• il y a 8 mois
L'humoriste David Castello-Lopes est en tournée pour son spectacle "Authentique". D'aucuns le pensent suisse, il est "juif et portugais", meilleure excuse pour faire des vannes selon lui. L'humoriste est au micro de Léa Salamé.

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Transcription
00:00 France Inter, le 7/10.
00:07 Et Léa, ce matin vous recevez un journaliste, vidéaste, humoriste qu'on aime beaucoup ici !
00:12 Bonjour David Castello Lopez !
00:14 Bonjour Léa, bonjour à tous !
00:15 Merci d'être avec nous ce matin. Si vous étiez un pays, un écrivain et un personnage historique, vous seriez qui ?
00:21 Vous seriez quoi ? Alors un pays d'abord.
00:22 Un pays, je dirais que je serais, peut-être pas vraiment un pays mais le Tessin, la partie italienne de la Suisse.
00:29 Parce qu'ils ont le côté suisse, c'est-à-dire ça marche, ça fonctionne, ils sont fiables.
00:34 Mais en même temps, il y a un petit peu de l'exubérance italienne qui vient tempérer tout ça. J'aime bien.
00:38 Ça vous ressemble quoi, le Tessin. Un écrivain ?
00:41 Un écrivain, dur à dire mais je pense que si on peut choisir ce qu'on veut, je ne sais pas si ça me correspondrait,
00:47 mais en tout cas, je pense que j'aimerais bien être un de ces écrivains qui fait de la recherche fondamentale.
00:53 Qui sont de l'âme humaine, des traits fonds. Proust, ça ne veut pas dire que je ne suis pas...
01:00 Mais tant qu'à choisir ce qu'on veut, Proust, Gracq, Philippe Roth.
01:05 Pas mal. Et un personnage historique ?
01:07 Un personnage historique, je pense que je prendrais, encore une fois, si je peux prendre ce que je veux, je prendrais...
01:11 Un Suisse ?
01:12 Non, je prendrais un ingénieur mais qui a un petit sens de l'esthétique, genre Eiffel.
01:18 Ah, pas mal, pas mal, mais c'est pas mal, ça vous ressemble pas mal.
01:22 Votre écrivain préféré, je pensais que vous alliez le prendre lui, c'est le Polonais Witold Gombrowicz qui disait
01:27 "Plus c'est savant, plus c'est bête". Êtes-vous d'accord avec lui ou vous vous diriez l'inverse ?
01:32 "Plus c'est bête, plus c'est savant".
01:34 Gombrowicz, je l'aime beaucoup, mais il fait quand même des fois des petites phrases comme ça,
01:39 on ne comprend pas très bien ce qu'il veut dire.
01:41 C'est haut de bouillie, c'est peut-être vrai, c'est peut-être faux.
01:44 Parce que non, moi je dis "Plus c'est savant, plus c'est savant".
01:47 Mais le connaissant, je pense que ce qu'il veut dire, c'est qu'il n'aime pas les gens qui sont grandiloquents, qui pontifient.
01:52 C'est-à-dire que ces gens, quand ils parlent, on sent qu'ils ne sont pas en train de vous transmettre une information,
01:58 ils parlent pour dire des choses qui leur donnent une bonne image d'eux-mêmes à eux-mêmes.
02:03 Et je pense que c'est d'eux qu'ils parlent, et si c'est ça qu'ils disent, je suis tout à fait d'accord avec lui.
02:07 Je pense que ça participe de votre réussite, David Castello-Lopez, que vous nous racontez ce matin,
02:11 le côté un peu intello et le côté pas pontifiant.
02:14 Quel parcours quand même depuis vos débuts comme journaliste de données à l'agence Capa,
02:19 puis chef du service vidéo au Monde.
02:21 Vous avez été auteur pour Logoraphie, vous avez fait des petites vidéos, et aujourd'hui, donc, monsieur est humoriste.
