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La lutte contre le harcèlement à l'école s'améliore notamment au collège, selon le témoignage de Layla Ben Chikh, membre de l'exécutif national du principal syndicat des personnels de direction de l'Education Nationale.

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Transcription
00:00 - Il est pile 8h moins le quart, quels dispositifs sont mis en place par l'Education nationale
00:04 contre les situations de harcèlement et de violence à l'école ?
00:07 On vous pose la question après la mise à pied d'un enseignant du territoire de Belfort
00:11 pour harcèlement sur mineurs.
00:12 Ces mêmes dispositifs de lutte sont-ils efficaces ?
00:15 Venez témoigner en coupe aux heures le 03-80-82-82-82.
00:19 On en parle avec l'invité d'ici matin, Alexandre Leperre.
00:23 - Bonjour Leïla Benchik.
00:24 - Bonjour.
00:26 - Vous êtes personnel de direction et membre du principal syndicat des chefs d'établissement, le SNPDEN UNSA.
00:32 Nous allons détailler avec vous dans quelques instants les dispositifs de lutte.
00:35 Mais pensez-vous d'abord, question globale, que l'Education nationale protège suffisamment les élèves contre les faits de harcèlement ?
00:42 - Alors suffisamment, je ne sais pas, en tout cas depuis 2019,
00:48 depuis la ligne portée par le précédent ministre, M. Blanquer,
00:55 il a été mis en place un programme systématique qui aujourd'hui s'intitule le programme Phare.
01:02 C'est un programme d'envergure qui se décline à l'échelle nationale
01:06 pour lutter contre tous les phénomènes d'intimidation et de harcèlement en milieu scolaire.
01:13 - Ce dispositif est-il assez concret, Leïla Benchik ?
01:17 - Alors, comment d'abord se met-il en place ?
01:19 Oui, il est concret.
01:21 D'abord, il s'inscrit sur un temps très long puisqu'il s'appuie évidemment sur des équipes ressources
01:28 qui sont bien identifiées maintenant dans chaque établissement,
01:32 des professeurs, des personnels de vie scolaire, des assistants d'éducation,
01:37 des assistantes sociales, des infirmières scolaires lorsqu'il y en a,
01:40 et qui nécessitent une formation.
01:42 Donc les personnels ont dû être formés, donc ça s'inscrit sur un temps très long.
01:47 Et puis cette équipe ressource, elle met en oeuvre un protocole
01:53 qui doit être connu par l'ensemble de la communauté éducative
01:56 et qui doit être également présenté aux parents d'élèves, aux élèves,
02:01 pour mettre en place ce qu'on appelle une démarche non blamante.
02:06 C'est-à-dire que ce programme phare ne s'appuie pas sur un dispositif de sanction disciplinaire
02:15 puisqu'on met en place, on associe les élèves,
02:19 on associe ce qu'on appelle dans notre jargon l'intimidateur présumé
02:24 ou les intimidateurs présumés,
02:26 on les associe à la résolution du problème d'intimidation.
02:30 Donc il n'y a pas de sanction, on essaye plus d'accompagner,
02:33 mais est-ce qu'il y a des résultats concrets avec ce dispositif
02:35 qui peut aider les élèves victimes de harcèlement,
02:37 chez nous notamment, dans le Nord-Franche-Comté ?
02:40 Alors, le ministère, à la rentrée 2023 et à l'occasion de la journée nationale
02:46 de lutte contre le harcèlement scolaire,
02:49 a proposé ce qu'on appelle des grilles d'auto-évaluation
02:54 qui servaient un peu d'indicateur.
02:57 Ça a été l'occasion de mettre en place un baromètre du harcèlement
03:01 pour venir un peu compléter tous les dispositifs d'enquête
03:05 autour de ce qu'on appelle la notion de climat scolaire
03:08 qui est d'ailleurs un enjeu majeur pour placer les élèves
03:12 dans un contexte de sécurité et favoriser ainsi leur apprentissage.
03:17 Aujourd'hui, la direction de l'évaluation a mis en exergue les premiers résultats.
03:24 Évidemment, c'est sur un échantillonnage d'établissements et d'élèves.
03:29 Pour parler du collège, par exemple, aujourd'hui,
03:32 on a à peu près 6-7% d'élèves qui se sont réellement déclarés harcelés.
03:39 Donc, on a globalement dans cet échantillonnage
03:42 88% d'élèves qui ont été identifiés sans facteur de risque,
03:48 sans facteur d'inquiétude.
03:50 Vous vous en convenez quand même que ce chiffre, je vous interromps,
03:52 Laila Benchik, ce chiffre n'est peut-être pas représentatif.
03:54 Si tu as 6 à 7% seulement, ce n'est pas beaucoup.
03:57 Des affaires, malheureusement, éclatent toujours.
03:59 On l'entend ce matin sur France Bleu, Belfort-Montbéliard,
04:02 avec un enseignant mis en examen pour proposition sexuelle
04:04 à une élève de 3ème dans la commune de Delle.
04:07 Alors, je tiens à dire d'abord que le programme FAR
04:09 ne prend absolument pas en charge les problématiques de harcèlement
04:13 concernant les personnels.
04:16 Le programme FAR est un programme de lutte
04:18 contre les intimidations faites entre pairs.
04:22 Donc, il ne peut pas tout régler, ce dispositif ?
04:24 Il règle en tout cas beaucoup de choses.
04:27 C'est un outil qui permet d'améliorer le climat scolaire.
04:31 Et puis, il faut aussi s'entendre sur la définition du harcèlement.
04:34 Aujourd'hui, on vit un petit peu, et on subit,
04:36 dans les établissements scolaires, une hypermédiatisation
04:40 autour de la question du harcèlement.
