• il y a 8 mois
À quel point “Heat”, “La casa de papel”, “Ocean’s Eleven” ou encore “Point Break” sont-ils réalistes ? Dans ce nouvel épisode de Science vs Fiction, l’ancien braqueur et cinéaste belge, François Troukens, analyse des films et séries cultes de braquage.

Quel est le casse parfait ? Comment attaque-t-on un fourgon blindé ? Comment sont formées les équipes de braqueurs ? Dans cette vidéo, l’ex-voyou répond à toutes ces questions. L’occasion aussi d’aborder son passé hors norme, de la prison à la cavale en passant par son entrée dans le grand banditisme.
Transcription
00:00 Le système de sécurité est exactement le même que pour un silo de missiles nucléaires.
00:04 Il va y avoir des mecs qui font de la 3D pour expliquer comment ils ont braqué.
00:07 Ça, j'ai jamais vu.
00:10 On imagine une équipe avec des gars qui ont 12 bacs plus 10 dans leur domaine.
00:13 Là, c'est ce que j'appelle le fantasme, celui du braquage.
00:16 Bonjour, je m'appelle François Trouquet.
00:17 Je suis Belge.
00:19 J'étais un ancien braqueur et j'ai changé ma vie après 10 ans de prison,
00:22 8 ans de cavale et j'ai fait un film qui s'appelle "Tueur".
00:27 16 minutes et 15 secondes.
00:32 C'est tout ce qu'on a.
00:33 À l'instant où vous toucherez cette porte, la chambre forte commencera à se remplir d'eau.
00:37 Plonger avec des lingots d'or, il faut y aller.
00:43 Je vais arrêter tout de suite.
00:45 C'est vraiment la série que je déteste le plus parce qu'en termes de scénario,
00:50 les mecs, creusez-vous un peu les ménages, renseignez-vous, lisez des bouquins de braquage, etc.
00:54 0,5%.
00:57 Déjà, il faudrait une quantité d'eau pour pouvoir remplir rapidement.
01:00 C'est-à-dire qu'il faudrait une conduite énorme.
01:01 C'est comme un barrage qui s'aide, quoi.
01:03 Que ce soit efficace, je ne crois pas.
01:04 Il y a des gaz, ça oui.
01:06 Des gaz qui permettent de vous entombrir, qui vous aveuglent.
01:09 Et puis des gaz occultants, ça oui.
01:11 Ça, ça arrive souvent, des fumigènes et du bruit.
01:13 Il est fondamental que la police ne se doute absolument pas de ce qu'on prépare.
01:17 Là aussi, on a une espèce de professeur qui va vous expliquer comment faire le casse-parfait.
01:21 Voilà, ça, ça n'existe pas.
01:22 Le scénariste, il se dit "Alors, comment je vais faire maintenant ?
01:24 Ils sont bloqués dans la banque, comment on va les sortir ?
01:26 Ah ben, ils vont partir avec un camion avec des fûts."
01:28 L'argent qu'ils prennent, ils vous disent qu'ils ont pris,
01:30 je ne sais plus combien, un million ou un milliard.
01:32 Et on ne met jamais autant d'argent, enfin, ce n'est pas possible.
01:33 Ce n'est pas crédible en soi, en sachant que 100 millions d'euros,
01:37 ça représente au minimum 150 kilos, quoi.
01:40 Trois types, c'est tout ?
01:41 Plus deux sur le toit, à une par chacun.
01:43 Cinq, ça fait déjà trop.
01:45 Six, t'oublies celui qui a monté secours.
01:47 En termes de réalisme, je mettrais 25-30 %.
01:59 Déjà, mais ça, c'est souvent dans beaucoup de films,
02:02 les gars arrivent et mettent un coup de rafale.
02:04 Quel intérêt ?
02:04 Alors, les armes sont nécessaires.
02:05 J'assume ça un petit peu à du théâtre.
02:07 C'est une mise en scène qui fait qu'à un moment donné,
02:09 vous arrivez à un endroit et vous devez frapper très vite et très fort
02:11 et que les gens se disent "Ok, je suis échec et mathe".
02:14 C'est un jeu d'échec, en fait.