02:26 Le meilleur humoriste de l'année dernière, vous a bombardé le parisien, carrément.
02:30 Vous êtes une fois par semaine sur notre matinale du 7-10,
02:33 et avec votre spectacle authentique, vous remplissez des salles comme des petits pains.
02:37 Je ne sais pas si c'est l'expression juste.
02:39 Vous serez à l'Olympia le 6-7-8 juin de cette année, mais c'est déjà complet, pas la peine de se ruer.
02:47 C'est complet, le Grand Rex le 15 octobre prochain, complet également.
02:50 Mais depuis hier soir, les billets sont en vente pour le Zénith de Paris le 13 juin 2025.
02:55 Ensuite, vous serez en tournée partout en France.
02:58 Le Zénith, carrément, vous savez c'est combien de places ?
03:01 C'est 5000 places, je crois.
03:03 Non, c'est 6800 places.
03:05 Ah oui, alors je pense que c'est 6800 pour les concerts où il y a des gens debout.
03:08 Et généralement, les spectacles d'humour, on ne met pas les gens debout.
03:11 Donc on resserre les gens, on enlève quelques.
03:14 Enfin, 5000 places pour quelqu'un qui était terrorisé à l'idée de monter sur scène.
03:20 Oui, mais en fait, il reste que le Zénith c'est terrorisant,
03:23 mais ce que les gens ne voient pas souvent, c'est que c'est progressif.
03:29 Et donc, d'abord on commence par 25 places, puis 50, puis 100.
03:33 Et à chaque fois, il y a un petit choc, mais on ne passe pas de rien du tout à zbim le Zénith.
03:36 Et donc c'est ça qui fait qu'on s'y fait.
03:38 Il y a une petite peur, mais elle est incrémentielle.
03:41 Mais vous, je vous imagine la veille du Zénith, c'est quand même...
03:46 Déjà l'Olympia c'est chaud.
03:49 Oui, mais en fait avec la peur et le trac, il y a un truc qui est...
03:52 Moi je pense que j'ai un trac qui est rationnel.
03:55 C'est-à-dire que j'ai peur quand il faut avoir peur.
03:57 C'est-à-dire que je ne suis pas tout à fait sûr de ce que je vais dire,
04:00 s'il doit y avoir de l'improvisation, si je n'ai pas tout à fait assez répété.
04:04 Mais là, le spectacle, je le connais.
04:06 Et en fait, c'est quoi le pire truc qui puisse se passer ?
04:09 Bon, il y a une blague qui fonctionne un peu moins bien qu'une autre, etc.
04:12 Et ça m'est déjà arrivé, et on n'en meurt pas.
04:14 Si le succès est souvent un malentendu, comment vous expliquez le vôtre ?
04:18 Comment vous expliquez que soudainement, il y a quelques mois...
04:20 Parce que c'est vrai que vous faisiez jusque-là des petites vidéos qui avaient un petit peu de succès,
04:24 mais c'était pas... Et soudainement, ces derniers mois, ce spectacle authentique,
04:28 le Blast, comment vous l'expliquez ?
04:30 C'est votre côté à la fois journaliste et humoriste.
04:33 C'est le côté "Venez vous marrer, mais vous apprendrez des choses également".
04:36 Je pense qu'il y a un petit peu de...
04:38 C'est quand même extrêmement dur de répondre à cette question, parce que ça surprend.
04:42 Je pense que j'aime... Les gens qui disent "Ouais, je m'attendais à ce succès, évidemment".
04:46 "Bien sûr, ça m'était dû".
04:49 Non, je ne sais pas.
04:52 En fait, il y a une transition qui doit se faire,
04:55 je pense que c'est pour beaucoup de gens qui ont une petite notoriété sur Internet.
04:58 Est-ce que les gens qui vous aiment bien sur Internet,
05:01 ils seront disposés à payer un petit peu d'argent pour venir vous voir en vrai ?
05:05 Et c'est cette transition qu'il faut faire, et jamais on sait si on va réussir à la faire.
