• il y a 8 mois
Après 37 ans aux commandes du Groupe M6, Nicolas de Tavernost quitte ses fonctions de Président du Directoire mardi 23 avril. Il répond aux questions de RTL.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 23 avril 2024

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04Il est 7h43, excellente journée à vous tous qui écoutez RTL.
00:07Amandine, vous recevez donc ce matin celui qui est encore le président du directoire du groupe M6, Nicolas de Taverneau.
00:12Nicolas de Taverneau, vous vous apprêtez donc à quitter le groupe M6 après 37 ans, presque la moitié de votre vie.
00:19Je le disais, vous avez connu pas moins de 17 ministres de la culture, de Jack Lang à Rachida Dati.
00:24Et ce soir donc, à minuit j'imagine, ce sera officiellement terminé.
00:28Qu'est-ce que vous vous êtes dit ce matin en vous levant ?
00:31Je me suis dit que la transition se passait bien.
00:33Ce n'est pas toujours le cas dans les entreprises, surtout quand il y a un dirigeant un peu ancien ou historique.
00:38Et donc on a une bonne transition.
00:40J'aurai mon plus jeune collègue, David Lara-Mendy.
00:44Oui, David Lara-Mendy.
00:46C'est un Basque qui va prendre la suite et avec une bonne équipe et dans un climat agréable.
00:52Donc quand vous réussissez votre transition, vous avez déjà fait pas mal de... la boucle est bien bouclée.
00:57Mais vous n'avez pas eu un petit, je ne sais pas, pincement au cœur ?
01:00Vous y avez pensé ou pas en vous levant ? Un jour comme les autres ?
01:03J'ai eu le temps quand même de m'y faire.
01:05Parce qu'on m'a prêté souvent des départs qui ne sont pas arrivés.
01:09Il y avait Maxime Saada, mon collègue de Canal+.
01:12Qui disait assez drôlement, méfiez-vous, les Rolling Stones ont fait 10 soirées de départ.
01:16Mais je rassure David, c'est le bon jour.
01:20Et donc il y a un petit pincement au cœur parce qu'il y a une formidable équipe.
01:25Puis la boucle est un peu bouclée chez vous parce qu'on a commencé dans le studio d'RTL Rubaillard.
01:30C'était un placard à balais à l'époque, on était 50.
01:33Et donc de revenir dans ce studio avec vous ici, c'est un peu la fin du parcours.
01:38Et qui montre quand même qu'on a un beau groupe aujourd'hui.
01:41Et demain matin, c'est quoi le programme ? Réveil ou pas réveil ?
01:44Demain matin, j'ai une nouvelle assemblée générale chez nos amis espagnols à Antena 13.
01:49Et puis j'ai encore un peu de boulot à faire après.
01:51Et après, justement, qu'allez-vous faire ?
01:53Il y a quelques semaines, dans le journal Le Point, vous disiez
01:55si ma santé me le permet, j'aurai des activités professionnelles différentes de celles d'aujourd'hui.
01:59Vous verrez et serez peut-être surpris.
02:02Vous êtes en pleine forme, vous allez faire quoi ?
02:04Je vais continuer à travailler parce que je pense que
02:07quand on a la chance d'avoir une bonne santé, c'est pas la peine de s'arrêter.
02:11Et donc je travaille dans d'autres activités.
02:13Il y a un groupe auquel je participe actuellement,
02:15qui est le groupe GL Events, je ne sais pas si vous connaissez,
02:17qui est un très beau groupe événementiel.
02:19Donc je vais avoir quelques activités.
02:21Mais j'aurai toujours un petit oeil sur M6,
02:23à la fois comme auditeur d'RTL,
02:25donc j'enverrai peut-être des...
02:27Et puis de voir un peu l'évolution de ce paysage audiovisuel.
02:31Vous savez que moi j'ai énormément plaidé pour la concentration,
02:34parce que nous sommes des...
02:36même si notre groupe a grandi,
02:38les groupes français sont très petits.
02:40Malheureusement, nous n'avons pas été autorisés
02:43à fusionner avec notre principale concurrence.
02:45C'est une erreur historique.
02:47Une erreur historique de qui ?
02:49Disons des autorités qui l'ont décidé.
02:51C'est une erreur historique,
02:53parce qu'on avait la chance de pouvoir concourir
02:55avec les Américains, qui sont beaucoup plus importants que nous.
02:57Demain les Chinois.
02:59Le paysage audiovisuel français a besoin de se muscler.
03:01Et ce n'est pas en les miettant
03:03qu'on arrivera à le risquer.
03:05Donc il va falloir absolument qu'on trouve
03:07des accords.
03:09Alors nous, nous avons commencé à le faire,
03:11puisque je rappelle qu'RTL, nous l'avons racheté
03:13en 2017.
