Après "Le Rapport de Brodeck", le dessinateur de "Retour à la Terre", "Blast" et du "Combat ordinaire", s’attaque au grand roman d’anticipation de Cormac McCarthy publié 2006. Il rend toute l’horreur de la survie dans un monde décimé. Il explique ici à Anne Douhaire comment il s'y est pris pour dessiner la BD.
Plus d'informations sur la BD : https://www.radiofrance.fr/franceinter/paques-2024-quelle-s-bd-s-lire-95441054
Plus de BD : https://www.radiofrance.fr/arts-divertissements/bd-manga/bandes-dessinees
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00:00 Quand j'ai fait un truc comme ça, c'est là où je me suis dit que la route je pouvais le faire.
00:04 Je suis Manu Larcenet, je suis sur France Inter et je jongle.
00:08 Dessiner la route c'est très simple.
00:11 Souvent quand je commence un album, je fais plein plein de dessins au hasard comme ça,
00:15 et il y en a un qui émerge, je vais tenter de vous refaire celui qui avait émergé,
00:20 où je me suis dit "Ah, je pourrais faire comme ça".
00:24 Moi ce que j'aime bien c'est commencer par la ligne de sol.
00:27 Donc qu'est-ce qu'il faut quand on a une horizontale ? Il faut l'agrémenter de plusieurs verticales.
00:31 Le but c'est de mettre la caméra très très bas, un peu comme faisait Peyo dans les Schtroumpfs.
00:36 Il faisait ce truc extraordinaire, il mettait une ligne et il faisait ses petits personnages marcher dessus.
00:41 Longtemps je me suis dit "Il ne se casse pas, il ne se casse pas le Peyo".
00:45 Et puis récemment je me suis dit "Mais c'est lui qui a raison, c'est d'une efficacité incroyable".
00:50 La perspective ça nous emmène, c'est un mouvement, c'est une astuce graphique pour faire du mouvement.
00:55 Or ce livre n'est pas basé sur le mouvement.
00:57 Tout est morne, tout est triste, il marche lentement, c'est compliqué, tout est dur.
01:03 Donc si on met du mouvement, on obtient des trucs très très dynamiques.
01:09 Normalement, moi je ne suis pas un dessinateur par la masse.
01:12 Je dessine toujours par le contour, par le trait, je suis un dessinateur ultra classique.
01:16 Et là, le premier dessin que j'avais fait ressemblait un peu à ça.
01:20 C'est la beauté du dessin, de la manière dont je le pratique, c'est que je ne sais jamais si ça va marcher à la fin.
01:24 C'est pour ça que j'aime beaucoup la tablette graphique.
01:27 Tout a été fait dessus, parce qu'on peut modifier très facilement les choses sans bousiller le papier, sans devoir le gommer.
01:33 Voilà, c'était à peu près ce dessin. Alors là il est moche, en même temps je ne suis pas chez moi.
01:38 Puis honnêtement, ce n'est pas pour faire mon modèle, mais je ne suis pas un bon dessinateur.
01:43 Alors les cendres, c'est peut-être pour ça d'ailleurs que j'ai adapté ce roman.
01:47 C'est d'abord parce que le monde est recouvert de cendres.
01:50 Ce qui permet de faire ces petites choses-là. Ce qui permet de crader un peu tout,
01:56 pour que ça arrête d'être de l'horizontale, de la verticale, des angles à 45.
02:02 Tout est tordu, tout est sous quelque chose, tout est à moitié pété.
02:07 Et alors c'était très très plaisant à faire. C'est un rêve de dessinateur en vrai.
02:11 Le vent, j'ai mis presque jusqu'à la... je crois que c'est l'avant-dernière page à comprendre un truc.
02:17 Je vais vous montrer. Un jour, il y avait une grosse tempête.
02:20 Et pas loin de chez moi, il y avait des piquets comme ça avec des fils.
02:23 Et j'ai noté qu'ils faisaient ça. C'est-à-dire que tout est poussé.
02:27 Et puis dans un autre sens. Et ça donne des volutes magnifiques.
02:30 Bon là, je l'ai raté. Pour le voyage de la route, ça, ça suffit.
02:34 Une ligne de sol, quelques verticales. Et ces deux silhouettes, alors là, je les ai fait en assez gros,
02:39 mais elles peuvent être minuscules. Minuscules. Et pourtant, on voit qu'elles.
02:44 [SILENCE]