• il y a 8 mois
Céline Alonzo et André Bercoff reçoivent Jean-Marie Poiré, le réalisateur du célèbre film "Les Visiteurs", qui publie "Rire est une fête - Mémoires cash d'un réalisateur culte" aux éditions Michel Lafon.

Retrouvez La culture dans tous ses états tous les vendredis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-04-19##
Transcription
00:00 [Musique]
00:02 Sud Radio, la culture dans tous ses états.
00:04 André Bercoff, Céline Alonso.
00:06 [Musique]
00:08 C'est un bon slow.
00:09 C'est excellent, c'est excellent.
00:11 Vous aimez ce genre de musique ?
00:12 Ah ben n'est-ce pas, c'est-à-dire que c'était très bien chanté.
00:15 Oui, remarquez qu'on peut être un bon chanteur et un ancien envoyeur.
00:19 [Rires]
00:21 Arrêtez !
00:22 Allo !
00:23 Ah, bonjour monsieur.
00:24 Vous êtes un ami de mon Mirai ?
00:26 Moi, je suis Jacouille.
00:29 Jacouille, la fripouille, votre humble serviteur, vous me reconnaissez-moi ?
00:32 Monsieur qui ?
00:33 Jacouille.
00:34 Tu me connais à l'âme ?
00:35 Ma mère avait pour nom Gwendoline.
00:37 Elle est morte dévorée par les loups.
00:39 Parce que notre père qui était parti pour boire à la taverne de Ducheneau
00:42 a crevé, joli dans les temps, à cause de son pied beau.
00:45 Joyeux Noël, monsieur.
00:46 Joyeux Noël. Je vous appelle parce que c'est mon dernier Noël.
00:49 C'est cela, oui.
00:50 Je suis atteinte de leucémie et je vais mourir dans deux mois.
00:52 C'est cela, oui.
00:54 Et comme je suis seul ce soir, j'aimerais souhaiter un joyeux Noël à une femme.
00:57 Comment vous appelez-vous ?
00:58 Je m'appelle Thérèse.
01:00 Je t'encule, Thérèse. Je te prends, je te retourne contre le mur,
01:03 je te baisse par tous les trous, je te défonce !
01:06 Et oui, Jean-Marie Poiré, on est mort de rire avec André Bercoff en studio.
01:11 Jean-Marie Poiré, le maître de la comédie, le réalisateur culte du Père Noël est une ordure.
01:17 Des visiteurs de papy fait de la résistance, des anges gardiens André Bercoff.
01:21 Il sera avec nous dans un instant sur Sud Radio à l'occasion de l'apparition
01:25 de ses mémoires, des mémoires caches, on va dire.
01:29 Ce ne sont pas des mémoires, c'est comment je dirais, un almanac.
01:36 Ce n'est pas un beau teint mondain, c'est un beau teint du temps où la France riait.
01:42 Ou du temps où la France était dans une insouciance et un talent.
01:46 Et on n'avait pas peur de dire les mots, vous avez écouté, on n'avait pas peur d'aller loin.
01:51 On n'avait pas peur d'avoir du talent et on n'avait pas peur,
01:54 je ne dis pas que c'est fini maintenant, mais quand même, quand on regarde,
01:57 effectivement, on a regardé combien de fois que ce soit le Père Noël du Nord dure,
02:01 que ce soit les visiteurs, que ce soit le papy fait de la résistance et tous les autres,
02:05 on se dit "mais attends, c'était incroyable".
02:07 Il y avait une espèce d'atmosphère, je dirais, de jouissance de ce qui fait la France.
02:14 La gauloiserie, la bonne chair, C-H-E-R-E, la bonne chair, C-H-A-R et tout le reste.
02:21 Et c'est ça que Jean-Bouhari Poiré, notamment, a été l'un de ceux qui a vraiment fait que ces films,
02:27 je ne vais pas tous les citer, mais le Père Noël du Nord dure, papy fait de la résistance,
02:31 Twists again à Moscou, l'opération Cornet de Bif, les visiteurs, les anges gardiens,
02:36 les visiteurs de l'Amérique, ma femme s'appelle Maurice, etc.
02:39 Et puis les collaborations avec Michel Audiard, qui est le Sacha Guitry de la connerie,
02:45 formidable de la connerie, en tant que, justement, qui est une mie héréditaire,
02:50 c'est ça, et vraiment, le rire est une fête, c'est vrai, lisez-le, rire est une fête, Céline.
02:57 - Et oui, rire est une fête, c'est donc les mémoires que Jean-Marie Poiré publie chez Michel Laffont,
03:02 et ne l'oubliez pas, comme le disait donc Raymond Deveau, Sandré Bercoff,
03:06 le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter.
03:10 On se retrouve dans un instant sur Sud Radio pour revivre de très belles années du cinéma français,
03:14 alors restez avec nous.
03:17 Sud Radio, la culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
03:21 - Et oui, sublime musique du film "Les Visiteurs", le plus gros succès de Jean-Marie Poiré, André Bercoff,
03:38 il est aujourd'hui notre invité sur Sud Radio, alors bonjour à vous Jean-Marie.
03:42 - Bonjour, bonjour.
03:43 - Merci d'avoir accepté notre invitation, alors vous publiez "Rire est une fête" chez Michel Laffont,
03:48 un livre dans lequel vous dévoilez les secrets de tournage de vos films cultes,
03:52 qui ont fait rire des millions de personnes en France et à travers le monde.
03:55 Alors quand avez-vous découvert qu'un de vos plus grands plaisirs, après les trucs du Périgord,
04:01 le sexe, les grandes crues, les belles caisses, les musées, les palaces,
04:05 comme vous l'écrivez donc dans vos mémoires, était de faire marrer les gens ? Racontez-nous.
04:10 - J'ai toujours aimé ça à vrai dire, et d'ailleurs ça me jouait les sales tours,
04:14 parce que j'ai été énormément puni à l'école, parce que je faisais des chahuts,
04:21 et d'ailleurs ça a été une énorme découverte pour moi, parce que j'étais dans une école privée
04:26 qui était assez chère, donc il y avait un problème de pénurie de clients en fait,
04:32 ils ne pouvaient pas vraiment vous renvoyer parce que sinon ils perdaient.
04:36 - Ils perdaient, ils vous perdaient l'argent.
04:38 - Donc on ne vous renvoyait jamais vraiment, mais on vous renvoyait pour 8 jours, pour 3 jours,
04:44 et une fois j'ai été renvoyé, je suis arrivé chez moi, ma mère m'attendait,
04:50 elle m'a dit "ton père va venir", d'ailleurs elle a eu cette phrase absolument admirable,
04:54 puisqu'elle m'a dit "il va venir t'engueuler, je te préviens que ton père a été boxeur".
04:59 - Prépares-toi !
05:01 - Il a fait de la boxe, voilà, donc j'étais pétrifié de trouille,
05:05 mon père est effectivement arrivé, m'a engueulé avec, je dois dire,
05:10 assez peu d'insistance en fait, ça l'ennuyait plutôt,
05:14 donc il m'a un peu grondé, mais bon voilà, et puis il s'en va, je reste tout seul dans ma chambre,
05:22 et puis il va au bout du couloir, je l'entends rire avec ma mère,
05:26 quand même un peu intriguée, donc je me suis approché à petits pas,
05:31 et alors les toilettes étaient à côté de leur chambre, donc j'avais l'excuse d'aller faire pipi,
05:35 voilà, donc je me suis approché pour écouter, et puis je l'entendais rire,
05:39 et en fait je l'entendais parler au téléphone, alors j'ai fait le tour par le salon,
05:43 je me suis avancé comme un chat, et en fait il était en train de parler, je crois, à Gérard Roury,
05:49 et il disait "mais attends, attends, il faut que je te dise le motif",
05:54 et le motif de mon renvoi était "à parier qu'il ferait rire ses camarades, Paris gagné", voilà.
