• il y a 9 mois
Le manager général de la formation, Stéphane Heulot, au micro de Cyclism'Actu pour L'Entretien et ce, avant le rendez-vous du Tour des Flandres. Un rendez-vous important pour son équipe belge la Lotto-Dstny. Le plus Flamand des Français évoque aussi le cas Arnaud De Lie qui pourrait avoir trouvé la cause de son début de saison compliqué, qui l'a notamment conduit à prendre une pause à durée indéterminée et à faire l'impasse sur les trois premiers Monuments de l'année, Milan-San Remo, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Victime d'une chute sur Le Samyn fin février et à la recherche de sa meilleure forme les semaines suivantes, le coureur de la Lotto Dsnty serait (vraisemblablement) atteint de la maladie de Lyme, une infection bactérienne souvent transmise par des piqûres de tiques. C'est ce qu'a révélé son équipe dans un communiqué publié jeudi matin suite à de récents examens. L'Entretien avec Stéphane Heulot et au micro de Cyclism'Actu.

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Transcription
00:00 Bonjour Stéphane Allo, comment va Arnaud Delis ?
00:06 Est-ce que vous pouvez nous rassurer sur son état de santé ?
00:09 On a appris hier, comme tout le monde, qu'il était atteint de la maladie de Lyme.
00:12 Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?
00:15 Oui, il faut le rater, on va relativiser la gravité.
00:17 Effectivement, ça fait partie d'un des diagnostics qui a été révélé
00:21 par rapport aux diverses analyses qu'on a pu faire, parce qu'effectivement,
00:26 l'état de santé de Arnaud n'était pas conforme à ce qu'on peut attendre
00:30 et ce qu'on peut imaginer.
00:31 Donc, on se doutait bien qu'il y avait quelque chose derrière tout cela.
00:33 Est-ce que c'est que ça ? Je ne pense pas.
00:35 Il y a les chutes qui ont quand même contribué en grande partie
00:38 à son mauvais début de saison.
00:41 Il y a eu des choses positives, mais on avait le sentiment
00:44 de mettre des pansements à chaque fois et que cela ne tenait pas.
00:47 Donc, le stade où il est au niveau de la maladie,
00:54 c'est vraiment le stade primaire.
00:56 C'est un traitement antibiotique qui va durer une dizaine de jours,
01:00 mais il va très bien.
01:01 Je pense que c'était un soulagement aussi pour lui qu'on prenne cette décision.
01:05 Ça a été une concertation entre toutes les parties.
01:10 On sait que pour briller ou pour performer sur des courses comme le Ronde,
01:15 comme Roubaix, notamment, par rapport aux échéances qui étaient les siennes,
01:20 il faut être à plus de 100%.
01:23 Et dans l'état où il était, ça ne servait strictement à rien
01:26 de poursuivre bêtement dans une direction.
01:31 Il fallait mieux se concentrer sur sa réparation et sa convalescence
01:36 de manière à faire un petit reset aussi mental,
01:38 parce que ce sont aussi des déceptions qui se sont accumulées.
01:42 Je crois qu'on a pris la meilleure décision possible.
01:45 On doit d'abord penser à la santé des coran.
01:47 Lui, j'imagine, quand il l'a appris, est-ce qu'il s'est senti presque rassuré
01:52 au final de savoir la raison qui expliquait son début de saison un peu compliqué ?
01:57 Comment il a vécu la chose ?
01:59 Disons que ça fait partie...
02:00 Oui, on met un mot sur quelque chose,
02:04 mais encore une fois, je relativise la gravité du stade dans lequel il est avancé.
02:10 La mathélime est très difficile à évaluer à la fois en termes d'antécédents.
02:16 On peut être positif toute une vie.
02:17 On sait qu'Arnaud vit proche de la nature avec les bêtes,
02:21 donc c'est une piqûre de tiques qui est donc la résultante de cette maladie.
02:27 Mais il est possible aussi qu'il ait eu...
02:29 Avant, on a investigué vraiment à fond toutes les possibilités,
02:33 que ce soit la myonucléose, que ce soit effectivement cela,
02:35 ou tout autre paramètre sanguin.
02:38 Ça, ça s'est avéré positif, mais si je me réfère aux paroles des spécialistes,
02:44 c'est vraiment quelque chose qui est très difficile à identifier
02:49 comme quelque chose de récent ou pas.
02:56 Pour ce qui concerne Arnaud, je pense qu'effectivement,
02:58 il y a eu une accumulation de faits qui font qu'il est là.
03:07 Il est tombé aux samins, il marchait très bien en homelope.
03:10 Aux samins, il tombe.
03:12 Ça a été un coup d'arrêt pendant quelques jours.
03:14 On n'était pas sûr qu'il prenne le départ de Paris-Nice.
03:16 Il a insisté pour y aller parce qu'il se sentait mieux le vendredi,
03:19 alors que le jeudi soir, on avait tiré un trait sur sa participation.
03:24 On sait ce qui s'est passé à Paris-Nice.
