• il y a 8 mois
Près de 20% des routes sont en mauvais état, selon l’Office national de la route.30% des accidents mortels étaient liés au mauvais état de la route en 2022 prévient la Prévention routière.

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Transcription
00:00 - Et on en parle avec vous Alexandra Le Gendre, merci d'être avec nous, porte-parole de la Ligue des conducteurs.
00:04 Qui n'a pas râlé sur la qualité des routes ? Qu'on soit en voiture, qu'on soit en vélo...
00:08 Marie, elle n'a pas de voiture. - Mais j'ai le permis !
00:11 - Ah bah c'est bien ! Même à vélo, à trottinette, il y a des trous partout !
00:15 C'est soit les suspensions de la voiture, soit les os...
00:17 - Les routes et des rues... - Les routes et des rues.
00:19 - Les rues, hein. En deux roues particulièrement, c'est très dangereux.
00:22 - C'est vrai que c'est partout, on est d'accord ?
00:24 - Oui, oui, c'est complètement partout. Les départementales, les communales...
00:28 Alors pas les autoroutes bien sûr, parce qu'elles sont sous contrat avec l'État.
00:31 - Parce qu'on paye ! - Et elles ont intérêt à être très bien entretenues.
00:34 - Alors on va voir ça avec vous dans quelques instants, après le reportage de Pierre Bourges,
00:37 qui a accompagné un maire de la Gironde, le maire de Langon.
00:41 - Et on monte dans la voiture du maire de Langon, Jérôme Guillem, pour découvrir les rues de la commune.
00:46 - On s'est arrêté, ça s'appelle le chemin des tanneries,
00:48 et il y a 15 jours on avait 10 cm d'eau dans la rue.
00:51 Ces phénomènes plus vieux créent des grades de lavoirie.
00:55 Je pense qu'on sera entre 70 000 et 100 000 euros, cette voirie-là.
00:59 - C'est près de la moitié du budget annuel de l'entretien des routes pour la commune,
01:02 un budget qui n'a pas augmenté depuis 10 ans.
01:05 La faute a des aides de l'État divisées par 3 sur cette période.
01:08 - C'est pas parce qu'il reste des trous dans les chaussées, qu'on n'a pas envie d'agir.
01:11 C'est tout simplement qu'on ne peut pas transférer la dette de l'État sur les collectivités.
01:18 C'est au risque de sujets d'aménagement, de sécurité, notamment sur les voies routières.
01:22 - D'autant que l'entretien des routes coûte de plus en plus cher,
01:25 alors il faut aller chercher les moyens autre part pour François Dure-Ovray,
01:28 en charge de la mobilité à l'Association des départements de France.
01:31 - Nous avons 1 million de kilomètres de routes,
01:33 seul 1% bénéficie de 99% de recettes de péage.
01:38 Nous avons le droit à une part du gâteau.
01:40 - En près de 10 ans, la France qui avait les infrastructures routières les mieux entretenues du monde
01:44 a chuté de 18 places selon un classement du Forum économique mondial.
01:48 - Le changement climatique accélère en plus les choses, Alexandra.
01:52 - Oui, mais il abonde au fond le changement climatique,
01:54 parce que le démantèlement des DDE,
01:57 les fameuses directions départementales des routes de l'équipement en 2010,
02:02 a fait beaucoup pour accélérer la dégradation de ces routes,
02:05 puisque finalement ces experts qui connaissaient tellement bien le réseau local, ont disparu.
02:10 Donc c'est aussi une des raisons.
02:12 Et sur l'argent, en fait, est-ce qu'il faut vraiment dire qu'il manque d'argent ?
02:15 - C'est ce que disent les maires.
02:17 - Je sais, les maires ont beaucoup de difficultés.
02:19 Mais le problème aussi, c'est comment l'argent est dépensé ?
02:21 Comment vous faites les travaux ?
02:23 Comment vous vous assurez que les travaux sont bien faits une fois qu'ils sont réalisés ?
02:26 Parce que pendant un an, vous mettez une nouvelle couche de bitume,
02:28 pendant un an, ça va être très bien,
02:30 mais s'il est mal posé, il va très vite se dégrader.
02:33 Donc il y a un vrai problème d'investissement long terme sur l'entretien des routes,
02:37 et le changement climatique, on fait semblant de le découvrir seulement aujourd'hui,
02:40 mais c'est une des causes, on va dire.
02:42 - Mais pourquoi vous dites qu'il est mal posé le bitume ?
02:45 - Parce qu'en fait, vous avez souvent des travaux qui sont faits avec un cahier des charges,
02:51 et puis vous assurez une fois que les travaux sont faits que le cahier des charges a bien été respecté,
02:57 et bien ça, ça ne se fait pas.
