Émission diffusée le 7 avril 2024 sur M6
Résumé
Ce documentaire d'Enquête exclusive nous plonge dans les nuits trépidantes de Tokyo, mégalopole aux multiples contrastes. Loin des clichés touristiques, nous découvrons un Japon insoupçonné, où traditions ancestrales et réalités parfois sombres se côtoient.
Un voyage immersif
L'équipe d'Enquête exclusive nous emmène dans les quartiers les plus secrets de Tokyo, à la rencontre de personnages hors du commun. Nous découvrons ainsi les "hosts", ces jeunes hommes payés pour tenir compagnie et flirter avec les clientes dans des clubs très particuliers. Nous faisons également la connaissance des "Idols", ces chanteuses et danseuses à la beauté envoûtante, adulées par des fans passionnés.
Des réalités contrastées
La nuit révèle aussi un visage plus sombre de Tokyo. Nous rencontrons les "Toyoko Kids", ces adolescents fugueurs qui vivent dans la rue, livrés à eux-mêmes. Nous découvrons également le phénomène des "Salarymen", ces hommes pressés qui se défoulent dans des bars karaoké après une journée de travail harassante.
Un regard sans tabou
Enquête exclusive nous offre un regard sans tabou sur la société japonaise, loin des images d'Epinal. Un documentaire captivant et parfois déroutant, qui nous invite à découvrir un Japon fascinant et complexe.
Quelques points clés du documentaire
Le documentaire explore les différentes facettes de la vie nocturne à Tokyo, des quartiers branchés aux ruelles mal famées.
Il met en lumière des personnages marginaux et des réalités sociales souvent méconnues.
Il offre un regard nuancé et sans jugement sur la société japonaise.
Résumé
Ce documentaire d'Enquête exclusive nous plonge dans les nuits trépidantes de Tokyo, mégalopole aux multiples contrastes. Loin des clichés touristiques, nous découvrons un Japon insoupçonné, où traditions ancestrales et réalités parfois sombres se côtoient.
Un voyage immersif
L'équipe d'Enquête exclusive nous emmène dans les quartiers les plus secrets de Tokyo, à la rencontre de personnages hors du commun. Nous découvrons ainsi les "hosts", ces jeunes hommes payés pour tenir compagnie et flirter avec les clientes dans des clubs très particuliers. Nous faisons également la connaissance des "Idols", ces chanteuses et danseuses à la beauté envoûtante, adulées par des fans passionnés.
Des réalités contrastées
La nuit révèle aussi un visage plus sombre de Tokyo. Nous rencontrons les "Toyoko Kids", ces adolescents fugueurs qui vivent dans la rue, livrés à eux-mêmes. Nous découvrons également le phénomène des "Salarymen", ces hommes pressés qui se défoulent dans des bars karaoké après une journée de travail harassante.
Un regard sans tabou
Enquête exclusive nous offre un regard sans tabou sur la société japonaise, loin des images d'Epinal. Un documentaire captivant et parfois déroutant, qui nous invite à découvrir un Japon fascinant et complexe.
Quelques points clés du documentaire
Le documentaire explore les différentes facettes de la vie nocturne à Tokyo, des quartiers branchés aux ruelles mal famées.
Il met en lumière des personnages marginaux et des réalités sociales souvent méconnues.
Il offre un regard nuancé et sans jugement sur la société japonaise.
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TVTranscription
00:00Ce mois-ci, elle a déjà dépensé 4000 euros.
00:28Plus elle dépense de l'argent, plus je suis heureux.
00:32Les mamasannes de Ginza doivent toutes porter le kimono et avoir
00:36la coiffure traditionnelle pour ne jamais décevoir les clients.
00:43Parmi les Toyoko Kids, il y en a qui vendent leur corps.
00:45Il y en a une qui a 12 ans et d'autres qui ont 13, 14 ans.
00:58Bonsoir et bienvenue dans enquête exclusive qui vous emmène ce soir
01:07dans le monde fascinant et mystérieux des nuits de Tokyo.
01:10Un monde qui possède ses propres codes à milieu des nôtres,
01:13notamment de notre manière de faire la fête ou encore de concevoir
01:17les relations entre les hommes et les femmes.
01:20Tokyo est la plus grande mégalopole au monde.
01:23La nuit, on y croise des êtres qui présentent un visage tout à fait
01:26différent que celui qu'ils offraient durant la journée.
01:29Gaïcha ou mamassane, dandy tatoué ou gigolo, entrepreneur de revue
01:35ou gérant de boîte sado-maso.
01:37Ils nous racontent à la fois les traditions, mais aussi les failles
01:41et les travers d'un Japon à jamais mystérieux.
01:44Tokyo, la nuit, plongée inédite dans un Japon sans tabou.
01:48C'est un document signé Hervé Bouchot pour Sable Rouge et Enquête Exclusive.
01:53Tokyo, il est 22 heures.
02:01Sur le Rainbow Bridge, le célèbre pont qui traverse la baie de la capitale,
02:06trois Lamborghini roulent en formation serrée.
02:11Très largement au-dessus de la vitesse limite.
02:16Oui, c'est dangereux.
02:18A la tête du trio, Shinichi Morohoshi,
02:23une des figures des nuits de Tokyo.
02:28Pour l'instant, c'est bon.
02:30Concentré, téléphone à la main, il donne des ordres aux autres
02:35conducteurs tout en surveillant les écarts entre les voitures.
02:40Quand je conduis comme ça, j'ai confiance en moi et j'aime
02:46cette sensation.
02:48Morohoshi est un personnage chulfureux.
02:53Il reconnaît avoir eu une jeunesse turbulente et des problèmes
02:56avec la justice sur lesquels il préfère rester discret.
03:00Mais de ce passé, il a gardé le goût des sensations fortes.
03:06À l'époque, je faisais partie d'un gang de motards.
03:12Maintenant, j'ai l'impression d'être un héros de Star Wars.
03:18Aujourd'hui, il est célèbre dans le monde entier pour ses
03:22Lamborghini customisés, uniques au monde.
03:26Des voitures de course, illuminées comme des navettes spatiales
03:29qui, lancées à toute vitesse au milieu des buildings,
03:33donnent soudain à Tokyo les allures d'un immense jeu vidéo.
03:43Après deux heures de course, les voitures se séparent.
03:47Morohoshi retourne dans son garage, un endroit minuscule
03:51où il reloupe ses bolides.
03:55Lui-même possède cette Lamborghini, comme celle-ci.
04:02C'est une Lamborghini Aventador Roadster.
04:06Elle vaut combien?
04:08Je crois que je l'ai achetée 400 000 euros.
04:12Mais il y a très peu d'exemplaires.
04:15Et aujourd'hui, c'est un modèle collector qui vaut 600 000 euros.
04:22Morohoshi customise entre 50 et 100 véhicules chaque année,
04:26uniquement des Lamborghini, qu'il reloupe de la façon la plus
04:31spectaculaire possible.
04:34Comme cette autre Aventador de 2015, entièrement recouverte
04:39de cristaux Swarovski.
04:41C'est vrai, j'aime tout ce qui brille.