02:15 Il est où le type de l'alarme ?
02:16 Le boss m'a dit de le liquider une fois son boulot fini.
02:18 Une part en moins, pas vrai ?
02:19 Les gars qui travaillent entre eux, qui ne se connaissent pas,
02:22 c'est du cinéma.
02:23 On ne va jamais prendre le risque de risquer sa vie, déjà,
02:25 avec des gens dont on n'est pas sûr.
02:27 On appelle ça des équipes à tiroirs.
02:29 Si on a une personne qui vient de l'extérieur,
02:31 elle est recommandée par, en tout cas, une personne de l'équipe.
02:34 Et où est passé le reste de la bande ?
02:38 Les braqueurs entre eux ne se braquent pas.
02:40 J'ai même vu des gens qui laissaient leur part.
02:42 C'est-à-dire qu'on fait un braquage, on laisse l'argent à un seul endroit
02:45 et on le va récupérer plus tard.
02:46 Donc il y en a un qui garde la part de l'autre et qui va le cacher, etc.
02:49 Donc il y a une confiance totale.
02:51 Dans le temps, les criminels de cette ville avaient une certaine éthique.
02:54 Honneur, respect.
02:57 Quel est le passeport dans le grand banditisme ?
02:58 C'est l'honneur.
02:59 Si vous trahissez, si vous donnez votre parole d'aller chercher quelqu'un en prison
03:02 et que vous ne le faites pas, ça se sait.
03:03 Et donc, automatiquement, vous perdez la crédibilité que vous pouvez avoir.
03:06 Si vous faites des années de prison, c'est pareil.
03:07 Vous avez le respect des autres parce que vous n'avez pas craqué,
03:10 vous n'avez pas balancé les autres, vous êtes seul à tomber.
03:12 C'est un petit milieu le grand banditisme.
03:13 Ça n'a rien à voir avec le reste de la criminalité,
03:15 ça n'a rien à voir avec le trafiquant de drogue, etc.
03:16 C'est presque une religion.
03:18 Il y a des codes.
03:19 Je dis toujours que c'est un peu le GIGN dans la police.
03:21 Ce sont des gens qui ont une hygiène de vie, qui ne fument pas,
03:23 qui ne se droguaient pas, fument un joint.
03:24 C'était un tox.
03:26 Tu me vois prendre mon pied et attaquer des vieilles dames
03:29 avec nos futures tatouées sur la poitrine ?
03:31 Non, sûrement pas.
03:33 Je vous connais par cœur, même les répliques presque.
03:35 Là tôt ou loin, je n'y replongerai pas.
03:37 Alors raccroche une fois pour toutes.
03:42 Je fais ce que je sais faire.
03:44 Je monte des coups.
03:46 Tu fais ce que tu sais faire,
03:47 t'essaies d'arrêter les mecs comme moi.
03:48 Le flic sait qu'il n'y a que lui qui peut comprendre sa vie.
03:51 Parce qu'ils sont d'égal à égal,
03:52 c'est-à-dire qu'ils ont la même vie,
03:53 avec une étiquette différente.
03:54 Tu es le chasseur, je suis le chassé.
03:56 On se respecte.
03:56 Jamais je ne te laisserai me barrer la route.
03:58 On s'est vus face à face, c'est vrai.
04:01 Mais ne crois pas que j'hésiterai.
04:07 Pas l'ombre d'une seconde.
04:08 J'irai 100% puisque moi je l'ai vécu ça.
04:11 On peut avoir des rapports d'homme à homme,
04:14 des flics avec des voyous.
04:15 Moi j'ai connu l'époque où on pouvait aller bouffer
04:17 avec un flic qui vous avait arrêté,
04:19 et on donnait sa parole,
04:20 et on allait manger,
04:21 ils nous enlevaient les manottes.
04:21 Et si je donne ma parole,
04:22 forcément je ne peux pas partir.
04:23 Et si je ne la donne pas,
04:24 je lui dis aussi,
04:25 si tu es face à moi, je te tirerai dessus.
04:27 Aujourd'hui ça n'existe plus
04:27 parce que la procédure ne le permet pas,
04:29 mais c'était possible.
