• il y a 8 mois
Le prix des carburants connaît une hausse lente, mais constante, depuis plusieurs semaines. Le prix moyen du litre de gazole a atteint 1,82 euros, celle du Sans Plomb 95 1,92 euros et celle du Sans Plomb 98 1,99 euros. Les automobilistes sont contraints de s'adapter en cherchant les stations les moins chères ou en privilégiant le covoiturage. 

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Transcription
00:00 Et avec nous pour en parler, Céline Antonin, bonjour économiste à l'OFCE.
00:03 Je salue Francis Pouce qu'on voit à chaque mauvaise nouvelle sur les carburants,
00:06 le président de la branche distributeur du syndicat Mobiliance.
00:10 Oui, il a le sourire.
00:11 Benoît Ruiz, relevé de prix chez vous à Nice ce matin,
00:15 à combien sont les carburants dans la station où vous vous trouvez ?
00:18 Alors on est un peu radins, moi personnellement, donc on a choisi la station la moins chère,
00:24 1,84€ pour le Sanplon 95 E10,
00:28 1,88€ pour le Sanplon 95 E10 et 1,92€ pour le Sanplon 98 E10.
00:34 Une augmentation, les automobilistes s'en sont rendus compte.
00:37 Ça a augmenté durant les 13 dernières semaines et ce de façon consécutive,
00:41 et une dizaine de sentiments plus depuis le début de l'année.
00:44 Forcément, forcément, il râle.
00:47 Morceau choisi au micro de Christophe Erlom.
00:50 On la sent passer, c'est clair, au niveau du pouvoir d'achat, il diminue d'autant.
00:55 Éviter de trop consommer, essayer de faire une conduite économique, mais c'est tout.
00:59 On travaille avec l'essence, c'est pas avec le gasoil.
01:01 L'essence, 2€, c'est énorme.
01:03 Inadmissible, on fait les stations les moins chères, on cherche.
01:07 Essayer de rouler à l'économie, voilà, simplement, et faire du covoiturage si possible.
01:12 Alors ils font contre mauvaise fortune, bon cœur ces automobilistes,
01:15 les solutions, faire du covoiturage, éventuellement acheter électrique ou rouler moins.
01:20 En tout cas, la seule bonne nouvelle, on va dire pour eux,
01:23 c'est que pour l'instant, le diesel, lui, reste ici, en tout cas dans ces stations.
01:27 1,73€, mais il y a de sacrées différences, rien que sur cette route métropolitaine 202,
01:32 ici à l'ouest de Nice, je peux vous dire qu'il y a parfois près de 10 centimes d'écart entre les stations,
01:38 et forcément, on a des automobilistes qui tournent pour trouver la station la moins chère.
01:42 Mais cela dit, Benoît Ruz, vous avez trouvé le bon spot,
01:45 parce que les prix que vous nous avez donnés sont en dessous de la moyenne nationale,
01:48 avec les relevés de prix qui ont été fournis hier par le gouvernement.
01:52 Regardez, le samplon 95, il s'affichait à 1,92€ en moyenne dans toute la France,
01:57 et pour le gasoil, on est même monté à 1,82€ alors qu'on était à 1,72€ en janvier.
02:04 C'est ça d'abord la nouveauté, Francis Pouce, c'est que le gasoil augmente à son tour, lui aussi.
02:09 Comment expliquer la hausse du diesel ?
02:12 - Alors, ce qui s'est passé en fait depuis le début de l'année,
02:14 c'est tout simplement, malheureusement, qu'on avait en début d'année un baril aux alentours de 75$,
02:20 aujourd'hui 90$, et on a commun de dire que 1$ de plus, c'est à peu près 0,7 centimes de plus à la pompe.
02:28 Donc c'est malheureusement ce qui se vérifie aujourd'hui.
02:30 Le gasoil, quant à lui, était plus cher cet hiver,
02:34 parce qu'on avait un problème de tension sur l'approvisionnement.
02:38 Là, on est redevenu, j'allais dire, un circuit normal, c'est-à-dire un gasoil moins cher que le samplon,
02:44 puisque, rappelons-le, il y a une différence de 7 centimes de taxe sur l'essence par rapport au gasoil.
02:50 Donc en fait, on est plutôt dans un schéma normal,
02:52 schéma normal certes élevé, parce que 90$, ça fait quelques temps qu'on n'avait pas atteint ce prix,
02:58 et puis la double peine, c'est que notre euro n'est pas forcément très fort.
03:02 Or, comme on achète en dollars, si notre euro est faible, ça nous coûte plus cher.
03:07 - Alors, ce qui nous inquiète un petit peu, Francis Pouce, quand même,
03:09 c'est que, vous le disiez, on est à 90$ le baril,
03:12 il est déjà monté à 100, le litre est déjà cher,
03:15 si ça continue à monter comme ça, est-ce qu'on peut se retrouver avec des litres à 2,20€ dans ces ordres de grandeur ?