04:47A l'image de sa Rolex, elle aussi a ses bling bling, une montre
04:52qu'il a voulue à son image.
04:55C'est vous qui l'avez customisée?
04:57Oui, c'est vrai, je l'ai un peu customisée, mais elle était
05:01déjà pas mal flashy avant.
05:03Et ça vaut combien?
05:05Elle était un peu chère, environ 150 000 euros.
05:11Excentrique et provocateur, à l'opposé de la société
05:15traditionnelle japonaise, Morohoshi est devenue en
05:19quelques années une icône des nuits Tokyo Hit.
05:29C'est la plus grande mégalopole du monde, Tokyo et ses 40
05:33millions d'habitants.
05:35Hyperactive et frénétique le jour, la ville se métamorphose
05:40la nuit et offre un tout autre visage de la société japonaise
05:45où se révèlent ses traditions, mais aussi ses failles
05:49et ses travers.
05:53A Kabukicho, le quartier chaud de Tokyo, le nouveau business
05:58à la mode, ce sont les clubs d'hoste, les gigolos
06:01version nippone.
06:03Les Japonaises peuvent dépenser des fortunes pour se faire
06:07traiter comme des princesses le temps d'une soirée.
06:11Plus elles dépensent de l'argent, plus je suis heureux.
06:13Je dis merci.
06:15Merci.
06:18Ils sont adolescents et vivent dans la rue, en plein
06:21cœur de la capitale.
06:23On les appelle les Toyoko Kids.
06:26Parmi eux, beaucoup de jeunes filles qui ont fugué pour échapper
06:30à des violences familiales et se retrouvent livrées
06:33à elles-mêmes.
06:35Quand on n'a pas d'argent et qu'on est mineur,
06:37on n'a pas d'autre choix que de se prostituer.
06:44Asuka est Mamasan.
06:47Elle dirige un bar à hôtesses à Ginza, le quartier le plus
06:51chic de Tokyo, uniquement réservé à de riches hommes
06:54d'affaires japonais.
06:56Elle a accepté de nous ouvrir ses portes.
06:59Un univers secret et fermé, aux règles très strictes.
07:04Si un client touche une hôtesse, il sera banni de tous les clubs.
07:09Adrien est français.
07:11Il vit à Tokyo depuis 20 ans.
07:13Il a créé l'un des bars les plus atypiques de la capitale,
07:17un lieu où les Japonais peuvent se lâcher en toute liberté
07:21après leur journée de travail, sans aucun tabou.
07:25Déjà, il faut savoir quoi, Japon.
07:27À partir du moment où tu as bu de l'alcool, t'as plus besoin
07:31de t'excuser de ce que tu fais.
07:34Une plongée exceptionnelle dans une nuit tokyoïte surprenante
07:39et méconnue, avec ses personnages hors normes au look parfois
07:44irréel qu'on croirait tout droit sorti d'un manga.
07:55Au cœur de Tokyo, il existe un quartier surprenant qui reste
08:00illuminé toute la nuit.
08:04Un lieu qui ne dort jamais, Kabukicho, le quartier chaud
08:09de la capitale japonaise, célèbre pour ses boîtes de nuit,
08:13ses karaokés, ses bars à hôtesse et ses hôtels de passe.
08:18Mais aujourd'hui, les photos de femmes dénudées ont peu à peu
08:22disparu pour laisser la place à d'immenses écrans géants sur
08:27lesquels s'affichent les visages de jeunes hommes aux allures
08:30de dandies.
08:33Look androgyne, maquillé et posant comme des pop stars,
08:38on les appelle les hostes, la version japonaise des gigolos.
08:44Un univers sulfureux et fermé, mais un homme a accepté de nous
08:50en ouvrir les portes.
08:53Il s'appelle Senaran.
08:57Il dirige l'un des plus prestigieux clubs d'hostes
09:00de la ville.
09:03Ce genre de club existe depuis plus de 20 ans, mais aujourd'hui,
09:12le phénomène explose dans toutes les grandes villes du pays
09:16et plus particulièrement à Tokyo.
09:19Rien qu'à Kabukicho, on ne compte pas moins de 300 clubs.
09:24Le nombre de cesse d'augmenter, il n'y en a jamais eu autant.
09:29Et vous pensez que ce phénomène va durer encore longtemps?
09:32J'espère que ça va durer indéfiniment, mais là,
09:36on atteint vraiment un sommet.
09:39Son club s'appelle le Platina.
09:42Il est situé au troisième étage de ce building.
09:50C'est l'un des plus grands de Kabukicho.
09:56Bonjour, comment ça va?
09:57Cela ressemble à une boîte de nuit avec canapés et alcoves.
10:03Les femmes viennent ici pour passer la soirée en compagnie
10:07d'un host qu'elles choisissent en fonction de son look
10:10et de sa personnalité.
10:13Elles sont souvent jeunes.
10:15Comme Lily, elle est éducatrice de crèche.
10:19Elle a 23 ans.
10:20Elle est célibataire et a choisi Setsuna, le bad boy du club.
10:27Qu'est ce que vous pensez de sa manière de s'habiller?
10:31J'aime bien son style.
10:35Qu'est ce que vous préférez?
10:37C'est un beau gosse, alors il peut vraiment s'habiller comme il veut.
10:43Et ses tatouages?
10:46J'aime bien ça, ça fait partie de son style.
10:49Elle le paye 120 euros l'heure, plus les consommations sur lesquelles
10:57le jeune homme touche une commission.
11:00La jeune femme est tombée sous le charme du dandy tatoué.
11:04Alors, elle a économisé et vient le voir régulièrement depuis un mois.
11:10A priori, elle a mis de l'argent de côté.
11:14Ce mois ci, elle a déjà dépensé 4000 euros.
11:18Mais quand vous êtes à fond et que vous dépensez trop d'argent,
11:21est ce que Setsuna vous avertit?
11:24Plus elle dépense de l'argent, plus je suis heureux.
11:27Je dis merci, merci.
11:33Ce qui rend ces dandys si séduisants aux yeux des jeunes femmes,
11:36c'est qu'ils sont maquillés, qu'ils portent des bijoux et qu'ils sont exubérants.
11:41L'exact opposé de la figure traditionnelle de l'homme japonais,
11:45considéré comme macho, conventionnel et ennuyeux.
11:54Allez, c'est parti, la star arrive.
12:00Katie, c'est la star du platina, l'hoste le plus demandé.
12:06Sa cliente de ce soir a fait plus de 1000 kilomètres
12:09pour avoir le privilège de passer quelques heures avec lui.
12:15Qu'est ce que vous aimez chez lui?
12:20Comment dire?
12:23Il y a beaucoup de raisons.
12:24Il est beau.
12:28Et il est très prof.
12:32Ça me fait plaisir.
12:35Hey, mignonne, t'as jamais été aussi gentille avec moi.
12:39Le secret de Katie, complimenter les filles à longueur de soirée et ça marche.
12:48Pour lui faire plaisir, la jeune femme va commander une bouteille de champagne.
