• il y a 9 mois
Pierre Condamine de l'ONG « Les Amis de la Terre » vient nous parler du projet de loi sur la Fast Fashion

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00:00 20h30 sur Fun Radio, un sujet dont on voulait vous parler, qui nous tient à coeur, parce
00:05 que ça nous concerne tous, c'est la fast fashion ou l'ultra fast fashion.
00:08 Alors on pinaille un peu sur les mots, mais grosso modo c'est une industrie textile qui
00:13 est énergivore, qui est surproduit, polluante, complète moralement en plus, qui n'a pas
00:22 de morale du tout, il faut le dire.
00:23 Il n'y a que des désavantages.
00:24 Mais c'est vrai, et même honnêtement au niveau de la qualité, c'est pas ça.
00:28 Il n'y a même pas ce truc de se dire "oui mais c'est de la bonne qualité", bah non,
00:31 c'est de la merde en plus.
00:32 Et on parle évidemment des marques que vous tous, peut-être vous avez déjà achetées.
00:36 Attention, on n'est pas en train de vous reprocher de vouloir vous habiller pour pas
00:40 cher, mais c'est le système qui est critiqué.
00:44 C'est les marques comme Temu, Chine, voilà, Chine c'est une catastrophe.
00:49 Et il y a une loi qui est en train d'essayer, en tout cas d'être adoptée, qui est en train
00:54 d'essayer de passer, qui concerne justement la fast fashion.
00:57 On est avec Pierre Condamine de l'ONG Les Amis de la Terre, qui évidemment peut nous
01:03 aiguiller et nous expliquer ce qui se passe en ce moment.
01:05 Salut Pierre !
01:06 Salut !
01:07 Comment ça va ?
01:08 Et bah ça va, très bien.
01:09 Est-ce qu'on a bien résumé ce que c'est que la fast fashion ou pas ?
01:12 Ouais c'est ça, c'est bien résumé.
01:15 En fait, de notre point de vue, c'est deux choses.
01:18 C'est vraiment beaucoup, beaucoup de vêtements qui sont produits.
01:20 Et donc aujourd'hui, quand on produit trop de vêtements, et bah ça a un impact sur l'environnement
01:25 puisque la majorité des impacts environnementaux, ils sont lors de la phase de production.
01:29 Quand on cultive le coton, quand on transforme les vêtements.
01:31 Et ensuite, c'est vendu à des prix très bas.
01:35 Pour vendre à des prix aussi bas, il faut exploiter les personnes à l'autre bout du
01:39 monde.
01:40 Et c'est ce qu'on disait, on ne reproche pas aux gens de vouloir s'habiller pour pas cher.
01:42 On sait très bien que les temps sont durs et que là où c'est le moins cher, ce qu'on
01:46 reproche c'est qu'il y ait un business qui soit fait autour de ça et que ceux qui s'enrichissent,
01:50 ce sont les gens qui ont mis des billes dedans, c'est les patrons de ces boîtes-là, c'est
01:55 les gens qui ont investi dans ces boîtes, c'est eux qui récupèrent l'argent.
01:58 Voilà, c'est ça qui est triste, ça n'enrichit personne en fait à part eux, on est d'accord.
02:01 Ouais, ouais, c'est ça exactement.
02:03 Même aujourd'hui, on voit beaucoup d'enseignes françaises qui sont en train de disparaître.
02:09 En fait, ces enseignes, c'est aussi le fait de la fast fashion.
02:13 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:14 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:15 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:16 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:17 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:18 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:19 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:20 Parce qu'elles sont plus concurrentielles.
02:21 Alors, est-ce qu'on doit faire la différence entre certaines marques et d'autres ? Par
02:26 exemple, est-ce que SHEIN et ZARA, c'est la même chose ? Est-ce que H&M et UNIQLO,
02:32 c'est la même chose ? Qu'est-ce que c'est en fait ? On a entendu parler de fast fashion
02:35 et d'ultra fast fashion.