06:02 Et donc je suis reparti, et ma mère pleurait de rire, et j'entendais, c'était un numéro,
06:08 et ça m'a énormément troublé, parce que je devais avoir quoi, 9-10 ans,
06:12 et j'ai aperçu qu'en fait il y avait une double façade, il y avait la façade éducative,
06:17 dans laquelle on était très rigide, et dans laquelle on vous expliquait
06:21 qu'on allait vous foutre en pension à Limoges ou à Vesoul,
06:25 ou chez les curés, je ne sais pas où, et puis il y avait le fait de se marrer,
06:31 parce qu'on faisait une ânerie, donc j'ai découvert qu'une ânerie pouvait être valorisante.
06:38 - Et oui, et vous dites que votre papa, qui était donc le grand producteur de cinéma Alain Poiré,
06:43 vous a beaucoup appris par sa bonne humeur et son humour,
06:46 il avait un certain enthousiasme pour les conneries, écrivez-vous.
06:50 - Oui, c'est ça, c'est-à-dire qu'à la maison il n'était pas question...
06:54 Ce n'était pas forcément que des conneries, mais il y avait une chose en tout cas,
06:58 à la maison qui était interdite, c'était d'être ennuyeux, ça n'était pas possible.
07:03 - Bonne chose. - Et donc mon père recevait énormément,
07:06 il était donc un producteur qui a fait quand même 500 millions de spectateurs,
07:10 ce qui n'est quand même pas zéro, et donc évidemment...
07:13 - Et puis entouré d'acteurs, d'auteurs...
07:17 - Oui, j'ai connu, enfant, Marcel Pagnol, Jean Hanouille,
07:21 plein de gens qui étaient très talentueux, il y avait aussi les acteurs,
07:26 mais en tout cas il n'était pas question...
07:29 Et d'ailleurs il y a une anecdote assez amusante, que je ne raconte pas dans mon livre,
07:33 il y en a d'autres, mais c'est qu'un jour on a demandé à mon père,
07:37 "Mais pourquoi... C'est bizarre toi, tu ne me faisais pas tourner Fernand Del,
07:41 tu n'as jamais fait de film avec Fernand Del",
07:43 et mon père a eu cette phrase extraordinaire, il a dit "Ah non".
07:46 Il était à son nom.
07:48 Et donc, comme Fernand Del n'était pas marrant dans la vie,
07:51 cet homme qui était en plus producteur, donc c'était pour gagner du pognon,
07:55 mais il ne préférait pas tourner avec lui parce qu'il ne voulait pas passer une soirée
07:58 dans laquelle on ne s'amusait pas.
08:01 - En revanche, il s'amusait avec Guytry, il avait beaucoup d'admiration pour Guitry, c'est ça ?
08:05 - Oui, beaucoup de Guitry.
08:07 Guitry qui était très amusant, évidemment, un génie, formidable.
08:11 - Et qui avait le sens de la même partie comme personne.
08:13 - Oui, pas toujours, parce que moi je me souviens d'un souvenir particulier avec Guitry,
08:20 c'est qu'il faisait des blagues au téléphone d'enfants.
08:22 Et alors il savait très bien ne pas faire la voix de Sacha Guitry,
08:25 parce qu'il y avait cette voix... "Je vous l'ai dit..."
08:29 Mais en fait il pouvait parler normalement.
08:31 Et un jour, il appelle à la maison, ça m'est resté ça,
08:35 et il dit "Bonjour, je voudrais parler à monsieur Popo".
08:40 "Monsieur Popo ? Monsieur Popo ?"
08:43 Bon, j'étais bon, voilà.
08:45 Je dis "Papa, il y a quelqu'un pour toi ?"
08:47 C'était Guitry qui faisait une plaisanterie d'abruti.
08:50 Parce que monsieur Popo, c'est quand même pas un niveau du nouveau.
08:54 - Oui, c'est pas le niveau qu'on attend de Sacha.
08:56 - Et vous dites que votre père aimait Guitry justement parce que,
08:59 entre une grossièreté et une obscénité, il choisissait toujours l'obscénité.
09:04 - Oui, mais c'est bien ça, c'est bien.
09:06 - Et à propos d'obscénité, donc Michel Simon, que votre papa aimait beaucoup aussi,
09:10 n'était pas en reste à ce sujet.
09:12 Je vais vous raconter une anecdote très drôle.
09:14 Lors d'une soirée UP à laquelle votre père l'avait invité.
09:17 Racontez-nous cette anecdote.
09:19 - Oui, il s'est mis à chanter des chansons abominablement...
09:23 (rires)
09:25 - Un truc pornographique.
09:27 - Un truc pornographique, en fait.
09:29 Et comme les gens étaient altérés...
09:31 - C'était une soirée UP, c'était très chic.
09:33 - Et comme tout le monde était altéré,
09:35 Michel Simon a dit "Ah, comme je vois que la chanson semble vous plaire,
09:39 je vais vous en chanter une autre."
09:41 (rires)
09:42 Et il en a balancé une encore pire.
09:44 Et donc ça c'est quand même délicieux.
09:46 C'est un souvenir que je n'ai pas vécu,
09:48 et que j'ai volé en fait à mon papa,
09:50 qui le racontait.
09:52 - Juste un mot, Jean-Marie Poiré.
09:55 Au fond, l'atmosphère, avec le recul,
09:58 l'atmosphère qu'il y avait chez vos parents,
10:00 enfin dans votre famille,
10:02 c'est quelque chose qui vous a baigné, c'est quoi surtout ?
10:04 C'était ce côté...
10:06 d'esprit, de culture,
10:09 et on ne s'ennuie pas, c'est ça qui vous a...
10:11 qui se vous a le plus marqué en fait ?
10:13 - C'était tout en même temps, c'est-à-dire que d'abord,
10:15 il y avait beaucoup de culture quand même,
10:17 on rencontrait quand même Pagnol, on rencontrait des gens de qualité,
10:20 y compris même des gens pas drôles, je veux dire,
10:22 mais des grands historiens, Jacques Laurent,
10:24 enfin des gens de talent, bon.
10:26 Donc ça c'était déjà fascinant.
10:28 Il y avait aussi des très jolies femmes, parce qu'il y avait des actrices...
10:30 - Ce qui n'est pas négligeable.
10:32 - Ce qui n'est pas négligéable, c'est que c'était un peu magnifique.
10:34 Il y avait des stars, il y avait tout ça,
10:36 mais c'est pas ça qui me marque le plus.
10:39 Ce qui me marque le plus, c'est la tendresse qu'on a dans la famille
10:42 pour les tarés en fait,
10:44 c'est-à-dire pour les gens, les...
10:46 Mais même par exemple,
10:48 par exemple mon grand-père paternel,
10:51 qui était un...
10:53 mon arrière-grand-père paternel,
10:55 que je n'ai pas connu, mais qui était un homme assez sérieux,
10:57 qui était mathématicien,
10:59 et qui était un brillant mathématicien,
11:01 mais qui n'était pas un comique.
11:03 Va un jour par exemple dans une soirée,
11:05 sa femme l'entraîne dans une soirée,
11:07 et alors à l'époque, on arrivait dans les soirées,
11:09 il y avait un porte-voix
11:11 qui écriait le nom des gens.