05:09 Il se trouve que là, dans une certaine mesure, je pense que je l'ai faite, et ça me fait plaisir.
05:13 Et ça vous fait plaisir ? Et qu'est-ce que ça répare, cette petite réussite ?
05:16 Parce que vous dites "J'ai quand même une petite réussite", qu'est-ce que ça répare chez vous ?
05:19 Je pense que je... Comment dire ?
05:22 Je suis quelqu'un qui a glandé très longtemps.
05:25 Je n'ai pas du tout fait comme mes amis,
05:28 comme beaucoup d'amis à moi qui ont fait des études de malade.
05:31 Mon meilleur ami au lycée, c'était Clément Beaune.
05:34 Oui, alors ça c'est très drôle, j'ai vu ça.
05:37 Vous étiez amis à la vie et à la mort avec l'ex-ministre, disons, ex-Clément Beaune.
05:42 L'ex-ministre des Transports, qui est toujours député.
05:44 Vous êtes toujours potes ?
05:45 Oui, on est toujours potes.
05:47 Et voilà, Clément c'est un exemple de type, genre, moi j'étais là un peu au lycée,
05:50 je fais des conneries, lui il travaillait.
05:53 Il voulait être ministre, quoi.
05:55 Mais on l'appelait Clément Président.
05:58 On l'appelait Clément Président en terminale.
06:01 Et c'était le meilleur.
06:03 Et en plus, il était un peu sympa, drôle.
06:05 C'était une sorte de perfection un peu énervante.
06:08 Et ensuite, lui prépa, ENA, tout ça.
06:12 Et moi, j'étais là, j'avais un groupe de musique vaguement, vaguement glandeur.
06:16 Et puis, ça répare le fait que j'ai beaucoup glandé.
06:18 Voilà, vous avez beaucoup glandé, vous avez fait des petites vidéos,
06:20 votre petit succès sur Internet.
06:22 Et puis un jour, en 2021, soudain, en plein Covid, vous sortez cette vidéo-là.
06:28 [Musique]
06:53 Alors, vous avez acheté beaucoup de trucs.
06:55 Vous avez eu plein de thunes.
06:57 Il y a un petit paradoxe, c'est que cette chanson a eu quand même pas mal de succès.
07:00 Mais c'est pas pas mal de succès.
07:01 Cette chanson, il y a un avant et un après dans votre vie, d'avis que c'est Lolo Pesce.
07:04 C'est-à-dire que c'est 100 millions de vues.
07:06 Et dans tous les collèges de France, les mômes chantaient "J'ai des thunes, j'achète des choses".
07:12 Le petit paradoxe, c'est que ça, en soi, ça ne m'a rapporté rien.
07:15 Zéro euro.
07:17 Et voilà.
07:18 Alors, depuis, ça m'a donné des opportunités qui, peut-être, m'ont donné un petit peu d'argent.
07:21 Mais la chanson en elle-même, rien.
07:24 Voilà, c'est zéro.
07:25 - Est-ce que vous pouvez m'expliquer, pour le coup, pourquoi celle-là a marché ?
07:28 Parce que ça parle d'argent ?
07:30 - Je pense qu'il y a peut-être un truc, ça parle d'argent.
07:32 Et l'argent, vraiment, je pense que les gens, c'est comme le sexe, les gens, ils aiment beaucoup qu'on parle d'argent.
07:35 Et contrairement au sexe, ce n'est pas censuré sur les réseaux sociaux.
07:39 Ça ne descend pas dans les algorithmes.
07:41 Donc, je pense qu'il peut y avoir de ça.
07:42 Mais j'ai été surpris.
07:43 Moi, au départ, c'était une chanson de 15 secondes que j'ai faite pour expliquer un principe économique.
07:47 Qui s'appelle le principe des biens positionnels.
07:49 Les biens qu'on achète, non pas pour leur fonction.