03:22 - Je ne peux pas vous dire le contraire, puisque, bien évidemment, vous l'avez compris,
03:25 l'étalon, c'est le prix du baril de pétrole.
03:30 Souhaitons qu'on soit plutôt sur un plateau, parce qu'on a aussi d'autres causes externes,
03:34 comme les problèmes dans le détroit d'Hormuz,
03:36 qui fait que beaucoup de pétroliers ne passent plus à travers le détroit d'Hormuz,
03:41 donc un temps de transport plus important, donc plus coûteux,
03:45 et potentiellement des tensions à un moment ou à un autre sur du produit fini,
03:50 parce qu'on transporte du pétrole à raffiner en Europe,
03:54 mais on transporte aussi des produits finis pour les amener en Europe.
03:57 - Donc vous, vous l'aviez vu venir, cette hausse, et du gasoil, et de l'essence ?
04:03 - On savait bien que le gasoil allait se rééquilibrer à la baisse,
04:07 et par conséquent, par différence, l'essence augmenterait de par ses tensions pendant l'hiver.
04:14 Après, je n'ai jamais eu de boule de cristal,
04:17 et je ne sais pas ce qui va se passer dans les mois qui viennent.
04:21 On espère qu'on est sur un plateau haut en ce moment,
04:25 parce qu'effectivement, et je le comprends pour tous les consommateurs,
04:28 c'est un vrai problème.
04:30 C'est d'autant plus un problème pour les stations que je représente,
04:33 que je rappelle que notre marge est nette de 1 à 2 centimes,
04:36 et fixe, quel que soit le prix de l'essence, qu'on soit à 1 euro ou à 2 euros.
04:41 Donc fatalement, les stations que je représente ont tendance à en vendre moins
04:44 quand des prix atteignent des montants comme ceux d'en ce moment.
04:49 - Donc ce n'est pas la peine d'insulter le pompiste,
04:51 ce n'est pas lui qui s'en met plein les poches en ce moment.
04:53 Céline Antonin, est-ce que les causes ne sont qu'externes ?
04:55 Est-ce que c'est simplement le prix du baril, le détroit d'Ormuz, les tensions proche-Orient ?
04:59 - Oui. - C'est que ça ?
05:01 - Ah, c'est que ça. - Il n'y a rien en France qui porte les prix du gasoil à la hausse ?
05:05 - Non, actuellement, ce qu'on voit, c'est qu'effectivement, entre début janvier et aujourd'hui,
05:09 on a à peu près, disons, 12 centimes de plus à la pompe,
05:12 et ils viennent exclusivement de l'augmentation du baril du pétrole.
05:15 Et en fait, ça a été bien dit, cette augmentation,
05:18 elle s'explique vraiment sur les tensions sur l'offre,
05:20 donc les tensions à la fois géopolitiques,
05:22 et le fait que l'OPEP+, donc l'Organisation des pays exportateurs de pétrole élargie,
05:27 qui comprend notamment l'Arabie Saoudite et la Russie,
05:30 ont décidé de façon concertée en fin d'année dernière
05:32 de prolonger les coupes de production,
05:34 parce qu'ils anticipaient un début d'année, un premier semestre en tout cas,
05:37 où en fait l'offre allait être trop abondante,
05:39 et du coup, on paye ces deux écueils de la géopolitique et de ces décisions de l'OPEP+.
05:43 - Ce qui fait mal au portefeuille, c'est que dans le même temps, en fait,
05:45 les grandes enseignes ont arrêté les opérations carburants à prix coûtant, terminées.
05:51 - Tout à fait. - Pour quelle raison ?
05:52 Parce que c'était redescendu, donc on s'en préoccupait plus ?
05:55 - Oui, d'une part, et puis parce que pour eux, effectivement,
05:57 c'est quand même un manque à gagner,
05:59 donc ils ne peuvent pas le faire de façon illimitée, ad vitam aeternam,
06:02 ce qui est un peu problématique avec le pétrole,
06:04 c'est que de manière structurelle, on a quand même un marché qui est orienté à la hausse.
06:08 Et donc, effectivement, on peut avoir ce genre d'opérations de façon ponctuelle,
06:11 mais c'est vrai que ça ne peut pas être poursuivi pendant très longtemps.
06:14 Et d'ailleurs, il faut aussi souligner qu'il y a la question du chèque aussi carburant,
06:17 qui avait été évoqué pour 2024, en disant, si on a un prix à la pompe qui est autour de 2,1,95 €,
06:25 à ce moment-là, on pourrait débloquer pour 6 millions de ménages,
06:28 justement, ces chèques carburants.
06:29 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on sait très bien qu'on est en période économique,
06:33 on cherche 10 milliards et donc, il n'est pas sûr que cette mesure soit très populaire auprès du gouvernement.
