Jean-Jacques Debout, auteur, compositeur, interprète, présente son nouvel album "Frida Kahlo". L'album sort le 29 mars et contient 14 titres inédits. Il est l'invité de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir avec William Galibert du 10 avril 2024
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00:00 William Galibert, Agnès Bonfillon et Vincent Serrano, RTL bonsoir.
00:06 19h14, l'interview a déjà commencé.
00:09 Il était enfant de chœur avec Jacques Mérine, il a été la plume de Johnny, de Sylvie Vartan,
00:14 de tant d'autres.
00:15 Quand il vous raconte ses virées avec Ferré, Brel, Gainsbourg, Reggiani, on se tait et
00:19 on écoute.
00:20 Et puis surtout, il n'a renoncé ni à écrire, ni à chanter.
00:24 Bonsoir Jean-Jacques Debout, votre nouvel album s'appelle Frida Kahlo, mais en fait
00:40 vous n'arrêterez jamais, tant mieux d'ailleurs.
00:43 Mais écrire, chanter, c'est vraiment...
00:45 C'est ma vie.
00:47 Très honnêtement, si je ne faisais pas ça, je ne sais pas ce que je ferais d'autre.
00:52 Si, des collages, des petits tableaux comme ça, mais non, c'est ma vie, la chanson.
00:59 On peut rappeler votre âge de jeune premier ou pas ?
01:01 Bon ben oui, 84 ans.
01:04 Incroyable voix pour 84 ans, alors je ne sais pas si la voix vieillit ou pas, mais en tout
01:11 cas, la vôtre pas du tout.
01:12 Ça dépend des moments, des fois.
01:15 Si je prends froid la veille, c'est pas évident.
01:18 Nous non plus, si on prend froid, je vous assure qu'on ne parle pas comme ça.
01:22 Il faut qu'on raconte aux auditeurs un peu de préparation de cet entretien.
01:26 On s'est arraché les cheveux, vous avez fait beaucoup trop de choses, vous avez côtoyé
01:28 beaucoup trop de vedettes, vous avez eu mille vies et nous on n'a pas le temps de vous poser
01:32 mille questions.
01:33 Alors on a eu une idée, comme c'est le destin, le hasard qui vous ont parfois guidé, on va
01:38 faire pareil ce soir.
01:39 On a trouvé une jolie coupe, regardez là, c'est une sorte de calice, on y a glissé
01:44 quelques petits papiers, sur ces papiers, il y a des noms, des dates, des titres de
01:49 chansons parfois, on va bien voir où tout cela nous mène.
01:51 Est-ce que ça vous tente comme expérience ?
01:53 - Bah oui !
01:54 - Je vous remets le trophée officiellement.
01:55 - Mettez-la bien devant vous, vous allez voir, c'est pas compliqué.
02:01 - C'est donc une main non innocente, celle de Jean-Jacques Debout qui va tirer un premier
02:05 petit papier et on va voir ce que le destin nous réserve.
02:09 - Laissez parler les petits papiers.
02:11 Jean-Paul Belmondo.
02:12 - Bon, ça commence fort là.
02:15 C'était votre frère ?
02:17 - Oh presque, oui, je peux le dire parce que j'ai débuté au cabaret à Montmartre
02:24 chez Patachou et en même temps je chantais dans un cabaret qui s'appelait la Galerie
02:34 Rue de Seine.
02:38 Et là il y avait plein de comédiens qui venaient le soir et qui faisaient des sketchs.
02:44 Alors il y avait Guy Bedos qui a débuté là, qui commençait à faire le… vous savez
02:51 le tennisman qui loupe ses balles avec Jean-Pierre Mariel.
02:54 Et puis il y avait Jean-Paul Belmondo qui n'avait pas tourné de film encore.
03:00 Il avait juste joué dans une pièce de théâtre où il faisait une carte mencienne, où il
03:07 était habillé en femme.
03:08 Enfin, il était extraordinaire.
03:10 Mais surtout dans la vie, on allait dîner à Rue de l'Echaudé qui était à côté
03:17 du cabaret.
03:18 Et j'allais dîner avec lui et Léo Ferré qui à l'époque avait ses guenons.