11:13 - Un huissier, oui.
11:15 - Monsieur et madame de la falaise.
11:17 Et puis il y avait
11:19 les gens qui attendaient,
11:21 pour des condoléances, et on faisait bonjour.
11:23 Et là, avec sa femme, il disait,
11:25 "mais j'ai pas du tout envie...", mais c'est très important,
11:27 il faut le connaître, c'était à...
11:29 à Bordeaux, dans un endroit comme ça,
11:31 il faut connaître les gens du coin, etc.
11:33 Et alors, il arrive,
11:35 "Monsieur et madame Adrien Poiré",
11:37 et alors il s'approche,
11:39 il serre, il embrasse
11:41 la main de la maîtresse de maison,
11:43 il se redresse,
11:45 usséré,
11:47 et avec une voix monstrueuse, il fait
11:49 "comment ça, merde",
11:51 et il repart...
11:53 et il repart offusqué
11:55 pour aller dîner au café de la gare.
11:57 C'est-à-dire que, évidemment,
11:59 il avait pas dit ça,
12:01 mais c'était pour se débarrasser,
12:03 donc ça a fait un scandale,
12:05 mais pourquoi est-ce que cette femme a insulté...
12:07 - Cette femme a insulté... Comment ça, merde,
12:09 c'est joli ! - Donc c'est une blague
12:11 d'enfant, en fait, qui lui permettait
12:13 d'aller dîner au buffet de la gare tranquille...
12:15 - Et donc vous disiez qu'il y avait une vraie tendresse, c'est ça ?
12:17 - Oui, c'est de la tendresse pour les choses comme ça.
12:19 Et j'en raconte certaines
12:21 dans mon livre, parce que
12:23 j'ai quand même une famille assez gratinée,
12:25 j'ai quand même quelques escrocs,
12:27 quelques gens...
12:29 Mais bon, donc j'ai été baigné
12:31 par ça, et c'est
12:33 très important, parce que
12:35 ça vous donne le...
12:37 - Bien heureux les fêlés, c'est par eux que passe
12:39 la lumière ! - Exactement !
12:41 - Et vos débuts, donc, de scénariste,
12:43 c'est avec un très grand
12:45 dialoguiste que vous les ferez, Michel Odiard.
12:47 - Je pense que quand on mettra les cons sur Orbit,
12:49 t'as pas fini de tourner !
12:51 - Les cons, ça ose tout !
12:53 - C'est même à ça qu'on les reconnaît !
12:55 - Vous savez quelle différence y a entre un con et un voleur ?
12:57 - Non ! - Un voleur,
12:59 de temps en temps, ça se repose.
13:01 - La connerie à ce point-là,
13:03 moi, je dis que ça devient gênant.
13:05 - Les institutions, la notoriété,
13:07 le prestige,
13:09 tout est bafoué, tout.
13:11 Le roi s'endort, on dessoudre
13:13 le dauphin. Jolie manière.
13:15 Mais attention, hein !
13:19 J'ai bon caractère, mais j'ai
13:21 du glaive vengeur et le bras séculier.
13:23 L'aigle va fondre sur la vieille buse.
13:25 C'est chouette comme métaphore, non ?
13:27 - C'est pas une métaphore,
13:29 c'est une périphrase.
13:31 - Oh, fais pas chier !
13:33 - Ça, c'est une métaphore.
13:35 - Vous avez fait beaucoup de films avec Odiard,
13:37 Jean-Marie Poiré. - Oui, j'ai fait beaucoup de films avec Michel,
13:39 ce qui, d'ailleurs, pour moi, a été un mystère absolu,
13:41 car j'ai jamais su pourquoi
13:43 Michel m'avait engagé
13:45 comme auteur. Et d'ailleurs,
13:47 il m'a menti, parce qu'un jour,
13:49 je lui ai posé la question,
13:51 il me racontait des salades.
13:53 Alors, assez drôlement,
13:55 un jour, je dis ça
13:57 à son fils Jacques,
13:59 je lui dis "J'ai jamais su
14:01 pourquoi ton père m'avait engagé."
14:03 Et il me répond "C'était pour
14:05 faire chier le tien."
14:07 - C'est chouette.
14:09 - C'est un gosse qui est assez drôle,
14:11 c'est quand même un humour qui reste dans la famille.
14:13 Je crois qu'en fait,
14:15 plus sérieusement, c'était un
14:17 rendez-vous littéraire, parce que
14:19 j'ai connu Michel
14:21 dans une soirée
14:23 où j'étais venu, parce que j'étais fauché
14:25 comme les blés, et j'étais invité
14:27 à une première, et il y avait un cocktail
14:29 donc on pouvait se gaver de petits fours.
14:31 - Il y avait les cocktails, oui. - Donc c'était bien, parce que ça permettait
14:33 de manger gratos avant d'aller en boîte.
14:35 Donc j'étais venu avec la fiancée
14:37 de l'époque, et on se gavait de petits fours.
14:39 C'était un film
14:41 de cahyades,
14:43 je crois, que Michel Hoyard n'aimait pas
14:45 trop, surtout qu'il n'aimait que les
14:47 siens, à vrai dire, de ses films.
14:49 Et donc,
14:51 il m'a parlé, là, de
14:53 "Bonjour,
14:55 vous êtes le fils d'Alain, oui."
14:57 Et puis on a sympathisé, et
14:59 on a sympathisé
15:01 par deux choses.
15:03 D'abord, j'ai été...
15:05 On va croire que je suis un ignoble flatteur,
15:07 ce qui n'est pas toujours
15:09 faux, mais en l'occurrence, c'est pas
15:11 vrai ce jour-là. J'ai lui dit
15:13 "Michel, tout le monde vous dit que vous êtes drôles, mais en plus, je vous ai dit
15:15 que je vous écrivais merveilleusement,
15:17 parce que vous écrivez avec une concision
15:19 fantastique. En fait, je lui ai dit "Vous écrivez comme Balzac."
15:21 Alors ça, ça lui a beaucoup plu.
15:23 - Ah oui. - Il m'a dit, évidemment,
15:25 il m'a vanné là-dessus,
15:27 parce qu'il était gêné. Mais en fait, il était
15:29 ravi. Et on a parlé
15:31 littérature, et il m'a demandé qui j'aimais
15:33 comme auteur.
15:35 J'ai cité...
15:37 Je ne savais pas, je ne voulais pas lui dire Céline,
15:39 parce que je savais que ça faisait l'échec.
15:41 Et puis, bon, il adorait Céline.
15:43 Mais j'ai dit "J'adore Blondin,
15:45 j'adore Perret, le Cap...
15:47 - N'y est pas les lieux. - Voilà.
15:49 Et je ne savais pas que tous ces gens étaient ses amis.
15:51 Et on a parlé bouquin, en fait.
15:53 Et...
15:55 Curieusement, c'est ça qui a fait
15:57 que, je crois,
15:59 8 mois ou
16:01 9 mois plus tard, un jour, on m'appelle
16:03 et on me dit "Voilà, Michel voudrait vous voir pour travailler."
16:05 Moi, c'est le moment où je ne veux
16:07 plus faire assistant.
16:09 Je veux être photographe,
16:11 je veux écrire
16:13 des livres éventuellement, mais je ne veux pas.
16:15 J'en ai marre de
16:17 porter des Coca-Cola et tout ça.
16:19 - Pour l'acteur, bon.
16:21 - Mais je suis fauché.
16:23 Je vais quand même au rendez-vous.
16:25 - Ah oui.