12:56Tous les hostes du club se rassemblent alors autour de la table et célèbrent la cliente.
13:03C'est le rituel qui accompagne toute commande de bouteilles.
13:09Merci à Katie de m'offrir des moments aussi magnifiques.
13:12Merci à notre princesse.
13:16C'est sa première commande de champagne.
13:18Ça fait plaisir.
13:22Elle est plus jolie maintenant que quand elle est arrivée.
13:26Et tu sais pourquoi?
13:27Non, pourquoi?
13:29Parce qu'elle a dépensé de l'argent pour toi.
13:31Ah oui, c'est pour ça que je la trouve plus belle maintenant.
13:35Katie peut paraître cynique, mais il s'est imposé une règle.
13:41Ne jamais tomber amoureux d'une fille aussi séduisante soit elle.
13:51Ceux qui réussissent sont ceux qui savent contrôler leurs sentiments.
13:56Alors, c'est parfois difficile, mais sinon, on se perd.
14:00Quelques minutes plus tard, une autre cliente commande une bouteille de champagne pour Katie.
14:10C'est le jackpot.
14:12Comme tous les hostes, il touche une commission de 50% sur toutes les consommations.
14:20Elle coûtait combien, les bouteilles de champagne?
14:24Le prix? Il y en a une à 1200 euros.
14:30Et l'autre à 1800.
14:333000 euros en tout, soit une commission de 1500 euros pour Katie.
14:37Et cela pour seulement quelques heures de conversation.
14:42Car à aucun moment, il n'est question de sexe.
14:46Cela peut paraître surprenant, mais les hostes ne couchent pas avec leurs clientes.
14:53C'est même le secret de la réussite, selon Sénat, le patron du club.
14:59Les hostes qui ont le plus de succès à Kabukicho sont ceux qui n'ont pas de relations sexuelles avec les jeunes femmes.
15:08Ce sont eux qui ont le plus de clientes.
15:13Comment vous expliquez?
15:16Le sexe casserait tout.
15:20Ils ont plus de succès parce qu'ils sont inaccessibles.
15:24Aujourd'hui, Sénat savoure son succès.
15:29Il emploie 35 hostes à temps plein et déclare réaliser un chiffre d'affaires d'un million d'euros chaque mois.
15:41Mais cette mode des clubs d'hostes peut s'avérer aussi être parfois un véritable piège pour des jeunes femmes un peu fragiles.
15:48Saki Mikami est avocate à Tokyo.
15:54Depuis quelques mois, dans son cabinet, elle reçoit de plus en plus de femmes qui se retrouvent surendettées après avoir fréquenté le milieu des hostes.
16:03Des dettes dont le montant atteint parfois 60 000 euros.
16:08Elle travaille avec une assistante sociale Kumiko Hashimoto, spécialisée dans le monde de la nuit.
16:14Toutes deux pensent que c'est la structure traditionnelle de la société japonaise qui explique ce phénomène.
16:25Les hostes clubs, c'est l'équivalent des bars à hôtesses.
16:30Ici, il y a toujours eu beaucoup de lieux de prostitution et de bars à hôtesses.
16:37C'est la tradition dans la société japonaise.
16:41C'est la femme qui prend soin de l'homme et qui est à son service.
16:47Alors, quand des jeunes filles arrivent dans des hostes clubs et qu'elles sont traitées comme des princesses, elles sont ravies.
16:56En plus, lorsque ces filles, surtout les plus jeunes, dépensent de l'argent pour un hoste, elles ont le sentiment de prendre soin de quelqu'un.
17:04C'est pour ça que quand leur hoste leur dit j'ai besoin de toi, j'ai besoin de ton soutien, dépense plus d'argent pour moi.
17:15Elles ont du mal à refuser. Je pense que ça leur donne un rôle.
17:19Comme ça, elles se sentent utiles pour quelqu'un.
17:26Ce sentiment de grande solitude dont souffrent aujourd'hui beaucoup de jeunes se traduit aussi par l'embouement pour les idoles.
17:34Les idoles, un phénomène typiquement japonais.
17:38Direction Roppongi, un quartier réputé pour sa vie nocturne et ses nombreux clubs comme l'Octagone.
17:48Tokoto a 49 ans.
17:50Ce franco japonais, totalement inconnu dans l'Hexagone, a longtemps été l'un des DJ les plus populaires des nuits branchées de Tokyo.
18:03Le DJ est en train de jouer son dernier single.
18:07Apparemment, ils veulent me faire plaisir, donc comme ça que je suis là pour le soir, ils passent pour la musique.
18:14Tokoto a fait toute sa carrière au Japon, plus de 20 ans derrière les platines.
18:23Il s'est produit dans les plus grands festivals du pays.
18:28Mais aujourd'hui, il a décidé de se reconvertir.
18:34Il est devenu le manager d'un groupe de danseuses très populaire au Japon.
18:50Leur nom, les Cyber Japan.
18:54Ce sont donc nos danseuses pour ce soir à l'Octagone Tokyo, donc là, elle se prépare et on va devoir sortir très vite.
19:03Mais juste, ça c'est Junon, c'est notre Jennifer Lopez.
19:16Ce soir, c'est pour elle que le public s'est déplacé.
19:20Un public essentiellement masculin.
19:24Les fans des Cyber Japan.
19:28Qui suivent tous leurs faits et gestes.
19:33Et pour lesquels, pendant toute la soirée, les Cyber Japan vont enchaîner les chorégraphies.
19:43Vous avez bien vu, il y a des gens qui sont devant les filles en train de les filmer pour la télévision.
19:49Ou alors en train de les appeler par leur nom.
19:53Kanae, Kazue, et ils portent leurs T-shirts.
19:58Et voilà quoi, c'est un peu le monde de la nuit, mais c'est avec le fond des doigts.
20:07Les Cyber Japan ne sont pas seulement danseuses.
20:16Elles chantent aussi.
20:20De la pop légère et acidulée.
20:22Un peu kitsch peut-être, mais qui plaît beaucoup aux Japonais.
20:29Au Japon, les idoles c'est un vrai business.
20:33Car leurs fans sont prêts à acheter tout ce qui les concerne.
20:42Et ça, c'est le travail de Tokoto.
20:46Au bord de l'océan Pacifique, à une heure de route de Tokyo,
20:51le manager des Cyber Japan est aux petits soins avec ses danseuses.
21:06Il a réuni les trois stars de son groupe pour une journée de séance.
21:12Il a réuni les trois stars de son groupe pour une journée marathon.
21:19Aujourd'hui on shoot nos calendriers.
21:22Ce ne sont pas des calendriers avec toutes les filles, c'est simplement les plus populaires.
21:26Donc on les shoot une par une, puisque c'est leur calendrier perso.
21:34Lui et son équipe ne doivent pas chômer.
21:3712 photos, dans 12 tenues différentes, pour chacune des filles.
21:48Si Tokoto a choisi Kazué et Kanae pour ses calendriers,
21:52ce n'est pas seulement à cause de leur plastique.
21:55Elles ont 3 millions de fans à L2.
21:58Autant d'acheteurs potentiels.