03:26 Parce que des fois Ferré finissait le spectacle de la Galerie 55.
03:32 Et ce soir-là, il était avec sa guenon qui l'appelait Pépé.
03:36 Et cette guenon, dans le restaurant, a arraché la perruque d'une américaine qui était
03:43 venue dîner avec son mari.
03:46 Et la guenon avait couru dans la rue avec la perruque et elle commençait à la manger.
03:51 Elle mangeait la perruque de l'américaine qui criait au secours, qui appelait un agent.
03:57 Alors je suis sorti dans la rue avec Jean-Paul Belmondo.
04:04 - Récupérez la perruque !
04:05 - Non, non ! On ne pouvait pas du tout l'approcher.
04:11 Même Léo Ferré, il l'appelait Pépé ! Pépé ! Lâche cette perruque !
04:17 - C'est quand même pas la première fois que vous rattrapez Jean-Paul Belmondo dans
04:19 un cabaret.
04:20 Si vous vous souvenez, évidemment que vous vous souvenez le New Jimmy's.
04:23 Cette bagarre entre Belmondo et Johnny, ça vous dit quelque chose ?
04:26 - Oui, très bien.
04:27 Oui, parce que Johnny lui avait dit, c'est la première fois qu'ils se rencontraient,
04:33 et Johnny lui avait dit "ouais, tu dis que tu fais des acrobaties dans le ciel, que tu
04:45 t'accroches à un hélicoptère, mais en réalité, moi je crois que par moment, tu dois te faire
04:51 doubler".
04:52 - Aïe !
04:53 - Comme Jean-Paul avait mis un point d'honneur à faire toutes les acrobaties que vous lui
05:01 connaissez.
05:02 Il n'avait pas compris pourquoi le jeune Johnny Hallyday commence à lui dire qu'il ne croyait
05:09 pas que c'était lui qui faisait les acrobaties.
05:11 - Dans sa vie, moi j'ai séparé une bagarre entre Belmondo et Johnny.
05:16 Belmondo, vous lui rendez hommage dans cet album.
05:18 On va écouter un petit peu la chanson.
05:20 Vous nous parliez d'un singe en train de manger une perruque, voilà un singe en hiver.
05:25 - Je rêverai chaque nuit, chaque jour, ne sachant où aller me cacher, n'ayant plus
05:37 de raison d'exister.
05:38 - Est-ce que vous tirez un deuxième papier dans cette coupe aux souvenirs ?
05:42 - Oui.
05:43 - Il fait ça délicatement.
05:50 - Bah écoutez, c'est bien, il y a les deux.
05:53 Il y a Johnny, Johnny Hallyday et Belmondo.
05:57 - Alors là, Johnny c'est qui ? C'est aussi un frère ? Petit frère ça toi ? On va dire
06:01 ça comme ça ?
06:02 - Oh, c'était mon petit frère.
06:03 Johnny, il est monté un jour me voir où je démarrais vraiment au cabaret de chez Patachou
06:11 où avait débuté Georges Brassens.
06:12 Et puis c'était en hiver et la neige tombait dans la cour de l'entrée des artistes.
06:20 Et je vois vraiment un gamin qui me demande si je peux lui signer un autographe sur un
06:28 rond de bière comme ça.
06:30 - Un sous-boc.
06:31 - Un sous-boc.
06:32 Et il avait entendu que j'allais chanter dans une radio, à l'époque c'était Europe
06:41 numéro un, d'une émission qui s'appelait Musicorama.
06:44 Et la vedette était Jean-Vincent.
06:49 Et comme son idole était Jean-Vincent, et comme ils avaient dit "Il y aura Jean-Jacques
06:54 Debout" parce qu'à l'époque j'avais un succès qui s'appelait "Les boutons dorés".
06:57 - Eh oui.
06:58 - Que personne n'a oublié.
06:59 - Non, c'est avec cette chanson en fait que Johnny s'est dit, il avait appris que je
07:06 chantais chez Patachou.