16:27 - Et je lui dis, en rentrant, je lui dis "Michel,
16:29 je suis venu parce que je vous admire,
16:31 mais je ne veux plus faire l'assistant."
16:33 Et il m'a dit "Mais pourquoi
16:35 tu veux faire l'assistant ?"
16:37 "Parce que je veux t'engager comme auteur."
16:39 Alors, non, que stupéfaction.
16:41 Et il m'a engagé comme auteur.
16:43 Alors, ce que je vous raconte là est un mensonge.
16:45 - Et hanté.
16:47 - Et hanté parce que ça ressemble à un conte de fées.
16:49 Je le raconte toujours comme un conte de fées.
16:51 En fait, ce n'est pas vraiment un conte de fées parce que
16:53 le premier jour où j'ai accepté de travailler
16:55 comme auteur avec lui, on était 7.
16:57 Donc, il ne prenait pas beaucoup de risques.
16:59 - Il avait pris 7 personnes.
17:01 - Il avait pris plein d'autres auteurs.
17:03 Donc, il avait fait un espèce d'aéropage
17:05 d'auteur.
17:07 Et je me suis dit qu'il faut quand même que je les fasse
17:09 dégager les uns après les autres parce que
17:11 ça veut dire qu'on divise
17:13 le salaire par 7.
17:15 - Et en 1982,
17:17 vous sortirez donc l'un de vos
17:19 plus grands films cultes
17:21 en tant que réalisateur. Écoutons un extrait.
17:23 - Je ne comprends rien de toi, c'est que moi, leur papier.
17:25 Merci.
17:27 Vous avez des enfants, vous ?
17:29 - Non, je n'ai pas eu ce bonheur. - Vous êtes marié ?
17:31 - Non plus. - Oh, ne soyez pas triste.
17:33 Ça viendra. Chaque point a son couvercle.
17:35 - Bon, alors,
17:37 20807288...
17:39 - Eh ben voilà, eh ben voilà,
17:41 ça c'est tout la sécu, ça.
17:43 Ils vous donnent un numéro, ça rentre même pas dans les cases.
17:45 Regardez.
17:47 - Qu'est-ce que vous avez foutu dans les cases ? Ça déborde.
17:51 - Eh ben oui, il n'y a pas assez de place pour les réponses.
17:53 - Exercez-vous
17:55 une activité professionnelle.
17:57 Ça dépend. Oui, ça évidemment,
17:59 on vous demande de répondre par oui ou par non. Alors ça dépend, ça dépasse.
18:01 - Mais évidemment, ça dépasse.
18:03 C'est ce que je vous dis depuis une heure.
18:05 C'est pas si maligne que tout le monde, celle-là.
18:07 - Qu'est-ce que c'est que ça ?
18:09 "The Z épouse X".
18:11 - "The Z épouse X". Eh, vous savez pas lire ?
18:13 Là, regardez. Il y a écrit en tout petit
18:15 "Pour les femmes mariées ou veuves,
18:17 mettez le nom de la jeune fille,
18:19 suivi de deux points, épouse X ou veuve Y".
18:21 Alors moi, j'ai mis "The Z épouse X".
18:23 - Non mais, et X ? Vous êtes mariée à X, peut-être ?
18:25 - Mais non, j'ai pas de mariée, seulement, je peux pas leur dire.
18:27 Je suis enceinte jusqu'aux dents, ça fait mauvais genre.
18:29 - Profession de l'époux.
18:31 - Oh là, il faut mettre quelque chose, sinon ils vont me passer un savon.
18:33 Oh, vous mettez ce que vous voulez.
18:35 - Et boueux, ça vous va ?
18:37 - Eh, détends, pourquoi pas ramasser les poubelles dans vos gillettes ?
18:39 Ça va pas, non ?
18:41 Attends, on va mettre autre chose, on va mettre...
18:43 Oh, ben, vous avez qu'à mettre "Bureuillet".
18:45 - Pardon ? - Ben, "Bureuillet", celui qui travaille dans les bureaux.
18:47 - Ah oui, oui, vous voulez dire "Buraliste".
18:49 - Mais non, "Buraliste", ça passe dans un tabac.
18:51 Mais vous êtes complètement abrutis, vous, hein !
18:53 - Je vous en prie, restez courtoise. Je fais ça uniquement pour la solidarité.
18:55 - Vous êtes un gros bouleau, hein ! - Mais, détends, vous avez fait des rations partout !
18:57 Vous avez tout saloper ma feuille !
18:59 Sacre-merde !
19:01 - Eh oui, "Le Père Noël" est une ordure.
19:03 Alors, à ce jour, Jean-Marie Poiré, ce film a dépassé
19:05 les 115 millions de vues sur petit écran.
19:07 Comment vous expliquez ce succès ?
19:09 - 115 millions.
19:11 - 40 ans après sa sortie. C'est impressionnant, quand même.
19:13 - Honnêtement, c'est vraiment très drôle, quoi.
19:15 Et d'ailleurs, je le dis avec d'autant plus
19:17 d'humilité que c'est pas moi qui ai écrit...
19:19 J'ai écrit le film, mais la pièce existait avant le film.
19:23 Et ça, par exemple, c'est un extrait de la pièce.
19:25 Et je trouvais ça très drôle. On n'a pas changé une ligne.
19:27 - Vous l'aviez vu au Splendide.
19:29 C'était au Splendide. - Ah oui, je l'ai vu au Splendide
19:31 plusieurs fois, et j'étais fan de cette pièce.
19:33 D'ailleurs, j'étais fan du Splendide,
19:35 et j'étais fan des acteurs du Splendide.
19:37 Je dois reconnaître que...
19:39 - C'était Robin Bouteille, à l'époque ?
19:41 - Non, non, non, non, non, non, non.
19:43 C'était vraiment...
19:45 Il y avait Clavier, Junio,
19:47 Lhermitte, Balasco,
19:49 Marianne Chazelle.
19:51 Je les adorais comme acteurs,
19:53 parce que je trouvais qu'ils étaient dans la continuité
19:57 des acteurs que j'adorais d'avant.
19:59 C'est-à-dire Jean Poiret, Pierre Mondy, Jacqueline Maillon.
20:03 C'est-à-dire des amuseurs.
20:05 Et moi, j'arrive à un moment où on est quand même...
20:09 C'est mai 68, donc il y a quand même
20:11 une espèce de tendance à la textualisation,
20:15 et à se prendre un petit peu au sérieux,
20:17 et à faire un peu de la politique,
20:19 et des trucs comme ça.
20:21 - Et eux se marraient.
20:23 - Et eux se marraient, et ils voulaient faire marrer les autres.
20:25 Et en vérité, c'est le café-théâtre,
20:27 mais c'est un théâtre incroyablement traditionnel.
20:31 Et ça me plaisait beaucoup.
20:33 - Et oui, et c'est avec le Père Noël...
20:35 - Et vous n'avez pas hésité à prendre
20:37 les acteurs du Splendide, tout de suite ?
20:39 - De toute façon, sur le Père Noël,
20:41 c'est eux qui m'ont engagé, parce que...
20:43 - Oui, c'est eux qui vous ont choisi.
20:45 - C'est eux qui m'ont choisi, parce qu'en réalité,
20:47 j'ai regardé le film pour la première fois,
20:49 et il y avait un débat pour savoir qui allait mettre en scène,
20:51 et j'ai été l'heureuse élue.
20:53 Mais j'ai connu le Splendide avant,
20:55 et je suis...
20:57 J'ai eu beaucoup de chance, en fait,
20:59 parce que quand j'avais demandé à Balasco
21:03 d'écrire avec moi mon deuxième film,
21:05 qui s'appelait "Retour en Force",
21:07 et...