03:26 Le mardi soir, j'ai pris la décision de le ramener chez lui le mercredi matin
03:31 et déjà de faire un pit stop.
03:34 Suite à cela, il a repris sur Denain.
03:38 Malheureusement, il est retombé le lendemain à Bredonneur.
03:41 Ça faisait beaucoup quand même.
03:42 Après, ça a été encore un bloc d'arrêt.
03:46 Donc, pas compétitif à E3, pas compétitif à Grand Réveil Game,
03:50 avec encore une chute.
03:52 Donc, je pense que là, on avait atteint les limites.
03:56 C'est peut-être encore un peu tôt, mais si on doit se projeter un peu,
03:59 quand est-ce qu'on peut envisager Arnaud Delis de retour sur un vélo
04:02 et en compétition ?
04:03 Est-ce qu'il a déjà un programme un petit peu en tête, des choses qu'il a envie ?
04:07 On avance un peu au jour le jour.
04:09 Je pense qu'on peut imaginer.
04:11 L'important, c'est qu'il puisse revenir en pleine possession de ses moyens.
04:16 On va dire un mois, je pense, autour de la fameuse classique.
04:20 Je pense que ça pourrait être un beau symbole pour lui aussi.
04:23 Mais ça dépendra évidemment de l'évolution de la condition,
04:27 de la forme au fil des jours.
04:30 Si on voit plus au global, pour la formation, l'autodestinie,
04:33 vous avez quand même eu un début de saison très intéressant
04:36 avec de belles victoires, des victoires de la jeunesse également.
04:39 Vous avez aussi, sur le plan des classiques, pas mal de chutes.
04:42 Vous avez été touché mercredi par la chute sur un travers les flancs
04:44 avec Brent Vandenmoor et Cédric Bollens,
04:47 qui s'ajoutent aussi au reflet de Florian Vermeersch.
04:50 Comment on aborde cette période importante pour une équipe belge
04:53 avec évidemment le tour des flancs qui arrive et Paris-Roubaix,
04:56 avec une grande partie de son équipe qui est sur le flanc
05:00 et qui a autant de belles espérances ?
05:03 Évidemment, on est dans un phénomène de résilience.
05:06 C'est ça le vélo.
05:08 C'est des moments fastes.
05:10 On en a connus là.
05:11 Là, on connaît un moment plus compliqué.
05:14 On travaille cette résilience, on travaille ce moment difficile à passer.
05:19 On sait qu'on va souffrir probablement jusqu'à Roubaix,
05:24 qui était pour nous des points forts.
05:27 Maintenant, on ne peut pas contrecarrer les aléas du sport cycliste,
05:33 que sont les chutes, comme dit souvent le vélo,
05:36 c'est un sport d'équilibre.
05:37 Quand on perd, on tombe et quand on tombe, on se blesse.
05:39 Effectivement, on n'a pas été épargnés,
05:41 mais je pense qu'on n'est pas les seuls dans ce cas-là.
05:42 Il y a beaucoup de formations aujourd'hui
05:43 qui sont touchées par ces nombreux chutes et ces conséquences.
05:46 Nous, c'est une déception.
05:51 C'est une ouverture sur d'autres stratégies aussi,
05:53 plus offensives forcément,
05:57 moins axées sur un ou deux leaders,
06:00 comme on pouvait avoir avec Florian et Arnaud.
06:03 Mais c'est ainsi.
06:05 On fait preuve d'humilité, de travail, de courage
06:10 et de manière à rebondir, j'espère, très vite sur les classiques Walloon.
06:15 En tant que manager français d'une équipe belge,
06:18 vous avez forcément un point de vue privilégié sur ce qui se passe en Belgique,
06:21 l'opinion, le point de vue belge.
06:24 Comment on a vécu là-bas la chute, l'abandon
06:28 et le drame un peu autour de Wout van Aert,
06:31 même si beaucoup de leaders ont été touchés,
06:33 mais c'est l'image de Wout van Aert qui a été retenue.
06:37 Comment on a vécu ça là-bas ?
06:39 Est-ce que ça a été un drame national ?
06:41 C'est un peu ça, on va dire.
06:44 Oui, c'est dommage.
06:47 C'est dommage pour l'intérêt du sport.
06:49 Je pense que beaucoup de supporters attendaient ce duel Van Aert-Vanderpool.
06:55 Il n'aura pas lieu sur ces classiques-là.
06:58 Mais c'est vrai que le cyclisme et les commentaires
07:03 qui tournent autour du cyclisme en Belgique
07:05 sont particulièrement engagés et enflammés, même parfois.
07:11 C'est quelque chose de très différent pour moi
07:13 par rapport à ce que j'ai connu en France.
07:16 C'est la Belgique, c'est l'enthousiasme aussi autour du cyclisme.
07:22 C'est un phénomène social complètement intégré dans le quotidien de beaucoup de gens.
07:28 Il faut vivre avec, mais c'est vrai que ça fait couler beaucoup d'encre aujourd'hui.