07:08 Et il était monté, comme il habitait rue de la Tour des Dames, c'était pas très
07:12 loin, il était monté à Montmartre pour me voir et je lui ai dit "Mais bien sûr je
07:18 vais vous emmener à la répétition" qui était un jeudi matin à l'Olympia, au vieil Olympia,
07:25 pas celui de maintenant.
07:28 - C'est sympa de l'emmener voir son idole.
07:31 - Oui.
07:32 Et puis on est tombé sur Bruno Cocatrix.
07:34 Et alors je dis à Bruno, il me dit "ça va Jean-Jacques ?" "Oui ça va, ça va, ça
07:42 va oui".
07:43 Et je lui dis "Bruno, je vous présente un jeune qui va sans doute chanter un jour".
07:49 Parce que je l'avais vu chanter dans la brasserie Les Pierrots de Montmartre où le patron lui
07:54 donnait des pièces qu'il mettait dans le jukebox et il mettait Rock on the Clock de
08:00 Bill Alley.
08:01 Il prenait une petite guitare et il chantait et il dansait.
08:08 Et il chantait plus fort que le jukebox.
08:11 Comme Bill Alley.
08:13 Et moi je m'étais dit, et puis il avait une allure terrible, on aurait dit qu'il
08:17 était tombé du ciel.
08:19 - Vous avez de l'oeil parce que quelques mois plus tard, voilà ce que vous lui écriviez.
08:22 - Ça aussi on s'en souvient bien.
08:42 On a encore plein de petits papiers à tirer.
08:45 On ne pourra pas tous les tirer mais on va continuer ce petit jeu des souvenirs avec
08:49 Jean-Jacques Debout.
08:50 On se retrouve dans un instant sur RTL.
08:52 A tout de suite.
08:53 William Galibert, Agnès Bonfillon et Vincent Serrano.
08:56 RTL bonsoir.
08:57 RTL bonsoir.
08:58 William Galibert, Agnès Bonfillon et Vincent Serrano.
09:02 En deux minutes de pub, vous venez de rater une douzaine d'anecdotes phénoménales.
09:06 Nous sommes toujours avec Jean-Jacques Debout.
09:09 L'album s'appelle Frida Kahlo, il vient de sortir.
09:12 On se plonge dans ses souvenirs, on fait des choix forcément très aléatoires.
09:16 On a même mis à disposition des petits papiers.
09:18 Et choisissez celui que vous voulez ou celui qui vous vient.
09:22 Là, je viens de tomber sur Charles Aznavour.
09:25 Ah justement, on en parlait pendant la pub.
09:29 Damien, est-ce que tu peux nous mettre la chanson préférée, je crois, de Jean-Jacques
09:34 Debout ? La chanson d'Aznavour préférée de Jean-Jacques Debout.
09:37 Ah oui, on a plusieurs.
09:38 Je crois qu'il y a une tendresse particulière pour ce chemise.
09:43 Ah oui, pour ce chemise.
09:44 Oui, parce que j'ai grandi à Trousse-Chemise.
09:46 Alors, je lui disais, Charles, j'ai grandi là-bas.
09:50 Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'il n'y a jamais mis les pieds.
09:54 C'était un texte d'un garçon qui s'appelait Mareuil, qui écrivait des textes de chansons.
10:01 C'était quelqu'un d'un peu marginal.
10:04 Et il lui avait envoyé le texte, pensant même qu'il n'allait pas se passer grand-chose.
10:10 Et puis un jour, dans sa forge, qu'il arrangeait près de Montfort-Lamorie, je vois Trousse-Chemise.
10:18 Je lui dis, tu sais que c'est drôle ? Parce que c'est là où je vais faire du voilier,
10:22 c'est là où je vais me baigner.
10:23 Ma grand-mère avait une maison tout près de la plage, à Trousse-Chemise et tout.
10:29 « Ah bon ? » il me dit.
10:31 Il me dit, j'ai commencé une musique, tiens, je vais te la chanter.
10:35 Et puis, il se met au piano, il fait dans le petit bois de Trousse-Chemise, quand la
10:40 mer est grise et qu'on l'éteint un peu.
10:43 Dans le petit bois de Trousse-Chemise, t'as fait ta valise, t'es jamais revenu.