21:09 Elle avait envie, mais elle avait pas envie.
21:11 Elle avait envie, mais elle était embêtée
21:13 parce qu'il n'y avait pas de rôle pour elle.
21:15 Et elle a batté en touche en me disant
21:17 "De toute façon, je peux pas,
21:19 parce que je vais tourner "Les Bronzés font du ski".
21:21 Et j'ai dit "Bah écoute, je te rejoins là-bas,
21:23 et tu tournes pas tous les jours,
21:25 donc les jours où tu tournes pas,
21:27 on travaille, les jours où tu tournes,
21:29 je vais faire du ski, punition horrible,
21:31 et ça a été fantastique,
21:33 parce que ça m'a permis de rencontrer tout le monde.
21:35 Donc j'ai vécu "Les Bronzés font du ski"
21:37 de l'intérieur, en fait,
21:39 et donc j'ai rencontré
21:41 Clavier, Junio et toute la bande.
21:43 - Et oui, on peut dire que c'est
21:45 avec "Le Père Noël est une ordure"
21:47 que votre amitié et collaboration avec Christian Clavier
21:49 a débuté et s'est poursuivie, donc,
21:51 jusqu'au Visiteur 3 en 2016.
21:53 Ensemble, vous ferez
21:55 de nombreux succès, notamment les visiteurs.
21:57 On en parlera dans un instant. Sur Sud Radio,
21:59 à rester avec nous.
22:01 - Sud Radio, la culture
22:03 dans tous ses états. André Bercoff,
22:05 Céline Alonso.
22:07 - On va chez
22:09 Dame Béatrice La Pouffiasse.
22:11 - Ok.
22:13 - Ce sont des offrements pour Dame Béatrice La Pouffiasse,
22:15 ma gente maîtresse.
22:17 - Qu'est-ce qu'il dit ? - C'est ok.
22:19 - Ok.
22:21 - C'est pour Kenyan.
22:23 - Et oui, le fameux ok de Jacques-Louis La Fripouille
22:25 qui a fait des visiteurs un film
22:27 culte Jean-Marie Poiré.
22:29 - Oui, pas un coup de pied au cul.
22:31 - Plus de 20 millions d'entrées
22:33 à travers le monde, c'est impressionnant.
22:35 Au début, seul Christian Clavier
22:37 croyait à ce
22:39 film 100% vieux français,
22:41 c'est ça ? - Oui, oui.
22:43 Et c'est vraiment, d'ailleurs, ça m'a donné
22:45 beaucoup de confiance
22:47 sur le sujet, parce que
22:49 entre Christian Clavier...
22:51 - Comment c'est venu d'avoir le sujet, les visiteurs ?
22:53 - Le sujet est venu...
22:55 Je l'ai redécouvert
22:57 mon épouse de l'époque
22:59 en avait marre de...
23:01 Il y avait trop de bordel
23:03 dans les papiers partout.
23:05 Elle me dit "il faut que tu fasses, il faut tout jeter".
23:07 Alors je lui ai dit "mais attends un second, il y a peut-être des merveilles
23:09 dedans". J'ai récupéré
23:11 parce que j'ai écrit beaucoup de notes
23:13 des bêtises partout.
23:15 - Pour des scénarios futurs ou quoi que ce soit.
23:17 - Pour des scénarios, pour des souvenirs, n'importe quoi.
23:19 J'ai toujours écrit beaucoup.
23:21 Et donc j'ai retrouvé un documentaire
23:23 enfin pas un documentaire, un
23:25 court-métrage que je voulais faire quand j'étais
23:27 jeune, que je relis.
23:29 J'avais totalement oublié
23:31 ça.
23:33 J'avais été épaté par la
23:35 place d'Arras que j'avais trouvé magnifique.
23:37 Et j'avais dit
23:39 que ce serait magnifique de faire un truc du Moyen-Âge,
23:41 on ferait un bûcher sur la place d'Arras.
23:43 J'ai donc imaginé les
23:45 visiteurs pour Robert Hossein
23:47 et pour Robert
23:49 d'Alban. - Un drame
23:51 à l'heure près. - Un drame.
23:53 - Ah oui, Robert d'Alban, le comédien
23:55 des tontons-flingueurs. - Le comédien des tontons-flingueurs.
23:57 Celui qui avait un gros
23:59 pif comme ça. D'ailleurs Gabin lui disait
24:01 "Bob, quand tu te mouches
24:03 t'as pas l'impression de serrer la main à un pote ?"
24:05 Et donc
24:07 je m'étais
24:09 dit,
24:11 j'avais calculé que si
24:13 Hossein, qui était une star,
24:15 faisait mon court-métrage, je réussirais à le monter.
24:17 Et comme ils étaient très très copains
24:19 avec d'Alban, et que d'Alban était
24:21 ravi de tourner quoi que ce soit, parce qu'il faisait des
24:23 second-rôles, j'ai proposé à d'Alban
24:25 le rôle de Jacouille, qui ne s'appelait pas Jacouille
24:27 encore à l'époque. Jacouille on l'a trouvé avec
24:29 clavier. Et
24:31 il m'a dit "c'est génial"
24:33 et j'ai dit "mais qui va faire le chevalier ?"
24:35 Et il demande à... "Tu crois que je peux demander à Robert ?"
24:37 Alors il dit "bien sûr".
24:39 Robert Hossein était très embarrassé
24:41 parce que j'étais fils de producteur.
24:43 Donc il voulait me mettre en touche
24:45 et il m'a dit "mais écoute,
24:47 c'est tellement génial
24:49 que tu devrais en faire un long."
24:51 Voilà. Donc comme ça il était tranquille, le temps que j'écrive
24:53 le long. Il était débarassé.
24:55 Et j'ai retrouvé
24:57 cette note, et
24:59 ça se terminait par...
25:01 Donc ils se retrouvaient dans le monde moderne,
25:03 ils étaient devant un autoroute, il y avait une voiture
25:05 qui passait, et
25:07 on disait... Alors il faisait la prière
25:09 qu'ils font dans les visiteurs, ça je
25:11 n'ai pratiquement gardé, c'est-à-dire
25:13 il pensait qu'ils étaient attaqués par le
25:15 mal, par des monstres,
25:17 par un truc incompréhensible,
25:19 et je disais "ils s'éloignent
25:21 dans la forêt et arrive une grande
25:23 musique triste." Et je me dis
25:25 c'est incroyable comme on est triste à 17 ans
25:27 parce que c'est le début
25:29 d'une comédie, ils arrivent dans un McDo
25:31 et voilà, et maintenant
25:33 ça fout un bordel noir.
25:35 Donc j'avais rendez-vous avec
25:37 Clavier pour déjeuner,
25:39 pour parler de ce
25:41 qu'on allait faire, et je lui propose
25:43 cette histoire. Et il croit,
25:45 et après tout le monde me la refuse.
25:47 Mais c'est pas
25:49 tellement du courage d'avoir
25:51 continué, c'est parce que je me disais
25:53 entre Christian Clavier,
25:55 qui a beaucoup d'humour,
25:57 qui est brillant, et
25:59 qui est un homme de comédie,
26:01 l'expertise sur la comédie
26:03 elle est plus importante que celle des décideurs,
26:05 ou que celle des producteurs, ou que celle
26:07 des distributeurs, qui sont
26:09 des gens charmants, très sympathiques, et très
26:11 malins, et très intelligents, il faut le dire vite,
26:13 mais qui ne sont pas
26:15 des gens très marrants, il faut bien l'avouer.