22:02Les calendriers représentent à peu près 10% du chiffre à faire annuel.
22:08C'est énorme, ça se vend comme des petits pains.
22:13Et il parie aussi beaucoup sur sa nouvelle recrue, Emma.
22:17Au profil plutôt étonnant.
22:20C'est un ancien prof.
22:23Elle a 26 ans.
22:26Un jour, elle a posté une vidéo d'elle sur TikTok, en train de se faire couper les cheveux.
22:31Le coiffeur lui demande ce qu'elle fait dans la vie.
22:34Elle a répondu que c'est un prof.
22:36Ça a fait un énorme buzz sur TikTok.
22:39Tous les japonais ont commencé à dire qu'ils auraient bien aimé être son élève.
22:4612 millions de vues pour une simple coupe de cheveux.
22:49Alors Tokoto en espère beaucoup plus pour ses photos en maillot de bain.
22:54Et pour appâter ses fans, il publie en permanence des vidéos sur les réseaux sociaux.
23:01Je me suis déguisée en chat.
23:04C'est trop mignon ce costume en fourrure rose.
23:08Des images très sexy, qu'on aurait du mal à imaginer aujourd'hui en France.
23:16J'imagine qu'en France, ça s'est un peu durci au niveau de la morale.
23:20On dit qu'au Japon, on est tous dans la culture manga kawaii.
23:25Mignon, mais mignon cute à la japonaise.
23:33Merci !
23:34C'est un compliment.
23:37C'est une image de manga et de dessin animé.
23:42C'est typique du Japon.
23:45Je suis un peu gênée, mais les hommes japonais adorent cette image enfantine.
23:51Et les filles n'hésitent pas à en faire des tonnes.
23:58C'est moi Kazue, je suis le lapin.
24:01Je suis le lapin.
24:06Ça marche là au Japon ?
24:08Oui, mais moi je suis un peu surpris.
24:11Tu gagnes de l'argent avec ça ?
24:13Oui.
24:19Au Japon, pour les fans, l'idole c'est la petite amie avec laquelle ils entretiennent une histoire d'amour virtuel.
24:27Et pour nourrir cette illusion, les jeunes femmes doivent avoir une image irréprochable.
24:33Et pour cela, suivre des règles très strictes.
24:37Par exemple, un truc tout simple, on leur interdit d'aller en boîte de nuit et de boire de l'alcool.
24:44Parce qu'on ne sait jamais qui peut prendre une photo.
24:47Si un jour elle est un peu bourrée en boîte, elle embrasse un garçon ou une fille.
24:55Et ça se retrouve sur internet tout de suite.
24:59C'est simple, c'est un business, c'est des produits.
25:02Et cela va même encore plus loin.
25:07Mais tu contrôles aussi leurs petits amis ?
25:09Oui.
25:10C'est-à-dire ?
25:13C'est une question taboue, mais je vais y répondre.
25:17En général, dans notre industrie, on dit aux gens qu'elles n'ont pas le droit d'avoir un petit ami.
25:27Chez nous, chez Cyber Japan, ce n'est pas écrit qu'elles n'ont pas le droit d'avoir un petit ami.
25:33Mais on leur dit simplement que ce n'est pas recommandé.
25:37Mais toi, si elles veulent en avoir, elles doivent te le présenter ?
25:41Si elles veulent en avoir un, elles doivent obtenir mon accord, oui.
25:46Cela peut paraître choquant, mais ce sont les mêmes règles pour tous les groupes d'idoles.
25:52Plus il y a de fans qui les suivent, plus il y a de fans qui leur disent tu es belle, je pense à toi tous les jours.
25:58Si elles avaient un petit ami derrière, ça serait comme une trahison.
26:03Et les jeunes femmes en ont toutes parfaitement conscience avant de rejoindre le groupe.
26:09Les fans avant tout.
26:11Si on veut devenir populaire, être une star, il faut être prêt à faire des sacrifices.
26:18Il faut se concentrer sur son objectif, c'est ça le plus important.
26:24Sacrifier sa vie privée pour toujours plus de notoriété.
26:29Et pour un salaire, pour les plus connus des Cyber Japan, d'environ 6000 euros par mois.
26:35Soit trois fois le salaire moyen du pays.
26:38A Tokyo, il existe un phénomène relativement méconnu et presque tabou.
26:46A Tokyo, il existe un phénomène relativement méconnu et presque tabou.
26:52Celui des adolescents SDF.
26:56Sur une place de Kabukicho, au milieu des néons et de la fouille des pêches,
27:02Sur une place de Kabukicho, au milieu des néons et de la fouille des pêches,
27:08on observe chaque soir des groupes de jeunes japonais qui traînent toujours au même endroit.
27:13Beaucoup sont mineurs et vivent dans la rue. On les appelle les Toyoko Kids.
27:20Parmi eux, de nombreuses jeunes filles qui ont fugué de leur domicile pour échapper à des violences familiales.
27:28Ils seraient une cinquantaine à vivre ici dans le quartier.
27:33Jun Tachibana est la présidente de Bond, une association qui tente de leur venir en aide.
27:42Là, on va faire une patrouille.
27:45On commence par repérer les filles qui ont l'air en détresse.
27:51Le contact n'est pas toujours facile.
27:53Les adolescentes sont souvent ivres ou droguées.
27:57Et surtout, elles fuient les adultes.
28:00Mais ce soir, l'une des figures des Toyoko Kids est présente.
28:05Et elle a accepté de rencontrer Jun.
28:12Elle a 16 ans et le style typique des Toyoko Kids.
28:16Sac à dos décoré de petites peluches multicolores,
28:19pantalon rose bonbon et chaussures assorties.
28:24Un look enfantin qui détonne avec son quotidien.
28:28Sur son bras gauche, des dizaines de cicatrices.
28:33Ça, c'est de l'automutilation.
28:36Je le fais avec ça.
28:39C'est quoi ?
28:40C'est un rasoir.
28:42Ça coupe plutôt très bien.
28:45Mais pourquoi tu fais ça ?
28:49C'est dans les moments où j'ai envie de mourir.
28:53Je m'en souviens pas toujours, car je me drogue.
28:57Je prends tellement de drogue que je perds la mémoire.
29:02Cela fait près de 8 mois que Himeri est dans la rue.
29:06Elle rentre par intermittent chez sa mère,
29:08mais cela se passe toujours mal.
29:10Alors elle repart.
29:13La plupart de ses adolescents fuient les autorités,
29:16de peur qu'elle ne les renvoie chez eux.
29:19Ils tentent de survivre dans la rue comme ils le peuvent.
29:26Parmi les Toyoko Kids, oui, il y en a qui vendent leur corps.
29:31Quand on n'a pas d'argent et qu'on est mineur,
29:35on n'a pas d'autre choix que de se prostituer.
29:39Avec cet argent, on peut aller dormir à l'hôtel
29:42ou on achète des vêtements.
29:45Avec les autres Toyoko Kids,
29:47Himeri se met en scène sur les réseaux sociaux.
29:52On les voit danser, s'amuser.