07:51 On achète une chaise pour s'asseoir dessus, mais les biens qu'on achète pour dire au monde entier qu'on possède plein de thunes.
07:55 15 secondes, elle a été mise sur TikTok.
07:58 Et là, explosion.
07:59 Mais j'en ai fait 25 d'autres chansons avant.
08:01 Pourquoi celle-ci ?
08:02 Et ça explose.
08:03 Et alors, vraiment, c'est inexplicable.
08:04 Mais c'est très agréable.
08:05 - Et depuis, tout le monde pense que vous êtes suisse.
08:07 Parce que vous l'avez tourné autour du lac Léman ?
08:10 - Non, parce que j'ai fait pas mal de vidéos pour la Suisse.
08:12 Et il y a des petites vidéos qui expliquent des choses sur la Suisse.
08:15 Et donc, les gens, ils croient que je suis suisse.
08:17 - Alors que ça n'a rien à voir.
08:18 - 0% suisse, rien du tout.
08:20 - On va y revenir.
08:21 Quitter le journal Le Monde a été une torture pour moi, vous avez dit.
08:23 Pas de retour en arrière ?
08:24 Vous ne vous imaginez pas à un moment, revenir vers le journalisme sérieux ?
08:27 Et je mets plein de guillemets sur le sérieux.
08:29 - Torture, non c'est un petit peu exagéré.
08:31 Mais c'était la fin de quelque chose.
08:32 Et c'était un petit peu difficile de quitter mon poste de chef de service.
08:36 Mais c'était...
08:38 C'était...
08:39 Non, je ne pense pas que j'ai envie de revenir vers le journalisme complètement sérieux.
08:43 J'en vois pas la nécessité.
08:45 Mais je pense qu'on peut tout à fait dire des choses précises,
08:48 voire profondes, en faisant aussi des blagues.
08:52 Donc je n'ai pas besoin de revenir au Monde.
08:54 - Alors ce spectacle, authentique.
08:55 Pourquoi authentique ?
08:56 Vous n'aimez pas ce qui est faux, ce qui sonne faux, ce qui est fake ?
08:59 Est-ce que vous trouvez l'époque particulièrement fausse ?
09:01 Inauthentique ?
09:03 - Je ne sais pas si l'époque est particulièrement inauthentique.
09:06 Quand on voit dans le Misanthrope de Molière déjà,
09:09 il se fout de la gueule des gens qui sont faux,
09:11 comme les gens d'aujourd'hui peuvent l'être.
09:13 Ce qu'il y a, je pense, aujourd'hui, qui est nouveau,
09:15 vraiment entièrement nouveau, c'est que...
09:17 En fait, plus il y a de gens qui nous regardent,
09:20 plus c'est dur d'être vrai.
09:22 Parce que quand on dit quelque chose, il peut y avoir des conséquences.
09:24 Les gens peuvent cesser de vous aimer.
09:26 Et il se trouve qu'on vit dans une époque où on est beaucoup plus regardé
09:29 individuellement que les époques d'avant.
09:31 Parce qu'on est sur les réseaux sociaux,
09:33 et que tout à coup, on dit quelque chose, et là, zbim !
09:35 Tout le monde vous dit "Ah bah non, t'as dit ça, c'est pas bien"
09:37 ou alors "J'aime pas ton pull".
09:39 Et donc ça, ça pousse à la conformité,
09:41 ça pousse à ne pas être soi-même.
09:43 Et donc je pense que oui, de ce point de vue-là, on est dans une époque
09:45 qui crée beaucoup de faussetés.
09:46 Et vous avez un radar pour repérer les vrais gens et les faux gens ?
09:49 Parce que c'est ça le spectacle !
09:51 C'est ça le spectacle ?
09:52 Ben, ça c'est les vrais gens, ça c'est une expression utilisée
09:54 beaucoup par les hommes politiques, par Emmanuel Macron notamment,
09:57 qui parle des vrais gens.