02:37 L'ultra fast fashion, c'est par exemple SHEIN, c'est ça ? Qui produit 7000 pièces
02:41 par jour environ ?
02:42 Ouais, 7000 modèles en fait.
02:43 Par jour, modèles, mais pas les pièces.
02:44 Par jour, par jour.
02:45 Par jour, par jour.
02:46 C'est-à-dire que c'est le pull bleu, c'est le pull rouge, et bien il y en a 7000 nouveaux
02:48 par jour.
02:49 Par jour, ouais.
02:50 Il y a une différence.
02:51 Moi, je n'aime pas beaucoup faire cette différence parce que si on parle d'impact environnemental,
02:56 c'est la quantité de vêtements produits.
02:57 Et typiquement, H&M, ZARA, en France, ils produisent et ils en ont plus que SHEIN aujourd'hui.
03:02 Ils produisent énormément.
03:03 Pour autant, quand on parle de SHEIN, en fait, c'est vraiment tout ce qui va être incitation
03:09 à consommer, c'est-à-dire des promos vraiment hyper fortes.
03:11 Quand on va sur leur site, c'est des comptes à rebours.
03:13 Genre, ce T-shirt, il est disponible que pendant 5 minutes et après, il double de
03:16 prix.
03:17 Et c'est 7000 nouveaux modèles par jour.
03:18 Et en fait, 7000 nouveaux modèles par jour, ça veut dire quoi ?
03:20 Que les 7000 de l'année, ils sont presque démodés.
03:23 C'est vraiment incité à consommer, créer de l'envie chez les gens.
03:27 Et même quand on est… Moi, je ne suis pas du tout la cible.
03:30 Je reçois toute la journée des pubs pour tes mots.
03:32 Mais toute la journée.
03:34 Mais ils ont un budget comme… C'est colossal.
03:38 Donc, ils font savoir qu'ils ont des choses.
03:42 Et deux, il y a un autre problème.
03:44 C'est que pourquoi les moteurs de recherche ou les sites, les réseaux sociaux leur laissent
03:48 faire ça ?
03:49 Pourquoi il n'y a pas une loi ?
03:50 Et justement, c'est là où on va en arriver.
03:52 Pourquoi il n'y a pas une loi qui les empêche de faire ça ?
03:54 Et alors là, justement, là, Anne-So, toi, tu as suivi le dos.
03:57 Qu'est-ce qui va se passer exactement ?
03:58 Justement, en fait, j'ai suivi… Enfin, moi, ça m'intéresse déjà de savoir qu'il
04:01 y a un projet de loi pour lutter contre tout ça.
04:04 Et moi, j'aimerais justement que Pierre, tu essaies de nous vulgariser à mort.
04:07 Quel est ce projet de loi ? Tu vois, sans que ce soit barbant pour les gens.
04:11 Oui, oui.
04:12 Je vais essayer.
04:13 En vrai, il est assez simple.
04:15 La première, c'est… Il y a trois choses, on va dire.
04:19 La première, c'est de définir un peu la "Fast Fashion".
04:22 C'est justement lié à ce que je disais sur le renouvellement des modèles, des collections,
04:27 etc.
04:28 C'est combien de nouveaux modèles on propose par jour ou par semaine.
04:30 Parce que Zara, c'est 500 par semaine.
04:32 C'est quand même énorme.
04:33 C'est beaucoup plus que des marques françaises.
04:36 Donc, la première chose, c'est de encadrer ça.
04:38 C'est ça.
04:39 La deuxième, c'est de pénaliser ça.
04:41 Donc, en fonction de ce critère-là, mais aussi d'autres choses.
04:44 C'est lié à l'affichage environnemental.
04:46 En gros, c'est comme le Nutri-Score, mais il va y avoir pareil.
04:50 Ça va être l'éco-score pour les vêtements.
04:51 C'est bien ça.
04:52 Et en gros, ceux qui ont une mauvaise note, ils vont devoir payer plus cher pour vendre
04:55 leurs vêtements.