04:30 Dans les années 80, c'était possible.
04:31 On a moins de flics qui peuvent agir comme des voyous.
04:34 On a des flics qui travaillent plus derrière leur bureau,
04:35 et qui vont faire des écoutes,
04:37 qui vont faire du travail,
04:38 d'investigation à distance,
04:40 mais moins en contact.
04:41 J'ai une femme.
04:42 Et on se voit en coup de ventre.
04:43 Notre mariage a du plan dans l'aile.
04:45 Mon troisième.
04:46 Parce que je dois passer tout mon temps
04:50 à poursuivre des types comme toi dans tout le pays.
04:52 Là voilà ma vie.
04:53 Moi j'ai discuté avec des flics
04:54 qui ont voulu t'arrêter.
04:55 Les femmes disaient qu'ils étaient en dépression
04:57 parce qu'en fait ils avaient l'impression
04:58 que leur vie avait perdu du sel.
05:01 Après ils s'emmerdent quand ils ont une enquête
05:02 qui est banale,
05:03 ou ils doivent chercher un braqueur d'épicier
05:06 ou un meurtrier.
05:07 C'est moins sympa qu'un raid-one failli par exemple,
05:08 qui s'évade, qui met la nique à tout le monde,
05:10 mais qui ne met pas un coup de feu.
05:11 Il y a une fascination.
05:16 Moi j'ai signé des autographes à des flics.
05:17 D'ailleurs quand je fais une dédicace à des flics,
05:19 souvent je remets la différence entre un flic et un voyou.
05:21 Un flic c'est un voyou qui a mal tourné.
05:23 C'est la même énergie,
05:24 à part qu'ils sont du bon côté.
05:25 C'est l'aventure en fait, on aime l'aventure.
05:27 T'es quoi toi, un moine ?
05:29 J'ai une femme.
05:30 Et qu'est-ce que tu lui dis ?
05:32 Que je suis représentant de commerce.
05:36 La double vie, oui.
05:38 Après il faut une femme qui ne connaisse pas forcément,
05:41 vous la protégez.
05:42 Elle sait pas ce que vous allez commettre,
05:43 mais elle sait que vous commettez des faits.
05:44 Les femmes, pour les braqueurs,
05:46 c'est aussi une possibilité d'abord de se fondre dans le paysage.
05:49 J'ai fait huit ans de cavale avec une femme et un enfant.
05:51 Vous êtes moins suspect en étant en famille qu'en étant seul.
05:55 Le B.A.B. c'est changer l'identité complète.
05:57 Évidemment le braqueur ne se dit pas,
05:59 "je sais que je vais finir en prison".
06:00 Il dit, "je sais que ça peut m'arriver et je l'accepte".
06:03 Et si ça m'arrive, je m'échapperai de prison.
06:05 Donc j'ai fait dix ans de prison, huit ans de cavale.
06:07 Moi j'étais souvent en isolement, comme je m'évadais.
06:09 J'étais considéré comme DPS, on dit en France,
06:12 détenu particulièrement surveillé.
06:13 On vous bouche tous les trois mois.
06:15 Donc je peux faire un guide des prisons.
06:16 J'ai fait trois, quatre prisons en France
06:18 et je crois que j'ai fait au moins quinze prisons en Belgique.
06:21 D'ailleurs je trouvais ça intéressant de pouvoir faire des échanges,
06:23 Eurasmus, prison.
06:24 Mais la prison c'est la pire chose au monde.
06:27 Et malgré tout on commence.
06:29 Vous êtes sorti de prison, vous avez envie de recommencer ?
06:31 La première fois oui.
06:32 J'ai 22 ans et je rencontre des gens du grand banditisme en fait.
06:35 Moi j'étais en Infospéciale, donc je connais les explosifs,
06:37 je connais pas mal de choses qui pouvaient les intéresser.
06:39 Et ils m'ont formé.
06:40 Donc je suis sorti avec un diplôme de braqueur en fait.
06:43 Et en sortant je me suis dit,
06:44 "ben maintenant j'ai les hommes, j'ai la technique, j'ai les cibles".
06:47 Donc je pouvais monter une équipe et vraiment braquer.