07:34 On l'avait dit, on a l'impression que cette chute,
07:37 même s'il y a d'autres abandons avant,
07:39 qui font que ce qui va se passer sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix,
07:45 c'est que le scénario est déjà un peu écrit
07:48 et que la fête est un peu "gâchée" par ce qui s'est passé.
07:52 On entend que rien ne peut empêcher Mathieu Vanderpool et la lutine de casting de s'opposer.
07:56 Comment vous envisagez ces deux semaines d'un point de vue "spectateur" ?
08:01 Ce que Mathieu a gagné d'avance,
08:06 évidemment, si on remet beaucoup de choses en perspective,
08:11 on pourrait imaginer qu'il a un tapis rouge devant lui.
08:15 Sauf qu'aujourd'hui, il va se retrouver avec un leadership presque incontesté,
08:23 un support de la course à avoir et qu'il n'avait pas forcément pour le passé,
08:31 parce qu'on avait des équipes qui œuvraient beaucoup.
08:35 On l'a vu agganverver le game avec la stratégie des Little Craig,
08:38 qui a quand même mis à mal, même s'il disait lui-même qu'il n'était pas totalement récupéré 2-3.
08:45 Moi, je reste dans un esprit combatif.
08:50 Je pense que les autres aussi, à savoir que tant que la ligne n'est pas passée,
08:54 on ne peut pas désigner un vainqueur.
08:56 Effectivement, il a de grandes chances.
09:00 C'est un de grands favoris, mais on sait que Pedersen est tombé aussi,
09:03 donc en quel état va-t-il être ?
09:05 Mais il y a d'autres prétendants, je pense.
09:07 Et si les stratégies s'ouvrent, ça peut lui rendre la vie un peu plus compliquée.
09:12 La fête sera quand même belle dimanche et dimanche à Paris-Roubaix dans deux semaines.
09:17 Il y aura toujours un intérêt à suivre ces deux courses pour vous ?
09:22 Oui, parce que l'intérêt va changer forcément, parce que les stratégies vont évoluer.
09:28 Forcément, obligatoirement.
09:30 Comme je le disais, il y a beaucoup d'équipes qui sont diminuées.
09:36 Il y a plein d'individualités peut-être plus isolées, vont l'être un peu moins maintenant,
09:42 du fait que justement Mathieu peut l'être aussi.
09:45 Certes, il a Philippe Seine autour de lui, mais c'est quand même plus manœuvrable
09:50 que quand on a deux ou trois équipes avec des leaders incontestés ou incontestables,
09:54 comme l'étaient l'année dernière, Bogacar, Van Aert et Mathieu Van Der Poel.
10:00 Non, moi je suis le sport. Le Ronde ou le Roubaix, ce n'est jamais une course monotone.
10:07 Il y aura forcément des choses qui vont nous faire, pas oublier, mais qui vont passer
10:13 le cap de cette déception, de ce duel qui n'aura pas lieu, tant mieux pour nous peut-être.
10:20 D'un point de vue un peu plus large, pour conclure, on a vu des raids en solitaire incroyables
10:25 depuis le début de saison avec Bogacar, avec Wijnaldum, avec Mathieu Van Der Poel.
10:29 Comment ça se banalise, ce genre d'exploit ? Quel est votre regard sur ce genre de scénario
10:35 qui avant était quelque chose de presque improbable ?
10:39 Oui, ça a commencé, je pense, sur la Stradé avec Bogacar, où là, on est sur une autre dimension.
10:49 À la Stradé, on avait quand même deux bons coureurs avec Maxime Van Gielsen et Leonard Van Eetvelt.
10:55 Ils perdent sans doute sa deuxième place et Leonard probablement une place dans le top 5
11:01 par des efforts consentis, parce qu'ils y ont toujours cru.
11:04 Je trouve ça bien d'avoir ce courage de ne pas baisser les bras, parce qu'on avait le sentiment
11:09 derrière que le groupe qui restait était plus ou moins résigné.
11:13 Ce qu'on a encore vu en Catalogne, ce qu'on a vu à Tireno, ce qu'on a vu au Grand Camino,
11:19 effectivement, on n'est plus dans une logique de jouer le podium.
11:22 J'espère que les écarts vont s'estomper.
11:26 Maintenant, on sait qu'on a affaire à des vrais talents, c'est des exceptions.
11:34 Mais je pense que pour l'intérêt du vélo, il faut que ça se nivelle un petit peu,
11:38 parce que là, c'est difficile de jouer.
11:41 Je pense que c'est sur ces paroles qu'on va se quitter.
11:44 Stéphane Lolo, merci beaucoup de nous avoir accordé ce court entretien
11:47 avant le Tour des Flandres dimanche, une période fast pour le cycliste,
11:51 mais pour les équipes belges, évidemment.
11:53 On vous retrouvera sur la course, j'imagine.
11:56 Merci beaucoup et profitez bien de cette période-là.
12:00 Merci beaucoup, bonne journée.
12:01 Merci, au revoir.
12:02 au revoir.
12:03 [Musique]

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