04:56 Et le Nutri-Score, ça a marché en France.
04:58 On sait que maintenant…
04:59 Moi, la dernière fois, j'ai acheté des Chocapics.
05:01 Et maintenant, ils mettent le Nutri-Score et ils sont passés de D à B.
05:04 Parce que justement, ils ont changé leurs ingrédients pour pouvoir rentrer dans des
05:08 catégories qui sont plus…
05:09 Alors évidemment, ça ne change pas la face.
05:11 Mais quand même, ça veut dire que dans les produits de grande consommation, comme
05:14 des Chocapics sont destinés à des enfants, on arrive à faire des efforts.
05:17 Et même si c'est des petits efforts, c'est toujours mieux que ce qu'il y avait avant.
05:21 Si ça pouvait se passer pour les vêtements, ça serait génial.
05:24 Et après, la troisième chose, c'est quoi, Pierre ?
05:26 Justement, la troisième chose, c'est d'interdire la publicité pour ces marques de fast fashion.
05:33 Ah oui.
05:34 Mais ça, c'est là.
05:35 Même ça devrait être, à mon avis, la mesure la plus radicale, ça devrait être celle-là.
05:39 Oui, tu as tout à fait raison.
05:41 Si celle-là, elle passe, déjà cette mesure-là, je pense que l'exposition, la visibilité
05:45 qui baisse, ça évitera aux gens d'acheter.
05:48 Parce qu'en fait, on peut comprendre aussi les gens qui sont tentés.
05:50 Oui, partout.
05:52 Et surtout que l'emballage, il n'est pas…
05:55 Si on ne se renseigne pas, on ne sait pas ça.
05:57 Cette marque-là, finalement, comme elle est proposée sur les réseaux…
05:59 Ah chier, on est au courant quand même.
06:01 Comme elle est proposée par Google, les photos sont belles, quand on va sur le site, ça
06:04 a l'air d'être d'une qualité pas trop mal.
06:06 On se dit finalement, je fais une bonne affaire en faisant ça.
06:08 Quand tu reçois les trucs à la maison, tu fais…
06:10 Ce n'est pas trop comme sur les photos.
06:12 Il y a eu même certains modèles avec des problèmes de santé publique carrément.
06:15 Parce qu'il y a eu des colorants qui sont interdits en Europe, etc.
06:17 Florent, tu avais une question ?
06:19 Non, mais c'est que le truc du Nutri-Score, c'est vrai que ça a changé notre façon de faire.
06:22 Il y a même des applis comme Youka qui sont venus.
06:24 Et maintenant, c'est vrai que beaucoup de gens les utilisent.
06:26 Donc peut-être dans le futur, on pourrait voir une utilisation, une sorte de Youka pour
06:29 les vêtements qui permettrait de dire…
06:32 Ah ben, tu vois.
06:33 Ça existe, Pierre.
06:34 Il y a une application qui te scanne le code bar et qui te donne justement la provenance et les composants.
06:39 Ah ouais ?
06:40 Ouais, alors je crois que ça commence à arriver.
06:42 Pour autant, ce n'est pas très au point parce qu'en fait, il y a peu de transparence.
06:46 C'est-à-dire que même des marques comme Zara et tout,
06:48 elles ne savent pas forcément d'où ça vient.
06:50 Parce qu'il y a plein d'étapes dans la chaîne de production.
06:52 Et donc, elles ne savent pas forcément quelles usines produisent.
06:55 Mais si cette loi passe, il y aura une traçabilité du coup.
07:00 Mais il y a tellement de sous-traitants.
07:04 Ils produisent au Bangladesh, au Vietnam, parfois même au Portugal.
07:08 Parce qu'il y a des besoins d'aller très très vite.
07:10 Toutes les usines sont pleines, bam, ça part au Portugal.
07:12 Ils le fabriquent très très vite en sachant que ça coûte plus cher.
07:16 Mais du coup, ils vont compenser par une plus grosse production encore l'année d'après.