06:49 Et on a été très efficaces.
06:50 En scène les gars.
06:52 Ok c'est parti.
06:53 Allez on y va.
06:54 C'est parti.
06:54 À vous de jouer maintenant.
06:56 À nous le fric.
06:57 10 mètres.
06:59 Attention les vélos !
07:00 Mise au feu !
07:01 Merde !
07:03 Je connais une équipe qui a fait ça, ils ont plastiqué la route.
07:05 Quand le fourgon est passé, ça a blessé les convoyeurs
07:07 parce qu'en fait les fourgons sont pas bien blindés sous le plancher.
07:10 Le fourgon s'est retourné, il a été pulvérisé.
07:12 Le camion s'est arrêté juste avant.
07:13 Qu'est-ce qu'il se passe ?
07:14 J'ai excité trop tôt.
07:16 La ferme !
07:16 Stop ! Stop !
07:17 Je vois quelque chose.
07:18 Ah alors !
07:21 Jean vient de frapper un gars.
07:22 Faites de la place pour la marchandise.
07:25 Le voilà !
07:26 Hôtez-vous de l'air !
07:27 En termes d'arrêt, je vais me mettre 50%.
07:34 On peut braquer un fourgon en pleine ville comme ça,
07:36 s'arranger pour qu'il tombe dans un trou, je crois.
07:39 Mais là, le cratère fait à l'explosif, je n'y crois pas du tout.
07:42 Vous allez tuer des gens, vous allez avoir un gros cratère,
07:44 vous allez avoir un fourgon éventré,
07:45 vous allez avoir tri les billets après,
07:47 je ne sais pas trop comment vous allez...
07:48 C'est pas chirurgical en tout cas.
07:49 Ils ont mis des blindages de plus en plus puissants
07:51 et à un moment donné on peut plus les faire.
07:53 On peut plus les ouvrir autrement qu'avec des explosifs.
07:55 C'est la meilleure technique aujourd'hui pour ouvrir un fourgon.
07:58 Il y a encore quelques attaques aujourd'hui,
07:59 mais il y a moins d'argent en fait.
08:00 Un fourgon, idéalement, il faut être quatre max,
08:02 sinon ça ne vaut pas la peine de le faire.
08:03 Si vous prenez même 4 millions d'euros,
08:05 ça fait un million d'euros chacun.
08:06 Prendre autant de risques pour un million d'euros,
08:08 aujourd'hui vous faites de la cocaïne, ça va mieux.
08:10 Donc vous êtes sur le braquage de fourgon.
08:11 Pourquoi vous le braquez à tel endroit ?
08:13 Parce que stratégiquement, il est éloigné d'un commissariat,
08:16 il a un carrefour où c'est facile de le péter
08:18 et vous allez pouvoir mettre des gateurs, vous allez pouvoir vous extirper,
08:20 vous avez trois chemins de fouite et vous allez explorer les trois chemins.
08:22 Et braquer un fourgon en plein Paris, c'est possible,
08:24 mais après il faut pouvoir s'échapper.
08:25 Donc si vous avez un bon plan de repli, pourquoi pas ?
08:27 Si vous repartez en voiture, vous êtes mort.
08:28 Ils vont bloquer tout Paris, ça va être catastrophe.
08:30 Par contre, si vous avez un lieu, un immeuble en face,
08:33 vous partez dans l'immeuble, là vous avez pété les caves,
08:35 vous tombez dans les catacombes et vous vous échappez,
08:37 ressortir dans un tunnel plus loin, c'est possible.
08:40 Le système de sécurité est exactement le même
08:42 que pour un silo de missiles nucléaires.
08:44 Les ascenseurs ne pourront démarrer que s'ils identifient votre empreinte,
08:47 ce que personne ne peut falsifier.
08:49 C'est lequel ? C'est le 1, ça non ?
08:51 Quel mieux quoi ?
08:53 Et le coffre en bas, ce que personne ne peut obtenir.
08:55 Mais une fois qu'on sera dans les cages, ce sera une partie de plaisir.
08:58 C'est drôle d'avoir des mecs qui font de la 3D pour expliquer qu'ils m'ont braqué.