29:55Leurs vidéos sont devenues virales,
29:57regardées par des milliers d'adolescents
29:59à travers tout le Japon.
30:07Et pour beaucoup de jeunes filles,
30:09victimes de violences familiales,
30:11rejoindre les Toyoko Kids est devenu le seul espoir
30:14d'échapper à leur quotidien.
30:16Certaines sont très jeunes.
30:20Et il y a des filles plus jeunes que toi ?
30:22Il y en a une qui a 12 ans.
30:24Et d'autres ont 13, 14 ans.
30:30Ce phénomène inquiète Jun.
30:32Elle tente d'intervenir avant que les filles
30:34ne tombent dans la prostitution.
30:36Sur la place, les membres de l'organisation
30:38viennent de l'alerter.
30:40Elles ont repéré une adolescente
30:42qui semble très jeune.
30:46On vient de trouver une fille qui m'inquiète.
30:48On cherche à comprendre ce qui lui arrive.
30:52Elle est prostrée
30:54et semble totalement perdue.
30:57Je n'ai pas l'endroit où aller.
30:59Tu es partie de chez toi ?
31:01Oui, c'est ça.
31:03Depuis quand ?
31:05Il y a cinq jours.
31:08Cinq jours ?
31:10Pour quelles raisons ?
31:14Parce que...
31:16Parce qu'il y avait ça.
31:18Quoi ?
31:20Ça, des coups.
31:22Et tu subissais souvent tes violences ?
31:26Oui.
31:28Mais qui te frappe ?
31:30Mon père.
31:32Et il te frappe où ?
31:35Il me donne des coups dans le ventre
31:37et aussi au visage.
31:41Elle ne supportait plus ces violences.
31:43Alors,
31:45elle a rassemblé ses économies
31:47et fait plus de mille kilomètres
31:49pour venir ici,
31:51rejoindre les Toyoko Kids.
31:53À 16 ans,
31:55elle se retrouve seule,
31:57perdue en plein cœur du quartier chaud de la capitale.
31:59Mais tu ne te sens pas en danger ?
32:02Si, ça m'arrive souvent.
32:04Par exemple,
32:06il y a des hommes qui essaient de m'emmener à l'hôtel.
32:08Ils me proposent de l'argent
32:10pour faire des choses avec eux.
32:14Mais est-ce que tu as eu déjà
32:16des relations sexuelles
32:18avec des hommes comme ça ?
32:20Non, jamais.
32:22À jamais.
32:24Écoute,
32:26si tu veux,
32:28on peut te préparer une chambre
32:31pour ce soir.
32:33Vous voulez quoi en échange ?
32:35Rien du tout.
32:37On a un endroit où les filles habitent ensemble.
32:39Est-ce que c'est payant ?
32:41Non, ce n'est pas payant.
32:43Vous n'appellerez pas la police ?
32:45Non.
32:47Selon l'association,
32:49au Japon,
32:51la parole des mineurs est encore trop peu prise en compte
32:53et la police a tendance
32:55à renvoyer les enfants chez eux,
32:57même en cas de violence familiale.
32:59Ce serait l'une des raisons
33:01pour laquelle ces jeunes adolescentes
33:03préfèrent encore rester
33:05dans les rues de Kabukicho.
33:11Devenir hoste,
33:13c'est aujourd'hui le rêve
33:15de nombreux jeunes japonais sans diplôme
33:17mais qui rêvent de faire fortune.
33:19La plupart viennent de provinces
33:21sans argent.
33:23Sena,
33:25le patron du Platina,
33:27en recrute régulièrement.
33:29Il les loge dans un appartement
33:31géré par le club.
33:33Il a bien voulu nous montrer
33:35les coulisses de cet univers.
33:43Tu es en train de te préparer ?
33:45Bonjour.
33:47Lui, c'est le dernier arrivé.
33:49Il est en apprentissage.
33:53Là, c'est la salle de bain.
33:55Une salle de bain
33:57d'à peine un mètre carré.
34:03Ici, il y a un autre hoste.
34:05Il a une chambre individuelle.
34:09Les pièces sont exiguës
34:11mais c'est la norme à Tokyo.
34:13La plus grande des chambres
34:15sert aussi de cuisine et de buanderie.
34:19Trois hostes vivent ici à temps plein.
34:21Le dernier arrivé,
34:23c'est Kiharu.
34:25Tu prends ton petit déjeuner ?
34:29Des pousses de soja et du riz.
34:31Eh oui !
34:37Ça t'a coûté combien ?
34:3950 centimes.
34:41Kiharu fait attention
34:43à ses moindres dépenses.
34:45Il est arrivé il y a seulement 2 mois.
34:47Il débute
34:49et pour l'instant,
34:51dans le club, aucune fille ne fait appel à lui.
34:57Les hostes gagnent de l'argent
34:59en fonction du chiffre d'affaires
35:01que ramènent leurs clientes.
35:03Quand ils n'ont pas encore de clientes,
35:05je les paie à la journée.
35:0750 euros pour chaque jour
35:09de présence au club.
35:13Kiharu a 24 ans.
35:15Il vient d'une famille modeste
35:17et habité dans la banlieue éloignée
35:19de Tokyo.
35:23Pourquoi as-tu décidé de devenir un hoste ?
35:27L'argent !
35:29Tu as dit à tes parents
35:31que tu allais devenir hoste ?
35:33Oui, ils m'ont dit
35:35tu as le droit de le faire,
35:37mais à condition que tu quittes la maison.
35:41Pourquoi ?
35:43Ils ne voulaient pas m'attendre chaque soir.
35:47Sena a beaucoup d'affection
35:49pour ses jeunes recrues.
35:51Lui aussi a débarqué
35:53d'un petit village de province
35:55il y a 20 ans pour devenir hoste.
35:59Ils sont tous comme moi.
36:01Ils n'ont pas une bonne éducation,
36:03ils ne sont pas allés à l'université.
36:05Le Hoste Club,
36:07c'est leur dernière chance de réussite.
36:11Être hoste
36:13a longtemps été un métier honteux au Japon.
36:15Mais aujourd'hui,
36:17pour la nouvelle génération,
36:19plus question de se cacher.
36:23En plein cœur de Tokyo,
36:25un studio de danse.
36:29C'est ici que s'entraîne
36:31Ketty,
36:33le hoste star du Platina.
36:35Il va bientôt sortir un single.
36:37Il finalise
36:39la chorégraphie du clip.
36:41Je viens ici
36:434-5 fois par semaine.
36:49Ça fait partie de mon métier de hoste.
36:53C'est un moyen de me faire de la publicité.
36:59Tous les membres du groupe sont des hostes.
37:01Leur but, changer leur image
37:03en créant un boy's band
37:05copié sur les groupes de pop coréens
37:07qui font fureur
37:09auprès des adolescentes japonaises.
37:11C'est la première fois
37:13que la professeure de danse
37:15travaille avec des hostes.
37:19J'avais des préjugés.
37:23Je pensais qu'ils étaient fainéants.
37:25Mais en fait,
37:27ils sont très concentrés.
37:29Vous êtes déjà allée dans un hoste club ?
