• il y a 8 mois
Il y a cinq ans, Emmanuel Macron devait prendre la parole pour dire ce qu'il retenait du débat qu'il avait mis en place à la suite des gilets jaunes et des cahiers de doléances rédigés par les citoyens. Seulement le 19 avril 2019, Notre-Dame de Paris brûle, le discours passe à la trappe. Ce sont donc 19.899 cahiers de doléances que les pouvoirs publics n'ont jamais mis en ligne pour des raisons financières en partie. Pourtant ce sont des documents pour comprendre le présent d'après les chercheurs qui s'y sont intéressés. Un collectif d'élus a publié ce lundi 15 avril une tribune dans  le journal "Le Monde" pour demander à ce qu'ils soient mis en ligne.

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Transcription
00:00 Mathieu Croissando, vous nous reparlez ce matin des Gilets jaunes. Pourquoi ?
00:05 Parce qu'il y a pile 5 ans, Emmanuel Macron devait prendre la parole.
00:08 Le pays sortait alors péniblement du mouvement des Gilets jaunes.
00:11 Et le président de la République devait prononcer un discours pour restituer ce qui retenait du fameux débat qu'il avait mis en place, vous vous souvenez,
00:17 et des milliers de cahiers d'oléances qui avaient été remplis par les Français pour l'occasion.
00:21 Mais vous vous souvenez de ce qui s'est passé le 15 avril 2019 ? Notre-Dame brûle, le discours passe à la trappe.
00:27 Alors on ne peut pas dire qu'il n'y a rien eu après le mouvement des Gilets jaunes, Nicolas Deoz nous le répète assez souvent, 17 milliards d'euros,
00:32 il y a eu une convention citoyenne pour le climat, mais les fameux cahiers d'oléances, eux, ont été purement refermés.
00:38 Mais où est-ce qu'ils sont ? Qu'est-ce qu'ils sont devenus ?
00:39 Eh bien justement, hier soir, dans le journal Le Monde, un collectif d'élus a publié une tribune pour que ces cahiers d'oléances soient mis en ligne
00:45 et rendus accessibles à tous, ainsi que le président de la République s'y était engagé.
00:50 Il y a des députés qui avaient demandé la même chose, et entre nous, on les comprend parce que c'était du jamais vu depuis la Révolution.
00:55 Mais aujourd'hui, les 19 899 cahiers citoyens qui avaient été ouverts dans les mairies, les comptes rendus des 11 258 réunions publiques,
01:04 tout ça, c'est consultable dans les archives départementales, aux archives nationales, mais les pouvoirs publics ne les ont jamais mis en ligne.
01:10 Mais pourquoi ?
01:11 Parce que ça coûte, évidemment. En plus, il faudrait reprendre les cahiers, parce qu'il faudrait anonymiser, notamment, certaines contributions,
01:16 les gens ne veulent pas forcément voir leur nom. Peut-être aussi parce que ça gêne, au fond, de rassembler et de mettre en ligne ce catalogue des mécontentements.
01:23 Peut-être, enfin, parce qu'on s'en fiche. Et c'est sans doute le plus désolant dans cette affaire, parce que les rares chercheurs qui s'y sont penchés
01:30 ont trouvé ça, au contraire, très intéressant.
01:32 Et justement, qu'est-ce qu'on peut y lire ?
01:34 Tout. Tout ce qui préoccupe les Français, leur quotidien, de l'infiniment petit à l'infiniment grand.
01:38 Vous prenez les transports, la santé, le logement, les services publics, les impôts, ce sentiment d'abandon, de rélégation.
01:44 Ce ne sont pas seulement des documents pour les futurs historiens, pour les aider à comprendre le passé.
01:48 Non, ce sont des documents pour comprendre le présent. Et c'est là qu'on se dit qu'on a la classe politique la plus bête du monde.
01:54 Notre pays enchaîne les colères.
01:56 Colère de la France périphérique avec les Gilets jaunes.
01:58 Colère sociale avec les retraites.
02:00 Colère des quartiers populaires avec les émeutes urbaines.
02:03 Colère du monde rural avec la crise agricole.
02:05 À chaque fois, on se dit "mais qu'est-ce qui se passe ?"
02:07 À chaque fois, on a convoqué des experts, on a commandé des sondages, on a mandaté, qui sait, des cabinets conseils.
02:13 À quoi ça sert si on n'écoute pas, si on ne lit pas tout simplement ce qu'ont dit les Français quand ils ont pris la parole ?
02:19 Et puis surtout, ce qui frappe, c'est cet immense gâchis citoyen, ce sentiment de "cause toujours" et "ferme ta bouche pour rester poli".
02:26 C'est une simple question de démocratie et de respect.
02:28 À un moment où on se lamente sur la déconnexion supposée des élus, sur le détachement des Français vis-à-vis de la politique,
02:34 il ne faudra pas attendre une abstention record ou un accident électoral, j'allais dire, pour venir pleurer après.
02:40 après.
02:41 Merci Mathieu.

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