• il y a 8 mois
Sommés de quitter les lieux à la suite d’un arrêt du Conseil d'Etat, les licenciés du Clap, club historique de pétanque de Montmartre, ont décidé de dormir sur leur terrain et d’en faire « la première ZAD de Paris ». La mairie du XVIIIe appelle de son côté à l’ouverture d’un dialogue.

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Transcription
00:00 Depuis samedi 20 avril, on est censé ne plus occuper les terrains.
00:03 On prend des clés sous peine d'une amende de 500 euros par jour.
00:09 Attends, il m'en reste une là, les copains.
00:10 Dédé, si il y a les forces de l'ordre qui arrivent.
00:13 S'enchaîner à la cheville, comme ça.
00:15 Et voilà.
00:16 On est des joueurs de paye temps.
00:17 Là, on a décidé depuis samedi d'occuper les terrains jour et nuit
00:20 dans les tentes qui sont derrière nous.
00:22 Ah, putain !
00:23 [Musique]
00:46 [Bruits de joueurs]
01:00 On tiendra le temps qu'il faudra et on restera là toutes les nuits,
01:05 s'il le faut, autant de nuits qu'il faudra pour que le clap perdure.
01:10 On est 300 adhérents.
01:12 Le dimanche, il y a un monde fou ici.
01:17 Un monde fou qui s'amuse, qui se retrouve, qui rigole, qui discute,
01:22 et qui joue à la pétanque.
01:23 C'est aussi bête que ça.
01:25 [Bruits de joueurs]
01:29 Moi, j'habite la terrasse en escalier, là.
01:32 Donc, qui donne juste sur le clap.
01:34 Et moi, c'est juste la fenêtre qui est juste là.
01:37 Donc, l'immeuble.
01:38 Voilà, l'immeuble.
01:39 Le bruit des boules, c'est très, très bien.
01:41 On n'a pas du tout envie que ça change.
01:43 Les gens sont heureux.
01:44 Il y a une mixité qui est géniale.
01:46 Pourquoi on changerait quoi que ce soit au lieu ?
01:49 Je suis venue pour soutenir les gens qui résistent.
01:52 Parce qu'on résiste de la même façon.
01:53 On ne va pas venir dormir ici, mais on les soutient fortement.
01:58 Oh, merde !
01:59 Regarde où elle va se mettre.
02:01 Voilà !
02:02 C'est un lieu qu'il faut protéger.
02:03 C'est l'esprit de Montmartre.
02:04 Tout le monde est d'accord.
02:05 Et c'est parti pour faire du commercial pas clair, quoi.
02:10 Des cours de yoga, du marché, des poules, des chèvres.
02:12 Je ne sais pas très bien.
02:13 Je n'ai rien compris de ce qu'ils voulaient faire.
02:14 On vient aujourd'hui apporter à manger aux gens qui courageusement occupent le terrain.
02:21 Et on préfère cette mixité sociale plutôt qu'un repère qui serait de happy few.
02:27 Il y en a suffisamment à Montmartre.
02:30 Si on veut défendre un endroit comme ça, il faut être prêt à tout.
02:33 Donc, voilà, on sait les risques qu'on encourt individuellement.
02:37 Que ce soit Pénaud ou Amande ou force de l'ordre, violence, je ne sais pas.
02:41 Nous, on n'est pas des violents.
02:42 On est des pacifiques.
02:43 Nous, on veut juste garder notre petit havre de paix, le garder pour les Montmartreois
02:47 et ne pas le donner à un hôtel de luxe qui veut en faire du business.
02:49 Ça fait 14 ans que je viens ici.
02:53 C'est un endroit auquel je tiens beaucoup aussi, auquel j'ai aussi beaucoup de souvenirs.
02:57 Et puis, il y a les copains et un tas de bonnes choses.
03:01 Et puis, si ça devait s'arrêter, on serait tous trop tristes.
03:04 Je n'ai pas envie que ce ne soit que des souvenirs.
03:07 J'ai envie que ça reste toujours le moment présent.
03:09 Allez Bernard, la France te regarde.
03:11 Allez Bernard, une merguez.
03:14 Brach !
03:15 Un costaud des épinettes, là, ici.
03:19 Bernard, un de nos meilleurs joueurs qui s'appelait Rico.
03:21 Ce sont des pétanqueurs, des gens du clap, qui sont adhérents au qu'il l'était,
03:25 pour ceux qui ne sont plus là.
03:27 Il y en a un d'ailleurs qu'on a surnommé le chieur, donc il est bien vivant, il est encore avec nous.
03:30 Le côté populaire, on le retrouve ici.
03:33 On le retrouve ici, le côté Montmartre de base, on va dire.
03:37 Alors là, il y a plein d'acteurs connus qui ont défendu le clap il y a 37 ans,
03:42 où la mairie de Paris voulait construire un parking,
03:45 un parking sur 6 étages en sous-sol.
03:48 Ça fait juste 52 ans qu'il y a des gens qui viennent,
03:50 qui entretiennent ce terrain, qui le bichonnent avec amour.
03:54 C'est un nouveau combat, mais on est sûr de le gagner.
03:58 J'ai apporté mon oreiller, le sac de couchage,
04:02 je vais être dans une tente, elles sont déjà installées,
04:04 et l'ordinateur pour demain, pour aller au boulot direct,
04:07 après avoir passé la nuit ici.
04:09 Bonne nuit tout le monde, dormez bien, à demain.
04:12 On y va.
04:14 Elle est vraiment trop bien.
04:21 Elle est bonne, courage.
04:30 Pour tous les essenciers, on s'est dit que si on le rendait les clés,
04:32 on ne retrouverait jamais cet endroit et on ne récupérerait jamais les clés.
04:35 Donc on est des sportifs de la pétanque, moi je pratique la pétanque,
04:38 et je ne peux pas me dire que je n'ai plus de terrain pour pratiquer,
04:42 pour faire mon sport.
04:43 Il y a un matelas gonflable, il y a la tente, j'ai un duvet, j'ai un plaid.
04:48 Ça c'est royal, je ne m'attendais pas à avoir un plaid.
04:50 La première nuit, j'ai à prendre un peu, je ne sais pas que j'apprends,
04:52 c'est le froid.
04:53 Ils annoncent 4 degrés, mais demain matin, il y aura le café, chaud.
04:58 Et en plus, il paraît, pour les derniers qu'on fait,
05:00 il y a les petits oiseaux le matin, et ça c'est quand même précieux et rare à Paris,
05:04 de pouvoir entendre les petits oiseaux, donc j'ai hâte de vivre ça.
05:07 Je ne conçois pas de quitter cet endroit, de quitter ces gens, de quitter ce lieu.
05:13 C'est mon havre de paix, déjà c'est mon sac de décompression.
05:16 Je reviendrai après-demain, et je reviendrai s'il faut, pendant des semaines et des semaines.
05:20 [Musique]

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