09:59 Il y a un truc très spécifique dans l'expression "vrais gens".
10:01 On veut pas dire n'importe quoi quand on dit "vrais gens".
10:03 On veut dire les gens qui sont pas riches,
10:05 qui habitent pas à Paris et qui n'ont pas de notoriété.
10:07 Avec cette idée un tout petit peu étrange que,
10:09 enfin en tout cas difficilement, disons, explicable,
10:12 que l'épreuve et la difficulté contiennent plus de vérité
10:16 que le confort et la richesse.
10:17 C'est-à-dire que la réalité de quelqu'un qui gagne pas beaucoup d'argent,
10:22 elle est plus réelle que celle de Kim Kardashian, je sais pas pourquoi.
10:25 Ben c'est ce que j'allais vous dire, selon ce filtre-là,
10:26 Kim Kardashian c'est une vraie Jean ou c'est une faux Jean ?
10:28 Ah c'est une faux Jean de chez faux Jean Saras.
10:30 Ben oui, parce que...
10:31 Oui, oui.
10:32 Même chose pour Nabila, faux Jean.
10:33 Faux Jean complètement.
10:34 Et vous ?
10:35 Ça peut être tempéré par la souffrance.
10:36 C'est-à-dire que si on souffre beaucoup,
10:38 si on a plein d'argent et qu'on souffre, qu'on a pas de jambes par exemple,
10:41 ça peut être un vrai Jean.
10:43 On est un peu vrai Jean.
10:44 Et vous, vous êtes un vrai Jean ou un faux Jean ?
10:46 Je pense que je suis pas particulièrement authentique.
10:48 Ce que j'ai peut-être de plus, c'est que j'ai beaucoup réfléchi à la question,
10:51 donc je suis peut-être un petit peu plus lucide que la moyenne sur mon manque d'authenticité.
10:55 Est-ce qu'il y a un moment dans votre vie où vous êtes vraiment authentique ?
10:58 Par exemple chez le psy, est-ce que vous êtes vraiment authentique ou vous mentez un peu ?
11:01 Alors j'ai déjà vu des psys.
11:03 Je pense que j'ai pu avoir ce truc,
11:05 je pense que l'idée d'aller voir un psy et de lui mentir, ça n'a aucun sens.
11:09 Ce que j'ai pu voir, c'est genre, tiens, j'ai dit ce truc-là,
11:13 je suis sûr qu'elle va trouver que je suis fin, intelligent.
11:17 Donc je suis un peu poser, je pense, même chez le psy.
11:20 J'espère que ma psy va me trouver cool.
11:22 Vous dites que le seul pouvoir de l'être humain, c'est de faire genre.
11:25 On passe notre temps à faire genre.
11:27 Faire genre, on est intelligent.
11:28 Faire genre, c'est intéressant ce qu'on dit.
11:30 Mais tout à fait.
11:31 Le principe de l'authenticité, c'est quelque chose qui concerne uniquement les êtres humains.
11:34 Vous ne vous demanderez jamais si un saumon est sincère.
11:36 Vous voyez, ça n'existe pas.
11:37 Nous, on a conscience de nous-mêmes,
11:39 donc on peut dire des choses qui ne correspondent pas à ce qu'on pense.
11:43 On peut dire à quelqu'un "je suis content pour toi",
11:45 alors qu'en fait, on a envie qu'il décède.
11:47 À chaque fois dans votre spectacle, tous les soirs, vous dites "je suis juif et portugais".
11:52 Immunité totale.
11:54 Immunité totale parce que...
11:56 Qu'est-ce qui donne plus l'immunité à votre avis ? Juif ou portugais ?
11:58 Les blagues sur les portugais, c'est triste de le dire,
12:01 mais c'est comme ça, c'est assez inoffensif.
12:03 C'est rare qu'on vous reproche une blague sur les portugais.
12:05 En revanche, on peut beaucoup vous reprocher une blague sur les juifs.
