité.
11:35Et là, on ne voit pas toutes les mimiques que fait Arnaud.
11:37Arnaud, qui est mon partenaire dans la douche.
11:39Qui a vraiment un visage
11:41tellement expressif.
11:43C'est un bonheur. Moi, je revois
11:45toute la scène et toutes ces mimiques,
11:47elles sont dingues.
11:49C'est un film très visuel.
11:51Mais j'avais quand même envie de passer cet extrait-là.
11:53Parce que c'est vrai que c'est...
11:55Sur la vérité, tu dis la vérité.
11:57Ils chopent tout de suite la vérité. Parce qu'ils ne sont que dans la vérité.
11:59Il n'y a pas de filtre du mensonge.
12:01Non. Et puis, oui. Et puis, eux, ils sont
12:03dans ce partage. Même ça,
12:05ils viennent me dire très vite. Voilà, j'étais grillé.
12:07Mais en gros, on s'en fout. Ils ne sont pas dans le jugement.
12:09Ils s'en foutent de ce que le personnage que je joue
12:11a fait avant.
12:12Chacune des personnes handicapées de vos acteurs, de vos comédiens,
12:14parce qu'ils n'étaient pas comédiens, mais maintenant ils le sont grâce à votre film,
12:16venait sur le tournage avec...
12:18Vous dites, il y avait la famille et il y avait les éducateurs.
12:20Vous dites, j'ai été bluffé
12:22par la force des éducateurs. Ils sont payés
12:24une misère et ils se défoncent
12:26pour... Mais c'est
12:28ces métiers dont on parle
12:30jamais, qu'on n'entend jamais, qu'on n'entend jamais
12:32se plaindre. Déjà, moi, j'ai été animateur
12:34en centre de loisirs,
12:36en colo, tout ça. Déjà, je me disais, putain,
12:38on confie quand même 30 gosses.
12:40Dès qu'il y a un problème, c'est pour
12:42notre poire. Mais quand tout se passe bien, on est payés
12:445 euros de l'heure. Et après,
12:46j'ai découvert qu'en plus, il y en avait qui faisaient ça,
12:48plus la partie soins,
12:50des fois, hygiène corporelle
12:52à avoir avec eux. Et c'est des gens
12:54qui ont une banane et qui les aiment.
12:56Il y a des familles,
12:58mais il y a aussi des familles qui font
13:00le choix, malheureusement, de ne pas s'occuper
13:02de certaines personnes.
13:04Moi, dans l'équipe, il y en a qui ont été
13:06un peu abandonnées,
13:08qui ont été élevées par des familles d'accueil. Et je trouve que
13:10ces familles-là, justement, qui en plus
13:12n'étaient pas leurs enfants, qui se sont dit, tu sais quoi,
13:14je vais en prendre un, je vais en prendre deux, je vais en prendre
13:16trois, je vais m'en occuper, je vais mettre ma vie sur le toit
13:18pour eux. Je trouve ça fou.
13:20Et c'est incarné notamment par l'animatrice de Colo, Alice Belahedi,
13:22qui joue très bien dans ce film.
13:24C'est un choix,
13:26c'est un film gay. Vous dites, j'avais envie
13:28d'un lieu magnifique,
13:30le Vercors, il y a des plans magnifiques. Je voulais du soleil
13:32dans ce film, je voulais de l'humour
13:34et une bande
13:36originale avec de la musique
13:38particulièrement gay, notamment quand ils font la fête
13:40sur Overnight de Parcells.
13:48...
14:00Voilà. Et là,
14:02nécessairement, on est de bonne humeur quand on écoute Parcells
14:04et cette musique-là.
14:06Oui, ça, plus le soleil, parce que je voulais vraiment un film de joie.
14:08Je voulais que les gens sortent de là,
14:10pas en se disant, putain, c'est triste, ils sont handicapés,
14:12mais vraiment qu'ils sortent de là en se disant, putain, c'est cool.
14:14Et on se marre. Moi, je l'ai
14:16fait sur mon ordinateur, ici, à Inter
14:18et t'as toute l'équipe qui est venue me dire
14:20« Mais pourquoi elle rigole comme une gruge ? »
14:22C'est ça, cette décladerie
14:24ridicule, parce qu'on se marre
14:26dans votre film. Artus, vous avez
14:28un parcours vraiment à part. Avant de devenir une star
14:30de l'humour, vous avez été cuisinier. C'est vos parents
14:32qui savaient que vous rêviez d'être humoriste, qui ont loué, sans
14:34vous prévenir, une salle dans un théâtre
14:36d'Avignon, une salle de
14:3838 places et vous ont donné un mois
14:40pour faire votre premier one man show.
14:42Oui, Avignon, c'est un
14:44investissement financier, ça coûte
14:4610 000 euros de faire un festival d'Avignon
14:48entre les affiches, l'hébergement, tout ça. Et eux,
14:50ils m'ont dit « On les met. Au pire, on a perdu
14:5210 000 balles. Au pire, ça marche
14:54et tant mieux. Mais voilà,
14:56prenons le risque. » Et dans ces 38 personnes qui sont
14:58venues vous voir de ce tout petit théâtre ? Il n'y en avait jamais 38.