10:50 Et je lui dis, écoute, on comprenait tout de suite qu'il avait encore fait un succès.
10:57 De toute façon, c'était quelqu'un de… Vous savez, il vivait pour la chanson.
11:04 - Et quand vous le rencontrez, vous, 16-17 ans, jeune coursier aux éditions Raoult-Breton…
11:10 - 15 ans, j'avoue.
11:11 - 15 ans ! Charles Aznavour, il pense même à faire ses valises, lui.
11:14 - Ah oui ?
11:15 - Parce que ça ne va pas assez vite.
11:16 - Non, ça ne va pas assez vite et pourtant, il vient d'écrire quelques succès avec
11:22 Gilbert Becaud.
11:23 Pour Gilbert Becaud, il a écrit aussi, à l'époque, qui marchait bien, c'était
11:29 Edie Constantine, « Ébayer et dormir ». Et son éditeur croyait beaucoup en lui, en
11:36 tant que vedette.
11:37 Mais le problème, c'est qu'il n'arrivait pas à accrocher vraiment au musical.
11:41 C'est-à-dire, dès qu'il voulait chanter, les gens disaient « c'est bizarre, il a
11:47 une voix un peu enraillée ». Et Raoult-Breton savait qu'un jour, il allait finir par
11:53 s'imposer.
11:54 Mais combien de temps ça allait mettre ? Personne ne savait.
11:58 Et il me dit « je vais partir à Montréal, 5 ans, je vais signer un contrat dans un restaurant
12:04 qui s'appelle Le Vaudor, et puis je verrai bien après ce qui se passera ».
12:07 - Vous avez réussi à le retenir ?
12:09 - Oui, Charles Aznavour.
12:10 Et M.
12:11 Breton, son éditeur, qui était un peu comme mon père, M.
12:15 Breton, il me dit « Jean-Jacques, comme tu le vois, tous les après-midi, le soir,
12:20 à partir de 5h, Charles arrivait à l'édition, il n'en partait qu'à 8h du soir ».
12:24 - Aznavour, Johnny, vous arrivez encore à vous rappeler tous ces chanteurs, à faire
12:30 peut-être un classement, un panthéon ? Il y a des noms comme ça qui ressortent chez
12:33 vous ?
12:34 - Ah ben Serge, on a démarré pratiquement aussi, pareil, grâce à la chanteuse Cora
12:39 Wauquaire, qui dirigeait le cabaret, le Collège Gine, qui était en face de la Coupole à
12:45 Montparnasse.
12:46 Et lui, il venait de sortir son disque, « Le Point sonneur des Lilas », et moi, « Les
12:51 boutons dorés », presque en même temps.
12:53 Et elle nous avait engagés tous les deux, dans ce cabaret.
12:58 Et alors, avec lui, on allait dîner après à la Coupole, où on rencontrait tous les
13:04 peintres, Fujita, Georges Braque, tout ça, on les connaissait, on les voyait tous les
13:09 soirs, on dînait à côté d'eux.
13:11 - Beaucoup d'artistes dans votre vie, Jean-Jacques Debout bien sûr, puisque vous en êtes en
13:16 vous-même, mais aussi un certain Jacques Mérine.
13:19 - Oui.
13:20 - Alors ça, je ne connaissais pas du tout l'histoire selon laquelle vous êtes allé
13:25 en pensionnat avec Mérine.
13:27 - Oui, j'avais 7 ans.
13:29 Mon père avait appris que je traînais un petit peu à Saint-Mandé, en sortant de l'école.
13:38 On lui avait dit « on a vu votre fils dans un café qui jouait aux Flippers, je ne sais
13:44 pas quoi, il parlait à des voyous au Café de la pelouse ».
13:48 - Ce qui n'était pas vrai.
13:49 Ce qui n'était pas vrai.
13:50 - Ce n'était pas faux non plus.
13:52 - Il y a prescription maintenant.
13:53 - Oui, ben oui.
13:54 Et alors du coup, il a eu peur.