06:39 Le plafonnement à 1,99 €, il est garanti normalement pour 2024,
06:43 si le pétrole continue de monter.
06:44 Chez Total.
06:45 Pardon, chez Total, qui est le principal fournisseur.
06:47 Ça va commencer à leur coûter cher, cette histoire, si le pétrole continue à monter.
06:51 Tout à fait. Alors, pour l'instant, on n'est pas encore à ce niveau,
06:54 on n'est pas encore arrivé à ce seuil,
06:57 mais c'est vrai que si le pétrole continue à augmenter, on va voir ce qui va se passer.
07:00 Moi, en termes de prévision, je ne serai pas extrêmement pessimiste
07:03 parce qu'il faut quand même voir que le marché du pétrole, c'est une offre et une demande
07:06 et qu'il est vrai qu'en 2024, on attend plutôt une croissance assez faible au niveau mondial
07:10 et en particulier des grands consommateurs que sont, par exemple, la Chine,
07:14 donc des croissances plus basses que d'habitude.
07:16 Mais il est vrai que si on a un embrasement au Moyen-Orient, l'Iran, etc.,
07:19 bon, à ce moment-là, ça va coûter très cher.
07:21 Mais Francis Pouce, Bruno Le Maire, avait un peu tordu le bras à Total
07:24 pour qu'il poursuive ce plafonnement des carburants en dessous de 2 euros.
07:28 Est-ce que Total peut revenir sur cet engagement ?
07:32 Écoutez, je crois que M. Pouyanné était très clair.
07:36 Il a dit en début d'année, je vais continuer sur toute l'année 2024.
07:40 Donc, je ne pense pas que M. Pouyanné reviendra sur cet engagement.
07:44 Le problème, il est sur les autres marques que je représente
07:47 puisque aujourd'hui en France, vous n'avez plus qu'un seul pétrolier intégré
07:51 qui raffine et qui distribue.
07:54 Tous les autres, des ESSO, des BP, des Avia,
07:58 ce sont finalement des gros distributeurs qui n'ont plus rien à voir avec le pétrolier
08:03 et qui n'ont pas les moyens de se battre pour contrecarrer cette offre commerciale de Total.
08:10 Donc, si on est durablement en dessous de 2 euros,
08:12 on craint encore une fois, un peu comme on l'a vécu malheureusement
08:15 à l'instar des prix coûtants, que certaines stations aient du mal.
08:19 Je rappelle, l'an dernier, 124 stations ont disparu
08:23 contre à peu près 40 les années d'avant.
08:26 Donc, vous voyez que ces effets sont certes bénéfiques pour le consommateur,
08:31 mais traduisent une situation en zone rurale en particulier très difficile.
08:36 Et on aura encore besoin, plusieurs années, de pétrole, en particulier dans nos campagnes.
08:42 Donc, il y a un moment où il faut se méfier d'une désertification
08:45 des stations de service en zone rurale.
08:47 - Alors, cela dit, je ne sais pas si ça va consoler Francis Pouce,
08:50 mais il y a des relations qui risquent de se tendre dans les semaines qui viennent
08:53 entre le gouvernement et Total Energy,
08:55 à cause d'une nouvelle taxe que veut instaurer le gouvernement.
08:58 Et c'est une taxe à destination des énergéticiens,
09:00 donc Total Energy serait concerné.
09:02 C'est une taxe pour compenser les pertes de revenus liées au plafonnement des prix.
09:07 Non mais, pardon, il faut comprendre.
09:09 - Oui, oui. Non mais, et puis ce qui est complexe,
09:11 c'est que dans le cas de Total, effectivement, ça a été dit,
09:13 c'est une entreprise qui est intégrée.
09:14 Donc, ils peuvent effectivement se permettre de faire certaines économies
09:17 sur la production et les répercuter sur le consommateur.
09:20 Mais ce qui est compliqué, c'est que Total fait son bénéfice essentiellement à l'étranger.
09:23 Donc, c'est quand même ça qui pose aussi question.
09:26 Et ce que je voulais rappeler, c'est que de la part du gouvernement,
09:28 effectivement, il y a une mesure très simple qui consiste, par exemple,
09:30 à baisser la fiscalité.
09:31 Mais il y a deux problèmes, en fait.
09:32 Par exemple, sur le carburant, vous pourriez dire, après tout,
09:34 on peut baisser de quelques centimes.
09:36 Mais le problème, c'est que ça rapporte aussi de l'argent,
09:38 puisque à peu près un centime d'euro de moins sur le carburant,
09:42 ça fait 50 millions en moins pour les finances publiques.
09:45 Et on cherche des milliards.
09:46 Et en même temps, vous avez aussi toute la question de la transition écologique.
09:49 Et donc, voilà.
09:50 Avec ces deux paradoxes, c'est vrai qu'on est en plein paradoxe aujourd'hui.

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