09:02 Ça, j'ai jamais vu.
09:04 La porte de ce chauffeur n'a plus élaboré jamais de mise au point.
09:06 Il y a des questions.
09:08 Moi je pense qu'on est à 5% de réalisme.
09:10 Là, c'est ce que j'appelle le fantasme, celui du braquage.
09:13 On imagine une équipe avec des gars qui ont tous bac +10
09:16 dans leur domaine, l'informaticien, le…
09:20 On a un mec qui explique comment on m'a braqué,
09:23 comme une espèce de chef.
09:24 Il n'y a pas un chef, il y a un groupe qui réfléchit ensemble.
09:27 Disons qu'on fasse tout ça.
09:29 Tu penses vraiment qu'on pourra sortir dans les 150 millions de dollars en liquide
09:33 sous nous sans que personne nous dégomme ?
09:36 Oui.
09:39 Pour moi le coup parfait, c'est d'avoir quelqu'un de l'intérieur qui vous renseigne.
09:42 Si vous avez un banquier qui dit "on va l'inviter,
09:45 on va peut-être tous se cagouler pour qu'il ne voit pas notre gueule",
09:47 il vient nous expliquer tout le système.
09:48 Ça on l'a, on peut l'avoir.
09:49 Par exemple, le coup rêvé, j'ai le directeur de la Banque Nationale,
09:52 la Banque de France qui vient me trouver, qui me dit
09:54 "moi je veux que vous tapiez ma banque et je veux 50%".
09:57 Il va me dire où sont les caméras, il va savoir combien d'argent il y a, etc.
10:00 Il va me donner un plan, donc je vais pouvoir travailler vraiment
10:02 de manière très sérieuse sur le projet.
10:04 Et après, à partir de là, on se réfléchit, on se dit
10:06 "combien de temps j'ai pour le faire, comment je peux doubler tout ce système"
10:08 et tous les systèmes sont faillibles.
10:10 Il suffit de mettre les moyens.
10:11 J'ai jamais vu une fille qui braquait en mini-jupe.
10:16 On peut couper.
10:26 C'est tout ce que j'étais...
10:30 Ah bah même pas 1% de réalisme.
10:35 Parce que c'est vraiment du cinéma, c'est taxi, c'est le même niveau.
10:40 Le mec est dans une voiture sans gants, sans cagoule,
10:44 même pas grimé, qui écoute de la musique,
10:46 pendant que les mecs vont braquer.
10:47 Il risque de mettre toute l'équipe en danger,
10:49 parce qu'il les connaît, parce qu'il nous a vus,
10:51 parce qu'il connaît les informations,
10:52 il n'a pas l'âme du braqueur, il sait juste piloter.
10:54 Donc par contre, tes braqueurs qui se font mal à la conduite, oui.
10:57 Et nous, on avait une femme qui savait piloter,
10:59 qui pilotait mieux que les hommes d'ailleurs,
11:01 et qui avait plein de qualités, qui ne s'est jamais fait prendre d'ailleurs.
11:03 On n'a jamais été arrêté.
11:05 [Musique]
11:07 Quand vous avez une saucisse, vous balancez un bocal,
11:12 un gros bocal de cornichons,
11:14 et quand ça tombe, ça s'éparpille,
11:16 et les mecs se mangent des pneus.
11:18 Et donc ça empêche la poursuite.
11:20 Et puis sinon, deux, trois coups de feu à travers la vitre arrière,
11:23 celui qui est à l'arrière, il fait position,
11:25 et ça refroidit rapidement toute poursuite.
11:29 En fait, la course poursuite, c'est l'échec.
11:31 Quand vous faites une partie d'échec, vous allez prévoir ça.
11:33 Vous allez prévoir où se trouve le commissariat,
11:35 vous allez prévoir où se trouvent les patrouilles, etc.
11:37 Vous allez analyser les choses, vous allez mettre des guetteurs aussi.
11:39 Vous avez souvent des petites mains, ce qu'on appelle,
11:41 un mec qui est avec une radio qui vous prévient quand les flics arrivent.
11:43 [Cris de panique]
11:45 Tourne-toi ! Les mains dans le dos ! Dans le dos ! Dans le dos !