03:15On a des activités de cinéma,
03:17on a d'autres chaînes de télé, comme Paris Première, comme W9, etc.
03:19Donc on a constitué un groupe.
03:21Mais on est encore trop petit,
03:23et nos compétiteurs le sont également,
03:25pour lutter contre les grands groupes internationaux
03:28et l'évolution technologique qui se passe
03:30avec notamment Internet et Streaming.
03:32Mais quand vous parlez, Nicolas Taverneau, d'erreur historique,
03:34c'est un mot fort.
03:36Les autorités sont responsables ?
03:38Elles veulent tuer le paysage audiovisuel français ?
03:40Non, je ne pense pas qu'elles veulent le tuer.
03:42Elles ne se rendent pas compte ?
03:45On regarde souvent le passé,
03:47et on n'appréhende pas l'avenir.
03:49C'est-à-dire qu'on photographie un instant présent,
03:51sans se projeter dans l'avenir.
03:53C'est vrai dans beaucoup, beaucoup de secteurs.
03:55Et aujourd'hui, l'Europe,
03:57parce que ce n'est pas propre à la France,
03:59d'ailleurs c'est propre à l'Europe,
04:01l'Europe a besoin de se muscler,
04:03d'avoir des entreprises fortes,
04:05parce que la concurrence est très, très violente.
04:07Vous le savez, François Langlois le dit tous les matins.
04:09Et cette concurrence forte, elle est particulièrement vraie
04:11dans le domaine de l'audiovisuel,
04:13les Netflix, les Disney,
04:15demain les Warner, etc.
04:17Et donc, il vaut mieux
04:19regrouper les entreprises françaises
04:21ou les entreprises européennes.
04:23Et ça, jusqu'à présent, ça n'a pas pu se faire.
04:25Dans dix ans, la télé, elle existera toujours ?
04:27Oui, alors il faut faire attention aux prévisions.
04:29Par exemple, M. Netflix,
04:31si j'ose dire, avait dit qu'il n'y aura jamais de publicité sur Netflix.
04:33On a trouvé de la publicité sur Netflix
04:35assez vite.
04:37Aujourd'hui, les mondes se rapprochent d'ailleurs
04:39entre le streaming et la télévision dite traditionnelle.
04:41Et nous, nous lançons M6 Plus
04:43bientôt, le 14 mai.
04:45C'est du streaming, c'est-à-dire, c'est quoi le streaming ?
04:47C'est la possibilité
04:49à ce que chaque téléspectateur
04:51choisisse le moment où il veut regarder son programme.
04:53C'est voir où on veut, quand on veut ?
04:55Alors, soit, vous voyez, par exemple, je ne sais pas,
04:57ce soir ou hier soir, il y avait
04:59Marie au premier regard chez nous.
05:01Elle pouvait être regardée
05:03avant le streaming, à l'heure qu'on souhaitait.
05:05Ou elle pourrait être regardée après
05:07si on n'est pas devant sa télé.
05:09C'est une révolution, c'est un confort d'usage,
05:11mais ce n'est pas un bouleversement.
05:13Ce n'est pas un bouleversement, ce n'est pas une révolution ?
05:15Non, ce n'est pas une révolution parce que ce sont les mêmes programmes.
05:17Vous voyez, par exemple,
05:19Disney Plus vient d'acheter
05:21les droits de l'Europa League pour les pays nordiques.
05:23Donc, on a les mêmes programmes aujourd'hui.
05:25Seule l'info,
05:27ce qu'on appelle le Hot News, n'est pas encore en streaming.
05:29Pourquoi ? Parce que c'est...
05:31Il y a des rendez-vous qui sont fixes.
05:33Mais, ce sont les mêmes programmes, simplement,
05:35ils sont regardés de manière différente.
05:37Le vrai changement,
05:39c'est l'internationalisation.
05:41C'est-à-dire qu'Internet a aboli les frontières
05:43qu'avant vous aviez avec les émetteurs.
05:45Et cette internationalisation
05:47fait qu'il y a des très grandes sociétés
05:49qui pénètrent aujourd'hui
05:51tout à fait honorables, Fox, Disney, etc.,
05:53qui pénètrent le marché français
05:55et qui, aujourd'hui,
05:57viennent concurrencer
05:59le temps que les Français passent devant un écran.
06:01Avec Youtube, etc.
06:03Et ça, nous, nous avons besoin de faire plus de programmes.
06:05C'est pas la technologie.
06:07C'est plus de programmes, plus de contenu,
06:09plus de fiction, plus de séries,
06:11plus de sport.
06:13C'est pour ça qu'on achète des grands événements sportifs.