15:0038, ça veut dire que j'étais complet.
15:02En moyenne, on était à 17,
15:0416, 17. Et j'ai déjà joué devant
15:067, dont, je vous jure, 4
15:08japonaises. J'ai jamais compris. J'ai eu ça 2 fois de suite.
15:10Il y a 2 jours de suite
15:12où j'avais 4 japonaises au premier rang.
15:14Alors, je ne sais pas si Artus veut dire quelque chose en japonais ou si
15:16mon affiche voulait dire... Mais il y a eu 2 soirs de suite
15:18où j'avais des japonaises qui ne comprenaient pas
15:20et qui m'applaudissaient à la fin et qui partaient. Je me suis dit
15:22« Il y a un truc. Ce n'est pas possible. » En tout cas,
15:24parmi eux, il y avait quelqu'un qui travaillait avec Laurent Ruquier.
15:26Du coup, qui vous a casté
15:28pour faire « On ne demande qu'à en rire » à la télé.
15:30Donc, vos parents, Laurent Ruquier qui vous a donné
15:32votre chance, vous avez explosé. Puis ensuite,
15:34comédien. Et aujourd'hui, donc, ce
15:36premier film. Est-ce qu'en début de carrière,
15:42vous avez eu ? Ah oui. Mais c'est pour ça que
15:44je me suis toujours dit que je n'étais que de passage et que ça n'allait pas
15:46durer. Donc, j'ai toujours tout pris en bonus.
15:48En me disant que je suis cuisinier. Et encore aujourd'hui.
15:50Vous pensez que ça va s'arrêter ?
15:52En tout cas, si ça s'arrête,
15:54ça s'arrêtera. Mais je ne vais pas
15:56tout faire pour qu'on m'accepte.
15:58Si à un moment, je ne plais plus
16:00ou s'il y a un truc que je dis
16:02qui ne plaît pas, je repartirai en cuisine.
16:04Les impromptuants. On vous répond en 30 secondes.
16:06C'est vrai que votre réalisateur préféré
16:08dont vous connaissez tous les films par cœur, c'est Tim Burton.
16:10Je suis fan de Tim Burton. C'est un univers.
16:12Moi, j'aime les films qui me transportent,
16:14qui me font... Tim Burton, j'ai hâte qu'il y ait
16:16Beetlejuice 2 d'ailleurs. Vous rêvez de présenter
16:18une émission de télé ?
16:20Non. Ou alors
16:22un Burger Quiz. Une émission un peu décalée.
16:24Rugby ou foot ? Rugby.
16:26Hockey ou rugby ? Rugby.
16:28Fromage ou dessert ? Fromage.
16:30Évidemment.
16:32En France. Vous avez combien
16:34de tatouages ? Ouh là, je ne sais pas.
16:36Je dirais une dizaine,
16:38une quinzaine. Vous vous êtes tatoué le titre
16:40du film sur votre bras ? Oui, avec Sofiane,
16:42qui est un des comédiens du film.
16:44C'est moi qui lui ai écrit et eux,
16:46c'est tous mes comédiens qui l'ont écrit. D'ailleurs, il y a une faute d'orthographe
16:48parce que c'est censé être écrit
16:50un petit truc en plus, mais comme
16:52Ludovic ne sait pas écrire,
16:54j'ai demandé, fais-moi un I,
16:56il a fait ça, donc c'est plus un P,
16:58donc il a écrit un petit truc en plus.
17:00C'est pas grave. On prend Jacques Brel
17:02ou Georges Brassens ? Jacques Brel,
17:04sans hésitation. C'est votre héros absolu ?
17:06Il est tatoué pour le coup, Jacques Brel.
17:08Sexe, drogue, alcool, vous choisissez quoi ?
17:10Sexe, j'ai arrêté
17:12la drogue il y a très longtemps et même l'alcool,
17:14il y a un an, je ne bois plus du tout l'alcool.
17:16Gad Elmaleh ou Jamel Debbouze ?
17:18Gad, je connais quand même
17:20les premiers spectacles, j'ai grandi avec.
17:22Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
17:24Fraternité.
17:26Et Dieu dans tout ça ?
17:28Dieu, je suis là, il a mon numéro,
17:30s'il veut m'appeler. Non mais moi, je ne suis pas
17:32fermé, je le dis tout le jour.
17:34Pour l'instant, je n'y crois pas, mais si un jour, il veut me faire un signe,
17:36je suis là, je suis à l'écoute. Un petit truc en plus,
17:38le film familial et populaire
17:40du printemps, c'est avec Arthus,
17:42c'est signé d'Arthus, c'est avec lui, c'est mercredi prochain en salle
17:44et je précise que vous serez aussi au Théâtre Edward VII
17:46pour votre nouveau spectacle à partir du 26 septembre.
17:48Mais bon, ça, vous n'avez pas besoin de
17:50promo, puisque c'est déjà tout vendu.
17:52Non, il reste quelques places, il reste des strapontins.
17:54Belle journée à vous.
17:56Merci.

Recommandations