12:08 Et c'est vrai que ça aide énormément de ce point de vue-là de l'être moi-même.
12:12 Qu'avez-vous de portugais en vous ?
12:14 De portugais...
12:16 J'ai un ami qui dit "être portugais, c'est regarder la mer pendant des heures en se disant que c'était mieux avant".
12:24 Et quand on est à Lisbonne, c'est vrai qu'on passe à Lisbonne,
12:28 on se dit "Waouh, c'est vrai que c'est un pays qui a l'air d'avoir été très puissant, mais il y a hyper longtemps".
12:33 Plus du tout maintenant.
12:35 Et j'ai un peu ce truc, cette sorte de mélancolie vague et permanente.
12:39 Qu'est-ce que vous avez de français en vous ?
12:41 C'est dur de dire ce que c'est "français".
12:43 Encore une fois, je ne sais pas qui c'est qui dit ça,
12:45 mais ça m'avait marqué qu'il disait que l'esprit français, c'était la profondeur dans la légèreté.
12:50 Alors je ne dis pas que je suis profond dans la légèreté,
12:52 mais en tout cas, ça m'a beaucoup marqué. J'ai l'impression que c'est vrai ça sur la France.
12:55 Sur le 18ème siècle français, je ne sais pas, Fragonne.
12:58 Je pense qu'en France, on a conscience qu'on peut dire des trucs un peu intelligents,
13:02 sans forcément être chiant.
13:04 Qu'est-ce que vous avez de suisse en vous ?
13:06 Rien déjà.
13:07 A part que tout le monde pense que vous êtes suisse.
13:09 Vraiment, génétiquement.
13:11 Moi j'ai passé 5 ans, imaginez que vous étiez humoriste suisse,
13:14 je disais "le suisse".
13:15 Pas du tout suisse.
13:16 Rien dans mon sang.
13:17 J'adore quand j'essaye d'être fiable.
13:20 J'adore les gens fiables, j'ai de l'admiration pour les gens qui sont à l'heure.
13:23 Et c'est vraiment le cas en Suisse.
13:25 Et de juif, qu'est-ce que vous avez de juif en vous ?
13:28 Votre mère déjà ?
13:31 Pas mal de choses.
13:32 Ma mère est née en 1943.
13:34 Un quart de ma famille du côté de mon grand-père est morte dans les camps.
13:39 Je m'appelle David, parce que mon oncle s'appelait David et il est mort à Auschwitz.
13:43 J'ai grandi avec ça, avec le poids de tout ça, dans ma famille.
13:47 Ce n'était pas un détail.
13:48 On vous racontait que c'était présent tout le temps.
13:51 Mais c'est présent tout le temps.
13:53 Et c'est quelque chose dont on ne peut pas s'en extraire.
13:56 Donc oui, il y a ça et ça restera jusqu'à la fin.
13:59 Et vous arrivez même à en rire sur scène avec cette liste alternative à la liste de Schindler
14:05 que vous avez imaginée si Schindler était portugais.
14:08 Oui.
14:09 Si les nazis avaient été portugais, la liste de Schindler, ça ne se serait pas appelée la liste de Schindler.
14:17 Ça se serait appelée la liste de José, l'histoire d'un homme qui a dit non au totalitarisme.
14:24 C'est toi, espèce de petit iopan.
14:27 Je vois que tu es arrêté, monsieur l'USS.
14:30 Certes, c'est un petit iopan, mais c'est également un être humain.
14:34 Tu as raison.
14:35 Merci, monsieur José.
14:37 Vous êtes un bienfaiteur du peuple juif.
14:39 La liste de José, prochainement sur vos écrans.
14:46 Oui, les nazis n'auraient pas parlé allemand, ils auraient parlé français avec l'accent portugais.
14:50 David Castello-Lopez, vous dites que la chose la plus authentique de l'existence, c'est la mort, qui est votre angoisse absolue, fondamentale.
14:56 La mort, pour moi, c'est une pensée sur trois.