37:31Non,
37:33je n'y suis jamais allée.
37:35Pourquoi ça vous fait rire ?
37:39J'ai une tête à y aller.
37:43Quant aux paroles de la chanson,
37:45c'est un message à peine voilé
37:47à leur future cliente.
38:01La chanson sera diffusée
38:03sur les réseaux sociaux
38:05dans quelques semaines.
38:07Et Katie espère que ce sera un tube.
38:13Cela fait maintenant
38:158 ans qu'il est hoste.
38:17Arrivé d'une petite ville de province,
38:19sans un sou et sans diplôme,
38:21il gagne aujourd'hui
38:23environ 50 000 euros par mois.
38:27Il fait partie des hostes
38:29les mieux payés de Kabukicho.
38:31Il vit dans un quartier résidentiel
38:33de Tokyo,
38:35dans cette tour de standing.
38:37Mais il ne vit pas pour autant
38:39dans le luxe.
38:41Son appartement,
38:43un petit deux pièces
38:45d'une trentaine de mètres carrés,
38:47encombré comme
38:49une chambre d'adolescent.
38:51Il y vit seul.
38:53Voilà,
38:55ça c'est ma chambre.
38:57Et ça, c'est mon chien.
39:01Il s'appelle comment ?
39:03Croquette de poulet, c'est la spécialité
39:05du village d'où je viens.
39:07Ah et j'ai aussi un serpent.
39:09Un serpent des blés.
39:11Ce chien et ce serpent, ce sont tes deux amis ?
39:13Oui, c'est ma famille.
39:15Comme beaucoup d'hostes,
39:17Katie n'a aucune vie affective.
39:19Son argent,
39:21il le consacre à sa garde-robe
39:23et surtout,
39:25il l'économise.
39:27A 30 ans, il sait qu'il ne pourra pas
39:29continuer ce travail encore très longtemps.
39:31En particulier,
39:33à cause des quantités d'alcool
39:35qu'il doit ingurgiter six soirs par semaine.
39:39Je bois vraiment beaucoup.
39:41Je me demande combien.
39:49L'équivalent de
39:5330 canettes par soir.
39:55De bière ?
39:57Ça fait partie du métier ?
39:59C'est ça.
40:01Je sacrifie ma santé pour gagner de l'argent.
40:03Donc oui, je bois beaucoup.
40:05Avant de se rendre au club,
40:07chaque soir, Katie a un rituel.
40:09Un bain chaud
40:11pendant plus d'une heure.
40:13Il en profite pour envoyer des messages
40:15à toutes ses clientes.
40:19C'est un peu comme si tu avais
40:2115 histoires d'amour en même temps ?
40:23C'est ça.
40:25Enfin, non.
40:27J'ai plutôt entre 40 et 50 filles
40:29qui m'envoient des messages chaque jour.
40:31Pour s'y retrouver,
40:33Katie a créé une fiche
40:35pour chacune d'entre elles
40:37avec une foule de détails.
40:41Son anniversaire,
40:43son travail, sa pointure
40:45et même sa taille de sous-vêtement.
40:47Sur les 40 ou 50,
40:49combien sont amoureuses de toi ?
40:51Elles m'aiment toutes.
40:57Mais je pense que
41:01il y en a entre
41:0710 ou 20 qui sont vraiment folles de moi.
41:11Mais à Tokyo,
41:13le monde de la nuit ne se résume pas
41:15aux hostes et aux quartiers chauds.
41:17Il existe aussi un monde plus secret,
41:19dans les quartiers chics de la capitale.
41:21Un univers fermé
41:23auquel seuls de rares occidentaux
41:25ont accès.
41:29C'est le cas de Clara,
41:31une Française.
41:33Elle vit à Tokyo
41:35depuis plus de 30 ans
41:37et connaît bien tous les rouages
41:39de la société japonaise.
41:41Aujourd'hui,
41:43elle dirige un club privé
41:45destiné aux femmes d'affaires du pays.
41:47Un lieu
41:49qu'elle a voulu convivial.
41:51Avec un espace beauté
41:53et un salon de thé.
41:57Donc voilà, nous sommes ici
41:59dans le salon
42:01sur le thème de Marie-Antoinette.
42:03Nous avons nos membres
42:05qui vont prendre le thé, discuter, c'est tout.
42:09C'est cette petite touche française
42:11que viennent chercher les japonaises ici.
42:13Car au Japon,
42:15Clara est devenue une célébrité locale.
42:17Elle est l'incarnation
42:19de la France. Comme ici,
42:21habillée en Marie-Antoinette
42:23pour la promotion d'une célèbre marque
42:25de champagne.
42:27Mais elle est aussi
42:29régulièrement invitée dans les émissions
42:31de télévision.
42:35Ou fait de la publicité
42:37pour les produits de beauté.
42:41Elle anime même
42:43des émissions de téléachat.
42:47Les raisons de son succès ?
42:49Sa beauté, bien sûr.
42:51Mais aussi et surtout
42:53sa maîtrise parfaite de la langue japonaise.
42:57Ce soir,
42:59elle inaugure le rooftop de son club.
43:01Et elle attend une invitée
43:03très particulière
43:05qu'elle vient accueillir personnellement
43:07à la descente de la voiture.
43:13Cette femme en kimono
43:15traditionnel, pour laquelle
43:17Clara affiche un si grand respect,
43:19s'appelle Asuka Katsura.
43:21C'est l'une des personnalités
43:23les plus influentes
43:25et les plus respectées des nuits de Tokyo.
43:27Elle est ce qu'on appelle
43:29une mama-san.
43:31Elle dirige un club d'hôtesse.
43:33Mais pas n'importe lequel.
43:35Le sien est l'un des plus luxueux
43:37de la capitale.
43:39Et sa présence,
43:41ce soir, à cette fête,
43:43est un honneur pour Clara.
43:45Tout le monde l'adule.
43:47C'est une personnalité
43:49vraiment très très connue.
43:51Elle est propriétaire
43:53d'un des clubs de Ginza
43:55qui fait le plus de chiffres d'affaires
43:57à Tokyo. C'est très très impressionnant.
43:59Elle connait
44:01des politiciens,
44:03des chefs d'entreprise,
44:05mais les plus haut placés du Japon.
44:07C'est absolument impressionnant.
44:09Femme d'influence
44:11et femme d'affaires,
44:13la mama-san est un des personnages
44:15clés de la société traditionnelle
44:17japonaise.
44:25Exceptionnellement,
44:27elle a accepté de nous ouvrir les portes
44:29de son club dans lequel aucune caméra
44:31n'a encore jamais pénétré
44:33et de nous faire découvrir
44:35son univers.
44:41Celui d'une reine de la nuit de Ginza.
44:55C'est donc à Ginza,
44:57le quartier le plus chic de Tokyo,
44:59avec ses immenses avenues et ses boutiques de luxe,
45:01que la mama-san
45:03nous a donné rendez-vous.
45:07Il est 15h
45:09et chacune de ses journées
45:11commence par un rituel immuable.