26:17 Donc je crois
26:19 que j'avais confiance dans son regard de la
26:21 comédie, et dans son envie de jouer le personnage.
26:23 - En fait on vous refuse le scénario
26:25 parce qu'on vous dit que le Moyen-Âge n'a pas la cote
26:27 en quelque sorte, c'est ça ? - On me dit tout.
26:29 J'entends tout. On me dit que
26:31 le Moyen-Âge n'a jamais marché.
26:33 À l'intérieur
26:35 on me dit
26:37 il faut remonter à 52
26:39 pour voir un film sur le Moyen-Âge qui marche,
26:41 François 1er, je lui ai dit c'est génial,
26:43 donc on a un autoroute.
26:45 Je lui ai dit vous voulez toujours faire le film qui a marché
26:47 l'année d'avant ?
26:49 Donc voilà, parce qu'il y avait
26:51 un film qui s'appelait "La Tendresse Bordel"
26:53 qui avait été un carton, et j'ai dit maintenant
26:55 vous voulez faire "Ma fiancée Bordel"
26:57 et "Bonjour Bordel"
26:59 et "Retour de Bordel"
27:01 Je lui ai dit vous voulez toujours le truc d'avant,
27:03 il n'y a personne, puisque personne, ça n'a jamais
27:05 marché, faisons-le ! - Faisons-le monsieur.
27:07 - Et deuxièmement, il y avait alors
27:09 le fait que ça parle en vieux français
27:11 ce qui alors ressemblait, mais pourquoi
27:13 pas faire un film en chinois, je crois que j'ai entendu cette phrase.
27:15 - Ah ouais, le vieux français leur faisait peur.
27:17 - Oui, alors que j'ai
27:19 choisi un vieux français compréhensible.
27:21 - Oui bien sûr. - J'avais
27:23 d'ailleurs acheté un
27:25 truc très sérieux
27:27 par un professeur d'université
27:29 qui était un lexique du vieux français
27:31 qui avait un bouquin comme un dictionnaire
27:33 comme ça, donc j'ai lu le truc
27:35 je ne veux pas dire de bêtises
27:37 9 mots sur 10
27:39 est incompréhensible, donc j'ai dit à ma secrétaire
27:41 vous allez prendre un stabilo
27:43 et dès que vous comprenez
27:45 le mot, vous le marquez.
27:47 Donc, parce que j'avais pas
27:49 le temps de tout lire, donc elle a tout marqué
27:51 et donc j'avais la liste
27:53 de tous les mots qu'elle comprenait
27:55 mais ça faisait quand même beaucoup de mots
27:57 parce que souplette,
27:59 tu veux manger une bonne souplette
28:01 n'importe qui pourrait comprendre.
28:03 - Oui, souplette, c'est ça. - Et ce qui est incroyable
28:05 c'est que vous racontez que le fameux hoquet
28:07 qui a fait le succès du film, Terzion
28:09 au départ vous a demandé de le supprimer.
28:11 C'est dingue. - C'est parce que les gens
28:13 lisent avec... - C'est venu comment le hoquet, pardon ?
28:15 C'est amusant. - Mais le hoquet est venu...
28:17 - Comme ça, normal. - Mais le hoquet, non, non.
28:19 Le hoquet pour moi est un
28:21 vague sourire. Et il faut bien
28:23 reconnaître, c'est le talent
28:25 j'allais dire même c'est le génie de clavier
28:27 de le rendre drôle. Parce que pour moi
28:29 c'est un sourire. En fait on dit
28:31 tiens, on va essayer de trouver des mots
28:33 qu'il ne peut pas connaître à l'époque
28:35 et qui lui plaisent.
28:37 Et je crois que c'est moi qui ai dit
28:39 pourquoi pas des mots anglais, pourquoi pas
28:41 "hoquet" qui est un mot américain. Mais pour moi c'est
28:43 un sourire. Je m'attends pas du tout
28:45 à qu'il le joue comme ça.
28:47 Et cette violence avec laquelle il le joue
28:49 transforme tout.
28:51 C'est à dire que
28:53 les acteurs parfois transforment
28:55 des répliques. - Bien sûr.
28:57 - L'exemple type c'est "Atmosphère" qui est une réplique
28:59 très médiocre, qui ne veut rien dire.
29:01 - "Atmosphère", oui.
29:03 - Mais avec Arletty ça devient
29:05 la réplique la plus connue du cinéma français.
29:07 Et donc "hoquet" est venu
29:09 comme ça. Et Terzian
29:11 me dit "alors on est en retard"
29:13 et il m'appelle et me dit "dis donc il faudrait qu'on coupe des choses
29:15 parce qu'il faudrait rattraper le temps perdu".
29:17 Mais je lui dis
29:19 "voyons-nous pour couper
29:21 des trucs". Je lui dis "écoute moi je ne m'opère pas".
29:23 Quand je vais chez le dentiste c'est lui qui
29:25 m'arrache la dent, je ne le fais pas moi-même.
29:27 Donc je lui dis "tu me dis
29:29 ce que tu veux qu'on coupe et je te dirai si je suis d'accord ou pas".
29:31 Et il m'appelle
29:33 et il me propose de couper "hoquet"
29:35 et je lui dis
29:37 que je suis d'accord.
29:39 Parce qu'il me le lit tellement mal
29:41 qu'il me fait "attends
29:43 excuse-moi mais c'est...
29:45 "hoquet c'est dingue, hoquet c'est dingue".
29:47 Vous avez écrit mieux comme dialogue
29:49 que "hoquet c'est dingue, c'est dingue c'est hoquet".
29:51 Et je lui ai dit "oui t'as raison".
29:53 Et en fait
29:55 ce qui m'a sauvé c'est qu'on ne tourne pas
29:57 de façon chronologique les films.
29:59 Et donc il y avait déjà un "hoquet" qui avait été tourné
30:01 que j'avais trouvé formidable
30:03 et je demande
30:05 à ma menteuse en faisant la gueule
30:07 parce que je me méfie du côté lèche-cul
30:09 un peu d'un technicien donc je le regarde
30:11 je lui dis "mais tu trouves
30:13 ça marrant ce "hoquet" là ?
30:15 Et elle me dit
30:17 cette phrase que j'ai jamais oubliée et elle me fait
30:19 "marrant ? Non.
30:21 C'est inénarrable".
30:23 J'ai dit "ah bon ?
30:25 Ah bon ? Tu trouves ça inénarrable ?"
30:27 Elle me dit "c'est inénarrable".
30:29 Et j'en ai ri 3 minutes.
30:31 Donc j'ai rappelé 13h, j'ai dit "écoute
30:33 je coupe pas le "hoquet",
30:35 on le coupera si c'est pas drôle au montage
30:37 mais moi je le garde". - Oui, en tout cas
30:39 dans votre livre vous racontez avoir eu quand même des hésitations
30:41 sur certaines scènes qui vous ont
30:43 fait mourir de rire
30:45 notamment celle-ci qui se déroule
30:47 lors d'un repas, écoutons-la.
30:49 - Qui possède notre château de Rhin-Avent ?
30:51 - Jacquard et Jacquard.
30:53 Un garçon assez nouveau-riche,
30:55 un petit peu précieux, de la famille
30:57 de nos anciens métiers. - Quoi ?
30:59 C'est un gueux qui possède le château ?
31:01 - Quoi ? Un gueux ?
31:03 - Quoi "gueux" ? Jean-Pierre aussi
31:05 est un gueux, ça l'empêche pas d'être un mari sympa.
31:07 - Lui, un gueux ?
31:09 Oh ! Quoi ?