11:49 Là où je ne trouve pas très réaliste,
11:51 c'est Evald Kilmer qui rentre à visage couvert dans la banque,
11:54 même si ce n'est pas de caméra.
11:56 Je ne connais aucun braqueur qui ferait ça.
11:58 Les clés ! Les clés ! Les clés !
12:00 Il n'y a pas d'intérêt d'aller mettre un coup de poing au banquier,
12:02 on peut lui arracher sa clé.
12:04 Les gardes, c'est pareil, il leur met des coups de crosse.
12:06 C'est cinématographique, quoi. Quel intérêt ?
12:08 C'est un peu violent pour rien, en fait.
12:10 Les armes sont là, en fait, pour dissuader toute fuite
12:12 et pour dire, il n'y a pas d'échappatoire.
12:14 Vous êtes sous notre contrôle.
12:16 Mais je ne pointe pas l'arme sur eux et je ne donne pas de coup.
12:18 On ne veut pas vous faire de mal.
12:20 C'est l'argent de la banque qu'on veut, pas votre argent.
12:22 Votre argent est assuré par le gouvernement.
12:24 Vous ne perdrez pas un dollar.
12:26 Vous êtes une famille. Ne risquez pas votre vie.
12:28 N'essayez pas de jouer les héros.
12:30 Il ne faut jamais risquer les gens, il faut leur parler.
12:32 Et quand vous leur parlez, ils sont beaucoup plus coopératifs.
12:34 Et en fait, vous devenez leur allié parce que vous leur dites
12:36 "Moi, je veux juste l'argent, je ne t'en veux pas
12:38 et les flics veulent nous empêcher."
12:40 Le flic n'est plus vu comme un sauveur,
12:42 il est vu comme une entrave à sa libération.
12:44 Si vous vous sentez mal,
12:46 si vous avez un problème cardiaque,
12:48 appuyez-vous contre le mur.
12:50 Je n'ai jamais vraiment eu d'otages.
12:52 J'ai déjà eu une banquière qui avait oublié le code du coffre
12:54 et je me souviens de lui avoir dit
12:56 "Respirez, pensez à des choses positives,
12:58 je ne vais pas vous faire de mal."
13:00 Et donc on est resté pendant un long moment à essayer.
13:02 Le code, c'était toutes les petites roulettes
13:04 dans les pieds, elle a réussi à l'ouvrir.
13:06 La scène de la braqueur, je dirais
13:14 -50% de réalisme. Pourquoi ?
13:16 Parce que Val Kilmer qui rentre sans cagoule,
13:18 je n'y crois pas. Il y a une chose qui est très bien faite par contre
13:20 et je sais que beaucoup de braqueurs se sont inspirés de ça,
13:22 c'est la manière dont on remplit le sac.
13:24 Et il le retourne et il prend directement
13:26 on va dire 1 million de dollars en une fois.
13:28 Nous, en tant que braqueurs, on s'est entraîné à ça.
13:30 Ce n'est pas évident d'avoir une bonne technique,
13:32 d'entraide aussi, de balancer les sacs, de les remplir.
13:34 Parce qu'on peut perdre beaucoup de temps à remplir les sacs.
13:36 En fait, ce qui est très réaliste, c'est avancer
13:42 avec l'arme cachée légèrement sur sa veste.
13:44 En fait, les gens ne sont pas très observateurs dans la rue.
13:46 Ce qui est bien joué, justement,
13:50 mieux que le braquage en soi,
13:52 c'est que ça se fait dans le calme.
13:54 Et du coup, ça passe très bien.
13:56 Là où ça n'est pas réaliste, c'est que les filles qui arrivent au moment où ils sortent,
14:02 ils reçoivent le tuyau au moment où ils commencent le braquage.
14:04 On sait que le braquage va durer 4 minutes.
14:06 Les gars ont le temps d'arriver, de se mettre en place, s'équiper.
14:08 Ça, ce n'est pas crédible, évidemment.
14:10 Mais oui, bien sûr, c'est comme ça que ça se passe en général.
14:18 C'est la meilleure scène, pour moi,
14:20 de fusillade qu'on puisse connaître.