13:56 Il s'est dit « il faut que je le mette en pension, parce que s'il traîne dans le
14:00 bois de Vincennes et dans des cafés à Saint-Mandé, c'est bon, surtout Saint-Mandé, il ne se
14:06 passait pas grand-chose à Saint-Mandé, vous savez.
14:08 Et alors, à 5h, tous les gens avaient déjà fermé leur persienne.
14:14 Moi, je m'ennuyais un peu, pour ne rien vous cacher, à Saint-Mandé.
14:18 Je préférais aller me réveiller.
14:20 - On embrasse évidemment les habitants de Saint-Mandé.
14:21 - Ça a changé depuis forcément.
14:23 - Oui, maintenant, ça a changé.
14:25 À l'époque, j'allais me réfugier rue du Croissant, chez ma grand-mère maternelle,
14:32 qui elle, dirigeait l'imprimerie du journal l'Humanité.
14:35 Et avec les petites baraques sur les grands boulevards, puisque la rue était juste derrière
14:39 les grands boulevards, je me marrais beaucoup plus chez elle, rue du Croissant, avec toutes
14:46 ses amies et tout, qui tous les samedis faisaient venir un orchestre de balmusettes où je chantais
14:53 avec l'accordéoniste.
14:54 - Et c'est vraiment Mérine qui vous a offert votre premier instrument de musique ?
14:57 - Oui, une clarinette.
14:59 Je voulais jouer de la clarinette parce que j'adorais Sidney Bechette et je rêvais un
15:05 jour de jouer comme Sidney Bechette.
15:06 Je lui avais dit.
15:07 - Mais était-elle le fruit d'un menu Larcent ?
15:10 - D'Urlabeur !
15:11 - Ou d'Urlabeur, cette clarinette.
15:13 - Non, c'est pas à Saint-Mandé.
15:15 Alors là, il était venu en vacances à la Coire d'Henri, sur l'île de Ré.
15:20 Ses parents avaient loué une maison à côté des miens.
15:23 Et puis là, il y avait un garçon formidable qui s'appelait Olivier Despax et qui jouait
15:31 magnifiquement bien de la guitare.
15:33 Et moi, je touchais un peu à la clarinette, mais j'en jouais moins bien que lui jouait
15:40 de la guitare.
15:41 Et puis, je me suis dit, oh là là, si je pouvais trouver une clarinette, même d'occasion,
15:48 je sais pas.
15:49 Ma mère m'avait dit, je t'aiderais si tu en trouves une et tout.
15:53 Et j'avais fait la confidence à Jackie.
15:56 Et un jour, sur la plage, trois jours après lui avoir dit ça, je le vois arriver avec
16:04 un sac de sport.
16:06 Il me dit, tiens, je t'ai trouvé une clarinette.
16:10 Sur le moment, je me suis dit, bon, comme je savais qu'il était assez des merdards
16:16 pour tout, je me suis dit, il a peut-être rencontré quelqu'un qui lui a donné une
16:21 clarinette.
16:22 Et en réalité, il y avait un orchestre à la Coirde qui jouait sur la lyre.
16:30 - Et qui a mystérieusement perdu une clarinette ce soir-là.
16:33 - Et à un moment, ils ont été boire un verre au café d'à côté qui s'appelait
16:39 Les Mouettes.
16:40 Et pendant ce temps-là, il a pris la clarinette, il l'a mise dans un sac de sport et il est
16:45 venu me l'offrir sur la plage de la Coirde-en-Rhé en me disant, bah tiens, voilà une clarinette.
16:49 - Vous auriez pu aussi nous raconter la fois où Mérine, criminel illustre et peut-être
16:55 l'un des plus populaires du XXe siècle en France, vous a enlevé à la sortie d'un
17:01 concert de Barbara.
17:02 Mais comme il nous reste quelques minutes, on va peut-être tirer un dernier petit papier
17:05 dans cette coupe pour continuer cette grande revue de mémoire.
17:11 - C'est lui, justement.
17:12 - Ah bah voilà, ça, ça nous chante pas.
17:13 - Est-ce qu'il a le droit d'en tirer un ?
17:14 - Est-ce qu'il avait une deuxième chance de tirer un ?
17:15 - Il avait une deuxième chance.
