• il y a 8 mois
C’est quoi cette manie qu’ont les madames de garder leur sac collés à elle, quoi qu’il arrive ? Même quand elles sont en tête à tête dans sa propre maison, la grand-mère de Lisa va quand même s’agripper à sa besace comme si on allait lui piquer.

Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

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😹
Amusant
Transcription
00:00 Voici Lisa !
00:02 (applaudissements)
00:04 Vous Lisa, vous n'en avez pas fait un film comme ça ?
00:06 - Non, pourtant j'adore voyager quand je suis un peu éteinte, moi aussi.
00:11 Mais quand je suis paumée dans ma vie, je ne fais pas comme Louise Abel Hupert, je ne vais pas au Japon, je vais à Berlin.
00:16 Moi j'aime une ville qui quand elle voit un bâtiment rongé par la miande se dit "Allez, boîte de nuit !"
00:21 Donc voilà, Berlin plutôt que le Japon, pour moi quand je suis perdue.
00:24 En même temps, vu le nombre de fois où j'ai déjà été paumée dans ma vie, il vaut mieux choisir une destination à portée d'EasyJet.
00:30 Les gens qui vont s'isoler au Japon, à Bali, à Ushuaïa chaque fois que ça va pas, c'est que la plupart du temps ça va.
00:35 Si t'as le compteur énergétique interne qui pique du nez tous les jours et qui se termine en 10,
00:39 je te conseille de trouver une retraite yoga et graines de chia au Luxembourg, c'est bien ça, c'est plus gérable niveau aller-retour.
00:45 Après, le Japon ça donne envie. Mais Berlin, je sais pas, ça marche bien sur moi.
00:49 Je ne me l'explique pas mais il y a un truc dans le fait d'enchaîner 48h en boîte de nuit,
00:52 un musée sur le 3ème rail, 48h en boîte de nuit, qui clique la boum, remet les idées en place.
00:56 Mais le Japon c'est quand même encore un autre niveau de dépaysement.
01:01 Par exemple, on le disait dans le film, l'éditeur de Sidney veut porter son sac à main pour l'aider.
01:05 Mais pour votre personnage Isabelle Huppert, c'est pas possible, le sac à main c'est trop perso.
01:09 Et j'aurais jamais pensé un jour dire ça, mais ça fait un point commun entre Isabelle Huppert et ma grand-mère.
01:14 C'est quoi cette manie qu'ont les madames de garder leur sac collé à elle, quoi qu'il arrive.
01:18 C'est fou, on peut être juste à deux dans sa propre maison, ma grand-mère va quand même s'agripper à sa besace,
01:22 comme si j'allais lui piquer. Mais enfin, je ne vais pas lui voler, je suis sa petite-fille, son sac, je l'aurais envie à G.
01:27 Donc, non stress, mamie, continuez à en profiter, il n'y a pas d'urgence, j'ai un sac à banane en attendant.
01:32 Et comme le détail du sac, les différences culturelles sont dépeintes de façon très subtile dans le film,
01:37 il n'y a pas de cliché, on sent juste que c'est un endroit un peu déstabilisant, donc ressourçant.
01:41 Un résultat après Lost in Translation, Sidney au Japon confirme que le pays du soleil le vend.
01:46 C'est la destination numéro un pour Européens en détresse.
01:49 Je me demande s'ils commencent à capter un truc les Japonais.
01:52 Moi je suis belge et le faux accent bruxellois de Jacques Villerey dans Le Dîner de Con, je l'ai toujours là.
01:56 Je pense que les Japonais regardent peut-être notre cinéma en se disant "ok, votre film d'amour se passe à Paris,
02:00 le fun c'est Vegas, mais qui dit dépression dit Japon, c'est ça ?"
02:03 Top, ça nous fait un slogan pour notre guide de routa au moins.
02:06 C'est comme quand j'ai compris que dans mon groupe d'amis, il y a la pote qu'on appelle pour faire la fête,
02:09 puis il y a moi, la pote qu'on appelle quand ça ne va pas.
02:11 Je suis ravie d'être le Japon du groupe de copains, c'est toujours mieux qu'être l'ami qu'on appelle pour déménager.
02:16 C'est vrai que le Japon dégage cette impression. Dans mon esprit, c'est le pays du karaoké et du suicide.
02:22 Coïncidence ? Je ne pense pas. J'ai entendu mon pote chanter en soirée.
02:26 Si un jour le karaoké devient un sport national ici aussi, je ne me donne pas deux jours avant d'aller me pendre en forêt.
02:31 "Once more you open" Non, alors dans ces conditions-là, la vie ce sera sans moi.
02:36 Le Japon, c'est quand même le pays qui a inventé à Harakiri cette technique pour se suicider en se triturant les entrailles.
02:42 Je parie que c'est un mec qui a inventé ça d'ailleurs.
02:44 "T'es gentil mon samouraï, mais si je veux me triturer les entrailles, garde ton sabre, j'ai mes règles".
02:48 Alors ici, on n'est pas dans le suicide, on est dans le deuil.
02:52 Sidonie va être hantée par le fantôme de son mari.
02:55 Quand tu perds quelqu'un, tu peux le voir un peu partout.
02:58 Ou alors tu peux voir des symboles qui te font penser à lui.
03:01 C'est pour ça que moi, j'associe les gens que j'aime à des trucs de la vie de tous les jours.
03:04 Comme ça, quand ils seront morts, je les verrai tout le temps.
03:07 Ma mère, par exemple, c'est mes points noirs.
03:09 Dès que j'en ai un nouveau, je pense à elle.
03:11 Mon grand-père, c'est la montée de l'extrême droite.
03:13 Comme ça, chaque fois que le RN monte dans les sondages, je suis là "Oh, papy, je sens qu'il est dans la pièce".
03:18 Et ma grand-mère, c'est son sac à main.
03:20 Essayez de suivre un petit peu. Merci Nagui est là.
03:23 Japon ou pas, promis mamie, ton sac à main, je ne laisserai personne se l'emparer, même pas Isabelle Huppert.
03:28 Merci !
03:30 Isabelle Huppert, à demain.
03:32 À demain, à la nouvelle semaine.
03:34 Comme tous les jeudis.

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