02:58 Ça se fait sur des constructions de routes neuves,
03:00 mais une fois que les travaux sont faits,
03:04 il y a très très peu d'audits pour s'assurer que les travaux ont bien été faits dans les conditions...
03:09 Par exemple, même météo, il ne faut pas faire des travaux quand il fait très froid ou quand il pleut très fort.
03:13 - Mais ça veut dire que les entreprises de travaux publics rongent sur la qualité d'une certaine manière ?
03:16 - Pas forcément !
03:18 D'abord, vous ne pouvez pas vraiment le savoir,
03:20 vous êtes élu d'une petite mairie par exemple,
03:22 vous n'êtes pas expert en bitume, en travaux qu'il faut faire,
03:27 donc vous avez aussi un budget à tenir.
03:29 Donc si le professionnel du BTP vous dit que finalement, ça c'est la bonne solution et que vous y retrouvez,
03:36 vous n'avez pas la compétence, ce qui était le cas des DDE jusqu'en 2010.
03:41 - Mais surtout, j'ai l'impression qu'on ne met que des rustines,
03:43 c'est-à-dire que pour l'avoir vécu il y a quelques jours dans Paris,
03:47 des agents prennent un seau, ils mettent du bitume dans le trou,
03:51 un petit coup de masse dessus, et puis ils sont partis,
03:56 mais il y avait encore une grosse bosse, c'était pas du tout fini le travail.
03:58 - Oui, Paris est une grande spécialiste de ces procédés,
04:01 où on met une rustine et puis ça part très vite,
04:04 et puis on se retrouve avec des trous, à Paris d'autant plus dangereux,
04:08 puisqu'il y a beaucoup de déroues aujourd'hui.
04:09 - Alors justement, j'ai découvert qu'en fait,
04:12 le mauvais état des routes était à l'origine de pratiquement un tiers des accidents.
04:16 - Alors c'est dans 30% des accidents mortels,
04:20 le facteur infrastructure apparaît comme un des facteurs.
04:23 Donc c'est pas tout à fait la même chose, mais c'est quand même extrêmement important,
04:26 ce qui fait que notre association a décidé de devenir actrice de cette sécurité routière-là,
04:31 pour qu'à un autre niveau, on essaye aussi de faire des choses.
04:34 - Expliquez-nous, c'est avec une application, en fait, pour signaler,
04:37 chacun peut signaler les routes dégradées.
04:39 - Alors ça, vous pouvez déjà le faire avec des géants du guidage GPS,
04:43 mais nous, notre application qui s'appelle ActiveRoute,
04:46 on récupère le signalement qui est fait par un ActiveRouteur,
04:50 et on identifie le gestionnaire de la voirie qui est concerné,
04:54 et ce signalement, on lui envoie.
04:56 Et c'est du gagnant-gagnant, gagnant pour l'usager,
04:59 gagnant aussi pour la collectivité, parce que finalement,
05:01 on l'assiste peut-être à réaliser qu'à tel endroit,
05:04 il y a un hit-pool ou un défaut de marquage au sol.
05:06 - Et c'est suivi des faits ?
05:08 - Alors oui, oui, de plus en plus, parce qu'on est de plus en plus connus,
05:11 et puis on travaille aussi beaucoup avec les collectivités qui nous appellent
05:14 pour nous dire d'où vient ce signalement, quel est le problème.
05:17 Et finalement, alors on a des fins de non-recevoir,
05:20 on a même un processus de relance, on a jusqu'à trois relances,
05:23 mais on a aussi des gens qui ne nous répondent pas, tout bêtement.
05:27 Et là, on se retourne vers l'usager qui a fait le signalement,
05:30 et on lui dit, ben... - À Paris, on vous répond ?
05:32 - Oui, oui. - La mairie de Paris vous répond ?
05:34 - Non, pas la mairie de Paris, mais les mairies d'arrondissement nous répondent.
05:37 Oui, oui, oui, bien sûr. - Mais Paris n'est pas la France,
05:39 donc le constat que vous dressez, il est de partout.
05:42 Ce qu'on voit aussi, c'est que les collectivités locales sont confrontées,
05:45 elles aussi, aux économies. - Oui, bien sûr.
05:47 - Et donc, c'est pas facile pour elles non plus.
05:49 - Bien sûr. Les départements mettent de l'argent dans les routes,
05:52 pour ce qui est, effectivement, des communes, c'est beaucoup plus compliqué.
05:56 - Eh ben merci. Merci d'être venue ce matin sur le plateau de première édition.
05:59 Prudence, Mathieu, il faut regarder bien devant en scooter.

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