04:42 Et il est vrai que, malheureusement,
04:45 des événements tragiques sont survenus.
04:48 Ils nous ont tous affectés.
04:50 Et cette hypermédiatisation est nécessaire aussi ?
04:53 Elle est nécessaire, mais il faut raison garder.
04:56 Parce que pour certains parents d'élèves,
04:58 tout est harcèlement.
05:00 Alors que quand on fait preuve de discernement,
05:02 et quand on se penche plus particulièrement
05:04 sur les problématiques,
05:06 tout n'est pas harcèlement.
05:08 On confond souvent les problématiques
05:10 de gestion de vie scolaire,
05:12 l'interaction, la relation entre les élèves,
05:15 les conflits du quotidien,
05:17 les micro-conflits, ce qu'on appelle
05:19 les micro-conflits de vie scolaire,
05:21 avec du harcèlement.
05:22 Tout n'est pas harcèlement.
05:23 D'abord, arrêtons-nous sur la définition.
05:25 Est-ce que le harcèlement,
05:27 c'est une définition qui est bien identifiée
05:29 d'ailleurs dans le Code pénal,
05:31 et dans le cas du programme Phare,
05:34 le harcèlement d'abord s'inscrit toujours
05:36 dans une problématique complexe,
05:38 et d'un groupe d'élèves.
05:39 Il n'y a jamais une victime
05:41 et un élève harceleur.
05:43 C'est souvent un groupe d'élèves.
05:45 Donc au sein d'un groupe d'élèves,
05:47 le harcèlement c'est d'abord, un,
05:49 une violence répétitive,
05:51 qui peut être physique, qui peut être verbale,
05:53 morale, psychologique,
05:55 et qui est perpétrée sur la durée.
05:57 Et j'insiste sur le fait
05:59 que ce n'est pas un seul auteur.
06:01 On a, nous, dans l'expérience,
06:03 souvent identifié plusieurs auteurs.
06:05 C'est ce qu'on appelle l'effet de meute,
06:07 l'effet de bande, qui amplifie
06:09 le phénomène de harcèlement.
06:10 - Sur ce dispositif, Ela Benchik, aussi,
06:12 vous avez parlé des parents, vous avez dit que les parents
06:14 globalement peuvent dénoncer
06:16 des faits de harcèlement, mais vous n'avez quand même pas
06:18 l'impression que des parents sont encore abandonnés
06:20 aujourd'hui dans ces histoires de violence
06:22 et de harcèlement, malgré cette plateforme ?
06:24 - Vous savez, je pense que, alors, ce n'est pas
06:26 une plateforme, c'est un outil, et concrètement,
06:28 on a des ressources maintenant, des équipes
06:30 ressources dans chaque établissement.
06:32 Aujourd'hui, les écoles primaires,
06:34 les collèges et les lycées sont
06:36 formés à la méthode de la préoccupation
06:38 non blamante. Simplement,
06:40 il faut aussi prendre le temps,
06:42 et ça nécessite du temps, mettre en place
06:44 une culture de la vigilance, une culture
06:46 de l'alerte. Lorsqu'un
06:48 chef d'établissement ou un membre
06:50 de l'équipe éducative est alerté,
06:52 quelle que soit
06:54 la personne qui alerte,
06:56 ça peut être d'ailleurs des élèves, et je parlerai
06:58 peut-être tout à l'heure des ambassadeurs,
07:00 puisqu'on s'appuie beaucoup sur
07:02 les élèves ambassadeurs,
07:04 qui sont aussi des relais pour nous,
07:06 les chefs d'établissement, et qui viennent nous alerter
07:08 sur des phénomènes supposés
07:10 de harcèlement. - Rapidement, en un mot,
07:12 Leïla Benchik, il y a aussi... - On déclenche systématiquement
07:14 le programme PHAR, il est déclenché.
07:16 - Il y a aussi le cas des professeurs, rapidement, en un mot,
07:18 le temps nous est compté, Leïla Benchik,
07:20 il y a aussi des professeurs parfois menacés par des élèves,
07:22 notamment dans le territoire de Belfort, avec des menaces
07:24 de mort, selon certains témoignages. Est-ce que là aussi,
07:26 on avance pour mieux protéger
07:28 les enseignants dans ces situations ?
07:30 - Alors, s'agissant des menaces
07:32 de mort,
07:34 qui touchent les personnels
07:36 de l'éducation nationale, ça relève d'un
07:38 tout autre dispositif, je pense
07:40 que là, évidemment, tout est
07:42 mis en oeuvre. D'abord, le chef d'établissement
07:44 alerte sa hiérarchie,
07:46 il alerte également
07:48 le procureur de la République
07:50 dans de pareilles
07:52 circonstances, mais ça relève
07:54 d'une autre procédure, et c'est
07:56 la justice et la police, ainsi
07:58 que la direction
08:00 des ressources humaines, qui prend en charge
08:02 avec les rectorats
08:04 les situations qui sont des
08:06 situations évidemment, éminemment, sensibles.
08:08 - On a en tout cas compris avec vous ce matin, Leïla Benchik,
08:10 l'évolution des dispositifs de lutte contre les faits
08:12 de harcèlement à l'école, notamment au service des élèves.
08:14 Vous étiez l'invité de la rédaction d'ici matin,
08:16 merci beaucoup de nous avoir répondu, je le rappelle.
08:18 - Merci. - Vous êtes personnelle de direction
08:20 et membre du principal syndicat des chefs d'établissement.
08:22 Merci beaucoup, bonne journée. - Merci.
08:24 - Au revoir. - Et retrouvez cet entretien sur l'application
08:26 Ici par France Bleu et France Trouble.

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