17:16 - S'il en reste un ou deux à l'intérieur ?
17:19 - Il en reste pas mal.
17:22 Mais vous savez que c'est… Ah bah Charles Trenet.
17:25 - Charles Trenet, c'est le meilleur auteur, ça.
17:27 - C'est le plus grand pour vous ?
17:28 - Pour moi, c'est le plus grand.
17:29 Le plus grand auteur compositeur.
17:31 C'est lui qui a amené le jazz dans la chanson française.
17:35 Il était… Il a écrit pour moi… C'est lui qui a changé le visage de la chanson
17:44 quand il est arrivé.
17:45 - C'était un vrai tournant.
17:46 - Un vrai tournant.
17:47 - Charles Trenet, c'est lui qui…
17:48 - Et alors figurez-vous que son éditeur, donc Raoul Breton, toujours…
17:52 - On en revient toujours à Raoul Breton.
17:54 - Oui, c'est lui qui l'a découvert.
17:57 Et il l'avait fait engager à l'ABC.
17:59 L'ABC, c'était comme l'Olympia avant la lettre.
18:02 Sur les grands boulevards.
18:03 - Et Charles Trenet, c'est peut-être celui qui a été le premier à croire en vous, aussi.
18:07 - Oui.
18:08 Oui, parce qu'un jour, il revient du Canada et il me demande qui je suis.
18:13 Il me croise dans le couloir de l'édition.
18:16 Il me dit « Qui êtes-vous ? »
18:18 Je lui dis « Je suis le nouveau coursier des éditions Breton ».
18:21 Il me dit « Vous, un coursier ? »
18:23 Ça, alors, ça me fait rire.
18:25 Vous êtes le fils que j'ai eu avec Madame Breton.
18:28 Ça commence comme ça, la conversation.
18:30 - On en revient toujours à Raoul.
18:31 - Et alors, Madame Breton l'entend, parce qu'il parlait très fort.
18:35 Et elle sort, elle lui dit « Charles, écoutez, vous n'allez pas commencer.
18:39 Écoutez, vous êtes à peine rentré du Canada.
18:42 Vous commencez à parler avec mon personnel.
18:45 Ça ne me plaît pas beaucoup. »
18:47 Alors, il lui dit « Mais il ne fait pas partie de votre personnel,
18:50 puisque c'est le fils qu'on a eu ensemble. »
18:53 Et puis, on a rigolé.
18:55 Mais c'était formidable, Charles Trenet.
18:57 - Quand on voit la richesse de votre parcours, de ces rencontres,
19:00 on a cité à peine quelques noms en 10 ou 15 minutes ensemble,
19:03 est-ce que malgré tout, il y a des lieux que vous regrettez de ne pas avoir vus,
19:07 des personnalités que vous regrettez de ne pas avoir côtoyées ou rencontrées ?
19:11 - Oui, oui, oui, oui, oui.
19:14 Oui.
19:15 - On veut des noms.
19:16 On veut des noms, Jean-Jacques.
19:17 - Ah, j'aurais été content de rencontrer...
19:21 - S'il ne n'en vient pas, c'est peut-être que la rencontre ne devait pas se faire.
19:29 - Je pense que vous avez quand même rencontré beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde.
19:32 - Est-ce qu'on peut encore vous séquestrer 5 minutes dans ce studio ?
19:34 - Bien sûr.
19:35 - Parce que normalement, on devait en terminer là,
19:37 mais on a un ami qui va venir nous faire une petite playlist musicale
19:41 et je crois qu'il y a quelques petites surprises là aussi qui sont prévues pour vous.
19:44 C'est Jean-Baptiste Jammes qui va arriver.
19:46 Et puis un petit peu plus tard sur RTL, on parlera de cuisine aussi avec notre camarade.
19:51 - J'ai rencontré Georges Gershwin.
19:53 - Gershwin, oui, c'est un bon choix.
19:55 - C'est un de mes musiciens préférés.
19:58 - Jean-Jacques Debout reste avec nous encore quelques minutes dans ce studio.
20:01 RTL, bonsoir.
20:02 On revient dans un instant.
20:04 RTL. Bonsoir.