14:58 Oui.
14:59 C'est pas mal ça, une pensée sur trois.
15:00 Je crois que ça vient de loin de Shakespeare.
15:02 Il y a un personnage de Shakespeare qui dit une pensée sur trois.
15:05 Une pensée sur trois.
15:06 Comment on affronte la peur de la mort et la disparition de ses proches ?
15:10 La mort, en fait, c'est l'infini.
15:13 C'est très dur de gérer ça, parce que nous, on n'a pas accès à l'infini en tant que vivant.
15:18 Il faut juste accepter que c'est l'infini, on n'y aura jamais accès.
15:23 Mais moi, je m'en sors en voyant tout ce qu'il peut y avoir de rigolo dans la mort.
15:28 Il y a toujours des trucs logistiques dans les enterrements, par exemple.
15:31 Des trucs qui tombent par terre, des bruits incongrus, des trucs qui font qu'on se marre pendant les enterrements.
15:35 C'est comme ça qu'on l'affronte, avec des blagues.
15:38 Ou le choix du cercueil.
15:40 Je vous avais déjà fait ça, mais c'est presque drôle.
15:44 On va terminer avec les impromptus.
15:46 Ce ne sont pas mes questions que je vais vous poser.
15:48 Dans votre autre métier, sur Konbini, vous faites une émission, vous recevez des gens, ça s'appelle Smalltalk.
15:53 Et à la fin, vous lui reposez les questions les plus "what the fuck" possibles, les plus décalées, les plus drôles.
16:01 Alors je vais vous répondre en une minute.
16:03 Vous êtes venu par quel moyen de locomotion ?
16:05 Je suis venu en taxi.
16:07 Vous vous êtes déjà pris des râteaux ?
16:09 Oui, et frontaux. Est-ce que tu veux ? Non.
16:13 C'est quoi votre position sur le shit ?
16:15 Je trouve que c'est pas bien, j'aime pas ça, j'aime pas en fumer.
16:21 J'ai rien contre les gens qui en fument, mais je trouve ça pas très bien.
16:23 Si vous deviez sauver un seul raccourci clavier, ce serait quoi ?
16:27 Ça c'est pour Nicolas.
16:30 Pomme A, tout sélectionné.
16:34 Vous seriez entré dans la résistance en 1940, en 1942, en 1945 ou jamais ?
16:40 Celle-là vous la posez. Je me désolidarise de cette question.
16:46 Vu mes origines, je pense que la nécessité aurait fait loire et que ça aurait été très tôt.
16:53 Est-ce que vous avez un talent caché de merde ?
16:56 Ah bien sûr ! Talent caché de merde, je sais faire plein de trucs de merde.
16:59 Je sais faire ça par exemple.
17:02 Voilà, ça sert à rien.
17:05 Et pour terminer, David Castelle-Lopez, si je vous dis "Belle journée", vous me foutez une rafle ?
17:10 Non, pas du tout.
17:12 Vous détestez l'expression et vous m'en voulez depuis 10 ans parce que je termine les interviews par "Belle journée".
17:17 Ce que je dis c'est que ça part d'un bon sentiment de dire "Belle journée", c'est parce que "Bonne journée",
17:20 qui va vous croire quand vous dites "Bonne journée" ? C'est usé comme expression.
17:25 Alors que vous, vous voulez dire que vous nous souhaitez vraiment une bonne journée, tellement bonne qu'elle est belle.
17:28 Et je trouve ça très beau.
17:30 Authentique aux Zénith en juin 2025, parce que l'Olympia dans deux semaines, c'est déjà complet dans un mois.
17:36 La billetterie est ouverte, dépêchez-vous, retrouvez ça.
17:38 Bordeaux, Poitiers aussi.
17:39 Ah bien oui, bien sûr, partout, vous serez partout à partir de cet été notamment.
17:43 Merci et belle journée David Castell-Lopez.
17:46 Merci beaucoup.

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