14:22 Chaque arme correspond au vrai son.
14:24 Au niveau réalisme,
14:28 je pense qu'elle ne durerait pas autant.
14:30 Si je dois donner une note, par exemple,
14:32 je dirais que la scène de fusillade,
14:34 elle est à 70% réaliste.
14:36 Lui, c'est Lyle,
14:38 une sorte de génie de l'informatique.
14:40 Lui, c'est dur d'oreille.
14:42 Démolition et explosifs.
14:44 À 9 ans, monsieur commençait à manipuler de la dynamite dans les toilettes de l'école.
14:46 - Wow !
14:48 Rob le tombeur, premier volant de la bande.
14:54 - Salut Charlie. - Ça fait plaisir.
14:56 - Ça roule ? - Ouais.
14:58 - Charlie, vieux frère. - Ça va ? - Content de te voir.
15:00 22%, c'est comme "Casa de Papel".
15:02 C'est de la comédie,
15:04 il n'y a rien de crédible,
15:06 pas d'équipe comme ça, avec chacun une spécialisation.
15:08 Après si, quelqu'un qui a été à la Légion étrangère
15:10 et qui a une formation sur les explosifs,
15:12 par exemple, va être plus
15:14 le spécialiste des explosifs.
15:16 Mais après, il n'y a pas le hacker.
15:18 Il y a un mec qui va peut-être
15:20 dire "Moi je suis bon pour les alarmes",
15:22 déjouer les alarmes, etc.
15:24 Mais il n'y a pas un hacker électronique.
15:26 Justement, les mecs qui sont bons à hacker, ils ne font pas de braquage.
15:28 Moi, je tirerais mon chapeau à ces gens-là,
15:30 parce qu'ils prennent pas mal de fric en deux secondes.
15:32 Il n'y a pas de violence.
15:34 Et vous niquez les banques, et moi je nique les banques, ça j'adore.
15:36 - On se fixe !
15:40 Que personne ne bouge. Allez par ici.
15:42 Allez !
15:44 Éloignez-vous des systèmes d'alarme. Dépêchons !
15:46 - Je ne peux pas, Sonny.
15:48 - Quoi ?
15:50 - Je ne peux pas, je n'y arriverai jamais à tirer.
15:52 - Je ne me souviens plus de cette scène, elle est dingue.
15:54 - Qu'est-ce qui te prend ? Vise-le, c'est simple.
15:56 - Il est calme, quoi, le patineur.
15:58 J'irais une note de 80% de réalisme pour des amateurs,
16:00 puisqu'on se rend compte que braquer,
16:02 c'est quelque chose, si on n'a pas l'habitude,
16:04 si on n'est pas préparé, si on n'est pas encadré,
16:06 on va commettre plein d'erreurs.
16:08 La première erreur, déjà, ils sont en visage découvert.
16:10 La cagoule, deux trous, pas trois trous,
16:12 parce que c'est débile, on laisse passer de l'ADN.
16:14 Ils n'ont pas de gants, ils s'appellent par leur prénom.
16:16 C'est vraiment, je pense que oui, une équipe de braquassés.
16:18 Mon premier braquage, en fait, c'était plus simple,
16:20 puisque je suis rentré volontairement dans le transport de fonds
16:22 avec l'idée de braquer le fourgon dans lequel je travaillais.
16:24 Donc j'ai vite compris que le braquage tel que celui-là
16:26 n'était pas rentable
16:28 et que ça nécessitait une équipe,
16:30 ce que je n'avais pas.
16:32 Moi, mon premier braquage, je le fais tout seul.
16:34 Je m'auto-braque dans une banque et je vide l'argent du fourgon
16:36 et je pars avec le contenu.
16:38 Je connais des gens qui s'est arrivé,
16:40 qui peuvent braquer, ou oublier de mettre une cagoule,
16:42 ou oublier de mettre leurs gants,
16:44 ou laisser des traces partout, parce que c'est des amateurs.
16:46 Désolé Johnny,
16:48 on dirait que tu ne seras pas président.
16:50 Envoyez la musique.