31:11 Je peux plus manger là, j'ai plus faim.
31:15 Non c'est vrai là, c'est trop.
31:17 Il me donne envie de vomir.
31:19 T'as entendu ce que j'ai entendu ?
31:21 - J'ai rien entendu.
31:23 - Non mais oh !
31:25 Cache dessus maintenant ! Tu le vois peut-être pas ça ?
31:27 - Pardonnez ce maroufle, mais il est
31:29 si triste d'apprendre qu'un gueux possède
31:31 mon mirail. - Vous dites avoir eu des
31:33 pudeurs de jeune fille en écrivant cette
31:35 scène, Jean-Marie Poire. - Quelques flatulences,
31:37 quelques veaux,
31:39 quelques rots, quelques vomis,
31:41 c'est formidable. - Mais sincèrement, vous avez hésité à la garder
31:43 cette scène, ouais. - Oui, parce que si vous voulez,
31:45 quand on écrit,
31:47 il y a une expression
31:49 en Amérique,
31:51 quand un film est très
31:53 mauvais, une comédie est très mauvaise et
31:55 lamentable, racoleuse,
31:57 on appelle ça un "fart movie",
31:59 c'est-à-dire un "movie de paix".
32:01 Et il y avait beaucoup d'acteurs,
32:03 je crois que je le raconte, je sais pas si je l'ai coupé,
32:05 parce que j'ai coupé énormément de choses,
32:07 très amusantes, mais parce que le bouquin était trop
32:09 long, et j'ai gardé ce qui
32:11 avait de plus drôle, donc j'ai enlevé des choses.
32:13 Mais il y avait un acteur
32:15 américain par exemple qui a été pris de panique un jour
32:17 dans une générale dans laquelle
32:19 ça marchait pas du tout, c'était catastrophique,
32:21 et il avait un énorme derrière,
32:23 en plus, c'était un acteur merveilleux qui s'appelait
32:25 Zéro Mostel, donc il s'est retourné,
32:27 il a baissé sa culotte, et il a
32:29 balancé un pet en pensant qu'il allait sauver la situation.
32:31 Bon, ça a été un désastre, ils ont
32:33 fermé le rideau.
32:35 Mais,
32:37 il y a un moment où on se dit "mais c'est de qualité",
32:39 et on hésite,
32:41 alors nous ça nous faisait... On a pleuré
32:43 de rire en l'écrivant, et puis le lendemain,
32:45 on se réveille un peu comme avec une gueule de bois,
32:47 et on dit "disons, regarde ça".
32:49 Donc on sait pas
32:51 si c'est vraiment de bonne qualité. - Et oui, vous dites
32:53 une clé d'écriture en fait, c'est "est-ce que
32:55 le personnage peut le faire ?"
32:57 Au Moyen-Âge, est-ce qu'on pétait à table ?
32:59 - Oui, oui, au Moyen-Âge on pétait à table.
33:01 D'ailleurs, j'étais très très impressionné
33:03 parce que le film a été un carton
33:05 en Corée par exemple,
33:07 et en Corée...
33:09 - Les gens pètent à table en Corée ?
33:11 - En Corée, les gens pètent à table,
33:13 c'est pas du tout grave, c'est même sain.
33:15 Mon distributeur à un moment donné a balancé
33:17 une caisse monumentale,
33:19 j'ai cru mourir de rire.
33:21 En plus, on dînait avec
33:23 Frédéric Mitterrand,
33:25 qui vient de mourir là,
33:27 et avec Frédéric on était côte à côte,
33:29 invités par le même distributeur parce qu'ils sont en train de faire un film
33:31 de Frédéric aussi, et Frédéric
33:33 me fait très très chic, comme ça,
33:35 et parlant en catimini, il me fait très
33:37 chic. Bon, et on
33:39 commence à rire, le type s'en foutait complètement.
33:41 Et quand Jacouille
33:43 pète à table en Corée, ça ne fait pas
33:45 un rire. Tout le monde s'en fiche,
33:47 c'est normal, il vote bien,
33:49 il a un problème de... - Vive la culture !
33:51 - Voilà, donc...
33:53 - C'était Sacha qui était triné, je dirais
33:55 que c'était moi.
33:57 - Et vous racontez en fait ce qui a
33:59 scandalisé les Coréens, c'est quand Jean Reno
34:01 dans le bain déverse du chanel n°5.
34:03 - Ah oui ! - Ça, ils ont pas apprécié.
34:05 - Ça a été un cri de souffrance.
34:07 Les gens faisaient
34:09 "Ah, oh, d'accord, oh d'accord, oh !"
34:11 "Ooooooh !"
34:13 - Bon, donc...
34:15 Voilà.
34:17 - C'est extraordinaire. - Par contre,
34:19 il y a une chose qui leur a
34:21 beaucoup plu, parce que ça existe
34:23 en Corée, ce sont les rapports sociaux.
34:25 En Corée, il y a des
34:27 seigneurs et des serfs.
34:29 Et donc ça, ils comprennent. Et d'ailleurs
34:31 tous les pays où le film n'a pas
34:33 marché, comme en Amérique, en Amérique,
34:35 ils ne savent pas ce que c'est qu'un serf, ils ne savent pas ce que c'est
34:37 qu'un seigneur. Donc,
34:39 pour eux, ils ne comprenaient pas. - Non, mais c'est étonnant.
34:41 C'est-à-dire que dans des pays comme l'Asie,
34:43 vous aviez une différence culturelle,
34:45 mais en même temps, elle est compréhensible.
34:47 - Elle est compréhensible. On comprend le problème
34:49 social. On comprend le côté
34:51 Don Quichotte et Sancho Panza,
34:53 c'est-à-dire un maître et
34:55 son valet. Parce qu'ils ont
34:57 connu ça. Et tous les pays
34:59 où on a connu ça, marchaient.
35:01 - Ça a marché, oui. - Oui, c'est ça.
35:03 Jean-Marie Paoré, alors quel est votre regard
35:05 sur le cinéma d'aujourd'hui ?
35:07 Vous écrivez ceci dans vos mémoires,
35:09 "La génération d'avant, celle des Delon, des Belmondo
35:11 étaient crédibles, les revolvers au point,
35:13 la mienne, pas vraiment."
35:15 Vous nous expliquerez pourquoi dans un instant sur Sud Radio.
35:17 Alors restez avec nous.
35:19 - Sud Radio, la culture
35:23 dans tous ses états. André Bercoff,
35:25 Céline Alonso.
35:27 - Faut rigoler, faut rigoler,
35:29 un vent de ciel
35:31 nous tombe sur la terre.
35:33 Faut rigoler,
35:35 faut rigoler,
35:37 - Eh oui, "Faut rigoler", Jean-Marie Paoré,
35:39 "Rire est une fête", c'est le titre du livre que vous publiez
35:41 chez Michel Laffont. Alors vous ouvrez
35:43 vos mémoires avec cette citation
35:45 de Brett Easton Ellis,
35:47 "Riez de tout ou vous finirez
35:49 par ne plus rire de rien."
35:51 - Très d'actualité. - Oui, c'est très d'actualité.
35:53 Alors vous, justement, comment
35:55 vous vivez le fait qu'aujourd'hui on ne peut plus
35:57 rire de... - De presque.
35:59 - Honnêtement,
36:01 ça me gave.
36:03 Moi je trouve qu'il faut rire
36:05 et on rit même dans les
36:07 moments les plus...
36:09 parfois les plus dramatiques de l'existence.
36:11 - Au contraire. - Oui, au contraire.