06:15Parce que nous devons
06:17concourir contre ces plateformes
06:19qui ont la même offre que nous.
06:21Vous évoquez le sport, les droits de la Coupe du Monde
06:232026-2030, dont vous étiez
06:25venu ici même, nous annoncer d'ailleurs
06:27l'acquisition. C'est votre plus beau coup, ça ?
06:29C'est pas un coup.
06:31C'est un joli coup, quand même.
06:33Nous, nous avons besoin,
06:35là, les Français vont regarder
06:37la Coupe d'Europe
06:39sur TF1 et chez nous.
06:41On se la partage à égalité.
06:43Ils regarderont
06:45l'Euro 2008 simplement chez TF1.
06:47Et nous, nous avons acquis 2006 et 2030
06:49les deux Coupes du Monde.
06:51Mais il y a plein d'autres événements sportifs.
06:53Pour les Marseillais, nous allons le 2 mai
06:55sur M6 mettre
06:57la demi-finale de l'Europa League.
06:59Mais c'est quand même
07:01une petite fierté de quitter le groupe
07:03en ayant signé ça.
07:05Vous aimez ça ?
07:07Nous sommes en première division
07:09voire en Champions League.
07:11Donc M6 n'est pas une chaîne thématique.
07:13C'est plus la petite chaîne qui monte ?
07:15Elle monte, mais ce n'est plus une petite chaîne.
07:19Encore un mot du passé.
07:21Votre pire cauchemar, un truc que vous n'avez jamais raconté ?
07:25Je ne sais pas s'il y a des trucs que je n'ai jamais racontés,
07:27mais le cauchemar, ça a été le loft.
07:29Le loft, ça a été le cauchemar ?
07:31Parce que ça a été à la fois un événement spectaculaire,
07:33parce que ça a bouleversé la télévision.
07:35Premier programme de télé-réalité
07:37qui débarque en 2001.
07:39Aujourd'hui, ça paraît une bluette,
07:41mais à l'époque, vous aviez
07:43des camps de concentration à la Lune du Monde,
07:45vous aviez des gens qui ne vous serraient pas la main,
07:47une protection policière,
07:49des poubelles contre la façade,
07:51et en plus c'était du direct.
07:53Donc il fallait gérer ses lofteurs.
07:55Et il se passait tous les jours quelque chose.
07:57Et dans la chaîne 24h sur 24,
07:59vous aviez quelqu'un qui était au casque,
08:01qui écoutait, qui mettait des bips
08:03quand ce n'était pas fréquentable.
08:05Et certains concurrents, je ne les nommerai pas,
08:07avaient essayé d'en profiter
08:09pour qu'on nous retire la fréquence,
08:11pour contraire la dignité de la personne humaine.
08:13Vous vous rendez compte ?
08:15Vous ne l'avez jamais regretté, le loft ?
08:17Vous le referiez ?
08:19De toute façon, il n'est pas disponible,
08:21parce qu'il est chez notre concurrent.
08:23Si c'était à refaire, qu'on se reprojetait
08:2525 ans en arrière, vous le referiez ?
08:27Parce que ça s'est fait et ce n'était pas prévu.
08:29Vous aviez juré que vous ne le feriez pas.
08:31Je n'avais rien juré du tout.
08:33On avait interprété.
08:35Ce qui était intéressant dans le loft,
08:37c'était que c'était nouveau.
08:39Aujourd'hui, ce n'est plus nouveau,
08:41toutes ces opérations.
08:43Il fallait être les premiers à faire ça,
08:45parce que quand on est une chaîne
08:47qui crée des événements, des nouveaux programmes,
08:49on a créé un magazine économique comme Capital à 20 ans.
08:51A 20h50, on a fait beaucoup de choses
08:53assez novatrices. Il ne fallait pas laisser
08:55les concurrents arriver là-dessus.
08:57Dernière question, vous n'avez pas tout à fait répondu
08:59à ma question sur la suite. Est-ce que vous pourriez
09:01diriger un autre média que le groupe M6 ?
09:03Ecoutez, non.
09:05Si ça facilitait la vie du groupe M6,
09:07oui.
09:09Mais un, d'abord,
09:11maintenant, il y a une équipe,
09:13avec David Laramendi,
09:15je précise,
09:17qui prend
09:19les commandes.
09:21Évidemment, je serai attentif, parce que
09:23vous n'avez pas passé 37 ans de votre vie dans un groupe,
09:25avec toutes vos équipes, des amis partout,
09:27pour vous désintéresser
09:29de ça. Donc, s'il y a des opportunités
09:31pour le groupe,
09:33j'essaierai de les transmettre.
09:35Mais maintenant, il y a une nouvelle équipe
09:37qui prend en charge, et c'est très bien comme ça.
09:39Merci beaucoup.

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