07:19 Oui, mais s'il y a un U-tri-score pour les vêtements, on va dire, ils seront obligés de tracer.
07:22 Ça, ce n'est pas faux.
07:23 Est-ce que tu t'es renseigné sur la Pianso ?
07:24 Oui, je me rappelle, c'est Clear Fashion.
07:26 C'est une appli qui permet de calculer l'impact environnemental de tes vêtements.
07:30 C'est une bonne chose.
07:31 Clear Fashion, allez jeter un oeil là-dessus.
07:32 Pierre, on va terminer par la question qui nous brûle tous les lèvres.
07:34 Est-ce qu'elle a une chance d'aboutir, cette loi ?
07:37 Ben, oui, je pense qu'elle a une chance d'aboutir.
07:40 C'est vraiment historique.
07:42 Elle a été votée à l'unanimité.
07:44 C'est-à-dire que tous les groupes politiques ont voté pour.
07:46 Ce qui est quand même assez énorme.
07:48 Elle a un rayonnement international.
07:50 On en parle beaucoup à l'international.
07:52 Elle doit servir d'exemple au niveau français et au niveau européen.
07:55 Ça serait une erreur vraiment monumentale qu'au Sénat,
07:59 qui arrive là, de ne pas la voter.
08:03 Mais franchement, à moins qu'il y ait un lobby qui les ait tous arrosés jusqu'à la morale,
08:07 je ne vois pas comment ils pourraient dire non.
08:09 Ou alors, c'est que vraiment, ils n'ont plus aucune...
08:11 Là, ça doit y aller.
08:12 C'est très très grave.
08:13 Je ne vois même pas ce qui pourrait les empêcher de voter cette loi.
08:18 La pression des patrons.
08:19 Les lobbies.
08:20 Oui, c'est sûr.
08:21 Mais bon, les lobbies, on espère que quand même sur ces marques-là,
08:23 c'est carrément le monde de demain qu'on est en train de dessiner avec ça.
08:27 C'est vraiment la consommation de tout le monde.
08:29 Les vêtements, c'est ce que tout le monde porte.
08:30 Gaga, tu as une petite question ?
08:31 Une question qui est peut-être un peu con,
08:33 mais même les autres marques, si tu achètes un sweat Lacoste,
08:35 c'est aussi made in Taiwan, made in Bangladesh, etc.
08:37 Du coup, en quoi sont plus éthiques ces fringues ?
08:40 Eh bien, elles ne sont pas...
08:44 Il ne faut pas croire que si on n'est pas Chine ou si on n'est pas Zara,
08:47 on produit bien.
08:48 Oui, c'est vrai.
08:49 Mais on produit moins, par contre.
08:50 On produit moins, on produit peut-être un peu mieux.
08:52 Après, c'est une question de nuance.
08:53 Mais l'idée avec cet affichage environnemental ou cet éco-score,
08:56 c'est d'avoir de la nuance.
08:58 C'est-à-dire que s'il y a des pénalités associées,
09:01 c'est de dire que si on ne produit pas très bien,
09:04 mais que ce n'est pas catastrophique,
09:05 on a une petite pénalité et ça nous incite à mieux faire.
09:08 Par contre, si on est Chine et qu'on fait vraiment le pire,
09:10 là, on paye plein pot.
09:11 Et là, effectivement, le système va réguler.
09:13 Mais l'idée, c'est d'inciter aussi.
09:14 C'est de réguler et d'inciter à des bonnes pratiques.
09:17 En tout cas, c'est une bonne idée.
09:18 Pierre, on va te suivre, évidemment, toi et l'ONG, les amis de la terre.
09:22 Et on espère reprendre de tes nouvelles très vite
09:23 pour qu'on puisse un peu fêter ensemble l'adoption de cette loi.
09:27 Et fêter, pour Anso, ça veut dire se bourrer la gueule.
09:30 On trouve très bien que c'est un bon prétexte pour...

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