36:13 - Les grandes blagues partent
36:15 d'événements dramatiques, extrêmement
36:17 dramatiques. - Mais moi, quand ma
36:19 maman est morte,
36:21 il y a eu un enterrement, on me dit "il faut que t'écrives
36:23 un discours pour ta mère", donc j'ai
36:25 écrit un discours pour ma maman,
36:27 j'étais absolument désespéré de son départ,
36:29 et...
36:31 mais j'ai dit "je vais pas parler de
36:33 ses qualités parce que vous les connaissez tous,
36:35 ses rasoirs,
36:37 les qualités, je vais vous parler de ses défauts".
36:39 Et j'ai raconté
36:41 trois, quatre anecdotes,
36:43 dont je crois il y en a une ou deux dans le bouquin,
36:45 et l'Église
36:47 était pliée de rires, c'est-à-dire
36:49 que j'ai fait un carton avec ça
36:51 parce que tout le monde est très triste,
36:53 et alors ça décharge une énergie,
36:55 ça compense, et ça
36:57 remet la vie devant.
36:59 Donc je crois qu'on peut rire
37:01 de tout. - C'est ça le secret, c'est vraiment le secret.
37:03 - Il faut remettre la vie devant,
37:05 en fait, c'est-à-dire que
37:07 moi, nous vivons...
37:09 - Vous disiez, comme des proches,
37:11 Jean-Marie Poire, "vrillez votre cou, mais pas avec
37:13 n'importe qui, c'est pas le problème".
37:15 - C'est pas mon problème, parce que moi,
37:17 je ne ris pas avec n'importe qui,
37:19 mais je veux faire rire n'importe qui,
37:21 je suis comme un restaurateur,
37:23 un restaurateur ne demande pas aux gens
37:25 de ses opinions politiques,
37:27 ni ce qu'il faut, il sert tout le monde,
37:29 il n'a pas d'état d'âme.
37:31 Moi, j'ai pas d'état d'âme, je veux que les gens s'amusent,
37:33 et je suis ravi que les gens s'amusent,
37:35 et flatté, donc
37:37 c'est pas le problème, mais je trouve qu'on vit
37:39 une période aujourd'hui
37:41 d'une politisation
37:43 des esprits qui n'a aucun sens,
37:45 en fait, et laisser ça
37:47 aux hommes politiques, et aller voter
37:49 éventuellement, je suis pas du tout con de d'aller voter,
37:51 moi, généralement, je vote pas,
37:53 mais parce que je voterais pour François 1er,
37:55 donc, vous voyez, donc...
37:57 - Monarchiste !
37:59 - Mais selon vous, aujourd'hui,
38:01 est-ce que le wokisme
38:03 met en danger notre cinéma ?
38:05 - Le wokisme et tout le reste, ouais.
38:07 - Très honnêtement, je pense
38:09 que le wokisme va durer le temps
38:11 d'insouffler,
38:13 - C'est une flatulence.
38:15 - Oui, une flatulence, je pense que le wokisme...
38:17 - Jacouille, jacouille !
38:19 - Je pense que le wokisme ne correspond pas
38:21 à ce que les gens vivent
38:23 et veulent.
38:25 - Juste un mot,
38:27 je repense que, ici, Céline,
38:29 qui a trouvé, vous savez,
38:31 Eric Nohoff a écrit "Le cinéma français
38:33 produit trop de mauvais films, trop de
38:35 mauvaises réalisations, trop de mauvais acteurs".
38:37 Il y a quand même quelque chose qui se passe,
38:39 je ne sais pas si c'est les subventions ou autre chose,
38:41 qu'est-ce qu'il fait ? On ne va pas généraliser,
38:43 il y a de très bons films, mais il y a quand même
38:45 une production dont on se dit "on ne voit
38:47 pas les scénarios, on ne voit pas les choses, tout ça
38:49 c'est fait n'importe comment, on a les subventions
38:51 et tout va bien". Je ne sais pas.
38:53 - D'abord, je suis un metteur en scène
38:55 libre de suite, donc je suis
38:57 prêt à reprendre...
38:59 - A reprendre le flambeau. - Deuxièmement,
39:01 y compris avec des jeunes
39:03 acteurs, s'ils ont besoin de regard,
39:05 de quelqu'un avec une certaine
39:07 expertise. Je crois
39:09 que le drame d'aujourd'hui, c'est qu'il n'y a
39:11 plus ces producteurs qui étaient
39:13 des tyrans, comme
39:15 Claude Berry, comme Christian Fechner,
39:17 comme mon papa Alain Poiré,
39:19 comme Mouchkine, comme plein de gens qui étaient des
39:21 grands producteurs. Aujourd'hui,
39:23 vous avez affaire à des groupes qui sont
39:25 des multinationales phénoménales avec
39:27 un argent dément, et donc
39:29 une pyramide qui
39:31 en fait se délite parce que
39:33 le grand patron n'a rien affiché des
39:35 films, et puis ça descend, donc on confie,
39:37 on confie, on confie, et les gens à qui
39:39 on confie les films sont des gens
39:41 qui cherchent des parachutes
39:43 pour ne pas se faire virer au premier
39:45 chèque. Alors, ils engagent ce qu'il y a
39:47 de pire, c'est-à-dire des comités
39:49 de jeunes étudiants,
39:51 de jeunes femmes, de jeunes hommes,
39:53 qui sont là, souvent des fils de famille, qu'on case,
39:55 etc. Des gens d'ailleurs plus ou
39:57 moins intelligents, il y en a de très intelligents,
39:59 mais il y a une chose que je crois,
40:01 c'est que l'art
40:03 est autoritaire, c'est-à-dire que
40:05 je blague avec François Premier, je suis pas
40:07 plus monarchiste que ça, mais
40:09 ces gens, François Premier
40:11 est un fantastique producteur,
40:13 ce qu'il produit, Léonard de Vinci,
40:15 donc ce sont des tyrans qui
40:17 ont confiance en leur goût.
40:19 Christian Fechner avait confiance en son goût,
40:21 mon père avait confiance en son goût,
40:23 et quand vous mettez douze personnes
40:25 autour, vous arrivez à un commun
40:27 dénominateur qui est en fait très médiocre.
40:29 C'est pas mal,
40:31 c'est plutôt mieux qu'avant, c'est-à-dire
40:33 quand vous regardez, par exemple, les séries,
40:35 c'est pas mal, c'est mieux construit,
40:37 mais si vous regardez de près,
40:39 elles sont formatées, elles sont toutes
40:41 pareilles, et il n'y a pas
40:43 de courage, il n'y a pas tout à coup
40:45 quelqu'un qui risque. - Aucun risque.
40:47 - Aucun risque financier, mais il y a quand même
40:49 un manque de créativité, on s'ennuie
40:51 dans les salles de cinéma. - Mais ils viennent
40:53 d'expliquer pourquoi. - Mais c'est financier.
40:55 Moi, je crois qu'aujourd'hui, je ne pourrais pas
40:57 monter les visiteurs,
40:59 parce qu'il y aurait quelqu'un...
41:01 Mais vous pensez... Ah non, mais le vieux français,
41:03 toi... - Et puis, vous allez gêner telle communauté,
41:05 tel groupe, tel ceci, tel cela,
41:07 attention... - Bien sûr, bien sûr, bien sûr.
41:09 - Oui, Jean-Marie Poiré, en tout cas,
41:11 merci d'être venue sur Sud Radio, je rappelle que
41:13 vos mémoires intitulées "Rire est une fête"
41:15 viennent de paraître chez
41:17 Michel Laffont, tout de suite sur Sud Radio,
41:19 c'est Brigitte Lahai.

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