16:52 C'est très drôle,
16:54 ils ont mis des masques, ils sont plutôt souriants.
16:56 On ne bouge plus !
16:58 Tenez-moi par terre, par terre !
17:00 Par terre !
17:02 Non, ne faites pas ça.
17:04 Je suis de la police.
17:06 Oh mon Dieu !
17:08 Agent fédéral, ne tirez pas !
17:12 Ce n'est pas crédible d'une seconde d'aller braquer avec un flic.
17:14 Ils ne tirent pas en arrivant,
17:16 ils sont plutôt précis, etc.
17:18 Moi, je vais mettre 100% parce que j'adore le film,
17:20 c'est réalisé par une femme,
17:22 c'est un putain de film.
17:24 Le masque peut effrayer alors qu'il est souriant.
17:26 C'est une très bonne idée d'ailleurs, ça fait chier parce qu'on ne peut pas le reprendre après.
17:28 C'est comme "hit" le masque de hockey,
17:30 c'est un impact psychologique en fait.
17:32 Je ne sais même plus si c'est un flic ou un voyou.
17:34 Nous, on me tapait souvent "police" dans le dos, parce que les gens se disent "mais c'est une opération de police".
17:36 Je ne peux pas faire ça.
17:38 Mais si, ça peut te plaire, tu n'en sais rien.
17:40 Pourquoi rester le valet de la loi alors que tu peux être son maître ?
17:42 Envoyé !
17:44 Oh, j'adore ce putain de métier !
17:46 C'est des écolos, presque,
17:48 qui se disent "fuck" à cette société de merde,
17:50 et donc on braque,
17:52 on leur fait mal en fait,
17:54 et ça nous permet de vivre comme on en a envie.
17:56 On se donne une bonne conscience en disant
17:58 "on attaque les banques, ce n'est pas grave".
18:00 Et les écolos, c'est des gros égoïstes
18:02 qui attaquent des gens,
18:04 les mettent en danger, risquent la vie des gens,
18:06 et ça finit en bain de sang.
18:08 Le moment où on prend une arme et qu'on met des balles dedans,
18:14 c'est qu'on est prêt à tuer.
18:16 Moi, j'ai tiré sur un flic
18:18 lors d'une cause poursuite, donc je n'ai pas hésité à tirer.
18:20 Et j'étais dans un...
18:22 je ne savais pas que c'était un flic,
18:24 j'avais un mec qui était face à moi, qui me tirait dessus avec une arme.
18:26 J'aurais pu tuer.
18:28 C'est quelque chose de... par rapport à ma physiognomie de vie,
18:30 c'est compliqué de l'assumer.
18:32 À un braqueur, il y a un côté noble,
18:34 il y a un côté "on croit qu'on est..."
18:36 En fait, on est hyper violent.
18:38 Et à partir du moment où vous basculez,
18:40 vous devenez rentré dans la catégorie "président terroriste".
18:42 Les criminels, c'est un type violent,
18:44 et ce n'est pas glamour du tout.
18:46 Le braqueur dans Hit, par exemple,
18:48 c'est un mode de vie qui est en voie de disparition
18:50 parce qu'aujourd'hui, le trafic de drogue rapporte tellement d'argent
18:52 que le braquage est vraiment inintéressant.
18:54 Vous prenez plus de risques et vous prenez moins d'argent.
18:56 C'est un truc de calcul rapide.
18:58 Aujourd'hui, si je devais rebraquer,
19:00 je n'irais pas en dessous de 15 millions.
19:02 Cette vie est derrière moi,
19:04 mais elle m'a servi peut-être de pouvoir m'inspirer
19:06 d'un certain réalisme et de pouvoir l'apporter dans mes films.
19:08 J'ai décidé de faire des études de cinéaste,
19:10 de revenir à mes premiers amours.
19:12 J'ai fait un film qui s'appelle "Tueur".
19:14 Et là, je vais faire un film qui s'appelle "Paname"
19:16 avec Clément Godard.
19:18 C'est une flic et un voyou qui ont décidé de s'associer
19:20 pour faire le plus beau cast du monde.
19:22 ♪ ♪ ♪
19:27 [Musique]
19:29 [sonnerie de fin]

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