• il y a 8 mois
L’essor de l’IA et les évolutions technologiques en tout genre n’en finissent pas de bouleverser notre quotidien ! Une révolution aussi bien culturelle que numérique, et qui suscite à la fois fascination et inquiétude. Un constat que souhaite renverser Guy Mamou-Mani à travers son livre “Pour un numérique humain”, publié en 2024 aux éditions Hermann, dans lequel il propose certaines règles, pour mettre le numérique… au service de l’homme.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Allez, 5 minutes sur un livre, c'est pas beaucoup, en plus je l'ai dévoré ce livre,
00:08 pour un numérique humain, donc dernier ouvrage paru chez Herman de Guimamoumani,
00:12 qui a présidé pendant 20 ans l'une des premières ESN françaises.
00:16 Le groupe Open a également été le vice-président du Conseil national du numérique,
00:21 donc figure de l'écosystème numérique français, à plusieurs titres,
00:26 notamment pour votre vision très engagée sur le numérique, et qu'on retrouve dans cet ouvrage.
00:32 J'aurais pas mieux résumé d'ailleurs le livre que par le titre, pour un numérique humain,
00:36 c'est vraiment de ça dont on parle.
00:39 Donc, comme votre précédent ouvrage, Guy, je l'ai dévoré, celui-ci, du début à la fin,
00:44 il y a une préface d'Antoine Petit, qui était assez étonnante, je dois dire, président du CNRS.
00:49 Bon, d'abord, il nous dit un truc pertinent, il nous dit,
00:53 si on veut peut-être avoir cette idée de renoncer au numérique, mais non, en fait, c'est pas possible.
00:57 Enfin, voilà, c'est le sens de l'histoire, donc déjà, évacuons cette option.
01:02 Mais il nous dit aussi, c'est pas nécessairement utile d'être totalement d'accord avec Guimamoumani
01:08 et tout ce qu'il écrit dans ce livre.
01:11 - Bah, d'abord, bonjour d'abri.
01:12 - Ça, c'est une préface libre et indépendante, on peut dire.
01:15 - Absolument, je lui ai donné aucune instruction, et je trouve qu'il a parfaitement raison.
01:20 D'ailleurs, vous savez, je suis enseignant dans des écoles de commerce,
01:23 et c'est la première chose que je dis en commençant mes cours,
01:26 c'est de ne pas forcer d'être d'accord avec moi.
01:28 C'est d'ailleurs pour ça que ce livre a un sous-titre qui est "Les huit conditions d'une transformation réussie",
01:33 parce qu'avoir une vision angélique de la transformation numérique n'est pas sérieux.
01:38 Il faut absolument y mettre des conditions de réussite, et c'est pour ça que c'est discutable.
01:45 - Mais c'est vrai que quand on lit le livre, alors, c'est pas du tout une vision angélique,
01:48 mais c'est quand même une vision très positive du numérique et de l'avenir.
01:54 Mais il y a certains points où on se dit "Ah, mais non, là, je suis pas d'accord".
01:57 Par exemple, vous corrigez une publicité qui met en avant un robot,
02:03 et nous dit "Bah, finalement, face à ce robot, on s'en sort pas,
02:06 ce serait tellement mieux si on avait un humain face à nous",
02:09 et là, vous dites "Mais elle est complètement à côté de la plaque, cette pub,
02:12 parce que de toute façon, on a toujours un humain qui nous..."
02:14 Non, c'est pas vrai, Guy !
02:15 - C'est pas ça que je dis, hein.
02:17 - C'est pas vrai, aujourd'hui, on se le prouve...
02:18 - Non, là, vous faites référence à la publicité du CIC, de la banque, hein.
02:20 - Oui.
02:21 - En fait, c'est l'exagération qui m'a choqué, c'est-à-dire qu'en fait,
02:29 on met en avant comme si le numérique était...
02:33 - Déshumanisé, hein.
02:34 - ...diabolisé, déshumanisé, et c'est ça que je conteste.
02:37 Mais maintenant, pour moi, c'est...
02:39 - Mais c'est vrai pour une partie de la population qui ressent véritablement cette déshumanisation.
02:43 - C'est justement le sujet.
02:45 C'est pour ça que c'est "Pour un numérique humain", le titre, hein,
02:47 c'est que justement, je veux montrer qu'on peut envisager d'avoir un numérique
02:51 qui soit au service de l'humain.
02:53 Je vais prendre un exemple que j'aime beaucoup, qui est celui du projet ALBERT,
02:58 c'est-à-dire que les agents, les fonctionnaires,
03:04 qui rendent des services, qui répondent à des questions,
03:06 eh bien, aujourd'hui, utilisent une intelligence artificielle,
03:09 non pas pour les remplacer, comme tout le monde le suppose,
03:12 mais au contraire, pour augmenter leur performance, leur productivité
03:15 et leur qualité de service.
03:17 Donc c'est dans ce sens-là qu'il faut aller avoir une intelligence artificielle,
03:21 un numérique en général, qui soit au service de l'humain.