45:13Accompagnée de son assistant
45:15qui porte son sac à main
45:17et ne la quitte pas d'une semelle,
45:19Asuka se rend chez sa coiffeuse
45:21attitrée.
45:23Une spécialiste
45:25des coiffures traditionnelles japonaises.
45:29C'est ce qu'on appelle
45:31le suki-je.
45:33Une sorte de coussin
45:35qu'on met dans les cheveux.
45:37C'est ça qui donne
45:39le volume.
45:41Une belle forme.
45:43Cela permet de changer le volume de la tête.
45:47Cette coiffure,
45:49c'est l'image de marque de la mama-san.
45:57Les mama-san de Ginza
45:59peuvent toutes porter le kimono
46:01et avoir la coiffure traditionnelle.
46:03Seules les jeunes hôtesses
46:05portent des robes d'aujourd'hui.
46:09Comme je pratique des tarifs très élevés,
46:11je dois toujours être très bien apprêtée.
46:13D'ailleurs,
46:15toutes les filles qui travaillent chez moi
46:17doivent être parfaites
46:19pour ne jamais décevoir les clients.
46:23La mama-san,
46:25c'est un peu l'héritière des geishas.
46:27Ces courtisanes
46:29indissociables de l'histoire du Japon.
46:33Des femmes parfaitement maquillées
46:35et habillées passaient maître
46:37dans l'art de divertir des clients riches.
46:39Que ce soit par la danse,
46:41la musique
46:43ou l'art de la conversation.
46:45Mais contrairement aux idées reçues en Occident,
46:47les geishas ne couchaient pas
46:49avec leurs clients.
46:51Elles étaient perçues
46:53comme les gardiennes des traditions japonaises.
46:57Ce soir,
46:59la mama-san a rendez-vous
47:01avec l'un de ses clients pour dîner.
47:03Elle s'y rend en tenue traditionnelle,
47:05sans aucun bijou,
47:07mais avec un kimono de soie
47:09qui vaut à lui seul
47:11plus de 13 000 euros.
47:13Le dîner
47:15va avoir lieu dans cet étonnant château
47:17construit en plein coeur
47:19de Tokyo.
47:21C'est le restaurant 3 étoiles
47:23de Joël Rebuchon.
47:25Merci beaucoup.
47:27Bonne soirée.
47:29Construit
47:31avec des matériaux venus directement
47:33de France, le château s'inspire
47:35du style et de l'architecture
47:37de Versailles.
47:39Mais il en faut plus pour impressionner
47:41la mama-san.
47:43Elle dîne chaque soir dans les restaurants
47:45les plus chics de la capitale.
47:47Le dîner
47:49a lieu dans un salon particulier
47:51à l'étage.
47:53Nous avons été autorisés à filmer
47:55à condition de flouter certains convives
47:57parmi lesquels un personnage
47:59influent de la société japonaise.
48:05Voici l'entrée.
48:07Le saumon en frivolité.
48:13Si je ne faisais pas ce métier,
48:15je ne pourrais pas manger de tels plats.
48:19Au menu, des recettes
48:21thématiques du chef français
48:23comme ce caviar impérial.
48:25Tout au long du repas,
48:27le maître d'hôtel est au petit soin
48:29pour cette cliente hors normes.
48:33Elle vient presque chaque mois.
48:35L'année précédente,
48:37elle a passé le record.
48:39Elle est venue 18 fois.
48:41Elle adore le caviar.
48:43Surtout le caviar de salon.
48:45Ce n'est pas un caviar russe.
48:47Le client
48:49qui invite la Mama San ce soir,
48:51c'est cet homme.
48:53Il est franco-japonais
48:55et représente une célèbre marque de champagne.
48:57C'est lui qui va payer l'addition.
48:59Plus de 3000 euros
49:01pour 6 personnes.
49:03Pour lui,
49:05dîner aux côtés de la Mama San
49:07est un privilège et un honneur.
49:09Mais pas seulement.
49:11Le fondateur,
49:13c'est bien M. Ito.
49:15C'est aussi une manière
49:17d'accéder au réseau de la Mama San.
49:19Un petit cercle très fermé.
49:21Des hommes les plus riches
49:23et influents du monde des affaires
49:25de Tokyo.
49:27C'est bon.
49:29Merci beaucoup.
49:31Merci à tous.
49:35A peine le repas fini,
49:37la tradition veut que tous les convives
49:39accompagnent la Mama San à son club.
49:41Il se trouve dans l'une des rues
49:43les plus chiques de Ginza.
49:45Mais nous ne pouvons pas filmer
49:47la façade de l'immeuble
49:49pour cause de discrétion.
49:51Le club est à l'étage.
49:53Il n'est pas très grand.
49:55Cela ressemble à un appartement
49:57transformé en salon privé.
50:01Jouez de la musique joyeuse.
50:07Ici, c'est l'espace
50:09pour la pianiste et la violoniste.
50:11On a une musique live
50:13tous les soirs.
50:17Au plafond,
50:19on a une peinture inspirée
50:21du château de Versailles.
50:23Et il y a des personnages
50:25que j'ai demandé d'ajouter
50:27comme le dieu de l'alcool
50:29et Marie-Antoinette.
50:33A l'intérieur,
50:35des hommes d'affaires boivent des verres
50:37en compagnie de jeunes femmes
50:39avec des robes élégantes.
50:41Les hôtesses.
50:43Elles ont toutes été sélectionnées
50:45une par une par la Mamasan.
50:47Beaucoup ont fait
50:49des études supérieures
50:51et sont capables de soutenir
50:53n'importe quelle conversation.
50:55La Mamasan observe
50:57et veille à ce que chaque client
50:59soit toujours bien entouré.
51:05Les hôtesses
51:07travaillent de 20h à minuit
51:09et sont rémunérées
51:11entre 6 000 et 12 000 euros par mois.
51:13Elles doivent distraire
51:15et amuser les clients
51:17mais à aucun moment
51:19ils ne peuvent y avoir
51:21de contact physique.
51:23Dans les clubs de Ginza,
51:25on ne peut entrer
51:27que si on est recommandé.
51:29Si un client se conduit mal,
51:31il sera immédiatement interdit
51:33partout à Ginza.
51:35C'est un endroit d'amour
51:37et que je donne mon accord.
51:39Mais ici, il n'y a pas de prostitution.
51:41On trinque ?
51:43A la santé de Mamasan !
51:45Allez, cul sec !
51:51Tout le monde
51:53boit du champagne français millésimé
51:55vendu ici à des prix astronomiques.
51:57Des bouteilles
51:59qui sont exposées
52:01dans une cave réfrigérée
52:04Celle-là est à 3 000 euros.
52:08Celle-ci à 5 000.
52:10Ce sont les plus chères de vos bouteilles ?
52:12Non, voici la réserve de l'abbaye.
52:14Ce Dom Pérignon
52:16vaut deux fois plus cher.
52:20Et pour écouler ces bouteilles,
52:22elle n'hésite pas
52:24à forcer la main de ses clients
52:26comme cet homme
52:28en costume sombre.
52:30Ça vous convient
52:32les deux bouteilles ?
52:36Non, juste une.