03:24 - Bon, je veux dire, là où je vous ai rejoint, c'est-à-dire deux lignes après,
03:27 c'est que finalement, ce qu'on demande, c'est pas forcément d'avoir un humain,
03:31 on demande que ça marche.
03:32 - Exactement.
03:33 - Eh oui, que nos services numérisés fonctionnent.
03:36 - Écoutez, si par exemple, je vais dire au hasard,
03:38 je veux pas citer un service public quelconque, ou une entreprise quelconque,
03:43 mais si vous passez des heures à essayer de les joindre au téléphone,
03:46 et que vous n'arrivez pas,
03:48 alors bien sûr, ça serait super d'avoir un humain qui répond tout de suite,
03:52 qui vous dise bonjour, qui répond à vos questions, qui soit compétent,
03:55 mais ce n'est pas ça, la réalité.
03:56 La réalité, c'est les services auxquels nous sommes confrontés,
04:00 et qui sont malheureusement très, très défaillants.
04:02 Donc si le numérique est un moyen d'améliorer ces services,
04:06 je ne vois pas pourquoi on s'en priverait.
04:08 - Bon, là aussi, vous êtes clivant,
04:10 c'est page 45, j'ai noté, contre la défenseur des droits,
04:13 vous dites à la tord, il ne faut pas freiner face à la fracture numérique ?
04:17 - Oui, j'ai eu beaucoup de problèmes avec cette phrase.
04:19 - J'imagine.
04:20 - Ah oui, parce que déjà, être contre l'idée de la défenseur des droits,
04:25 c'est déjà clivant, comme vous dites,
04:27 mais je suis désolé, je ne suis pas d'accord avec cette notion de ralentissement.
04:31 Cette idée que parce que, et c'est vrai, et j'en ai fait tout un chapitre,
04:36 il y a un certain nombre de gens qui n'accèdent pas au numérique,
04:40 alors on va ralentir, on va interdire.
04:42 Alors, c'est tout ce que je déteste.
04:44 C'est le contraire.
04:44 - Qu'est-ce qu'on fait face à cette fracture numérique, alors ?
04:46 - Voilà, donc qu'est-ce qu'on fait ?
04:48 D'abord, on accélère au lieu de ralentir,
04:50 pour que tous ceux qui sont en mesure d'utiliser le numérique le fassent,
04:53 90-95%, et puis pour les 5% qui restent,
04:57 on met des moyens massifs pour justement les aider,
05:01 les éduquer, les acculturer,
05:02 voire quasiment avoir un humain qui les aide,
05:05 puisqu'on aura libéré énormément de moyens.
05:09 Et donc c'est exactement dans ce sens qu'il faut aller,
05:11 au lieu de dire "on arrête pour tout le monde, on redescend pour tout le monde".
05:15 - Je voulais aussi parler de cette autre provocation, vous dites,
05:19 il faudrait faire de l'utilisation des smartphones à l'école la règle,
05:24 à l'heure où tout le monde se bagarre sur le temps d'écran, ça aussi ?
05:28 - Franchement, Fille, ce n'est pas pour vous faire un compliment,
05:30 mais j'adore vos interviews,
05:32 parce que vous mettez toujours le doigt sur les sujets qui fâchent.
05:35 Et en effet, je suis contre ces interdictions dont on ne fait que parler.
05:41 Et d'ailleurs, vous avez vu le parallèle que je fais
05:43 avec mon expérience de professeur de mathématiques et des calculatrices,
05:46 où justement à l'époque, c'était les années 80-85 du XXe siècle,
05:51 et donc tout le monde était contre les calculatrices de la même façon,
05:56 parce que les enfants ne sauraient plus compter, parce que, parce que, parce que.
05:59 D'ailleurs, il y avait même des enfants qui avaient été condamnés
06:02 parce qu'ils l'avaient utilisé au bac,
06:03 donc c'était grave.
06:05 Et au contraire, j'avais eu une formation en tant qu'enseignant
06:09 qui m'a permis d'utiliser les calculatrices comme un outil pédagogique.
06:14 Évidemment, pas n'importe comment et pas dans n'importe quelles conditions,
06:18 mais à partir du moment où vous êtes formé,
06:20 vous savez comment les utiliser.
06:22 Et d'ailleurs, tout le fil rouge de ce livre,
06:25 c'est l'acculturation, l'éducation, la formation,
06:29 en commençant par la formation des formateurs.
06:31 - Plutôt que de freiner, accélérons sur l'éducation.
06:33 - Absolument.
06:34 - Si on devait résumer le livre, peut-être, ce serait par cette phrase.
06:36 Voilà, vous faites aussi tout un chapitre sur le Web3,
06:40 vous nous parlez de la cybersécurité, tous les sujets y sont.
06:43 Merci beaucoup Guy Mamoumani d'avoir été mon premier invité dans ce Smartech.
06:48 - Merci beaucoup.

Recommandations