52:38Bien tenté !
52:40Mais ce refus poli
52:42ne va pas décourager la Mamasan.
52:44Il est très riche.
52:50Il a beaucoup d'argent.
52:52Oh, ne dites pas ça !
52:54C'est gênant !
52:56Deux bouteilles !
52:58Ici,
53:00on ne dit pas non à la Mamasan.
53:02Les deux, c'est 3 000 euros.
53:08Et de toute façon,
53:10ces hommes d'affaires le savent.
53:12C'est le prix à payer
53:14pour être dans les petits papiers
53:16de la reine des nuits de Ginza.
53:24Mais Tokyo, c'est aussi le lieu
53:26de soirées beaucoup plus extrêmes.
53:28Cet homme aux allures
53:30de messie post-apocalyptique
53:32est l'une des célébrités de Kabukicho.
53:34Il est français,
53:36il s'est installé au Japon
53:38il y a 20 ans
53:40et il est devenu
53:42le prince des soirées
53:44les plus décadentes de la capitale.
53:46Adrien, c'est son nom,
53:48dirige un bar
53:50unique à Tokyo.
53:54Caché au sous-sol
53:56d'un immeuble.
54:02C'est là qu'il organise
54:04ces soirées totalement folles.
54:10C'est là qu'il organise
54:12ces soirées totalement folles.
54:16Un lieu où les japonais
54:18savent qu'ils peuvent se lâcher
54:20en toute liberté, sans craindre
54:22le moindre jugement.
54:28Une image du Japon
54:30qu'on a rarement l'habitude de voir.
54:38Déjà, il faut savoir qu'au Japon,
54:40à partir du moment où tu as bu de l'alcool,
54:42t'as plus besoin de t'excuser
54:44de ce que t'es fait.
54:46Si t'as bu de l'alcool, tu peux être toi-même.
54:48Si t'es toi-même, tu peux être toi-même à 100%.
54:50En plus, une fois que t'as bu de l'alcool
54:52et que tu te lâches pas, c'est pas bon.
54:54Et ils se lâchent beaucoup dans ton bar ?
54:56Ils se lâchent naturellement.
54:58C'est-à-dire qu'ils arrivent là, là.
55:02Cette nuit, c'est soirée Sadomaso
55:04animée par cette jeune femme
55:06en chapeau jaune.
55:08Bonjour !
55:12C'est une soirée SM,
55:14mais plus comique que vraiment SM.
55:16C'est la soirée
55:18où les sadiques et les maso s'amusent ensemble
55:20en se déguisant et en jouant des rôles.
55:22Et cette nuit,
55:24le thème, c'est le jardin d'enfants.
55:28Soirée bébé !
55:30Ici, pas de sexe
55:32ni de fouet ou de menottes,
55:34mais des hommes en couche-culotte
55:36et des baby-sitters sexys.
55:40Une ambiance joyeuse
55:42et totalement régressive.
55:46Le côté enfantant du Japon,
55:48c'est que déjà, il y a une culture de l'enfance au Japon.
55:52Et en fait,
55:54savoir qu'au Japon, la valeur principale,
55:56c'est la responsabilité.
55:58C'est l'inverse de l'enfance.
56:00Donc la nuit, c'est l'inverse.
56:02C'est l'antiresponsabilité.
56:04Il n'y a pas de mot en français. Antiresponsabilité.
56:06Il y a un mot en japonais.
56:08C'est le fait d'être
56:10irresponsable de rien et d'être débile.
56:18Un lâcher-prise
56:20difficilement imaginable en France.
56:28C'est un endroit
56:30où on peut se retrouver
56:32et se lâcher.
56:34Un endroit où je peux
56:36exprimer mes fantasmes.
56:38Est-ce que votre famille
56:40sait que vous êtes là ?
56:42Ma mère l'a découvert
56:44par hasard.
56:46Mais ma femme,
56:48elle ne sait pas.
56:52Parmi les clients d'Adrien,
56:54de nombreux cadres venus décompresser
56:56et qui se livrent à des jeux
56:58SM un peu surprenants.
57:02Pourquoi vous faites ça ?
57:04J'aime quand une fille me frappe
57:06les testicules.
57:08Et vous faites quoi dans la vie ?
57:10Je suis banquier.
57:12En fait, cette personne,
57:14je ne peux pas dire qui il est,
57:16c'est pour ça qu'il a un masque,
57:18et il a une grosse responsabilité
57:20au Japon.
57:22Il m'a demandé si c'était une télé japonaise.
57:24J'ai dit non.
57:26Donc, il était déconcentré.
57:28Moi, je ne sais pas.
57:30J'ai dit non, c'est une télé européenne, j'ai dit OK.
57:36C'est le secret du succès d'Adrien.
57:39Offrir à des cadres et des banquiers
57:42souvent surmenés et sous pression
57:44un moment de liberté et de lâcher prise totale
57:47au coeur de la capitale japonaise.
57:54C'est la fin de cette émission.
57:56Rendez-vous la semaine prochaine
57:58pour un document d'enquête exclusive.
58:00La semaine prochaine, révélation sur les Etats-Unis.
58:03Un pays au bord de l'effondrement.
58:05Tu veux un morceau du pont ?
58:07Regarde ça, c'est comme ça sur tout le pont.
58:10Il y a à peine 2 semaines,
58:13la catastrophe du pont de Baltimore a montré au monde entier
58:16la fragilité des infrastructures américaines.
58:19Rails, métro, routes, rien n'est épargné.
58:23Ce nid de poules, il fait presque 1,50 m.
58:26Pourquoi ces trous ne sont pas réparés ?
58:28La ville n'a pas d'argent, c'est tout.
58:30Faute d'investissement et d'entretien,
58:33les conséquences sont dramatiques.
58:35Jusqu'à mettre en péril la sécurité des Américains.
58:38À Hawaii, une défaillance du réseau électrique
58:41a provoqué l'incendie le plus meurtrier depuis 100 ans.
58:44Pour moi, c'est une petite version de Nagasaki ou d'Hiroshima.
58:49Bien loin du rêve américain,
58:51des centaines de milliers d'habitants n'ont plus accès à l'eau potable.
58:55Je me lave avec parce que je n'ai pas le choix.
58:57Mais cuisiner ou mettre ça dans ma bouche, c'est non.
59:00Face au scandale, Joe Biden a lancé un plan d'investissement
59:04de 1 200 milliards de dollars.
59:06Mais cela suffira-t-il ?
59:08J'ai écrit au sénateur.
59:10Son secrétariat a répondu en disant que l'Etat n'était pas responsable.
59:14En attendant, personne ne fait rien.
59:16Routes, ponts, infrastructures, l'Amérique qui tombe en ruine,
59:21c'est dimanche prochain à 23h, dans Enquête exclusive.
59:25Cette émission a été préparée avec Gaël Fournier,
59:28réalisation Plateau, Mathieu Cressiaud,
59:30rédaction en chef d'Enquête exclusive,
59:32Hélène Mangiardi et Jean-Marie Tricot,
59:34production Anne Connaisil.
59:36Bonne soirée sur M6.